Varduhi Yeritsyan
Merci à Varduhi Yeritsyan d'avoir répondu
aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Varduhi
Yeritsyan est née en Arménie en 1981, ce qu'elle commente
avec humour : "entre les deux tours de l'élection présidentielle
française, un jour de fête du travail (1er mai) ce qui
était prémonitoire à la fois de ma venue à
Paris et de mon goût pour les journées studieuses ! Mes
parents sont tous les deux musiciens, ainsi que ma grande soeur qui
est altiste (je ne sais pas si c'est être musicien que d'être
altiste, mais en Arménie, en tout cas, il paraît que si
!). Sa mère qui enseigne le piano fut son premier professeur
: " Elle a été particulièrement exigeante
avec moi, ayant remarqué assez tôt que j'avais quelques
dons pour la musique." Elle entre ensuite à l'Ecole
Spécialisée Tchaikovsky à Erevan : "C'était
un lieu assez singulier, à la fois pour l'instrument et pour
les disciplines qui y étaient liées. Le culte des grandes
figures du piano "soviétique" faisait partie de l'enseignement,
et les Richter et autres Gilels étaient de véritables
modèles. "
A l'âge de vingt ans Varduhi Yeritsyan s'installe en France
et intègre le conservatoire d'Evry..."J'ai toujours eu
une passion pour la France (il faut dire que l'Arménie est particulièrement
francophile). Sa littérature, sa peinture, et son art de vivre
étaient particulièrement attrayants pour moi. Et puis,
j'ai grandi en URSS, conglomérat de pays marqués par une
révolution, et je devinais aussi cet aspect radical chez les
français. J'ai travaillé pendant un an au conservatoire
d'Evry avec Jean-François Dichamp, qui est un très grand
pédagogue et un homme particulièrement généreux,
avant d'entrer chez la plus russe des pianistes françaises au
Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
: Brigitte Engerer. Ma famille, hélas, est restée en Arménie
(ma soeur occupe le poste d'alto solo à l'opéra d'Erevan).
Un an plus tard Varduhi Yeritsyan intègre le Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris où elle obtient
les plus hautes récompenses en piano et en musique de chambre.
Elle participe au cycle de perfectionnement dans ces deux disciplines,
respectivement auprès de Brigitte Engerer qui a été
son véritable mentor depuis son arrivée en France, et
de Marc Coppey..."J'ai en fait étudié au
CNSMDP avec Brigitte Engerer, Emmanuel Mercier, Claire Désert,
Marc Coppey. La figure de Brigitte a été évidemment
centrale durant les nombreuses années où j'ai étudié
auprès d'elle (cursus traditionnel puis en 3e cycle). Humainement
et musicalement, elle était une personne d'une générosité
absolue. J'ai évidemment vécu de merveilleuses années
auprès d'elle, et sa disparition en juin dernier a été
un véritable drame pour moi. Elle était beaucoup plus
qu'un professeur pour moi, et j'ai même eu la chance de partager
à plusieurs reprises la scène avec elle. J'ai eu aussi
la chance de travailler il y a quelques années avec Denis Pascal.
Et je suis maintenant son assistante au CNSMDP. C'est un pédagogue
hors pair, et c'est une grande chance pour moi d'être à
ses côtés pour transmettre ma double expérience
du piano (russe et française) à ses élèves.
De ce fait, je n'ai en fait jamais vraiment quitté cette maison
fabuleuse, dont le rayonnement en Arménie a toujours été
très fort."
En 2007, Varduhi Yeritsyan remporte le concours Avant-Scènes
du Conservatoire de Paris..."Le concours des Avant-Scènes
était réservé, à l'époque, à
tous les instrumentistes qui étudiaient en 3e cycle, et était
un peu la vitrine du Conservatoire. Il permettait aux vainqueurs de
jouer un concerto avec l'orchestre des lauréats du Conservatoire
à la Cité de la musique. Il m'a permis de me faire connaître
à un plus grand nombre, le jury étant composé de
personnalités comme, cette année-là, Arièle
Butaux ou Bruno Messina."
Elle est aussi lauréate des fondations Natixis - Banque populaire,
Tarrazi, Nadia et Lili Boulanger, Meyer et lOr du Rhin...."Ces
fondations soutiennent de jeunes artistes soit financièrement,
soit en leur proposant des concerts. Evidemment, cela n'est pas négligeable
en début de carrière. Ma reconnaissance est infinie pour
ceux qui m'ont aidé à effectuer la transition entre mes
études et ma vie professionnelle. Par exemple, la tournée
organisée par l'Adami pour ses "révélations"
m'a permis de jouer pour la première fois dans de nombreuses
salles françaises, et de me familiariser encore mieux avec le
public. "
Varduhi Yeritsyan joue régulièrement dans de nombreuses
scènes françaises et internationales ainsi aux Pays-Bas,
dans de nombreux pays de l'Europe de l'Est, en Espagne, au Portugal,
en Allemagne et plus récemment en Arménie ... Elle a notamment
joué à l'auditorium du Louvre, la Cité de la musique
et la salle Pleyel à Paris, l'Arsenal de Metz, la Halle aux Grains
de Toulouse, l'opéra de Vichy, le théâtre du Gymnase
de Marseille, l'opéra théâtre d'Avignon, l'auditorium
du Musée de Grenoble, l'opéra national de Lorraine, le
théâtre impérial de Compiègne, La Casa da
Musica de Porto, le Concertgebouw d'Amsterdam et le théâtre
de Den Haag aux Pays-Bas, la Philharmonie Tchèque de Prague,
lacadémie Sibelius de Helsinki, le théâtre
Estonia de Tallin....
Interrogée sur meilleur( et éventuel pire) souvenir de
concert Varduhi Yeritsyan confie "J'aurais tendance à
dire que l'hommage qui a été donné au CNSMDP en
hommage à Brigitte Engerer le 6 novembre dernier fut les deux
à la fois. Ce fut un moment de communion magnifique, avec des
amis de Brigitte (Gérard Caussé, Nicolas Angelich, Henri
Demarquette...), d'anciens et d'actuels élèves. Les merveilleux
moments de musique en font un des plus beaux concerts. En même
temps, ce fut un des pires, car cet hommage fut une célébration
posthume à laquelle nous n'aurions jamais voulu assister."
Parmi ses projets à venir, des concerts avec lorchestre
de Bretagne (Saint-Saens et Liszt) sont prévus pour en novembre
2012. "C'est Pascal Gallois, bassoniste célèbre
et membre de l'Ensemble InterContemporain qui m'a contactée pour
ce projet double. D'une part, nous jouons ensemble un programme autour
de Jean-Sébatien Bach et Giorgy Kurtag. D'autre part, Pascal
troque son basson pour la baguette afin de diriger un programme avec
cet orchestre où je jouerai l'Allegro appassionato de Camille
Saint-Saëns, qui est une pièce de bravoure assez méconnue
et pourtant très brillante. "
Varduhi Yeritsyan donnera aussi à lamphithéâtre
de lopéra Bastille à Paris une intégrale
des Sonates dAlexandre Scriabine, quelle gravera en disque
à cette occasion..."Christophe Ghristi, le génial
programmateur de l'amphithéâtre de l'opéra Bastille,
m'a proposé il y a un an de jouer l'intégrale des Sonates
de Scriabine, la succession des pièces étant entrecoupée
de lectures de textes faite par Olivier Py. C'est un projet colossal,
car le corpus est immense et particulièrement difficile. J'espère
vivement enregistrer ces Sonates dans la foulée, car l'investissement
de travail de ma part est vraiment énorme ! "
Nouveau : Actualité 2015
sortie de deux disques en septembre 2015 ( à découvrir plus bas dans la page)
Cet été a été très dense pour la pianiste Varduhi Yeritsyan : avec le festival Berlioz, Classique au vert, les Bagatelles, festival d’Elne, le sublime opéra de Vichy… Elle va donner dans les prochains jour un concert à Piano aux Jacobins, puis un autre dans le festival « Harmonies d’automne » dirigé par mon amie Elena Filonova (dans un cadre merveilleux, la chapelle de la Fondation Eugène Napoléon). Le 10 octobreelle aura le plaisir de retrouver le Théâtre Impérial de Compiègne avec les « Lettres d’Arménie », ensuit
Son répertoire
Interrogée
sur son répertoire de prédilection, Varduhi Yeritsyan
répond :" J'espère avoir plusieurs répertoires
de prédilection ! J'ai du mal à considérer qu'aujourd'hui,
alors que la musique voyage vite et que l'on a accès par le disque
ou internet à une somme d'informations gigantesque, on peut se
permettre de limiter le champ des possibles à un ou deux compositeurs.
Bien sûr, la musique russe (Prokofiev, Stravinsky ou Scriabine)
a une importance primordiale pour moi, mais je joue aussi beaucoup Schumann,
Debussy, Ravel, Bach, ou la musique contemporaine. En fait, je déteste
la démagogie au concert. Je ne suis pas là pour flatter
le public, mais pour lui proposer un parcours, un voyage, en mettant
des oeuvres en perspective les unes avec les autres. L'image du pianiste
romantique évanescent et distant est pour moi dépassée,
obsolète. Je préfère la laisser à certaines
"stars" du piano, et tracer ma route sans aucune concession
de répertoire."
Décidément attachée à son humour, au sujet
de sa façon de travailler Varduhi Yeritsyan indique: "
En général, je me lève vers 11h, je bois un café
tout en lisant sur internet ce qui se passe dans le monde, puis j'enchaîne
avec le repas de midi. Ensuite, je regarde la télévision,
j'appelle ma famille et des amis au téléphone, puis je
lis des articles de décoration intérieure et je consulte
des atlas afin de savoir où je suis. Arrive l'heure du dîner,
que je partage avec mon amoureux, puis je suis très fatiguée,
et je vais me reposer jusqu'au lendemain. Oh zut, j'ai oublié
de travailler ! Plus sérieusement, je préfère avoir
d'abord une vision d'ensemble des oeuvres avant de m'occuper des détails.
Savoir où est l'essentiel, savoir ce que l'auditeur retiendra,
avant de devenir pianiste. C'est en musicienne que j'essaie de me consacrer
à mon instrument."
Chambriste recherchée, Varduhi Yeritsyan a partagé la
scène avec Brigitte Engerer, les quatuors Danel,
Psophos, Ardeo et Tercea, les violonistes Jean-Marc Phillips-Varjabédian,
Hae Sun Kang et Fanny Clamagirand, la violoncelliste Aurélienne
Brauner, le pianiste François-Frédéric Guy (créations
du double concerto et « Icare » pour deux pianos de Bruno
Mantovani) ou le pianiste de jazz Tigran Hamasyan...."J'adore
la musique de chambre, j'ai toujours aimé la pratiquer, d'autant
que le côté humain est tout aussi important que le musical.
Avec Tigran, l'enjeu est singulier : nous ne jouons pas du tout le même
répertoire (il est jazzman). C'est plutôt une forme de
confrontation ou d'enrichissement réciproque entre l'écriture
et l'improvisation. Les concerts avec lui sont plutôt ludiques,
voire spectaculaires. Nous nous apprécions énormément
dans la vraie vie. "
Cependant elle aime tout autant les récitals et jouer avec
un orchestre car..."Là encore, je n'ai pas de choix à
faire. J'aime tout cela : le récital pour le contrôle absolu
du répertoire, la musique de chambre pour le partage de l'intimité,
et les concertos pour la masse orchestrale. Je ne pourrais pas vivre
uniquement dans un de ces trois genres. "
Elle ne pourrait non plus pas vivre sans son métier d'enseignante
qui lui permet de transmettre sa passion ..."Avant d'assister
Denis Pascal au CNSMDP, j'ai eu en permanence des expériences
pédagogiques, quasiment depuis l'enfance (il m'est arrivé
de remplacer ma mère quand elle ne pouvait assurer ses cours).
De très jeunes enfants à des pianistes élèves
au CNSMDP, j'ai toujours aimé transmettre, c'est exaltant et
m'a toujours nourri artistiquement."
Ecouter...
Paru en septembre 2015
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Scriabine
Intégrale des Sonates
Varduhi Yeritsyan, piano
Letters from Armenia
Oeuvres de Komitas et Katchaturian
Varduhi Yeritsyan, piano
Lussine Levoni, soprano
Liana Gourdjia, violon
Mariam Adam, clarinette
Araik Bartikian, duduk
La pianiste Varduhi Yeritsyan, que l'on avait pu découvrir en 2012 à l'occasion de la sortie d'un disque d'oeuvres de Prokofiev, a profité de ces trois années pour réaliser deux projets qui lui étaient, explique-t-elle à l'occasion d'un nouvel entretien à lire ci-dessous, "d'une nécessité intime très forte". Et si la pianiste est née le jour de la fête du travail en Arménie, ces deux albums laissent deviner un important travail puisqu'il s'agit d'un double disque réunissant les dix sonates d'un autre compositeur russe : Scriabine, un compositeur dont le langage musical a suivi une évolution longue et constante, et un disque de musique de chambre arménien, musique de synthèse, comme la langue nationale, entre des sources opposées, entre est et ouest, entre populaire et savante...cliquez ici pour lire la suite, écouter des extraits et voir deux vidéos. |
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Serge Prokofiev
Visions Fugitives,
Sonates n°2 et 3
Sarcasmes
Suggestion Diabolique
Varduhi Yeritsyan, piano
Née en Arménie et vivant en France depuis lâge
de vingt ans, Varduhi Yeritsyan par sa double culture héritée
de grands maîtres comme Brigitte Engerer, Vladimir Krainev,
Msitslav Rostropovitch, Denis Pascal ou Claire Désert ,
est l'une des spécialistes du répertoire russe sans
pour autant négliger d'autres répertoires et ce
jeudi 29 novembre 2012 et le lendemain elle jouera au TNB de Rennes
avec l'Orchestre de Bretagne dans le cadre d'Orchestre en fête
le bassoniste virtuose et chef d'orchestre Pascal Gallois qui
a construit un programme France/Hongrie a demandé à
la pianiste de se joindre à lui et lOrchestre pour
un programme Liszt, Sains-Saens, Bartok. Son disque sorti chez
le label Maestria Records en mai 2012 grâce au soutien de
la fondation Jean-Luc Lagardère dont elle a été
lauréate en 2010 est consacré par contre à
un compositeur russe : Prokofiev, compositeur dont la musique,
confie la pianiste à l'occasion d'un entretien, est "
une sorte de langue maternelle" pour elle...cliquez
ici pour lire la suite et écouter nombreux extraits
!
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En savoir plus
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