Manuel Rocheman
Merci à Manuel Rocheman d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie résumée
Manuel
Rocheman est né à Paris le 23 juillet 1964. Il compte
de nombreux musiciens dans sa famille, ceux-ci lui ont donné
goût à la musique par son côté conviviale
: "Ma mère joue de la viole de gambe qu'elle a enseigné
au conservatoire d'Angoulême, elle a réalisé des
enregistrements et s'est produite pendant des années dans des
petites formations de musique baroque, elle continue de se produire
d'ailleurs, elle a fait plusieurs tournées internationales dont
trois au Japon, mon beau-père joue du hautbois baroque et en
fabrique, jai une tante violoniste, mon père joue un peu
de guitare, il est surtout comédien et jai un frère
qui joue du piano en amateur. Mon grand-père maternel jouait
de la flûte, ma grand-mère du piano qu'elle a enseigné
à Bayonne, je me souviens, enfant, de leurs réunions dominicales
où avec quelques amis musiciens ils jouaient de la musique de
chambre, Mozart, Schubert, Beethoven, Brahms, Schumann, pas très
jazz tout ça, mais très beau, et le côté
convivial me touchait particulièrement car on mangeait des bons
gâteaux lors de la pause. Une dame d'un certain âge, Mme
Minvielle nous apportait des sucettes, des bonbons. Mon grand-père
transcrivait pour tous types de formations de chambre (par exemple trio
cor, flûte et violoncelle) des opéras entiers ou toute
uvre de musique de chambre écrites à l'origine pour
un instrumentarium qui ne convenait pas à la formation dominicale."
Manuel Rocheman a commencé à prendre des cours de piano
classique à lâge de six ans mais, aux cours "étranges"
de son professeur, il préfère la musique de sa baby-sitter
: "Je n'étais pas très attiré par le classique,
je trouvais étrange les mouvements de bras et de poignet quessayait
de mapprendre mon premier professeur. Je n'aimais pas travailler
le piano, je voulais juste jouer. Je jouais plutôt des boogie-woogie
et autres thèmes de jazz que mavait appris ma baby-sitter
Marianne Snyder qui était noire américaine et qui chantait
le blues et le gospel et connaissait bon nombre de standards de jazz.
Elle était une amie de « Philly Joe » Jones. Puis
un peu plus tard lorsque jai écouté Oscar Peterson
jai immédiatement été séduit par la
grande liberté dexpression, de swing, et par son jeu harmonique
et technique très développé, et son toucher qui
n'a rien à envier à un pianiste classique ."
Par la suite Manuel Rocheman a travaillé au C.N.R. de Paris
avec Alberto Neuman, ce qu'il estime une grande chance :"Un
de mes pères, disciple dArturo Benedetti Michelangeli,
qui a su mapprendre à perfectionner ma technique pianistique
qui était loin d'être brillante lorsque je lai rencontré.
Il ma appris à faire le legato avec les oreilles et sans
pédale, une de ses définitions du legato: « le legato
c'est staccato mais lié », ainsi que les gammes et arpèges
à cinq doigts, il ma fait aussi beaucoup travailler la
méthode de Liszt. Il a une conception révolutionnaire
pour jouer Bach avec l' Urmélodie, c'est à dire faire
ressortir tous les thèmes cachés et il a aussi une vision
du monde digne du roman de science-fiction qui est un de ses livres
de chevet : Au seuil du futur de Howard Fast. Il me parlait souvent
de Gieseking qu'il avait connu, de la façon qu'il avait de mémoriser
la partition sans piano et aussi de pianistes comme Vladimir de Pachmann
qui était excentrique et se mettait à travailler ses gammes
pendant les concerts, s'arrêtant de jouer si le chapeau d'une
dame le gênait... Alberto est plein d'humour, il disait toujours
: "les ennemis sont beaucoup plus importants que les amis car ils
nous font avancer" et "l'élève avocat, l'élève
banquier et l'élève médecin sont toujours les meilleurs
élèves !". Je me souviens d'une de ses maximes :
"nous travaillons pour tuer le temps et le temps travaille pour
nous tuer" et aussi : "méfie-toi de ce que tu veux,
tu l'auras ! ". Un des grands moments du cours était la
promenade de "Péché" son chien. Alberto m'a
beaucoup aidé, très généreux, il m'a fait
travailler un nombre incalculable d'heures en dehors du cadre du CNR
sans jamais me demander le moindre centime. Je vous recommande son site
: http://alberto.neuman.free.fr/"
Le pianiste Bob Vatel, qui l'invite à venir faire "le
buf" dans des clubs de Jazz à Paris dès l'âge
de douze ans, a également beaucoup apporté à Manuel
Rocheman :"Bob a été un père pour moi,
il était très généreux et passionné,
il mamenait là où il jouait et minvitait toujours
à un moment de sa prestation pour me présenter au public,
jétais fier de pouvoir jouer en public et surtout dêtre
soutenu par un grand musicien. Il connaissait beaucoup de pianistes
de jazz américains, Count Basie, Oscar Peterson que jai
rencontrés grâce à lui, Tommy Flanagan qui est devenu
un de mes amis, Jaki Byard qui était son « frère
» et beaucoup dautres. Bob avait une formation classique,
il avait travaillé avec Arthur Schnabel à Berlin avant
la guerre, puis était parti en Afrique du Nord lorsque la guerre
s'est déclenchée, c'était un inconditionnel de
Tatum, il se produisait à Radio Alger où Martial Solal
venait l'écouter en culottes courtes. Il est ensuite retourné
en France. Bob était excentrique, amateur de calembours, un bon
vivant, il a su m'entendre et me comprendre à un moment de ma
vie où régnait une certaine confusion."
Manuel Rocheman suit des cours d'écriture et de percussion
au Conservatoire. Parallèlement il travaille avec les pianistes
de Jazz Gabriel Garvanoff et Michel Sardaby : "Gabriel Garvanoff
avait un jeu très stylé, influencé par Erroll Garner,
il ne m'a pas réellement appris à improviser il était
plutôt soucieux de m'apprendre à jouer comme lui, je copiais
donc ce qu'il faisait, ce qui a considérablement développé
mon oreille, et le résultat était que je jouais des morceaux
dignes d'un professionnel alors que je n'avais que 14 ans. Quant à
Michel Sardaby, un de mes autres pères , il m'a appris à
construire, il a fait table rase de mes petites habitudes et facilités
que j'avais lorsque je l'ai rencontré, je devais devenir à
la fois mon propre chef d'orchestre, batteur, bassiste, soliste, bref
j'ai pris peu à peu conscience du rôle que chaque paramètre
doit avoir au sein de l'expression musicale. Une leçon d'humilité
et de rigueur. Michel est un véritable pédagogue, il a
également des dons de médium, pourrait-on dire."
En 1980, à l'occasion d'un séjour à New-York,
il rencontre Tommy Flanagan et Jaki Byard qui l'encouragent fortement
:"J'étais avec mes parents qui partaient visiter les
musées, je leur faussais compagnie (avec leur accord) pour aller
chez Tommy Flanagan et Jaki Byard, qui m'ont reçu à bras
ouverts, amené dans les clubs, j'ai même croisé
la baronne Pannonica de Koenigswarter en compagnie de Tommy Flanagan
lors d'un concert de Barry Harris au Symphony Space Theater sur Broadway.
Par la suite je suis retourné souvent à New-York".
Cette même année il est présenté à
Martial Solal par Bob Vatel et en devient l'unique élève
: "J'ai travaillé pendant un an et demi à raison
d'un cours par mois. Il ne donnait pas de cours mais j'ai eu la chance
qu'il accepte de s'occuper de moi. Il ne s'est jamais mis au piano en
me disant joue comme-ci ou comme-çà, mais au contraire,
il m'a incité à improviser le plus possible en cherchant
de nouvelles idées et en les notant lorsqu'elles en valaient
la peine. J'ai pu grâce à lui me forger un vocabulaire,
chose qui me manquait à l'époque, il m'a appris à
utiliser un domaine harmonique plus large que celui habituellement employé
dans le Jazz. A cette époque Martial composait son répertoire
pour big-band, je me souviens des premiers concerts. J'étais
fasciné, la richesse de l'écriture et de l'invention étaient
à l'image de son jeu de piano."
Manuel Rocheman remporte nombreux prix : meilleur pianiste français
au concours international de Piano Jazz Martial Solal en 1989, en 1991
le Prix du meilleur disque décerné par l'académie
du jazz pour son premier CD Trio Urbain., en 1992 le Django d'Or du
meilleur disque français pour son deuxième CD White Keys,
en 1998 le Prix Django Reinhardt de l'Académie du Jazz qui récompense
le meilleur musicien de l'année..."Les prix, ça
ne sert pas à grand chose en soi mais ça fait toujours
plaisir de les recevoir, je crois surtout qu'ils rassurent les journalistes
et une partie du public, comme s'ils ne pouvaient faire confiance à
leurs oreilles ! En tout cas ça permet de se faire remarquer,
il faut essayer cependant d'échapper au culte du prix et se rappeler
toujours que Ravel n'a pas obtenu le prix de Rome malgré plusieurs
tentatives. A sa place d'illustres inconnus ont été "prix
de Rome"." La Fondation BNP Paribas, l'un des rares mécènes
présent sur la scène du jazz, a accompagné le développement
de sa carrière depuis 1995.
Manuel Rocheman donne de nombreux concerts..."Les meilleurs
concerts sont ceux où l'on arrive à communiquer profondément
avec le public, on est porté par une sorte de grâce divine,
ça n'arrive pas tous les jours. " et tous ceux à
venir lui tiennent à cur : "J'aime beaucoup ceux
avec Patrice Caratini et son Jazz Ensemble car je suis plongé
dans un son d'orchestre puissant, il y a là une force et une
énergie que transmettent Patrice avec son écriture et
la présence de tous les membres de l'orchestre qui sont tous
de grands musiciens. J'aime beaucoup mes duos avec Olivier Ker Ourio,
je déplore juste qu'on ne joue pas plus souvent ! Et les duos
avec Sara Lazarus et Laurent Naouri. Prochainement je joue pour la sortie
de l'album « Mingus Spirit » de Jacques Vidal sur lequel
on peut m'entendre en compagnie de Pierrick Pedron, Eddie Henderson,
Eric Barret, Frédéric Sylvestre, Simon Goubert, Daniel
Zimmermann et Jacques Vidal."
Manuel Rocheman est également enseignant au Centre des Musiques
Didier Lockwood, une activité dans laquelle il espère
transmettre l'amour de la musique car pour lui... " Ce qu'on
peut apporter à un élève est proportionnel au degré
de sa motivation, je ne crois pas trop que la musique soit entièrement
accessible à quelqu'un qui ne manifeste pas un désir profond
d'apprendre. On peut bien sûr ouvrir des portes, montrer et expliquer
beaucoup de choses, mais au fond l'amour pour la musique restera le
principal moteur qui fera avancer l'élève.".
..Amour de la musique qui semble se perpétuer dans sa famille
puisqu'il confie que ses enfants apprennent la musique :"Ma
fille fait du piano, de la percussion classique, de la batterie et chante
et mon fils joue du violoncelle et de la guitare. Ils suivent tous deux
le cursus classique au conservatoire et les classes à horaires
aménagés musique au collège et lycée."
Ses compositions/ improvisations...son inspiration
Très
nombreux sont les musiciens qui ont fait appel au talent de Manuel Rocheman
: Olivier Ker Ourio , Sara Lazarus, Anthony Ortega , Sylvain Beuf, Al
Foster et Aldo Romano, George Mraz et Kyle Eastwood, Scott Colley, Antonio
Sanchez...pour n'en citer que quelques-uns, des rencontres indispensables
à Manuel Rocheman pour nourrir sa musique : "La musique,
et particulièrement le jazz, se nourrit de rencontres, chaque
musicien a quelque chose en lui que n'a pas l'autre, et vice-versa,
la rencontre permet d'échanger, ce qui nourrit l'improvisation,
tout cela ne peut se faire sans l'écoute et le respect du ou
des partenaires musicaux du moment. On grandit toujours de la rencontre."
Manuel Rocheman a également réalisé la musique
de films :"J'ai réalisé quelques musiques sur
des films muets, notamment « l'honneur du nom » de King
Vidor, et j'ai souvent improvisé sur des films muets lors de
ciné-concerts, j'aime bien cette formule, la réaction
immédiate qui se produit en fonction de ce qui se passe à
l'écran. Je n'ai pas composé de musique sur des longs
métrages actuels ou récents, c'est dommage car il y a
là une rémunération financière nettement
plus avantageuse que lorsqu'il s'agit de cinéma muet. Mais l'argent
ne fait pas le bonheur..."
Si Manuel Rocheman reste silencieux sur ce qui caractérise
sa musique, sa longue évocation de ses musiciens de références
donne une piste pour comprendre sa sensibilité musicale : "Oscar
Peterson : l'un des pianistes les plus complets. Le maître absolu.
Mon "initiateur" et père spirituel. Martial Solal :
un de mes pères, un ovni, une particularité étonnante,
une maîtrise entière du piano. Magistral. Très proche
de Peterson, pas par les notes, mais par l'utilisation du "piano
total". Phineas Newborn Jr: un sens du phrasé exceptionnel
et un des rares pianistes à beaucoup utiliser l'unisson à
deux octaves d'écart, ce qui est peu fréquent avec tant
de naturel. Bill Evans : une esthétique très séduisante
et très profonde à la fois, un des pianistes les plus
copiés sans jamais être égalé. Un univers.
Keith Jarrett: un très beau son et une belle esthétique,
très inspiré, il peut m'emmener très loin. Tete
Montoliu : j'aime beaucoup son phrasé très ciselé,
un jeu original, reconnaissable entre mille. Clare Fischer : un
sorcier de l'harmonie et fou de musique brésilienne et latin
jazz. Une mine d'or pour les trouvailles harmoniques. Michel Petrucciani :
ultra mélodique, chantant, il va à l'essentiel. Chick
Corea : très inventif et énergique, j'aime son jeu
toujours inspiré. Herbie Hancock : superbe improvisateur
en perpétuel renouvellement notamment chez Miles.
Mais c'est auprès de...guitaristes qu'il puise surtout son inspiration,
ainsi que quelques compositeurs de musique classique :" George
Benson, Toninho Horta, Guinga, Dori Caymmi, Sylvain Luc, Nelson Veras.
Je pense que la guitare à un très haut niveau permet de
penser la musique d'une des plus belles façons qui soient. Puis
bien sûr : Bach, Chopin, Scriabine, Ravel, Debussy, Rachmaninov,
Prokofiev et Bartok, pour n'en citer que quelques uns. " .
A cette liste il convient d'ajouter celle de musiciens brésiliens
qu'il apprécie également beaucoup :: Jobim, Elis Regina,
iVan Lins, Toots Thielemans dans ses Brasil projets, Toninho Horta,
Guinga, etc...Autant de musiciens nourrissant son inspiration tant en
solo qu'en formation, formes qu'il aime autant l'une que l'autre..."Le
solo est très rigoureux et relève presque du « challenge
» car tenir un public (de jazz !) pendant une heure et quart,
seul sur scène avec son piano et sa musique, n'est pas une mince
affaire, il faut être un minimum « habité ».
En petite formation ou grand ensemble le problème se pose un
peu moins dans la mesure où toute l'attention n'est pas centrée
sur une seule et même personne. Cela dit il vaut quand même
mieux que l'inspiration soit toujours au rendez-vous !"
Manuel Rocheman a enregistré nombreux disques, ainsi sont sortis
en ce début d'année 2007, un disque au nom piquant "Cactus
dance " (voir plus bas) et un duo avec Laurent Naouri :"Laurent
qui est un ancien camarade de lycée m'a contacté il y
a quelques années en vue de ce projet. Nous avions une prof de
musique en commun au lycée, Annick Chartreux, qui a marqué
d'une certaine manière à notre parcours musical)".
Il connaît Bill Evans et le jazz mieux que certains jazzmen !
Il est d'une grande rigueur et avec sa voix il peut tout faire. Peu
à peu on s'est mis à jouer ensemble, d'abord pour nous,
puis ensuite sur une scène, c'est venu tout naturellement. Et
nous venons de sortir cet album. ". Il est possible qu'un autre
disque sorte bientôt car Manuel Rocheman aimerait bien enregistrer
avec son trio français en compagnie de Mathias Allamane (contrebasse)
et Matthieu Chazarenc (batterie)...
Actualité 2010 : c'est chose faite : à voir plus bas
le disque du trio Manuel Rocheman Mathias Allamane et Matthieu Chazarenc
Actualité 2013 : Nouveau disque : Café & Alegria
Manuel Rocheman meets Toninho Hora
Écouter...
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Café & alegria
Manuel Rocheman, piano
Toninho Horta, guitare,voix
Yuri Popoff, basse électrique
Marcio Bahia, batterie, percussions
Chico Amaral, saxophone soprano
De nouveau un "disque du moment" qui offre un voyage
vers l'amérique latine, et l'on ne s'en plaindra certes
pas, avec ce nouveau disque du pianiste de jazz Manuel Rocheman
. Celui-ci est fan de la musique brésilienne depuis de
nombreuses années et notamment de celle de Toninho Horta,
d'ailleurs son disque "Cactus" sorti en 2007
comportait un arrangement d'une composition de ce guitariste compositeur
brésilien. A l'occasion d'un nouvel entretien pour la sortie
de ce disque Manuel Rocheman explique qu'il apprécie particulièrement
les progressions harmoniques et le sens de la mélodie de
Toninho Horta...cliquez
ici pour lire la suite et écouter des extraits
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Paru en 2010
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Tribute to Bill Evans
The touch of your lips
Manuel Rocheman, piano
Mathias Allamane, contrebasse
Mathieu Chazarenc, batterie
Après s'être frotté, il y a déjà
quelques années, aux piquants du Cactus dans son précédent
disque, le pianiste Manuel Rocheman a choisi de prendre un risque,
comme il les adore, en rendant un hommage à Bill Evans
à travers des morceaux composés par Evans lui-même
mais aussi en ajoutant ses propres compositions et enfin des standards
du jazz que Bill Evans aimaient jouer. Ainsi le titre du morceau
qui donne aussi son titre à l'album "The touch
of your lips" n'a pas été composé
par Bill Evans mais est à l'origine une chanson de Ray
Noble que Bill Evans a joué en accompagnement du chanteur
Tony Bennett (en écoute plus bas dans cette page) mais
aussi repris dans d'autres formations instrumentales. Un titre
forcément très lyrique puisque issu d'une chanson,
et Manuel Rocheman a aussi précédemment déjà
fait le tour de cette matière puisqu'il a enregistré
un disque avec le chanteur baryton Aldo Naouri : "Round
around Bill" mais où ce titre "Touch of
your Lips" ne figurait pas.
Cette fois Manuel Rocheman qui depuis longtemps avait envie
de jouer avec Mathias Alamane et Mathieu Charazenc, ainsi l'avait-il
confié dans son précédent interview, a donc
choisi de jouer dans une formation qu'affectionnait aussi Bill
Evans : en trio jazz classique piano, contrebasse, batterie. Une
formation qui convient parfaitement pour respecter la qualité
essentielle de la musique de Bill Evans telle la décrit
Manuel Rocheman dans la présentation du disque : "Chanter
au piano, pas seulement jouer des notes mais construire de belles
mélodies, Bill Evans le plus européen des pianistes
de jazz a superbement réuni Scriabine, Chopin, Ravel, Satie
et le jazz, soit les musiques européenne et afro-américaine.
Il incarne une forme de romantisme en jazz mais couplée
avec la nervosité et la richesse du bop. Ses phrases sont
toujours subtiles, élégantes et toujours chantantes,
produites grâce à une expressivité maximale,
sans jamais deffets. Bill Evans ma beaucoup inspiré
et je tiens ici à lui rendre hommage ". Une musique
qui l'a beaucoup accompagné, qui a mûri en lui et
l'a effectivement inspiré ainsi peut-on le mesurer plus
précisément dans les quatre compositions personnelles
de Manuel Rocheman qui d'ailleurs se montre aussi romantique puisque
l'une d'elle "For Sandra" est dédiée
à sa compagne (qui ne sera donc aucunement jalouse de celles,
fantomatiques, figurant sur la pochette), mais est très
différent d'une autre : "Rythm changes"
où la nervosité prend le dessus.
Les deux autres compositions de Manuel Rocheman " "Daniel's
waltz" et "La valse des Chipirons" sont toutes
deux, comme leurs titres l'indiquent, des valses... Une musique
qui chante voire danse aussi donc. Les deux splendides standards
qui respectivement ouvre et clôture ce disque " M.A.S.H"
et "Liebesleid"(en piano solo) donnent parfois
envie de fredonner mais surtout de le passer en boucle impulsé
par le surprenant rythme latino très actuel en fin de ce
dernier morceau !
Mais il ne faudrait pas que les compositions de Bill Evans passent
à l'ombre ... d'ailleurs encore une valse puisque Bill
Evans les aimaient : "We will meet again" et
une très belle ballade :"Only child" .
Si Bill Evans est mort il y a juste trente ans, Manuel Rocheman
montre sans chercher à l'imiter combien sa musique est
toujours présente en lui, et plus que cela y vit toujours...
n'est-ce pas là un des plus bel hommaqe que l'on puisse
rendre à un jazzman ?...
Manuel Rocheman a bien voulu répondre à de nouvelles
questions à l'occasion de la sortie de ce disque...cliquez
ici pour lire la suite
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Paru en 2007
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Cactus dance
Manuel Rocheman, piano
Scott Colley, bass
Antonio Sanchez, drums
Pour enregistrer cet album, paru chez Nocturne, qui comporte
cinq compositions originales et des standards qu'il affectionne,
Manuel Rocheman s'est entouré de deux grandes références
du jazz : Scott Colley à la contrebasse et Antonio Sanchez
à la batterie..."J'avais entendu Scott et Antonio
à Paris, l'un avec Chris Potter, l'autre avec Danilo Perez
et j'avais été séduit par leur grande musicalité
et souplesse. Scott a un jeu très solide et clair, une
anecdote : à l'issue des deux jours de studio Joe Marciano
qui pourtant en a vu d'autres, était stupéfait du
fait qu'aucune corde de Scott n'ait zingué à un
moment ou à un autre dans la petite cabine dans laquelle
était enfermé l'imposant Scott, c'est très
rare, Scott possède une attaque très précise,
c'est toujours parfait. Quant à Antonio c'est un très
grand musicien et il est aussi très chaleureux, il a un
son de batterie remarquable et un jeu étonnant qui lui
vient de sa double culture latine et jazz. Il sait tout faire."
confie le pianiste....cliquez
ici pour lire la suite
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Manuel Rocheman
Alone at last
Bien que largement récompensé par divers prix
(prix du meilleur pianiste français au concours international
de Piano Jazz Martial SOLAL, Prix Django Reinhardt de lAcadémie
du Jazz ...), Manuel Rocheman attendait d'avoir le recul nécessaire
vis à vis des prédécesseurs qui l'inspirent
(Peterson, Newborn, Evans, Jarrett, Solal...) pour répondre
à son désir d'enregistrer un album solo.
C'est chose bien faite avec ce sixième album où
il se risque seul en "espérant que vous prendrez
autant de plaisir à écouter cette musique que j'en
ai pris à jouer"... Plaisir partagé volontiers,
à l'écoute de "Alone at last", où
il nous fait revisiter de fameux standards mais aussi découvrir
cinq compositions originales aux rythmes variés (blues,
latino, boogie...) et riches en inventions harmoniques.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits et vous
procurer ce disque.
|
En savoir plus
Visitez le site internet de Manuel Rocheman...cliquez
ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
|
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