Merci à Adam Laloum d'avoir répondu
aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Adam
Laloum est né le le 25 février 1987 à Toulouse.
Le piano est arrivé dans sa maison grâce à son frère
: " Je ne viens pas dune famille de musiciens, mais mes
parents ont tous deux de forts tempéraments artistiques. Pendant
mon enfance, jai beaucoup entendu de piano, cela ma évidemment
influencé. Curieusement, je nai commencé à
prendre des cours quà lâge de 10 ans. En réalité
j'a eu mon tout premier cours à 6 ans, mais jai abandonné
une heure après ; jétais un enfant plutôt
agité, je ne tenais pas sur ma chaise. A la fin Linda, le professeur
a donc dit à mes parents : « Je crois quil
nest pas fait pour la musique, du moins le piano »
. Jai ensuite appris le solfège, une pauvre année
de violon, je me suis lentement familiarisé à la musique.
Un jour est arrivé ma tante Hana, qui est venue nous rendre visite
durant un été. Elle est une très bonne amatrice
et a réussi en quelques jours à mapprendre les notes
de Für Elise (excusez-moi ce lieu commun), par mimétisme.
Javais les partitions en horreur, je crois que cétait
le seul moyen de me sensibiliser à la musique. Mais cela a suffit
à me piquer à vie. Sachant lire la musique, ayant fait
ce premier pas, je prenais toutes les partitions qui traînaient
sur le piano et déchiffrait des nouvelles pièces dès
que je rentrais de lécole. Cela a duré un an, de
9 à 10 ans . Je commençais à mintéresser
à des uvres importantes."
A l'âge de 10 ans, Adam Laloum décide lui-même
de prendre des cours de piano : "Je commençais à
toucher les limites de ma technique autodidacte. Je dirais que le premier
professeur à mavoir fait progresser réellement fut
Josette Bugnas, professeur plutôt stricte, mais dune grande
générosité. Cétait la première
personne qui ma réellement pris en main. Elle ma
préparé pour entrer au Conservatoire de Toulouse, jai
même continué à la voir « clandestinement »
pendant ma scolarité à Toulouse. En fait cest la
première personne qui a accepté (et contrôlé)
mes envies boulimiques de musique, tout en restant très exigeante
sur ma position au piano."
Adam Laloum poursuit ses études musicales au Conservatoire
à rayonnement régional de Toulouse : "Cela n'a
pas été une expérience évidente. Mon professeur
Daniel Beau avait un très fort caractère, il ma
aussi énormément appris. Ce fut peut-être le premier
à me sensibiliser sur la beauté du son, car comme tout
jeune musicien, je ne pensais quà jouer vite et fort jusquà
mon adolescence ! Il jouait extrêmement bien, avec un son
très généreux et une aisance plutôt déconcertante.
Cependant le contact était difficile, la plupart des élèves
au Conservatoire étaient forcés par leurs parents, et
je crois que curieusement, il ne sest pas non plus senti à
laise en voyant que jaimais ça, que javais
besoin de défis. Avec lui, jai fait pendant plusieurs années
des petites Etudes de Moszkowsky, ça me faisait perdre toute
patience. En cachette je travaillais des Ballades de Chopin, qui mexcitaient
infiniment plus! "
En 2002, il entre au Conservatoire national supérieur de musique
de Paris dans la classe de Michel Béroff. Durant ses années
détudes à Paris, il a eu la chance de travailler
avec des personnalités musicales telles que Daria Hovora, Jean
Mouillère, Claire Désert, Christian Ivaldi, Ami Flammer
ou Vladimir Mendelssohn. Adam Laloum obtient son diplôme de formation
supérieure de piano en juin 2006 et poursuit un cycle de musique
de chambre dans la classe de Claire Désert et Ami Flammer."
La musique de chambre, a été sans doute la plus belle
occasion de retrouver le goût à la musique que j'avais
un peu perdu avec mes professeurs de piano au CNSMP. Jean Mouillère,
Daria Hovora et Claire Désert sont des être humains qui
mont énormément aidé et encouragé
chacun à leur façon pendant ma scolarité à
Paris (et qui continuent !). Claire Désert est très
à lécoute, exigeante, ouverte et très généreuse,
jai rencontré beaucoup de gens grâce à elle.
Javais enfin le sentiment de savoir pourquoi je me trouvais ici,
dans cette grosse machine, qui brasse un nombre incroyable de personnalités
différentes. Je commençais à trouver ma place petit
à petit Mais je crois que les points les plus positifs
de mes années au CNSM sont les amis que jy ai rencontrés,
partenaires de musique de chambre pour la plupart."
Adam Laloum a également bénéficié des
conseils de Jean-Claude Pennetier : " Il sest occupé
de moi pendant quelques années. Je lai rencontré
à lAcadémie Ravel en 2007. Pendant ce séjour
à St-Jean-de-Luz, mon idée de la musique et du rôle
de linterprète a pris une toute autre dimension lorsque
jai vu Jean-Claude Pennetier jouer pendant les concerts qui sy
déroulaient. Jai compris à ce moment le sens du
mot « vocation »."
Et actuellement, en 2011, il étudie avec Evgeni Koroliov : "
Je considère que c'est une chance car ce grand artiste nous
guide vers un idéal artistique extrêmement élevé
de sensibilité, dintelligence et dhumilité.
Lui-même cumule un nombre de talents incroyable que je navais
jamais vu chez un musicien auparavant. Cest un véritable
poète."
Adam
Laloum est lauréat de la Fondation de France en 2006, lauréat-boursier
de l'Adami pour la saison 2007-2008 et également lauréat
de la Fondation Groupe Banque Populaire. Il a remporté le 1er
prix et le prix du public du prestigieux concours international 2009
Clara Haskil, à Vevey, en Suisse. .." Evidemment, la
récompense qui fut la plus importante, cest le Concours
Clara Haskil. Je me suis présenté comme la plupart des
jeunes pianistes, pour me tester, savoir si je pouvais supporter la
pression, et pour écouter un peu les autres, me faire une idée
du niveau général des pianistes de ma génération.
Mon rythme de vie a changé depuis septembre 2009, cest
« leffet concours » qui fait que pendant
quelques temps encore, je vais devoir assurer un nombre de concerts
beaucoup plus important que ce que javais coutume de faire. Le
répertoire solo en récital et avec orchestre prend une
place prépondérante depuis un an et demi, chose à
laquelle je ne métais pas préparé avant de
passer ce concours. Cest une occasion délargir mon
répertoire et de multiplier des expériences sur scène,
avec tout ce que ça comprend davantages et dinconvénients."
Interrogé sur son désir de passer ou non d'autres concours
et ce qu'il pense de ceux-ci en général, Adam Laloum répond
: "Pour ma part, je nai pas lintention de passer
dautres concours, ce fut une expérience très dure,
plutôt déconnectée de la réalité du
concert, je ne me vois pas faire ça une deuxième fois.
Jai eu beaucoup de chance à Vevey, ça me suffit.
Les concours peuvent être un tremplin formidable pour des jeunes
musiciens. Cest un fait, le niveau instrumental devient de plus
en plus élevé, et les talents se distinguent plus difficilement
quà lépoque où Martha Argerich raflait
tous les 1er prix. Laccent est mis sur la solidité et la
régularité, car il faut assurer un bon nombre de concert
après le concours. Si ces « qualités »
ne sont pas de pair avec le talent, alors je trouve cela vain. Peut-être
je me trompe, mais après avoir discuté avec mes amis musiciens,
je trouve quon oublie vite que la fragilité est une qualité
encore plus grande, lorsquelle est mise en musique. Pour le jury
cest un risque, une personnalité telle quAlfred Cortot
aurait du mal à survivre dans le monde musical actuel. Je trouve
cela dommage, en fait cest criminel ! Evidemment lépoque
dans laquelle nous vivons exige une grande solidité mentale,
mais Schumann est mort fou, Chopin était très dépressif,
et je crois que pour être un bon interprète, il faut une
sorte dempathie, essayer de pénétrer dans le monde
des compositeurs, cela demande beaucoup dintelligence et de sensibilité.
Les expériences de la vie (intérieure ou extérieure)
sont très importantes, elles font les interprètes que
nous sommes. Il me semble que parfois, on perd le sens des priorités,
la dimension artistique de notre métier, bien que nous ne soyons
que des interprètes."
Passionné de musique de chambre, Adam Laloum a la chance de
se produire régulièrement en chambriste et en soliste
en France (Orangerie de Sceaux, la Roque d'Anthéron, l'Epau,
la Grange de Meslay, Musiques d'été à Toulouse...)
ou à l'étranger (tournée au Mexique avec le Concerto
en ré mineur de Bach, concerts en Jordanie. Il joue aussi parfois
avec des orchestres et apprécie tout autant chaque type de concert
: '"Il peut y avoir de très bons moments (également
des plus mauvais) dans nimporte quelle formation. En tant que
pianiste, je nai pas à me plaindre de la grandeur et la
beauté du répertoire dans toutes ces formations. Il est
vrai que le récital permet généralement une immersion
plus grande de linterprète. Mais le partage de la musique
de chambre est aussi une expérience unique. Le concerto a quelque
chose de plus narcissique, mais la beauté de certains concertos
font oublier cette place de « prima donna », on
devient une partie de la musique, un peu comme en musique de chambre."
Adam Laloum ne souhaite pas se spécialiser dans un répertoire
" Il est vrai que je préfère mimmerger
dans un compositeur, pour essayer de mieux le comprendre, travailler
plusieurs uvres dun même compositeur, me pencher sur
certains écrits. Je ne crois pas que ça soit obligatoire,
mais ça mintéresse et curieusement, ça influence
mes idées Evidemment, pour certains compositeurs, la vie
est trop courte pour saisir le haut degré artistique, ou la quantité
(ou les deux !) duvres composées mais qui sommes-nous
pour prétendre mieux connaître un répertoire ou
un compositeur mort il y a plus de 150 ans quun autre ? Je
pense que Mozart ou Schubert, du haut de leur panthéon, samuseraient
beaucoup de voir certains de leurs « spécialistes » !
Depuis que je fais du piano, jai tellement changé dopinions
sur beaucoup compositeurs et jespère encore en changer.
Jouer avec son cur, cest déjà pas mal "
De même qu'il joue avec son coeur, Adam Laloum confie qu'il
travaillle..."sans méthodes particulières, cest
assez instinctif. Les partitions que je travaille exigent souvent des
qualités très différentes. Jessaie de rester
ouvert à ces uvres, Mais disons que les grandes étapes
sont toujours un peu similaires : je découvre, jessaie
de comprendre, de donner forme. Une fois que les choses prennent forme,
jaffine mon travail. Je suis incapable de répéter
systématiquement un passage, ça me rend nerveux, je ne
suis pas patient. Même si je ne le fais pas à chaque fois,
je reste convaincu que le travail sans linstrument est nettement
plus productif, il évite bien des erreurs systématiques
liées à notre jeu, notre façon de faire sonner
linstrument. Je crois que nous aimons tous quand la musique est
jouée naturellement, je fais donc tout mon possible pour préserver
ce naturel, qui nous échappe si souvent et que lon peine
à retrouver. Un naturel déjà faussé à
la base par nos connaissances et nos névroses Souvent ce
naturel narrive quaprès des heures de « prises
de tête » avec la partition, cest un moment plutôt
gratifiant dans le travail dinterprétation."
Actualités 2012
Le pianiste Adam Laloum nommé aux Victoires de la musique
classique. Votez pour lui bien sûr ! L'Académie des
Victoires de la Musique Classique a désigné trois artistes
dans la catégorie "Révélation Soliste instrumental"
et trois artistes dans la catégorie "Révélation
Artiste lyrique". Un concert des Révélations a été
enregistré par France Musique à Radio France le 5 janvier
2012 afin de nous guider dans nos choix. Le vote internet a lieu du
vendredi 13 janvier à 12h au dimanche 12 février à
20h . Les deux lauréats désignés par le vote du
public recevront une Victoire le 20 février 2012 lors des 19è
VICTOIRES DE LA MUSIQUE CLASSIQUE diffusées en direct du Palais
des Congrès de Paris à partir de 20h35 sur France 3 et
France Musique. Parmi eux : le pianiste Adam Laloum , les deux autres
solistes étant une harpiste et un... tubiste (joueur de tuba)
...donc deux instruments beaucoup moins courants que le piano qui auront
ainsi l'occasion de se faire apprécier... mais bon en tant qu'amateur
de piano vous devinez pour qui il faut voter...
Le tubiste a gagné...
no comment ... Actualités 2013
Nouveau disque : Robert Schumann , à voir ci-dessous
Ecouter...
Robert Schumann
Adam Laloum, piano
Grande Humoresque opus 20
Sonate n°1 opus 11
Alors que viennent de se terminer les épreuves du concours international de Piano Clara Haskil, paraîtra le 24 septembre 2013 ce disque enregistré par Adam Laloum , pianiste qui a précisément obtenu le premier prix et le prix du public de ce concours en 2009. Depuis il a enregistré un disque consacré à Brahms paru aussi sous le label Mirare, et s'il n'a pas l'intention de se spécialiser dans un répertoire, ainsi l'indiquait -il lors d'un entretien pour piano bleu, c'est aujourd'hui au compositeur sans doute le plus proche de Brahms que ce nouvel enregistrement est consacré, avec deux oeuvres de Robert Schumann qui, comme leurs titres ne le montrent pas, sont en fait deux impressionnantes et splendides Fantaisies, ancrées également dans le romantisme allemand....cliquez ici pour lire la suite et écouter un extrait.
Johannes Brahms
Pièces pour piano
Variations sur un thème original en ré majeur opus
21 n°1
Huit Klavierstücke opus 76
Deux Rhapsodies opus 79
Trois Intermezzi opus 117
Adam Laloum, piano
Le pianiste Adam Laloum n'a pas eu un parcours traditionnel,
sa première rencontre avec le piano à l'âge
de six ans n'a duré qu'une heure, le professeur ayant rapidement
jugé qu'il n''était pas fait pour jouer de cet instrument
parce qu'il était... trop agité !
Heureusement quatre ans plus tard une personne de sa famille a
trouvé le moyen de canaliser cette agitation puisqu'il
s'est alors mis à apprendre tout seul simplement après
avoir jouer avec elle la "Lettre à Elise"
de Beethoven. Adam Laloum a ensuite travaillé avec d'autres
professeurs qui n'ont pas non plus toujours été
sur la même longueur d'onde que le jeune homme que l'on
devine certes d'une forte personnalité puisqu'il confie
à l'occasion d'un entretien pour la sortie de ce disque,
qu'il ne fonctionne que instinctivement, jouant avec son coeur,
et sans appliquer de méthodes rigoureuses, mais à
long terme ce caractère se révèle, faut-il
s'en surprendre, plus un atout qu'un défaut pour interpréter
des oeuvres au piano. Parmi ses professeurs d'ailleurs quelques
uns ont su, confie-t-il, le réconcilier avec la musique,
ainsi la pianiste Claire Désert qui a sorti en début
d'année un disque également consacré à
des oeuvres de Brahms et Robert et Clara Schumann, c'est donc
avec l'un de ses élèves, dont le talent est aujourd'hui
reconnu , il est notamment lauréat du premier prix au concours
Clara Haskil en 2009, que le label Mirare a choisi de compléter
ses enregistrements de ce compositeur qui était à
l'honneur lors de la dernière Folle journée de Nantes.
A écouter ce disque Brahms, et à voir le pianiste
en concert, l'on mesure le chemin parcouru par Adam Laloum depuis
cette anecdote de son enfance, car les oeuvres qu'il a choisies
ont majoritairement un caractère plus méditatif
qu'expansif, ainsi que ce soit dans les Variations opus 21
n°1, écrites par Brahms à 24 ans, soit
l'âge actuel d'Adam Laloum, et que le compositeur qualifia
lui-même de "Variations philosophiques"
d'un "nouveau style plus strict et plus pur"
qui n'ont rien d'extraverti, ou les Huit Klavierstücke opus
76 "qui laissent place aux paysages intérieurs
, au monde clos où domine la rêverie et la mélancolie",
ainsi l'explique Rodolphe Bruneau-Boulmier, auteur du livret,
et encore dans des oeuvres plus tardives tel l'opus 117 écrites
au soir de la vie du compositeur et où " même
un auditeur serait de trop pour cette musique - non du secret,
mais du mystère car on ne sait pas ce qui se cache derrière
: angoisses métaphysique, sans doute, exploration du silence
certainement".
Oeuvres intimistes certes mais dans lesquelles se cache une forte
agitation extérieure en fait très contenue que certains
épisodes au caractère orageux ou passionné
laisse deviner... Agitation également parfois plus extériorisée
ainsi dans les deux Rhapsodies de l'opus 79 dans lesquelles
un ami de Brahms, Theodor Billroth y voyait le retour du "Johannes
Brahms et tempétueux"(voir plus bas une vidéo).
Le très romantique Cappricio n°1 de l'opus 76 offert
par Brahms à Clara Schumann que vous pourrez écouter
également est un parfait exemple d'agitation toujours très
présente mais retenue. Clara Schumann parait-il le trouvait
"très difficile", car c'est un périlleux
exercice d'équilibre à atteindre entre les envolées
et les chutes, tout se trouve entre le souffle et les retombées
explique encore Rodolphe Bruneau-Boulmier. Assurément Adam
Laloum trouve ce juste équilibre sonore et maîtrise
aujourd'hui comme un roi dans son propre pays toute agitation
au piano dans une interprétation touchante où la
douce rêverie poétique exprimée avec talent
écarte toute violence naissante traduite avec une énergie
controlée tout à fait convaincante ! Il a bien voulu
répondre, en complément à des questions sur
son parcours, à quelques autres questions sur son disque
... cliquez
ici pour lire la suite et écouter un extrait
Si vous n'avez pas vu ce concert sur internet lors
de sa diffusion gratuuite en 2010 sachez qu'il vient de sortir un dvd
du concert au Verbier Festival 2010 - Adam
Laloum .
Au programme :
Brahms: Intermezzo in B flat minor, Op. 117 No. 2
Debussy:
Préludes -livre 2: No. 6, General Lavine - excentrique
Préludes -livre 2: No. 7, La terrasse des audiences au clair
de lune
Schubert: Piano Sonata No. 18 in G major, D894
Schumann: Davidsbündlertänze, Op. 6
cliquez sur l'image pour vous le procurer
A voir un extrait