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Panic circus part I
Panic Circus Part II
Four
The Hebrew
Unusual Path
Yippie
My rag
Eveil
Short cut
Winter
piano solo
Si vous cherchez un cadeau à offrir à Noël...
ne cherchez plus le voici !!! D'ailleurs c'est le titre que lui
a donné Alexandre Saada : "Present" soit...
"Cadeau" en anglais, et non pas... Présent
en français... Un disque que le pianiste d'origine avignonnaise
installé à Paris confie avoir enregistré
l'année dernière alors précisément
qu'il cherchait dans les magasins quoi offrir pour les fêtes
de fin d'année. C'est également lui qui a illustré
la jolie pochette de son CD (pas besoin de papier cadeau !) ,
un arbre isolé en hiver, qui reflète parfaitement
l'atmosphère de sa belle musique mélancolique et
introspective, piano solo, tout comme son retour à ses
"racines classiques" car ce pianiste a un parcours
très atypique qui l'a conduit auprès de musiciens
de tous horizons : rock, jazz, classique... avec des débuts
dans un spectacle autour de "Starmania" dès
l'âge de 15 ans (voir
ici son parcours).
Ce disque qui est son quatrième enregistré sous
son label Promise Land, le premier piano solo, marque un nouveau
tournant dans la carrière d'Alexandre Saada. Il en signe
toutes les compositions comme pour ses précédents
disques mais le terme d'improvisation est donc ici plus juste,
puisqu'il s'agit d'un enregistrement très spontané,
hormis trois titres issus de ses précédents disques.
Alexandre Saada qui a suivi nombreux stages de Michel Petrucciani
confie qu'il a un souvenir très marquantqui lui
revient souvent à l'esprit : "L'important dans
une improvisation c'est de bien commencer et de bien finir, et
de s'arrêter avant de se mettre à tourner en rond"....
Nul doute qu'il a mis ici en application le principe de ce
grand pianiste de jazz, ainsi dans ces deux très beaux
titres "Unusual Path" et "Yippie"
qui durent moins de deux minutes mais expriment tant sans qu'il
soit besoin de les prolonger et, même si on aimerait peut-être
déguster plus longtemps la poésie qu'il y offre,
la jolie mélodie d'"Unusual Path" n'a
nullement besoin d'être répétée à
l'infini pour marquer les esprits... quant à "Yippie"
, il a la splendeur d'un Haïku... Alexandre Saada se libère
de toutes façons dans un rag enflammé que lui a
inspiré Keith Jarrett. Les autres titres, eux aussi un
peu plus longs et par contre tous très calmes, donnent
matière à rêver mais sans se perdre en ces
tristes journées d'hiver, Hiver ou "Winter"
c'est précisément le titre de son dernier, et plus
long, morceau... qui nous fait espérer bien vite que le
printemps à venir apportera aussi ses cadeaux !
Alexandre Saada a bien voulu répondre à quelques
questions sur son disque :
Après
des disques dinfluence pop et rock vous avez ici renoué
avec vos racines "classiques" , pouvez-vous expliquez
ce retour et est-ce un retour définitif ou pensez-vous
conjuguer les différents types de musique encore par la
suite ?
Ce n'est pas un retour définitif au classique, mais une
étape. Mes projets à venir allieront certainement
tous ces styles de musique. Les styles n'ont pas de frontière
entre eux, ils s'inter-pénetrent. J'ai envie de pouvoir
circuler librement de la pop au jazz et au classique, reste à
définir la forme.
Comment est né le projet de ce
disque et comment avez-vous travaillé pour le réaliser
?
A vous dire franchement toute l'histoire, le solo me trottait
dans la tête depuis un certain temps. Puis un peu avant
noël 2009, je suis rentré dans une fnac et l'idée
de faire des cadeaux comme tous les ans, livres, dvd, cd
m'a fait fuir. J'avais envie de faire un cadeau vraiment personnel
pour une fois, un état des lieux de ce que j'étais
à ce moment là. J'ai appelé le studio de
Meudon dans lequel je travaille régulièrement et
ai demandé s'il y avait un créneau de libre. Je
m'y suis rendu le dimanche suivant avec quelques vagues idées
en tête. Je me disais qu'il en sortirait peut-être
un quart d'heure, une demi heure, peu importait, je n'attendais
rien de moi en particulier.
J'ai donc joué pendant deux heures cet après-midi
enneigé et récupéré la session sur
un disque dur. Après un premier tri, j'ai gardé
les trois quarts d'heure qui figurent sur ce disque. Ca a été
mon cadeau de noël Puisqu'il était enregistré,
j'ai alors décidé de le sortir.
Tout le travail que ce disque m'a demandé a certainement
été fait en amont inconsciemment, contrairement
à mes précédents albums. Il est peut-être
venu simplement car je n'en attendais rien, un certain lâcher
prise peut-être.
Vous êtes également revenu
au piano acoustique alors que votre précédent disque
étant sur un fender rhodes est-ce aussi un retour
définitif à cet instrument ?
J'adore le fender rhodes car c'est un instrument acoustique
avec un touché, certes moins développé que
le piano, mais offrant beaucoup de possibilités d'expression.
Ce n'est pas non plus un retour définitif au piano, j'ai
toujours utilisé quand la musique le nécessité
ou quand c'était possible le piano ou le fender rhodes.
Chacun d'eux a une identité, un rôle, un son et une
utilisation particulière. Le rhodes est d'ailleurs pour
moi un "autre" piano, comme on peut trouver d'autres
idées ou une autre façon d'aborder la musique selon
qu'on joue sur un steinway, un pleyel, un rameau Les instruments
sont inspirants par ce qu'ils sont.
Ce disque est votre premier piano solo,
que pensez vous du fait de jouer seul plutôt quen
formation ? Avez- vous une préférence sur un type
de formation ou sinon quaimez-vous pour chacune delle
?
C'est en effet mon premier solo. Je suis très attaché
à l'interaction qu'il existe entre les musiciens, chaque
formation nous fait jouer différemment. Dans mon disque
"Be where you are", un titre est un duo piano
contrebasse et un autre piano sax bugle. J'aime beaucoup les soufflants,
j'aime aussi les cordes bien que je n'ai pas encore eu l'occasion
d'enregistrer avec (mais ça viendra sûrement). La
rythmique offre une énergie et un confort rythmique
Mais tout peut être utilisé à contre emploi
également. Je ne crois pas avoir de préférence.
Dans le solo, en revanche, le risque est aussi présent
que la liberté et le tempo intérieur prend tout
son sens. C'est un autre travail. Une introspection permanente
nécessaire qui permet de laisser une grande place à
l'instinct.
Deux des compositions de ce disque portent
le titre « Panic circus » , un de vos précédents
disques, ainsi quune autre « Eveil »
comment les avez-vous fait évolués ?
Panic Circus et Eveil sont les morceaux des disques
précédents : j'avais envie de les jouer tels que
je les ai "trouvé" à la base. Retrouver
l'essence de ces morceaux. Eveil a été la
première composition qui m'a donné le sentiment
d'avoir écrit en me libérant de mes influences.
J'ai vraiment eu l''impression qu'il venait de moi profondément
et non pas de la digestion de toutes les musiques que j'avais
pu assimiler auparavant. Panic Circus est sorti de manière
presque instantanée peu après l'enregistrement de
Be where you are. Là aussi j'ai eu l'impression de
définir un peu mon style.
Pouvez-vous présenté brièvement
les autres titres , en précisant pour chacun ce qui vous
a inspiré ?
Le premier titre "Home" est une improvisation,
le premier titre que j'ai joué lors de cette séance.
Tous les morceaux que j'ai gardé on été joué
dans la même chronologie. Home est vraiment une entrée
en matière, j'essayais de me rassurer, j'y sens beaucoup
les clichés et influences des disques solos que l'on connaît
des "jazzmen" Une espèce de Toccata. J'ai
voulu le garder car je voulais respecter le processus qui s'est
effectué pendant cet enregistrement. Je ne referais pas
tout de la même façon mais la cohérence de
ce processus en disait autant sur ce que je voulais raconter ce
jour là, que la musique elle même.
J'ai ensuite joué "Panic Circus" pour
continuer à me familiariser avec le piano à travers
un morceau que je connais bien. A la fin de cette première
partie, j'ai eu envie de rester sur cet accord final qui transite
avec la deuxième partie.
Cette deuxième partie fût aussi complètement
improvisée à la suite. Comme un micro processus
(théorie fractale) à l'intérieur de cette
séance. "Panic Circus" a commencé
de façon "classique" et s'est enfoncé
dans une introspection.
"The Hebrew" est une envie de faire "sonner"
un piano. Tellement de fois, je me suis retrouvé dans un
concert avec un clavier numérique Certains ne voient
pas la différence entre un piano et un clavier "mais
c'est un excellent clavier, il a un toucher lourd "
Evidemment, le résultat est affreux. Un piano, vous le
savez bien est riche d'harmoniques, phénomène physique
presque mystique extraordinaire qui fait qu'un piano est vivant
et un clavier, mort. Alors j'ai eu envie d'enfoncer des accords
sans les jouer et de jouer des phrases à droite pour faire
résonner les harmoniques. Non par vengeance bien sûr
mais par amour pour cette "magie". Je suis très
mauvais pour trouver des titres, mais celui là a un sens.
Un hébreux est pour moi avant tout un nomade. Quelqu'un
qui crée sa richesse de son instabilité et de ses
déplacements, comme ces phrases qui font naitre des harmoniques
sans se poser (c'est un peu tiré par les cheveux ! )
Unusual Path est une petite chanson qui me trottait dans
la tête. Et Yippie, une autre chanson, a une mélancolie
en lui que je voulais ironiser par son nom. "My Rag" est un clin d'oeil à "Pardon
my Rag" de Keith Jarrett qui est un rag enflammé.
J'ai toujours pensé que quelqu'un avait dû faire
une remarque à Jarrett concernant son jeu de ragtime pour
avoir nommé un titre aussi enflammé de la sorte.
Moi qui suis loin d'être un virtuose, j'avais envie de donner
une version presque ironique de ce que je pouvais faire comme
rag avec ma culture.
"short cut" c'est la version piano de ce que
j'ai écris à Auxerre durant mon travail avec J-C
Vannier.
Enfin Winter est, pour moi, le titre le plus abouti de
ce disque et de mon travail actuel, il est à la fin de
ce processus et j'essaie de m'affranchir de tout réflexe,
de tout cliché. C'est une improvisation dans laquelle j'ai
voulu laisser la place à l'expression la plus essentielle
possible. Son titre exprime la période à laquelle
j'ai fait ce disque, la saison bien sûr mais aussi cet état
avant une nouvelle période d'activité, cette période
de doute et d'espoir d'une renaissance, problème éternel
auxquels tous les artistes, je crois, sont confrontés régulièrement.
Ce disque est plutôt mélancolique
correspond-il à votre état desprit actuel
ou est-ce en fait totalement indépendant ?
C'est vrai que j'ai toujours eu une tendance à la mélancolie
dans ma musique. C'est mon moyen d'expression principal. Mais
je ne crois pas que ce soit un état permanent.
Le but du disque, le calme du studio vide, la neige de ce dimanche
de décembre aidaient à un certain état méditatif
qui pouvait facilement me plonger dans une mélancolie ce
jour là.
Quelles uvres du répertire
classique jouez-vous en ce moment ?
Je joue en ce moment le premier nocturne de Fauré.
Je suis fan de son trio (piano/violon/violoncelle)
Vous avez dessiné la pochette de
votre disque ... dessinez-vous souvent , et quels sont vos autres
centres intérêts artistiques ? Avez-vous des peintres
de prédilections ?
Je me suis mis à peindre un peu à l'huile par
plaisir et à dessiner au fusain. Je n'ai pas vraiment de
peintres de prédilection, mais je suis très sensible
à l'affirmation d'un style chez les artistes en général.
Je n'ai pas vraiment de culture dans ce domaine quoi que j'essaye
de l'enrichir. J'ai voulu dessiner la pochette car j'ai enregistré
le disque en même temps que je dessinais beaucoup. Cela
faisait partie d'un même élan, d'une spontanéité
que je recherche particulièrement. J'aime beaucoup la photo
également, en prendre et en tirer, je fais un peu de noir
et blanc.
Sur le verso l'on peut ainsi voir un dessin
d'un pianiste jouant seul en pleine nature , serait-ce un de vos
rêves de donner un concert ainsi à l'extérieur
?
Je crois que oui. Jouer dans la nature, dans une forêt,
sur une montagne, mais j'ai peur que la réalité
ne soit pas à la hauteur de l'idée que l'on peut
s'en faire.
Alors peut-être que je le dessine pour garder ça
dans l'imaginaire. Peut-être qu'un jour ?
Quels sont vos projets et prochains concerts
qui vous tiennent le plus à cur ?
Mon prochain challenge est de jouer ce disque en concert. Je
n'ai joué qu'une fois en solo, c'est très impressionnant.
J'espère que petit à petit je pourrais retrouver,
malgré la présence d'un public (j'ai toujours beaucoup
le trac), l'état dans lequel j'ai enregistré ce
disque, cette liberté et ce lâcher prise.
Le 10 janvier 2010 au Sunside à Paris je ferai le premier
set en solo puis Philippe Baden Powell me rejoindra pour les 2
autres sets
Le 17 mai au Festival Jazz à Saint Germain des Prés
je serai en solo en première partie d'Ambrose Akinmusire
Pour écouter
des extraits du disque
PRESENT
Alexandre Saada
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