Merci à Alexandre Saada d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Alexandre
Saada est né le 15 août 1977 à Avignon. Il découvre
la musique à deux ans à l'écoute de John Coltrane
et Sergeï Rachmaninov... "Bien qu'il n'y ait pas de musiciens
dans ma famille, mes parents étaient assez mélomanes.
Ils passaient des 33 tours de Stan Getz, "Ballads" de John
Coltrane, les 2e et 3e concerti pour piano de Rachmaninov tous
les dimanches matins. J'ai tellement entendu ces disques qu'ils me sont
aussi familiers que la voix ou les odeurs que l'on garde de ses proches
dès l'enfance. Je me rends compte aujourd'hui à quel point
la musique dont on s'imprègne tout jeune façonne bien
sûr nos goûts et notre esthétique mais surtout notre
façon même de jouer. J'ai ce souvenir clair d'écouter
attentivement, de vouloir décortiquer, comprendre, reproduire.
J'étais fasciné que l'on puisse "jouer de la beauté".
J'aimais les textures, les harmonies, les timbres. L'histoire de "2
ans" c'est parce que sur un vieil enregistrement que mon père
faisait de mon frère et moi à l'aide d'un Revox, j'étais,
un peu avant 2 ans, obsédé par l'idée d'écouter
de la musique, je ne parlais que de ça. Je n'en ai pas de souvenirs
clairs mais une sensation, une envie d'entendre."
Il commence le piano à quatre ans et demi..."Mes premiers
cours de piano étaient avec une dame que j'aimais beaucoup. Elégante,
très à l'écoute. Elle avait inventé un jeu
que j'adorais. J'avais à disposition des cartes sur lesquelles
étaient dessinées des noires, des blanches, des croches
ainsi que les différents soupirs. Puis elle jouait et je devais
disposer les cartes dans l'ordre. Je jouais au piano des 4 mains avec
elle, des choses très simples bien sûr mais je me souviens
qu'il fallait que je sois attentif à ce qu'elle faisait pour
réagir en conséquence."
Alexandre Saadal intègre le conservatoire d'Avignon à
six ans et y étudie le classique pendant une dizaine d'année.
Il en sort en obtenant brillamment son Diplôme de Fin d'Etudes.."Je
suis rentré à l'annexe du Conservatoire d'Avignon (ils
envoyaient des profs dans le village voisin dans lequel je vivais).
J'ai bien sûr énormément de souvenirs et de sensations
de cet endroit dans lequel j'ai passé environ 8 ans. Mais je
me souviens en particulier d'avoir souvent envie de jouer par coeur
en modifiant certaines notes, ou m'attarder sur un accord que je trouvais
beau. Ma prof, madame Fajeau m'engueulait en me disant que c'était
Mozart, ou Bach pas Saada. J'ai le souvenir d'avoir été
très sensible à Bach puis à Chopin et Debussy mais
j'avais beaucoup de mal avec Bartok (que j'adore aujourd'hui)."
Pendant sa période au conservatoire son seul rapport au jazz
pendant cette période a été dit-il ..." La
musique de Debussy et un ragtime de je ne sais plus qui ! "
Malgré un début de parcours classique, Alexandre Saada
va vite devenir un pianiste atypique. A la sortie du conservatoire,
il intègre un groupe de rock en tant qu'organiste. Son envie
précoce d'improvisation commence à s'épanouir..."C'était
en fait un groupe de reprises des Doors. J'ai intégré
ce groupe vers l'âge de 14 ans. L'orgue car c'était l'instrument
de Ray Manzareck dans ce groupe. Le son des Doors en dépendait
On a fait des concerts de province bien sûr. Mais je me souviens
d'une fête de la musique devant entre 300 et 400 personnes. Je
découvrais à ce moment les "concerts", le "public"
ces sensations. C'est surtout là que j'ai commencé à
faire des solos et à vraiment improviser."
Dès l'âge de 15 ans , une expérience originale,
et pas des moindres, va déterminer son souhait de devenir pianiste
: " J'ai participé à un spectacle autour de Starmania,
avec une équipe de 40 personnes et un travail étalé
sur un an. Cette expérience était assez claire pour moi.
C'est ce que serait ma vie. Après le bac, je me suis consacré
à faire en sorte que ce soit ma vie. Je suis passé vers
26 ans à la Sorbonne pour faire un an de musicologie, ce sont
mes seules études supérieures."
En 1995, Alexandre Saada intègre l'Institut Musical de Formation
Professionnelle (Salons de Provence) directement en 2ème cycle.
Il y suit des stages avec Michel Petrucciani, Daniel Goyone et Pierre
Camas .. "J'ai surtout un souvenir très marquant
de Michel Petrucciani qui me revient souvent à l'esprit : "L'important
dans une improvisation c'est de bien commencer et de bien finir, et
de s'arrêter avant de se mettre à tourner en rond".
J'aimais son énergie et la clarté de ses idées.
Daniel Goyone m'a plutôt ouvert la voie d'autres harmonies possibles,
essayer des choses même à priori incohérentes, tester."
Toujours en quête d'apprentissage, Alexandre Saada fait de courts
séjours à New York puis à Cuba pour se confronter
à la réalité du terrain. Il joue lors de nombreuses
jam-sessions au Cleopatra's Needle avec Eric Lewis, au Smoke, à
la Havane, à Trinidad... "J'ai des souvenirs de jam sessions
à NY, au Cleopatra's Needle avec Eric Lewis notamment ou au Smoke.
Le niveau musical était très loin de celui que je connaissais
en France. Mais paradoxalement, ce niveau et cette énergie n'étaient
pas effrayants mais extrêmement stimulants. C'est ce qu'on dit
souvent de ce pays et de cette ville mais c'est vrai qu'on a la sensation
à New York que chacun a sa chance. A Cuba, il m'est arrivé
de faire le boeuf dans des bars de la Havane. Un jour à Trinidad,
sous une pluie torrentielle, je m'abrite dans un bâtiment d'où
venait de la musique. Je me suis retrouvé à jouer avec
un autre pianiste et un groupe d'enfants qui devaient avoir 6 ans de
moyenne et déjà un sens du rythme incroyable. Je suis
resté longtemps à jouer avec eux et à échanger
avec cet autre pianiste tout ce qu'un européen et un cubain ont
envie de partager."
De retour en France, Alexandre Saada s'installe à Paris et
commence à composer pour quintet. A 20 ans, il auto-produit deux
disques vendus sous le manteaux.... "Le premier Cd( de cinq
titres) a été suivi d'un second deux ans plus tard : tous
deux pour quintet, la musique était du jazz. Le premier "Let's
find peace" a été enregistré avec Christophe
Dal Sasso, Jean-Christophe Beney, Michel Zenino (rencontré à
l'IMFP) et Bruno Ziarelli. J'avais écris ces morceaux en rentrant
de NY et avait envie de me lancer pour proposer mon travail aux clubs
parisiens. Ca a marché, j'ai alors monté une équipe
pour les concerts avec les musiciens que je connaissais à Avignon,
David Eléouet, Rémy Bioulès, Pierre Fayolle et
Olivier Migniot. Nous avens enregistré un deuxième disque
"a new world"."
Son quintet est rapidement programmé dans les clubs de jazz parisiens
(Sunset, Café Universel, Duc des Lombards, Petit Journal, Virgin
Megastore, Théâtre du Rond Point ) et se produit au
Festival de Montreux (Suisse). A cette période, il suit l'enseignement
de Serge Forté..."
Le peu que je sais sur le jazz, ses harmonies, ses mécanismes,
je le dois à Serge. Il a été un ami et un excellent
professeur pour moi."
Son
troisième album (le premier à être commercialisé)
va rencontrer un vif succès. Accompagné du batteur David
Eléouet et du contrebassiste canadien Chris Jennings, l'album
" éveil" est Disque d'Emoi Jazz Magazine et emmène
le trio au New Morning puis à travers la France. On y retrouve
les compositions des trois musiciens ainsi que quelques standards. La
musique d'" éveil" traverse alors le monde,
transportée par les "accoudoirs" des vols Air France.
" ... "...éveil" est en fait mon premier "vrai"
disque. Nous jouions en trio de puis un certain temps avec David et
Chris. David et moi nous sommes rencontrés en 1991 je crois dans
ce projet autour de Starmania dont je parlais plus haut. Nous sommes
tout de suite devenus amis et avons joué ensemble pendant environ
12 ans. Nous sommes allé voir un soir Peter Erskine au Sunside.
Derrière nous, un canadien disait venir d'arriver en France,
être contrebassiste et chercher un trio. Nous cherchions un contrebassiste.
Ca devait être en 2001. Chacun a apporté des compositions
et des idées de standards dans ce trio. Ce disque s'est fait
très spontanément en une journée au studio Alladin
(en 2003). La version de Good Bye Pork Pie Hat n'était même
pas prévu, nous avions envie de la jouer en fin de sessions et
la prise était enregistrée. J'aime l'idée qu'un
disque peut-être très travaillé mais n'est aussi
que l'empreinte d'un moment qui nous échappera quoi que l'on
puisse prévoir (finalement comme tant de disque de jazz)."
Lors des Festivals de Calvi et de Pinarello Alexandre Saada rencontre
Sophie Alour et monte un nouveau quintet avec la saxophoniste, Chris
Jennings et intègre le batteur David Grébil et le trompettiste
Yoann Loustalot. Sur ce nouvel album "Be where you are",
salué par un Disque d'Emoi Jazz Magazine, le pianiste signe toutes
les compositions ainsi qu'un arrangement de la "Pavane pour une
infante défunte" de Maurice Ravel...." Je suis revenu
au quintet pour ce disque. Le quintet me permettait de faire jouer des
mélodies à deux voix. Ce disque ne comporte que des compositions
personnelles et une reprise de la "Pavane pour une Infante Défunte"
de Ravel que j'ai arrangé pour l'occasion.
J'ai effectivement rencontré Sophie Alour au Festival de Calvi
en 2004. Nous nous sommes retrouvés au Festival de Pinarello
quelques mois plus tard et j'ai fait cette fois la connaissance de David
Grébil et Yoann Loustalot. Je continuais à jouer avec
Chris Jennings à cette époque. C'est comme ça que
le quintet s'est monté. Nous avons fait une semaine à
"La Fontaine" pour la sortie du disque."
Alexandre Saada fonde alors le "Pop Life Projet", un hommage
à Nick Drake, Joni Mitchell, Paul Simon avec Sophie Alour,
le bassiste poète et chanteur Jean-Daniel Botta et le batteur
Donald Kontomanou. Une série de concerts sont consacrés
à ce projet. Ce sont les prémices d'un autre album..."Après
l'épisode Be where you are, j'ai commencé à jouer
avec Jean-Daniel Botta dans plusieurs groupes. Louisa Bey, Léonore
Boulanger et Electricdiva. Nous écoutions beaucoup de pop, de
musique du monde. J'ai eu envie de jouer toute cette musique pop qui
avait également bercé mon adolescence : Nick Drake,
Paul Simon, Joni Mitchell, Jeff Buckley mais je n'avais pas encore
écrit dans ce style. Les reprises se sont alors imposées.
Il y avait aussi ce coté pop que Sophie Alour dégageait
dans ses solos et qui me parlait beaucoup. (Les thèmes de Be
where you are, sous leurs airs de morceaux de jazz avait quelque part
un côté chanson qui me plaisait). Donald Kontomanou nous
a rejoint pour ce projet que nous avons peu joué mais qui était
vraiment un terrain de jeu et d'expérimentations fabuleux. Je
ne suis pas le premier à aimer improviser sur cette musique évidemment,
Bill Evans jouait Paul Simon, Oscar Peterson jouait Legrand, Brad Meldhau,
Esbjorn Svenson bien sûr La pop fait partie de notre culture
profonde."
En
2007, le saxophoniste Rick Margitza appelle Alexandre Saada quinze minutes
avant de jouer pour remplacer son pianiste qui vient de s'enfoncer un
pied de charleston dans la cuisse Ce sera sa première collaboration
avec le batteur Laurent Robin avec qui il décide de monter son
nouveau projet "Panic Circus". Alexandre Saada laisse s'exprimer
la pop qui est en lui. Il signe un nouvel album de compositions "Panic
Circus", et y écrit deux chansons.... "Panic Circus
est venu assez naturellement d'une envie de jouer mes propres chansons
de pop, une envie d'écrire du rock, des chansons simples, du
pur plaisir.
J'ai rencontré Laurent Robin lors d'un remplacement à
La Fontaine avec Rick Margitza, et grâce à Be where you
are, j'avais décroché une tournée en Amérique
Centrale. Tout cela a été le déclencheur de ce
nouveau projet."
Depuis 2005, Alexandre Saada co-crée et joue dans la pièce
"Novecento - Un monologo" aux côtés de
Brice Notin. Cette pièce est jouée de nombreuses fois
en France et en Europe et connait entre autres un grand succès
lors du Festival d'Avignon..."Nous avons commencé à
jouer Novecento en 2004 et depuis, cette histoire nous accompagne. Nous
continuons de la jouer ponctuellement (encore en janvier 2011). Nous
avons dû la jouer près de 140 fois dont lors de deux festivals
d'Avignon, puis en Suisse, dans de nombreux théâtres en
France. Chaque fois le public fut conquis par cette histoire si simple
et si forte. La mise en scène était faite par Perrine
Moran à l'origine puis, au fil des années, nous nous sommes
appropriés cette histoire de plus en plus, la compagnie nous
produisant s'est dissoute et nous avons continué à jouer
Novecento en épurant de plus en plus la mise en scène
qui se résume aujourd'hui à un piano et une valise sur
scène pour ne garder que l'essentiel de cette histoire. Curieusement,
je crois que nous sommes presque les seuls à la jouer tel qu'elle
est écrite, c'est à dire un comédien et un pianiste.
Il y a des groupes de jazz, des pianistes conteurs, des lectures mais
nous avons tenu à respecter au mieux l'histoire. J'aime dans
ce texte l'humour, la grande profondeur et l'émotion qui s'en
dégage. Je vous avoue que nous continuons à trouver des
symboles et des sens moins évidents au fur et à mesure
des représentations."
Parallèlement, Alexandre Saada joue pour le groupe de pop rock
Electricdiva avec la chanteuse Déborah Bénasouli ainsi
que pour la chanteuse Léonore Boulanger aux côtés
de Jean-Daniel Botta et du batteur Laurent Sériès. Leurs
deux albums "Electricdiva" et "Les Pointes et les Détours"
sortent sur le label Promise Land (label créé par le pianiste
à l'occasion de la sortie du disque "Panic Circus")..."
J'ai commencé mes premiers groupes finalement en accompagnant
des chanteurs et chanteuses. Les pianistes sont demandés par
les vocalistes car c'est la formule la plus simple pour eux (piano/voix)
donc on apprend à accompagner et à apprécier être
au service d'une voix. Léonore Boulanger et Déborah Bénasouli
(la chanteuse du groupe Electricdiva) sont deux personnalités,
deux voix très différentes et deux personnes avec qui
j'adore travailler dans des optiques différentes. Jean-Daniel
Botta qui est à l'origine de ces deux projets, des compositions
et de la tournure que prennent ces groupes nous a entrainé sur
une route d'où sont sortis un style et une esthétique
dans lesquelles nous trouvons tous une grande liberté. Electricdiva
compte en plus le guitariste Philippe Crab, auteur-compositeur de grand
talent."
Dans de nombreuses salles et festivals (Tanger, Jazz à Juan,
St Petersburg, Berlin ), Alexandre Saada accompagne Malia, Dani
Siciliano, Louisa Bey, le chanteur libanais Mouzanar, Stéphane
Roux dans un Hommage à Brel, Vian et Nougaro, ou fait le clown
pour des enfants de 4 ans dans le spectacle Abracadabra - jouant tour
à tour du piano, du Fender Rhodes, de l'orgue Hammond, de la
scie musicale, du vibraphone, des karkabous, du glockenspiel, du mélodica
ou du toy piano.
Il joue pour le moyen métrage sans dialogue d'Emmanuel Saada
"Soleils d'Hiver". Ce film obtient le Prix de la Meilleur
Bande Son au "Avignon-NewYork Film Festival" et est également
sélectionné au prestigieux Festival de Locarno..."Emmanuel
est mon frère. Il a réalisé ce moyen métrage
d'environ 45' tourné en super 8 couleur et sans dialogue. Ce
film raconte la période de doutes et de troubles extrêmes
que vivent trois amis. Errance de ce moment où tout semble se
retourner contre eux jusqu'à un ultime climax où un hold-up
est la seule issue possible avant la rédemption finale. Un film
fort et dérangeant qui réveille les fantômes que
tout le monde peut avoir à un moment de sa vie. La musique a
été composée par Christophe Rézaï,
compositeur iranien. J'ai joué les parties piano et improvisé
certains passages. Ce fût une très belle aventure."
Alexandre Saada adapte et interprète l'Intermezzo de l'opéra
"Cavaleria Rusticana" pour le court métrage "La
Ballade d'Alice" du même réalisateur.
Il signe la musique des deux courts métrages de Nicolas Silhol
"Tous les enfants s'appellent Dominique" pour lequel il obtient
une bourse SACEM et "L'amour propre" sélectionné
à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes.Il collabore
avec Khaled Mouzanar à la musique du film "Une chanson dans
la tête" de Patrick Chesnais.
Il est sélectionné par la SACEM pour participer à
un stage de composition de musique de films avec Jean-Claude Vannier.
Il y compose pour l'Ensemble Orchestral d'Ile de France. ..."Lorsque
Nicolas Silhol m'a demandé de faire la musique de son premier
court métrage "Tous les enfants s'appellent Dominique",
nous avons fait une demande d'aide à la création à
la SACEM. Nous sommes passés devant une commission pour défendre
le projet et c'est à la suite de cet épisode que la SACEM
m'a contacté pour participer à cette master-class avec
Jean-Claude Vannier sur l'écriture de musique de film.
Ce stage a été très enrichissant en ce qui concerne
la façon très concrète de coller de la musique
à l'image, qui est un exercice qui nécessite une grande
précision. Nous devions écrire la musique d'une scène
des "Amants Réguliers" de Louis Garrel. Nous avions
à disposition, lors d'une représentation publique, l'Ensemble
Orchestral d'IDF (un orchestre d'une trentaine de musiciens). J'ai réadapté
la musique que j'ai écrit pour l'occasion dans mon disque solo,
il s'agît de la piste "Short Cut"."
En 2010 Alexandre Saada crée un duo avec le pianiste Philippe
Baden Powell, l'un de ses projets actuels les plus exaltants "Philippe
est le fils du célèbre guitariste. On se connaissait depuis
longtemps avant de se rencontrer pour la première fois. Puis
un concert à deux pianos a accéléré la réalisation
de cette envie de duo (deux pianos) qui nous trottait dans la tête
depuis un certain temps. Lors de notre première répétition,
nous avons été frappés tous les deux par la proximité
de nos sensibilités et de nos façons d'aborder la musique.
Je me souviens lui avoir fait la remarque que j'avais l'impression de
jouer avec moi il a ressenti la même chose. C'est rare et
très curieux comme sensation. Nous avons une très grande
complicité tant affective que musicale, jouer avec lui est un
vrai bonheur. Philippe a une grande richesse musicale due à son
parcours, à ses expériences aux côtés de
son père ou en tant que leader ou sideman et une grande sensibilité.
La musique brésilienne a toujours été très
présente dans ma vie, nous en jouons beaucoup avec Philippe mais
aussi des standards et des compositions à nous."
Cet hiver, son dernier album "Present", le premier en solo
(voir plus bas), Alexandre Saada livre ses compositions les plus
introspectives et les plus personnelles. Le pianiste Carlos Roque Alsina
décide de donner un cours sur l'improvisation à travers ce disque solo, lors de l'"Académie Internationale
des Nuits Pianistiques" d'Aix en Provence..." L'idée
de ce cours était de faire improviser les participants à
ce stage qui étaient tous d'excellents pianistes. A travers quelques
morceaux de "Present" choisis par Carlos, chacun devait développer
un discours personnel en essayant de suivre l'idée principale
du morceau."
Actualité 2012
Malia
Black orchid avec le pianiste Alexandre Saada
Le pianisteAlexandre Saada sera bientôt en concert avec
la chanteuse Malia qui a sorti récemment un très beau
disque en hommage à Nina Simone : "Black Orchid" à
découvrir absolument si vous aimez le jazz émouvant et
tendre, soit dans cette page (avec des extraits et une vidéo
à voir plus bas) soit lors des concerts. Le pianiste Alexandre
Saada que l'on a pu découvrir à l'occasion de son disque
en piano solo Present est en parfait accord avec la mélancolie
et poésie de ces chansons ainsi à voir plus bas deux des
trois vidéos en duo : à noter que outre le pianiste Alexandre
Saada, Jean-Daniel Botta et Laurent Seriès accompagneront Malia
lors des concerts : Jeudi 07 juin 2012 dans le cadre de Jazz à
Roland Garros à Paris ou vendredi 8 juin et samedi 9 juin 2012
au Sunside à Paris et si vous êtes en Suisse dès
ce vendredi 18 mai 2012 à Zurich au club moods...cliquez
ici pour lire la suite, écouter des extraits et voir
quatre vidéos
Actualité 2015
Sortie d'un troisième disque piano solo : " Portraits", occasion d'un nouvel entretien à découvrir dans le paragraphe "Ecouter..."
Son inspiration, son travail...
Interrogé
sur ces jazzmen de référence et les musiciens qu'il a
rencontré qui ont le plus influencé son jeu, Alexandre
Saada répond : "Je suis quelqu'un d'assez lent pour lire
un livre, je m'arrête presque sur chaque mot pour vraiment sentir
l'intention de l'auteur, je déteste lire en diagonale. La tournure
d'une phrase a pour moi autant de sens que le vocabulaire employé.
Pour la musique, c'est pareil, j'écoute un musicien de manière
quasi obsessionnelle pendant des mois. J'ai commencé avec Oscar
Peterson, puis Wayne Shorter, Keith Jarret, Jim Morrisson, Nick Drake,
Joni Mitchell, Paul Simon, les Beatles, Jimi Hendrix, Bill Evans, les
Beach Boys tant d'autres, tout ce qui se présente. Dire
ce que j'apprécie chez eux m'est impossible. J'aime tout et j'essaie
de tout assimiler. Le phrasé, la façon de donner une intonation
et une intention à une mélodie, la façon d'harmoniser,
les nuances, les timbres de voix, les arrangements, les instruments
utilisés, leur son, toutes les infos que je peux assimiler, comment
l'émotion naît dans une chanson de Björk ou dans un
solo de Chet Baker, dans la voix de Billie Holliday, dans les silences
de Miles Davis Tous ont quelque chose en commun, la clarté
du propos, l'intégrité de leur esthétique. C'est
un magnifique artisanat. Un travail d'orfèvre comme dirait Baricco.
Je crois que les musiciens qui ont le plus influencés mon jeu
sont Jean-Daniel Botta, Laurent Sériès, Sophie Alour et
Chris Jennings. A travers nos échanges musicaux nos conversations
ou malgré eux sans qu'ils ne s'en rendent compte"
Quant à sa façon de composer..."Elle est très
irrégulière. La plupart du temps, je me mets au piano
et joue. Quand une idée me semble intéressante, soit je
la finalise très vite, soit je la développe un peu, l'enregistre
et la laisse de côté pour la réécouter parfois
un an après et la retravailler (comme c'est le cas pour certains
titres de Panic Circus). La mélodie compte beaucoup pour moi,
que le thème puisse se chanter, que les harmonies me surprennent,
même simplement. Je crois que je favorise souvent ce qui vient
assez spontanément. Pour mon dernier disque, "Present",
seules quelques bribes d'idées étaient écrites,
la majorité des morceaux sont improvisés."Et
il serait, dit-il, bien incapable de définir sa musique : "
peut-être que ce qui la définit le mieux c'est que j'essaye
d'être le plus sincère possible avec moi même. En
se découvrant, en se connaissant au fil du temps, on se rapproche
un peu plus de soi. Je suis loin du but mais j'essaye des chemins et
parfois je me rapproche. La quête de soi est très proche
de l'écriture, sans vouloir faire de philosophie de bas étages.
Je crois que la grande chance de faire un métier artistique est
que cette découverte de soi fait partie de notre travail, c'est
même une condition pour "évoluer".
Alexandre
Saada a toujours été très sensible au rapport image/musique.,
confie-t-il :"Je n'ai écrit que pour court car l'occasion
ne s'est jamais encore présenté d'écrire pour un
long, ce qui me plairait aussi. La musique soutien, souligne ou contraste
l'image, comme la lumière, et les émotions ressenties
dépendent en partie de ce rapport. C'est très excitant
de "créer" une émotion ou une autre en ajoutant
de la musique sur des visages, des scènes. Je travaille d'ailleurs
actuellement sur un projet de Ciné-Concerts avec Bertrand Perrin
(batteur et compositeur), nous allons jouer sur une série de
films d'animations."
Alexandre Saada a beaucoup enseigné mais..."malheureusement
trop à des élèves que la musique n'intéresse
qu'à moitié. On est un peu dans l'ère du "consommer
vite" et rentabiliser. Peu d'élèves que j'ai rencontré
ont montré un peu de patience pour cet apprentissage. Beaucoup
veulent jouer des trucs vite fait Je ne peux pas concevoir la
musique comme ça, cela demande un peu de travail, de passer un
tout petit cap pas si difficile pourtant. Mais parfois, un(e) élève
peut se montrer surprenant, intéressé et alors l'on peut
échanger vraiment et si cela n'enrichit pas mon travail de compositeur,
je ressens une grande joie à l'idée de pouvoir transmettre
un peu, participer humblement à ce que la culture en général,
la curiosité, l'écoute, ou même l'envie d'aller
au bout d'un morceau si simple soit-il, se développe. J'ai souvent
très peur que petit à petit, la majorité des gens
ne se lasse de la culture et succombe à la paresse de ne plus
chercher à ressentir que des émotions fast-food. J'ai
l'impression que c'est vraiment le cas en ce moment mais peut-être
que ça a toujours été comme ça, je ne sais
pas."
Depuis 2006, Alexandre Saada étudie de nouveau la musique classique
avec Alicia Roque Alsina puis, à sa disparition, avec Carlos
Roque Alsina (pianiste et compositeur argentin). Il travaille à
leurs côtés Bach, Brahms, Beethoven, Chopin, Schumann,
Bartok, Berg, Schönberg, Ravel, Debussy Cet enseignement
bouleverse sa conception de la musique "J'ai eu envie de
retravailler le classique, pour palier à l'origine à des
lacunes techniques. J'ai rencontré Alicia Roque Alsina par une
amie chanteuse. Une grande dame et une extraordinaire pédagogue.
L'entrée en matière s'est faite avec Bach bien entendu,
puis Alicia a commencé à me constituer un répertoire.
Chaque morceau ciblait un point technique important et toujours de la
musicalité, le moindre exercice devait être utile et beau!
Ainsi, nous avons travaillé la pathétique de Beethoven,
quelques Papillons de Schumann, quelques Préludes de Chopin,
intermezzi et Rhapsodie de Brahms, la Sonate de Berg, Debussy, Mozart
Chaque pièce m'ouvrait les yeux sur tant de dimensions que j'avais
laissé de côté en me consacrant au jazz. Les nuances,
le contrôle de chaque phrase, le travail du détail, la
souplesse des poignets pour un meilleur contrôle du toucher
des dizaines de points qui paraissent évidents et qui pourtant
sont souvent négligés. Ainsi, j'ai redécouvert
le piano et la musique classique. A la mort d'Alicia en 2008, Carlos
Roque Alsina a récupéré certains de ses élèves.
Décrire l'enseignement de Carlos est impossible. C'est homme
est un génie, chaque cours pris avec lui vous grandit tout simplement.
J'ai travaillé Chopin, Ravel, Bartok et Schönberg avec lui
et que dire d'autre que "son enseignement a bouleversé ma
conception de la musique" car je ne saurai dire autre chose. Travailler
avec Carlos, c'est donner un sens à chacune des notes que l'on
joue. La musique, qu'elle soit baroque ou contemporaine prend un sens
face à laquelle le hard rock devient une musique pour enfants
de coeur."
Ecouter...
Portraits
Alexandre Saada
Piano solo
L'on avait pu découvrir le pianiste, compositeur et improvisateur, Alexandre Saada, lors de la parution de son premier disque piano solo, "Present" , il y a cinq ans, un disque dont "seules quelques bribes d'idées étaient écrites,
la majorité des morceaux improvisés." expliquait-il alors à l'occasion d'un entretien.
Ce nouveau disque "Portraits" est son troisième en solo ( et le 6ème album de toute sa production), et si dans "Présent" il avait mis beaucoup de lui-même, ii a choisi cette fois d'improviser totalement en s'inspirant de sa perception d'hommes et femmes qui l'entourent.
Il faut préciser qu'Alexandre Saada a aussi une passion pour la photographie, et même si ce n'est pas directement le fait de réaliser des portraits photographiques qui l'a inspiré , ainsi confie-t-il à l'occasion d'un nouvel entretien, à lire ci-dessous , cela le conduit à aller à la rencontre des gens qu'il photographie et dans ses portraits au piano, il essaye de se plonger dans ce qu'il peux percevoir de la personne "portraitisée". Une perception qu'il a d'autant plus aiguisée puisqu'il a un mystérieux don de synesthésie ... cliquez ici pour lire la suite et écouter deux extraits
PRESENT
Alexandre Saada
Si vous cherchez un cadeau à offrir à Noël...
ne cherchez plus le voici !!! D'ailleurs c'est le titre que lui
a donné Alexandre Saada : "Present" soit...
"Cadeau" en anglais, et non pas... Présent
en français... Un disque que le pianiste d'origine avignonnaise
installé à Paris confie avoir enregistré
l'année dernière alors précisément
qu'il cherchait dans les magasins quoi offrir pour les fêtes
de fin d'année. C'est également lui qui a illustré
la jolie pochette de son CD (pas besoin de papier cadeau !) ,
un arbre isolé en hiver, qui reflète parfaitement
l'atmosphère de sa belle musique mélancolique et
introspective, piano solo, tout comme son retour à ses
"racines classiques" car ce pianiste a un parcours
très atypique qui l'a conduit auprès de musiciens
de tous horizons : rock, jazz, classique... avec des débuts
dans un spectacle autour de "Starmania" dès
l'âge de 15 ans (voir
ici son parcours).
Ce disque qui est son quatrième enregistré sous
son label Promise Land, le premier piano solo, marque un nouveau
tournant dans la carrière d'Alexandre Saada. Il en signe
toutes les compositions comme pour ses précédents
disques mais le terme d'improvisation est donc ici plus juste,
puisqu'il s'agit d'un enregistrement très spontané,
hormis trois titres issus de ses précédents disques.
Alexandre Saada qui a suivi nombreux stages de Michel Petrucciani
confie qu'il a un souvenir très marquantqui lui
revient souvent à l'esprit : "L'important dans
une improvisation c'est de bien commencer et de bien finir, et
de s'arrêter avant de se mettre à tourner en rond"....
Nul doute qu'il a mis ici en application le principe de ce
grand pianiste de jazz, ainsi dans ces deux très beaux
titres "Unusual Path" et "Yippie"
qui durent moins de deux minutes mais expriment tant sans qu'il
soit besoin de les prolonger et, même si on aimerait peut-être
déguster plus longtemps la poésie qu'il y offre,
la jolie mélodie d'"Unusual Path" n'a
nullement besoin d'être répétée à
l'infini pour marquer les esprits... quant à "Yippie"
, il a la splendeur d'un Haïku... Alexandre Saada se libère
de toutes façons dans un rag enflammé que lui a
inspiré Keith Jarrett. Les autres titres, eux aussi un
peu plus longs et par contre tous très calmes, donnent
matière à rêver mais sans se perdre en ces
tristes journées d'hiver, Hiver ou "Winter"
c'est précisément le titre de son dernier, et plus
long, morceau... qui nous fait espérer bien vite que le
printemps à venir apportera aussi ses cadeaux !
Alexandre Saada a bien voulu répondre à quelques
questions sur son disque...
cliquez ici pour lire la suite et écouter des
extraits
A voir: Alexandre Saada & Philippe Baden Powell au Duc des Lombards
- Sail Away
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