Merci à Ivan Ilic d'avoir répondu aux questions de Piano
bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Ivan
Ilic est né le 14 août 1978 à Palo Alto, Californie,
Etats-Unis. Il découvre le piano à trois ans en écoutant
les cours de sa soeur mais a du faire preuve de patience :"J'ai
insisté pour suivre des cours avec le même professeur,
mais il y avait une liste d'attente de deux ans. (Ma soeur est devenue
médecin depuis) Pendant mon adolescence jai chanté dans
de nombreux choeurs, j'ai suivi des cours de chant, de violon, et de
direction d'orchestre."
Il conservera son premier professeur, Paul Fink, installé dans
sa ville natale, pendant plus de dix ans et reste aujourd'hui encore
en contact avec lui et garde de bons souvenirs de son apprentissage
: " Pendant mon adolescence j'ai été plus attiré
par la musique pop que par la musique classique. Heureusement, mon professeur
était très ouvert. Il s'agit d'un musicien polyvalent
qui joue une dizaine d'instruments, et qui s'intéresse à
tout. Je me rappelle avoir transcrit les parties instrumentales de nombreux
chansons de rap. Dans le cadre d'un concert de classe il m'a accompagné
à la batterie dans plusieurs de ces transciptions. Les autres
élèves étaient étonnés, surtout parce
que je venais d'interpréter une Sonate de Beethoven."
Ivan Ilic jongle entre des études de mathématiques et
de musique à l'Université de Berkeley et opte finalement
pour le piano :"Dans la région où j'ai grandi,
c'est à dire le 'Silicon Valley', les jeunes les plus ambitieux
font de l'informatique, ils créent leurs propres entreprises
très jeunes. Leurs héros sont plutôt les fondateurs
de Google ou de Pixar que Michelangelo ou Beethoven. Je reste très
marqué par cette culture d'entrepreneur. A l'université
j'ai également eu la grande chance de suivre quelques cours en
sciences politiques, anthropologie, philosophie, littérature.
Je suis très reconnaissant d'avoir pu faire tout cela, ce qui
m'empêche de devenir un robot musical.
A l'époque je travaillais de plus en plus le piano et je n'ai
jamais regretté mon choix, car j'aime à la fois la rigueur
du travail quotidien ainsi que l'adrénaline que je ressens lors
d'un concert, surtout en récital solo."
Dans la classe de Barbara Shearer à l'Université de
Berkeley, Ivan Ilic travaille le piano, la composition, la musique de
chambre, la direction dorchestre et limprovisation. Il obtient
un Premier Prix de piano à lunanimité ainsi quun
Bachelors of Arts en mathématiques. ..."Ce qui
m'a marqué le plus était la générosité
de ma professeur, Madame Shearer. Elle était prête à
écouter toutes mes questions et à passer un après-midi
entier avec moi. Elle ne prétendait jamais avoir toutes les réponses,
mais on cherchait ensemble, et cela était merveilleux. Pour moi,
cette générosité d'esprit est le plus grand don
d'un professeur à un élève. "
En 2000, il intègre le cycle de perfectionnement au Conservatoire
Supérieur de Musique de San Francisco avec Robert Helps dont
il garde un souvenir original : "Je me souviens surtout d'un
concert donné par Monsieur Helps peu avant sa mort au Conservatoire
de San Francisco, qui m'a influencé autant que ses cours. Le
programme comprenait la deuxième Sonate de Chopin, la deuxième
Sonate de Roger Sessions, et les nocturnes et barcarolles de Fauré
(c'est rarissime d'entendre les Fauré aux Etats-Unis). La deuxième
Sonate de Chopin était d'une telle audace, que je ne pouvais
m'empêcher de rire pendant tout le deuxième mouvement"
Dans le même temps, son goût pour l'improvisation lamène
à travailler avec Steve Coleman, un des saxophonistes légendaires
de notre époque..."Le fait de travailler avec un tel
maître, qui en plus appartenait à un autre univers musical
que le mien, était l'experience la plus enrichissante que j'ai
vécue pendant mes années californiennes. Steve Coleman,
c'est le musicien le plus ambitieux que je connaisse, et celui dont
la démarche est la plus proche de ce que j'aimerais faire dans
l'avenir. "
A son arrivée à Paris grâce à une bourse
de lUniversité de Berkeley, Ivan Ilic est admis au Conservatoire
Supérieur dont il sort récompensé dun Premier
Prix en 2003. Il reçoit ainsi le Diplôme à lunanimité
de lÉcole Normale de Musique de Paris où il travaille
avec Christian Ivaldi. Il se perfectionne ensuite à lÉcole
Normale avec François-René Duchâble..."Christian
Ivaldi est le professeur qui m'a le plus apporté en France. J'ai
eu beaucoup de chance que Noël Lee me le présente au bon
moment ; je commencais à donner des récitals assez
souvent, et Monsieur Ivaldi était exactement ce qu'il me fallait.
J'adore la façon dont il pousse ses élèves, son
énorme culture musicale, et son sang-froid. Pour moi, il s'agit
d'un modèle pédagogique, et je pense à lui assez
souvent en préparant mes concerts. François-René
Duchâble et Jacques Rouvier m'ont chacun d'eux deux apporté
un déclic dans mon évolution musicale. D'ailleurs
c'est François-René Duchâble qui m'a donné
le goût pour les pianos Pleyel des années mille-neuf cent
trente. Aujourd'hui je travaille sur un piano merveilleux de cette époque,
grace à la générosité de Monsieur G. à
Paris. Comment est-ce qu'on peut être inspiré par le son
aseptique d'un piano Yamaha ? "
Quant à son installation à Paris Ivan Ilic explique son
choix : " Après la mort de Monsieur Helps, il fallait
que je continue mes études ailleurs. Je parlais déjà
le français, et la capitale française m'attirait depuis
mon enfance. D'ailleurs la capitale française reste un phare
culturel à l'étranger grace à son histoire culturelle
extrêmement riche. Le niveau pianistique me semblait plus élevé
à Paris qu'à Londres, Vienne, New York, Belgrade, ou Berlin.
J'ai visité ces autres villes en décidant où j'allais
passer l'année de bourse de Berkeley." Ivan Ilic confie
qu'il pense ne jamais retourner vivre aux Etats-Unis...". Je
n'aimerais pas non plus habiter un autre pays anglo-saxon, comme le
Royaume-Uni, où je joue pourtant très souvent. A part
cela, je reste ouvert. L'avantage de ce métier est qu'on peut
habiter n'importe où à condition qu'il y ait un aéroport
pas loin."
Lauréat de la Hertz Memorial Traveling Fellowship, de la Fondation
Helen von Ammon, du Eisner Prize, de la Fondation des États-Unis
à Paris, de la Fondation Karic à Belgrade, et dune
bourse Paris Jeunes Talents de la Ville de Paris Ivan Ilic reçoit
plusieurs premiers prix de concours internationaux aux Etats-Unis, notamment
aux concours Kate Neal Kinley Memorial Fellowship Competition, à
lU.C. Berkeley Concerto Competition, au Berkeley Lyric Opera Orchestra
Competition et au Rabinowitsch Piano Competition..."Les prix
que j'ai eus m'ont apporté un soutien financier très important
lors de mes études. Cependant il me semble que les concours sont
essentiellement une perte de temps aujourd'hui. Les concours n'apportent
plus grand chose au niveau professionnel, bien qu'il y ait encore un
certain intérêt pédagogique. Les jeunes musiciens
d'aujourd'hui pensent qu'un concours va leur ouvrir des portes, et dans
mon expérience personnelle, il vaut mieux s'adapter à
la vraie vie professionnelle de musicien le plus tôt possible."
En 2005, il reçoit le prix André Caplet au concours
de musique de chambre Musiciens entre Guerre et Paix à
Paris. En 2005-2006, il est résident à la Cité
Internationale des Arts à Paris. Pendant l'année 2006-2007,
Ivan Ilic est soutenu par la Fondation Nadia et Lili Boulanger..."Il
s'agit d'une aide financière importante et concrète, c'est
une organisation merveilleuse pour les jeunes musiciens. "
Ivan Ilic donne de nombreux concerts aux Etats-Unis, à travers
l'Europe mais moins souvent en France... ""Comme
j'ai fait une partie de mes études en France j'ai préféré
m'éloigner de la France pour démarrer ma carrière.
La culture française est déjà imortante pour moi
; je voulais conserver une certaine ouverture au monde en dehors de
la France. Je connais assez bien la Serbie, les Etats-Unis, et la France,
donc je préfère voyager et me produire à l'extérieur
de ces trois pays."
Ivan Ilic indique également qu'ilpréfère
jouer dans des villes très isolées, précisant
: " Il n'y a rien qui me donne plus de plaisir que de jouer pour
les personnes qui n'ont jamais assisté à un récital
de piano. Dans ce genre d'endroit je m'adresse au public, c'est très
enrichissant. J'aime parler au public après les concert également,
même prendre un verre avec parfois. On apprend des choses étonnantes
sur la facon dont l'auditeur digère la musique." Quant
à son plus beausouvenir de concert :"C'est un
concert que j'ai donné dans un hôpital parisien pendant
mes études. Le calme qui s'installait au fur et à mesure
parmi des personnes très malades m'a beaucoup touché",
et le concert à venir qui lui tient le plus à coeur :
"Je donnerai un concert dans ma ville natale en octobre et cela
me fait très plaisir." mais il doit également
penser à d'importants autres projets de concerts :"En
2009 je vais donner mon premier concert au Canada au studio Glenn Gould
à Toronto, ainsi que mon premier concert à Wigmore Hall
à Londres. Je suis en train de négocier plusieurs tournées
en Europe et en Amérique du Nord."
Actualité en 2012 : nouveau disque 22 études d'après Chopin pour la main gauche seule G- Godowky(voir plus bas, nouvel entretien)
Actualité en 2014 : nouveau disque : The Transcendentalist (voir plus bas, nouvel entretien)
Son répertoire, son interprétation....
Dans
ses programmes variés, Ivan Ilic visite les plus grandes pages
du répertoire, qu'il s'agisse de Bach, Chopin, Liszt ou Debussy.
Il associe souvent à ses programmes des uvres de jeunes
amis compositeurs dont il assure la création. Interrogé
sur ses compositeurs de prédilection il répond "Debussy
et Liszt m'ont libéré davantage."
Quant à choisir entre le récital, la musique de chambre
et orchestrale, c'est sans hésiter qu'il indique : "Je
préfère largement jouer seul, parce que le récital
est plus grand défi pour un pianiste."
Ivan Ilic est attentif plus particulièrement à "l'équilibre
entre la liberté et une structure cohérente"
dans son interprétation et indique que ses pianistes de référence
sont : "Pour Bach : Pogorelich, pour Scarlatti : Scott
Ross au clavecin, pour Mozart : Haskil, pour Beethoven : Kovacevich,
pour Schubert et Chopin : Pires. Mais il y a eu qu'un seul génie
parmi nous, il s'appelle Sviatoslav Richter."
Il n'imagine pas cumuler une fonction de pédagogue à celle
de concertiste : "Je n'enseigne pas ; pour moi l'enseignement
est un autre métier. J'ai donné une masterclasse au Royal
Welsh College of Music et à Université de Belfast récemment,
mais l'enseignement m'épuise. Je ne vois pas comment on peut
mener les deux fronts (concertiste, pédagogue) au même
temps... "
En ce qui concerne les enregistrements, Ivan Ilic a actuellement un
disque des 24 Préludes de Debussy qui sort en France(voir plus
bas) et depuis un an travaille sur l'enregistrement de six nouvelles
oeuvres de jeunes compositeurs américains écrites pour
lui , dont il a joué trois à Carnegie Hall en juin 2008
et..."Il y a l'intégrale de l'oeuvre piano seul de Lucien
Durosoir qui m'intéresse beaucoup. Plusieurs de mes anciens enregistrements
(Brahms, Schumann, Beethoven, Haydn) viennent d'être mis en vente
sur le site américain Magnatune.com."
Son rapport à la Serbie est très important pour Ivan
Ilic, qui est passioné des mélanges culturels :"J'ai
grandi aux Etats-Unis bilingue et les longs été passés
à Belgrade m'ont donné beaucoup de recul sur l'Amérique.
Le fait d'être biculturel, si je puis dire, m'a toujours beaucoup
aidé dans la vie ; c'est grâce à cette double identité
que je suis capable de me sentir tellement à l'aise en France
aujourd'hui. Je réalise maintenant que les concerts auxquels
j'ai assisté pendant mon enfance à Belgrade ont beaucoup
joué dans mes choix de musicien par la suite. Je suis à
la fois américain, serbe, et français, et en même
temps je n'appartiens à aucun de ces pays complètement.
Ce mélange étonnant apporte une richesse insoupconnée
à ma vie, et donc à mon art."
S'il enregistre de la musique classique Ivan Ilic confie en écouter
irrégulièrement : "Cela dépend des périodes.
En ce moment j'écoute uniquement le jazz des années 50
et 60, car j'ai une collection très importante de disques de
cette période. J'écoute très rarement la musique
classique chez moi ; je préfère écouter Stevie
Wonder que Scriabin..." Par contre il consacre beaucoup de
temps à la littérature : "Je suis un lecteur compulsif,
des romans en français et en anglais, beaucoup en traduction,
ainsi que les critiques littéraires. J'aime aussi relire les
romans anglophoned en traduction française, et l'inverse. Ces
'interprétations' sont très intéressantes du point
de vue d'un musicien interprète." mais ses centres d'intérêts
s'avèrent en fait assez nombreux : "Quand je séjourne
dans les villes importantes, je fais un effort pour visiter les musées,
bien que je m'intéresse plus aux artistes contemporains qu'aux
Beaux Arts. Je m'intéresse à la politique, ce qui est
normal avec les elections présidentielles aux Etats-Unis qui
s'approchent. L'informatique m'intéresse, et plus généralement
la technologie. Récemment j'ai recommencé à faire
du sport, et cela m'a changé la vie.."
Actualité 2012 : parution du disque Leopold Godowsky
22 études d'après Chopin- pour la main gauche seule (voir plus bas )
Ecouter...
The Transcendentalist
(
Le Transcendantaliste )
Alexander Scriabin
– Prelude, Opus 16 no. 1
–Prelude, Opus 11 no. 21
John Cage –Dream(1848)
Alexander Scriabin
– Guirlandes, Opus 73 no. 1
– Prelude, Opus 31 no. 1
– Prelude, Opus 39 no. 3
– Prelude, Opus 15 no. 4
Scott Wollschleger (né en 1980)
Music Without Metaphor (2013)
Alexander Scriabin
Rêverie, Opus 49 no. 3
Alexander Scriabin
-Poème languide, Opus 52 no. 3
John Cage – In a Landscape (1948)
Morton Feldman – Palais de Mari (1986) Ivan Ilic, piano
Après un disque des 24 préludes de Debussy puis un autre des 22 études pour la main gauche seule d'après Chopin de Leopold Godowsky , parus sous le label Paraty, respectivement en 2008 et 2012, on aurait pu croire que derrière le titre de ce nouveau disque ( label Heresy Records) du pianiste Ivan Ilic il se cachait des études d'exécution transcendantes de Liszt , un autre compositeur que le pianiste Ivan Ilic , interrogé en 2008
sur ses compositeurs de prédilection, mentionnait en ces termes : "Debussy
et Liszt m'ont libéré davantage."...
Cependant il n'en est rien : son programme réunit cette fois un compositeur russe à trois compositeurs américains, tous du 20ème et 21ème siècle. Cela s'explique par le fait que depuis deux ans Ivan Ilić mène des recherches très approfondies sur le compositeur américain Morton Feldman, compositeur dont une oeuvre de plus de 20 minutes termine ce disque.
Ainsi il prépare un livre d'art en hommage à ce compositeur en collaboration avec la Haute Ecole d'art et de design de Genève (HEAD) . Ivan Ilic souhaite actuellement mettre l'accent sur des qualités autres que celles de la vitesse, et de la technique. Son désir étant d'explorer un monde pianistique, sonore et affectif complexe et réfléchi. Un nouvel entretien qu'il a bien voulu donné à l'occasion de la parution de cet album montre combien cet enregistrement l'a conduit à se poser nombreuses questions tant sur lui-même que sur la musique elle-même, après avoir choisi d’enregistrer l'oeuvre "Palais de Mari" de Feldman, confronté à la difficulté de choisir les pièces à associer avec....cliquez ici pour lire l'article entier, écouter un extrait et voir plusieurs vidéos.
Leopold Godowsky
Chopin Studies
Ivan Ilic
22 études d'après Chopin pour la main gauche seule
Le pianiste américain Ivan Ilic que l'on avait pu découvrir
à l'occasion de la sortie d'un disque de Préludes
de Debussy paru fin 2008 chez le label français Paruty
revient avec un nouveau disque édité par ce même
label consacré à des oeuvres d'un compositeur beaucoup
moins connu, d'ailleurs absent de nombreux dictionnaires musicaux
de référence : Leopold Godowsky dont vous pouvez
découvrir une biographie rédigée par Ivan
Ilic lui-même dans une autre page, biographie que la presse
américaine a publiée et est ici traduite en français.
De son vivant, Godowsky fut plus célèbre qu'il
ne le fut après sa mort : Arthur Rubinstein déclara
qu'il lui aurait fallu 500 ans pour maîtriser la technique
de Godowsky. Sans doute cette difficulté a-t-elle nuit
par la suite à la célébrité du compositeur
au sujet duquel le compositeur Rachmaninov écrivit qu'il
est le seul musicien de leur époque à avoir autant
offert une contribution durable au développement du piano...
Si ces dernières années Marc-André Hamelin
et Boris Berezovsky ont contribués à faire ressortir
de l'ombre ce compositeur, peu de pianistes se risquent à
le jouer. Ivan Ilic est donc le dernier en date à relever
ce défi : son album se concentre sur les 22 études
pour la main gauche seule, pièces considérées
comme les plus difficiles jamais écrites pour le piano.
Comme vous pourrez le constater à la lecture (plus bas
dans cette page) des réponses que le pianiste Ivan Ilic
a bien voulu donner pour présenter son disque (une partie
est la reprise du texte de présentation inclus dans le
livret du disque qu'il a aussi rédigé ), dire que
Ivan Ilic est passionné par l'oeuvre de ce compositeur
est un faible mot, depuis son disque Debussy il a consacré
beaucoup de son temps à Leopold Godowsky et plus particulièrement
ses 22 études qui lui ont demandé certes un certes
un travail immense qui lui a permis de progresser mais aussi procurer
beaucoup de plaisir puisque selon ses mots "Cette expérience
me rapprocha comme jamais, du sentiment d'extase. [..]Il
est rare en effet de trouver le répertoire qui offre ce
type de plaisir à la fois viscéral et cérébral.
"
Leopold Godowsky a écrit 53 Études sur les 27
Études de Chopin, elles sont considérées
comme de véritables « Recompositions » plutôt
que « transcriptions », car Godowsky superpose les
études, varie les thèmes, les inverse, transcrit
pour la main gauche ce que Chopin avait écrit pour la main
droite, jusquà rendre certaines sources méconnaissables.
22 sont écrites pour la main gauche seule, l'on imagine
bien leur difficulté puisqu'il s'agit de jouer avec une
seule main ce qui était conçu à l'origine
pour deux et a même été enrichi mais elle
ne transparaît pas dans l'enregistrement.
Les numéros des études de Godowsky ne correspondent
pas aux numéros de celles de Chopin, c'est sa propre numérotation
/ 53 études. Ainsi l'étude n°2 en ré
bémol majeur correspond en fait à l'Etude Op.10
No.1 de Chopin qui elle est d'ailleurs dans une tonalité
différente : Do majeur(à voir plus bas). Godowsky
par les changements de tonalité transforme aussi parfois
beaucoup plus nettement le caractère des études
ainsi l'étude n°5 que Ivan Ilic a choisi de partager
( voir extrait plus bas) dénommer "Tristesse"
et connu du plus large public sous ce nom d'origine... semble
un peu moins triste à mon avis sans être pour autant
dépourvu de poésie, bien n au contraire... mais
à chacun son ressenti. Ivan Ilic a choisi de donner un
nom à chaque étude, pour celles d'entre elles qui
en avait déjà à l'origine il les a conservés,
par contre pour les autres il considère " Je ne
pense pas que mes titres soient les seuls possibilités,
bien au contraire.
Mais, ca fait réfléchir quand même. "...
il n'a pas tort. Vous pourrez également écouter
dans une autre vidéo : l'étude n°18a qui correspond
à l'étude op.10 n°9... Ivan Ilic a choisi de
l'appeler "Patience" ... certes on pourrait discuter
de ce titre ! ... mais c'est vrai que ce titre est une invitation
à l'écouter et (ré) écouter, la comparer
même avec celle de Chopin, Godowsky donne naissance à
une émotion que n'offrait pas l'étude Chopin plus
axée sur la technique (hélas la qualité sonore
de la vidéo ne rend pas justice au disque mais cela vous
permettra d'avoir une idée et d'avoir des images), des
temps de respirations dans cette étude au thème
haletant... "Patience", l'on imagine bien à
voir la main gauche d'Ivan Ilic sur le clavier du piano qu'il
lui en a fallu beaucoup pour cette étude précisément
conçue par Chopin à l'origine pour le travail de
l'extension de la main gauche... Une patience qui lui permet d'offrir
ici un enregistrement de ces études dont le compositeur
Godowsky a exalté toute l'essence poétique et dont
le pianiste nous offre une interprétation qui fait oublier
la difficulté technique même si elles ne sont jouées
qu'à une seule main. Un disque passionnant !....cliquez
ici pour lire la suite , écouter des extraits et voir
des vidéos
Debussy
Préludes pour piano
Livres 1 et 2
Ivan Ilic
Ivan Ilic, pianiste américain d'origine serbe installé
en France depuis sept ans mais plus connu à l'étranger
pour ses nombreux concerts, confie que le compositeur français
Debussy a largement contribué à son choix d'une
carrière de pianiste. C'est naturellement un disque d'oeuvres
de ce compositeur qu'il apprécie tant qu'il a choisi d'enregistrer
pour le label Paraty. Il a sélectionné plus particulièrement
une oeuvre qui lui laisse la plus grande liberté puisque
dans ce programme de 24 Préludes l'ordre ne semble pas
régner en maître. En effet Debussy a choisi de placer
à la fin de chaque Préludes, et non au début,
les titres qui ont contribué à éclairer l'univers
imaginaire du compositeur. On y retrouve les thèmes majeurs
habituels dans l'art Debussyste : l'eau, le paysage, le monde
des fées ou encore les objets. De plus Debussy n'avait
en fait prévu aucune organisation particulière pour
leur publication et l'ordre dans lequel les Préludes sont
habituellement présentés ne correspond pas plus
à leur chronologie .... Ivan Ilic a donc choisi de les
enregistrer dans un ordre différent de l'ordre habituellement
retenu par les interprètes. Il a bien voulu s'expliquer
de ce choix et répondre à d'autres questions sur
son album...cliquez
ici pour lire ses réponses et écouter un extrait.
Ivan Ilic enregistrant Metcalf's 'Endless Song', Washington
DC, Mai 2007
Ivan Ilic donnera un concert à l'occasion de la sortie
de son disque Godowsky à l'Institut Goethe de Paris, 17 avenue
de iena le 3 avril 2012, à 20h00 - entrée gratuite .
Au programme
Johannes Brahms : Chaconne de Bach Transcription
Godowsky : 8 études d'après chopin
Johannes Brahms : Etude sur l'impromptu opus 90 n°2 de Schubert
En savoir plus
Visitez le site internet officiel d'Ivan Ilic...cliquez
ici