Karol Beffa - Compositeur - Improvisateur - Interprète
Merci à Karol Beffa d'avoir répondu aux questions de
Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Son parcours
D'origine
polonaise, Karol BEFFA est né le 27 octobre 1973 à Paris,
dans une famille pas particulièrement musicienne - son père
est linguiste et logicien, sa mère mathématicienne de
formation, linguiste et ethnologue de profession - mais mélomane
: "Mes parents ont fait 10 ans de piano et j'ai eu un grand
oncle 'homme-orchestre' amateur". Il débute enfant acteur
entre sept et douze ans : "Comme j'étais assez turbulent,
une institutrice avait suggéré que je prenne des cours
de théâtre. Mon troisième téléfilm
a été celui de MOZART et j'en ai fait beaucoup ensuite.
Ce feuilleton m'a donné envie d'être compositeur car
j'étais obligé de noircir des portées devant la
caméra. Je me suis sans doute pris au jeu." Il aurait
pu poursuivre dans la voie d'acteur puisque, outre son interprétation
de MOZART à huit ans dans le téléfilm de Marcel
BLUWAL, Karol BEFFA cumule ensuite nombreux rôles où il
côtoie de grandes vedettes du cinéma : "Dans le
film de Peter Kassowitz, " Dans la citadelle ", j'incarnais
le fils du héros, Claude RICH. Dans " Femmes de personne
" de Christopher FRANK, je jouais le fils de Marthe KELLER - qui
avait une liaison avec Jean-Louis TRINTIGNANT - et de Pierre ARDITI.
Je garde aussi un souvenir ému de " La Septième Cible
", dernier film de Lino VENTURA, où j'incarnais son fils."
Cependant, Karol BEFFA s'oriente bientôt vers d'autres horizons
: ses premiers cours de piano lui sont donnés par Marthe Nallet...
"une dame qui a aujourd'hui plus de 90 ans, élève
de Nadia BOULANGER ; je lui dois mes premières notions d'harmonie".
Il entre au Conservatoire National Supérieur de Paris en 1988
:"Je suis entré très jeune, à 14 ans, en
classe d'harmonie, pour faire de l'écriture musicale. Pasticher
des auteurs m'apparaissait, quoique de manière assez floue, comme
la voie royale pour la composition". Il a notamment pour professeur
de piano Victoria MELKI puis Pascal DEVOYON, Thierry ESCAICH comme Professeur
de Fugue et d'Improvisation au piano, Marc-André DALBAVIE en
orchestration. Il aura aussi la chance de jouer très jeune devant
Yvonne LEFEBURE. Au CNSM, il obtient de nombreux Premiers prix : Contrepoint
en 1996, Harmonie, Fugue et Ecriture XXe en 1998 ; Analyse et Orchestration
en 2000 ; Accompagnement vocal (mention bien) en 2001 ; Improvisation
au piano en 2002 et ..."je suis assez fier de n'avoir obtenu
aucune récompense au Prix de composition en 2003 : les critères
esthétiques qui prévalent en France dans les cénacles
de la musique contemporaine tendent à produire des clones de
Boulez plutôt que des émules de Dutilleux " précise-t-il
!
Mais la liste des diplômes de Karol BEFFA ne s'arrête
pas là, car parallèlement à ses études musicales,
il mène des études générales, et pas des
moindres : il est reçu 1er à l'École Normale Supérieure
(Ulm), il étudie l'histoire (Licence), l'anglais (Maîtrise),
la philosophie (Master à l'Université de Cambridge) et
les mathématiques (il est diplômé de l'École
Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique)..."A
posteriori, je regrette beaucoup d'avoir arrêté le théâtre
et le cinéma. Quand je suis passé de l'Ecole des enfants
du spectacle au Lycée Henri IV, en classe de seconde, j'ai eu
peur de ne pas pouvoir continuer de front les tournages, la musique
et les études générales et j'ai refusé les
rôles qu'on me proposait. C'est mon plus grand regret. Si aujourd'hui
un metteur en scène me proposait de faire un film ou de monter
sur les planches, je n'hésiterais pas une seconde
"
En 1996, il est reçu premier à l'Agrégation de
Musique. Il enseigne depuis 1998 à l'Université Paris
IV-Sorbonne et, entre 1999 et 2004, il a enseigné l'orchestration
et la composition au Conservatoire du XVIIIe arrondissement..."Enseigner
une matière technique comme l'orchestration suppose d'être
un très bon pianiste lecteur. C'est aussi, pour moi, une façon
d'approfondir la connaissance de l'orchestre et c'est infini. C'est
un domaine que l'on peut explorer toujours davantage. Quant à
l'enseignement de la musicologie, cela me pousse à découvrir
un répertoire rare, à me plonger dans de nouvelles partitions,
à renouveler mon questionnement sur la musique".
Il a été nommé en 2003 Maître de Conférences
à l'École Polytechnique et Maître de Conférences
à l'École Normale Supérieure en 2004. En décembre
2003 il a soutenu une Thèse de Doctorat portant sur Les Etudes
pour piano de György LIGETI (Mention 'Très honorable avec
Félicitations du jury'). Karol Beffa indique quelques exemples
de sujets de cours :"Un séminaire prolonge mes
recherches engagées dans le cadre de ma thèse (sur la
musique de LIGETI). Un autre est assez iconoclaste et porte sur toute
une série de compositeurs dont les noms ont été
effacés de l'histoire de la musique ; il s'intitule " L'autre
XXe siècle"."
A ses diplômes s'ajoutent nombreux prix et récompenses
: Karol BEFFA est boursier de l'Institut de France et lauréat
de la Fondation Lili et Nadia BOULANGER (2001), lauréat de l'Académie
de Villecroze et de la Fondation Natexis - Banques Populaires (2002).
Il a reçu en octobre 2005 le Prix Charles Oulmont qui récompense
chaque année un jeune créateur dans le monde de la musique,
du théâtre et des arts plastiques.
Actualité 2009 : à
l'occasion de la sortie du disque "Masques" oeuvres de Karol
Beffa interprétées par l'ensemble Contraste, Karol Beffa
a bien voulu répondre à de nouvelles questions (voir paragraphe
"Ecouter")
Actualité 2012 : Karol
Beffa est nommé aux victoires de la musique classique 2012...cliquez
ici pour voir un communiqué au sujet de l'édition
2012 de ces victoires
Le
Collège de France nomme le compositeur et pianiste KAROL BEFFA,
titulaire de la chaire de création artistique
- Année académique 2012/2013 -
Collège de France - Paris
Leçon Inaugurale de Karol Beffa,
le 25 octobre 2012
Comment parler de musique ?
Compositeur, pianiste, improvisateur mais aussi enfant acteur, enseignant
à l'ENS, diplômé en Musicologie, en Philosophie
et en Economie, Karol Beffa est un musicien aux multiples visages. Outre
le désir de partager savoirs et enthousiasmes, il arrive au Collège
de France avec la volonté d'interroger la musique depuis de multiples
points de vue, avec cette question centrale : Comment parler de musique
? Comment élaborer un discours sur la musique sans jamais perdre
de vue l'objet en lui-même. Karol Beffa, accompagné de
son piano, évoquera à la fois son travail et celui de
quelques-uns des plus grands compositeurs. Il se questionnera sur la
composition, mais aussi sur l'imposture et le pastiche, la notion de
tube, les enjeux de l'accompagnement d'un film muet ou encore sur la
créativité en musique en la mettant en parallèle
avec la créativité en mathématiques, en présence
de Cédric Villani...cliquez
ici pour lire la suite et voir une vidéo
Actualité 2015 : voir plus bas un nouveau disque comportant des oeuvres de Karol Beffa
Questions-réponses autour de ses multiples activités
en tant que pianiste, compositeur, improvisateur
- Pianiste, Karol Beffa se produit en soliste avec orchestre et
a donné des récitals Salle Cortot, Salle Gaveau, à
l'Auditorium Saint Germain, au Festival de Radio-France Montpellier,
à Saint Louis des Invalides...
-
En tant qu'interprète, quel est
votre répertoire, quels compositeurs préférez-vous
jouer ?
J'ai des goûts très classiques : BACH, MOZART, SCHUBERT,
SCHUMANN. J'aime aussi glisser des extraits de KOECHLIN ou des transcriptions
qui permettent de sortir de l'ordinaire du concert. Lorsque la possibilité
m'en est donnée, j'aime faire alterner interprétations
d'uvres du répertoire et improvisations sur des thèmes
proposés par le public.
-
Puisque vous êtes pianiste, ne
préféreriez-vous pas créer vos uvres
vous-même ?
Non. Je préfère confier la création d'uvres
à des pianistes plus virtuoses que moi en général.
Par ailleurs, pour être certain que la forme d'une nouvelle
pièce me convient, il faudrait que je m'enregistre pour percevoir
l'uvre dans sa totalité comme auditeur et non comme
interprète. Et je préfère garder un peu de
distance pour faire d'éventuelles corrections.
-
Comment vivez-vous cette transmission
à d'autres pianistes ?
Si j'étais le seul à vouloir jouer ma
musique, ce ne serait pas très bon signe. Que d'autres la
jouent pour moi m'ouvre parfois des perspectives insoupçonnées.
-
Quel est votre meilleur souvenir de concert
?
En tant qu'interprète : avoir joué à dix-sept
ans le 23e Concerto de MOZART avec l'Orchestre de la Garde Républicaine.
- Improvisateur, Karol BEFFA accompagne des films muets à
l'Auditorium du Musée d'Orsay, au Forum des Images, à
l'Archipel ; au Cinéma 'Le Balzac' et au Cinéma du Panthéon.
Il a par ailleurs composé des musiques de films et des musiques
de scène.
Et il donne - renouant ainsi avec un genre très peu pratiqué
depuis Franz LISZT - des concerts d'improvisation sur des thèmes
donnés par le public et il est l'un des rares pianistes à
le pratiquer en Europe actuellement. Le public peut ainsi s'approprier
le concert en participant à sa programmation.
-
Pouvez-vous expliquer le principe des
concerts d'improvisation sur des thèmes donnés par
le public et donner des exemples de thèmes que l'on vous
a donné. Comment vivez-vous ce type de concert ?
Les thèmes peuvent être littéraires,
musicaux, picturaux. A mon sens, les meilleures improvisations étaient
liées à des thèmes musicaux : " une rencontre
entre Bach et Scriabine ", " La Blue Note ", "
Un tango dans le style de Debussy ", " L'Oiseau prophète
dans le style de Debussy "
Mais on peut très bien
faire quelque chose d'imaginatif avec des thèmes d'un tout
autre ordre : " La Mort ", " Guernica "
Parfois, le public suggère des thèmes assez acrobatiques
- " quelque chose de joyeux à la main droite, de triste
à la main gauche " -, voire franchement fantaisistes
- " 30% de touches blanches ". L'essentiel reste que le
thème se prête effectivement à un traitement
musical et que l'auditeur n'ait pas pour seul objectif de se rendre
intéressant. Une fois le thème lancé, j'essaie
d'attaquer tout de suite l'improvisation, en réfléchissant
au minimum ; cela permet de donner une forme à la pièce
au fur et à mesure que les idées vous viennent sous
les doigts. Les sensations que je ressens à ces occasions
s'apparentent un peu, j'imagine, à celles d'un funambule
sur sa corde. Mais jusqu'à présent, je n'ai jamais
eu le trac. Je peux même dire que le fait d'inclure des improvisations
dans mes récitals m'a ôté tout trac pendant
les interprétations d'uvres du répertoire.
- Compositeur, les uvres de Karol BEFFA ont été
jouées en France , en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne,
en Russie, au Etats-Unis et au Japon, par de grands interprètes
comme Gautier et Renaud CAPUÇON, Dana CIOCARLIE, Guy TOUVRON,
Thierry ESCAICH, Arnaud THORETTE, Geneviève LAURENCEAU, Lorène
de RATULD et Vincent WARNIER ; et des ensembles aussi célèbres
qu'A Sei Voci, la Maîtrise de Radio-France, les Cambridge Voices,
l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, l'Orchestre de l'Opéra
de Lyon, l'Orchestre National des Pays de la Loire.
En 2000 la Biennale Internationale des Jeunes Artistes de Turin l'a
sélectionné pour représenter la France. En 2002
il était le plus jeune compositeur français programmé
au Festival Présences.
Il a de nombreuses commandes et plusieurs créations sont prévues
en 2006. Il a écrit également de la musique de chambre
et des oeuvres pour churs. De nombreux enregistrements vont paraître
prochainement chez Lorelei Productions (Concerto pour Trompette, par
Guy TOUVRON), Virgin Classics (Masques, par Renaud et Gautier CAPUÇON)
et vient de paraître chez Ameson (Six Etudes, Mirages et Voyelles
par Lorène de RATULD). La création de son Oratorio 'Marie
Madeleine' a eu lieu en juillet à St Maximim la Sainte Beaume
et à Marseille. En juillet dernier, il était membre du
jury du Concours Lily LASKINE pour lequel il avait écrit Eloge
de l'ombre, l'uvre imposée par Marielle Nordmann. Une partition
de ses Etudes pour Piano et de Sillages est disponible chez BILLAUDOT.
-
Comment définiriez-vous vos compositions
: à quel courant musical les rattacher ou à quels
compositeurs ?
Je me sens assez proche d'un courant de musique française
qui partirait de RAVEL pour aller jusqu'à DUTILLEUX, FLORENTZ
ou NIGG.
-
Quels sont les compositeurs contemporains
que vous préférez et ceux du passé
?
Pour le passé : deux compositeurs presque opposés
: BACH et RAVEL, mais il y en aurait bien trop d'autres à
citer. En musique contemporaine, Steve REICH et LIGETI pour leur
imagination sonore. Et DUTILLEUX pour la beauté de son univers
intérieur et la perfection de son métier.
-
Ecoutez-vous seulement de la musique
"savante" ?
Essentiellement. Ce qui ne m'empêche pas de m'inspirer
de jazz, de pop, de funk dans certaines de mes pièces : par
exemple pour Destroy, pour quatuor à cordes et clavecin ;
et plus récemment, pour une pièce très rythmique
pour alto et piano écrite à l'intention d'Arnaud Thorette
et Johan Farjot (un enregistrement à paraître chez
Accord/Universal).
-
Qu'est ce
que la musique contemporaine doit selon vous avoir comme caractéristiques
pour être appréciée du public ?
Si le public reste étranger à 80% de la musique
contemporaine, il faudrait se demander si c'est à cause du
public ou de la musique contemporaine
Il me semble qu'à
vouloir se priver de toute balise perceptive, de tout thématisme
et de tout sentiment harmonique, certains compositeurs y perdent
plutôt qu'ils n'y gagnent en pouvoir d'expression
et
il ne faut pas s'étonner si le public a du mal à suivre.
-
Quels sont vos projets actuels ?
Je suis en train de terminer une pièce qui est une commande
du public de l'orchestre de Pau. Lancer une souscription aux abonnés
d'un orchestre se fait depuis longtemps à Birmingham et fréquemment
aux Etats-Unis, mais c'est une première en France. L'uvre
doit être créée les 23 et 24 mars par l'orchestre
de Pau dirigé par Fayçal Karoui, l'un des chefs français
les plus dynamiques et talentueux. Puis j'attaquerai une pièce
pour piano sur le nom de Mozart, à l'intention de Jonathan
Gilad. C'est une commande des Pianissimes de St Germain au Mont
d'Or. Ensuite je me lancerai dans l'écriture d'une commande
d'orchestre pour Radio France.
-
Comment composez-vous, selon qu'il s'agisse
ou non d'une commande, la méthode diffère-t-elle ?
Aujourd'hui, je compose pratiquement toujours sur commande. Cela
n'a d'ailleurs aucune incidence sur ma façon de composer.
-
Quelles sont vos principales sources
d'inspiration ?
Je compose toujours au piano mais les idées peuvent venir
en toutes circonstances, particulièrement les moins attendues:
un bain de foule, un trajet dans le métro, un moment d'inattention
au concert. Le stimulus peut être poétique, tactile
ou visuel. Parfois, les idées sont simplement liées
à un sentiment intérieur. D'autres fois, c'est le
pur produit du hasard ou des circonstances.
-
Aimeriez vous composer la musique d'un
film. Avez vous eu des propositions dans ce sens ?
Oui, j'aimerais beaucoup en composer. A part la collaboration
à un film d'époque sur Arte, Rokoko, et la composition
d'une musique de film muet - un Roméo et Juliette italien
de 1907 - je n'ai jamais écrit de musique de film proprement
dit. En revanche, certaines de mes pièces ont été
utilisées comme musique préexistante pour des films
et des documentaires. J'aimerais beaucoup effectivement écrire
pour le cinéma, d'autant que je me sens sans doute plus cinéphile
que mélomane
J'attends que l'occasion se présente.
On m'a souvent dit que la musique que j'écris ou que j'improvise,
expressive, aux climats assez variés, se prête assez
bien à l'illustration, qu'il s'agisse de cinéma, de
littérature ou d'arts plastiques. Il m'arrive fréquemment
d'improviser pour accompagner des lectures de texte : avec le Prix
Nobel américain Toni Morrison dans sa propre production,
avec une sympathique bande de lecteurs, les " livreurs-lecteurs
sonores ", dans Proust ou dans de la littérature contemporaine
J'ai aussi improvisé à Chambéry à l'occasion
d'une exposition de photographies d'Alix Laveau..
-
Que pensez-vous de tous les événements
autour de la célébration de Mozart ? Ne pensez-vous
pas qu'elle se fait au détriment des compositeurs contemporains
?
Tant mieux si cela permet de mieux connaître MOZART. Tant
pis si les uvres les moins connues seront oubliées
en 2007. J'aurais du mal à citer un seul compositeur contemporain
qui puisse se confronter à MOZART
donc si la célébration
de l'anniversaire occulte les compositeurs contemporains, ce n'est
pas vraiment illégitime.
-
Comment choisissez-vous vos interprètes
? Composez-vous en fonction de ceux qui doivent créer l'uvre
ou à l'inverse les choisissez-vous en fonction de votre uvre?
Comment travaillez-vous avec eux ?
Cela dépend des circonstances de la création et
de la commande.. Chez les pianistes, Jean-Frédéric
Neuburger et Bertrand
Chamayou sont des " déchiffreurs " exceptionnels
; paradoxalement, leur perception de la musique est à la
fois très intuitive et très réfléchie.
Dana Ciocarlie est la toute première pianiste pour
laquelle j'ai écrit de la musique (il y a de cela quinze
ans
). Jaime son éclectisme ; je partage son goût
pour Enesco et Bartok. C'est sous son impulsion que j'ai commencé,
il y a six ans, mon cycle d'Etudes pour piano. Lorène
de Ratuld a entendu pratiquement toutes mes compositions,
a joué l'essentiel de ma musique de chambre et a enregistré
l'intégrale de ma musique pour piano : c'est elle qui connaît
le mieux ma musique. Par ailleurs, j'adore me produire à
quatre mains avec elle ou avec Bertrand Chamayou.
-
Vous êtes à la fois pianiste,
compositeur et improvisateur. Laquelle de ces trois activités
préférez-vous et pourquoi ?
Jaime la diversité et pouvoir combiner les trois
mapporte un certain équilibre. La composition est une
activité solitaire, austère et parfois franchement
déprimante. Limprovisation me permet, quand jaccompagne
une projection de film muet ou une lecture de textes, de découvrir
des chefs duvre littéraires et cinématographiques
; par ailleurs, je ny ai encore jamais connu ce sentiment
dimpasse ou cette peur de la page blanche qui me guettent
immanquablement comme compositeur. Quant à l'interprétation,
elle me permet, via la musique de chambre, de travailler avec dautres
musiciens.
Ecouter... et jouer
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[R]EVOLUTION
Vanessa Benelli Mosell, PIANO
Karlheinz Stockhausen (1928-2007)
Klavierstücke I - V, VII -IX
Karol Beffa (1973-)
Suite pour piano ou clavecin
- La volubile
- La ténébreuse
- La déjantée
Igor Fyodorovitch Stravinsky (1882-1971)
Trois mouvements de Petrouchka
- Danse Russe
- Chez petrouchka
- La semaine grasse
Ce disque est, déjà, le troisième disque de la pianiste Vanessa Benelli Mosell, qui aura vingt-sept ans à la fin de l'année, par contre c'est le premier enregistrement qu'elle réalise sous le prestigieux label DECCA, qui l'a précisément remarquée pour son interprétation des oeuvres de Karlheinz Stockhausen, un compositeur avec lequel elle a travaillé, jusqu'à sa disparition en 2007.
Il faut dire que le parcours de la pianiste italienne, qui dès l'âge de onze ans donnait des concerts avec le pianiste français Pascal Rogé, est particulièrement original, et l'a conduite dans multiples pays où elle a pu travailler avec diverses personnalités célèbres. Récemment, durant l'été 2012, elle a remplacé Martha Argerich pour un concert avec les solistes de Moscou .
Le programme de son disque montre qu'elle a une ouverture d'esprit hors du commun puisqu'elle a choisi de réunir sur un même support des compositeurs du vingtième et vingt-et-unième siècle qui, a priori, ne sont pas du tout fait pour s'entendre, puisqu'ils ont même des points de vue sur la musique très opposés . Ainsi faut-il rappeler ici d'ailleurs une récente querelle, en 2013, entre les musiciens tenant de la tendance qualifiée parfois de «néo-tonale», avec ceux de la musique «atonale».
Ces approches musicales sont si différentes que d'ailleurs la pianiste a du réaliser ce disque avec deux ingénieurs du son différents, car les exigence sonores de Stockhausen étaient, explique-t-elle, très particulières, et il n'était pas question pour elle de ne pas les respecter, ainsi le confie-t-elle à l'occasion d'un entretien à lire ci-dessous....cliquez ici pour lire la suite et voir une vidéo |
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Karol Beffa
Masques
Ensemble contraste
Les ombres qui passent(violon,alto, piano)
Mirages( piano 4 mains)
Supplique( violon)
Masques 1(violon, violoncelle)
Manhattan(alto et piano)
Masques 2(violon et violoncelle)
Milonga (alto et piano)
Après un disque paru chez le label Intrada qui nous a
permis de découvrir le talent d'improvisateur et de pianiste
de Karol Beffa, ce nouvel enregistrement qui parait cette fois
chez le label Triton permet de découvrir le compositeur
qu'il est également et en l'occurence d'oeuvres pour musique
de chambre. Celles-ci ont pour l'essentiel été créées
au 21ème siècle et quatre d'entre elles sont pour
formations avec piano. Des oeuvres... contrastées et variées,
reflet musical de notre époque, que Karol Beffa a bien
voulu présenter, une occasion d'évoquer également
son actualité...cliquez
ici pour lire la suite et écouter un extrait
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Karol Beffa
Improvisations
Le pianiste/compositeur Karol Beffa est également improvisateur
depuis nombreuses années. Précédemment interviewé
en 2006 il confiait ainsi comment il vivait ses concerts d'Improvisations
: "Une fois le thème lancé, j'essaie d'attaquer
tout de suite l'improvisation, en réfléchissant
au minimum ; cela permet de donner une forme à la pièce
au fur et à mesure que les idées vous viennent sous
les doigts. Les sensations que je ressens à ces occasions
s'apparentent un peu, j'imagine, à celles d'un funambule
sur sa corde. Mais jusqu'à présent, je n'ai jamais
eu le trac. Je peux même dire que le fait d'inclure des
improvisations dans mes récitals m'a ôté tout
trac pendant les interprétations d'uvres du répertoire."
L'enregistrement des 22 improvisations de ce CD, paraissant
ce mois-ci chez le label Intrada, permet à ceux qui n'ont
pu voir Karol Beffa en concert de le découvrir dans cette
activité qu'il affectionne particulièrement. Ces
improvisations ont été jouées sur un piano
Pleyel 2004 dans l'espace de projection de l'IRCAM le 29 juillet
2007 devant un public présent lors de la séance
qui lui a donné les thèmes.
On retrouve dans cette séance d'improvisations certaines
des "obsessions" de Karol Beffa : les "Clocks"(rythmes
saccadés d'inspiration Bartokienne ainsi "Le Mécano
de la Générale" à écouter
dans cette page) et les "Clouds"( harmonies, textures
et couleurs d'inspiration Debussyste ainsi "Figures de
diffraction" à écouter également
dans cette page). Le tout offrant un univers où se croisent
mélodies et sonorités profondes dans un climat propice
à l'imaginaire.
Karol Beffa a bien voulu répondre à quelques nouvelles
questions pour présenter ce disque et son actualité...cliquez
ici pour lire ses réponses et écouter deux extraits
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Dutilleux
Beffa
par Lorène de Ratuld
Lorène de Ratuld, dédicataire de la troisième
étude de Karol Beffa, interprète ici l'intégrale
des oeuvres pour piano écrites jusqu'à présent
par le jeune compositeur ainsi que l'unique sonate pour piano
d'Henri Dutilleux. Association très compréhensible
puisque la musique de Karol Beffa s'inscrit dans une tradition
française où résonnent les souvenirs de Debussy
et Ravel, ainsi que l'influence de Dutilleux. Elle prend sa source
dans des évocations visuelles et conduit l'auditeur plus
à vivre des sensations qu'à lui évoquer des
sentiments.
Ainsi la première uvre de Karol Beffa qui a pour
titre Sillages, écrite en 2003, est très
prenante par la tension qu'elle crée par l'utilisation
d'une mélodie répétitive au tempo lent, une
harmonie changeante qui s'amplifie petit à petit, monte
à son point culminant puis redescend. L'auditeur est ainsi
porté dans une rêverie contemplative. Les Six
Etudes (écrites entre 2000 et 2002) portent sur les
intervalles : tierces et quintes, pour la première ; octaves
pour la deuxième ; septièmes pour la troisième
; tierces pour la quatrième ; dixièmes et quartes
pour la cinquième ; sixtes pour la dernière. Mais
elles sont aussi des explorations autour de la sonorité.
Les annotations de Karol Beffa sur la partition sont éloquentes
sur le rôle important confié à l'inventivité
de l'interprète : " brouillé de pédale",
"changer l'harmonie imperceptiblement", "changer
de couleur"... Dans Voyelles, la plus longue de ses
uvres pour piano, d'une dizaine de minutes, transparaît
le souvenir de Ravel, particulièrement au travers du motif
de la cinquième des "Valses nobles et sentimentales".
uvre sombre, l'angoisse se fait sentir par touches progressives,
la polyphonie s'épaissit progressivement et donne naissance
à nombreux reflets sonores qui se démultiplient
jusque dans un splendide quintuple canon.
Dans la Sonate d'Henri Dutilleux, compositeur dont on vient
de célébrer les quatre-vingt dix ans, se trouve
aussi l'influence prononcée de Ravel. Bien que marié
à une pianiste : Geneviève Joy, dédicataire
et créatrice de l'oeuvre en 1948, ce compositeur a écrit
très peu d'oeuvres pour le piano, lui préfèrant
l'orchestre. Aussi ne faut-il sans doute pas s'étonner
que cette composition est elle-même très orchestrale,
le dernier mouvement de la sonate étant un grand Choral
utilisant tout le clavier !
Karol Beffa considère que la pianiste Lorène
de Ratuld est celle qui connaît le mieux ses uvres
pour les avoir pratiquement toutes entendues et avoir fréquemment
joué celles pour piano. Elle propose à ses côtés
des programmes mêlant interprétations et improvisations.
Elle est donc l'interprète idéale pour cette difficile
intégrale. Elle possède une très grande technique,
cumule de nombreux prix et récompenses, dont le Prix
de piano mention très bien au CNSM de Paris en 2000, prix
de Musique de Chambre en 2002, lauréate du concours international
de piano Seiler en 2003, plusieurs prix au Concours International
Piano Campus en 2004.
Cliquez sur l'image pour vous procurer ce disque
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Dana Ciocarlie
Debussy en miroirs
La pianiste Dana Ciocarlie a souvent eu l'occasion de travailler
avec des compositeurs contemporains, et plusieurs lui ont d'ailleurs
dédié des oeuvres. Dans cet enregistrement, elle
a souhaité rapprocher des oeuvres de Claude Debussy et
de quatre jeunes compositeurs actuels, nés entre 1965 et
1975, qui eux-même sont des virtuoses du piano, ainsi Karol
Beffa dont vous pouvez lire une interview sur le site Piano
bleu , qui lui a dédié plusieurs études.
Dans le livret qui accompagne le disque, paru chez le label Triton,
Dana Ciocarlie explique que dans la plupart des oeuvres qu'elle
a choisi de présenter, la référence à
Claude Debussy y est clairement affirmée...cliquez
ici pour lire la suite
Pendant tout le mois de juillet 2006 , Dana Ciocarlie offre
aux internautes de pianobleu.com l'écoute d'un morceau
entier de ce disque...cliquez
ici
|
vous pouvez vous procurer la partition "Sillages" en cliquant
ici
Vous pouvez vous procurer la partitions " Etudes" en cliquant
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Agnès Jourdain
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