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CHK Slow Motion
CHK
Slow Motion
Raphaël Chambouvet, piano
Denis Hénault-Parizel, contrebasse
Rémy Kaprielan, batterie
invités :
Nicolas Repac, guitare
Jennifer "Hawa" Zonou, chant
Le groupe lyonnais CHK a été vainqueur du concours
national Jazz de la défense en 2008 et c'est ici son premier
album, mais si ce groupe a été récemment
créé la route musicale de ses musiciens est déjà
longue comme vous pouvez le constater dans l'interview du pianiste
Raphaël Chambouvet. Ils offrent ici une splendide musique
longuement et lentement murie... le disque idéal pour prendre
le temps de respirer. Dès les premières notes du
titre "Night in love sounds" (dont vous pouvez
voir plus bas unne vidéo) , la lente pulsation rythmique
nous invite à ralentir selon ce principe cinématographique
du "Slow motion" qui permet d'admirer les images d'une
action dans un temps plus long que celle de l'action initiale,
afin d'en augmenter l'impact visuel ou émotionnel. Et l'émotion
est omniprésente dans les douze morceaux de ce disque au
cours duquel ce doux rythme ne s'accélérera jamais.
Même lorsque le guitariste Nicolas Repac se joint au trio
il s'accorde à son pas d'ailleurs dans une reprise du morceau
éponyme "Slow motion" et avec la chanteuse
Jennifer" Hawa" Zonou qui offre un blues des plus émouvants.
Bien sûr l'on pensera à la musique du trio suédois
E.S.T. dont le pianiste leader Esbjörn Svensson est récemment
disparu dans un accident de plongée sous-marine mais le
langage de CHK est assurément personnel et après
avoir écouté leur album joliment illustré
d'une fleur gelée qui rappelle aussi le monde nordique
vous aurez sûrement hâte qu'il sorte le prochain...
mais rien, absolument rien, ne vous empêche de revenir en
arrière et ré-écouter ce disque plusieurs
fois par jour, vous verrez cela fait un bien fou, et comme il
s'agit ici aussi d'un éloge de la lenteur soyons patients
et laissons nous flotter agréablement au son de leur musique
génératrice de beaux rêves en "slow motion"
évidemment !
Comment
avez-vous rencontré Denis Hénault- Parizel et Rémy
Kaprielan ?
J'ai rencontré Rémy Kaprielan il y a maintenant
plus de 10 ans. Nous étions tous les deux en fac de musicologie.
Nous avons rapidement joué ensemble (notamment à
"l'Harmonie"). Nous commençons à nous
connaître assez bien. Nous avons pu pendant ces années
confronter nos visions de la musique, essayer de nombreuses choses,
les modifier, les corriger.
Je pense que nous commençons trouver un "son"
, une même façon de faire la musique. C'est particulièrement
agréable ! J'espère que nous aurons l'occasion de
continuer cette collaboration le plus longtemps possible.
Nous avons rencontré Denis Hénault Parizel par le
biais d'un ami guitariste, Sandro Zerafa. Lorsque le précédent
contrebassiste de "Khaban' a arrêté le groupe,
nous avons tout de suite pensé à Denis pour le remplacer.
Dans
quelles circonstances ce disque a-t-il été enregistré,
produit, et comment se sont passées les séances
denregistrement ?
Lorsque nous avons arrêté le groupe "Khaban",
Rémy, Denis et moi-même avons exprimé le souhait
de continuer à jouer ensemble. Nous avions passé
plusieurs années sur scène et cela aurait été
dommage de se quitter sans explorer d'autres pistes. Assez rapidement
l'univers qui est le nôtre maintenant s'est dégagé.
Après de nombreuses répétitions, réécoutes,
remises en cause... nous sommes arrivés à ce répertoire.
Si la musique parait assez évidente et assez "simple"
à l'écoute, c'est pourtant beaucoup de travail pour
en arriver là. Jouer moins vite et moins de notes n'est
forcément chose aisée !
Nous avons fait une première séance deux jours à
Lyon au studio Polycarpe (lieu où nous étions résidents
et où nous répétions) pour enregistrer avec
les moyens du bord quelques titres sans trop savoir ce que nous
allions en faire. Puis une seconde séance après
le concours de la Défense. Nous avons fait cette deuxième
séance de deux jours dans les mêmes conditions (même
studio, même technique d'enregistrement). Il ne nous restait
plus qu'à donner une unité au disque en sélectionnant
les titres qui nous plaisaient.
Vous avez été vainqueur
du concours national de jazz de la défense 2008, comment
avez-vous vécu ce concours et ressentez-vous les premières
incidences de ce prix sur votre carrière ?
Lorsque nous avons enregistré les premiers titres de
l'album, nous avons décidé d'envoyer quelques titres
pour le Concours National de jazz de la Défense. Ce concours
est, pour tout jeune musicien de jazz, extrêmement important
(il n'y a qu'à regarder le palmarès de ce concours
depuis sa création pour s'en faire une idée). Nous
avons donc envoyé le dossier, mais plutôt pour ne
pas avoir de regrets que parce que nous pensions avoir une réelle
chance d'être sélectionné. Quelle ne fut pas
notre surprise en apprenant que nous avions passé les sélections.
Pour nous c'était déjà une victoire ! Jamais
nous avions pensé un seul instant à ce moment-là
que nous pourrions remporté ce concours...
A la suite de ce concours, nous avons trouvé un label (Saphir
Productions) qui a accepté de sortir l'album, ce qui est
de nos jours assez rare pour un groupe quasiment inconnu. Depuis
la sortie de l'album, nous n'avons (pratiquement) que des bons
retours (Arte, France Musique, France Inter...et
pianobleu.com ;-) ).
Remporter ce concours a donc eu une incidence considérable
sur la suite de ce projet.
Nous voulons cependant défendre cette musique sur scène,
et nous sommes à l'heure actuelle à la recherche
d'un tourneur.
Les huit compositions que vous avez écrites
spécifiquement pour cette formation sont-elles dun
esprit différent de vos précédentes compositions
?
Les compositions pour cet album correspondent à une partie
de mon univers. Quand j'ai envie d'écrire pour le trio,
naturellement je vais vers cette voie-là. Pour le piano
solo, c'est la même chose. C'est je pense ce qui me ressemble
le plus. Par contre, les compositions que je réalise parallèlement
à cela sont assez différentes. J'ai écrit
quelques titres pour l'album d' Hawa, plutôt orienté
jazz, soul. Je travaille aussi sur un album "boogaloo",
avec des arrangements dans l'esprit de Lalo Schiffrin, John Barry.
Je commence à travailler pour l'audiovisuel et les compositions
que j'écris dans ce domaine peuvent être dans un
tout autre esprit.
Le fait de composer des choses très différentes
me permet d'aller au fond des choses dans chaque style et de ne
pas tout mélanger. Cela me parait très important
pour l'unité de chaque projet.
Quel travail spécifique ces compositions
vous ont-elles demandées, dans quel état desprit
les avez-vous crées et comment vous sont-elles venues et
notamment comment avez-vous travaillé avec les autres musiciens
car une bonne partie des morceaux sont aussi des compositions
de Rémy Kaprielan ?
Les compositions de cet album sont ancrées dans une tradition
plutôt européenne de la musique, et spécialement
dans une tradition "nordique". Nous avons été
influencé bien entendu par EST, mais aussi par Bobo Stenson,
Tord Gustavsen, Jan Johanson et aussi par la scène electro
(Bugge Wesseltoft, Nils Petter Molvaer...). Nous nous sommes donc
imprégnés de cette culture avant de composer et
cela est venu assez naturellement. Pour la sélection des
titres, tout le monde amenait ses compos, et nous avons gardé
celles qui nous paraissaient le plus correspondre à cette
esthétique.
Pourquoi avez-vous choisi d'inviter Nicolas
Repac et Jennifer "Hawa" Zonou?
La première fois que nous avons rencontré Nicolas
Repac, c'était pour le premier album de Khaban.
Il était venu faire des prises de guitare sur un titre
et son univers nous avait fortement impressionné. Lors
du concours de la défense en 2008, il se trouve qu'il faisait
partie du jury. Ce n'est qu'après notre passage, en discutant
avec lui qu'il s'est souvenu de cette séance. Nous avions
envie d'avoir quelques invités sur l'album et nous avons
donc immédiatement pensé à lui. Nous lui
avons proposé et il a accepté avec plaisir. Il a
un univers musical très original, avec un jeu de guitare
utilisant beaucoup d'effets, ce qui lui confère un jeu
très "abstrait". Cela correspondait tout à
fait à l'esthétique de l'album (nous ne cherchions
pas un "guitar hero").
Nous avions envie d'avoir une chanson sur cet album, mais pas
un standard de jazz, une chanson originale. Jennifer "Hawa"
Zonou est une chanteuse avec qui nous travaillons
régulièrement. Elle est plutôt orientée
soul, rythmn'n' blues, gospel. Nous avons pensé que cela
pourrait peut-etre faire un mélange intéressant
avec notre univers. Nous avons d'abord fait l'instrumental, que
nous lui avons envoyé en lui disant: "fais en ce que
tu veux !". Nous avons tous été assez bluffé
du résultat !
On sent linfluence dEsbjorn
Svensson dans votre musique, avez-vous été touché
par sa disparition récente ?
C'est vrai qu'on nous compare assez régulièrement
à E.S.T. C'est évidemment une influence très
importante pour nous. Leur approche très "pop"du
jazz nous a beaucoup inspiré (nous qui venions de faire
de la chanson pendant plusieurs années). Que ce soit au
niveau des structures, des thèmes, des harmonies, du rôle
de chaque instrument au sein du trio, de la production discographique,
tout cela nous est apparu comme novateur. C'était la première
fois qu'un trio de jazz "traditionnel" sonnait comme
cela. La disparition d'Esbjorn Svensson nous a bien évidemment
choqué. La tristesse qu'on ressent à ce moment là
ne se situe pas sur le plan humain, puisque je ne le connaissais
pas personnellement. La disparition d'un artiste nous fait soudainement
prendre conscience qu'il ne pourra plus jamais nous éclairer
sur une autre vision du monde. Il ne pourra plus nous emmener
dans des directions insoupçonnées jusqu'alors.
Votre disque fait en quelque sorte léloge
de la lenteur, est-ce une rythme que vous aimez tant dans la vie
que dans la musique ? Elles sont également mélancoliques
et rêveuses, êtes-vous par nature mélancoliques
et rêveur ou en quoi cet atmosphère vous convient-il
?
Quand on est jeune musicien, on passe beaucoup de temps à
apprendre les techniques liées à notre instrument,
à l'harmonie, aux gammes... On écoute les grands
artistes, on les relève, les analyse... Lorsque l'on commence
à maîtriser tous ces outils, il faut alors se demander
à
quoi cela pourrait bien nous servir. C'est bien beau de savoir
jouer parfaitement la musique de Keith Jarrett, mais si les gens
veulent écouter Keith Jarrett, ils vont aller l'écouter
lui, ils ne vont pas venir me voir !
Je crois qu'un artiste doit trouver sa propre personnalité,
développer son propre univers, trouver sa propre voie.
L'expression artistique est le reflet d'une personnalité.
Il faut juste la chercher.
C'est le travail que j'ai commencé avec le trio. Quel est
l'intérêt de monter un trio piano-contrebasse-batterie
aujourd'hui ? Il y en a tellement et de très bons...
Nous le faisons parce que nous en avons besoin, parce que c'est
notre moyen d'expression et que nous devons le faire, c'est plus
fort que nous. On pourrait comparer cela à une conversation.
On ne s'exprime pas pour être original, mais pour dire ce
qu'on l'on pense, ressent...
Il est très rare que l'on ait des choses extrêmement
intéressantes à dire ! Mais on les dit quand même.
Pour la musique (et l'art en général), c'est la
même chose. Nous voulons faire la musique qui nous ressemble.
Si elle plaît, tant mieux ! Mais plaire n'est pas le point
de départ de notre démarche.
Je suis dans la vie quelqu'un de plutôt discret et réservé
(enfin je crois) et en ce sens la musique que je joue me ressemble
assez. Mélancolique et rêveur... oui je crois que
cela me convient aussi. Je suis sensible au défilement
du temps, à son étirement. Laisser aux choses le
temps et la place d'exister...
Quels sont vos concerts à venir
?
Nous sommes le 15 décembre à l'Archipel à
Paris.
Pour en savoir plus sur le pianiste Raphaël Chambouvet...cliquez
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