Guillaume de ChassyMerci à Guillaume de Chassy d'avoir répondu aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.Biographie résuméeGuillaume de Chassy est né le 26 décembre 1964, à Paris mais toute sa famille est originaire du Sud-Ouest aussi confie-t-il avec humour : "Ma culture repose donc sur le confit de canard et l'Armagnac !". Son père était un excellent clarinettiste amateur de Jazz New Orleans : "J'ai grandi en écoutant les disques des Hot Five et Hot Seven de Louis Armstrong. En fait nous écoutions aussi beaucoup de disques de piano à la maison : Serkin dans les sonates de Beethoven, Samson François dans Chopin, Brendel dans Schubert ". Il a commencé le piano, l'instrument qu'il trouvait le moins rébarbatif pour débuter en musique, vers l'âge de six ans :"Ma première prof était une charmante vieille demoiselle , qui savait allier bienveillance et rigueur. Pour elle, l'amour de la musique passait avant tout. Paradoxalement, je n'ai pas souvent rencontré cette passion chez les profs qui ont suivi ! Pour une initiation, j'ai donc eu beaucoup de chance. Encouragée par cette Dame pour le moins clairvoyante, ma Maman a eu la patience de me faire travailler tous les jours 20 min pendant 1 an, alors qu'elle n'est pas elle-même musicienne : la greffe a pris ! ".Découragé par le conservatoire, Guillaume de Chassy poursuit par la suite son apprentissage avec un professeur particulier :"Comme beaucoup de gens dans mon entourage, le Conservatoire a presque réussi à m'éloigner de la musique ! Je l'ai quitté vers 15 ans. Ma deuxième grande chance a été de retrouver un prof particulier, un jeune homme enthousiaste qui m'a redonné l'envie du piano . Nous travaillions une heure et passions l'autre heure à discuter ou écouter des disques. Il me jouait régulièrement les uvres qu'il travaillait (ce qu'aucun de mes profs n'avait vraiment fait jusque là...). Une rencontre capitale : j'ai (re)découvert Rachmaninov, Ravel, Chopin, Prokofiev, Scriabine etc".Mais c'est dès sa prime enfance que Guillaume de Chassy s'est essayé à l'improvisation :" J'ai improvisé dès l'âge de 8-9 ans autour des uvres que j'entendais sur disque puis en me construisant une sorte de mini répertoire personnel. Je passais des heures à divaguer au piano, bien plus qu'à travailler mes études de Chopin ! Mais c'est cette approche intuitive et empirique qui a formé mon oreille, sans aucun doute. J'ai découvert le Jazz (autre que le New Orlin') très tard, vers 19 ans. J'apprenais les disques par cur en essayant de retranscrire et de comprendre ce qui se passait-là. En même temps je faisais des études d'Ingénieur Chimiste. J'ai commencé à monter des groupes avec des musiciens plus aguerris, qui m'ont formé sur le tas.".En 1994, Guillaume de Chassy décide d'abandonner sa carrière d'ingénieur chimiste pour ne plus se consacrer qu'à la musique : "J'aimais mon métier d'ingénieur (je travaillais pour l'Agence de l'Environnement) mais passais tout mon temps libre à faire de la musique, travaillant professionnellement pour diverses formations, notamment avec le chanteur Indien Ravi Prasad et le tromboniste Phillipe Renault. Le choix s'est imposé naturellement : je suis allé vers ce que je savais le mieux faire, c'est à dire la musique ."Guillaume de Chassy se produit très régulièrement sur scène, le plus souvent dans le cadre de ses projets personnels, ce qu'il estime être un grand privilège . "Se donner à 100 % et savoir qu'on apporte du bonheur aux gens tout en se faisant plaisir : quel privilège ! Le studio procure une autre sorte de sensations: c'est moins électrisant sur le moment, plus intérieur. Cela demande aussi plus d'endurance, de constance dans la concentration. L'enjeu est peut-être plus grand, puisque le disque va rester. Mais, plus tard, quel bonheur quand on reçoit des messages d'auditeurs enthousiastes qui vous remercient ! On se dit qu'on a bien fait son métier de musicien et qu'on a de la chance, tout simplement."Il s'investit tout autant dans sa fonction d'enseignant au conservatoire régional de Tours :"Le département jazz dont j'ai la charge repose sur l'étroite collaboration entre le CNR de Tours et l'école associative Jazz à Tours. C'est un cycle spécialisé pré-professionnel, avec des étudiants de haut niveau, donc un contexte très stimulant pour moi. J'apprends toujours beaucoup au contact de ces jeunes musiciens : c'est un véritable échange. Je m'investis autant dans le cadre d'un atelier pédagogique que lorsque je suis sur scène : je ne conçois pas autrement le fait d'enseigner. Les deux activités se nourrissent l'une de l'autre."Cela lui laisse quand même un peu de temps pour continuer de jouer aussi de la musique classique :"Des bribes de Beethoven, Bach ou Schubert : depuis que je me suis centré sur l'improvisation, je suis intimidé par le fait d'être fidèle au texte. La partition de l'opus 109 de Beethoven est sur mon piano depuis un an et me tient compagnie, comme un être cher, à la fois proche et inaccessible.". Et parmi les concerts inscrits à son agenda, lui tient particulièrement à cur un projet combinant musique classique et improvisation :"Un projet avec Brigitte Engerer en octobre prochain à Paris. Elle jouera Ravel et Scriabine et j'improviserai entre chacune de ces pièces, puis nous jouerons à quatre mains."Actualité : Nombreux disques sont sortis depuis cette première interview... voir plus bas la rubrique écouter , Guillaume de chassy a bien voulu répondre à de nouvelles questions.Ses compositionsGuillaume de Chassy a joué avec Daniel Yvinec, André Minvielle, David Linx, Sara Lazarus, Gian Luigi Trovesi, le chanteur indien Ravi Prasad, la danseuse flamenca Ana Yerno, Stéphane Belmondo, Olivier Ker Ourio..."La diversité et l'intensité de ces collaborations (dont certaines perdurent depuis des années) m' ont permis de forger une identité musicale, de construire un univers poétique personnel tout en restant ouvert à la musique des autres. J'entretiens un rapport privilégié avec la voix et d'une manière générale avec les musiciens-mélodistes. Écrire et improviser pour la danseuse flamenca Ana Yerno a été ma meilleurs école de rythme et d'expressivité. Avec le contrebassiste Daniel Yvinec, nous partageons le même sens de l'espace et de la sobriété en musique et la même manière de concevoir des projets artistiques originaux."Le répertoire de Guillaume de Chassy ne se limite pas au jazz : il a aussi écrit pour chur mixte, des contes musicaux et pour la danse. Autant de nombreuses expériences qui l'ont aidé à enrichir son langage musical, à préciser son identité artistique, confie-t-il : "J'ai toujours adoré la musique pour chur a capella : Bach, Brahms, Schubert, Poulenc, Schoënberg, les compositeurs scandinaves etc . Ma femme chante d'ailleurs dans le chur Accentus et je suis aux premières loges ! J'ai donc proposé au chef Joël Suhubiette d'écrire une Cantate pour son ensemble les Eléments. Il a accepté ce pari de mêler écriture vocale pour chur et improvisations piano-percussions. Le résultat nous a convaincus; concerts et disque ont suivi : ce fut une magnifique aventure. Le fait d'allier la musique au texte (dans le cadre d'un conte musical) ou au geste (comme avec la danseuse Ana Yerno) me semblait naturel et indispensable à la construction de mon univers musical. N'était-ce pas, d'ailleurs, un des fonctions premières de la musique, bien avant l'idée du concert ? Travailler sur la relation musique / image avec le vidéaste Antoine Carlier (sur le spectacle Wonderful World) a encore élargi mon champ d'expression, tout comme la collaboration avec le pianiste classique Thierry Huillet, autour des préludes de Debussy (projet "Debussy Around Midnight")."Guillaume de Chassy recherche avant tout dans sa musique la beauté du son, la sobriété et la profondeur de l'expression..."Avoir le maximum de musique dans un minimum de notes ! Je me méfie beaucoup du trop-plein de notes, peut-être parce que, paradoxalement, j'ai une bonne technique classique. Sur le plan formel, la mélodie et l'agencement des couleurs harmoniques sont des axes fondateurs. Je cherche avant tout à toucher l'auditeur, à l'emmener dans mon monde, surtout pas à démontrer quoi que ce soit . La technique, le savoir-faire, doivent rester invisibles."Son inspiration est dépendante de la formule précise pour laquelle il doit écrire : danse, ensemble vocal, formation Jazz, vidéo, piano solo etc ..."Curieusement, le contexte qui m'inspire le plus est celui des temps de balance sur scène, l'après-midi qui précède le concert. Je suis à mon piano (j'ai généralement gardé mon manteau), les techniciens s'agitent autour de moi, la salle est vide ... Et les idées musicales arrivent toutes seules . A Paris, je rencontre régulièrement des musiciens de tous horizons pour des sessions de travail informelles : chacun apporte de la musique et l'expérimentation est ouverte sans réserves. C'est un excellent moyen de tester ses compositions et de s'inspirer de celles des autres.". Mais c'est aussi dans la vie de chaque jour qu'il trouve nombreuses sources d'inspiration :"La littérature, la peinture, la montagne et la Nature en général, les voyages, et surtout les gens que j'aime : voilà des sources d'inspirations quotidiennes"Guillaume de Chassy vient de sortir un très beau disque en piano solo(voir plus bas), il a bien voulu expliquer comment il a travaillé sur cette réalisation :"J'ai d'abord sélectionné des mélodies qui me tiennent particulièrement à cur, de provenances très diverses : Prokofiev, Monk, la liturgie catholique, Marc Perrone, les voix bulgares etc. Ensuite, j'ai élaboré différents scénarios de développements improvisés pour chaque pièce, en explorant les voies les plus extrêmes. Pianistiquement, je souhaitais développer les possibilités orchestrales de mon instrument, travailler sur les registres, les plans sonores, la dynamique. En même temps, j'ai approfondi ma réflexion sur la conduite des phrases musicales et sur les mystères du legato, qui est la qualité suprême, à mon sens, chez un pianiste. J'ai donc beaucoup écouté Richter, à cette occasion ...Enfin, au moment d'enregistrer en studio , j'ai "débranché mon cerveau" et me suis laissé porté par l'émotion de l'instant : il n'était plus question de réfléchir ni de jouer la sécurité ! Mon comparse Daniel Yvinec, conseiller artistique sur le projet, a été précieux pour me guider et me stimuler. Il a su m'emmener avec un mélange de clairvoyance et de perversité sur des terrains minés "Richter compte effectivement parmi les références musicales de Guillaume de Chassy, mais il en a beaucoup d'autres : "Arrau, Gilels, Pollini, Argerich en ce qui concerne les interprètes et pour les compositeurs : Beethoven, Schubert, Brahms, Debussy, Ravel, Scriabine, Prokofiev, Schöenberg, Berg, Dutilleux....Et Bach, en filigrane de toutes ces musiques ! Pour ce qui est des pianistes de Jazz : Bud Powell, Bill Evans, Monk, Paul Bley, Herbie Hancock, Keith Jarrett, Geri Allen, Bill Carrothers. Plus je mûris et plus je me rapproche des "Anciens" , des racines. Il est donc probable que dans une vingtaine d'années , je n'écoute plus que Edwin Fischer, Bach et des vieux pianistes de Blues ..." . Le pianiste n'en demeure pas moins intéressé également par d'autres styles musicaux : "Musiques du monde (Inde, Afrique ...), Pop anglaise et américaine, chansons pour enfants (ma fille a 5 ans)"Guillaume de Chassy accorde beaucoup d'importance au fait d'avoir une identité sonore :"Dès les premières notes, on reconnaît Richter, Oistrakh, La Callas, Monk ou Carrothers; leur "patte"est unique et cela m'a toujours fasciné. Ma recherche personnelle va donc dans ce sens. Parallèlement, je travaille à approfondir ma culture des langages musicaux qui me sont chers : je me nourris donc sans cesse des Classiques . Dès mes débuts professionnels, je me suis concentré sur mes projets personnels, peu à peu au détriment du "métier" d'accompagnateur (sideman) pour d'autres formations.". A la question de savoir si cette identité ne pourrait être un handicap lorsqu'il joue en tant que sideman, il répond :"Être sideman demande des qualités particulières : savoir se mettre totalement au service de la musique d'un autre, être souple, disponible et efficace, présent partout et visible nulle part : c'est tout un art. Aujourd'hui, lorsqu' un leader me propose de jouer dans son groupe, ce n'est pas pour remplir une "fonction de pianiste" mais pour ce que je pourrai apporter à son projet musical, avec ma couleur personnelle."Il est d'ailleurs moins éprouvant pour Guillaume de Chassy de jouer en formation qu'en piano solo :"Le solo est plus exigeant : personne ne vous tend la main en cas de panne d'inspiration. Mais un bon concert en solo me laisse dans une état de transe indescriptible (et d'épuisement total). En revanche, partager la musique à plusieurs dans une formation est un plaisir de chaque instant, tant la notion de jeu collectif et de risque pris ensemble est importante et jubilatoire. Le solo, en revanche, peut s'avérer une expérience douloureuse, car on doit aller chercher la musique loin au fond de soi ; certains soirs, il faut du temps pour la trouver ... Cela rend humble".Écouter...La sélection de pianobleu.comNouveau Guillaume de Chassy, Arnault Cuisinier et Thomas Savy forment depuis longtemps un trio coutumier des chemins de traverse entre jazz et classique. Laurent Naouri, baryton bien connu et si impressionnant dans des rôles de nombreux opéras fameux, aime passionnément le jazz en général et les mélodies de Broadway en particulier : « dans une vie parallèle, il s'avère être un Crooner formidable » dit de lui Guillaume de Chassy. Cet album est né de leur rencontre. Naouri chante le merveilleux Hollywood Songbook de Hans Eisler composés en 1943 sur des poèmes de son compagnon d'exil à Los Angeles, Bertold Brecht. Le trio accompagne le chanteur et fait des ponts d'improvisations entres les chansons. En complément, De Chassy ose Prokofiev : « J'avais depuis longtemps le désir de transcrire pour la voix des thèmes de Prokofiev conçus à l'origine pour piano ou violon, mais dont l'évidence les rend naturellement vocaux. » Il adapte des textes de poètes russes (Tsvetaieva, Tchoulkov, Lermontov, Pouchkine et Essénine) à des extraits du Premier Concerto pour violon (1917), du Deuxième Concerto pour piano (1923) et de la Sixième Sonate pour piano (1939). « Nous sommes donc allés à l'inverse du processus habituel, qui consiste à adapter la musique au texte. J'ignore si Prokofiev aimait le jazz, mais il se trouve que les harmonies qui colorent ses thèmes sont de très inspirants véhicules pour l'improvisation. J'ai donc procédé comme sur des chansons de Cole Porter : un thème, suivi d'une improvisation sur la séquence harmonique, suivie d'un thème final. »(présentation de l'éditeur)..cliquez ici pour vous le procurer
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Traversées Piano concerto
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SilencesGuillaume de Chassy,piano
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Picturial Music Guillaume de ChassyTrois ans après un premier album piano solo, le pianiste
Guillaume de Chassy enregistre un nouvel album solo mais pas vraiment
seul car cette fois il trouve sa source dans sa collaboration
avec le réalisateur et plasticien Antoine Carlier avec
lequel il a réalisé des duos où musique et
images s'engendrent mutuellement, à partir d'une mince
trame scénique, un dialogue spontané sur fond d'écran
de cinéma (voir la vidéo plus bas).
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Songs from the last centuryGuillaume de Chassy et Daniel Yvinec qui signent là leur
troisième disque ensemble sous le label Bee jazz se sont
isolés une semaine dans une maison au bord de l'océan
atlantique pour éprouver quelques 150 chansons qui ont
marqué le vingtième siècle provenant tant
du patrimoine européen qu'anglo-saxon, et n'en conserver
qu'une petite sélection. Derrière le joli visage
de cette enfant symbolisant la jeunesse de ce répertoire
figure quatorze de ces chansons, qu'ils ont enregistrés...
de l'autre côté de l'Atlantique sans répétition
préalable avec le réputé batteur Paul Motian
et l'apprécié crooner Mark Murphy dont Ella Fitzgerald
disait "il est mon égal" . Ce dernier
en fait ne chante que quatre de ces titres, le chant étant
avant tout instrumental et certes pianistique mais pas seulement
Guillaume de Chassy offrant encore de très belles mélodies
savamment mesurées dans lesquelles Daniel Yvinec et Paul
Motian s'insèrent avec talent pour partager ce répertoire
effectivement récent où Paul Mc Cartney croise Paul
Simon, Neil Young, Prince, Gershwin...pour citer les plus célèbres.
Guillaume de Chassy a bien voulu répondre à quelques
questions autour de cet enregistrement...cliquez
ici pour lire la suite
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Guillaume de Chassy en trio Faraway so closeSon disque piano solo paru l'an dernier chez le label Beejazz
était un incontournable pour tous les amateurs du son du
piano, le pianiste/chimiste Guillaume de Chassy avait extrait
de l'instrument un concentré des plus beaux sons dans son
univers très poétique et intimiste, aussi un nouvel
album était attendu d'urgence... et c'est cette fois en
trio qu'il se propose de ravir une nouvelle fois nos oreilles,
une nouvelle aventure à ajouter à la longue liste
de ses nombreuses expériences ...cliquez
ici pour lire la suite
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Guillaume de Chassy
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