Merci à Émile Naoumoff d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie résumée
Emile
Naoumoff est né le 20 février 1962 à Sofia, en
Bulgarie dans une famille de grands amateurs de musique : "Ma
grand mère paternelle était professeur de solfège
et mon père a joué du hautbois, du violon et de l'accordéon,
instrument pour lequel il a même écrit un manuel d'instruction
avant de se consacrer à la cancérologie". En
présence d'un piano, dès sa tendre enfance, il était
fasciné par les sons qu'il émettait..."surtout
le ré bémol grave en combinaison avec le fa central, je
ne sais toujours pas pourquoi...J'ai également travaillé
l'orgue auprès d'André Marchal et suis fasciné
par le clavecin ".
Il prend ses premières leçons de piano en Bulgarie avec
Liliana Panaiotova à l'âge de cinq ans : "Je me
souviens du jour ou elle m'a révélé le nom des
notes sur les sons que je situais déjà "
A huit ans, suite à une audition auprès de Nadia Boulanger
à Paris, déjà octogénaire, Emile Naoumoff
quitte la Bulgarie avec ses parents :"Le diplôme médical
de mon père lui permettait d'exercer, bien qu'à un poste
bien moindre, à Berlin Ouest de l'époque d'où il
envoyait de l'argent afin que ma mère et moi puissions vivre
à Paris afin que je puisse étudier auprès de Mademoiselle
Boulanger, qui lors de l'audition m'avait choisi comme son dernier disciple.
Grâce a l'abnégation de mes parents j'ai pu ainsi travailler
auprès d'elle presque dix ans. J'en garde la jubilation,
l'humilité , de la tolérance envers les autres et sans
merci avec soi-même, une démarche d'être."
Très jeune enfant il compose : "Au tout début
je ne pouvais qu'improviser au piano et mon père enregistrait
sur une bande magnétique de l'époque et transcrivait sur
papier ainsi en dictée. Auprès de Mademoiselle Dieudonné,
assistante de Mademoiselle Boulanger, j'ai pu apprendre à noter
en solfège mes pensées musicales de plus en plus complexes.
Mon premier concerto pour piano et cordes écrit à neuf
ans et donné en concert à 10 ans sous la direction de
Yehudi Menuhin a été rejoué maintes fois depuis
(dont avec l'orchestre de chambre de Toulouse) sans l'excuse de la jeunesse
et tient autant la route comme cela fut le cas déjà à
l'époque."
Emile Naoumoff entre au Conservatoire National Supérieur de Musique
de Paris en 1975, il suit les cours de piano de Lelia Gousseau disciple
de Lazare Levy, de Musique de chambre de Geneviève Joy, de déchiffrage
auprès de Jacqueline Robin,et d'analyse auprès de Françoise
Gervais. Puis son troisième cycle de piano auprès de Pierre
Sancan et de musique de chambre auprès de Geneviève Joy.
Il obtient ses premiers prix à l'unanimité avec les félicitations
du jury en 1978...."Mademoiselle Boulanger exerçait une
autorité morale naturelle auprès de certains de mes professeurs
du conservatoire telle Lelia Gousseau : un jour lors d'une soirée
d'anniversaire en mon honneur elle a osé dire par gêne
d'un trop long silence imposé par mademoiselle Boulanger suite
à une exécution de ma part du 13ème nocturne de
Fauré "qu'il était joli son Fauré" ce
à quoi Mademoiselle Boulanger lui répondit : Apprenez
madame que Fauré est beau ou ne l'est pas "
Il suit également les cours de Pierre Dervaux à lEcole
Normale de Musique de Paris : "Il était un artisan de
son art plein de verve et d'humour qui nous déclarait en plein
travail de direction d'orchestre que la variation en do majeur dans
la marche Funèbre de la Symphonie de Beethoven était " enfin
l'héritage " ironie de l'histoire lors de son enterrement
l'orchestre joua cette marche et ses anciens élèves firent
un léger sourire lors de cette variation jouée dans ces
circonstances tristes. Je dois dire que ses séances de "de
détections de fautes " étaient, pour nous éleves-chefs,
de vrais étapes de montagne de tour de France "
S'il n'avait été musicien Emile Naoumoff confie qu'il
aurait aimé devenir archéologue : "Je le suis
devenu un peu à ma manière avec mon désir de sortir
de l'oubli l'oeuvre pour piano de Gabriel Dupont... ma reconstitution
de la sonate pour piano de Gould pour Sony il y a quelques années
déjà, de même que le thème et variations
de Lili Boulanger pour Naxos "
Emile Naoumoff a obtenu divers prix dont la médaille de la
Ville de Paris puis le prix de l'Académie des Beaux-Arts."Les
prix honorifiques que je recevais avaient une valeur de fierté
pour ma maman." Il est également lui-même membre
de différents jurys mais à un regard très mesuré
sur cette activité :"Je préfère aider altruistement
par l'enseignement même si cela ne constitue que des graines semées
pour une floraison future auprès de jeunes pour leur propre épanouissement
que de jouer "la nouvelle star" "
Emile Naoumoff fait régulièrement des tournées
dans le monde entier et participe à de très nombreux festivals.
A la question d'évoquer un de ses meilleurs concerts il répond
:" Je garde un souvenir ému de la création de
mon concerto des tableaux de Moussorgsky à Washington en 1994.
A la demande et sous la direction de Rostropovitch. La veille de la
première répétition, il rentrait de je ne sais
plus quel coin du globe, il prit ma partition et le lendemain matin
il m'y dirigeait , moi au piano par cur !"
Emile Naoumoff est également enseignant, ancien Professeur
au conservatoire de Paris, il enseigne désormais à Bloomington
à l'Indiana University School of Music , et a créé
une académie au Château de Rangiport :"Depuis plus
de 12 étés j'ai vu à mon académie une petite
famille d'élèves s'épanouir : Francesco Schlime,
Jean Frédéric Neuburger , Julien Quentin , Simon Zaoui,
Bertrand Chamayou
, pour n'en citer que quelques uns des débuts d'alors sans offenser
ceux en devenir du présent (nota à cette liste datant
de 2007 il convient d'ajouter en 2009 deux nouveaux élèves
dans lesquels Emile Naoumoff croient beaucoup : Jean Baptiste Doulcet
et Eloïse Kohn). Ils sont par leur travail le témoignage
vivant de l'idée de la pédagogie de mademoiselle Boulanger
: devenir pleinement eux-mêmes dans leur diversité".
Nouveau : En mars et avril
2009 , Emile Naoumoff a sorti deux disques et a répondu à
de nouvelles questions à cette occasion(voir plus bas)
Nouveau : Juillet 2010, à l'occasion
de la sortie de son triple Cd Johann Christian BachEmile Naoumoff
a bien voulu répondre à de nouvelles questions(voir plus
bas)
Nouveau: Emile Naoumoff a eu cinquante
ans en 2012 et à cette occasion il a "offert la chance "
au label Saphir Productions de publier un disque d'oeuvres de Tchaikovski
qui est une "pure merveille" voir plus bas
Son répertoire, son interprétation...
Emile
Naoumoff confie que tous les compositeurs l'émerveillent à
chaque découverte : " Mademoiselle Boulanger me disait
de toujours me préparer à aimer et sinon accepter que
je ne comprenne pas au lieu de dire "je n'aime pas " et essayer
encore " . Emile Naoumoff a enregistré nombreux
disques : des uvres de Mozart, l'intégrale du Clavier bien
tempéré de Bach, des sonates de Beethoven, Schubert, des
uvres choisies de Poulenc, Debussy, Françaix, ainsi que
d'autres transcriptions comme "'l'Oiseau de feu" de Stravinsky,
des reconstitutions d'uvres originales de Glenn Gould, de Lili
Boulanger. Il sort en septembre 2007 l'intégrale des Nocturnes
de Gabriel Fauré, dont il a en 1999 déjà réalisé
sa propre transcription au piano du Requiem : "Mademoiselle
Boulanger qui fut enfant elle-même disciple de Fauré, parlait,
jouait et enseignait sa musique avec la même légitimité
que pour celle de Beethoven. Ma transcription pour piano de son Requiem
qu'elle dirigea elle-même procédait de la même démarche
que les transcriptions d'oeuvres sacrées de Bach au piano."
Il aimerait enregistré un autre compositeur qui lui tient également
beaucoup à cur : Gabriel Dupont... "J'aimerais
trouver l'argent pour sortir l'intégrale de sa musique pour piano,
déjà "en boite" comme on dit, mais en manque
de sponsor, pour toucher tout auditeur curieux et sensible qui sommeille
en nous ".
Emile Naoumoff est lui-même compositeur : "Mes compositions
sont sincères et non doctrinaires, valorisantes pour les interprètes
et j'ose l'espérer émouvantes pour leurs auditeurs en
partage." Pas étonnant en fait, qu'en tant également
que compositeur, Emile Naoumoff s'intéresse à toutes musiques
comme le montre sa réponse à la question de savoir s'il
écoute seulement de la musique classique : "Si le terme
classique englobe pour la musique occidentale celle des organums de
l'école de Notre Dame et d'avant cela à nos jours et au
delà, alors oui. Le désir d'organiser le chaos originel
par des formes de l'esprit des ordres hiérarchique des sons,
de refléter l 'état d'esprit des êtres de leurs
époques, le désir de pensées savantes et de reflets
de l'inné me fascine et nourrit mon intérêt pour
les siècles de musiques. La pensée soigneusement notée
ou suggérée seulement, très définie ou libérée
de carcans, baroque ou jazz sans amalgames faciles, sous toutes leurs
formes les musiques sont à réinventer tant elles sont
souvent un recommencement. Sans démagogie , l'ostinato et le
récitatif sont des éléments constitutifs du rap
actuel."
Il confie que parallèlement à la musique il est fan d'histoire
politique :"J'aime tenter de comprendre en historien amateur
le quotidien du monde actuel. L'objectivité étant idéaliste
je tente tout de même de dénouer par mon humble perspective
certains autismes de l'histoire qui manipulent nos mémoires collectives
".
Jouer en musique de Chambre ou avec Orchestre sont autant d'occasions
pour Emile Naoumoff de partager son amour de la musique avec d'autres
musiciens : "Etre en osmose avec l'oeuvre servie est le noyau,
la partager avec des collègues ou directement avec le public
en est une déclinaison. La musique de chambre est le cur
même de l'amour porté à la musique ainsi que l'art
de respirer ensemble à l'horizontalité des lignes. Confronter
les différents points d'accès à mettre en fusion
est énergisant et réjouissant. Jouer avec orchestre est
toujours pour moi de la musique de chambre élargie autant dans
ceux de Mozart qui le sont tout naturellement que dans les concertos
de "tauromachie"
Sur sa façon de travailler, Emile Naoumoff confie : "Je
me laisse envahir par la musique comme par une inhalation des sens et
de l'esprit. J'écris mes doigtés afin de trouver la manière
la plus ergonomique de caresser les phrases. Parfois même je recopie
la partition à la main , je suggère même à
mes élèves de le faire pour une pièce déjà
mémorisée, c'est à dire de l'écrire à
la main par cur. Je solfie toutes les parties, j'aime à
me mettre la musique en bouche. Dans mon interprétation
j'attache beaucoup d'importance à l'entre notes : aux silences
interrompus, à l'inexprimable qui est véhiculé".
A la question de savoir comment il partage son activité d'interprète
à celles de compositeur et d'enseignant, Emile Naoumoff répond
: "Je suis parent et enseignant à temps complet, composer
(présentement des mélodies sur des poèmes symbolistes)
a toujours été une démarche vitale intérieure
(plus qu'un jeu de l'esprit)... Intemporelle, alors que jouer est le
partage du présent . Ayant été très jeune
exposé auprès d'êtres rares d'une atlantide musicale
hélas disparue à présent, j'ai été
tôt dans ma vie de jeune adulte ainsi orphelin. Mon humble trait
d'union avec les présents c'est de composer ainsi que je fus
fait."
Emile Naoumoff a rédigé un "Passeport pour un musicien
curieux"qu'il présente comme " Des pensées
laconiques et stimulantes sur l'art d'être en musique. C'est un
puits sans fond..." et il dirige une collection d'éditions
critiques chez l'éditeur Van de Velde : "Monsieur Van
de Velde m'avait demandé de mettre sur papier une sorte de master
classe écrite pour aider tout amateur pianiste à entrer
d'un bon pied dans une nouvelle oeuvre. J'ai basé ce travail
sur une analyse interprétative . Les choix de doigtés,
de phases de pédales, de tempos en découlaient donc. Après
une dizaine d'uvres ainsi publiées la collection a été
mise en sommeil".
Écouter...
Paru en novembre 2012
Piotr Ilyitch TCHAIKOVSKI (1840-1893)
Les Saisons :
Janvier - Au coin du feu
Février - Le Carnaval
Mars - Chant de l'alouette
Avril - Perce-neige
Mai - Les Nuits de mai
Juin - Barcarolle
Juillet - Chant du faucheur
Août - La Moisson
Septembre - La Chasse
Octobre - Chant d'automne
Novembre Troïka
Décembre - Noël
Ouverture Fantaisie Romeo et Juliette (transcription Emile Naoumoff)
Adagio lamentoso de la 6ème Symphonie (transcription Emile
Naoumoff)
Emile Naoumoff, piano
Le pianiste Emile Naoumoff a eu cinquante ans cette année,
et a enregistré plus d'une quarantaine de disque en trente
ans dont environ une dizaine chez le label Saphir Productions
et, selon les mots de Pierre Dyens directeur de ce label, le pianiste
"lui a offert la chance de publier ce nouveau disque qui
est une pure merveille" ... Sans doute faut-il en dire
un peu plus pour savoir en quoi il est une merveille, et comme
le disque comporte aussi un joli livret notamment ilustré...
de plusieurs arbres ( et oui ... les pianistes aiment les arbres
en ce moment !), également de fleurs, d'un couple d'amoureux...
illustrations sur lesquelles par contre le texte d'un entretien
est imprimé ce qui est un petit peu dommage car la lecture
n'en est pas facilitée surtout pour les presbytes de plus
de cinquante ans , voici quelques extraits de ces propos et un
extrait à écouter qui vous permettront d'en savoir
un peu plus sur cette "merveille" ... qualificatif
bien sûr mérité ! Ainsi faut-il sans doute
à raison commencer par la fin : les deux transcriptions
qu'Emile Naoumoff a lui-même réalisée...cliquez
ici pour lire la suite , écouter un extrait et voir
une vidéo
Paru en 2010
Jean-Chrétien(Johann Christian) Bach(1735-1782)
Sonates pour clavier opus 5 et opus 17
Emile Naoumoff, piano
3 CD
Après nous avoir fait découvrir l'oeuvre de Gabriel
Dupont, Emile Naoumoff offre dans ce nouvel album, des oeuvres
plus anciennes mais guère plus connues de nos jours même
si elles eurent un certain succès à l'époque
de leur parution : les sonates pour clavier de Jean-Chrétien
Bach.
Dernier fils de Jean-Sébastien Bach(1685-1750), Jean-Chrétien
Bach(1735-1782), parfois surnommé le "Bach de Milan"(où
il fut notamment organiste à la cathédrale) et le
"Bach de Londres"(où il fut maître
de musique de la reine et compositeur attitré du King's
theater , et d'autres scènes) a été essentiellement
formé par un cousin de son père J. Elias puis par
ses deux frères aînés : Friedmann et surtout
Carl Philipp Emmanuel.
Bien moins réputé que son illustre père il
a été enterré dans l'indifférence
générale, hormis peut-être l'attention de
la reine qui finança ses funérailles puisque sa
fin de vie fut, parait-il, misérable, le succès
grandissant de Haydn ayant peu à peu terni sa notoriété
explique Christine Menesson auteur du livret de cet album qui
regroupe trois CD.
Mozart aussi ne fut pas indifférent à sa disparition
puisqu'il déclara alors :"le Bach d'Angleterre
est mort... c'est un jour sombre pour le monde de la musique".
Il faut dire aussi que c'est Jean-Chrétien Bach qui fît
découvrir le piano à Mozart enfant.. et que ce dernier
lui doit beaucoup, ayant puisé une partie de son inspiration
dans son oeuvre.
Jean-Chrétien Bach a en effet été un des
pionniers de cet instrument...cliquez
ici pour lire la suite et écouter un extrait
Nouveau
paru en mars et avril 2009
Emile Naoumoff Gabriel Dupont
Oeuvres complètes pour piano seul
(Les Heures dolentes et La maison dans les dunes)
Patrice Fontanarosa, violon et Emile Naoumoff, piano Johannes
Brahms
Trois sonates pour violon et piano
L'actualité du pianiste Emile Naoumoff est très
chargée ces mois-ci puisqu'il vient de sortir le 26 mars
2009, chez le label Saphir Productions, un disque avec le violoniste
Patrice Fontanarosa des trois sonates pour violon et piano de
Brahms et, interrogé à ce sujet, il annonçait
aussi la sortie, toujours chez le label Saphir Productions, ce
26 avril 2009 d'un autre album, double CD d'oeuvres pour piano
seul d'un compositeur peu connu mais qui lui tient beaucoup à
coeur, ce qui se comprend à l'écoute de sa musique
chargée d'émotion : Gabriel Dupont. Compositeur
originaire du Calvados qui remporta le second prix de Rome devant
Maurice Ravel en 1901 et mort prématurément à
l'âge de 36 ans en 1914 des suites d'une pneumonie contractée
dès 1901 qui le conduisit à s'isoler souvent à
la montagne et au bord de la mer, celui-ci composa une musique
originale où pèse souvent l'angoisse de la mort
mais teintée aussi de souvenirs plus optimistes, ainsi
pour le piano ces deux cycles "Les heures dolentes",
qui évoquent son long repos obligé et dont il choisit
de mettre en épigraphe du recueil les vers de Régnier
: " ..la voix mélancolique et basse de quelqu'un
qui n'est plus là-bas mais se souvient du pays monstrueux
et morne dont il vient "et "La maison dans les
dunes" un peu plus optimiste et lumineux, plus impressionniste,
écrit à Arcachon. Voici donc le double interview
du pianiste Emile Naoumoff au sujet de ces disques dont vous pourrez
découvrir deux extraits...cliquez
ici pour lire la suite et écouter ces extraits
Gabriel Fauré
Nocturnes
Emile Naoumoff
Au delà d'une évocation de la nuit, il serait
tentant de scinder les treize nocturnes de Fauré en deux
autres thèmes inspirateurs de la grande tension dramatique
qui y règne : l'amour( jusqu'au huitième nocturne,
ceux-ci sont presque tous dans une tonalité majeur) et
la mort(à partir du neuvième nocturne jusqu'au dernier,
et tous dans une tonalité mineur, couleur du drame), dont
la césure coïnciderait exactement avec celle chronologique
de l'apparition de la surdité du compositeur vers 1903
et sans doute d'un sentiment de solitude et d'interrogation encore
plus douloureuse expliquant le tournant musical de son oeuvre
devenant alors plus intérieure. Mais ce serait sans doute
par trop simpliste car en fait les musicologues distinguent trois
périodes dans la longue carrière (plus de quarante
cinq ans) de Gabriel Fauré, et durant laquelle la composition
de ces nocturnes s'étale, le premier nocturne datant de
1875 et le dernier de 1922. Une première époque
où domine une musique romantique (jusqu'en 1886 environ)
inspirée de celle de Chopin et Mendelssohn, la seconde
période débutant ensuite et qui irait jusqu'aux
alentours de 1904, d'une maturité croissante, plus poétique
et enfin la troisième période jusqu'à sa
mort en 1924 avec une musique plus personnelle et intime, plus
énigmatique, plus profonde.
Mais faut-il réellement chercher à scinder ces
nocturnes, car l'on peut par exemple être surpris du style
déjà étonnamment très personnel du
premier nocturne (plus que celui des trois suivants) et sans doute
vaut-il mieux se contenter de suivre simplement le fil de ces
treize nocturnes comme celui d'un journal d'une vie de créations,
comme un souffle continu, tel le suggère le pianiste Emile
Naoumoff constatant : "Chez Fauré la plupart des
nocturnes s'assimilent à des poèmes symphoniques
ou lyriques concentrés sur eux-mêmes. Le noyau musical
est si dense qu'il me semble qu'après chaque écoute,
qu'il se déploie en nous-mêmes, prenant toute sa
dimension, comme un souffle qui embellit l'âme"....cliquez
ici pour lire la suite
Suivez Emile Naoumoff sur youtube chaque jour il offre
de nouvelles improvisations !
voici la centième ( le 11 avril 2011)