Merci à Abdel Rahman El Bacha d'avoir répondu à
l'interview de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie résumée
Abdel
Rahman El Bacha est né à Beyrouth le 23 octobre 1958.
Par ses parents tous deux musiciens, il découvre très
jeune la musique, tant orientale (répertoire de sa mère,
chanteuse) qu'occidentale (son père compose à la fois
de la musique arabe et des uvres basées sur le modèle
symphonique occidental).
L'importance qu'il accorde à la mémoire auditive lui est
probablement héritée de l'enseignement de sa mère
:" Ma mère ne lit pas la musique mais elle a une oreille
exceptionnellement fine : la musique orientale lui était transmise
oralement et non pas par écrit. A travers l'art de ma
mère, j'ai compris l'importance de la mémoire de l'oreille".
Dans son enfance, Abdel Rahman El Bacha aime à reproduire et
composer la musique à l'oreille, aussi après avoir joué
un peu de violon, dès l'âge de quatre ans, deux ans plus
tard il choisit définitivement le piano : "J'aimais le
violon mais il me semblait plus facile de reproduire d'oreille des airs
connus et également de composer sur le piano ".
Aimant beaucoup la musique, il considère comme un cadeau les
cours de piano qu'il peut suivre à partir de huit ans, ceux-ci
lui sont donnés par Zvart Sarkissian (d'origine arménienne
et ayant été élève à Paris de Marguerite
Long et Jacques Février), grâce à laquelle il acquiert
une bonne base technique : "J'ai profité d'une méthode
progressive et assez complète à travers des uvres
de Bach, Czerny...".
Poussé par son entourage qui trouve ses progrès fulgurants,
il devient évident pour Abdel Rahman El Bacha de s'orienter vers
une carrière de pianiste. Il entre en 1974 au Conservatoire National
de Musique de Paris, bénéficiant des cours du pianiste
et compositeur Pierre Sancan qui, avec le compositeur Raymond Gallois
Monbrun, l'encourage également à poursuivre dans cette
voie.
Il se présente à différents concours à l'âge
de 16 , 18 et 19 ans(concours Reine Élisabeth) afin de se faire
connaître du monde musicale : "Le plus important dans
ses épreuves, n'était pas la compétition en elle-même
mais la joie de pouvoir jouer en finale avec un orchestre et aussi d'avoir
la chance d'être peut-être remarqué et de commencer
une carrière musicale". Chance qui se présente
grâce au premier prix qu'il obtient, en 1978, au concours de la
Reine Élisabeth.
Abdel Rahman El Bacha qui est désormais de "l'autre côté
de la barrière" puisqu'il a été membre du
jury de ce concours à plusieurs reprises ainsi que d'autres concours
(Genève, Épinal, Concours Busoni ...) confie les critères
qu'il considère comme les plus importants dans son évaluation
des candidats : "Il est important de voir que le pianiste aime
ce qu'il fait , qu'il donne de la vie à ce qu'il joue en respectant
la partition mais avec sa personnalité. On ne doit pas sentir
le professeur qui a enseigné, il est important d'intégrer
et oublier à la fois ce que l'on a appris. Enfin le pianiste
doit savoir faire oublier que se sont des marteaux qui frappent les
cordes, on doit retrouver uniquement le chant et le rythme comme sources
musicales."
C'est d'ailleurs les grandes qualités musicales du jeu de Abdel
Rahman El Bacha que la presse honore, soulignant les qualités
exceptionnelles de ses interprétations et son pouvoir d'émotion.
Après avoir approfondi son répertoire, Abdel Rahman El
Bacha commence sa carrière de concertiste, il se produit dans
lEurope entière, en Russie, au Japon, en Amérique
du Nord, Centrale et du Sud et au Moyen Orient. Il a en mémoire
de très beaux souvenirs de concerts, ainsi son passage avec l'
orchestre de Berlin en 1988, où il remplaçait Claudio
Arrau :" Cela a été une immense joie de jouer
avec cet orchestre, un rêve réalisé. Même
si cela m'a donné lieu à un grand trac. Ce concert était
transmis en direct dans l'Europe entière et des japonais qui
ont également pu me voir, m'ont découvert grâce
à ce concert" ; le concert couronnant son intégrale
des Sonates Beethoven qui eut lieu le 26/3/1996 au théâtre
du Châtelet à Paris :" J'ai joué les cinq
dernières sonates de Beethoven, c'était un concert difficile
(plus de deux heures d'une musique exceptionnelle, exigeant beaucoup
de concentration) et où j'ai senti une émotion du public
inhabituelle". Le dernier concert dont il garde le meilleur
souvenir est sa première intégrale chronologique de Chopin
qu'il a jouée à Nantes en 2002 :"C'est une expérience
incomparable à d'autres, chargée aussi d'une grande émotion".
Abdel Rahman El Bacha, revient d'une tournée de deux mois au
Japon. C'est la sixième fois, en vingt-quatre ans, qu'il a l'occasion
de jouer dans ce pays qu'il apprécie particulièrement
: " Le Japon permet aux musiciens de disposer d'un confort
artistique rarissime par de très belles salles, d'excellents
instruments et des techniciens très respectueux des désirs
du musicien". S'il a parcouru nombreux pays, il reste des scènes
où il aimerait aussi avoir l'occasion de jouer : " Vienne,
qui est une ville très riche en histoire et très musicale.
Ces tournées sont aussi l'occasion de découvertes d'autres
mentalités aussi j'aimerais jouer en Afrique noire, qui ne porte
peut-être pas encore assez d'intérêt à la
musique classique et en Chine populaire."
Abdel Rahman El Bacha a enregistré de nombreux disques dont
dernièrement le 2ème concerto de Chopin avec l'orchestre
régional de Bretagne (sorti en mai 2004) et les 24 préludes
de Rachmaninov qui doit sortir dans quelques mois. NOUVEAU
: ce disque vient de sortir fin novembre 2005.
Parcours d'un pianiste..."heureux, qui a souvent l'occasion
d'interpréter les uvres que j'aime et qui rencontre l'écoute
que je recherche : une écoute profonde. Une réalité
que j'aime comme si elle était un rêve." Abdel
Rahman El Bacha a de nombreux projets, ainsi il attend avec impatience
de travailler sur les uvres de Balakirev pour faire découvrir
des uvres que l'on ne connaît pas ainsi que des pièces
de Grieg.
NOUVEAU mars 2012 : Nouvel entretien à l'occasion de
la sortie de son disque d'oeuvres pour piano de Prokofiev
Nouveau octobre 2013 : Le pianiste Abdel Rahman el Bacha dont vient d'être récemment publié sous le label Mirare une nouvelle intégrale des sonates pour piano de Beethoven (coffret de 10 CD) interprétera l'ensemble de ces 32 sonates lors des Fêtes musicales en Touraine (voir plus bas dans paragraphe Ecouter)
Son répertoire et ses compositions
De Bach à Prokofiev, le répertoire de Abdel Rahman El
Bacha est large. Il place Chopin et Beethoven au sommet de ses préférences,
considérant ces deux compositeurs comme "le yin et le
yang de la musique".
Abdel Rahman El Bacha a enregistré l'intégrale des uvres
pour piano seul de Chopin et les concertos avec l'orchestre de Bretagne.
Il lui est difficile de dire quelle uvre est sa préférée
: " Je considère que même la page la moins connue
reste un miracle de par sa sonorité, et si dans les genres j'aime
particulièrement les préludes et ballades, chronologiquement
je préfère ses derniers opus (op.56 à 62) ".
Il faut d'ailleurs préciser que Abdel Rahman El Bacha a choisi
de réaliser cette intégrale de Chopin dans un ordre chronologique.
Il s'est imprégné de la vie du compositeur, dont il a
ainsi lu les correspondances et fait des recherches biographiques :
" Certes cela demande un travail plus approfondi que d'autres uvres,
mais je ne néglige jamais le reste de mon répertoire pendant
ce temps, pour garder une souplesse mentale. Et même si je suis
un amoureux de Chopin, je ne suis pas Chopin . Un interprète
est là pour redonner vie à une uvre à travers
sa propre vie mais pas pour le remplacer. Je garde également
mon amour d'autres compositeurs".
Il a joué en concert l'intégrale pour piano solo à
Nantes en 2002, à la Roque d'Anthéron en 2003 et la jouera
de nouveau cet été au festival de Sintra au Portugal lors
de 15 récitals étalés sur cinq jours: 14 heures
de musique qu'il joue sans partition . " Il y a quatre types
de mémoire, la mémoire auditive est la plus importante
pour moi , ensuite vient celle qui concerne à la fois l'analyse
harmonique et formelle, puis la mémoire musculaire (des gestes
naturels obtenus par le travail régulier), la mémoire
visuelle étant d'un dernier secours".
Abdel Rahman El Bacha a enregistré lintégrale
des 32 Sonates de Beethoven (le deuxième CD de cette intégrale,
a été couronné par le Grand Prix de la Nouvelle
Académie du Disque Français). Il a également enregistré
des uvres : Prokofiev, Ravel, Schubert et Schumann. Mais nombreux
autres compositeurs qu'il aime également particulièrement
font partie de son répertoire : Bach, Mozart, Mendelssohn, Falla
... Quant à Rachmaninov dont il vient d'enregistrer les préludes,
il précise : "C'est un grand musicien du vingtième
siècle, qui a été très courageux car combattu
parce qu'il est resté dans la tradition musicale romantique,
à contre courant avec les compositeurs de son époque.
C'est une grande chance de pouvoir avoir la référence
de ses propres interprétations , qui témoigne d'une intelligence
musicale supérieure à ce que l'on pouvait entendre à
cette époque, et montre sa grande sobriété et sa
profondeur. On a parfois, à tort, mis trop de sentimentalisme
dans certaines interprétations". Par contre il n'est
pas question pour Abdel Rahman El Bacha de réaliser une intégrale
de son uvre : " J'aime beaucoup Rachmaninov mais comme
pour Schubert ou Schumann, cela se limite à certaines uvres."
.
La douceur et la clarté de jeu caractérisent particulièrement
les interprétations de Abdel Rahman El Bacha : " Je recherche
particulièrement la douceur de jeu car pour moi la douceur est
musicale, je cherche à gommer toute dureté. Étant
méditerranéen , j'aime le soleil et la lumière,
que l'on retrouve sans doute dans la clarté de mon jeu.".
Il a souvent aussi été admiré pour les couleurs
qu'il reproduit dans ses interprétations, caractéristique
qui provient sans doute de son goût pour la peinture, qu'il a
découvert très jeune dans l'atelier de son oncle, artiste
peintre, et qu'il retrouve dans les tableaux de Claude Monet qu'il aime
particulièrement : " J'admire la douceur de ses tonalités,
l'harmonie et l'équilibre". Abdel Rahman El Bacha s'intéresse
également beaucoup à la littérature, qui lui permet
d'avoir une connaissance plus approfondie de la pensée humaine
à travers les uvres de Montesquieu, Voltaire, Rousseau
, Molière, La Fontaine... il est aussi particulièrement
attaché aux poésies de Lamartine :"Lamartine est
témoin d'une époque. Il regroupe les sensibilités
littéraires qui sont le reflet de celles de Beethoven , Chopin,
Schumann. ". Il a d'ailleurs réalisé l'été
dernier un récital regroupant en parallèle des uvres
de Chopin et de Lamartine (récités par Didier Sandre),
choisies par leurs similitudes de thèmes évoqués.
Il est vrai qu'il est plus habituel d'associer des textes de George
Sand à des pièces de Chopin, et Abdel Rahman El Bacha
a également réalisé un spectacle avec Marie-Christine
Barrault. "C'est différent car on ne peut comparer uvre
de George Sand à celle de Chopin, leur seul point commun est
la recherche de l'idéal, ici il s'agit de rapprocher deux vécus".
Abdel Rahman El Bacha est également compositeur, il a composé
une quarantaine de pièces pour le piano seul, trois pièces
pour orchestre et de la musique de chambre.. Le 22 mars 2002, lOrchestre
régional de Cannes Provence Alpes Côte dAzur a créé
« 2 Préludes mystiques » de sa composition. "
Je considère la composition comme un moment privilégié,
guidé par une improvisation réussie ou par la chance d'une
inspiration mais je ne veux pas devenir compositeur professionnel devant
répondre à une commande, elle doit rester un moment de
liberté. ". Il a cependant répondu à deux
commandes de son père, pour deux opéras, ainsi il a écrit
quatre pièces chorégraphiques pour l'opéra sur
le thème de la mythologie de Europe à travers lequel l'interdépendance
des civilisations est mise en valeur.
Ses compositions sont souvent d'inspiration romantique et basées
sur un air méditerranéen (oriental ou espagnol). S'il
n'a jamais enregistré aucune de ses uvres, il lui est arrivé
plusieurs fois d'en jouer en public, celui-ci les ayant beaucoup appréciées,
il lui arrive aussi de donner des photocopies de ses partitions à
d'autres interprètes, ainsi bientôt, dans le cadre du Festival
de La Roque d'Anthéron, Christophe Fontaine, artiste de rue,
interprétera certaines de ses uvres.
Écouter...
La sélection de piano bleu ...
Intégrale des sonates pour piano Beethoven Abdel Rahman el Bacha
Le pianiste Abdel Rahman el Bacha dont vient d'être récemment publié sous le label Mirare une nouvelle intégrale des sonates pour piano de Beethoven (coffret de 10 CD) interprétera l'ensemble de ces 32 sonates lors des Fêtes musicales en Touraine, festival qui a lieu au grand théâtre de la ville de Tours , du 11 au 17 novembre 2013. Le Festival "Fêtes musicales en Touraine" de novembre 2013 est en effet consacré à Beethoven avec le pianiste Abdel Rahman El Bacha. Cet événement est exceptionnel à plus d’un titre. C’est le dimanche 17 novembre 1963 que Sviatoslav Richter donna son premier concert à Tours, au Grand Théâtre, prélude à la création du festival à la Grange de Meslay en juin 1964....cliquez ici pour en savoir plus, écouter un extrait et voir une vidéo
Sélectionné
" Disque du moment"
Paru en février 2012
Sergueï Prokofiev (1891-1953)
Abdel Rahman El Bacha, piano
Toccata opus 11
Dix pièces pour piano opus 12
Sonate n°2 en ré mineur opus 14
Sarcasmes opus 17
Visions fugitives opus 22
Toujours dans le cadre de la Folle journée de Nantes
consacrée cette année aux compositeurs russes le
label Mirare a choisi de faire enregistrer par le pianiste Abdel
Rahman el Bacha des pages pour piano composées par Prokofiev
entre 1912 et 1917.
Réputé pour avoir joué plusieurs fois l'intégrale
des oeuvres de Chopin en concert, Abdel Rahman el Bacha a également
reçu dès 1983 le prix de l'académie Charles
Cros pour ses premiers enregistrements d'oeuvres de ce compositeur,
Prokofiev est aussi déjà très présent
dans sa discographie ainsi il a aussi enregistré ses dernières
années l'intégrale des concertos de ce compositeur.
Le programme réunit des oeuvres qui encadrent d'ailleurs
un de ses plus grands chefs d'oeuvres : le second concerto opus
16 explique Frans C.Lemaire auteur du livret précisant
que celui-ci a été composé en 1913 mais ne
nous est connu que par la restitution faite en 1923, la partition
originale ayant été perdue... Pour ce qui concerne
plus précisément les oeuvres réunies ici
qui correspondent donc à ce que l'on appelle parfois la
première période russe de Prokofiev, le compositeur
ayant quitté momentanément son pays à partir
du 7 mai 1918 pour un séjour en occident, une période
considérée comme la plus créative du compositeur....cliquez
ici pour lire la suite dont un nouvel entretien avec
Abdel Rahman el Bacha et écouter un extrait
A découvrir ce disque sorti en janvier 2012
Frédéric Chopin
Sonate pour violoncelle et piano op.65
Trio pour piano, violon et violoncelle op8
Olivier Charlier , Abdel Rahman el Bacha,
Antoine Pierlot
Selon l'habitude de ce label - Ce disque a été enregistré
en concert en juillet 2010 au Manège de Reims dans le cadre des
Flâneries Musicales d'Eté de Reims - Présentation de l'éditeur : CONNIVENCE ET NOBLESSE
DE JEU
«Avec Antoine Pierlot et Olivier Charlier, la connivence s'établit
dès la première répétition; chacun eu à
cur d'harmoniser sa sensibilité musicale avec celle de
ses partenaires; la rigueur et le plaisir nous ont permis de vivre l'émotion
particulière de la musique de Chopin, une perfection de fond
et de forme qui prend vie et vibre au contact d'un public attentif et
enthousiaste.»
Abdel Rahman El Bacha
«Partager la scène avec Abdel Rahman El Bacha, dans
son répertoire de prédilection, avec pour couronner le
tout, Olivier Charlier au violon !!
Lexpérience fut au moins aussi enrichissante que je lavais
imaginée.
Le disque live a cette particularité quil nécessite
une préparation solide, et jai beaucoup appris durant cette
période de la maturité de mes deux partenaires. Le concert
restera dans mon souvenir un moment très riche, un moment déchange
intense, les micros ajoutant leur pointe dadrénaline.»
Antoine Pierlot
«Le trio opus 8 est la seule oeuvre de Chopin écrite
pour mon instrument: à part bien sûr les oeuvres avec orchestre,
il n'a rien écrit d'autre pour le violon, instrument pourtant
mélodique et offrant des possibilités brillantes appréciables.
Mais il est vrai que le mode de composition des grands virtuoses est
aussi très lié à leur sens du jeu instrumental
- Paganini n'a rien écrit pour le piano, Liszt bien peu pour
le violon également
Ce trio, composé à l'âge de 19 ans alors qu'il était
encore étudiant, aurait même pu échapper au répertoire
des violonistes: Chopin se demande dans une lettre d'août 1830
s'il n'aurait pas dû plutôt utiliser l'alto à la
place du violon pour mieux s'harmoniser avec le violoncelle !
On sait que les violonistes ont la manie de tout transcrire, et les
Sarasate, Kreisler ou Milstein ont ensuite puisé allègrement
dans les pages de Chopin.
Mais ce trio nous donne l'occasion d'entendre comment le génie
du jeune Chopin a entrouvert avec talent la porte de la musique de chambre,
avant de se consacrer plus exclusivement à son clavier d'ivoire.
Même si on constate qu'il était plus attiré par
les sonorités graves du violoncelle, le rôle qu'il confie
ici au violon se révèle plein d'élégance,
de subtilité et de poésie. Loin de tout héroïsme
ou d'effet tape à l'oeil, cette partition nous propose un voyage
touchant au coeur du romantisme.
C'était pour moi un plaisir de linterpréter avec
Abdel Rahman et Antoine, j'espère que cet enregistrement en sera
un témoin fidèle.»
Olivier Charlier
Découvrez des extraits dans le widget ci-dessous qui ne permet
peut-être pas de mesure suffisamment la belle dynamique à
laquelle cette connivence n'est sans doute pas étrangère
et il est vrai où la belle sonorité grave du violoncelle
fait plus de celui-ci l'instrument roi de cet enregistrement ;-))
Cliquez sur l'image au début de paragraphe pour vous le procurer
La sélection de piano bleu ...
Serge Rachmaninov
24 Préludes
Abdel Rahman El Bacha
A l'origine, un prélude a pour fonction d'introduire à
une autre pièce musicale, c'est en quelque sorte un exercice
d'échauffement improvisé avant d'aborder une autre
pièce plus complexe. Mais certains compositeurs de la fin
du 19ème siècle en ont fait des pièces autonomes,
particulièrement Chopin qui s'inspira du "Clavier
bien tempéré" de Jean-Sébastien Bach
(dont les préludes étaient suivis de fugues) pour
réaliser un recueil(opus28) de 24 courtes pièces
organisées selon les 24 tons de l'ordre de la gamme, chaque
ton majeur étant suivi de son relatif en mineur.
Les Préludes de Rachmaninov lui-même grand admirateur
de Chopin, s'en inspirent. Les trois cahiers, composés
à plusieurs années de distance forment un ensemble
de...24 préludes : un pour chaque tonalité, mais
dans un ordre tonal plus libre, et ceux-ci sont plus développés
: d'une durée moyenne de trois minutes alors que ceux de
Chopin sont beaucoup moins longs : certains ne durent qu'une trentaine
de secondes. Toutes ces similitudes et différences aboutissent
à une uvre très bien construite : riche en
contraste et atmosphères variées, chaque prélude
en appelle un autre, inlassablement, chaque prélude ne
serait-il pas finalement une introduction au suivant ?
Lorsqu'il avait été interviewé pour Piano
bleu, le pianiste Abdel
Rahman El Bacha qui venait d'enregistrer les Préludes
de Rachmaninov avait indiqué " C'est un grand musicien
du vingtième siècle, qui a été très
courageux car combattu parce qu'il est resté dans la tradition
musicale romantique, à contre courant avec les compositeurs
de son époque. C'est une grande chance de pouvoir avoir
la référence de ses propres interprétations,
qui témoigne d'une intelligence musicale supérieure
à ce que l'on pouvait entendre à cette époque,
et montre sa grande sobriété et sa profondeur. On
a parfois, à tort, mis trop de sentimentalisme dans certaines
interprétations".
Et c'est sans aucun doute, ce choix de sobriété
qu'il a également fait dans cette interprétation.
Ce qui enchante avant tout dans cet enregistrement c'est la clarté
sonore de celui-ci, aucune note n'est étouffée par
la précédente,même dans les rythmes les plus
rapides, grâce tant à un équilibre sonore
des deux mains que d'un usage très modéré
de la pédale. Rachmaninov était réputé
pour faire sonner parfois son clavier comme des cloches, et les
tintements qu'Abdel Rahman El Bacha parvient à faire résonner
sont particulièrement saisissants par leur pureté
: chaque note reste audible avec une grande netteté dans
les mesures les plus douces, quelque soit la vitesse d'exécution,
et les oreilles ne sont jamais agressées même dans
les passages les plus puissants. Point n'est besoin de surenchérissement
pour qu'au final l'auditeur ressente les émotions propres
à chaque pièce.
Abdel Rahman El Bacha est avant tout réputé pour
ses interprétations de l'intégrale des uvres
de Chopin, il n'a pas envie de réaliser d'intégrale
des uvres Rachmaninov, car selon ses propos il n'en apprécie
que quelques uvres. L'admiration et la connaissance qu'il
a de Chopin ne sont pas étrangères à la profondeur
et sérénité que l'on retrouve dans son interprétation
des Préludes de Rachmaninov, puisqu'ils sont, il est vrai,
inspirés de ce premier compositeur, et l'auditeur prendra
le même plaisir à écouter ce nouveau disque
qui en est un prolongement logique.
Cliquez sur l'image pour vous procurer ce disque
Serge Prokofiev
5 Concertos pour piano
Abdel Rahman El Bacha (piano)
The Monnaie Symphony Orchestra
Direction : Kazushi Ono
Peu de pianistes jouent tous les concertos de Prokofiev
en concert car le cinquième, est réputé très
difficile et le quatrième a été longtemps
peu apprécié (sa difficulté n'étant
non plus pas étrangère à cette désaffection).
Le troisième concerto a fait partie du répertoire
sans interruption. Le premier concerto bénéficie
aussi d'une meilleure réputation : c'est d'ailleurs avec
ce concerto que Prokofiev obtint, en 1914, son diplôme au
conservatoire et le prix Anton Rubinstein décerné
aux pianistes-compositeurs, et en 1918 la presse New-Yorkaise
salua Prokofiev comme le"Chopin cosaque des générations
futures". Le deuxième concerto, après avoir
été longtemps "boycotté" est quant
à lui une "vedette des concours de piano" depuis
les années 1960. C'est d'ailleurs en ayant interprété
ce concerto lors du "concours Reine Elisabeth" que le
pianiste Abdel Rahman El
Bacha gagna le premier prix en 1978.
Que le tout jeune label "Fuga libera" ait donc fait
appel à ce pianiste pour enregistrer cette intégrale
est donc tout à fait dans la "logique des choses" : Abdel
Rahman El Bacha s'est souvent confronté à ces partitions
de Prokoviev, qu'il a déjà exécutées
intégralement il y a une dizaine d'années. En outre,
Abdel Rahman El Bacha a obtenu en 1983 le Grand Prix de lAcadémie
Charles Cros qui lui a été remis par Mme Serge Prokofiev
pour son enregistrement des premières uvres du même
compositeur. Enfin ce pianiste , dont la mémoire des partitions
est très impressionnante a déjà enregistré
plusieurs intégrales : celle des uvres de Chopin
et des sonates de Beethoven.
L'écoute du coffret de deux disques confirme combien ce
choix est judicieux : Abdel Rahman El Bacha, accompagné
par The Monnaie Symphony Orchestra sous la direction de Kazushi
Ono, interprète avec fougue et virtuosité , les
nombreux mouvements particulièrement vifs et percutants
qui caractérisent ces concertos, les mouvements lents étant
plus rares, ce n'est pas une intégrale de tout repos tant
pour les interprètes que les auditeurs !
Enregistrés en septembre 2004, dans une salle bénéficiant
d'une excellent acoustique : le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles,
les disques offrent une qualité sonore exceptionnelle :
l'équilibre entre l'orchestre et le piano est parfaite
et le son particulièrement clair.Pour vous procurer cette
intégrale, cliquez sur l'image
Frédéric Chopin
L'Oeuvre pour piano
Abdel Rahman El Bacha
Ce coffret, contenant en 12 CD tout luvre pour piano
seul de Frédéric Chopin en ordre chronologique,
est sorti en décembre 2001. Abdel Rahman El Bacha propose
ici une biographie musicale et poétique aux couleurs et
rythmes contrastés.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits.
PROKOFIEV
Premières uvres
Abdel Rahman El Bacha
Cet enregistrement, le premier dAbdel Rahman El Bacha,
a obtenu en 1983 le Grand Prix de lAcadémie Charles
Cros qui lui a été remis par Mme Serge Prokofiev.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits
Frédéric Chopin
Variations sur La ci darem la mano
Krakowiak
Concerto 2
Abdel Rahman El Bacha
et orchestre de Bretagne sous la direction de Stefan Sanderling
Sorti en mai 2004, ce volume complète l'intégrale
des oeuvres de Chopin par celles pour piano et orchestre ( un
autre volume comportant le Concerto pour piano 1 , la Fantaisie
en la majeur sur des airs polonais op. 13 (1828-29) et la Grande
Polonaise brillante précédé dun Andante
spianato en sol majeur (1834) étant sorti en 2003.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits
Beethoven
Intégrale des sonates pour piano
Abdel Rahman El Bacha
Ce coffret de 9 Cd regroupe l'ensemble des interprétations
par Abdel Rahman El Bacha des sonates de Beethoven. Le deuxième
CD de cette intégrale, a été couronné
par le Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque Français.
Cliquez sur l'image pour pour le procurer, il n'y a pas d'extraits
mais chaque Cd peut aussi être acheté séparément,
vous pouvez écouter des extraits de la plupart d'entre
eux, ainsi du volume trois ... cliquez
ici, du volume 5 ....cliquez
ici, du volume 6 ...cliquez
ici, du volume 7 ...cliquez
ici, du volume 8...cliquez
ici, et du volume 9...cliquez
ici
Pour écouter des extraits des disques enregistrés par
Abdel Rahman El Bacha... cliquez
ici
En savoir plus
Émission télévisée de 26 minutes "
La passion au bout des doigts" diffusée intégralement
sur le site tv-francophonie.com cliquez
ici