Florian Billot
Merci à Florian Billot d'avoir répondu aux questions
de pianobleu.com pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Florian
Billot est né en Picardie le 29 avril 1981, à Laon, dans
une famille où la musique était très présente,
univers qui l'a poussé à se diriger très naturellement
vers le piano dès l'âge de six ans :"Mon
père, musicien autodidacte, possédait de nombreux instruments
de musique qui m'attiraient et suscitaient mon admiration. L'envie de
toucher, d'essayer d'en produire des sons s'est naturellement manifestée.
Mon frère ainé de quelques années, brillant élève
guitariste a été aussi un repère pour moi sans
qu'à l'époque je m'en rende vraiment compte. Le choix
du piano n'a pas donné lieu à un difficile dilemme, cela
allait de soi ! Il était inscrit que le piano devait entrer dans
ma vie à l'âge de 6 ans et j'éprouvai alors très
vite le besoin d'en commencer l'étude."
Il débute directement ses études musicales et pianistiques
au Conservatoire de Laon où il prend des cours auprès
d'Irakly Ivaliani
: "N'envisageant alors pas de carrière professionnelle
dans ce domaine j'ai vécu de véritables années
d'enfance et d'adolescence qui parfois, c'est vrai, ont mis la patience
d'Irakly à rude épreuve. Ma vie entre 12 et 15 ans a été
davantage chargée de parties de foot avec les copains, que de
séances de travail instrumental ! J'étais fortement attiré
par le jazz, le jazz rock, les musiques " actuelles "
Je
passais d'ailleurs mes étés à composer dans ces
styles et à donner vie à mes " uvres "
par la magie de l'ordinateur pilotant quelques expandeurs, musiciens
dociles quoiqu'un peu rigides ; l'informatique musicale commençait
à envahir les médias
J'ai eu par la suite la ferme
intention de me perfectionner dans l'étude du piano classique,
convaincu que celle-ci développerait au mieux mes moyens pour
pratiquer le jazz. Irakly a joué alors un rôle tout
à fait déterminant. Considérant que tous les "
paramètres " étaient réunis pour convoiter
une vie de musicien professionnel, il convoquait mes parents pour leur
dire que le choix d'orientation était à faire maintenant
J'avais
15 ans."
En 1996, Florian Billot entre au Conservatoire à Rayonnement
Régional de Reims (CNR à l'époque) où il
est admis dans la classe de Géry Moutier, également professeur
au CNSM de Lyon tout en gardant un fort contact avec son premier professeur
:"Géry Moutier a cet art du discours, habité d'une
richesse intellectuelle, culturelle, d'un vecu et d'une imagination
qui ne pouvaient que susciter la curiosité et l'amour de l'art
en général. Les blocages au clavier se trouvaient comme
magiquement éradiqués par la hauteur que prenaient ses
illustrations. Je garderai toujours le souvenir d'un cours dispensé
à un autre élève lors d'une académie en
Corse, sur le nocturne en do mineur de Chopin : Tout en l'interprétant,
il racontait l'histoire de ces puissantes pages. Tout était présent
pour ne converger que dans une seule direction : la puissance dramatique
de l'uvre
La troisième partie, si problématique
quant à cette indication " Doppio movimento " pris
un sens tel que la difficulté de réalisation n'était
plus un obstacle
Ce fût un moment inoubliable, influençant
de manière indélébile mes visions musicales.
Je rencontrais Irakly Avaliani en cours particulier toutes les quinzaines,
des cours d'une demi-journée, exceptionnellement riches et épuisants
! Au-delà du lien amical aujourd'hui entretenu, il m'arrive encore
régulièrement de lui présenter mes programmes de
récitals et de recevoir ces précieux conseils. J'aime
le recul et le langage de vérité d'Irakly ; lauréat
du conservatoire Tchaïkowski de Moscou, puis formé par Ethéry
Djakeli à l'approche pianisitque de Marie Jaëll, on ne s'étonne
pas, dans sa pédagogie, que voisinnent une grande rigueur et
une invitation à la liberté de jeu
"
Parallèlement Florian Billot suit les cours d'enseignement
technique en Première et Terminale F11, études qui lui
laisse du temps pour se consacrer à la musique...et en faire
son choix de carrière : "Le temps dégagé
pour le travail de l'instrument me permet de me plonger dans la découverte
et la pratique du Répertoire, tout juste effleuré au conservatoire
de Laon. Je connaissais à peine les études de Chopin !
Imaginez par la suite, quel choc à l'écoute de l'enregistrement
de Pollini !!! Des nombreuses perspectives s'ouvrant au rythme des résultats
d'examens, l'orientation vers un cursus à vocation professionnel
de pianiste classique s'est très vite imposé comme un
projet de vie
"
Ensuite Florian Billot entre au Conservatoire de Ruel-Malmaison dans
la classe de Denis Pascal qui l'incitera à se présenter
au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris : "Principal
disciple de Gyorgy Sebok, Denis Pascal a été porteur d'une
autre vision du piano qui m'a fortement remis en question. Je me sentais,
au départ, perdu et fragilisé par cette nouvelle approche.
Néanmoins, au terme de ma première année à
Rueil Malmaison, à l'issue de l'épreuve du prix d'excellence,
Denis se montrait stupéfié par les variations de Brahms-Paganini
que je venais d'interpréter. Nous avons beaucoup parlé,
une véritable confiance mutuelle s'est construite à partir
de cette réussite. Je retiendrai de l'enseignement de Denis Pascal,
pour ce qui me concerne, un mot fort : l'Harmonie. La recherche du bon
geste dépourvu de toutes tensions parasites, l'écoute
d'un accord qui entre en vibration, le jeu sans force ont été
des axes récurrents dans sa pédagogie. La recherche d'harmonie
et d'équilibre donne à son enseignement les traits d'une
véritable philosophie. "
Au CNSMP, Florian Billot entre dans la classe de Michel Béroff
et Denis Pascal : "Les années au CNSM de Paris n'ont
pas toujours été faciles. A 20 ans, les grandes questions
existentielles se manifestent dans un contexte parfois douloureux de
perte de repères. La recherche d'une identité musicale
et personnelle propres implique inévitablement d'importantes
remises en question. En tant qu'outil d'expression d'une personnalité,
le jeu pianistique en est aussi bien sûr bouleversé. C'est
très impressionné que je suis devenu élève
de Michel Béroff. Nous avons tous en tête son immense carrière
dans les salles les plus prestigieuses du monde, ses interprétations
des concertos de Prokofiev, Liszt, Ravel, Debussy
Comment ne pas
se sentir " petit " et dépourvu de moyens, face à
cette personnalité pianistique de tout premier plan ? En tant
qu'assistant de Michel Béroff, doté d'un savoir faire
exceptionnel, Denis a pris la suite tout à fait naturellement
du cursus engagé à Rueil-Malmaison. Il est vrai que l'Institution
du CNSM de Paris est convoitée de par le monde. Les 200 candidats
pianistes qui veulent en franchir le seuil viennent de tous les pays
du monde et les 20 lauréats du concours d'entrée se sentent
d'abord privilégiés puis, le plus souvent très
stressés par la charge de travail et le climat indiscutablement
concurrentiel ! J'ai pu, au fil de ces 4 années passées
au CNSM, trouver progressivement ma place et me stabiliser pour conclure
mon cursus parisien par un 1er prix récompensant mon interprétation
de la sonate " Les Adieux " de Beethoven, des " Improvisations
sur des thèmes paysans hongrois " de Bartók, et des
" Tableaux d'une exposition de Moussorgski ".
Florian Billot a également suivi nombreuses masterclasses pour
se perfectionner auprès de Jean-François Heisser,
Marie-Josèphe Jude, Helena Varvarova, et a été
invité à une académie d'été à
Salszbourg qui lui a laissé de riches souvenirs :" J'ai
eu l'honneur de jouer dans la salle du Mozarteum ! J'étais alors
dans la classe de Vassily Lobanov. Un personnage...
Je me souviens que lors de mon cours, son envie d'illustrer l'apparent
désordre Rachmaninovien l'a amené à renverser les
tables et autres meubles, jeter les crayons, les partitions
créant
dans la salle un véritable bazar ! Je jouais alors le 2ème
concerto. La salle de classe était pleine d'étudiants
de tous instruments
Tout cela pour m'aider à prendre conscience
que chez les Rachmaninov ne régnait pas vraiment l'ordre matériel,
le rangement, mais qu'une harmonie se dégageait tout de même
de ce fatras
Je doute fort que l'harmonie dans la salle et dans
mon jeu aient été à l'image de celle de Rachmaninov !!!...La
rencontre de ces fortes personnalités donne à ces moments
non conformistes des couleurs de liberté qui débouchent
toujours sur des nouveaux horizons."
Florian Billot donne en moyenne une trentaine de concerts par an,
la majeure partie en récital, et une dizaine en formation de
chambre. Son meilleur souvenir a été justement de ..."Jouer
le 2ème concerto de Rachmaninov. C'est un rêve pour la
plupart des pianistes. J'ai eu la chance de l'interpréter entre
autres à l'occasion du festival des Flâneries musicales
de Reims en 2000. C'est sans aucun doute l'un des plus beaux moments
de ma vie de concert. 2000 personnes, un piano magnifique, une salle
plus qu'à l'écoute, un public ravi
C'était
magique ! Par ailleurs, je jouais en musique de chambre l'ouverture
sur des thèmes juifs de Prokofiev.
Un conseil : ne jamais confier avant le concert, sa partition à
un ami qui va être le tourneur de page quelques minutes plus tard.
Cet individu délicat, pris d'un élan romanesque s'est
trouvé très inspiré d'annoter la partition du concert
d'indications d'interprétation hors sujet, en agrémentant
d'une lettre chaque mesure de silence, l'assemblage de ces lettres composant
des mots
bien sûr, la grivoiserie des mots formés
ne pouvait en la circonstance, me laisser indifférent ; ma réaction
fût immédiate : explosion de rire
Je ne sais pas comment
j'ai pu poursuivre l'interprétation de l'uvre. En tout
cas, comme vous pouvez l'imaginer, le respect du texte à ce moment
là ne pouvait être malheureusement ma priorité
!"
Nombreux projets de concerts lui tiennent particulièrement
à cur : concerto avec l'orchestre de chambre de Toulouse,
concerts en sonate avec le violoniste Gilles Colliard, concerts en sonate
avec le flûtiste Clément Dufour, quintette avec le quatuor
Modigliani
et il lui arrive aussi occasionnellement de remplacer
son ancien professeur Irakly Avaliani :"Irakly me contacte lorsque
lui-même a ses impératifs de concertiste et ne peut assurer
ses cours. Lorsque mon emploi du temps me le permet, je prends beaucoup
de plaisir à le remplacer. L'élève est aussi une
grande source de remise en question pianistique. C'est une tout autre
discipline que celle du concert, mais dont les valeurs ne sont peut-être
pas si éloignées. Cette discipline enrichit mon jeu pianistique
par un questionnement constant par le biais de l'élève"
Nouveau : Actualité 2014 : nouvel entretien à l'occasion de la sortie du disque "Paris 1884-1954' (voir dans la rubrique( "écouter" qui comporte aussi un entretien / son premier disque paru en 2009)
Son répertoire
Florian
Billot confie avoir toujours évité de s'ancrer dans un
répertoire : "Le choix d'uvres à interpréter
peut dépendre de la période, de l'état d'esprit
dans lequel je me trouve. Certaines uvres ne peuvent commencer
à me " parler " qu'à la suite d'une certaine
dose de travail. D'autres me seront naturellement et immédiatement
plus familières. Actuellement, je prépare 4 récitals
pour le mois d'avril. Au programme : Haydn, Chopin, Liszt et la chaconne
de Bach-Busoni pour finir. J'ai eu la chance, l'année dernière,
de choisir dans l'intégralité mes programmes de récital
pour les festivals " Musique d'été " d'Epernay
et des " Flâneries musicales " de Reims. Le premier
: Sonate Hoboken XVI :52 de Haydn, 2 Rhapsodies de Brahms et en deuxième
partie les Kreisleriana de Schumann, thématique musicale germanique
Le second : Granados : une goyescas, le 1er cahier d'Images de Debussy
et les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, l'unité du programme
s'inscrit par les esthétiques de ces 3 compositeurs, mais aussi
par les évocations à la peinture de ces 3 uvres
Le répertoire pour le piano est d'une ampleur telle qu'il serait,
à mon sens, une erreur de se fixer sur un style en particulier.
Cependant, je me sens particulièrement attiré par la musique
du XIXème siècle. Cette période, dans laquelle
foisonnent un nombre incalculable d'uvres, est particulièrement
importante pour le piano. Elle fit naître des personnalités
telles que Liszt ou Chopin qui ont provoqué de grandes révolutions
si bien dans l'écriture que dans la facture de notre instrument.
"
Florian Billot aime passer beaucoup de temps au contact du piano :"Je
peux facilement passer 8 heures à l'instrument. Malheureusement,
cette dose quotidienne est impossible, voire inutile.Je ressens néanmoins,
lorsqu'une uvre est intégrée, le besoin de m'éloigner
un moment du clavier. Cela permet de se consacrer plus directement au
sens, à la musique, de supprimer naturellement tous les parasites
parfois accumulés. La recherche de confort et de détente
est un des axes forts de mon travail. J'aime écouter plusieurs
versions des uvres que je travaille. Mais pour éviter le
mimétisme et un enfermement dans un style d'interprétation,
je m'efforce de résister à cette tentation avant d'en
avoir parcouru les grandes lignes. "
Interrogé sur ses pianistes de référence, Florian
Billot cite un nom du passé mais aussi un nom actuel : "Je
me souviens du 1er disque compact que mes parents ont acheté
: Horowitz interprétant entre autre les Kreisleriana de Schumann
et l'étude opus 8 n°12 de Scriabine. Ces deux pièces
m'ont marqué jusqu'à encore aujourd'hui. Dès que
j'ai pu, je les ai travaillés. Je les ai d'ailleurs déjà
beaucoup joué en concert
J'ai découvert assez tardivement
les concertos pour piano de Brahms. Je me suis procuré un enregistrement
de Gilels sous la direction de Jochum. L'émotion, le son d'une
immense plénitude
la tension expressive du phrasé,
m'ont totalement subjugué. D'ailleurs, sa version des études
symphoniques de Schumann lors de son dernier récital au Japon,
n'est certes pas la plus " propre " de réalisation,
mais démontre d'une puissance poétique qui tient du génie
absolu
J'assiste régulièrement aux concerts d'Evgeny
Kissin. Cette personnalité me fascine par son engagement total
et son imperturbable présence. Sa virtuosité n'est pas
gratuite mais toujours au service d'une forte conviction musicale.
"
Passionné de musique classique, Florian Billot aime aussi écouter
du jazz : "J'ai, depuis le plus jeune âge, été
passionné par le Jazz. Chick Coréa Elektric et Akoustic
band a souvent été à l'origine de mes arrivées
tardives en classe ! Ces enregistrements restent encore aujourd'hui
des piliers du Jazz et de la musique en général. L'album
" Inside Out ", hommage à Béla Bartók,
n'est il pas un pont remarquable entre les 2 univers ?"
Quant à ce qui lui tient le plus à coeur dans ses propres
interprétations ..."Ma première démarche
face à une uvre est d'en comprendre sa construction. Le
respect du texte en est la donnée principale. Puis ce qui est
pour moi primordial, c'est de trouver un naturel, une simplicité
du jeu. On dit souvent que les choses les plus simples sont les plus
belles
mais les plus complexes à approcher ! L'engagement
de l'interprète, aller jusqu'au bout de ses idées, oser,
prendre des risques au service de l'uvre, sont des qualités
que j'aime entendre chez les pianistes et que je cherche toujours à
atteindre. Faut-il toujours être conscient, raisonné, pour
atteindre la substance d'une uvre ? "
Ecouter...
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Nouveau ce disque, très apprécié des internautes de pianobleu.com fait parti des "Disques de l'été 2014"
Paris 1884-1959
Florian Billot, piano
Le pianiste Florian Billot, que l'on avait pu découvrir en 2009 lors de la sortie de son disque "carte de visite" , poursuit un beau parcours depuis cette date. Il a notamment enregistré un disque d'oeuvres de Schumann, Chopin, et Liszt , et voici ce nouveau disque qui parait sous le label Aparte. Cette fois, lui qui n'est pas né à Paris mais pas bien loin : à Laon (en Picardie), met en regard cinq compositeurs dont les oeuvres ont marqué la capitale dans un programme chronologique d'oeuvres écrites entre 1884 et 1959 . Un disque au programme varié, qu'il a mûrement réfléchi, comme vous pourrez vous en apercevoir dans l'entretien qui suit, et qu'il présentera ce 23 janvier 2014 lors d'un concert bien sûr à Paris !.. cliquez ici pour lire la suite et écouter un extrait |
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Joseph Haydn Florian Billot, piano
Joseph Haydn(1732-1809) Sonate XVI.52
Johannes Brahms(1833-1897) Rhapsodie n°1 op79
Frédéric Chopin(1810-1849) Valse op64 n°2 et
étude op10 n°4
Franz Liszt(1811-1886) Liebestraum n°3
Alexandre Scriabine(1872-1915) Etude op8 n°12
Johann Strauss(1825-1899) arrgt par Alfred Gründel(1852-1924)
de Fledermaus op56(paraphrase de concert)
Le jeune pianiste Florian Billot, qui a notamment été
l'élève d'Irakly Avaliani et s'est perfectionné
au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
a eu la chance de pouvoir enregistrer récemment grâce
à plusieurs mécènes un disque non commercialisé,
sorte de "carte visite", qui lui permet de se faire
connaître aujourd'hui plus largement et notamment sur pianobleu.com
qui a apprécié la virtuosité de son jeu dans
un répertoire difficile et varié comme vous pouvez
le voir par la liste des oeuvres de cet album. Il nous en offre
ici l'écoute d'une pièce très représentative
de son talent et a bien voulu répondre à quelques
questions pour présenter son disque....cliquez
ici pour lire ses réponses et écouter la dernière
pièce
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Agnès Jourdain
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