Merci à Trudelies Leonhardt d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Trudelies
Leonhardt est née un 30 mai à Laren, un village à
30 km au sud d'Amsterdam dans une famille de musiciens : "Mon
frère Gustav, célèbre claveciniste, est né
exactement 3 années avant moi, également un 30 mai !
Ma mère - autrichienne - était une excellente violoniste,
mon père - hollandais - flûtiste et mon frère aîné
hautboïste, tous amateurs passionnés."
Elle a commencé le piano à l'âge de cinq ans : "Pourquoi
?...je n'en sais rien, mais dans ma tête d'enfant c'était
normal, dans l'ordre des choses..., c'était simplement juste !
Un peu plus tard j'ai pratiqué aussi le violon pendant quelques
années. Je trouvais toutefois cet art horriblement difficile
et... quelle fatigue que de tenir le violon et les bras en l'air !
Ce n'était vraiment pas ma tasse de thé."
Elle prend ses premières leçons de piano à Amsterdam,
auprès de Johannes Röntgen, Anthon van der Horst et Nelly
Wagenaar :" Oui, mon premier professeur de piano était
Johannes Röntgen, grand ami de mes parents. On n'aurait pas pu
trouver meilleur initiateur, car tout en lui respirait la musique; sa
conversation était toujours chantée et mainte mélodie
fut pourvue par lui de rimes, parfois coquines mais toujours drôles!
Anthon van der Horst était mon maître de théorie
musicale et Nelly Wagenaar ma prof de piano au Conservatoire d'Amsterdam.
Elle était une grande pianiste et une dame tout aussi grande
et distinguée."
Grâce à son milieu familial musical, Trudelies Leonhardt
à la chance d'être en contact direct avec nombreux musiciens
: "Il est évident qu'on a besoin d'exemples quand on
est jeune, et nos parents n'ont jamais manqué de nous mener aux
concerts ou d'inviter des artistes à la maison. Parmi ces artistes
figure Adrian Aeschbacher, qui venait deux fois par année en
tournée en Hollande et logeait chez nous. J'ai eu la chance d'avoir
chaque fois des cours avec lui ! Il était un grand poète
du clavier avec en plus un tempérament de feu."
A la fin de ses études Trudelies Leonhardt reçoit le
Prix Elizabeth Everts, prix honorifique qui couronne son examen de soliste
:"Etant donné que l'on ne commence pas sa carrière
en sortant du Conservatoire, il n'a pas pu servir de rampe de lancement.
La "Couronne de Lauriers des Amis du Concertgebouw" que je
recevais ensuite, était dans un sens plus précieuse puisque
mon nom figure depuis sur un des murs de ce vénérable
édifice, fait, dont je ne suis pas peu fière !"
A la question de savoir quand elle a décidé de devenir
pianiste professionnelle Trudelies Leonhardt s'exclame :" Jamais
et toujours ! Je ne me suis jamais posée la question...,
mon chemin était tout simplement celui-là". Elle
n'a d'ailleurs pas eu envie de suivre quelconque autres études
en parallèle à ses études musicales. Etre la soeur
du bien connu claveciniste Gustav Leonhardt n'a eu aucune incidence
sur le parcours de Trudelies Leonhardt : " N'habitant pas dans
le même pays, on se voit hélas assez peu, mais l'entente
est parfaite malgré nos goûts bien divergents!"
.
Pendant les années 1952 et 1953 elle reçoit les conseils
d'Yves Nat et Marguerite Long : " C'était drôlement
passionnant de "subir" les exigeances de Marguerite Long qui
était une pianiste fine et raffinée. De l'autre côté,
Yves Nat explosait quasiment de passion pour la musique et la comparait
à l'Amour ! Il me demandait "savez-vous, ma petite,
ce que c'est que l'amour"? La petite Hollandaise ingénue
et naïve ne savait plus où se mettre et a répondu
en tremblant "Non... Maître...." Heureusement que la
vie vous mûrit par la suite !"
Cependant après deux saisons à Paris, Trudelies Leonhardt
s'est mariée et sa carrière aurait pu s'arrêter
là..." Mes parents m'ont obligée de leur promettre
de continuer ma carrière débutante, ce que j'ai fait depuis
mon nouveau domicile en Suisse. Harmoniser une carrière avec
des maternités et la vie de famille n'est pas aisé et
après bien des d'années ponctuées de concerts,
ma santé n'a plus tenu...Des années de souffrance morale
ont suivi, mais grâce à ma petite famille et le bonheur
que représentent les enregistrements, la musique a pu continuer
à régner !". Trudelies Leonhardt a en effet
eu trois enfants : "Nos trois fils aiment la musique et ont
grandi avec elle. Il n'y a qu'un qui est "dans la musique"
comme flûtiste et comme preneur de son de mes disques ; un
autre a choisi la profession d'architecte-restaurateur du patrimoine
et le cadet travaille dans l'imprimerie. "
Après avoir joué pendant trente ans sur un "piano
moderne", Trudelies Leonhardt s'est passionnée pour son
ancêtre le pianoforte... "C'était une question
de "justesse", d' "honnêteté"... Car
les oeuvres écrites pour le Pianoforte doivent être jouées
sur cet instrument. Et encore !...: chaque époque avait
"son" pianoforte, adapté à son style (ou vice
versa!). Jouer du Mozart sur un Pianoforte de disons 1820, n'est déjà
plus dans l'image sonore que Mozart avait dans son esprit."
Depuis elle ne joue plus de piano moderne, celui-ci pour Trudelies Leonhardt
fait désormais... "partie d'un autre monde"...
Trudelies Leonhardt n'a pas de collection de pianoforte mais ... "J'ai
déjà la grande chance de posséder deux pianos à
queue: une copie d'un Walter de 1795 faite par Paul McNulty de Prague,
et un instrument viennois datant d'env. 1815 construit par Benignus
Seidner. Un frère jumeau du mien - instrument du même facteur
- se trouve dans le "Schubert-Museum" à Vienne et a
appartenu à un frère de Schubert, Ignaz Schubert. Pour
les enregistrements, étant donné que les programmes se
concentrent sur Schubert et Beethoven, je me sers du Seidner. Le jour
où il y aura du Mozart sur le programme, je me servirai du modèle
plus ancien !"
Trudelies Leonhardt a donné des récitals en tant que
soliste, elle a été invitée par un grand nombre
d'orchestres dont le Concertgebouworkest d'Amsterdam, le Tonhalle Orchester
de Zurich et les London Mozart Players... A la question de savoir quel
est son meilleur souvenir de concert elle confie : "Ah! je garde
un souvenir bienheureux d'un concert au Concertgebouw : dans l'Adagio
du 2e Concerto pour piano et orchestre de Beethoven, il y a à
partir de la 74e mesure une superbe suite de phrases, une sorte de chant
d'oiseau au crépuscule comme un fin fil d'argent qui part du
piano et qui s'envole...., l'idée que les quelques milliers de
personnes dans la salle étaient - comme moi - suspendues à
ce délicat fil m'a terriblement émerveillée en
jouant...".
Parallèlement Trudelies Leonhardt a également beaucoup
enseigné, et continue toujours cette activité, le conseil
le plus important qu'elle donne à ses élèves est
: "d'écouter ce qui sort de l'instrument et se demander
si cela correspond à ce que l'on veut transmettre, car ce que
l'on croit donner n'est pas forcémnent ce que l'autre capte réellement."
Si sa santé ne lui permet plus de donner de concerts, Trudelies
Leonhardt ne manque pas de projets discographiques : "Deux disques
avec du Schubert (l'un avec que des danses et l'autre avec la grande
Sonate en ré majeur D 850 seront édités sous peu.
Je viens d'enregistrer un programme Beethoven et pour le futur..., c'est
la surprise ! "
Son répertoire
Schubert
et Beethoven sont les deux compositeurs de prédilection de Trudelies
Leonhardt : "Je me sens infiniment bien en leur compagnie (en
toute modestie et timidité !). Beethoven : très
pianistique, structuré, maîtrisé, puissant, franc,
tendre mais non sentimental, passionné, grandiose, d'une profondeur
insondable et pourtant terriblement humain... Schubert, ah Schubert,
plus difficile à jouer car non-pianistique. Il y a chez Schubert
ces mélodies prises dans un immense souffle, il y a cette cadence
souple et libérée tel un rythme plein d'élasticité...,
il y a cette joie et luminosité qui, par l'adjonction d'une seule
note, peuvent "sombrer" et révéler sa mélancolie
toujours sousjacente, il y a des tournures qui vous remuent les tripes,
il y a son écoute de la phrase avec une véritable ponctuation:
virgules, double-points, points de suspension, points d'exclamation
et d'interrogation... et il y a son intimité, son vécu
dans lequel tout un chacun peut se reconnaître...".
Trudelies Leonhardt a d'ailleurs enregistré quasiment la totalité
des oeuvres pour le pianoforte de Schubert, sauf quelques danses et
la Wanderer Fantasie : "Je laisse cette dernière, ce
grand monument, volontiers à des collègues masculins !"
et ses oeuvres préférées sont : "Sans hésiter
l'Andantino de la Sonate pour le Pianoforte D 959, l'Adagio du Quintette
à cordes D 956 et le dernier Lied de la Schöne Müllerin
"Des Baches Wiegenlied". Pourquoi ? Parce que ces oeuvres
me prennent totalement dans leurs filets, si bien que je ne peux ni
ne veux m'en sortir !"
Trudelies Leonhardt travaille 2 à 3 heures par jour : "Premièrement
pour trouver le sens de l'oeuvre puis pour pouvoir le réaliser
tout en espérant d'avoir "parié" juste !
Jamais de gammes, accords ou exercices..., on en trouve assez dans les
oeuvres ! Pourvu que j'aie des mains chaudes !".
Quant à ce à quoi elle accorde le plus d'importance dans
son interprétation, elle confie :"l'Important est d'épouser
le discours, de capter au mieux les intensions de l'auteur et de trouver
un écho en soi-même. "
A la question de savoir si elle préfère jouer seule, en
musique de chambre ou avec orchestre, elle répond avec humour
: "Je préfère les trois ! Jouer seule, avec orchestre
et musique de chambre. J'aime le partage, l'écoute de l'autre,
la mise en commun, l'alliance pour réussir la construction de
l'oeuvre !"
Trudelies Leonhardt confie également qu'elle n'écoute
que de la musique classique et l'un de ses interprètes favoris
est..."actuellement, Alfred Brendel que j'admire intensément,
car pour moi il incarne tout : sensibilité, poésie, finesse,
tempérament, maîtrise grandiose... et avec tout cela un
sens de la grande ligne." Et lors de sa jeunesse et adolescence
qui était baignée de musique elle admirait : "le
Trio Pasquier, le Quatuor Hongrois, le Quartetto Italiano, Gérard
Souzay, Antonio Janigro, André Navarra, Adrian Aeschbacher qui
logeaient chez nous et nous stimulaient. Le Trio Pasquier a même
donné des concerts avec moi adolescente comme leur pianiste...,
nous avons joué un quatuor de Brahms et la Truite de Schubert.
J'étais en admiration devant ces grands musiciens et glânais
de leur exemple ce qui me semblait le plus utile, beau et précieux."
A côté de la musique, Trudelies Leonhardt a nombreux
autres sources d'intérêts : "J'aime la nature et
tout ce qui s'y meut, son infini diversité et fantaisie. J'admire
la création, l'intéret et la patience du Créateur
pour chacun de nous. Cela est sans doute utile pour nous faire sortir
de notre cocon."...et peut-être un autre moyen de sortir
de son cocon, du moins virtuellement, Trudelies Leonhardt garde un oeil
sur internet : "Je suis nulle en informatique, mais Internet
est une fenêtre ouverte vers le monde."
Ecouter...
Paru en 2015
Beethoven
Sonata
Op. 14, No. 2
Sonate Op. 49 No. 1 et n°2
Sonate Op. 110 Trudelies Leonhardt
cliquez sur l'image pour découvrir ce disque et écouter un mouvement de sonate
Franz SCHUBERT
Fortepiano
Piano works volume 3
Sonate D 960
Allegretto D 566
Scherzo D 566
Esquisses de la Sonate D 960
Trudelies LEONHARDT
La fortepianiste Trudelies Leonhardt a enregistré sur
son pianoforte à queue de Benigmus Seidner qui date de
1815 la quasi totalité des oeuvres de Schubert, un de ses
compositeurs de prédilection avec Beethoven. Sur ce nouveau
double album se trouve l'une des sonates les plus connues que
le compositeur réalisa l'année même de sa
mort, en 1828, et dont Trudelies Leonhardt explique : " Elle
est sereine, comme hors du temps. Bonheur, contemplation et mystère
dialoguent délicatement dans le premier mouvement. Le mouvement
lent, au thème tragique et à la basse ostinato,
s'illumine dans la partie médiane par un thème large
et chantant. Après un silence prolongé, le thème
initial cette fois-ci accompagné dans la basse par un frissonnement
de notes hallucinant reprend. Le scherzo, de par son ivresse de
liberté , forme un contraste bienvenu à la résignation
désolée du mouvement précédent. Le
finale, qui s'ouvre par des octaves plaquées- signal que
l'on retrouve à travers tout le mouvement- se poursuit
de façon vivement enjouée, mais aussi assombrie
par des passages véhéments , et finalement culmine
en une lumineuse jubilation"....cliquez
ici pour lire la suite
A
propos de la pianofortiste Trudelies
Leonhardt , découvrez dans le widget ci-dessous des extraits
de son nouveau disque consacré cette fois à Mozart et
joué sur un pianoforte de Paul McNulty, une réplique d'un
iinstrument du facteur favori de Mozart : Anton Walter.
Présentation de l'éditeur
Wolfgang Amadeus Mozart était célèbre à
un âge précoce en tant que pianiste, en utilisant les instruments
sophistiqués viennois qui ont été développés
à partir des années 1770 par les constructeurs tels que
Anton Walter et Johann Andreas Stein. La distinguée pianofortiste,
Trudelies Leonhardt, présente un programme de sonates de Mozart
les plus belles, y compris la Sonate en ut mineur, K. 457, ainsi que
son pendant obsédant, la Fantaisie en ut mineur, K.475
vous pouvez également découvrir un extrait
entier en cliquant
ici et ci-dessous une vidéo
ce disque n'est pas disponible sur amazon.fr ni la fnac mais vous pouvez
vous le procurer sur le site de l'éditeur
omnia music ou amazon.com
A voir Trudelies Leonhardt joue Mozart, Fantasie KV 475 sur un
pianoforte Paul McNulty
A écouter absolument cette très émouvante interprétation
de Schubert, Andantino, 2nd mouvement de la Sonate en la majeur D 959,
Trudelies Leonhardt joue sur un pianoforte original de Benignus Seidner
(1815/20)
En savoir plus
Visitez le site internet de Trudelies Leonhardt...cliquez
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Visitez également la page sur le pianoforte réalisée
avec l'aide de Trudelies Leonhardt...cliquez
ici