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Post Jazz Issam Krimi Quintet
Post
Jazz
Issam Krimi, piano, synthétiseur analogique
Olivier Koundouno, violoncelle
Alban Darche, saxophone, ténor
Jean-Philippe Morel, contrebasse
Nicolas Larmignat, batterie
Nourri d'une culture musicale très variée (Radiohead,
Weather Report, Henri Dutilleux, Herbie Hancock, Rage Against
The Machine, Gyorgy Ligeti, The Bad Plus, Bach, Brad Meldhau,
Angelo Badalamenti...) , le pianiste Issam Krimi revendique un
jazz de son temps, libre, audacieux sans oublier les racines fondamentales
de cette musique. La simple liste des instruments utilisés
dans ce nouvel enregistrement du label Melisse qui lui a demandé
pas moins de deux ans de travail montre d'ailleurs en elle-même
l'intersection entre ses différentes musiques : le violoncelle
traditionnellement utilisé en musique classique et un synthétiseur
analogique utilisé dans les musiques modernes rencontrant
le traditionnel trio jazz piano/contrebasse/batterie enrichi du
saxophone. Un ingénieur du son très expérimenté
est venu apporté la touche finale : Pierre Luzy.
Le résultat est une musique très originale mélangeant
un large éventail de sons de l'acoustique à l'électronique,
une musique très travaillée dont chaque son a une
grande importance chacun contribuant à imaginer aisément
nombreux personnages évoluant dans un univers qui parait
au final plutôt sombre et poétique. Le calme intervient
souvent dans ce monde musical où règne grandement
l'agitation, celui-ci par les vibrations sonores et la répétition
des thèmes est cependant le plus souvent de nature inquiétante.
Quant au piano on appréciera plus particulièrement
sa contribution dans deux très beaux morceaux plus apaisés
: "Joli corps sage" et "L'oubli des lèvres"
qui offrent de splendides moments de quiétude, pour l'un
par de douces rythmiques répétitives accompagnées
d'abord du violoncelle puis du saxophone soutenus par la batterie,
pour l'autre par une belle mélodie nostalgique.
Issam Krimi a bien voulu répondre à quelques questions
pour présenter son projet et plus globalement son travail
artistique :
Vous avez intitulé votre disque
" Post jazz", si ce n'est pas vraiment du jazz où
pensez-vous que les magasins devrait classer votre disque ?
Post Jazz est une invitation. Ce n'est pas du tout un concept
creux comme beaucoup de communicants aiment à lancer. J'en
parlerai donc ici en résumé et espère vivement
un jour avoir l'occasion d'en parler plus longuement.
En fait, je revendique mon appartenance au jazz, à une
certaine idée de l'improvisation, du jeu et de l'écriture.
Hélas aujourd'hui, le jazz est une musique très
isolé avec un public qui se dissémine. Bien entendu,
il y a des raisons économiques à cela mais je pense
que la première est artistique. Nous avons oublié
que le jazz est avant tout une musique populaire comme une autre
: comme peut l'être le rap ou la pop par exemple. Il y a
eu aussi beaucoup d'innovations musicales ces dernières
années qui se sont faites à l'extérieur du
jazz. Par exemple, au niveau de l'enregistrement discographique,
nous sommes restés très conventionnels pendant que
la pop et le rock étaient aventureux.
Post Jazz, c'est réaffirmer le jazz, quitter ces quelques
années d'errances et retourner généreusement
vers le public. L'exigence artistique n'entre pas en conflit avec
le caractère populaire d'une musique, que se soient Miles
Davis, Louis Amstrong, Duke Ellington et d'autres, l'histoire
du jazz ne manque pas d'exemples à ce sujet. Post Jazz
est un appel, une envie de dessiner des chemins de liberté
musicales plus populaires.
Comment s'est constitué votre Quintet
avec Olivier Koundoung, Alban Darche, Jean-Philippe Morelet Nicolas
Larmignat ?
Pour ce disque, une fois la musique écrite j'ai beaucoup
réfléchi (et cherché) à qui la servirait
au mieux. Olivier, Alban, Jean-Phi et Nico étaient les
musiciens parfaits ! C'est pour le violoncelle que ce fut difficile.
C'est un instrument sur lequel j'avais beaucoup d'ambitions car
j'y suis très attaché. Je recherchais un musicien
qui connaisse aussi bien Ligeti que le Rap. J'ai longtemps cru
que je ne le trouverais pas sauf le jour où j'ai rencontré
Olivier. Il a une culture très proche de la mienne tournée
vers toutes les musiques.
Le groupe fonctionne bien dans Post Jazz, il est au service de
la musique. J'y tiens beaucoup car de mauvaises traditions dans
le jazz fait que parfois c'est le solo (ou le soliste) qui compte
plus que l'oeuvre musicale, sa poésie, son histoire. J'espère
aller plus loin avec cette équipe !
Pierre Luzy tient également un
rôle très important, quelles sont à votre
avis ses qualités et comment avez-vous procédé
pour trouver ensemble les sonorités originales de votre
disque ?
Pierre Luzy est avant tout un musicien. Parmi toutes ses qualités,
il en a une qui est celle d'ingénieur du son. Travailler
avec lui est un réel plaisir musical et humain. Très
érudit, il reste tout le temps ouvert et à l'écoute.
Il est le seul que je connaisse en France qui peut contribuer
à aller musicalement sur un disque là ou je veux.
Nous avons en commun un amour de la musique et du travail soigné.
Nous écoutons souvent des disques ensemble : on les compare,
les décortique, on se questionne...
Sur Post Jazz, le travail sonore est réalisé pour
servir la composition. Chaque morceaux à une histoire que
nous avons voulu mettre en valeur et cela pouvait se traduire
aussi bien par des ajouts de sons électroniques comme de
sons acoustiques. Ce disque est une étape dans notre collaboration
dont nous sommes très heureux et nous travaillons déjà
à aller plus loin en ce sens.
Comment travaillez-vous ?
Lentement mais sûrement. Je n'ai pas de rites ou de conditions
spécifiques pour créer. Il peut m'arriver de trouver
quelque chose dans le métro ou après une improvisation
ou après m'être pris la tête sur le papier
à musique. Je me laisse écrire dans tous les sens
et de temps en temps, je récolte, approfondis, détruis,
varie... J'ai tendance à éliminer. Je trouve souvent
qu'il y a trop de notes.
Je suis en plus encore de la vieille école : crayon et
papier. Ce qui détermine un morceaux, c'est le moment où
je suis content du propos poétique, du jeu à travers
le temps et du titre. Mes titres sont loin d'être mis au
hasard. Ils peuvent à eux seuls me faire réécrire
une compo. Ou bien, je peux garder une compo des années
sans la faire jouer car je n'ai pas le bon titre.
Quels sont vos pianistes jazz " de
référence " , qu' appréciez particulièrement
chez ceux-ci ?
La liste succinte de pianistes de référence est
très difficile à dresser. J'en écoute beaucoup
et en apprécie beaucoup, de tous styles, de toutes époques.
Mais je peux me risquer à donner seulement trois noms :
Le premier sera bien entendu Herbie Hancock, pour le rythme, la
magie mais aussi pour l'engagement musicale. Herbie joue aussi
des synthés et explore la musique sous toutes ses formes.
Il y a chez lui un vrai amour du jeu, de la découverte
et de la générosité donnée au public.
Je me retrouve beaucoup dans sa démarche musicale.
Le second, c'est Keith Jarret pour cette capacité à
puiser dans les profondeurs du piano. En solo ou en trio, il fascine.
Et malgré son comportement odieux dont beaucoup se plaignent
à juste titre, je ne connais pas de mec en piano solo qui
donne autant en musique à ceux qui l'écoute.
Le troisième, ce sera Melhdau. Certes j'écoute beaucoup
moins ce qu'il fait aujourd'hui mais il y a chez lui un excellent
pianiste jazz de notre temps, celui où les musiques rock
et pop nous sont familières. Je ne saurais trop recommandé
son album " Songs " (Art of trio, volume 3). Je rembourse
le disque à celui qui ne l'aime pas !!!
Quelle est aujourd'hui la place qu'occupe
la musique classique dans votre vie ?
La musique classique garde une très grande place dans
ma discothèque. Je continue de l'écouter énormément
et de plonger dans les partitions : du baroque au classique, en
passant par les Russes. Je n'aime pas trop les romantiques même
si harmoniquement on y retrouve quelques bijoux. Mais par dessus
tout, j'aime Ligeti ! Ensuite, je peux citer Dutilleux. Et je
finirais sur celui qui me fascine encore chaque jour et que je
continue de jouer : Bach !
Vous avez choisi des titres évocateur
d'érotisme dites-vous "comme autant d'invitations
du corps à cette cinématographie musicale",
pouvez-vous vous en expliquer plus précidément ,
notamment envisagez-vous un spectacle mélangeant cette
musique et de la danse ou des images ?
Oui, il est prévu que sur scène nous puissions
donner à voir aussi bien par les lumières, les images
que par la scénographie. Je ne peux en dire plus aujourd'hui
car dans le jazz nous ne sommes pas habitué à faire
de beaux spectacles et cela est très long à faire
comprendre et à mettre en place. Mais je suis tout de même
plutôt optimiste à ce sujet.
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Issam Krimi a également bien voulu
répondre à nombreuses autres questions sur sa biographie...voir
ici
A voir une vidéo d'Issam Krimi
Quintet :
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