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Sonates pour piano
K330-332 et K457
Wolfgang Amadeus Mozart
Mikhaïl Pletnev

Il n'est pas toujours facile pour les musicologues de donner avec précision la date de composition des oeuvres, notamment parce que la publication peut en être éloignée. Ainsi, selon les notes du livret de ce disque, il parait que pendant de nombreuses années on a pensé que les sonates K330-332, publiées en 1784, dataient du voyage de Mozart à Paris en 1778, mais une étude de l'écriture de Mozart a révélé qu'elles ne peuvent avoir vu le jour à ce moment là, et l'analyse du papier sur lequel sont notées les sonates le confirmerait.
Mais à vrai dire qu'importe réellement qu'elles furent écrites en 1778 ou 1783, si ce n'est qu'à la seconde date : 1783, on peut y associer le fait explicatif qu'elles furent écrites pour des élèves viennois et donc à des fins didactiques, et qu'en ne retenant pas 1778 on se prive peut-être d'une petite fierté française, à être le pays d'origine du célèbre "Rondo alla turca"(marche turque de la sonate K331) inspiré, si l'on s'en fie à son titre, par la cour ottomane...quoique certains y voient aussi un rappel de Molière et du Bourgeois gentillhomme dans sa forme. Les sonates 330 et 332, si elles sont un peu moins célèbres que celle-ci, n'en sont pas moins belles,au contraire même, très mélodieuses et lyriques, quant à la sonate K457(composée en 1784), elle est considérée par beaucoup comme la plus belle de toutes ses sonates pour piano, Mozart ayant exploité au mieux toutes les couleurs que lui offrait le pianoforte.
En cette année de célébration de la naissance de Mozart, beaucoup d'enregistrements de ses oeuvres, dont ces sonates sont proposées. Aussi il est très important de ne pas perdre de vue que l'intérêt tant de rééditions que de nouveaux enregistrements, tout autant que d'aller à un concert de musique classique, c'est avant tout non pas l'oeuvre jouée mais assurément son interprète. Mikhail Pletnev est un pianiste qui a une très forte personnalité, et qui renouvelle ici totalement ces sonates par un interprétation unique. Son talent exceptionnel lui permet d'offrir une version du "Mozart tel qu'il l'entend" et l'imagine, sans idées préconçues tirées d'un dogme d'une quelconque école, mais en improvisant son jeu au fur et à mesure, laissant aller sa haute technique pianistique au gré de son intuition.
Il a choisi d'enregistrer ses quatre sonates sur un grand piano de concert Blüthner et...de nuit, heure plus propice au rêve et à l'imagination. Il est vrai que le résultat est d'une originalité convaincante et fort plaisante : une splendide sonorité, claire et ouatée à la fois, un réel bonheur d'écoute, et une nouvelle profondeur à ses oeuvres plus que pédagogiques bien sûr.... à découvrir absolument, pour partager le plaisir que Mikhäil Pletnev prend à faire vivre le Mozart qu'il entend, un jeune Mozart de l'an 2006 qui vous accompagnera bien jusqu'en 2056, même sur une île déserte...
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Joseph Haydn
Piano Sonatas
Evgeny Koroliov

Intitulé " Piano Sonatas" ce disque regroupe en fait quatre Sonates pour piano, et les Variations en fa mineur mais dont la partition manuscrite originale, est intitulée « Sonata», une copie parue la même année porte en sous titre « un piccolo divertimento », et la première édition (en 1799 soit 6 ans plus tard) porte enfin la mention « Variations », pleinement justifiée par la forme de l'œuvre, et sous laquelle elle est passée à la postérité. Le thème est un andante en deux parties composé par Haydn lui-même. Les variations restent dans l'ensemble peu gaies, très mélancoliques même et de caractère romantique.
Il est difficile de dire le nombre exact de sonates que l'on doit à Haydn - une soixantaine probablement, dont la composition s'étale sur une quarantaine d'années (1755-1795)- car la "paternité" de quelques unes est contestée, ainsi la sonate qui suit les Variations sur ce disque : Sonate en sol majeur serait selon certains plutôt l'ouvrage d'un copiste, mais l'on est rassuré quand même de savoir qu'elle serait l'assemblage de mouvements divers, bien composés par Haydn...une compilation avant l'heure !
La sonate suivante, comporte notamment un splendide adagio que l'on pourrait croire devoir à Chopin et pourtant elle fut composée dès 1773 par Haydn. Publiée en 1800, la sonate qui suit , fut probablement, la dernière écrite par Haydn, et elle semble aussi d'un autre temps notamment par la modernité étonnante de son mouvement "Allegro molto" mais point n'est question par ces propos d'en contester encore la paternité de Haydn mais d'en admirer la créativité bien sûr ! Car c'est en fait bien cette étonnante créativité et variété des sonates de Haydn qui auraient pu aussi lui valoir le surnom général de "Père de la sonate".
Si dans l'ensemble les sonates sont moins connues que celles de Beethoven c'est sans doute parce qu'elles sont réputées être moins sophistiquées et plus légères. Le pianiste russe Evgeny Koroliov, lauréat de nombreux prix : Leipzig Bach Competition en 1968, concours de Van Cliburn in 1973 et du Grand Prix Clara Haskil Vevey-Montreux en 1977, renommé pour ses interprétations d'oeuvres de Bach, donnent une très belle dimension à ces sonates d'Haydn qu'il a pris le parti de jouer avec sagesse et lenteur. L'on mesure ainsi d'autant mieux la richesse des oeuvres qu'il a sélectionnées, ainsi celle de la dernière sonate du disque , composée en 1771 à l'origine pour le clavecin , puis remaniée en 1780 pour le fortepiano selon les notes du livret, et dont il faut effectivement encadrer le qualificatif "légère" de guillemets car c'est de fait une œuvre très riche, comportant de nombreux thèmes et également très poétique.
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Dutilleux
Beffa
Piano
par Lorène de Ratuld


Lorène de Ratuld, dédicataire de la troisième étude de Karol Beffa, interprète ici l'intégrale des oeuvres pour piano écrites jusqu'à présent par le jeune compositeur ainsi que l'unique sonate pour piano d'Henri Dutilleux. Association très compréhensible puisque la musique de Karol Beffa s'inscrit dans une tradition française où résonnent les souvenirs de Debussy et Ravel, ainsi que l'influence de Dutilleux. Elle prend sa source dans des évocations visuelles et conduit l'auditeur plus à vivre des sensations qu'à lui évoquer des sentiments.

Ainsi la première œuvre de Karol Beffa qui a pour titre Sillages, écrite en 2003, est très prenante par la tension qu'elle crée par l'utilisation d'une mélodie répétitive au tempo lent, une harmonie changeante qui s'amplifie petit à petit, monte à son point culminant puis redescend. L'auditeur est ainsi porté dans une rêverie contemplative. Les Six Etudes (écrites entre 2000 et 2002) portent sur les intervalles : tierces et quintes, pour la première ; octaves pour la deuxième ; septièmes pour la troisième ; tierces pour la quatrième ; dixièmes et quartes pour la cinquième ; sixtes pour la dernière. Mais elles sont aussi des explorations autour de la sonorité. Les annotations de Karol Beffa sur la partition sont éloquentes sur le rôle important confié à l'inventivité de l'interprète : " brouillé de pédale", "changer l'harmonie imperceptiblement", "changer de couleur"... Dans Voyelles, la plus longue de ses œuvres pour piano, d'une dizaine de minutes, transparaît le souvenir de Ravel, particulièrement au travers du motif de la cinquième des "Valses nobles et sentimentales". Œuvre sombre, l'angoisse se fait sentir par touches progressives, la polyphonie s'épaissit progressivement et donne naissance à nombreux reflets sonores qui se démultiplient jusque dans un splendide quintuple canon.
Dans la Sonate d'Henri Dutilleux, compositeur dont on vient de célébrer les quatre-vingt dix ans, se trouve aussi l'influence prononcée de Ravel. Bien que marié à une pianiste : Geneviève Joy, dédicataire et créatrice de l'oeuvre en 1948, ce compositeur a écrit très peu d'oeuvres pour le piano, lui préfèrant l'orchestre. Aussi ne faut-il sans doute pas s'étonner que cette composition est elle-même très orchestrale, le dernier mouvement de la sonate étant un grand Choral utilisant tout le clavier !
Karol Beffa considère que la pianiste Lorène de Ratuld est celle qui connaît le mieux ses œuvres pour les avoir pratiquement toutes entendues et avoir fréquemment joué celles pour piano. Elle propose à ses côtés des programmes mêlant interprétations et improvisations. Elle est donc l'interprète idéale pour cette difficile intégrale. Elle possède une très grande technique, cumule de nombreux prix et récompenses, dont le Prix de piano mention très bien au CNSM de Paris en 2000, prix de Musique de Chambre en 2002, lauréate du concours international de piano Seiler en 2003, plusieurs prix au Concours International Piano Campus en 2004.

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Louisa Bey
Blue thoughts

A écouter la splendide voix de Louisa Bey (d'un timbre proche de Norah Jones avec les qualités supplémentaires d'être plus puissant et dynamique), il est certain qu'elle a eu grandement raison d'abandonner ses études de droit et communication pour choisir la voie du jazz, certainement plus passionnante et où sa voix assurée à toute sa place. Cumulant les talents d'auteur, compositeur et chanteuse de jazz, Louisa Bey (joli nom de scéne choisi par Isabelle Marchand en hommage à Abbey Lincoln) a une formation en piano classique, débutée dés l’âge de 8 ans, puis a commencé en 2002 les cours de l’école Atla et notamment le jazz vocal se découvrant alors une passion pour le jazz, musique qui lui permet d’exprimer, et d’interpréter les émotions qui trouvent écho en elle.
Dès 2003, elle donne un premier concert au Festival Jazz à St Germain des Près. Puis elle part à Tanger pour le Festival Tanjazz où le pianiste Nico Morelli qui l'accompagne, l'encourage à présenter ses compositions. Dans ce disque Nico Morelli l'accompagne seulement sur le superbe et très tendre morceau"My one and only love"( écrit par Woods et Merlin) qui laisse attendre avec impatience d'autres duos...à venir parait-il.
Pour le reste de l'album, Louisa Bey est entourée du non moins remarquable pianiste Alexandre Saada (Il pratique le piano depuis l'âge de cinq ans et à 20 ans, a décidé d'aller apprendre le piano sur le terrain. Cuba, New-York. Il a eu pour professeur Manuel Rocheman, Bojan Z et Serge Forté, et a enregistre quatre albums, dont deux Disques d'émoi Jazzmag). L'accompagnent également Jean-Daniel Botta (contrebasse) et Laurent Sériès (batterie) . Le guitariste Olivier Louvel et le percussionniste Xavier Desandre-Navarre se joignent à eux pour plusieurs morceaux.
Bref nombreux musiciens qui offrent une musique variées et changeante comme les émotions que Louisa Bey souhaite partager par son répertoire qui comprend ici ses propres compositions(au nombre de neuf) et une reprise très réussie de "Roxanne" de Sting ou encore de " In a sentimental wood" de Duke Ellington. Les amateurs de piano et rythme apprécieront aussi particulièrement le morceau endiablé "Bye Bye Boy" composé par Louisa Bey qui montre ici également son goût pour la pop. Bien sûr on écoutera aussi avec un intérêt particulier de très belles "Pensées bleues" où l'accompagnement au piano est aussi particulièrement remarquable (Blue Thoughts est d'ailleurs aussi le titre de l'album) et si la guitarre prédomine dans l'accompagnement de "Song in blue", elle en n'est pas moins tout aussi belle.
Assurément le label Cristal Records a grandement raison d'avoir ouvert ses portes à Louisa Bey, nul doute que le public l'aimera comme elle est, il n'y a rien à changer !
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Serge Rachmaninov
24 Préludes
Abdel Rahman El Bacha

A l'origine, un prélude a pour fonction d'introduire à une autre pièce musicale, c'est en quelque sorte un exercice d'échauffement improvisé avant d'aborder une autre pièce plus complexe. Mais certains compositeurs de la fin du 19ème siècle en ont fait des pièces autonomes, particulièrement Chopin qui s'inspira du "Clavier bien tempéré" de Jean-Sébastien Bach (dont les préludes étaient suivis de fugues) pour réaliser un recueil(opus28) de 24 courtes pièces organisées selon les 24 tons de l'ordre de la gamme, chaque ton majeur étant suivi de son relatif en mineur.
Les Préludes de Rachmaninov lui-même grand admirateur de Chopin, s'en inspirent. Les trois cahiers, composés à plusieurs années de distance forment un ensemble de...24 préludes : un pour chaque tonalité, mais dans un ordre tonal plus libre, et ceux-ci sont plus développés : d'une durée moyenne de trois minutes alors que ceux de Chopin sont beaucoup moins longs : certains ne durent qu'une trentaine de secondes. Toutes ces similitudes et différences aboutissent à une œuvre très bien construite : riche en contraste et atmosphères variées, chaque prélude en appelle un autre, inlassablement, chaque prélude ne serait-il pas finalement une introduction au suivant ?
Lorsqu'il avait été interviewé pour Piano bleu, le pianiste Abdel Rahman El Bacha qui venait d'enregistrer les Préludes de Rachmaninov avait indiqué " C'est un grand musicien du vingtième siècle, qui a été très courageux car combattu parce qu'il est resté dans la tradition musicale romantique, à contre courant avec les compositeurs de son époque. C'est une grande chance de pouvoir avoir la référence de ses propres interprétations, qui témoigne d'une intelligence musicale supérieure à ce que l'on pouvait entendre à cette époque, et montre sa grande sobriété et sa profondeur. On a parfois, à tort, mis trop de sentimentalisme dans certaines interprétations".
Et c'est sans aucun doute, ce choix de sobriété qu'il a également fait dans cette interprétation. Ce qui enchante avant tout dans cet enregistrement c'est la clarté sonore de celui-ci, aucune note n'est étouffée par la précédente,même dans les rythmes les plus rapides, grâce tant à un équilibre sonore des deux mains que d'un usage très modéré de la pédale. Rachmaninov était réputé pour faire sonner parfois son clavier comme des cloches, et les tintements qu'Abdel Rahman El Bacha parvient à faire résonner sont particulièrement saisissants par leur pureté : chaque note reste audible avec une grande netteté dans les mesures les plus douces, quelque soit la vitesse d'exécution, et les oreilles ne sont jamais agressées même dans les passages les plus puissants. Point n'est besoin de surenchérissement pour qu'au final l'auditeur ressente les émotions propres à chaque pièce.
Abdel Rahman El Bacha est avant tout réputé pour ses interprétations de l'intégrale des œuvres de Chopin, il n'a pas envie de réaliser d'intégrale des œuvres Rachmaninov, car selon ses propos il n'en apprécie que quelques œuvres. L'admiration et la connaissance qu'il a de Chopin ne sont pas étrangères à la profondeur et sérénité que l'on retrouve dans son interprétation des Préludes de Rachmaninov, puisqu'ils sont, il est vrai, inspirés de ce premier compositeur, et l'auditeur prendra le même plaisir à écouter ce nouveau disque qui en est un prolongement logique.
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Maurizio Pollini
Chopin
Nocturnes

Depuis qu'il a remporté le Concours Chopin de Varsovie, alors qu'il n'avait que 18 ans, la musique de Chopin fait partie de la vie de Maurizio Pollini, selon ses propos rapportés dans le livret du disque. Il a d'ailleurs déjà enregistré nombreux disques d'oeuvres de ce compositeur(cf sa biographie dans la page qui lui est consacrée au Piano bleu ici) à un rythme espacé, peut-être pour ainsi ne jamais s'en séparer définitivement. Son dernier enregistrement qui regroupait les quatre ballades, la fantaisie op. 49 et le Prélude dans op.45 (récompensé d'un 10 de Répertoire (1999) et ƒƒƒƒ Télérama) date de 1999.
A présent, c'est dans cette interprétation des Nocturnes qu'il s'attache à rendre "la grandeur d'expression et la profondeur de la pensée de Chopin". Ces Nocturnes ont aussi fait partie de la vie de Chopin pendant de nombreuses années puisque, leur écriture, comme celles des marzukas, des polonaises et des valses ', s'étale sur nombreuses années (de 1827 à 1846).

Frédéric Chopin s'inspira à l'origine de pièces, appelées...Nocturnes, composées par son contemporain John Field, lui-même influencé par le Bel Canto Italien. Chopin reprit le principe de l'air d'opéra italien, tout en cherchant à y exprimer une passion dramatique par le biais d'une progression harmonique très marquée, ainsi que l'explique Maurizio Pollini : " Chopin va loin sous la surface du belcanto, sa musique est plus profonde que la simple ligne mélodique du chant belcantiste. L'harmonie de Chopin est très forte et souligne la profondeur de sa musique".
Cette profondeur, Maurizio Pollini, la traduit par un jeu polyphonique et une rythmique marquée qui donnent une tension lyrique et une vivacité particulière à son interprétation des 19 Nocturnes(les 18 parus du vivant de Chopin et l'opus posthume 72).
Profondeur aussi de son regard sur le portrait qui illustre la couverture du livret, et même profondeur dans celle du regard de Chopin, en troisième page (unique photographie du compositeur), à tel point qu'un expert en morphing n'aurait sans doute aucune difficulté à métamorphoser le visage de l'un dans celui de l'autre...en partant de ce regard, mais ce sont là il est vrai, pures pensées intérieures !

Ce disque a obtenu un Diapason d'Or (attribué par la revue Diapason) et un"Choc de la musique" attribué par la revue Le Monde de La Musique.
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Pour visiter le micro-site consacré à ce disque chez Deutsche Grammophon...cliquez ici
Jonathan Gilad - Prokofiev - Rachmaninov

Prokofiev
Sonate pour piano N°1 et N°2
Suggestion diabolique
Serge Rachmaninov
Préludes n°12 et n°5
Variations sur un thème de Corelli
Jonathan Gilad

Si Rachmaninov et Prokofiev sont tous deux des compositeurs russes du début du 20ème siècle, c'est pratiquement une génération qui les sépare (Prokofiev est né en 1871, 18 ans après Rachmaninov), aussi il n'est pas extrèmement surprenant que leurs styles diffèrent malgré ces premières similitudes. La différence de tempérament de ces compositeurs se retrouvent aussi dans les caractères opposés de leurs oeuvres : Rachmaninov est un pessimiste, introverti, dans l'héritage des compositeurs romantiques au contraire de Prokofiev, optimiste extraverti, ouvert à la modernité. Prokofiev a d'ailleurs toujours revendiqué l'originalité.

Cette originalité apparait dès 1911 dans sa seconde sonate pour piano, où son goût pour les rythmes marqués avec une grande puissance peut déjà se mesurer. Elle se confirme dans l'intensité dynamique de la célèbre "Suggestion diabolique" de l'opus 4 que le pianiste Jonathan Gilad a choisi de regrouper dans ce programme bien construit, avec des oeuvres également parmi les plus célèbres et appréciés de Rachmaninov : le dynamique prélude 12 et le prélude 5 à la consonnance espagnole qui assure la transition avec les Variations sur un thème de Corelli, Celle-ci se réfèrent en fait à un thème de la Follia (danse espagnole du 16ème siècle) qui a suscité antérieurement diverses variations de compositeurs dont Corelli (compositeur italien du 17ème siècle). C'est la dernière oeuvre pour piano seul de Rachamaninov. Elle fut composée en France mais sa première audition eu lieu à...Montréal. Que de pays concernés par une seule oeuvre et quelle originalité et grande variété de rythmes aussi dans ces 20 variations !
Le jeune pianiste Jonathan Gilad, qui en 1991, seulement âgé de 10 ans, a obtenu le prix spécial du jury du concours Mozart organisé par la ville de Paris, et a une affinité plus particulière pour ce compositeur, Beethoven, Schubert et Brahms, montre ici son plaisir et talent à interpréter également des oeuvres d'un tout autre répertoire dans ce troisième disque, édité par le label Lyrinx. Cet enregistrement est proposé en format SACD, lisible également sur un lecteur CD, afin de permettre aux heureux possesseurs d'un équipement adéquat de profiter d'un meilleur son (multicanal).
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Florent Schmitt
Oeuvres pour piano
Crépuscules, Ombres et autres Pièces
Laurent Wagschal

Le pianiste Laurent Wagschal porte un intérêt particulier à la musique française, cumulé au souhait de faire découvrir des compositeurs peu joués, du moins à l'heure actuelle car si la musique pour piano de Florent Schmitt(1870-1958) est aujourd'hui négligée voire ignorée, il a marqué la vie musicale jusqu'à la seconde guerre mondiale aux côtés de Ravel, Dukas ou D'Indy.
D''un caractère très indépendant, et rude, ce compositeur qui eut pour maître de composition Fauré et Massenet a développé un style très personnel. Selon la présentation du livret, rédigée par Laurent Wagschal, qui défend avec beaucoup d'ardeur cette oeuvre, "le langage personnel de Florent Schmitt se caractérise par une inspiration mélodique chaleureuse, une harmonie subtile et sensuelle ainsi qu'une grande richesse rythmique".

Florent Schmitt consacra plus d'une centaines de pièces au piano, de nombreux quatre mains et transcrivit ses oeuvres symphoniques pour cet instrument mais ce sont dans les pièces qu'il a écrites après 1910 que l'on peut découvrir son véritable talent de compositeur, doué d'une écriture dense : souhaitant que le pianiste en ait"plein les mains", il utilisa généralement jusqu'à trois portées (sans doute cette caractéristique a rebuté aussi plus d'un pianiste !) . Certes l'influence de Ravel, Debussy peut se mesurer dès l'écoute de "Sur un vieux petit cimetière" qui ouvre ce disque dans une douce atmosphère illuminée d'un halo sonore évocateur de lointaines clochettes apaisantes, et dans un autre registre, plus gai, Debussy et Fauré transparaissent aussi dans "Sylphides". Mais c'est dans les pièces les plus poétiques "Neige" et surtout "Solitude" que l'on découvre la splendeur de son style : la mélodie doublée à l'unisson à deux octaves d'intervalles dont un effet particulièrement poignant.

Poésie encore plus sensible et émouvante dans "Les Ombres" qu'il écrivit quelques années après, véritables "poèmes symphoniques" pour piano, d'une grande difficulté d'éxécution.
La recueil "Enfants", écrit par Florent Schmitt à l'âge de soixante dix ans, se veut plus abordable et regroupe huit pièces de difficultés moyennes, mais n'en sont pas moins emplies de tendresse telles "L'enfant turbulent " ou le plus sage "Enfant do" ou encore "l'enfant sauvé des eaux".

Cette idée du pianiste Laurent Wagschal, qui a remporté de nombreux prix internationaux, de "sauver des eaux", ou plus précisément de sortir de la bibliothèque nationale ses partitions oubliées et d'en faire apprécier l'originalité par une implication qui sort de l'ordinaire, mérite grand intérêt. C'est effectivement une oeuvre à (re)découvrir..
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Bohuslav Martinu
Concerto pour trio avec piano et orchestre à cordes
Concertino pour trio avec piano et orchestre à cordes
Lidice - Rhapsody for viola
Trio Wanderer
Tabea Zimmermann(alto, viola)
Gürzenich Orchester Köln sous la direction de James Conlon

Si vous jouez du piano, sans doute connaissez-vous le compositeur Bohuslav Martinu(1890-1959), : ses études ou encore ses danses, préludes...font partie de différents recueils et méthodes. Mais bien qu'il ait composé plus de deux cents morceaux pour le piano, il n'a pas, ou peu, laissé, d'oeuvres essentielles pour cet instrument. Le reste de son oeuvre, malgré l'importance qu'on lui reconnait aujourd'hui, n'est à l'heure actuelle, guère jouée en concert et cet enregistrement vient combler une absence non justifiée.

Bohuslav Martinu s'inspira de la tradition musicale de son pays d'origine sous une forme très personnelle. Né en Bohème, il fit l'apprentissage de la musique dans son pays natal et fut engagé comme second violon dans la Philharmonie Tchèque à Prague où il put se familiariser avec les compositeurs nationaux de Bohême mais aussi découvrir Ravel, Debussy ou Stravinsky. Ayant obtenu une bourse d'études, il vint à Paris pour rejoindre la classe de composition d'Albert Roussel pour y chercher :" l'ordre, la clarté, la mesure, le goüt, l'expression sensible, directe. En bref : les atouts de l'art français" qu'il admirait. Son séjour se prolongea 17 ans : car outre la musique français, il admira une femme de ce pays qu'il épousa : Charlotte Quennehen. Il dut cependant fuir pour les Etats-Unis en 1941, mis sur la liste noire des nazis pour ses activités patriotiques, et ne revint en Europe qu'en 1953.
Composé à Paris en 1933, le manuscrit du Concerto pour trio avec piano et orchestre à cordes, fut oublié pendant près de trente ans car on le confondait à tord avec celui du Concertino créé à la même époque et pour une même distribution instrumentale.Il parait que Bohuslav Martinu, n'attachait pas d'importance au fait que ses oeuvres soit publiées ou jouées : il lui importait plus de composer. Aussi ne faut-il sans doute pas s'étonner du sort du Concerto... même si aujourd'hui on le considère, ainsi que le Concertino, comme chef d'oeuvre. Composés tous deux à une époque où le rythme dominait particulièrement ses compositions, sous l'influence de la danse tchèque, de la polka et du ...jazz, qu'il aimait aussi depuis sa jeunesse, il faut savoir qu'il composa des Fox Trot pour les orchestres d'amateurs durant celle-ci !

Avec sa musique Martinu voulait "rendre un peu de l'affirmation de la vie paisible et heureuse", sans nul doute ce rythme très typique est élement de légèreté et gaieté ! Légereté et gaité certes mais pas seulement ainsi le splendide 'Andante du Concerto introduit par un piano seul suivi de l'intervention du violoncelle et du violon que dévoile, avec une grande expressivité, le Trio Wanderer ( Vincent Coq( piano), Jean-Marc Phillips Varjabedian (violon) et Raphael Pidoux(violoncelle) est plus sombre et profonde. D'une atmosphère plus proche de la composition orchestrale "Monument pour Lidice" que Bohuslav Martinu écrivit en 1943 à la mémoire des victimes innocentes de Lidice : Petite localité à 20km de Prague, dépeuplée et réduite en cendres par la Wallfen-SS , le 10 juin 1942.
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