Issam Krimi
Merci à Issam Krimi d'avoir répondu
aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Issam
Krimi est né le 12 septembre 1980 à Aubervilliers(93).
Si personne n'était musicien dans sa famille c'est dès
l'âge de sept ans qu'il choisit d'apprendre le piano : "A
cet âge le choix est hasardeux mais même si je lui ai fait
une petite infidélité de deux années pour la guitare
électrique durant mes années lycée, je reste attaché
à cet instrument comme au premier jour. Il représentait
quelque chose que je ne connaissais pas et qui me séduisait.
Aujourd'hui, il m'est plus intime et continue encore à susciter
ma curiosité." Son premier professeur de piano fut Barbara
Sarlangue au Conservatoire Municipal de Stains (93) : "J'en
garde un excellent souvenir. Une professeure allemande, rigoureuse,
douce et qui ne perdait pas la notion de plaisir. Elle m'inscrivait
à plein de concours non pas pour " compétiter "
mais pour me donner l'occasion de préparer un morceau avec sérieux,
de monter sur scène et d'avoir plaisir à le partager avec
un public."
Issam Krimi poursuit ses études de piano au CNR de La Courneuve
Aubervilliers en piano classique .:"Ce fut pour moi très
différent, le plaisir de jouer était moins important.
Même si tout ce qui était de l'ordre du solfège
se passait très bien (j'adorais les dictées!), je ne retire
pas grand choses de ces années, à mon sens très
peu musicales. C'est d'ailleurs ce qui a contribué à ce
que je prenne congé du piano quelques années après.
Ce n'est que plus tard, grâce au jazz et à l'improvisation,
que j'ai pu redécouvrir l'amour que j'ai pour cet instrument
et pour la musique. D'ailleurs, il m'est arrivé de compter
pas amusement le nombre de professeurs que j'ai eu, aussi bien en classique
qu'en jazz. J'en suis arrivé à sept. Mais seuls trois
résonnent encore en moi : la première donc, Barbara Sarlangue,
puis Vincent Taurelle pour avoir compris que mon amour de la musique
n'était pas seulement le classique et le jazz et enfin Antoine
Hervé pour m'avoir aidé à assumer ma personnalité
pianistique et artistique et à la développer sans cesse."
Sa découverte du jazz date de son adolescence : "Je
l'ai découvert par les français : Louis Sclavis, Benoit
Delbecq, Michel Portal, Sophia Domancich, Marc Ducret... Car c'était
les disques que l'on pouvait trouver à la discothèque
municipale. Sur scène, en bon petit djeun's du 9-3, je l'ai découvert
par le festival Banlieues Bleues. Plus tard, mon lycée à
Paris m'a permis de m'inscrire à la médiathèque
et là c'est le début du hold-up. Je n'arrêtais pas
d'emprunter : Miles Davis, Herbie Hancock, Keith Jarrett, Thélonious
Monk, Bill Evans, Wayne Shorter, Steve Coleman etc... Tous les américains
y passaient ! Le jazz recoupe l'écriture soignée, l'improvisation,
le rythme vivant et une générosité qui me touche..."
Issam Krimi ne saurait précisément dire de quand date
son souhait de devenir pianiste professionnel : "Je ne peux
pas donner une date, un déclic. Je peux juste dire que certains
événements de la vie vous révèlent ce que
vous aimez le plus profondément. Etre jeune dans ce métier
n'est pas facile, surtout aujourd'hui mais si j'en faisais un autre,
je serais triste."
Sans doute ce choix était-il déjà bien amorcé
avant qu'il décide de suivre des études de musicologie
à lUniversité Paris 8, où il y découvre
en détail les oeuvres de Ligeti, Bério et Dutilleux grâce
à lenseignement de Francis Bayer :"J'ai beaucoup
de mal à comprendre les cloisonnements. Et j'ai beaucoup d'affection
lorsque chacun invente et trouve sa liberté. Cela me paraissait
tout naturel d'explorer plus profondément la musique sous toutes
ses formes lorsqu'on constate qu'on aime l'écouter, l'écrire
et la jouer. La musicologie a rempli un rôle culturel dont je
me sens très enrichi. Et lorsqu'on a comme Professeur Francis
Bayer, avec qui l'on découvre Dutilleux, Ligeti et Berio, avec
qui l'on fait de l'orchestration, avec qui l'on approche une philosophie
et une poétique de la musique à la fois intelligente et
sensible, on n'en ressort pas indifférent."
Parallèlement à cette culture contemporaine et classique,
Issam Krimi étudie le jazz et les musiques improvisées
auprès de Malo Vallois à lENM de Montreuil, l'harmonie
auprès de Bernard Maury, l'arrangement auprès de Pierre
Bertrand (Paris Jazz Big Band) et rencontre Andy Emler (MegaOctet).
Au recoupement de cette culture hétérogène, il
développe sa musique en travaillant avec Antoine Hervé
pour le piano et Vincent Taurelle (Le Sacre du tympan, Air, Oxmo Puccino
) pour les synthétiseurs : "Mes études sur
le jazz ont été classiques : apprendre à jouer
(l'atelier jazz), apprendre à écrire (cours d'écriture
et d'arrangements) et apprendre l'histoire (la musicologie fut d'un
grand secours à ce sujet). Mes cours de piano avec Antoine Hervé
ont été particuliers car le moteur n'était pas
le jazz comme dogme mais la musique comme expression. Il se trouvait
juste que le style était jazz. Je garde un très bon souvenir
de mes cours d'harmonie avec Bernard Maury parce que c'était
la première fois que je rencontrais un mec capable de montrer
que les termes en harmonie classique et jazz sont en fait des codes
différents qui disent une seule et même chose. Malo Vallois,
lui, avait le grand mérite de nous faire apprendre un répertoire
des plus classiques au plus modernes. Il relevait des CD entiers qui
venaient de sortir et nous les apprenions avec grand plaisir car c'était
justement ce qui passait sur nos chaînes tous les jours. Et quand
à Pierre Bertrand, faire de l'arrangement avec un passionné
était toujours amusant ! L'institutionnalisation de l'enseignement
du jazz cloisonne parfois malheureusement. A mon avis il est bon de
veiller à rester ouvert à tout. Ces différents
profs et le fait d'écouter beaucoup de musiques m'a fait éviter
l'ostracisme."
Issam Krimi se consacre essentiellement à ses propres projets
mais se produit aussi aux côtés de Benoît Delbecq,
Dgiz, Vincent Courtois, Stéphane Payen, Sylvaine Hélary,
Andy Emler, Cédric Piromalli
On le retrouve aussi au service
des autres dans la Pop, le Rock et le Hip Hop notamment avec le chanteur
Néry ou bien le rappeur-slameur D de Kabal (Bouchazoreill,
Spoke Orchestra
). Issam Krimi a en effet un goût illimité
pour la musique quelle qu'elle soit :"J'aime la musique. Qu'elle
soit Jazz, Pop, Rock, Hip-Hop, peu importe. Il n'est pour moi pas contradictoire
d'écouter avec un même plaisir Ligeti puis Nirvana puis
Miles Davis puis Radiohead etc... J'écoute de tout mais surtout,
je n'aime pas tout ! Si les styles sont différents, c'est que
les histoires sont différentes, les époques, les codes,
les instruments... Mais je constate juste que les musiques que j'aime
et que je viens de citer ont toutes une seule et même chose :
une poésie, un jeu des sons qui touche l'intime. Mes collaborations
avec le monde extrajazz que je compte approfondir n'ai pas pour moi
une démarche annexe, elle est au coeur de ma vie musicale.
Son
goût pour les arts lamène à travailler avec
des cinéastes, scénographes ou photographes comme Pierre
Terrasson (Serge Gainsbourg, les Rolling Stones, David Bowie, Björk
)
, une activité qui lui tient beaucoup à coeur : "Le
plus souvent, lorsque l'on travaille un instrument, on se coupe du monde.
De plus, le jazz a plutôt tendance à avoir pris cette direction
ces dernières années. Les autres arts sont donc très
importants. Je n'y trouve pas une parenthèse exotique mais vraiment
une proximité sensible. Voir en images, en formes ce que l'on
fait en sons ouvre l'esprit. Sans compter le fait de lire. C'est pourquoi,
quand l'occasion se présente de travailler avec des artistes
d'autres domaines, je fonce ! Mon plus grand rêve est de travailler
avec la danse qui, après la musique, est l'art qui me touche
le plus."
En mai 2005, Issam Krimi sort son premier CD Eglogues 3 (Nocturne),
en trio avec Sébastien Brun à la batterie et Hans Sen
Limtung au saxophone. Christophe Monniot est invité sur plusieurs
titres et Antoine Hervé, producteur de lalbum, partage
une plage avec le trio. A travers des compositions pour lessentiel
personnelles, Issam Krimi explore "la boîte explosive et
poétique de l'imaginaire". En 2007, il fonde et est Directeur
Artistique dInstant Sonore où il développe une véritable
expérience pédagogique de création musicale avec
les conservatoires, universités etc
: "J'ai beaucoup
travaillé dans le milieu du handicap et auprès des écoles,
dans un cadre bien précis : la création. Lorsque j'ai
créé Instant Sonore l'idée était de poursuivre
plus loin cette direction. Car faire toucher l'art par la création
est le meilleur des chemins : tout apprentissage est un plaisir. Cette
activité se réduit beaucoup au fil des ans mais restera,
j'y tiens. La pédagogie est un art qui me fait être meilleur
musicien."
En 2008, il crée en compagnie de Julien Chirol et Pierre Luzy
un groupement dartistes appelé MUSIC UNIT. Une nouvelle
structure dans le monde de la musique dont le modèle est inspiré
du United Artists de Charlie Chaplin .une autre responsabilité
qu'Issam Krimi juge primordiale : "Le monde de la musique change.
L'Etat ne souhaite plus investir dans la culture, l'industrie musicale
est en mutation et l'économie se casse la gueule. Face à
cette situation de crise, le musicien sera toujours le premier sur lequel
on s'accommodera à précariser alors que sans lui point
de musique. Avec mes amis musiciens Pierre Luzy et Julien Chirol, ils
nous aient donc apparu important de prendre une responsabilité
d'artiste et d'inventer une structure où l'artistique est au
centre, d'assurer une éthique au niveau du business et de dépasser
les cloisonnements du milieu. Music Unit est un groupement d'artistes
qui défend un savoir-faire artistique. Il existe des projets
déjà réalisés comme Some Like It Odd (sorti
chez le Chant du Monde/Harmonia Mundi), l'Ensemble Nord-Sud de Julien
Chirol (dont une résidence au Brésil est prévu
avec Cultures France pour 2009), mon groupe bien entendu et il est en
projet d'autres groupes Pop, Jazz, Rock, Classique... Nous travaillons
aussi bien avec les Majors qu'avec les petites productions car le moteur
pour nous restera toujours l'artistique."
En novembre 2008 sort sous le label Le Chant du Monde/Harmonia Mundi
lalbum du groupe de Pop Jazz, Some Like It Odd dont il est coproducteur
avec Pierre Luzy (Morning Bell). Parait également son album "Post
Jazz" sur le label Mélisse, avec une jeune équipe
créative et talentueuse, reconnue internationalement (Alban Darche,
Olivier Koundouno, Jean-Philippe Morel et Nicolas Larmignat).(voir plus
bas)
En 2009, il réalisera une tournée et il est prévu
l'enregistrement de son piano solo autour de la chanteuse Barbara, un
projet qu'il espère pouvoir réaliser une fois différents
problèmes réglés : "Le Barbara Piano Solo
est un projet où je peux me retrouver seul face à mon
piano, approfondir des pistes musicales d'improvisation et d'écriture
avec comme fil rouge des chansons de Barbara. Il est prévu que
j'enregistre très prochainement ce répertoire mais j'attends
encore l'autorisation des éditeurs et ayant droits. Si je ne
l'avais pas, j'en serais très déçu car ce projet
m'est très cher et très intime. Nous verrons..."
Avec ses nombreux projets et sa passion pour la composition quel que
soit la formation pour laquelle sa musique est destinée Issam
Krimi semble juste manquer de temps : "Je compose pour tout.
Je regrette juste de ne plus avoir l'occasion de composer pour grand
ensemble. L'orchestre symphonique me démange aussi. S'il y avait
moins de temps à s'occuper de choses administratives, je composerais
plus ! La composition étant un processus très lent chez
moi et intemporel, les choses extérieurs me perturbent très
vite."
Ecouter...
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Issam Krimi
Barbara
Piano Solo
Si Barbara a personnifié avec talent la solitude dans
une de ses chansons, celle-ci n'effraye nullement le pianiste
Issam Krimi que l'on avait pu découvrir dans une formation
de cinq personnes dans son précédent disque "Post
jazz" et qui cette fois sort un piano solo réalisé
toujours dans le même esprit de recherche sonore originale.
Il est vrai qu'il n'est pas tout à fait seul puisque comme
l'explique Issam Krimi(voir nouvel entretien ) l'ingénieur
du son Pierre Luzy a travaillé avec lui pour aboutir à
la sonorité particulière de son album et ils sont
tous deux les auteurs de cinq des quinze morceaux de ce disque
qui parait chez le label Bee Jazz. Mais en fait il semble un peu
réducteur de parler de ce disque en terme de "morceaux"
car c'est un tout à écouter de bout en bout d'une
seule écoute, certes l'on pourra reconnaître cà
et là quelques bribes de mélodies de Barbara mais
c'est plus dans une atmosphère poétique où
l'on sent renaître l'âme solitaire de la chanteuse
qu'Issam Krimi porte l'auditeur, partageant un dialogue avec elle
par le biais du piano qui réussit à la faire revenir
dans nos coeurs....cliquez
ici pour lire la suite et écouter des extraits dans
un widget
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Post Jazz
Issam Krimi, piano, synthétiseur analogique
Olivier Koundouno, violoncelle
Alban Darche, saxophone, ténor
Jean-Philippe Morel, contrebasse
Nicolas Larmignat, batterie
Nourri d'une culture musicale très variée (Radiohead,
Weather Report, Henri Dutilleux, Herbie Hancock, Rage Against
The Machine, Gyorgy Ligeti, The Bad Plus, Bach, Brad Meldhau,
Angelo Badalamenti...) , le pianiste Issam Krimi revendique un
jazz de son temps, libre, audacieux sans oublier les racines fondamentales
de cette musique. La simple liste des instruments utilisés
dans ce nouvel enregistrement du label Melisse qui lui a demandé
pas moins de deux ans de travail montre d'ailleurs en elle-même
l'intersection entre ses différentes musiques : le violoncelle
traditionnellement utilisé en musique classique et un synthétiseur
analogique utilisé dans les musiques modernes rencontrant
le traditionnel trio jazz piano/contrebasse/batterie enrichi du
saxophone. Un ingénieur du son très expérimenté
est venu apporté la touche finale : Pierre Luzy.
Le résultat est une musique très originale mélangeant
un large éventail de sons de l'acoustique à l'électronique,
une musique très travaillée dont le moindre son
a une grande importance chacun contribuant à imaginer aisément
nombreux personnages évoluant dans un univers au final
plutôt sombre et poétique. Le calme intervient souvent
dans ce monde musical où règne grandement l'agitation,
celui-ci par les vibrations sonores et la répétition
des thèmes est cependant le plus souvent de nature inquiétante.
Quant au piano on appréciera plus particulièrement
sa contribution dans deux très beaux morceaux plus apaisés
: "Joli corps sage" et "L'oubli des lèvres"
qui offrent de splendides moments de quiétude, pour l'un
par de douces rythmiques répétitives accompagnées
d'abord du violoncelle puis du saxophone soutenus par la batterie,
pour l'autre par une belle mélodie nostalgique.
Issam Krimi a bien voulu répondre à quelques questions
pour présenter son projet et plus globalement son travail
artistique ..cliquez
ici pour lire ses réponses et voir une vidéo
|
A noter sur vos agendas :
Concert de sortie de disque - POST JAZZ
Studio de lermitage 8 rue de lermitage, Paris
le 5 décembre 2008
En savoir plus
visitez le site internet d'Issam Krimi ...cliquez
ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
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