Antoine Didry-Demarle
Merci à Antoine Didry-Demarle d'avoir répondu
aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Antoine
Didry-Demarle est né le 15 février 1982, à Valenciennes
dans le Nord de la France dans une famille ouverte aux arts : "Mes
parents, tous deux professeurs des écoles, étaient mélomanes
et m'ont inscrit à l'école de musique sans me mettre aucune
pression. Par ailleurs, j'ai eu aussi la chance qu'ils m'aient ouvert
l'esprit sur d'autres domaines que la musique, comme la littérature,
la peinture, le cinéma. "
Il a découvert le piano explique-t-il lors de ses premiers pas
au conservatoire municipal de Denain : " J'ai d'abord été
attiré par les percussions. Je me souviens que j'aimais le son
que produisaient les baguettes sur le xylophone quand j'avais 5 ans.
Mais j'aimais aussi le son de la harpe. Et puis j'ai vu un piano à
queue dans l'auditorium du conservatoire. J'ai trouvé l'instrument
tellement beau, à la fois si solide et si fragile, que j'ai voulu
essayer. Je me souviens encore que l'odeur de l'intérieur du
piano m'avait marqué. Finalement, avec le recul, je me rends
compte que le piano m'a apporté ce que j'aimais à la fois
dans les percussions et dans la harpe : un timbre caractérisé
par une attaque percussive, puis une longue résonance. La puissance
et la douceur réunies ! "
De ce conservatoire Antoine Didry-Demarle garde d'excellents souvenirs
tout autant que de celui de Cambrai où il est entré quelques
années plus tard : " Je me souviens de mes premiers cours
de solfège à Denain. Je m'amusais beaucoup dans ces cours
où l'on chantait et où l'on apprenait à écouter,
à lire la musique, à comprendre le double aspect de la
pratique musicale : d'un côté une science exacte basée
sur la théorie, d'un autre, un art basé sur la sensibilité.
C'était fascinant. Bien sûr il fallait apprendre rigoureusement
toutes ces notions, mais j'aimais cela, alors c'est rentré tout
seul. Et puis, le conservatoire de Denain m'évoque tout naturellement
ma rencontre avec Philippe Keler, le pianiste et professeur qui m'a
transmis sa passion et à qui je dois une très grande partie
de ma technique pianistique. C'est ce professeur qui a allumé
la flamme et que j'ai suivi ensuite au conservatoire national de Cambrai.
C'était en 1995. J'avais 13 ans et j'entrais en cycle spécialisé,
m'orientant de fait vers une voie professionnalisante. Dans ce cycle,
j'ai perfectionné mes connaissances en harmonie et en analyse.
J'ai découvert le répertoire de musique de chambre. C'est
sans doute à cette époque que le conservatoire m'a offert
des perspectives d'avenir dans la musique. Philippe Keler, véritable
mentor, et Louis Tillet, directeur du conservatoire, n'ont cessé
de m'encourager et de me guider vers le chemin des grandes écoles
européennes."
A 12 ans, Antoine Didry-Demarle se distingue au Concours du Royaume
de la Musique et il décroche le Premier Prix dExcellence
du Concours National Léopold Bellan à Paris :"Il
existe quelques concours nationaux en France (Bellan, Concours Musical
de France, Ufam...) qui permettent aux jeunes musiciens des conservatoires
de mesurer leur talent avec d'autres musiciens de leur niveau venant
de tout horizon en réalisant la plupart du temps un programme
imposé. Quand j'avais 11 ans, Philippe Keler m'a d'abord préparé
au niveau Supérieur du Concours Bellan. Ayant obtenu le 1er Prix
à l'unanimité, nous avons décidé de repasser
l'année suivante ce concours dans le degré d'Excellence,
le niveau le plus haut. Je me souviens encore qu'à l'époque,
venir jouer à Paris était pour moi très excitant.
Mes parents prenaient des journées de congé pour pouvoir
m'accompagner. C'est ainsi que j'ai obtenu le 1er Prix dans ce niveau
à 12 ans, ainsi qu'un Prix d'interprétation pour l'oeuvre
française. En plus d'une diffusion sur Radio France, j'ai touché
un chèque de plusieurs milliers de francs. Ce n'était
pas énorme bien sûr, mais quand on est enfant, cela compte
beaucoup. C'est sans doute suite à cet événement
que j'ai souhaité aller plus loin dans la musique. Je n'ai jamais
considéré la musique comme une compétition loin
de là. Les concours sont pour moi des objectifs qui permettent,
dans leur préparation, l'élaboration d'un vaste répertoire.
Je me souviens par exemple de l'une des oeuvres que j'avais jouée
devant le compositeur Christian Manen, une Toccata de Paul Bazelaire,
qu'il m'arrive encore de jouer dans mes programmes !"
Pas plus qu'il ne considère la musique comme une compétition
Antoine Didry-Demarle ne pense pas avoir décidé un jour
de devenir pianiste professionnel...." Je trouve qu'il est contradictoire
de voir une activité d'artiste comme un métier. Même
si la réussite dans quelques concours et l'encouragement des
professeurs étant jeune sont des signes moteurs, disons que j'ai
toujours vu cela comme un moyen de m'amuser. Un plaisir dans un premier
temps transformé peu à peu en passion transmise par mon
professeur. Passion qui s'est ensuite révélée comme
une évidence, un mode de vie que je voulais mener. Un goût
pour le travail. Un amour pour l'art. Une recherche encore aujourd'hui
d'équilibre et d'épanouissement dans ma passion .
Je n'ai jamais envisagé sérieusement de faire autre
chose que de la musique. D'ailleurs, je n'ai pas fait d'autres études.
Pourtant, beaucoup de domaines, en particulier scientifiques, m'intéressaient
à l'école : comme la biologie, les sciences de la terre,
mais aussi l'histoire-géographie, la philosophie.. En fait, tout
ce qui se rapportait aux questions "d'où venons-nous ? pourquoi
sommes-nous là ? où allons-nous ? Peut-être aurais-je
fait de la recherche. Je trouve que les professeurs-chercheurs sont
par bien des aspects comparables aux musiciens-enseignants : un goût
pour la découverte, un travail de chaque instant, une recherche
de la vérité, une envie de transmettre, de partager. Sur
un autre plan, j'ai toujours était passionné de cinéma.
De 12 à 17 ans, j'ai participé plusieurs fois au Jury-jeune
des Festivals de Cinéma (Valenciennes, Genève) et ai souvent
trouvé des ressemblances entre le travail des comédiens,
des réalisateurs, et celui des musiciens et compositeurs... Enfin,
j'ai toujours aimé faire rire les autres. Je pense que si le
piano n'avait pas croisé ma route, une carrière de comédien
ne m'aurait pas déplu."
Après
avoir obtenu en 1996 ses médailles d'Or de Piano, de musique
de Chambre puis d'analyse et d'harmonie l'année suivante pour
obtenir son DEM Antoine Didry-Demarle est entré en 4ème
Cycle (Perfectionnement) de 1997 à 1999, deux années durant
lesquelles il a suivi les master-classes de Brigitte Engerer, François-Frédéric
Guy, Georges Pludermacher, Aleksander Mazdar, Raymond Trouard : "Chacun
de ces professeurs m'a aidé à avancer sur les plans musical
et technique. Je me souviens que Raymond Trouard insistait beaucoup
sur la manière de travailler, d'analyser et de comprendre une
oeuvre, en quelque sorte de se mettre à la place du compositeur.
Alexander Mazdar m'a aussi marqué car il est l'un des premiers
à m'avoir fait réfléchir sur les silences dans
la musique, en particulier dans celle de Beethoven. Avec lui, j'ai appris
à interpréter le silence dans la musique, à le
penser comme l'élément fondamental du discours musical.
"
En 1999 Antoine Didry-Demarle entre au Conservatoire Supérieur
de Musique de Genève (HEM-Suisse) où il obtient à
20 ans son Diplôme Supérieur de Piano avec la plus haute
Distinction dans la classe d'Elisabeth Athanassova
"Genève
a été pour moi le point de départ de mon émancipation
à tous les niveaux. Sur le plan familial, j'ai quitté
mon Nord-Pas-de-Calais natal pour aller vivre à 700km de là.
Sur le plan relationnel, j'ai vécu pendant 5 années dans
un foyer international d'étudiants, où je rencontrais
régulièrement des personnes venus des 4 coins du monde
pour étudier dans la prestigieuse Université de Genève,
travailler dans l'humanitaire ou dans les nombreuses organisations internationales
de la ville. Ce cadre a constitué pour moi une véritable
ouverture sur le monde. Sur le plan musical, c'est aussi là que
j'ai rencontré de formidables artistes (acteurs, danseurs, musiciens...)
avec lesquels j'ai beaucoup joué en musique de chambre et avec
qui je suis toujours en contact. La rencontre avec Elisabeth Athanassova,
mon professeur dont les qualités musicales et humaines m'ont
permis d'avancer avec confiance tout au long de mes études. Avec
Elisabeth, j'ai appris à développer une véritable
écoute musicale, une manière de respirer avec la musique
tout en contrôlant systématiquement le dosage du poids
pour l'équilibre du son. A Genève, je me suis aussi intéressé
au monde de la musique contemporaine, en particulier grâce à
Jean-Jacques Balet qui m'a permis de jouer plusieurs fois dans son ensemble
contemporain. J'ai par ailleurs eu l'occasion de jouer en tant que pianiste
d'orchestre dans les symphonies de Stravinsky, dans la Turangalilà
symphonie de Messiaen. Toutes ces expériences ont développé
ma curiosité pour la musique de chambre, la musique d'orchestre,
et les musiques d'aujourd'hui. Sur une plan plus personnel, la ville
de Genève constituait à mes yeux un endroit idéal
pour étudier : une qualité de vie remarquable entre lac
et montagne, une taille à échelle humaine, un réseau
professionnel concentré, efficace et de qualité. Bien
sûr la vie y est chère. Mais le système du mécénat
en Suisse est bien développé et j'ai eu l'occasion d'obtenir
2 bourses pour financer mes études."
Antoine Didry-Demarle part ensuite en 2002 compléter sa formation
à lUniversité des Arts de Berlin (Allemagne) dans
la classe de Lazslo Simon.."Après trois années
passées à Genève pour obtenir la Licence (fin du
Premier Cycle Supérieur), j'ai eu envie de découvrir autre
chose avant de poursuive le Cycle de Master. J'ai donc postulé
pour obtenir un échange ERASMUS dans une autre grande école
européenne. Je crois qu'après hésitation avec Londres
et Vienne, j'ai finalement opté pour Berlin ; d'une part parce
que j'avais toujours eu envie de connaître cette ville, d'autre
part car j'avais envie de travailler avec deux professeurs de l'Université
des Arts : Laszlo Simon et son assistant Gabor Paska, tous deux issus
de l'Académie Franz Liszt de Budapest. Je me souviens que ce
travail en Allemagne m'a beaucoup remis en question. D'un côté,
Gabor Paska, très méticuleux, avec lequel j'abordais surtout
un travail technique. D'un autre Laszlo Simon, tour à tour passionné
et enthousiaste puis colérique et déstabilisant, qui parlait
toujours de l'oeuvre dans sa globalité. Il était très
impressionnant au piano. Avec lui, l'exemple parlait de lui-même.
Tout y était. Et puis, je crois que Lazlo Simon m'a aussi appris
le principe de l'économie. Cette idée de savoir gérer
le minimum pour pouvoir donner le maximum quand il faut. Pour avoir
beaucoup travaillé Beethoven et Brahms mais aussi Liszt et Bartok
avec ces professeurs, je pense avoir développé à
cette époque un goût pour le répertoire allemand
et hongrois."
A 21 ans, Antoine Didry-Demarle remporte le Premier Prix de la «
European Music Competition » de Turin : "Les récompenses
aux concours ou aux projets ne sont pas des fins en soi. Paradoxalement,
le monde de la musique dite "classique" est un microcosme
et pourtant il n'y a jamais eu autant de concours organisés pour
les musiciens dans le monde entier ! Même s'il y a des gens pour
qui cela est important, j'ai pour ma part toujours considéré
les concours et projets comme des moyens d'avancer et non des fins.
De toute évidence, un artiste doit savoir toujours se remettre
en question et prendre du recul, c'est son garde-fou. Les récompenses
permettent parfois d'être invité dans des saisons de concerts
(comme pour le prix que j'ai eu à Turin). Mais la valeur de la
récompense est surtout symbolique : pour moi, c'est une marque
de confiance que l'on accorde pour dire "vous êtes sur la
bonne voie, continuez", ou "votre projet est intéressant,
voici les moyens de le réaliser". En fait, les récompenses
sont plutôt des signes de soutien qui permettent d'avancer et
de réaliser des projets comme "Ecouter, inventer, partager"
au Conservatoire de Bamako au Mali."
Antoine
Didry-Demarle obtient en 2005 la bourse de la fondation Agostini ainsi
que son Diplôme de Concert au Conservatoire Supérieur de
Genève. Lauréat du Mécénat Musical de la
Société Générale en 2006, Antoine mène
avec succès le projet
Ecouter/Inventer/Partager au Conservatoire de Bamako au Mali..."Le
projet " Ecouter, Inventer, Partager " s'est déroulé
au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia (CAMM)
de Bamako, au Mali (Afrique de l'Ouest). Sur les conseils du Ministère
français des Affaires étrangères, le CNSMD de Paris
a pris contact avec la directrice du Centre Culturel Français
de Bamako, au sujet d'un éventuel partenariat avec le Conservatoire
des Arts et Métiers Multimédia (CAMM) de Bamako. La réponse
enthousiaste de M. Abdoulaye Konaté, directeur du CAMM, à
cette proposition et le soutien du Département de Pédagogie
du CNSMDP m'ont encouragé à concevoir un projet pédagogique
mené avec mon partenaire, le pianiste Sodi Braide.
L'un des points importants de notre travail était l'aide humanitaire.
En effet, en tant que personnes-ressources, et en raison des besoins
sur place ainsi que d'une demande très précise de la direction
du CAMM, nous avons consacré une grande partie de notre temps
à la préparation du projet pour le don et l'achat de partitions.
Certaines partitions ont été transportées lors
de nos deux voyages. Les partitions et livres donnés par la médiathèque
du CNSMDP ont été envoyés par l'AIBM. Au total,
ce sont près de 400 titres d'ouvrages musicaux, de dictionnaires,
de partitions et de méthodes pédagogiques qui ont été
offerts à la médiathèque du CAMM de Bamako. Par
ailleurs, nous avons soumis au CCF la question de la formation du bibliothécaire.
Celle-ci, prise en charge par le CCF, s'est 'effectuée au Centre
National du Livre, avant de se compléter à la bibliothèque
du CCF, au cours d'un stage de quelques semaines.
L'autre aspect important était pédagogique et artistique
: le projet avait pour thématique générale le rapprochement
de la musique traditionnelle et de la musique savante, en rapport étroit
avec la danse et le dessin. Il s'est concrétisé sous la
forme de trois ateliers menés au sein du CAMM de Bamako et avait
pour principaux objectifs les points suivants : donner la possibilité
aux élèves de percevoir la musique de façon globale
; tisser des liens, trouver des points communs entre les différentes
cultures du monde ; réfléchir à la question de
la notation (musicale, chorégraphique) ; renforcer la transversalité
des disciplines, proposer des correspondances entre musique et danse,
entre musique et images, entre musique et dessin, tisser des liens avec
les autres arts. L'idée était de réussir à
donner une forme finale à l'ensemble des réflexions et
des travaux menés lors des ateliers dans un spectacle de musiques
inventées, improvisées, créées ensemble
autour du son. Les images, les dessins et la danse ont d'ailleurs eu
leur place au côté de la musique, dans un partage commun
entre tous les artistes, mais aussi bien sûr avec le public. Au
terme de trois semaines de travail avec les professeurs et élèves
du CAMM, ce spectacle final a été présenté
au CCF de Bamako devant plus de 200 écoliers, lycéens,
danseurs et artistes du Mali. "
A 25 ans, il est titulaire du Certificat dAptitude aux fonctions
de professeur denseignement artistique au Conservatoire National
Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Professeur aux Conservatoires
des 11ème et 15ème
arrondissements de Paris.."J'ai depuis toujours concilié
les deux activités de musicien et d'enseignant. Peut-être
parce que je suis issu d'une famille de professeur ai-je toujours eu
une prédisposition pour transmettre moi aussi. En tout cas, je
suis persuadé que les 2 activités se complètent
et se nourrissent. D'un côté, l'expérience de la
scène et le répertoire que je travaille pour mes concerts
constituent la meilleure formation qu'un professeur puisse acquérir
pour pouvoir transmettre (mes élèves joue du John Cage
!) ; d'un autre côté, la rigueur, l'organisation et la
méthode que demande le métier d'enseignant sont autant
de qualités qui vont amener le musicien à savoir assurer
sa promotion, mener des projets à terme, construire une interprétation
jusqu'à l'évidence. Je crois aussi que l'enseignement
apporte une prise de recul sur soi, nécessaire à toute
pratique artistique."
Antoine Didry-Demarle se produit régulièrement en récital
de piano et de musique de chambre en France, en Suisse, en Allemagne,
en Italie, au Portugal. Il a également joué en Afrique
et en Arménie. Invité des Festivals Archipel, Piano Concertus,
Estivales de la Porte du Hainaut, il a par ailleurs travaillé
dans lEnsemble Contemporain de Jean-Jacques Balet (Journées
Janacek au Grand Théâtre de Genève) et a joué
sous la direction de Laurent Gay et de Stefan Ashburry au Victoria Hall
de Genève et à la Tonhalle de Zürich. Il a réalisé
la première européenne des Feuillets inédits pour
piano et ondes-Martenot de Messiaen et sest produit récemment
sur la Scène Nationale Le Phénix de Valenciennes.."
.." Ma satisfaction dans l'activité de concertiste, c'est
de toucher différents publics, aussi bien celui du Musée
de la vie Romantique à Paris, ou du Victoria Hall de Genève
que celui du Théâtre de Valenciennes ou d'Erevan en Arménie.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, la communauté d'agglomération
de la Porte du Hainaut organise un Festival en juillet - les Estivales
- qui me tient particulièrement à coeur. Ces Estivales
consistent à faire redécouvrir le patrimoine culturel
des villes et villages de l'agglomération à travers différents
concerts dont les programmes sont le plus souvent en lien avec l'histoire
des lieux. Pour la première édition l'année dernière,
j'avais ainsi eu l' occasion de pouvoir me produire dans trois récitals
de piano, trois soirs de suite, dans trois églises différentes,
dont l'histoire s'étend du Moyen-Age au 20ème siècle.
Pour chaque concert, un spécialiste du patrimoine présentait
l'église pendant l'entracte. Pour aller plus loin, j'aimerais
pouvoir développer ma passion à des fins utiles sur les
plans social ou humanitaire. En tant que professeur, j'ai souvent joué
pour des écoles, collèges, lycées. Mais jouer pour
des personnes à l'hôpital, des prisonniers ou dans des
pays en voie de développement sont des expériences qui
me restent à vivre : en Afrique, au Asie ou en Amérique
du Sud. D'ici quelques années, j'aimerais par exemple pouvoir
utiliser le réseau culturel à l'étranger (type
alliances françaises, AFAA) pour pouvoir développer des
projets d'ordre culturel (donc humanitaire!) dans ces pays."
Interrogé sur son meilleur et pire souvenir de concert il confie
:"L'un de mes meilleurs souvenirs de concert : Avec l'Orchestre
du Conservatoire de Genève, à la Tonhalle de Zürich,
une salle incroyable, qui paraît immensément profonde depuis
la scène. Un programme ambitieux : le Martyre selon St-Sébastien
de Debussy et la Turangalila Symphonie de Messiaen, oeuvre gigantesque
en 10 mouvements, mêlant à la fois poésie profonde
et énergie palpitante. Le chef Stefan Ashburry qui dirige cette
musique avec une précision et un dynamisme rare. Une écoute
attentive du public pendant les 2 heures de concert. Après le
dernier accord, les gens se lèvent et applaudissent pendant 15
minutes. Une ambiance mystique dans la Tonhalle de Zürich pour
un soir de février où au sortir du concert, la capitale
suisse nous offrait quelques flocons de neiges... Et l'un de mes pires
souvenir de concert : La veille de l'un de mes récitals-examen
dans la Grande Salle du Conservatoire de Musique de Genève, je
me coupe le doigt par mégarde avec une lame de rasoir. L'entaille
est assez profonde mais je décide tout de même de ne pas
reporter l'échéance à la rentrée suivante.
Je passe alors une nuit sans dormir, une poupée au doigt. Le
lendemain, je me dirige sur scène face à l'immense Steinway
qui ne semble pas d'humeur à me rendre la vie facile. Un petit
pansement au doigt, je commence à jouer mon programme et arrive
à enchaîner les oeuvres alors que la douleur commence à
apparaître. A la fin du récital, alors que je commence
à me détendre, la fugue finale des Haendel-Variations
de Brahms déplace légèrement mon pansement. Sans
m'arrêter, je vois alors petit à petit le sang qui imprègne
les touches d'ivoire du Steinway de concert et une sensation désagréable
de doigts collants m'envahit plus que la douleur. J'arrive finalement
à la fin de la fugue et une fois le combat terminé, je
clos le récital, laissant derrière moi un piano rouge
et noir.. En descendant de scène, je glisse au régisseur,
qu'il faudra peut-être nettoyer les touches... Heureusement, l'examen
sera réussi"
Antoine Didry-Demarle se réjouit de l'approche de la fête
de la musique : "J'aime les concerts de la Fête de la
musique car ils s'adressent en général à un public
beaucoup plus large que celui qui se déplace habituellement dans
les salles. D'abord parce que ces manifestations sont gratuites, ensuite
parce qu'elles sont festives. A Genève par exemple, on peut entendre
la musique à chaque coin de rue pendant 3 jours complets : de
l'Orchestre de la Suisse Romande qui joue une symphonie au Victoria
Hall au groupe de musique traditionnelle africaine se produisant sur
une esplanade, en passant par les élèves de l'Ecole de
Musique du Conservatoire qui présentent leur spectacle dans la
rue avec leurs professeurs..." Nombreux autres concerts à
venir lui tiennent aussi à coeur : "Prochainement, je
me produirais dans deux églises en récital de piano pour
les Estivales de la Porte du Hainaut : le 11 juillet à l'église
de Lieu-St-Amand et le 17 juillet à l'église de Oisy.
Ces projets me tiennent à coeur d'abord car j'aime retourner
jouer dans ma région natale, ensuite car ces projets permettent
à des gens qui ne vont pas régulièrement au concert
de découvrir à la fois la musique et leur patrimoine.
Par ailleurs, à l'occasion de l'année de la Russie en
France, j'ai choisi pour ces récitals un répertoire que
j'affectionne particulièrement : Prokofiev, Roméo et Juliette
; Rachmaninov, Les Etudes-Tableaux Op. 39 , entre autres."
Un autre projet, et pas des moindres, lui tient aussi à coeur
: "Un projet de film pour la télévision est actuellement
en cours. Le réalisateur Didier Laroche, que j'ai rencontré
suite à un concert du Duo Métamorphoses, est passionné
de musique et va réaliser la captation vidéo de la performance
pour deux pianos autour de Cage et Scarlatti que nous réaliserons
l'année prochaine. L'idée est de placer la trame du film
sous l'angle du parcours croisé entre Andrea Corazziari et moi-même
tout en filmant nos séquences de travail, nos répétitions,
nos concerts, bref, notre démarche artistique et pédagogique.
C'est donc un portrait croisé qui sera réalisé
avec l'ambition de mettre en avant la manière dont notre démarche
s'est construite, les moments clefs et les décisions majeures
qui nous ont conduits vers ce que nous faisons aujourd'hui, tout en
portant un regard vers l'avenir. "
Actualité ... Si vous êtes en Suisse ou à proximité...
sachez que le pianiste Antoine Didry-Demarle se produira en récital
dimanche 13 novembre dans le cadre des Concerts de la Galerie La Primaire.
Une Heure Musicale où les oeuvres pour piano de Johannes Brahms,
Claude Debussy et Zoltán Kodály composent un voyage riche
et subtil où la poésie sonore est au service de l'imaginaire.
Dimanche 13 novembre 2011 à 17h
La Primaire
Chemin de Colombe 7
Genève, Conches, Suisse
et si vous n'êtes pas en suisse
voici les dates de ses prochains concerts
Prochains concerts :
- le 31 janvier 2012 au Théâtre de Cambrai - Nord
- le 19 février 2012 à Modane - Italie (Duo Métamorphoses)
- le 4 avril 2012 à la Galerie Colbert de l'INHA - Paris
Son répertoire, son interprétation....
Antoine
Didry-Demarle veut éviter de se spécialiser dans un répertoire
: "Un jour je tombe amoureux de Brahms, alors que la veille
j'idolâtre Prokofiev et que le lendemain je craque pour Debussy
! ... et je ne parle pas de Scarlatti, Beethoven, ou Moussorgski ...
Disons qu'en général, j'aime particulièrement la
musique qui s'étend du milieu du 19ème siècle à
la seconde guerre mondiale. On pourrait alors définir la plupart
de mes programmes comme romantico-modernes. Ce que j'affectionne beaucoup
chez Brahms, c'est ce sentiment de synthèse entre Bach et Beethoven.
Une musique empreinte de fougue et de passion comme dans les sonates
de jeunesse, de vitalité et d'invention comme dans les Haendel
ou les Paganini-variations, ou encore de mélancolie et d'obscurité
comme dans les pièces tardives Op. 117 à 119. Le plus
souvent, on découvre la beauté de sa musique dans le temps
et la lenteur d'une interprétation posée, alors que chez
Liszt par exemple, c'est la rapidité et la réalisation
virtuose qui bien souvent dévoilent une image clair de l'oeuvre.
Et puis, par ses techniques de compositeur, de pianiste et d'improvisateur
étroitement liées, Liszt a réussi en quelque sorte
à écrire des partitions d'orchestre pour le piano. Et
c'est aussi ce qui constitue le défi du pianiste : réussir
à faire sonner son piano comme un orchestre !"
Antoine Didry-Demarle s'intéresse aussi aux compositeurs du
20ème siècle et il est d'ailleurs lauteur du mémoire
« John Cage : pour une autre écoute
» ...:"
J'ai découvert John Cage en tombant un jour sur un disque
de piano préparé. Sur le disque, le nom d'un seul pianiste
et pourtant, une incroyable richesse de sons différents m'évoquait
tantôt des percussions africaines, tantôt des gamelans indonésiens.
En me penchant sur son oeuvre, j'ai découvert les Sonates et
Interludes pour piano préparé que je joue maintenant régulièrement
et pour lesquelles Cage demande de placer vis, boulons, écrous,
rondelles, gommes, caoutchouc, sur les cordes du piano. Le résultat
est évidemment très surprenant car le son du piano est
transformé, mais il est surtout d'une incroyable poésie.
En fait, Cage est intéressant par son message. Au milieu du petit
monde d'avant-garde musical des années 50, cet artiste a posé
une bombe : 4'33" de silence (1952). Je vous conseille de lire
son essai Silence (édition Contrechamps) et d'écouter
ses pièces pour piano préparé (Sonates et Interludes,
Daughters of the lonesome Isle, The perilous Night), ainsi que ses Music
of Changes pour piano et son incroyable oeuvre indéterminée
: le Concert pour piano (1958). Pour Cage, l'oeuvre d'art n'existe pas,
ce qui existe c'est la transformation qui s'opère chez un individu
au contact d'une expérience. Musicien, compositeur, peintre,
plasticien, graveur, découvreur de sons inouïs, inventeur
de la musique électronique, du happening, du théâtre
musical, philosophe pacifiste, orientaliste fan de bouddhisme zen, directeur
musical de la compagnie de ballets de Merce Cunningham, John Cage a
aussi été un mycologue reconnu, champion d'échec,
enseignant, et surtout un poète en quête de formes inédites
Au delà de ses nombreux écrits, John Cage n'a cessé
tout au long de sa vie de mettre en évidence les beautés
de notre monde dont les portes sont grandes ouvertes sur l'art et sur
la vie : apprendre à voir autrement, apprendre à écouter
autrement, apprendre à vivre autrement. "
De même Antoine Didry-Demarle s'attache à éviter
de se spécialiser dans une forme musicale particulière
:" Je joue en récital la plupart du temps mais il y a
des périodes où je préfère jouer en musique
de chambre ou en deux pianos. L'avantage des récitals est que
l'on peut monter un projet véritablement personnel. L'inconvénient
est que l'exercice sur scène demande une énorme préparation,
physique et mentale. Seul en scène, on est tout nu. Il faut avoir
une disponibilité de l'esprit total et pouvoir se reposer sur
un cadre psycho-affectif très solide pour réussir seul.
L'entourage est très important. Je ne me vois pas comme un pianiste
tourné vers lui-même et reclus devant son piano. Pour moi,
ce qui compte avant tout, c'est l'échange. La musique est d'abord
une expérience à partager, avec le public bien sûr,
mais aussi avec d'autres musiciens, au contact desquels on apprend,
on voit différemment les choses. C'est pourquoi je mène
des projets ponctuels de musique de chambre ou plus réguliers
avec le Duo Métamorphoses."
Antoine Didry-Demarle a en effet fondé en 2007 le Duo Métamorphoses
avec le pianiste italien Andrea Corraziari mais il joue également
avec d'autres musiciens :"Le Duo Métamorphoses s'attache
à faire vivre le répertoire pour piano contemporain en
dialogue avec le répertoire dit "traditionnel". Une
manière de concevoir l'art et la musique de manière intemporelle,
en créant des passerelles entre les époques, des correspondances
entre les oeuvres. Ainsi, notre duo se produit dans de multiples formations
: piano à 4 mains, deux pianos à 4 mains, piano et piano
préparé. Nous nous intéressons au répertoire
américain (John Cage, Steve Reich, George Crumb, John Adams...)
ainsi qu'à des compositeurs européens comme György
Ligeti, Giovanni Sollima, Fausto Razzi... Nous avons réalisé
en février 2008 la création française de Musica
per due pianoforti de Fausto Razzi. Notre démarche est donc à
la fois artistique et pédagogique car nos projets proposent d'élargir
l'ouverture aux mondes sonore, visuel et corporel en suscitant une manière
différente de voir, d'entendre, de ressentir, de comprendre.
L'idée est d'établir des parallèles, des points
communs entre les arts, en impliquant activement le public à
vivre l'expérience de l'écoute, en dirigeant l'attention
par focalisation au milieu des interactions sonores et visuelles. Andrea
Corazziari est le partenaire avec lequel je me produis le plus régulièrement.
J'ai également beaucoup joué avec Sona Igytian, pianiste
arménienne avec laquelle j'ai réalisé l'intégrale
des Danses Hongroises de Brahms. Nous nous produisons d'ailleurs régulièrement
dans ce programme et nous avons joué en France, en Suisse et
en Arménie. A Genève j'ai rencontré beaucoup de
musiciens talentueux venus d'Europe de l'Est (Hongrie, Bulgarie) ou
d'Amérique du Sud (Venezuela, Colombie). En France, je viens
de me produire sur la Scène Nationale du Théâtre
de Valenciennes aux côtés d'un ami d'enfance, François
Lemoine, clarinettiste, qui a fait ses premiers pas au Conservatoire
de Denain et que j'avais perdu de vue depuis presque 20 ans ! Je le
retrouverai bientôt pour les Estivales de la Porte du Hainaut."
Interrogé
sur sa façon de travailler Antoine Didry-Demarle confie : "La
plupart du temps, j'en viens à aborder un compositeur parce que
l'une de ses oeuvres m'interpelle en particulier. En général,
c'est au contact direct d'une interprétation entendue en concert,
en disque, en bande sonore au cinéma, ou dans des spectacles
de danse que je découvre ou redécouvre une oeuvre qui
m'appelle. C'est comme si le travail de répertoire venait à
moi plutôt que l'inverse. Les pianistes ont la chance d'avoir
une littérature pianistique hors du commun. C'est un privilège
mais c'est aussi une difficulté car face à une telle bibliothèque
de partitions, il faut choisir. Et donc, il faut aussi bien se connaître.
Une fois que j'ai la partition, je la déchiffre pour développer
une vision globale et encore fraîche, ce qui est primordial, car
bien souvent, la première lecture révèle des évidences
musicales, des réflexes spontanés qu'il faut tenter de
retrouver dans le travail d'organisation et de construction de l'interprétation
qui vient ensuite. Une fois que je me suis fait une idée de ce
que je voulais pour une oeuvre, alors je me mets à me renseigner
sur le compositeur, à lire des livres, à écouter
des disques, plus sur les oeuvres périphériques que sur
l'oeuvre que je travaille réellement pour pouvoir être
inspiré sans être influencé. Je pense par exemple
qu'il est difficile de jouer les pièces tardives de Brahms si
l'on n'a pas écouté ou joué ses lieders, ou sa
musique de chambre ?"
Quant à son interprétation..."Je pense que le
plus important dans une interprétation, ce n'est pas tant de
se préoccuper du "bon goût", ou d'une manière
de faire "à la mode" que de construire ses propres
idées musicales pour rester en accord avec soi-même. Le
terme d'interprétation ne veut pas dire grand chose puisqu'il
dépend finalement d'une mode. Ce qui compte, c'est de jouer avec
ses propres idées musicales en essayant de se rapprocher le plus
possible de ce que l'on croit être l'idée du compositeur.
C'est quand ces deux idées se rejoignent au plus près
qu'une interprétation est à mon sens la plus juste et
la plus belle."
....Et ses goûts musicaux : "Je n'écoute pas tant
de musique dite "classique". En fait, je ne peux pas écouter
de musique sans me concentrer. Mon oreille analyse et a besoin de comprendre
le langage. Cela peut paraître compliqué mais c'est en
fait une source de plaisir. Simplement, j'écoute avec parcimonie.
De plus, en général, je trouve qu'il manque une dimension
sur les disques, celle du vécu, celle du temps réel. Je
préfère aller au concert. J'aime aussi les musiques de
film. Le cinéma a bercé mon enfance et je suis devenu
incollable sur les musiques des compositeurs américains John
Williams, Alan Silvestri, James Horner, Danny Elfmann, Hans Zimmer et
bien d'autres... Je ne connais pas toutes les musiques "actuelles".
Le plus souvent, les musiques d'aujourd'hui sont tournées vers
la variété, le spectacle, le divertissement, plutôt
que vers l'écoute. Mais je ne reste pas indifférent face
à des groupes de rock comme Archives ou Girls in Hawaï.
Dans le domaine de la pop music, force est de constater qu'il y a eu
un avant et un après Michael Jackson, comme il y avait eu un
avant et un après Beatles. Chez les français, j'écoute
Alain Bashung ou Jean-Louis Murat. Voilà des chanteurs qui arrivent
à nous emmener dans un monde, dans un univers qui leur est propre.
D'une certaine façon, ils nous inspirent par leur poésie.
Bashung et sa tournée des Grands espaces... Murat qui chante
Baudelaire..."
Nul doute que le réalisateur du film à venir aura fort
à faire pour le suivre car interrogé sur ses autres passions
il répond très longuement : "J'adore la peinture
et vais régulièrement aux Musées d'Orsay et du
Louvre. Je reste complètement en admiration face à ce
que nous ont laissé les maîtres qui vivent dans ces musées.
Comment peut-on rester indifférent face aux oeuvres du Caravage,
du Titien, de Vermeer, de Ingres ou de De la Tour ?.. Et je ne parle
pas des richesses incalculables et des trésors de l'Antiquité
orientales, grecquo-romaines et égyptiennes au milieu desquelles
je me plais à passer toute une journée pour essayer de
comprendre d'où l'on vient et qui nous sommes. J'aime aussi la
littérature et la poésie. Les Fleurs du Mal de Baudelaire
font partie pour moi des textes les plus beaux jamais écrits
et font évidemment directement écho à la musique
symboliste que j'aime (Préludes de Debussy). J'ai une passion
pour le cinéma. De Georges Méliès et Charlie Chaplin
à Tim Burton et Quentin Tarentino. Les films qui m'ont marqué
: Rain Man de Barry Levinson, Vol au-dessus d'un nid de Coucou de Milos
Forman, Mon Oncle de Jacques Tati, Brazil de Terry Gilliam, Le Mépris
de Jean-Luc Godard, Pulp Fiction de Quentin Tarentino, Eyes Wide Shut
de Stanley Kubrick...
De manière générale, j'ai le goût de l'aventure
et des grands espaces. J'adore la randonnée. Je trouve qu'il
y a des points communs entre la manière d'appréhender
un chemin pour gravir une montagne, et la manière de travailler
pour construire une interprétation. A chaque pas, une avancée
vers l'inconnu et un sentiment mêlé de fragilité,
d'envie et de chance d'appartenir à notre monde. Quand j'ai du
temps devant moi, je pars découvrir les grands espaces de notre
monde : la Cordillère Blanche au Pérou, le Massif du Mont-Blanc,
les déserts d'Arizona et le Grand Canyon, le Pays Dogon au Mali
et le déser du Sahara, la jungle du Triangle d'Or, à la
frontière de la Birmanie et de la Thaïlande... Au coeur
de ces voyages, la rencontre des locaux constituent bien souvent les
moments inoubliables."
Ecouter...
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Debussy, Brahms, Liszt
Images croisées
Antoine Didry-Demarle
Il n'est pas un mystère que pour les jeunes musiciens
il est de plus en plus difficile d'obtenir la production d'un
disque pourtant c'est un outil qui leur est indispensable pour
se faire connaître. Heureusement de nouvelles sociétés
viennent parfois en aide à certains d'entre eux. Ainsi
la société Becar Prod Limited qui a choisi de multiplier
les moyens, notamment un excellent piano Fazioli, pour éditer
le jeune pianiste Antoine Didry-Demarle dont le parcours est loin
de démériter, bien au contraire puisqu'il a d'ailleurs
été lauréat de la fondation Agostini en 2005
et du mécénat musical de la Société
Générale en 2006...(voir
ici son parcours)
Il a choisi d'enregistrer un programme de trois compositeurs qui
occupent une place importante dans son répertoire ces dernières
années alternant les Klavierstucke de l'opus 118 de Brahms
à des préludes de Debussy et terminant par la Sonate
en si mineur de Liszt. Dans l'Opus 118 de Brahms la musique évoque
à la fois l'agitation d'une lointaine fougue amoureuse,
la tendresse et la chaleur d'une histoire passée, mais
aussi la tristesse et la mélancolie des jours heureux.
Claude Debussy préfère suggérer une atmosphère
propre à chacune de ses oeuvres, celles-ci étant
de nature plus abstraite ainsi en témoignent d'ailleurs
les titres de certains préludes :"les sons et les
parfums tournent dans l'air du soir"..."Ce qu'a
vu le vent d'Ouest" "La terrasse des audiences
du clair de lune". Franz Liszt quant à lui met
en scène dans sa sonate une histoire de grande ampleur
dans laquelle il personnifie musicalement les héros de
l'oeuvre du poète allemand Goethe: Faust, Méphistophélès,
et Marguerite... Un programme fort bien construit et passionnant
tant par la richesse de ces contrastes que par son unité
logique qui ouvre l'imagination et qu'Antoine Didry-Demarle nous
invite à vivre comme une exposition ou un voyage. Ce qui
se fait sans peine grâce à son interprétation
remarquable qui en exalte parfaitement les multiples couleurs
et reliefs mais aussi les correspondances ainsi pourrez vous le
découvrir dans deux extraits plus bas : le dernier intermezzo
en mib mineur de l'opus 118 Brahms où des motifs mélodiques
ne sont pas sans rappeler les formules lointaines de "la
terrasses des audiences du clair de lune." de Debussy
comme l'explique le pianiste. Vous pourrez également voir
une vidéo prise lors de l'enregistrement de "Ce
qu'a vu le vent d'ouest"....cliquez
ici pour lire la suite, écouter deux extraits et voir
une vidéo
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