Marie-Josèphe Jude
Merci à Marie-Josèphe Jude d'avoir accepté de
répondre aux questions de pianobleu.com
Biographie commentée
Née d'un père français et d'une mère sino-vietnamienne,
c'est à Nice que Marie-Josèphe Jude suit ses premières
leçons de harpe et de piano : " Mon père était
un grand amateur d'opéra, très mélomane, et probablement
un artiste "contrarié" : il aurait souhaité
devenir chanteur d'opéra (il avait une très belle voix
de baryton) mais ses parents s'y sont opposés, peu confiants
en ces métiers artistiques, à l'époque considérés
comme "bohème". Il a donc fait une belle carrière
dans la magistrature, et a encouragé chacun de ses enfants à
faire de la musique, ou de la danse... Etant la dernière d'une
fratrie de sept enfants, il était tout naturel pour moi de suivre
le modèle de mes grands frères et soeurs !"
Il y avait un piano dans le salon et très vite Marie-Josèphe
Jude prend ses premières leçons de musique sur cet instrument...
" On m'a raconté (évidemment je n'en ai aucun
souvenir) que j'allais toujours vers le piano pour essayer de reproduire
les chansons que j'entendais (soit à la radio, soit des comptines
que ma mère pouvait me chanter !); j'avais 4 ans, ma mère
a eu l'idée de m'emmener voir la professeur de piano de mes soeurs,
et les cours ont commencé tout de suite... C'était à
Beaulieu sur mer, ravissant village entre Nice et Eze où nous
habitions à ce moment là ; une petite école
de musique et de danse tenue par la très gentille et maternante
Madame Vasseur. Une professeur d'une douceur et d'une gentillesse qui
donnait juste envie de jouer, sans avoir d'exigence particulière.
En fait, je suis restée très peu de mois avec elle, je
me souviens qu'elle m'apprenait en même temps la lecture de notes,
le rythme. L'apprentissage du solfège était totalement
lié à celui de l'instrument, ce qui est rare aujourd'hui,
où l'on sépare ces pratiques d'une ou parfois 2 années
(les enfants commencent par une discipline qu'ils n'associent souvent
pas à la pratique de la musique ... )
Quelques mois plus tard, ses parents ayant déménagé
à Nice, Marie-Josèphe Jude entre au Conservatoire de région,
en suivant également l'école au sein du conservatoire
..."Je n'ai connu tout au long de ma scolarité que les
classes à horaires aménagés, pour les enfants musiciens
ou danseurs : je pense qu'enfant, je croyais que tout le monde
faisait de la musique !"
Encouragée par Gyorgy Cziffra, Marie-Josèphe Jude entre
dès l'âge de 13 ans au Conservatoire National Supérieur
de Musique de Paris :"Le directeur du conservatoire de Nice,
Pierre Cochereau, à qui je dois beaucoup car il a soutenu énormément
ma mère (j'ai perdu mon père très jeune), m'a présentée
à Gyorgy Cziffra lors d'un de ses passages à Nice : je
devais avoir 9 ou 10 ans, j'étais terriblement timide et impressionnée
par ce grand pianiste, lui-même assez timide aussi ! Il m'a
écoutée, et m'a offert la chance de jouer, au milieu de
ses récitals, en début de seconde partie.. Je n'ai malheureusement
pas pu le revoir régulièrement par la suite, mais j'ai
mesuré plus tard le privilège que j'avais eu de le côtoyer
un peu "
Au CNSMP elle reçoit l'enseignement d'Aldo Ciccolini pour le
piano et de Jean Hubeau pour la musique de chambre..."Je suis
entrée au CNSMP sans aucune conscience de ce que cela représentait ;
j'avais en revanche une seule idée, celle de travailler avec
Aldo Ciccolini que ma professeur (Madame Audibert-Lambert, à
Nice) adorait et dont j'avais entendu beaucoup d'enregistrements, devenus
fétiches... Aldo est un professeur qui transmet presque malgré
lui : au delà des pensées toujours extrêmement
pertinentes et profondes sur la musique, c'est l'artiste immense qu'il
est qui nous donnait l'envie de jouer, le simple fait de jouer en cours,(
et il montrait beaucoup) nous imprégnait du son à rechercher,
de la phrase à conduire. Et son répertoire impressionnant,
sa mémoire phénoménale (qui lui permettait d'accompagner
nos concertos en jouant la partie d'orchestre par coeur!), et sa curiosité
de toutes les musiques nous a donné l'envie d'explorer , de connaître
des compositeurs parfois un peu oubliés. Je garde un lien affectueux
avec Aldo, et vais l'entendre dès que je peux..."
Artiste des plus précoces, Marie-Josèphe Jude y obtient
à peine trois années plus tard un Premier Prix de Piano
et une Licence de Concert de harpe à l'École Normale de
Paris.
Elle
est admise en cycle de perfectionnement dans la classe de Jean-Claude
Pennetier..."Le conservatoire très jeune, cela a des
avantages et des inconvénients... L'avantage, comme je le disais,
c'est une forme d'inconscience, donc peu de pression ; mais il est vrai
que je n'en ai sans doute pas profité comme cela aurait été
le cas avec une plus grande maturité ; j'ai eu par exemple
la grande chance de travailler avec Jean-Claude Pennetier au cours de
mon 3ème cycle, et je sais que je n'ai pas su profiter de tout
ce qu'il enseignait... mais j'en ai gardé l'essentiel, je pense,
un regard à la fois rigoureux et spirituel sur les partitions
que l'on aborde. Ce qui est le plus compliqué enfin, c'est de
se retrouver finalement à 18 ans, ayant terminé son 3ème
cycle, sans structure, et sans professeur! Les années qui ont
suivi le conservatoire ont été très difficiles,
je n'étais évidemment pas prête du tout à
me lancer ni dans les concours internationaux, ni à commencer
à donner des concerts ! J'ai donc pas mal erré, pris
beaucoup de temps pour trouver mon véritable désir, ce
qui était une nécessité absolue , au regard de
mon cursus , fluide et ... trop rapide !"
Parallèlement à ses études de piano, Marie-Josèphe
Jude a suivi des étude de harpe : "J'ai commencé
la harpe à l'âge de 8 ans, et ai été
double instrumentiste pendant 12 ans ensuite : j'adorais ma professeur
à Nice, Madame Fontan-Binoche, une femme exceptionnelle de générosité
et une pédagogue incroyable. Elle obtenait tout de ses élèves
avec le sourire et la bonne humeur... J'ai fait 2 ans au CNSM de Lyon
lors de sa création, toujours avec cette même professeur,
et lorsque je suis entrée à Paris, il n'a bien sûr
plus été possible de continuer à Lyon. J'ai donc
fini mon cursus auprès de Marie-Claire Jamet, que j'aimais également
beaucoup, à l'école normale. Je suis persuadée
que la technique de la harpe a beaucoup influencé ma façon
d'aborder le clavier : à la harpe, on saisit directement les
cordes pour façonner le son, et j'ai toujours la sensation d'attraper
les touches du piano comme je le ferais sur une harpe... La question
du choix entre les deux instruments s'est posée au moment où
j'ai commencé à donner quelques concerts, on avait du
mal à m'identifier en tant que pianiste, puisque je jouais aussi
de la harpe... . et puis le répertoire n'est pas comparable,
il m'a semblé évident que le piano était ma priorité.
Mon grand regret est l'expérience de jouer au sein d'un orchestre,
la sensation de faire partie d'un son global, je suis sûre que
j'aurais adoré."
Marie-Josèphe Jude a travaillé également le répertoire
classique et romantique auprès de Leon Fleisher, György
Sebök, Maria João Pires et surtout Maria Curcio-Diamand,
disciple d'Artur Schnabel(célèbre pianiste spécialisé
dans le répertoire romantique et pédagogue américain
d'origine autrichienne)...."Après la période
compliquée qui a suivi le conservatoire, je suis allée
(sur les conseils et par l'intermédiaire de plusieurs amis pianistes,
Huseyin Sermet et Eric Le Sage) voir Maria Curcio-Diamand à Londres.
Cette grande pédagogue, vouée totalement à l'enseignement
depuis toujours, recevait en cours particuliers des étudiants
du monde entier. Je lui dois presque tout, elle m'a redonné confiance,
et reconstruit patiemment une technique qui avait été
jusque là qu'instinctive et naturelle ; j'ai suivi son enseignement
durant quatre années, j'allais à Londres quatre jours
par mois, et les cours pouvaient parfois durer toute la journée,
avec quelques pauses... Maria savait aussi nous pousser à
projeter ce que l'on pouvait ressentir, à exprimer toujours plus
et mieux les émotions et sentiments du compositeur à travers
les nôtres."
En 1986, le compositeur Maurice Ohana lui ouvre les portes de la musique
contemporaine et en fait son interprète favorite. "Maurice
Ohana a été une rencontre extraordinaire durant mes années
d'études : le conservatoire organise régulièrement
des concerts où se produit l'orchestre des lauréats du
CNSMP, à mon époque on l'appelait "l'orchestre des
prix"". J'ai pu jouer ainsi "le tombeau de Claude Debussy",
une oeuvre magnifique d'une poésie incroyable, pour piano solo
et orchestre. Ohana était un homme très généreux,
il aidait les jeunes compositeurs, et m'a beaucoup soutenue, en me proposant
dès qu'il le pouvait pour jouer ses oeuvres. Il m'a apporté
un regard tout à fait nouveau sur une partition, une façon
à la fois très rigoureuse de lire le texte tout en se
l'appropriant, il voulait absolument que l'on joue avec une liberté
totale, en prenant le temps d'écouter les résonances et
les harmoniques , libérés des contraintes solfégiques..."
Forte de ce parcours, Marie-Josèphe Jude est finaliste du très
réputé concours Clara Haskil en 1989..." J'ai
passé le Concours Clara Haskil comme une épreuve de vérité
: je sortais de cette période de marasme où je n'avais
rien fait de vraiment constructif après le conservatoire, et
je voulais me situer pour savoir si réellement, j'avais la capacité
et la motivation pour me lancer dans la vie professionnelle. Je me suis
mise au travail peu de mois avant, avec l'objectif de passer un tour
(dans les concours internationaux , le 1er tour est souvent le plus
difficile !) ; ce concours me plaisait, la personnalité
de Clara Haskil me touche énormément, son destin difficile
et son jeu si intense, et le répertoire demandé est en
accord avec cette artiste, poète et musicienne avant tout. J'ai
eu la chance d'aller en finale, ce qui , au delà de tout ce que
cela pouvait représenter, marquait pour moi le début d'une
longue période de travail. Il s'est passé 4 ans entre
la finale Clara Haskil et mes débuts au disque et au concert.
"
L'année
1993 a en effet été celle de sa rencontre avec la maison
de disques LYRINX et grâce à son premier disque consacré
à Brahms, très bien accueilli, et elle est nommée
"Nouveau Talent" des Victoires de la Musique en 1995"...
"Lyrinx est une entreprise familiale, où je me suis sentie
tout de suite en confiance ; leur passion de la musique et des
artistes font que chaque enregistrement est un événement,
et il y a un partage et un soutien qui dépasse de loin le cadre
purement professionnel. Le 1er disque consacré à Brahms
a été ce qui m'a énormément aidée
à me faire connaître ; la visibilité d'un tel
événement est évidemment très bénéfique
pour un jeune artiste qui débute ! Alain Duault m'a aussi
beaucoup aidée à cette période, il m'a offert une
émission entière d'une heure, cela passait à ce
moment là le dimanche matin à 11h, et non pas la nuit
comme maintenant !"
Marie-Josèphe Jude parcourt dès lors les salles et festivals
du monde entier, de Montpellier à Bath, de la Roque d'Anthéron
à Kuhmo, de Bagatelle à Locarno. Elle joue en soliste
sous la direction de F.Brüggen C.Dutoit, M.Foster, E.Krivine, J.-Y.Ossonce,
A.Tamayo ou encore K.Weise, accompagnée d'orchestres prestigieux
tels que l'Orchestre de Paris, l'Orchestre Philharmonique de Nice ou
l'Orchestre National de Lyon pour la France, l'Orchestre de l'Académie
Chopin de Varsovie, du BBC Scottish Orchestra, l'Orchestre Symphonique
de Bâle ou l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg pour l'étranger.
Interrogée sur son plus beau souvenir de concert, et éventuellement
le pire, elle confie : "Mon plus beau souvenir est probablement
le pire également ! C'était un concert très
particulier: l'alliance française et les instituts français
organisent fréquemment des concerts partout dans le monde, pour
promouvoir les artistes et la musique française. En 2000, on
m'a proposé une tournée en Syrie, Jordanie et Irak. Les
concerts en Syrie et en Jordanie étaient assez "classiques",
organisés dans des salles ou les instituts français .
Je vous passe les détails de l'arrivée en Irak, où
aucun avion ne pouvait aller, il fallait donc traverser le désert
en voiture... Bref, j'avais 2 concerts. Celui de Bagdad était
dans une belle grande salle sur un 1/2 queue Steinway, très usé
mais "possible". L'autre concert était dans une petite
ville de province, et se passait au sous-sol d'un grand hôtel
délabré, dans une grande salle au plafond très
bas, entièrement moquettée, et sur un piano... droit.
Lequel piano avait bon nombre de cordes manquantes, le pays étant
sous embargo, tout ce qui cassait ne pouvait plus être réparé... Je
me souviens être restée perplexe devant cet instrument
sur lequel je devais normalement jouer la Sonate de Dutilleux, oeuvre
très brillante.Je me demandais s'il allait tenir le coup !
J'étais préoccupée par le déroulement du
concert tel que je le concevais, je n'avais pas du tout entrevu la dimension
humaine que cela prenait dans ce pays où rien ne circulait jamais,
aucun étranger quasiment, et bien sûr aucune vie culturelle...
Je crois même avoir hésité à jouer tellement
mes repères étaient chamboulés: on entendait à
peine le son du piano! J'ai finalement joué les miroirs de Ravel,
une sonate de Mozart, une de Beethoven devant 900 personnes dont la
moitié debout, il n'y avait pas assez de chaises... Le souvenir
le plus intense est celui du public repartant après le récital,
venant me voir non pas pour dire bravo, mais merci ; leur regard, empreint
d'une profonde gravité , et si reconnaissant, restera gravé
dans ma mémoire encore longtemps je pense... "
Le disque est par ailleurs un véritable fil rouge dans la carrière
de Marie-Josèphe Jude. Ainsi enregistre-t-elle notamment depuis
1993 l'intégrale des oeuvres pour piano seul de Brahms (cinq
disques Lyrinx parus à ce jour). Elle enregistre parallèlement
Mendelssohn (Lyrinx, "Choc du Monde de la Musique" et ffff
de Télérama), Jolivet (Lyrinx, "Diapason d'Or"
et ffff de Télérama), Dutilleux et Ohana (Harmonia Mundi,
"Choc du Monde de la Musique")...Un enregistrement du quintette
de G. Witkowski (avec le Quatuor Debussy) est paru à l'automne
2006, un CD Clara Schumann en janvier 2008 et en cette fin d'année
2011, un enregistrement de trois sonates de Beethoven
Prochainement, Marie- Josèphe Jude va participer à "La
folle journée" en région des Pays de la Loire : le
dernier week-end de janvier 2011..." Je suis toujours extrêmement
heureuse de participer à cet événement pour le
public qui y vient, pas forcément habitué aux salles de
concert, mais tellement enthousiaste ! De plus, j'y jouerai les "tableaux
d'une exposition" de Moussorgsky, oeuvre tellement riche en couleurs
... Je ferai un récital Beethoven-Debussy-Ravel au Conservatoire
de Mantes-la-jolie, ce qui me touche est qu'il est organisé par
une de mes anciennes élèves au CNSMP, maintenant professeur...
Je jouerai une pièce de Martin Matalon, compositeur argentin,
à la Maison de la radio, le 12 février prochain, pour
2 pianos et percussion, en miroir à la sonate de Bartok, que
j'ai enregistrée et que je jouerai avec Jean-François
Heisser."
Quant à un autre projet qui lui tient aussi beaucoup à
coeur..." Le concerto pour piano de Massenet, que je jouerai
à L'opéra comique, avec l'orchestre "Les siècles",
formidable orchestre fondé par François-Xavier Roth, toujours
curieux de répertoire un peu méconnu et musicien exceptionnel..."
Actualité décembre 2012 :
sortie d'un disque d'oeuvres de Brahms en duo avec le pianiste Jean-François
Heisser (voir plus bas)
Actualité octobre 2014 :
sortie d'un enregistrment en concert des 21 nocturnes de Chopin (voir plus bas)
Son répertoire
Au
fil des années le répertoire de Marie-Josèphe Jude
s'est essentiellement porté sur la musique romantique allemande,
la musique française, et la musique contemporaine, cependant
son répertoire ne se limite pas à ces compositeurs et
c'est lors de ses nombreuses apparitions au public qu'elle peut dévoiler
l'étendue de celui-ci : Bach, Beethoven, Brahms, Schumann...
et Rachmaninov dont elle a récemment interprété
le Concerto pour piano et orchestre n° 2 : "Je me suis sentie
proche de la musique de Brahms dès ma première lecture
de sa musique, Aldo Ciccolini m'avait donné à travailler
les 4 ballades opus 10. J'avais 14 ans, et j'ai été très
frappée par le mélange incroyable de l'énergie,
la fougue qui s'en dégagent en même temps qu'un calme profond
et contemplatif. J'aime, de par ma nature assez structurée et
rigoureuse, le répertoire classique, Mozart, Haydn, Beethoven
m'accompagnent depuis toujours ; ma rencontre avec Maurice Ohana
m'a donné le goût de découvrir la musique des compositeurs
de notre temps, j'aime comprendre le langage de chacun, décrypter
leurs intentions , et finalement la démarche est la même
que pour le répertoire du passé ! J'ai une affinité
particulière avec la musique française, de Jolivet à
Dutilleux, en passant par Debussy, Ravel... . c'est une musique de
peintre, l'infinité des couleurs et des sons comble mon imaginaire
et je ne me lasse pas de la sculpter... Je regrette de ne pas avoir
encore abordé en profondeur la musique russe, et je vais probablement
jouer plus de Chopin dans les mois à venir, j'en ai joué
beaucoup, naturellement, mais pas de façon régulière."
La musique de chambre lui permet de renouer avec une pratique plus
intimiste de son instrument. Elle forme depuis 1997 un duo de piano
avec duo de piano avec Jean-François Heisser, ce qui ne l'empêche
pas de partager le clavier avec Emmanuel Strosser, Claire Désert,
Michel Béroff, François Chaplin... "Le répertoire
à 2 pianos fait partie de mon activité depuis 15 ans de
façon extrêmement régulière, il est irrésistible
de pouvoir jouer toutes les partitions orchestrales comme les Stravinsky,
les transcriptions de symphonies, sans parler du répertoire original
pour le 2 pianos, riche de grandes oeuvres. J'aime aussi collaborer
avec des quatuors, cette formation si intime et si riche, j'ai beaucoup
travaillé avec les Debussy, les Ludwig,et ai eu la chance de
jouer avec les Lindsays avant qu'ils ne s'arrêtent."
Pour le répertoire avec cordes ou vent, Marie-Josèphe
Jude retrouve ses amis Lluis Claret, Henry Demarquette, Laurent Korcia,
Pascal Moraguès, Xavier Phillips, Michel Portal..."J'ai
eu la chance de jouer avec beaucoup de mes amis musiciens, je fais partie
d'une génération où l'on a l'embarras du choix !
J'ai pratiqué longtemps la sonate avec Laurent Korcia, j'ai beaucoup
appris de ce musicien à la liberté absolue, et à
l'instinct musical si fort; grâce à notre agent commune,
j'ai partagé la musique également avec Michel Portal,
musicien d'une authenticité rare, il joue avec une évidence
qui m'a toujours frappée..J'aime beaucoup les violoncellistes
Xavier Phillips, Henri Demarquette, Gary Hoffmann,avec qui j'ai partagé
de très beaux moments, et avec qui j'en espère beaucoup
d'autres!!! J'ai pas mal de projets avec Jean-Marc Phillims, que l'on
connait à travers le trio Wanderer, et qui est un violoniste
que j'adore, fin, élégant..."
Marie-Josèphe Jude pratique également avec bonheur l'art
de la mélodie en compagnie de Mireille Delunsch ou Jérôme
Corréas..."Je tiens beaucoup au bonheur d'accompagner
des chanteurs, j'adore le rôle que joue le piano dans cette formation,
qui se doit à la fois "discret" mais si fondamental...
j'ai le bonheur de jouer en compagnie de Mireille Delunsch, la voix
est une référence absolue pour nous, et Mireille est une
musicienne d'exception, chaque concert est une aventure musicale qui
transporte loin... ."
Elle collabore enfin régulièrement à de nombreux
ballets avec son frère Charles Jude, danseur étoile et
directeur du ballet de Bordeaux..."Mon grand frère Charles,
est un danseur magique; petite, mes parents m'emmenaient voir les ballets
où il dansait , et je rêvais devant ces personnages en
apesanteur, cette grâce où tout paraît facile, allié
parfois à des musiques très marquantes. J'ai ainsi découvert
la musique de Stravinsky très jeune, avec Petrouchka , le sacre
du Printemps et l'oiseau de feu. J'aime profondément cette musique
probablement parce qu'elle est dans ma mémoire d'enfant... Comme
nous avons une différence d'âge assez grande, il a fallu
attendre finalement pas mal d'années pour que l'on se retrouve
à travailler ensemble : Charles dirige le ballet de Bordeaux,
qui est un ballet formidable avec lequel il m'a invitée plusieurs
fois : nous avons ainsi pu jouer "Le sacre du printemps" à
2 pianos (avec Jean-François Heisser), entre autres, ou les 4
tempéraments d'Hindemith, sur une chorégraphie extraordinaire
de Balanchine... J'adore travailler en parallèle avec d'autres
formes d'art, on apprend ainsi les contraintes de chacun, on confronte
des univers à la fois proches puisque visant l'émotion
à travers l'art, et en même temps éloignés
de par leur différence d'expression."
Marie-Josèphe
Jude ne pourrait pas dire si elle préfère le récital,
la musique de chambre ou les concertos... "Ce sont des émotions
tellement différentes ! Le récital est évidemment
le plus difficile, on porte seul la responsabilité, et on doit
chercher en soi l'inspiration qui fait du concert un moment à
part. En même temps, le plaisir de se fondre dans la musique peut
atteindre une grande intensité, parce que l'on peut se laisser
aller à entrer dans une bulle où finalement on est seul
avec le compositeur. Evidemment, cela n'a rien à voir avec la
musique de chambre, où tout est partage, et échange ;
ce plaisir là est aussi précieux, parce que l'échange
humain qui passe par le langage musical dépasse la relation verbale
et amicale... Et pour finir, les concertos apportent une sensation
très forte, le dialogue avec l'orchestre est à la fois
intimidant et grisant, et surtout, certains concertos sont tout simplement
des chefs d'oeuvre absolus (les Brahms, les Ravel, les Beethoven, etc,
etc... .)."
Interrogée sur sa façon de travailler, elle confie :
"En général, je passe beaucoup de temps à
lire une partition sans la "travailler" vraiment ; les lectures
quotidiennes font que je m'en rapproche progressivement ; puis, j'écoute
beaucoup, s'il y en a , des versions différentes, j'aime entendre
les conceptions et essayer d'en voir les rouages : de toute façon,
quand bien même on souhaiterait ardemment imiter une version que
l'on adore, on n'y parviendrait pas... les similitudes qu'il arrive
parfois de retrouver dans diverses interprétations sont simplement
le signe d'une sensibilité commune ! Ensuite, et ce
travail est infini, j'essaie de creuser la lecture des phrasés,
les indications de dynamiques, la ponctuation, bref, tout ce qui rend
un texte cohérent et qui reflète la volonté des
compositeurs... Ce qui rend si intéressantes les diverses lectures
d'une même partition, passe par la lecture de celles-ci par des
sensibilités différentes, et cela donne une vraie richesse
aux oeuvres, qui se voient ainsi re-visitées et re-créées
au fil du temps."
L'enseignement occupe une grande partie de sa vie depuis assez longtemps
: "J'ai commencé à donner des cours au Conservatoire
de Maisons-Alfort à 18 ans ; j'ai eu durant 12 années
la responsabilité d'initier des enfants au piano , et je trouve
que c'est à la fois grisant et terriblement difficile ! J'ai
dû arrêter dans ce cadre lorsque la fréquence des
voyages et des concerts ne m'ont plus permis d'assurer une régularité
des cours, ce qui est absolument nécessaire pour les enfants.
Depuis 1996, je suis l'assistante de la classe de Jean-François
Heisser au CNSM de Paris; c'est une activité passionnante, qui
m'a énormément appris, et qui continue de m'apporter de
grandes joies et des surprises. Personnellement, j'apprends beaucoup
car cela m'oblige à m'interroger sur des problèmes que
je ne rencontrerais pas forcément, et à trouver des solutions
adaptées pour chacun. L'analyse d'une partition n'est pas non
plus la même lorsqu'il s'agit de la transmettre, on est obligé
de trouver des mots pour définir une atmosphère, un son,
ce que l'on ne fait pas toujours pour soi... Et les étudiants
ont des personnalités fortes, ils proposent quelque chose, il
faut apprendre aussi à les laisser développer leur personnalité
musicale, quand bien même elle serait relativement éloignée
de la votre."
Depuis peu Marie-Josèphe Jude participe à une méthode
originale d'enseignement à distance par le biais du site internet
jejouedupiano.com qui permet aux internautes de tous niveaux pianistiques
de suivre les conseils de talentueux pianistes : "L'aventure
de "jejouedupiano.com" est venue d'une collaboration avec
mon ami Mathieu Papadiamandis, qui, étant rédacteur en
chef du magazine Pianiste il y a quelques années, m'a demandé
de réaliser des DVD pour donner des conseils sur certaines oeuvres,
allant du niveau débutant au niveau supérieur. Lorsque
Mathieu a arrêté son activité pour Pianiste, il
a eu l'idée de faire ce site , et je l'ai suivi parce que je
pense le concept intéressant même si bien sûr, rien
ne remplace l'échange direct entre un élève et
un professeur !"
Marie-Josèphe Jude aime écouter toutes sortes de musiques
: "Je n'écoute pas que du classique, loin de là
! J'aime beaucoup le jazz, Bill Evans , Oscar Peterson, les chanteuses
Billie Holliday, Ella Fitzgerald bien sûr, Sarah Vaughan, et plus
proche de nous, Diana Krall, Madeleine Peyroux, etc... La musique
brésilienne est aussi très présente , Jobim, Gilberto,
Elis Regina...
Mes soeurs écoutaient bien sûr la musique de leur époque,
donc j'ai été bercée aux Beatles, Rolling Stones,
mais aussi la variété française ; ainsi j'ai
découvert très jeune Michel Jonasz, que je continue d'écouter
beaucoup, Claude Nougaro, Jacques Brel... Ceci dit, il se passe de
longues périodes sans que je n'écoute rien, je lis beaucoup,
et pour cela, il faut du silence !... "
La littérature et d'autres arts lui offrent en effet des moments
privilégiés : "Entrer dans l'univers d'un
auteur est vraiment dépaysant ; depuis que je suis enfant,
j'aime aussi beaucoup aller dans les musées, c'est bien sûr
une vraie source d'inspiration que de connaître les autres formes
d'art qui entourent nos compositeurs ! J'aime beaucoup le cinéma
et le théâtre, mais j'avoue que depuis que je suis maman,
je fais une grande sélection et y vais finalement assez peu !"
Ecouter...
 |
A découvrir aussi ABSOLUMENT, ce très beau disque " Double jeu" qui réunit les pianistes Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff dans un programme d'oeuvres jouées sur deux pianos, de Franz Liszt . Un compositeur qu'on ne se lasse pas d'écouter d'autant plus que le programme de ce disque est original et fort bien construit...
Un compositeur dont on découvre encore dans le livret du disque des propos qui expliquent sans doute aussi pourquoi on aime tout autant sa musique qu'il aimait son piano... ainsi : " Mon piano, c'est pour moi ce qu'est au marin sa frégate, c'est ce qu'est à l'Arabe son coursier, c'est ma parole , c'est ma vie". Un amour du piano et de la musique, pas seulement la sienne, qu'il aimait partager en utilisant son instrument de prédilection, ainsi plusieurs opéras de Mozart à Wagner qu'il ne cessa de s'approprier sous forme de Transcriptions, paraphrases, réminiscences....cliquez ici pour lire la suite paru dans l'actualité d'octobre 2015 , avec un extrait à écouter |
|
Chopin
Les 21 Nocturnes
Marie-Josèphe Jude, piano
Enregistré au Théâtre nationale de Marseille
La criée
La pianiste Marie-Josèphe Jude avait fait part de son souhait de "passer plus de temps avec Chopin " lors d'un précédent entretien et , cette nouvelle rencontre avec la musique de ce compositeur l'a conduite à choisir d'enregistrer cette intégrale des Nocturnes, parce que, confie-t-elle lors d'un nouvel entretien à lire ci-dessous : "Progressivement l'idée m'est apparue évidente qu'il me fallait les jouer tous. J'affectionne particulièrement les formes condensées, le discours concentré et resserré me parle, et la mélancolie qui traverse ces nocturnes de pages en pages me bouleverse, tout simplement... ". ...cliquez ici pour lire la suite et écouter un extrait |
|
BRAHMS
Sonate pour deux pianos en fa mineur, op.34b
Variations sur un thème de Haydn op.56b
Marie-Josèphe Jude, piano
Jean-François Heisser, piano
Marie-Josèphe Jude et Jean-François Heisser jouent
ensemble depuis longtemps, et ont déjà enregistré
des oeuvres pour quatre mains de Brahms, un des compositeurs de
prédilection de Marie-Josèphe Jude dont le répertoire
s'est essentiellement porté sur la musique romantique allemande
et qui poursuit ainsi son intégrale Brahms, puisque 5 volumes
sont déjà parus ainsi que les Sonates pour piano
et alto, (associées aux Marchenbilder op. 113 de Schumann)
avec la complicité de Youri Gandelsmann. C'est également
un compositeur dont le pianiste Jean-François Heisser a
aussi eu l'occasion de jouer nombreuses oeuvres. Les deux pianistes
ont de nouveau réuni leurs talents, cette fois en face
à face sur deux pianos pour offrir ce nouveau disque, paru
chez le label Lyrinx, qui réunit deux chefs duvre
de Brahms : la Sonate pour 2 pianos, qui est en fait la transcription
du Quintette pour deux violons, alto et violoncelle, et les Variations
sur un thème de Haydn qui a l'inverse fut composée
avant une version orchestrale... "L'intérêt
de réunir ces deux uvres est de montrer le travail
d'un compositeur qui transcrit lui-même sa musique dans
tous les sens : du piano vers l'orchestre (ou formation de cordes)
et vice-versa." explique Jean-François Heisser
qui a bien voulu se joindre à Marie-Josèphe Jude
pour répondre à quelques questions au sujet de ce
disque....cliquez
ici pour lire la suite
|
|
Beethoven
Trois sonates
Marie-Josèphe Jude, piano
Sonate n°8 en ut mineur op.13
"Pathétique"
Sonate n°23 en fa mineur op.57 "Appassionata"
Sonate n°26 en mi b. majeur op.81
"Les adieux"
La pianiste Marie-Josèphe Jude a abordé les sonates
de Beethoven dès son enfance mais elle n'aurait osé
en enregistrer si René Gambini, directeur artistique du
label Lyrinx, ne l'avait encouragé à le faire. Certes
la multitude d'enregistrements qui en existent peut faire peur
mais s'il est un compositeur dont il est plaisant de découvrir
comment chaque interprète transmet ses "paroles",
c'est Beethoven, d'ailleurs certains pianistes ont même
enregistré plusieurs fois une partie ou toutes ces sonates...
C'est dire si l'interprétation de sa musique peut en être
différente dans le temps et à plus forte raison
selon les pianistes.
C'est le côté humain du compositeur qui a depuis
toujours fasciné Marie-Josèphe Jude, la sincérité
des émotions fortes qu'il transmet à travers sa
musique. Comme un acteur aime les rôles de personnages excessifs
dans lesquels il peut jouer à fond des sentiments les plus
extrêmes de la douleur à la joie, la pianiste apprécie
de pouvoir exprimer musicalement toutes ces émotions, ce
qu'elle fait avec un timbre, des nuances, une respiration et un
rythme qui n'appartiennent qu'à elle, comme chez chaque
être humain la douceur, la tristesse, la brutalité,
la joie... peuvent s'exprimer très différemment.
Les trois sonates choisies par Marie-Josèphe Jude, qui
montrent une évolution du style de Beethoven, ont toutes
reçu un nom a posteriori généralement approuvé
par le compositeur qui ne manqua pas cependant de faire part parfois
de son désaccord. Sur les 32 sonates qu'il a écrites
près du tiers a ainsi reçu un nom, ce sont souvent
celles qui ont connu le plus de succès peut-être
parce qu'elles parlent plus à leur auditeur et que ces
noms ont augmenté leur attractivité mais pourtant
ceux-ci semblent parfois un peu réducteurs ainsi pour ce
qui est du sous- titre "Pathétique" attribuée
à la sonate n°8 dont le rondo final est traversé
par un caractère enjoué et n'a plus rien de pathétique.
Le qualificatif "Appasionnata" n'a été
donné qu'après la disparition de Beethoven, elle
est impressionnante tant par sa longueur que par son caractère
dramatique qui persiste cette fois sur tous les mouvements, elle
débute avec douceur mais très vite Beethoven s'exprime
avec une voix puissante où le piano devient orchestre,
une sonate dont, selon l'auteur du livret Yves Le Bras, estime
que l'on ne sort pas indemne ni l'auditeur ni le pianiste et Marie-Josèphe
Jude qui a bien voulu répondre à quelques questions
à l'occasion de la sortie de ce disque confirme l'intensité
qui s'en dégage immédiatement et se maintient tout
au long.
Quant à la sonate "Les adieux" , ce sous-titre
fut source de remarques véhémentes de Beethoven
à son éditeur dans une lettre du 9 octobre 1811
après qu'il en eut connaissance, il y remet en cause la
traduction française :"Je reçois à
l'instant le "Lebewhol, etc, etc". Je vois qu'après
tout vous avez publié d'autres exemplaires avec un titre
en français. Pourquoi donc ? "Lebewohl " a un
tout autre sens que "les adieux" Le premier est dit
sur un ton cordial à une seule personne, le second s'adresse
à une assemblée, à des villes entières."...
Cette sonate est en effet en l'honneur de son ami et élève,
l'archiduc Rodolphe, qui avait du quitter Vienne en raison de
l'occupation par les troupes françaises et il est préférable
de se référer aux titres que Beethoven attribua
à chacun des mouvements : L'adieu, l'absence, le retour,
car là encore il n'y a pas que du drame dans cette sonate
qui en fait traduit un sentiment de tristesse, puis d'attente
et enfin de joie ! Autant de sentiments que Marie-Josèphe
Jude qui vit avec ses sonates depuis nombreuses années
partagent par son piano avec une pulsation rythmique particulièrement
dynamique, et des nuances très expressives, ainsi la joie
du "Retour" au tempo "Vivacissimamente",
mot qu'il est inutile de traduire, que vous pourrez écouter
plus bas dans cette page ....cliquez
ici pour lire la suite et écouter l'extrait
|
Sorti en Décembre 2007
Clara Schumann - Marie-Josèphe Jude
Soirées musicales op. 6. Trois romances op. 11. Romance sans
opus. Trois romances op. 21. Quatre pièces fugitives op. 15.
Super audio CD
cliquez sur l'image pour vous le procurer(amazon) ou cliquez
ici(fnac)
|
André Jolivet
Mana - 5 Danses rituelles
Marie-Josèphe Jude
Dans ce disque paru en mars 2003, on découvre des oeuvres
peu connues d'un compositeur contemporain André Jolivet
(1905-1974) et des extraits d'entretiens radiophoniques avec ce
compositeur enrichissent ce disque, mais avant tout l'interprétation
engagée de Marie-Josèphe Jude qui "magnifie
son clavier" lui a valu un diapason d'or et un ffff
Télérama.
Pour découvrir sans tarder ce disque ... cliquez sur l'image
|
|
Johannes Brahms
21 Danses hongroises - Valses, opus 39
Piano à 4 mains
Marie-Josèphe Jude
Jean-François Heisser
Les danses hongroises pour 4 mains sont un pur bonheur , mélangeant
habilement gaieté et mélancolie...et je partage
avec la Fnac ce "coup de coeur" :
"Marie-Josèphe Jude et Jean-François Heisser
ont choisi d'enregistrer cette musique qui peut sembler évidente
au premier abord mais qui, derrière l'inévitable
« folklorisme », recèle beaucoup de trouvailles
fort savantes, auxquelles ils rendent justice avec un savant dosage
de pathos et d'humour."
Cliquez sur l'image pour écouter les extraits et acheter
ce disque !
|
En savoir plus
Page sur le site de l'agent artistique de Marie-Josèphe Jude...
cliquez
ici
Prenez des cours de piano avec Marie Josèphe Jude sur le site
jejouedupiano.com... cliquez
ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
|
Retrouvez une information sur
le site Piano bleu
Pensez à partager cette page !
|