Merci à Philippe Cassard qui a accepté de répondre
à de nombreuses questions afin de compléter cette page
! Voir l'intégralité des questions-réponses après
le paragraphe "Son répertoire".
Sa vie en résumé
Philippe
Cassard est né le 12 septembre 1962 à Besançon.
Il débute le piano à cinq ans. Il entre au conservatoire
de Paris à l'âge de treize ans, ses professeurs sont alors
Geneviève Joy et Dominique Merlet. Il obtient le 1er prix de
musique de chambre en 1980 et de musique de piano en 1982 .
Il complète sa formation par les masterclasses de Leon Fleisher
puis avec Hans Graf à l'école de musique de Vienne . Enfin
il suit des cours de perfectionnement avec Nikita Magaloff. En 1985,
Philippe Cassard est lauréat finaliste au concours Clara Haskill,
et en 1988 il remporte le premier prix du concours international de
Dublin.
Sa renommée est internationale, Philippe Cassard ayant effectué
de nombreuses tournées tant en Europe qu'en Asie et aux États
Unis.
Il a fondé en 1997 les Estivales de Gerberoy et en a été
le directeur artistique de 1997 à 2003. Il a été
directeur artistique des Nuits romantiques du Lac du Bourget de 1999
à 2008. Des artistes tels Martha Argerich, Radu Lupu, Nelson
Freire, Paul Badura-Skoda, Augustin Dumay, Isabelle Faust, Paul Meyer,
le Quatuor Alban Berg, Felicity Lott, le BBC Philharmonic Orchestra
s'y sont produits. .
En 1999 il a été décoré de l'ordre national
du mérite
Depuis septembre 2005, Philippe Cassard présente chaque semaine
"Notes du traducteur" sur France Musique, qui fête sa
200ème en mars 2010. Prix SCAM (Société Civile
des Auteurs Multi-Médias) en 2007 de la "Meilleure oeuvre
sonore", toutes radios confondues.
Philippe Cassard a écrit un essai consacré à
Schubert, "Schubert, petit lexique amoureux" publié
en 2008 chez Actes-Sud Classica(voir plus bas)
Projets autour du 150ème anniversaire de la naissance de Claude
Debussy (2012) : intégrale de l'oeuvre pour piano en concert
(Paris/Musée d'Orsay, Liège, Melbourne, Manchester et
Amérique du Sud) / Enregistrement d'oeuvres pour 2 pianos et
piano à 4 mains avec François Chaplin (Universal-Accord)
/ Essai consacré à Debussy pour Actes-Sud Classica
Son répertoire
Philippe Cassard est réputé pour son interprétation
des uvres de Debussy et de Schubert (qu'il a plus amplement découvert
lors de ses études à Vienne). Il apprécie particulièrement
l'opéra et les lieder ainsi que la musique de chambre . Ceci
ne l'empêche pas d'avoir des goûts éclectiques et
par exemple d'apprécier aussi le jazz . Il a également
enregistré la musique de deux films : Le colonel Chabert et Sur
le bout des doigts .
Les questions de Piano bleu et
les réponses de Philippe Cassard
Y avait-il des musiciens professionnels ou
amateurs dans votre famille ?
-Non, mes parents étaient mélomanes.
Quand et avec qui avez-vous pris vos premières
leçons de piano ? Quel souvenir particulier(ou anecdote) gardez-vous
de ces premiers cours et quand avez-vous décidé d'être
pianiste professionnel ?
-Ma maîtresse de maternelle dit un jour à mes parents
que je devrais commencer l'étude d'un instrument de musique parce
que je chantais juste. Un petit voisin de palier jouait du piano, sur
lequel j'aimais tapoter. J'ai donc commencé avec le professeur
de ce copain, vers 5 ans et demi. C'était une dame assez âgée,
qui me vouvoyait ! Je lui ai demandé, dès ma première
leçon, pourquoi elle me disait "vous" comme si j'étais
plusieurs ! J'ai immédiatement adoré le piano, et cette
dame m'a communiqué le plaisir de jouer, le rapport au clavier,
à la sonorité. Comme j'étais doué, elle
a malheureusement voulu me faire donner des concerts, ce que j'ai fait
à plusieurs reprises entre 8 et 10 ans. Elle m'a présenté
à Pierre Barbizet, avec qui j'ai pris quelques cours mémorables
à Marseille. Il a tout de suite compris que mon intérêt
était de bénéficier d'un enseignement musical complet
et mes parents m'ont inscrit au Conservatoire de Besançon, ma
ville natale.
Mon professeur était Jacques Bloch, un élève de
Lazare Lévy, un monsieur très musicien et professeur exigeant.
Nous avons tout repris à zéro, études, inventions
de Bach etc. En 1975, j'ai obtenu le premier prix de piano (Geneviève
Joy-Dutilleux était dans le jury, elle fut ensuite mon professeur
de musique de chambre au CNSM).
Entre temps, Jacques Bloch m'a présenté à Dominique
Merlet, dans la classe duquel je suis rentrée en septembre 1975.
Quel souvenir particulier gardez-vous de
vos années au conservatoire de Paris ?
-J'étais très jeune, 13 ans, lorsque j'y suis rentré.
Merlet, Geneviève Joy, ont été des professeurs
fantastiques. Merlet pour sa rigueur, sa science du clavier, son immense
culture, son ouverture d'esprit qui contrastait avec l'étroitesse
d'esprit de bien de ses collègues. Geneviève Joy pour
sa gaieté, sa personnalité artiste et fantasque, son intuition.
Mais le CNSM n'avait pas encore connu de vraie révolution intérieure,
la musique dodécaphonique y était quasiment proscrite.
Mon professeur de déchiffrage, Sylvaine Billier, une femme passionnée
et moderne, me faisait découvrir Cage, Stockhausen, Bério,
on avait l'impression d'être des anarchistes dans cet océan
de bien-pensance.
Je me souviens d'une administration rigide et bornée, d'un directeur
du CNSM fantomatique et très "vieille France", de morceaux
de concours de compositeurs ringards qu'on a complètement oubliés
depuis. Pas de communication entre les classes, pas d'esprit d'ensemble,
une pensée académique.
Dieu merci, il y avait de grands pianistes étrangers qui venaient
animer des masterclasses publiques pour les étudiants en 3ème
cycle, ils étaient la bouffée d'oxygène qui permettait
de survivre ! J'ai des souvenirs extraordinaires de Badura-Skoda, Gyorgy
Sandor, Magaloff, Fleisher.
Vous avez suivi des masterclasses
avec plusieurs grands pianistes (Fleisher, Hans Graf, Nikita Magaloff,
Bashkirov), qu'est-ce qui vous a motivé à suivre ces enseignements
complémentaires ? En quoi ces masterclasses vous ont elles «
enrichi » personnellement et que pensez-vous globalement de l'apport
de masterclasses à un jeune pianiste, (que conseilleriez-vous
à un jeune pianiste en ce domaine ?)
-Il ne faut pas suivre ces masterclasses trop tôt car elles
pourraient être plus destructrices que bénéfiques
: un Maître, comme ceux que vous citez, vient quelques jours et
ne s'embarrasse pas de savoir qui vous êtes, même si votre
façon de jouer le lui révèle a contrario. Il faut
donc être prêt psychologiquement, et bien préparé
instrumentalement, pour réagir vite et bien aux remarques qui
sont faites, et pour éviter d'être "blessé"
par tel ou tel mot, telle ou telle attitude. J'ai vu des étudiants
laminés, qui perdaient leurs moyens et surtout, ne comprenaient
pas le sens des observations qui leur étaient faites.
Ces grands artistes vous ouvrent la porte de leur monde, de leur spiritualité,
de leur culture, de leur art. Votre quant-à-soi doit faire place
à votre aptitude à saisir et à savourer chaque
instant. C'est après seulement que vous ferez le point, que vous
"digèrerez", que vous prendrez et laisserez. Il faut
parfois des mois pour cela.
J'avais 17 ans lorsque j'ai travaillé le concerto en ré
mineur de Brahms avec Fleisher. Ce qui l'a touché était
ma passion dévorante pour ce concerto : il l'avait joué
lui-même à 16 ans sous la direction de Monteux puis de
Szell ! Je n'avais sûrement pas l'ampleur de son requise pour
cette cathédrale qu'est le 1er de Brahms, mais il a été
infiniment bienveillant avec moi, et ses conseils de phrasés,
de tempo, ce qu'il m'a dit sur la relation très complexe entre
les 2 mains dans ce concerto, sur le cantabile propre à Brahms,
sur la texture orchestrale de la partie de piano : tout cela a été
un grand choc musical et émotionnel pour moi, dont je garde,
aujourd'hui encore, des souvenirs extrêmement précis et
bénéfiques.
Vous avez remporté deux premiers prix
à : un au concours international de Clara Haskil en 1985 et un
au concours international de Dublin. Qu'est-ce qui vous a motivé
à l'époque à vous présenter à ces
concours plutôt que d'autres ?
-Ce n'est pas tout à fait exact : je suis lauréat
finaliste du Concours Haskil (nous étions 6, et il y a un seul
Prix, qui a été attribué cette année là
à une jeune pianiste yougoslave). Ces 2 concours, Clara Haskil
et Dublin, m'offraient la possibilité de présenter un
répertoire dont je me sentais proche : autour de Mozart, Beethoven,
Schumann pour le premier, un choix totalement libre aux 3 épreuves-récital
pour le second. Je n'ai jamais été un fan des concours
internationaux, durant lesquels j'ai tendance à me dévaloriser,
à perdre confiance au fur et à mesure des épreuves,
alors que le contraire serait a priori plus logique.
Vous avez accompagné la cantatrice
Christa Ludwig en 1985, pouvez-vous parler un peu de cette période.
Pensez-vous que cela a eu ou non un impact sur votre interprétation
ou répertoire ?
-Lorsque j'étais étudiant à la Hochschule
für Musik de Vienne, au début des années 80, j'ai
eu la chance d'être un des nombreux accompagnateurs des élèves
chanteurs d'Erik Werba, le fameux accompagnateur de Seefried, Dermota,
Ludwig et tant d'autres. Pendant 2 ans, j'ai lu et joué des centaines
de Lieder, tout le répertoire allemand et autrichien y est passé,
de Mozart, Schubert à Berg, Wolf en passant par Schumann, Brahms,
Loewe, Strauss etc. J'allais 3 ou 4 fois par semaine à l'Opéra
et les autres soirs aux récitals de piano, de chant, aux concerts
symphoniques et de musique de chambre. Un soir sans concert, c'était
comme un jour sans soleil.
C'est à Vienne que j'ai découvert Christa Ludwig, elle
chantait très souvent à l'Opéra (dans Elektra,
la Walkyrie, le Crépuscule des Dieux, Falstaff, la Dame de Pique
etc.) et donnait 2 ou 3 Liederabende par saison. Sa voix, son intelligence,
sa présence en scène, sa sensibilité m'ont bouleversé.
J'ai à peu près tous ses disques.
La voix, et la sienne en particulier, ont été un apport
fondamental à mon jeu.
Se rapprocher du legato d'une voix, essayer d'abolir tout ce que le
piano peut avoir de percussif, construire chaque phrase en imaginant
qu'on est chanteur ou qu'on en accompagne un, respirer comme un chanteur,
porter les notes comme la voix porte les sons, écouter et réécouter
les grands chanteurs (pour ce qui me concerne : Callas, Leontyne Price,
Birgit Nilsson, Leonie Rysanek, Régine Crespin, Lucia Popp, Julia
Varady, Christa Ludwig, Rosa Ponselle, les ténors Gigli, Björling,
Corelli, Vickers, Wunderlich, Simoneau, et aussi Fischer-Dieskau, Matti
Talvela etc etc etc... Ils m'accompagnent chaque jour depuis que j'ai
18 ans.
Je déteste le piano brillant, qui vous ramène au niveau
de l'instrument, je m'ennuie aux démonstrations de virtuosité
si cette dernière n'est pas grisante, sauvage, ludique. Cziffra,
grand modèle, un poète et un démon. Horowitz aussi,
mais plus hystrionnique, plus égocentrique. Tous les deux ont
un cantabile admirable, une sonorité qui peut être la plus
veloutée et douce du monde.
En 1993, vous avez fondé un quatuor,
celui-ci est-il toujours actif ?
Quatre amis qui, au fil des répétitions et de l'exigence
du travail, finissent par se détester, malgré les succès
publics incroyables, des standing ovations à Moscou, Dublin,
Paris... L'expérience a duré 2 ans... Je ne l'avais pas
fondé, c'était un désir commun de se lancer dans
cette aventure, à raison de 2 sessions annuelles de travail et
de concert. Il faut en garder les bons souvenirs, le répertoire
magnifique (Quatuors de Beethoven, Schumann, Fauré, Brahms op.60),
le niveau de qualité auquel nous étions parvenus.
Plus généralement quelles sont
vos différentes activités passées et actuelles
en musique de chambre ?
Préférez-vous les récitals en soliste ou musique
de chambre ou avec orchestre ?
Je n'envisage pas ma vie de musicien en la cantonnant au seul répertoire
solo : je suis atterré par ces jeunes pianistes à la mode
qui ne connaissent que les Sonates de Chopin ou de Liszt et font le
tour du monde avec un répertoire ridiculement petit et monocolore.
Le piano embrasse tant de styles, d'époques, de formes, de genres
!
Je vis chaque récital solo comme une expérience presque
sacrée, qui engendre forcément des déceptions et
des doutes à la hauteur des exigences que le genre implique.
Mais on progresse davantage en se souvenant des ratages d'un récital
qu'en ressortant satisfait et blasé...
J'adore la musique de chambre et l'accompagnement des chanteurs, entraîner
l'autre ou les autres sur votre chemin et se laisser entraîner,
en même temps, sur les chemins qu'on vous dessine. L'échange
peut être formidablement fructueux, source d'énergie, de
pur plaisir. Et la répétition est tellement plus vivable
et vivante que le travail en solitaire !!!
Mes programmes à venir, en dehors des récitals et des
concerts avec orchestres, me permettront de jouer aux côtés
des sopranos Donna Brown, Catherine Dubosc, des violonistes Isabelle
Faust et Svetlin Roussef, des violoncellistes Anne Gastinel et Xavier
Phillips, des Quatuors Elysées, Parisii, Vogler etc. Tous amis
et partenaires de longue dates.
Quels sont vos compositeurs et oeuvres préférés
(et pourquoi ?) ? Vos goûts ont-ils évolué au fil
des années ou non ?
Les goûts évoluent avec les découvertes. S'il
n'y a pas de curiosité et d'esprit en éveil, il y a repli
et appauvrissement de l'imagination.
J'aime des compositeurs qui n'ont pas écrit pour le piano : Wagner,
Bellini, Donizetti, Verdi, Puccini ! Quel plaisir de lire leurs opéras
réduits au piano, d'assister aux représentations (150
en 3 ans passés à Vienne, et presque toutes les nouvelles
productions de Bastille/Garnier depuis 1995), une fois Bayreuth (1981).
Bien sûr, Schubert et Debussy restent deux compositeurs qui
m'accompagnent continuellement, et pas seulement leur musique POUR et
AVEC piano. Je ne me lasse jamais d'écouter La Mer, Jeux, Pélléas,
tout comme, de Schubert, les Quatuors, le Quintette avec 2 violoncelles,
les Symphonies...
J'adore Chopin par dessus tout, mais j'en joue très peu. Trop
intime, trop brûlant, révélateur, comme Schumann,
des profondeurs de votre être, de vos contradictions, de vos émois
et de votre mélancolie. Comment, au piano, se dédoubler
et trouver le ton juste, la bonne distance ?
Mais j'écoute le chant grégorien (par les moines
de l'Abbaye de Fontgombault), j'aime l'oeuvre d'orgue de Buxtéhude,
j'écoute beaucoup de clavecin (Rameau, Bach, Couperin, et je
précise que je n'aime pas du tout ces compositeurs au piano,
et surtout pas ce qui s'est fait récemment. Je peux écouter
Kempff ou Marcelle Meyer, mais ils sont bien les seuls !).
Mozart : tous ses opéras, à tout moment de la journée,
pour retrouver l'enthousiasme, l'énergie. Et ses concertos pour
piano (j'en joue une bonne quinzaine). Beethoven : peu, à part
les quatuors à cordes que je vénère, et les Symphonies
par Furtwängler (lui seul sait dessiner d'immenses paysages dans
les développements beethovéniens).
Schumann, les cycles de Lieder et la musique de chambre. La musique
pour piano m'enchante et m'habite.
La musique de chambre de Brahms dans sa totalité, il y a une
telle générosité, une ferveur mélodique
intarissable ! Liszt (mais pas seulement le piano!), les opéras
de Richard Strauss, beaucoup de russes : Tchaïkovski, Stravinsky,
Rachmaninov (mais surtout les oeuvres symphoniques et les Vêpres),
Scriabine, les ballets de Prokofiev.
Plus près de nous : Ravel, Berg, Janacek, Sibélius, Dutilleux
(mon préféré), Kurtag, Ligeti, quelques oeuvres
de Boulez (surtout les dernières, dont "Sur incise"),
d'autres de Escaich, Grisey. Je suis beaucoup revenu des sériels
purs et durs, et de tous les théoriciens, si peu artistes, de
l'après-guerre... En revanche, je ne tombe pas dans le panneau
démago-ringard des "landowskiens" (Connesson par exemple,
le pire de tous) ou des minimalistes (Glass, Adams, Nyman), qui servent
une soupe tiédasse et n'ont rien à dire. Beurk ! Je préfère
écouter une bonne musique de film !
Et j'oublie tant de choses !!! Les musiques Renaissance résuscitées
par l'ensemble Doulce Mémoire, Dvorak (j'adore, un peu pour les
mêmes raisons que Brahms), Bartok, Brückner (les Symphonies
par Jochum qui me les a fait découvrir et aimer à la folie
!), Fauré (que je joue souvent) qui est notre Schumann tardif,
et des musiques plus légères (les opérettes viennoises,
les valses de salon, les transcriptions...). Et tout cela reste dans
le domaine des musiques dites "savantes" !!!
Vous venez d'enregistrer un disque Schumann,
qu'appréciez-vous particulièrement chez ce compositeur
et plus particulièrement dans les oeuvres que vous avez choisies
?
La musique pour piano de Schumann, c'est son journal intime, quotidien,
qui suit et commente sa vie presque minute par minute, au gré
des humeurs changeantes.
Les Fantasiestücke op.12 expriment le côté sombre,
tourmenté de Schumann, mettent en scène son petit théâtre
nocturne peuplé de personnages grimaçants, fantomatiques,
de rafales de vents, de forêts mystérieuses. Cependant,
la première pièce Des Abends pose un décor propice
au rêve et à la contemplation, dont on à peine à
s'arracher, mais d'où surgiront les ombres et les cauchemars.
L'Humoresque est le chef d'oeuvre inconnu de Schumann, peu de pianistes
l'inscrivent à leur répertoire. C'est un peu la Sonate
de Liszt de Schumann! Par ses dimensions, sa grande forme, son souffle
ample et majestueux, elle est éloignée des petites formes
et des instantanés du Carnaval, des Davidsbündlertänze,
des Novelettes.
Et il y a une tendresse, une gaieté, un art de la confidence,
du murmure amoureux absolument sans égal dans les autres oeuvres
pour piano de Schumann. Les moments de mélancolie, d'inquiétude,
voire de douleur contenue sont toujours balayés, en fin de compte,
par de vastes paysages ensoleillés.
Entre ces deux merveilles de l'opus 12 et de l'opus 20, il fallait faire
respirer l'auditeur, et quoi de plus attendrissant que ces vignettes
poétiques des Scènes d'Enfants, où, mine de rien,
Schumann dispose de nombreux éléments, motifs, rythmes,
procédés d'écriture qu'il réutilisera ailleurs.
Vous donnez des concerts dans de nombreux
pays, y-a-t-il des lieux que vous préférez par rapport
à d'autres et si oui pourquoi ?
Chaque musicien, s'il voyage un peu, repère vite les salles
où il se sent à l'aise, en phase avec le résultat
de son travail, proche du public, porté par lui, où les
conditions de travail proprement dites lui permettent de s'exprimer
avec bonheur.
Le Wigmore Hall à Londres est un merveilleux écrin pour
le récital, le Steinway est chantant, l'éclairage, l'espace,
les couleurs, le salon jouxtant la salle, sans parler de l'équipe
du Wigmore : tout est harmonieux, paisible, professionnel. Vous n'avez
plus qu'un désir, celui de donner le meilleur de vous-même
!
J'ai une tendresse particulière pour le National Concert Hall
de Dublin, où j'ai joué presque 30 fois depuis 1988, l'année
où je remportais le premier prix de la première édition
du Concours International de Dublin. Récitals, musique de chambre,
concertos, récitals de Lieder, un répertoire très
vaste, donc, et un public fidèle, positif, chaleureux, dont je
reconnais à présent les visages.
Récemment, j'ai donné l'intégrale Debussy au Festival
de Vancouver dans une petite salle de 400 places tout en bois, imaginée
par des Indiens natifs de l'Ouest du Canada, avec d'énormes Totems
sculptés de chaque côté de la scène : l'acoustique
et l'ambiance de cette salle étaient magiques, nous étions
au coeur d'une forêt dans laquelle un campus universitaire quasiment
invisible a été construit...
Quel est votre meilleur souvenir de concert
?
Est-ce qu'on en a vraiment ? Ces souvenirs sont souvent plus liés
à la beauté d'un lieu, à la réceptivité
du public, à des circonstances particulières qu'à
la qualité de votre jeu ou à votre forme... Cependant,
je me souviens de l'état d'euphorie, et en même temps d'extrême
concentration, lors d'un récital à la Herkules Saal de
Munich, en 1989. J'adorais la salle, majestueuse, le Steinway était,
à l'époque, le plus fabuleux que j'avais jamais joué,
tout semblait aller de soi, avec naturel, abandon, l'énergie
trouvait matière à se régénérer parce
que le trac, la montée d'adrénaline au début s'étaient
trouvés dépassés par le pur plaisir de jouer et
d'être au coeur de la musique.
Il y a très peu de moments, depuis une vingtaine d'années
que je donne régulièrement des concerts, où j'ai
éprouvé cette sensation.
Vous êtes directeur artistique des
« Nuits
romantiques du lac du Bourget », pouvez-vous un peu parler
de ce festival et plus particulièrement depuis quand existe-t-il,
quel est l'origine de votre implication dans ce festival, ce qui vous
plait dans cette fonction, et pouvez-vous parler de celui à venir
en 2005 : pourquoi Schubert (après Tchaikowsky) ?
Avant tout, je voudrais dire que j'aime construire, animer une
équipe, réunir des énergies et des talents pour
organiser ce type d'événement. Je n'enseigne pas, c'est
pourquoi je peux partager mon temps entre mes activités de concertiste
et celles de directeur de festival. J'aime aussi inviter des artistes,
que je ne connais pas forcément, dont j'admire le talent et apprécie
la personnalité. J'éprouve un infini plaisir à
assister aux concerts des Nuits Romantiques, et j'aime me fondre dans
le public, sentir l'atmosphère de la salle, sa réactivité
!
Lorsque mon prédécesseur a été remercié,
en février 1999, et que j'ai été choisi pour être
le nouveau directeur artistique, la situation était incertaine
: peu de public (1500 pour 9 concerts), une image élitiste, des
musiciens de seconde zone invités à grands frais, une
programmation chaotique, des comptes en déficit. On m'a donné
15 jours pour établir le programme d'octobre 1999 et je dois
dire que j'ai eu beaucoup de chance, celle d'obtenir les réponses
positives des musiciens auxquels j'avais pensé pour illustrer
le thème : "Les voyages de Liszt en Europe".
Sont donc venus Michel Dalberto, Kun-Woo Paik, André Dussollier,
Nicolas Angelich, François-Frédéric Guy, Marie
Devellereau, la Philharmonie de Budapest et son flamboyant chef Rico
Saccani, Peter Frankl, les Choeurs et Solistes de Lyon / Bernard Tétu
etc. D'emblée, le nombre de spectateurs a été multiplié
par 3, la presse a réservé un accueil superbe à
ce festival, cela m'a permis de faire redémarrer ces Nuits Romantiques
sur des bases artistiques et financières saines.
Depuis, de nouveaux partenariats ont été conclus avec
des sponsors, des collectivités locales, des mécènes,
dont le dernier en date, la CIC Lyonnaise de Banque, était lui-même
demandeur ! Nous en sommes très fiers.
C'est au gré de lectures, d'envies, de rencontres, que les thèmes
du festival surgissent et s'organisent peu à peu en moi avant
que je ne couche sur le papier les projets et programmes possibles.
Pour 2006, j'ai presque achevé la programmation autour des musiques
de l'enfance, de notre enfance, avec toutes les métaphores que
ce sujet inspire...
En 2007, j'avais envie de revenir à Brahms, déjà
traité en 1997 par mon prédécesseur.
Chaque année (et, depuis 2003, le festival a lieu dans la deuxième
quinzaine de mai), la fréquentation augmente, le public vient
à présent de plus loin que du seul département
de la Savoie : région Rhône-Alpes, région parisienne,
Suisse etc
Le festival est très attaché à faire vibrer la
musique, mais aussi la poésie, la peinture, la danse, dans des
lieux singuliers situés autour du Lac du Bourget ou dans ses
environs proches : la Grange Batelière de l'Abbaye d'Hautecombe
(que nous retrouverons en 2006), le beau Théâtre du Casino
d'Aix-les-Bains, de jolies églises en Chautagne (Motz, Saint-Pierre
de Curtille), Notre-Dame à Chambéry, le Prieuré
au Bourget-du-Lac etc.
Nous avons connu des moments privilégiés :
la venue de Martha Argerich, au sommet de sa forme, un récital
hypnotique de Radu Lupu, des concerts mémorables d'Accentus,
du BBC Philharmonic Orchestra dirigé par Yan Pascal Tortelier,
de la soprano Felicity Lott, de l'organiste et compositeur Thierry Escaich,
des comédiens Claude Piéplu et Françoise Fabian
etc
J'invite celles et ceux qui seraient intéressés par la
programmation Schubert de mai 2005 à nous rejoindre grâce
à notre site internet très complet : http://www.nuitsromantiques.com
Pouvez vous également parler des Estivales
de Gerberoy : de quoi s'agit-il exactement ?
En 1997, Eric Slabiak (violoniste de l'ensemble de musiques tziganes
et yiddish Les Yeux Noirs) et moi avons créé un petit
festival à Gerberoy, un des plus jolis villages de France situé
en Pays de Bray, au coeur de l'Oise normande. Les maisons très
anciennes en torchis et colombages, les milliers de roses qui couvrent
leurs murs dès le printemps, les rues pavées, l'acoustique
exceptionnelle de sa Collégiale rustique en font un endroit préservé
des avatars de notre civilisation bruyante et stressée.
Notre idée était de jeter des passerelles entre les musiques
dites "savantes" (donc écrites) et les musiques dites
"populaires" ou "traditionnelles" (donc transmises).
Chaque année, nous nous arrêtions dans un pays ou un ensemble
de pays aux musiques savantes et populaires intimement mêlées
: Europe centrale en 1997, Vienne en 1998, la France des poètes
en 1999, l'Espagne et l'Argentine en 2000 etc.
Nous proposions 6 concerts sur 2 week-ends, et c'est ainsi que très
vite, nous avons pu fédérer et fidéliser un public
particulièrement amoureux du festival.
Parmi les artistes qui sont venus et ont été conquis par
le lieu, la Collégiale, l'accueil que nous leur réservions
: Jordi Savall, Aldo Ciccolini (3 fois !), Michel Portal, le Taraf de
Haïdouk, Didier Lockwood, Paul Badura-Skoda, le Quatuor Ysaÿe,
Laurent Korcia, Cora Vaucaire, Micheline Dax etc.
Trop pris par nos activités de musiciens, et, en ce qui
me concerne, par celles de directeur artistique des Nuits Romantiques
du Lac du Bourget, Eric et moi avons décidé d'arrêter
l'aventure des Estivales de Gerberoy en 2003. Mais nous sommes très
heureux et honorés que Denis Raisin Dadre, le talentueux fondateur
de l'Ensemble Doulce Mémoire, ait accepté de reprendre
le festival. Sa première programmation, en juin dernier, a été
un grand succès.
Dans un interview que vous avez donné
à la Fnac vous montrez un grand intérêt et une grande
connaissance du piano jazz, écoutez-vous les pianistes jazz actuels
? Lesquels préférez-vous parmi les pianistes actuels ?
Je ne me tiens pas très au courant des pianistes de jazz
actuels, et connais tout au plus (et malheureusement, car je dois passer
à côté de beaucoup de belles choses) les noms qui
reviennent le plus souvent.
En revanche, je suis indéfectiblement attaché à
quelques pianistes de jazz disparus tels Eroll Garner (sa sonorité,
sa souplesse, sa délicatesse), Art Tatum (sa virtuosité
grisante, très proche d'Horowitz ou de Cziffra, mais aussi sa
tendresse), Bill Evans et Thelonious Monk (tous deux étant les
Stravinsky et Debussy du jazz, par la radicalité de leur langage,
par un art suprême qui n'est jamais théorique ou pédant,
ils cherchent constamment, se renouvèlent, rêvent tout
haut).
Quels sont vos autres centres d'intérêts
artistiques et/ou autres ? Vous sont-ils utiles pour l'interprétation
?
Je pratique l'éclectisme avec jubilation, et j'ai toujours
beaucoup de mal à dire ce que je préfère (voir
mes réponses plus haut !!!...). Cet éclectisme est à
mes yeux indissociable de mon travail, chaque moment de ma vie pouvant
en effet enrichir, à sa manière et à son niveau,
l'imagination et l'univers qui sont les miens.
Longtemps abonné des salles obscures, j'ai beaucoup appris en
voyant et revoyant les grands films de Fellini, Kübrick, Stroheim,
Ophüls, Bergman, Visconti, Bresson, Manckiewicz et tant d'autres...
Je vais beaucoup au théâtre, à l'opéra, je
suis très sensible aux voix d'acteur ou de chanteur. Les couleurs,
les intonations d'une Garbo, d'un Marlon Brando valent celles de Callas
ou de Lauritz Melchior !
La peinture, depuis Bosch, Titien, jusqu'aux américains de l'après-guerre
est une source inépuisable pour moi : formes, nuances, regards,
symbolique, couleur, je regarde la peinture exactement comme j'écoute
ou joue la musique. J'entends le froissement des étoffes des
robes peintes par Watteau, devine la résonnance dûe aux
carrelages de Vermeer, suis enveloppé par l'humidité de
l'air des tableaux vénitiens de Turner, et imagine des grappes
de sons chatoyants en voyant les immenses toiles de Sam Francis.
Je lis beaucoup la presse, quotidienne, hebdomadaire, et, aussi souvent
que possible, étrangère. J'adore la gastronomie et les
bons vins (ma cave commence à receler quelques merveilles !),
et mon dernier enthousiasme remonte à quinze jours : un fabuleux
dîner chez Marc Veyrat, à Annecy. Ludique, poétique,
inventif, rare, c'était un voyage étonnant et inspirant
! Mais je ne veux pas paraître snob, car j'aime aussi la bonne
cuisine traditionnelle et familiale. Une de mes adresses préférées
à Paris est La Biche au Bois, à 200 mètres de la
Gare de Lyon, minuscule restaurant où l'on se sent accueilli
comme en famille. Les terrines, les produits de la chasse en automne,
les purées de céleri, les fromages : irrésistible
et convivial !
Et je préfère ne pas m'étendre sur mon pêché
quotidien : les gâteaux et le chocolat. Dès que j'arrive
dans une ville, je repère les bonnes pâtisseries. A Vincennes,
où j'habite depuis le moi de mai, je les connais toutes ! J'ai
d'ailleurs plusieurs fois songé à écrire un guide
des pâtisseries de villes que je connais bien : Besançon,
ma ville natale, Paris, Vienne en Autriche, Lyon...
Chacun envisage la musique à sa façon. Pour ce qui
me concerne, elle est intimement reliée au monde et ne peut s'en
abstraire, même si sa beauté, sa richesse, son mystère
dépassent, et effacent-peut-être-, ce monde.
Actualité 2011
Philippe
Cassard a nombreux projets autour du compositeur Debussy en 2012 , un
concert en Prélude a lieu dès le 19 novembre 2011. A la
fois soliste, chambriste, producteur à France Musique et essayiste,
le pianiste français Philippe Cassard est l'un des artistes les
plus complets de sa génération. En prélude à
2012, qui marque les 150 ans de la naissance de Claude Debussy, Philippe
Cassard présente avec la soprano Natalie Dessay des mélodies
inédites du compositeur français. Ils enregistrent ensemble
ce programme dans un disque consacré à Debussy, à
paraître mi-février chez Virgin Classics et donnent dès
le Samedi 19 novembre 2011 un concert de Mélodies de Debussy,
Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré au Corum de Montpellier En
fait le pianiste Philippe Cassard a nombreux projets autour du compositeur
Claude Debussyque ce soit en solo, à quatre mains et piano voix,
en disque , en concert ou en livre...cliquez
ici pour les découvrir et écouter un extrait
Vous connaissez "Les notes du traducteur" l'émission
publique du pianiste Philippe
Cassard sur France Musique (Le Matin des Musiciens, le mercredi
à 11h). Ces émissions ne sont malheureusement rediffusées
sur internet que sur une durée d'un mois après la diffusion.
Pour y pallier voici un premier coffret Notes du traducteur volume
1. Franz Schubert
Philippe Cassard Notes du traducteur
9 émissions consacrées à Franz Schubert (1797-1828)
:
CD1 - 6 Moments Musicaux D780 : 6430
CD2 - Sonate D850 en ré majeur : 7445
CD3 - Impromptus D935 n°1 & 4 en fa mineur : 6639
CD4 - Le Chant du Cygne D957 (6 poésies de H. Heine) : 7352
CD5 - Sonate D958 en ut mineur : 7022
CD6 - Sonate D960 en si bémol majeur : 7446
Enregistrements publics réalisés aux studios 105 et 106
de la Maison de Radio France à Paris, ainsi quaux «Grandes
Heures de Saint-Emilion» (CD6), entre 2008 et 2011.
Pour vous procurer ce coffret cliquez sur l'image ci-dessus
Actualité 2012
Dans la suite du communiqué de l'actualité 2011....
A découvrir Debussy : 2 Pianos et 4 Mains
Philippe Cassard et François Chaplin
Debussy à 4 mains et à 2 pianos.
Présentation de l'éditeur
Le nom de Philippe Cassard reste étroitement lié à
celui de Claude Debussy depuis le succès auprès du public
et de la critique (Choc Monde de la Musique, 4 Clé Télérama.)
de ses enregistrements de l'oeuvre pour piano seul du compositeur. A
l'occasion des 150 ans de la naissance de Debussy, Philippe Cassard
a décidé d'enregistrer avec son complice le pianiste François
Chaplin, spécialiste lui aussi du compositeur, les oeuvres
pour 2 pianos et 4 mains. A l'exception des tubes de la Petite Suite
("En bateau" et "Cortège"), ce répertoire
complexe et multiple est loin d'être le plus enregistré
! Debussy a transcrit luimême certaines de ses pièces pour
orchestre, tels "Prélude à l'après-midi d'une
faune". Ses transcriptions dépassent largement les simples
réductions pour piano en éclairant les oeuvres de détails
nouveaux. On retrouve également sur ce disque la célèbre
suite "En blanc et noir" ou encore Lindaraja. A Noter : le
premier enregistrement mondial de la "Premiére Suite",
récemment redécouvert ! Propos de Philippe Cassard au sujet de ce disque Debussy : 2 Pianos
et 4 Mains :
«A l'exception des tubes de la Petite Suite (1894) que sont
devenus «En bateau» ou «Cortège», le
répertoire à 4 mains et 2 pianos de Claude Debussy, complexe
et multiple, n'est pas celui qui est le plus visité. S'il faut
attendre 1900-14 (Epigraphes Antiques) et 1915 (En blanc et noir) pour
que Debussy signe les chefs d'oeuvre du genre, la plupart des pièces
pour orchestre ont été transcrites par lui-même
pour l'une ou l'autre configuration, comme il était d'usage à
l'époque : on aurait aimé assister aux séances
de lecture réunissant Debussy et Caplet ou Chausson ! S'il ne
rivalise pas avec l'alchimie sonore de ses orchestrations, Debussy dépasse
toujours la simple
«réduction au piano» en éclairant l'oeuvre
de détails nouveaux.
La Première Suite pour orchestre (1885), dans sa version originale
à 4 mains encore inédite au disque, date de l'époque
où Debussy osait tout : une virtuosité spectaculaire,
une certaine pompe, un lyrisme inspiré de Gounod et Massenet,
une touche d'exotisme hérité de Bizet, des essais de couleurs
fondues et chatoyantes (le mouvement lent «Rêve»)
qui, pour chopiniens qu'ils soient, annoncent les ruissellements de
Reflets dans l'eau et de l'Isle Joyeuse.
Mon camarade François Chaplin, qui connaît son Debussy
comme peu, était une évidence pour faire le tour de ce
vaste domaine. Nous prenons un plaisir fou à le jouer !»
Cliquez sur l'image ci-dessus pour vous procurer le disque
A écouter des extraits dans le widget
et toujours Philippe Cassard... et Debussy "Clair De Lune"
- Debussy Melodies
(Dont 4 Inedites)
Natalie Dessay, soprano
PhilippeCassard, piano
découvrez des extraits dans le widget ci-dessous
Philippe Cassard dont est aussi sorti récemment un livre :
Deux temps trois mouvements
Présentation de l'éditeur
Quelles sont les affinités entre Franz Schubert et Ingmar Bergman
? Louis Beethoven, Jean-Luc Godard et les Rolling Stones ? Jean-Pierre
Melville et Morton Feldman ? L'Atalante et Franz Liszt ? Jean-Marie
Straub et Yves Angelo ? L'enseignement du piano et Andreï Tarkovski
? Au cours d'entretiens réalisés par Marc Chevrie et Jean
Narboni, le pianiste Philippe Cassard propose une approche inédite
des correspondances entre musique et cinéma. Il commente les
partitions écrites pour l'écran, le recours à des
compositeurs classiques ou les films montrant des musiciens au travail.
Il décrit les timbres uniques de Danielle Darrieux, Gérard
Depardieu, Arletty ou Claude Piéplu. Il analyse le tempo et l'écoute
propres aux oeuvres de Robert Bresson, Federico Fellini, Charlie Chaplin,
Joel et Ethan Coen... Enfin, il évoque l'influence de son amour
du cinéma sur sa pratique d'interprète. Plus qu'un livre
sur la musique de film, Deux temps trois mouvements est un livre dédié
à la musique du cinéma, au cinéma de la musique,
aux films que celle-ci permet de construire, de reconstruire ou d'imaginer.
Concert Vendredi 22 juillet 2016 Cathédrale d'Elne à 18h
Récital par Philippe CASSARD
Ludwig van BEETHOVEN : Variations op.34 en fa majeur Fanny MENDELSSOHN-HENSEL : Allegretto grazioso, extrait des Vier Lieder für das Pianoforte op.2 Allegro Vivace, extrait des Six Mélodies pour le piano op.4 Clara SCHUMANN : Romance op.21 en la mineur
Johannes BRAHMS : Ballade op.10 n°1 en ré mineur
Félix MENDELSSOHN : Extraits des 7 PIèces Caractéristiques op.7 :
n°6 : Sehnsüchtig, andante
n°7 : Leicht und luftig, presto
8 Lieders ohne Worte :
op.19 n°1 en mi majeur, andante con moto
op.19 n°5 en fa dièse mineur, piano agitato
op.67 n°2 en fa dièse mineur, allegro leggiero
op.102 n°5 en la majeur, allegro vivace
op.67 n°3 en si bémol majeur, andante tranquillo
op.53 n°2 en mi bémol majeur, allegro non troppo
op.38 n°6 en la bémol majeur, "Duetto", andante con moto
op.67 n°4 en ut majeur, presto
Variations Sérieuses op.54 en ré mineur cliquez ici pour en savoir plus
Écouter...
La sélection de pianobleu.com
paru en
septembre 2014
Schubert
"1828"
Sonate pour piano n°20 D959
Rondo en la majeur , D951 *
Allegro
en la mineur, D947 * "Lebensstürme"
Fantaisie en fa mineur D940 *
Phillipe Cassard, piano
* avec Cédric Pescia, piano
Ce n'est par contre nullement une surprise de découvrir ce nouvel enregistrement d'oeuvres de Schubert par le pianiste Philippe Cassard , un disque espéré depuis quelques années en fait par ceux qui ont pu notamment l'entendre jouer cette splendide sonate D959 en concert. Et lors d'un entretien , également réalisé par pianobleu.com en 2007, il déclarait :"Schubert et Debussy restent deux compositeurs qui
m'accompagnent continuellement, et pas seulement leur musique POUR et
AVEC piano". Phillipe Cassard a déjà enregistré nombreux disques d'oeuvres de Schubert , et un coffret de 6cd consacrés à 8 émissions sur Schubert.
Quant à Cédric Pescia, son complice de longue date, qui interprète avec lui les autres pièces, pour piano à quatre mains, il confiait en 2008 :" J'ai
une grande passion pour Schubert, Bartok, Chopin et Janacek ; tous les
quatre ont écrit une musique qui a une forte couleur " locale
" (pour ne pas dire " folklorique ") mais qui touche
néanmoins à l'" universel" .
Nouveau :
Paru en février 2010
Johannes Brahms
Klavierstücke opus 116- 119
Philippe Cassard
Après un disque et un livre consacrés tous deux
à Schubert, le pianiste Philippe Cassard a choisi d'enregistrer
les dernières oeuvres pour piano seul de Johannes Brahms
car il trouve, explique-t-il dans l'interview ci-dessous, des
correspondances plus ou moins souterraines entre le Schubert de
1828, à l'orée du grand romantisme allemand, et
ces vingt pièces ultimes délivrées par Brahms.
Si les deux derniers de ces quatre opus s'appellent Klavierstücke,
le premier se nomme "Fantasien" et le second "3
Intermezzi" et en fait quatorze de ces pièces sont
des "Intermezzo" y compris des pièces du recueil
"Fantasien" , trois autres des "Capriccio",
auquelles s'ajoutent : une " Ballade" , une "Romanze"
, et une "Rhapsodie"... des noms qui n'aident pas vraiment
à se retrouver spontanément dans ces pièces
et c'est effectivement comme un tout ..."Un trésor
de chefs d'oeuvres inépuisables" selon Clara Schumann,
qu'il est préférable de considérer ces 20
dernières pièces écrites par Brahms en deux
étés, cependant celles-ci ont des caractères
différenciés. Philippe Cassard en offre une interprétation
d'une belle clarté par son jeu qui en exalte le chant qu'il
soit de douleur, de rage, ou de sérénité...
dans une atmosphère intime, à l'image des vidéos
prises par Universal chez lui(voir plus bas). Le pianiste fêtera
bientôt, le 12 mars 2010, la 200ème de son émission
"Notes du traducteur"qu'il présente chaque
semaine sur France Musique, comme dans celle-ci il nous aide également
à mieux comprendre ces oeuvres ultimes en répondant
à quelques questions au sujet de ce nouvel enregistrement...cliquez
ici pour lire la suite et voir trois vidéos
Paru en
janvier 2008
Schubert
4 Impromptus opus 90
4 Impromptus opus 142
Du bist die Ruh (Transcription de Franz Liszt)
Liebesbotschaft(Transcription de Franz Liszt)
Dans ses réponses aux questions de pianobleu.com le pianiste
Philippe Cassard confiait il y a quelque temps : "Schubert
et Debussy restent deux compositeurs qui m'accompagnent continuellement"
et ce nouveau disque qui s'ajoute à trois précédents
autres enregistrements qu'il a déjà consacré
à ce compositeur confirme de nouveau, combien effectivement
Philippe Cassard est attaché à la musique de ce
compositeur. Son travail pendant des années avec la chanteuse
lyrique Christa Ludwig qu'il considère comme :" Une
artiste qui a chanté Schubert comme personne, avec une
intensité, une variété de couleurs et un
naturel qui m'ont appris davantage que bien des leçons
de piano !", n'est sans nul doute pas étranger
à sa passion pour la musique de ce compositeur. A son tour
il offre une interprétation très colorée
de ces Impromptus, valorisant les parentés de ces pièces
avec les Lieder, afin d'apporter un éclairage sur leur
nature profonde....cliquez
ici pour lire la suite
Robert Schumann
Fantasiestucke op.12
Scènes d'enfants op.15
Humoresque op.20
Philippe Cassard
Les couleurs nocturnes, noir et jaune, et l'original hochet
d'enfant (du 19ème siècle) , utilisés pour
illustrer la pochette, ainsi que le livret de ce disque( tableau
"Le soir de Caspar David Friedrich) sont très révélateurs
des oeuvres de ce disque. Celui-ci regroupe d'abord les deux seuls
recueils de Schumann dont les morceaux comportent un titre précis
(Fantasiestucke et Scènes d'enfants), où l'atmosphère
nocturne et/ou enfantine, chère à Robert Schumann,
se confirme d'ailleurs par ceux-ci (Au soir, dans la nuit, l'enfant
s'endort, rêveries...). Nuit ne signifie pas forcément
paisibilité avec Schumann, celui-ci avait dit à
Clara Schumann que le morceau qu'il préférait dans
l'opus 12 était précisément "Dans la
nuit", on peut se demander "pourquoi" car "Warum
?" est une véritable splendeur poétique et
lyrique, mais il est vrai que "Dans la nuit" qui n'a
rien d'un paisible nocturne, mais évoquerait plutôt
des ténèbres agitées, est très prenante
! Cette alternance de rythmes paisibles et plus rapides se retrouve,
à grande échelle, dans l'opus 20 (Humoresque) :
selon une autre lettre écrite à Clara, il l'aurait
composé "en riant et pleurant tout à la fois
...
Différentes humeurs que Philippe Cassard interprète
au son d'un piano particulièrement beau (légèrement
feutré, sans la moindre sonorité métallique).
Son toucher ne traduit jamais de l'énervement mais plutôt
la recherche de l'apaisement, et permet de percevoir le "calme
divin de l'enfance". Nul doute que Philippe Cassard, Directeur
artistique des Nuits romantiques du Lac du Bourget, baigne ici
"chez lui".
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits de ce disque
et/ou vous le procurer
Franz Schubert
Sonates pour piano en si bémol Majeur D960 et opus posthume
120 D664
Philippe Cassard interprète deux sonates de Schubert
qu'il affectionne particulièrement.
Ecoutez le piano chanter...
Télérama (2002)
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits
Claude Debussy
Préludes des Livres 1 et 2
Oeuvres pour piano
Ces pièces enregistrées sur un piano Bechstein
de 1898
à Fontelevraud dans une maison bourgeoise de 1900
et bien sûr le toucher exceptionnel de Philippe Cassard
expliquent les nombreuses récompenses attribuées
à cet enregistrement
.
Choc du Monde de la Musique (2002) ;
Télérama (2002)
Henri Demarquette , Philippe Cassard , David Grimal
Sur le bout des doigts
Musique du film de Yves Angelo
C'est Philippe Cassard qui se cache derrière les doigts
de Anne Sophie Latour (également pianiste promise à
un bel avenir mais le film exigeait un niveau de concertiste confirmé)
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits
Découvrir et écouter les autres disques interprétés par Philippe Cassard
cliquez
ici
A voir :
Portrait d'artiste : Philippe Cassard
A voir un extrait vidéo d'un nouveau DVd qu parait le 26 mai
Private music lessons: Nikita Magaloff; Pianist & Teacher
ce programme organisé comme un carnet filmé, chez le pianiste,
dans l'intimité de sa maison, raconte modestementles épisodes
de sa vie, et donne trois leçons devant la caméra. Ainsi
on le voit freiner les excès virtuose d'une étudiante
japonaise et avec tact corriger un de ses élèves au Conservatoire
de Genève (où il succéda à Dinu Lipatti
en 1949), lui rappelant que la pédale doit être utilisé
avec modération, le tempo souple, le rubato contrôlée,
et le phrasé analysé précisément. Tout cela
est en communication avec charme, de simplicité, et surtout le
tact d'un artiste expérimenté qui a longuement réfléchi
et a joué presque tout. Un homme avec un esprit ouvert: le XXe
siècle n'a pas de secrets pour lui. Près de Stravinsky,
Bartók et Prokofiev, intéressés par Boulez et Stockhausen.
Quelle que soit la période ou le style, son interprétation
combine toujours de rigueur et de raffinement.
parmi les élèves : Philippe Cassard
cliquez sur l'image ci dessus pour pré-commander le dvd
Prochains concerts
En concert
Samedi 19 novembre 2011
Corum, Montpellier
Debussy, Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré
Avec Natalie Dessay, soprano
Jeudi 23 février 2012
Victoria Hall, Genève
Debussy, Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré
Avec Natalie Dessay, soprano
Dimanche 26 février 2012
Salle Pleyel, Paris
Debussy, Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré
Avec Natalie Dessay, soprano
Mardi 28 février 2012
Halle aux Grains, Toulouse
Debussy, Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré
Avec Natalie Dessay, soprano
Dimanche 4 mars 2012
Londres, Wigmore Hall
Debussy, Duparc, Chabrier, Chausson, Fauré
Avec Natalie Dessay, soprano cliquez ici
pour en savoir plus
A lire
Le pianiste Philippe Cassard a récemment écrit un livre
sur un de ses compositeurs de prédilections : Schubert
Schubert petit lexique amoureux
Philippe Cassard
Pour le pianiste Philippe Cassard, Franz Schubert (1797-1828) est
bien celui qui, selon l'épitaphe du poète Grillparzer
"fit chanter la poésie et parler la musique". Cependant,
comment saisir en quelques mots le profond mystère schubertien
? Comment décrire l'intime le plus enfoui, la confidence glissée
dans un accord ? Comment faire ressentir l'hésitation d'un thème
à poursuivre sa route, la douleur nichée au creux d'un
silence ? En vérité, il faut peut-être chercher
les clés de cette musique dans les six cents poèmes que
Schubert a emplis et enrichis de la plus belle musique. L'étude
des lieder constitue donc la première étape de cette nouvelle
et très personnelle étude schubertienne. On y découvre
les horizons les plus vastes, des mots - Wanderer, Sehnsucht, schuhertiade,
Vienne, moderato, Nacht, des noms familiers - Vogl, Goethe, Seidl, Mayrhofer-,
des rythmes obsessionnels, qui nous conduisent naturellement vers l'ultime
Sonate en si bémol majeur D. 960, concentré, selon Philippe
Cassard, de l'uvre de Schubert. Une destination finale où
se fracassent tous les rêves, toutes les aspirations, où
se manifestent toutes les peurs. Comme chacun des volumes de la collection
Classica, ce Schubert est enrichi d'un index, de repères bibliographiques
et d'une discographie. (Présentation de l'éditeur)