Paul Badura-Skoda
Biographie
Paul Badura-Skoda est un vrai viennois, il est né à Vienne le 6 octobre 1927, il a grandi dans la Josefstadt, où il a fréquenté l'école des Piaristes. C'est aussi un enfant de l'Empire, à la double ascendance morave et hongroise. L'Anschluß, puis la guerre n'interrompent pas sa formation, mais marquent sa sensibilité et déterminent son choix : devenir musicien.
En 1947, il remporte le 1er Prix du Concours international de Vienne, il fut ensuite lauréat du Concours international de Budapest (1948) et du Concours Marguerite Long-Jacques Thibaud, à Paris, en 1949. Grâce à son prix au concours de Vienne, il a pu aller en Suisse (un miracle pour un autrichien en 1947 !) et travailler avec Edwin Fischer. Cette rencontre a eu une influence capitale sur son évolution artistique et humaine, il devint son assistant et resta proche de lui jusqu'à sa mort en 1960.
1949 marque le début de sa carrière : il joue le Concerto pour deux pianos de Mozart à Vienne le 8 février, sous la direction de Wilhelm Furtwängler et avec sa fille, Dagmar Bella. Tout va alors très vite : Vienne, Salzbourg (1950), les grands chefs, les tournées d'abord en Italie, puis jusqu'en Australie ; en 1952, c'est le premier concert à Carnegie Hall, le viennois devient citoyen du monde. Il fut le premier pianiste occidental invité en Chine après la révolution culturelle, en 1979, il se décrit lui-même avec humour comme "der packendste Pianist", jeu de mot délicat à traduire : le pianiste qui "emballe" le mieux.
Le label Westminster se l'attache dès 1950, à cette époque le microsillon longue durée est tout neuf, tout est à enregistrer et c'est le début d'une très belle histoire : plus de 200 disques, avec une sonorité et un équilibre magnifiques, et, de plus, parfaitement distribués, qui le font connaître partout dans le monde. L'artiste ne se laisse pas étourdir par ces succès. Dans les anciennes classifications du savoir, la musique est une science, et Paul Badura-Skoda, qui a longtemps été tenté par une carrière scientifique, réfléchit en chercheur sur ce langage fascinant et bouleversant. Les éditions dont il dispose sont souvent plus que déconcertantes, les fautes y fourmillent, il se met à examiner les manuscrits autographes, quand ils sont disponibles, il recherche les premières éditions, il étudie les traités. Peu à peu, l'artiste devient musicologue explorant avec un sens critique aigu tous les recoins des oeuvres, il a en tête des pans entiers de la littérature pour piano classique, romantique ou moderne. Ses ouvrages sur Mozart (2e éd. 2007), sur Beethoven (1970), sur Bach (1990) révèlent à la fois ses connaissances, sa rigueur de pensée et son imagination. C'est la même démarche exigeante faite d’érudition et de sensibilité, qui l’anime quand il complète des Sonates inachevées de Schubert. Mais, la musique n'est pas abstraite, elle doit être jouée. Bien qu'amoureux du grand pianisme, Paul Badura-Skoda va jusqu'au bout de sa recherche sur le langage musical classique et s'essaie au piano-forte : il en devient un grand maître. Il n'est pas abusif de dire que Paul Badura-Skoda a été l'initiateur de la redécouverte des instruments d'époque, les faisant passer du musée au podium : n'hésitant pas à se mettre en concurrence avec lui-même, il enregistre pour Westminster, en 1952/53, deux disques avec les mêmes oeuvres de Mozart, l'un sur le pianoforte Walter de Mozart et l'autre sur un Bösendorfer.
En 1978, il rencontre Michel Bernstein et enregistre pour lui un disque de "Pièces pour le pianoforte" de Mozart qui paraît en 1979, suivent trois grandes intégrales sur pianoforte : Beethoven (1978-1989), Mozart (1984-1990) et Schubert (1992-1997). De 1966 à 1971, il est artiste en résidence à l'Université de Wisconsin, à Madison, aux Etats-Unis, il utilisa cette période de retraite pour assimiler l'intégrale des sonates de Schubert. Ce fut aussi l'époque de sa rencontre avec Frank Martin : deux oeuvres, qui lui sont dédiées, témoignent de leur amitié, le second Concerto pour piano (1970) et la Fantaisie sur des rythmes flamencos (1973).
Ces dernières années, entre ses grandes tournées de pianiste et de chef d'orchestre, il s'est attaché à poursuivre l'enregistrement des Concertos pour piano de Mozart, peaufinant, réécrivant ou composant de nouvelles cadences. Ces compositions éditées à Vienne, chez Doblinger, ont peut-être quelque peu occulté ses autres oeuvres : une Messe en ré majeur (1948) pour choeur et orgue, une Elégie pour piano (1982) et une Sonate romantique pour flûte et piano (1984). Les activités pédagogiques ont jalonné sa carrière : Essen (de 1976 à 1981), Vienne (de 1980 à 1993), les grands cours publics qu'ils soient à Moscou, à Pékin, aux Etats-Unis, à l'Ecole normale ou au Conservatoire à Paris, sont autant d'occasions de transmettre cette phénoménale expérience, son héritage, même si ce qui est entre les notes reste toujours bien plus mystérieux que les notes elles-mêmes. Paul Badura-Skoda est titulaire de nombreuses décorations : Österreichisches Ehrenkreuz für Wissenschaft und Kunst, Grosses Silbernes Ehrenzeichen mit dem Stern für Verdienste um die Republik Österreich, Goldenes Ehrenzeichen für die Verdienste um das Land Wien, il est aussi Chevalier de la Légion d'honneur (1993) et Commandeur des Arts et des Lettres (1997). Il est l'actuel détenteur de l'anneau Bösendorfer (Bösendorfer Ring). En décembre 2006, il a été nommé Docteur honoris causa à Mannheim, Staatliche Hochschule für Musik und Darstellende Kunst Mannheim, en 2010 à Lima, Pontificia Universidad Católica del Perú et en 2013 à Krakau, Akademii Muzycznej w Krakowie - Academy of Music in Kraków.
Ecouter...
Paul Badura-Skoda a enregistré très nombreux disques et il est difficile de suivre toutes ses parutions en voici une toute petite sélection , comme vous le constaterez tous des Concertos de Mozart, une musique dont il est une très grand spécialiste.
|
W. A. Mozart (1756-1791)
Piano Concertos
Paul Badura-Skoda, piano et direction
Orchestre de chambre de Prague
Concerto pour piano n°24 K.491,
en ut mineur
Concerto pour piano n°25 K.503,
en ut majeur
Voici encore un nouveau disque du pianiste Paul Badura-Skoda à découvrir absolument ! Toujours en quête de perfection dans l'interprétation des Concertos de Mozart, il a enregistré ici deux de ces concertos pour piano qui sont l'apogée d'une série de douze que Mozart a composé entre 1784 et 1786, particulièrement pour la nouvelle cadence du concerto en ut mineur (K.491) qui a mûri en lui depuis 2008, et donc depuis un précédent enregistrement de ce concerto paru il y a une dizaine d'années, ainsi explique-t-il : " C'est une oeuvre plus tardive de Mozart, la Fantaisie pour une Orgelwalze (orgue mécanique) KV 608, qui m'a inspiré. Elle se distingue de mes cadences précédentes par des modulations inhabituelles et par là-même , comme le Concerto, ouvre de nouvelles voies, celles de l'avenir". Vous pourrez précisément, avec l'aimable autorisation du pianiste et du label Transart, écouter le premier mouvement de ce concerto ....cliquez ici pour lire la suite et écouter l'extrait |
|
W. A. Mozart (1756-1791)
Piano Concertos
Paul Badura-Skoda, piano et direction
Orchestre de chambre de Prague
Concerto pour piano n°15 K.450,
en si bémol majeur
Concerto pour piano n°20 K.466,
en ré mineur
Ce nouveau disque du pianiste Paul Badura-Skoda, comportant deux concertos pour piano de Mozart, qui vient de paraître sous le label Transart Live, est à écouter absolument par quiconque souhaite sortir sa tête de la morosité ambiante. Ce pianiste, né à Vienne en 1927, et, puisqu'il était question de ce lieu mythique dans le précédent disque du moment, a fait ses débuts au Carnegie hall en 1952, devenant alors "citoyen du monde " . C'est un des grands spécialistes de la musique de Mozart, et assurément ce nouveau disque est encore une très belle preuve de son immense talent à partager, et faire aimer, les concertos pour piano de ce compositeur. A chacun de ses nouveaux disques, s'impose la curieuse impression de venir d'écouter les plus beaux concertos pour piano des vingt-sept écrits par ce compositeur ! Cet album réunit deux concertos que Mozart écrivit dans une période très créatrice pour le piano..cliquez ici pour lire la suite et écouter des extraits |
|
Wolfgang Amadeus Mozart
Concertos pour piano N°17 K453
et N°19 K459
Paul Badura Skoda
Prague Chamber Orchestra
Dans le livret accompagnant le disque, écrit par Paul
Badura Skoda lui-même, celui-ci indique que Mozart inscrivit
dans son carnet de comptes une dépense pour l'achat d'un
étourneau et nota à la suite le thème du
final du concerto 17, comme le chantait cet oiseau, avec deux
petites fautes. Et Mozart ajoute "C'était beau".
Il semble évident toujours d'après le pianiste,
que Mozart acheta cet oiseau parce qu'il savait chanter ce thème
et non, comme on l'a dit , pour lui donner des leçons de
chant. Paul Badura skoda indique qu'il a fait l'expérience
que les animaux sont sensibles à la musique de Mozart,
ceux-ci se manifestant sous diverses formes lorsqu'il travaille.
Le rayonnement de la musique de Mozart atteint aussi bien sûr
les êtres humains ! Et il est à parier qu'en 2006
nombreux seront à rejoindre les salles de concerts. Mozart
joua 23 fois en 46 jours le concerto 17 dans des concerts à
Vienne après l'avoir composé en 1784...ce qui était
rare pour l'époque où il n'était en général
joué qu'une fois car le public voulait toujours des nouveautés,
contrairement à aujourd'hui. Nul doute que ce concerto
répondit à cette demande car il présente
nombreuses innovations, dont pour ce qui concerne la partie de
piano qui comporte nombreuses surprises, des changements d'ambiance
qui en font toute la saveur. Un concerto que l'on a plaisir à
déguster plusieurs fois en fait ! Car c'est sans nul
doute l'un des plus beaux de Mozart.
En l'espace de deux ans Mozart composa quatre concertos, et
c'est aussi un des plus beau qui suit sur ce CD : Le Concerto
19 est quant à lui celui dont le tempo est le plus rapide,
allègre donc mais qui enchante aussi par la profondeur
présente dans le second mouvement. Edwin Fisher disait,
selon le témoignage de Paul Badura Skoda, qui fut son élève
et assistant, et y trouve la meilleure définition : "
La musique de Mozart est amour". En tout état de cause
on ne peut qu'admirer et aimer ces concertos qui passent de l'allégresse
au tragique en traversant nombreuses émotions.
Si vous avez été voir les DVD sélectionnés ce mois-ci vous devinerez
que c'est au moins la troisième fois(sixième serait
d'ailleurs plus vrai !) que je l'écoute, en quelques jours,et
cela n'a rien de lassant bien au contraire ! Chaque interprète
y apportant une touche personnelle, ainsi en ce qui concerne Paul
Badura Skoda, dont le nom reste associé à une évolution
capitale de l'histoire de l'interprétation par son intérêt
pour les instruments d'époque et son attachement à
la tradition viennoise, s'est attaché à offrir une
sonorité authentique, en choississant de jouer sur un piano
Bosenderfer sonnant comme un pianoforte. Mais bien sûr cette
clarté du son n'est pas seulement due à l'instrument
mais aussi aux nombreuses qualités d'interprétation
de ce grand pianiste.
Cliquez sur l'image pour vous procurer ce disque. |
En savoir plus
Visitez le site internet de Paul Badura-Skoda...cliquez ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
|
Retrouvez une information sur
le site Piano bleu
Suivez pianobleu.com
le site des amateurs
de piano
sur
Ne partez pas
sans avoir lu
l'actualité
du piano !
et... Partagez cette page !
|