Raphaël Chambouvet
Merci à Raphaël Chambouvet d'avoir répondu aux
questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Raphaël
Chambouvet est né le 14 janvier 1976 à Bron (Rhône)
dans une famille où la musique tient une place importante : "Ma
mère était au conservatoire en chant quand elle était
jeune et mon père a fait de la clarinette (notamment dans une
fanfare quand il était jeune aussi). Mes parents ont toujours
écouté beaucoup de musique (classique, jazz). Mon père
a plus tard créé le festival de jazz "A Vaulx Jazz"
(Vaulx-en Velin, banlieue lyonnaise)." Raphaël Chambouvet
découvre le piano grâce à sa soeur : "Elle
a 7 ans de plus que moi et a appris le piano avant moi. Je l'entendais
donc jouer tous les jours et cela me fascinait. C'est pour cela que
je voulais faire du piano. J'ai débuté le piano à
l'âge de 7 ans."
Il conservera plus d'une dizaine d'année son second professeur
de piano :"Elle s'appelle Brigitte Munet. J'ai fait toutes
mes études classiques avec elle. Son enseignement était
basé certes sur l'apprentissage technique du piano, mais avait
pour but essentiel de "faire" de la musique. Ce n'était
jamais la technique pour la technique, mais la technique au service
de la musique. Pendant ces 10 années de classique, tous
les ans (où presque), on préparait des"concours de
piano."
Si Raphaël Chambouvet poursuit des études de piano classique,
le jazz le passionne aussi dès son enfance : "Le jazz
a toujours fait partie de mon univers familial. Mes parents écoutaient
beaucoup de musique et notamment beaucoup de jazz. Ils avaient aussi
un ami très proche peintre , Jean Delétraz qui était
un fan de Jazz et grand collectionneur de disque. Il devait avoir peut-être
3000 vinyles de jazz. On se voyait tous les week-end et on écoutait
beaucoup de musique. Je crois que le vrai déclic est celui-là :
d'avoir baigné depuis ma naissance dans cet univers musical.
Cependant j'ai quand même fait "ma" propre découverte
du jazz. Je devais avoir 8 ans et un jour chez mes grands parents (qui
avaient aussi quelques disques de jazz) j'ai trouvé un vinyle
de Monk, "Monk's dream". Depuis je n'ai cessé d'écouter
du jazz." En fait cette écoute intensive du jazz lui
a aussi fait office de formation dans ce domaine : "Ce qui m'a
tout d'abord formé au jazz, c'est d'en écouter, et d'en
écouter beaucoup ! Pendant ma jeunesse je crois n'avoir pas écouté
grand chose d'autre que cette musique hormis, mais nettement moins,
la musique classique. Je n'écoutais quasiment que du jazz. Parce
que je trouve que cette musique possède une force que je ne retrouve
pas ailleurs."
Parallèlement à ses études de piano classique
Raphaël Chambouvet suit des cours de solfège au CNR de Lyon
où il obtient un
un diplôme de fin d'études de solfège à l'âge
de treize ans. ..Il y retournera quelques années plus tard, en
1997 :"Etant jeune je voulais être ingénieur. J'ai
donc fait un début de cursus dans ce sens, au moins jusqu'à
une première année de fac de math où je me suis
rendu compte qu'en fait cela ne me plaisait pas du tout. Je suis donc
rentré l'année suivante en fac de musicologie puis au
Conservatoire National de Région en jazz. C'est à ce moment-là
que j'ai su que c'était ce que je voulais faire." Il
obtient un diplôme de fin d'études de jazz dès la
première année et une médaille d'or et un Diplôme
d'Etudes Musicales l'année
d'après. Il obtient également un DEUG de musicologie en
1998..."Mon premier vrai cours de jazz m'a été
donné par Armand Raynaud (professeur d'harmonie jazz au CNR de
Lyon). L'année d'après je suis rentré au CNR dans
la classe de Mario Stantchev. Mario m'a vraiment expliqué le
jazz non pas uniquement de manière "technique", mais
surtout m'a donné les clés techniques pour comprendre
la Musique. Il m'a bien sûr fait travailler les grands pianistes
de jazz, mais toujours en s'appuyant sur la musique qui s'en dégageait.
Il m'a vraiment poussé à développer mon propre
univers musical, à trouver ma propre sensibilité. Je me
rend compte de la chance que j'ai eu avec mes professeurs..."
Raphaël Chambouvet enregistre son premier disque en 2000 : "Mon
1er enregistrement a eu lieu tout de suite après mon Diplôme
d'Etudes Musicales au Conservatoire
National de Région. Yves Perrin (guitariste lyonnais) enregistrait
son album. Nous nous étions rencontrés quelques semaines
plus tôt et il m'avait appelé pour enregistrer 2 titres
au Rhodes sur son disque. Il y avait sur ce disque Tibo Soulas (contrebasse)
et Tony Rabeson qui était le batteur de Henri Texier et Bojan
Z ! "
Alors
qu'il était encore au Conservatoire national de Région,
Raphaël Chambouvet rejoint le groupe de chanson française
"Khaban" : "Il y avait un bar sur Lyon ("L'Harmonie")
où l'on pouvait jouer régulièrement. C'était
un lieu assez unique (un PMU) qui organisait des concerts, des jams,
du théatre. On a pu y voir Julien Loureau, Steve Potts, Stefano
di Battista... Mais il y avait aussi de la chanson française.
Nous étions donc plusieurs musiciens à tourner autour
de ce lieu et c'est comme cela que j'ai rencontré le chanteur
de ce groupe (Stéphane Balmino). Lorsque j'ai intégré
le groupe Rémy Kaprielan y jouait déjà. Cela doit
dater de 2000. C'était un groupe de chanson française,
mais pour moi c'était exactement la même chose que d'accompagner
un chanteur de jazz. La musique que nous jouions était très
largement inspirée du jazz. Nous avons poursuivi 10 ans ensemble,
fait 2 albums, On a pu mettre dans ces 2 disques exactement ce que nous
voulions. Les producteurs nous avaient laissé carte blanche.
Ils venaient bien de temps en temps voir ce que l'on faisait, nous donnaient
leur avis, mais dans l'ensemble ils nous faisaient totalement confiance.
Ces disques ont été "Coup de Coeur de
l'académie Charles Cros, Coup de Coeur magazine Chorus... Ca
a été l'occasion pour nous d'essayer beaucoup de choses,
que ce soit en terme de jeu, d'arrangement, de choix esthétique...On
a également donné beaucoup de concerts. Nous avions choisi
de jouer ensemble peut-être pour nos qualités musicales
mais aussi parce que nous étions de très bons amis. Ces
années de tournée ont donc été vraiment
extraordinaires pour nous. Et puis en décembre 2007, on s'est
dit tous les quatre que voilà, on voulait passer à autre
chose. Le groupe s'est donc arrêté comme cela."
Lorsqu'ils ont arrêté le groupe Khaban, Raphaël
Chambouvet, Rémy Kaprielan, Denis Hénault-Parizel ont
eu le souhait de continuer à jouer ensemble... de leurs initiales
est né le groupe CHK avec un répertoire original qui leur
a permis d'être Vainqueur du concours national de jazz de la défense
2008. Leur premier disque vient de sortir en novembre 2009 (voir plus
bas)
Raphaël Chambouvet a également rencontré un producteur
lyonnais , Bruno "Patchworks" Hovart, avec qui il travaille
régulièrement. "C'est un producteur plutôt
axé soul/reggae. Ca a été pour moi une rencontre
très importante pour plusieurs raisons. Je venais d'un univers
(la chanson) où pour enregistrer un album, il fallait beaucoup
de préparation, beaucoup de moyens, beaucoup de temps... Nous
avons fait deux albums en presque 10 ans. Patchworks produit plusieurs
albums par an !
Les albums sortent aussi essentiellement en vinyles, ce qui a été
aussi une surprise pour moi. Et puis il travaille de façon quasiment
autonome (création, enregistrement, mixage...). Cela permet donc
de produire beaucoup de musique en un temps record ! Nous jouons (avec
Rémy Kaprielan) dans un des projets du chanteur Mr Day produit
par Patchworks. Le disque de Mr Day (soul) sort au printemps chez Favorite.
Nous avons sorti déjà quelques 45 tours de ce projet.
Il est composé de Mr Day (chant, guitare), Patchworks (basse),
Rémy Kaprielan (batterie) et moi même (orgue Hammond, Rhodes...)
C'est un projet très différent de CHK. C'est vraiment
de la soul vintage. On est normalement en tournée à partir
du printemps pour la sortie de l'album."
Raphaël Chambouvet n'hésite pas à prendre des risques
puisqu'il a également récemment produit un disque piano
solo :"C'est un album que j'ai produit il y a un an. Le travail
s'est fait autour de 2 directions: une partie de l'album est composé
de pièces improvisées (pour la plupart), et l'autre partie
correspond à des "remixes". J'ai fait deux jours de
studio en laissant branchés les micros. En rentrant chez moi,
j'avais donc un grand nombre de prises qu'il a fallu trier. J'ai gardé
une partie de ces prises pour des pistes "brutes", et une
autre partie que j'ai retravaillé. J'ai été en
partie inspiré pour cet album par la musique de John Cage, où
des musiciens comme Benoit Delbecq (même si la démarche
est un peu différente). Je voulais pour les remixes que le résultat
soit assez "abstrait". Il n'est pour l'instant pas paru. Je
suis d'ailleurs en train de chercher un label pour un contrat de licence."
Son inspiration, son travail...
Interrogé
sur sa façon de travailler Raphaël Chambouvet confie :"Je
travaille quotidiennement. Je garde une partie du temps pour le travail
de mon instrument. Pour ce qui est de la composition, ça peut
venir de manières différentes. Je crois que l'idée
de départ d'un morceau vient assez rapidement. J'ai souvent plein
de bouts de thème, de grille ou d'harmonies qui me viennent,
et j'essaie de les "attraper au vol", de les fixer et ensuite
de les structurer. Ce travail là est le plus délicat.
Il faut arriver à trouver exactement ce qu'on a en tête
avant d'essayer de le jouer. Sans quoi je retombe inévitablement
sur des schémas que j'ai déjà reproduits. Mais
il peut arriver aussi qu'en jouant, en improvisant, le hasard fasse
que je trouve un enchaînement harmonique, où une mélodie
auxquels je n'aurais pas pensé. Je n'élimine rien. Je
garde tout (dans un coin de mon ordinateur) et régulièrement
je retourne piocher dedans."
Ayant une culture tant classique que jazz, Raphaël Chambouvet
puise bien sûr son inspiration à ses deux sources :"Mes
compositeurs classiques préférés sont Bach, Beethoven,
Chopin, Debussy et plus récemment John Cage. Je travaille toujours
ce répertoire (enfin j'essaie le plus possible...) pour moi-même
et plus spécialement en ce moment les pièces de John Cage.
J'aimerais bien enregistrer un jour un album autour du piano préparé....
Pour ce qui concerne le jazz actuellement mes pianistes de référence
sont surtout Paul Bley, Bobo Stenson, John Taylor, Keith Jarrett, Tord
Gustavsen... pas mal de pianiste ECM en fait... J'aime surtout leur
façon de traiter l'espace, le temps et leur sens mélodique.
Si les pianistes m'inspirent, je crois que je le suis tout autant par
d'autres instrumentistes: Bill Frisell, Paul Motian, Lee Konitz...".
Raphaël Chambouvet ne néglige cependant pas totalement les
autres musiques : "C'est vrai que j'écoute beaucoup de
jazz et de musique classique. J'entends par jazz, non seulement le jazz
a proprement parlé mais aussi les musique noires américaines
issues de celui-ci: soul, rythm'n'blues, blues... A par cela cela, c'est
vrai que je ne prend pas le temps d'écouter autre chose. Mais
il le faudrait...".
A défaut d'écouter d'autres musiques Raphaël Chambouvet
se nourrit cependant de bien d'autres sources d'inspirations qui expliquent
sans nul doute l'originalité et la beauté de sa musique
: "Je suis très intéressé par la peinture
(et en particulier la peinture moderne et contemporaine), la littérature,
le cinéma. Je pense que tout cela m'influence fortement dans
mes compositions. Lorsque vous avez lu un roman, vu une toile ou regardé
un film, l'émotion (quelle qu'elle soit) qui s'en dégage
vous imprègne."
Mais pour en savoir plus sur sa musique hâtez vous lentement sur
le disque ci-dessous...
Ecouter...
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CHK
Slow Motion
Raphaël Chambouvet, piano
Denis Hénault-Parizel, contrebasse
Rémy Kaprielan, batterie
invités :
Nicolas Repac, guitare
Jennifer "Hawa" Zonou, chant
Le groupe lyonnais CHK a été vainqueur du concours
national Jazz de la défense en 2008 et c'est ici son premier
album, mais si ce groupe a été récemment
créé la route musicale de ses musiciens est déjà
longue comme vous pouvez le constater dans l'interview du pianiste
Raphaël Chambouvet. Ils offrent ici une splendide musique
longuement et lentement murie... le disque idéal pour prendre
le temps de respirer. Dès les premières notes du
titre "Night in love sounds", la lente pulsation
rythmique nous invite à ralentir selon ce principe cinématographique
du "Slow motion" qui permet d'admirer les images d'une
action dans un temps plus long que celle de l'action initiale,
afin d'en augmenter l'impact visuel ou émotionnel. Et l'émotion
est omniprésente dans les douze morceaux de ce disque au
cours duquel ce doux rythme ne s'accélérera jamais.
Même lorsque le guitariste Nicolas Repac se joint au trio
il s'accorde à son pas d'ailleurs dans une reprise du morceau
éponyme "Slow motion" et avec la chanteuse
Jennifer" Hawa" Zonou qui offre un blues des plus émouvants.
Bien sûr l'on pensera à la musique du trio suédois
E.S.T. dont le pianiste leader Esbjörn Svensson est récemment
disparu dans un accident de plongée sous-marine mais le
langage de CHK est assurément personnel et après
avoir écouté leur album joliment illustré
d'une fleur gelée qui rappelle aussi le monde nordique
vous aurez sûrement hâte qu'il sorte le prochain...
mais rien, absolument rien, ne vous empêche de revenir en
arrière et ré-écouter ce disque plusieurs
fois par jour, vous verrez cela fait un bien fou, et comme il
s'agit ici aussi d'un éloge de la lenteur soyons patients
et laissons nous flotter agréablement au son de leur musique
génératrice de beaux rêves en "slow motion"
évidemment !...cliquez
ici pour lire la suite, voir deux vidéos et écouter
des extraits
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Agnès Jourdain
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