Mozart Concertos pour piano 24 et 25 Paul Badura Skoda
W. A. Mozart (1756-1791)
Piano Concertos
Paul Badura-Skoda, piano et direction
Orchestre de chambre de Prague
Concerto pour piano n°24 K.491,
en ut mineur
Concerto pour piano n°25 K.503,
en ut majeur
Voici encore un nouveau disque du pianiste Paul Badura-Skoda à découvrir absolument ! Toujours en quête de perfection dans l'interprétation des Concertos de Mozart, il a enregistré ici deux de ces concertos pour piano qui sont l'apogée d'une série de douze que Mozart a composé entre 1784 et 1786, particulièrement pour la nouvelle cadence du concerto en ut mineur (K.491) qui a mûri en lui depuis 2008, et donc depuis un précédent enregistrment de ce concerto paru il y a une dizaine d'années, ainsi explique-t-il : " C'est une oeuvre plus tardive de Mozart, la Fantaisie pour une Orgelwalze (orgue mécanique) KV 608, qui m'a inspiré. Elle se distingue de mes cadences précédentes par des modulations inhabituelles et par là-même , comme le Concerto, ouvre de nouvelles voies, celles de l'avenir".
Vous pourrez , avec l'aimable autorisation du pianiste et du label Transart, écouter le premier mouvement de ce concerto ( en fin de page) et y apprécier la très belle qualité sonore ( enfin certes un peu dénaturée par le mp3) qui valorise le piano mais aussi les cordes et vents de l'orchestre, alors que les percussions étaient un peu plus lourdes dans l'enregistrement précédent dans ce nouvel enregistrment ces instruments sont plus présents. Ce qui contribue aussi à une musique plus enlevée sans qu'elle n'en perde pour autant sa force et son caractère parfois angoissant. La puissance de l'orchestre provenant moins des percussions mais plus des autres instruments , une qualité qui a beaucoup d'importance dans ce concerto dans lequel Mozart a voulu confié aussi à ces instruments un grand rôle.
Le livret de cet album est toujours rédigé par Paul Badura-Skoda et ce qu'il indique sur ce concerto n'a pas changé mais comme son précédent disque avec ce concerto n'avait pas été présenté sur piano bleu en voici un extrait fort intéressant qui montre aussi justement l'importance de ces instruments : "Que s'est-il passé dans l'esprit de Mozart quand juste avant d'achever son Figaro qui pétille de vie, il a composé cette oeuvre si sombre, si tragique ? Nous ne pouvons que le pressentir, mais il y a une chose sûre : toutes les déceptions, toute la souffrance qui n'avaient aucune place dans cet opéra heureux se sont déchargés d'une façon quasi explosive dans ce concerto .[...]Le seul symbole de la souffrance qui n'apparaît pas dans ce concerto , ce sont les dissonances" poignantes", "tranchantes" : n'oublions pas que le credo esthétique de Mozart pour qui toute la musique, même si elle doit exprimer la laideur doit rester belle. La réalisation concrète de cette conviction et les interventions des vents d'une beauté irréelle trompent bien des auditeurs naïfs qui trouvent cette oeuvre agréable, voire sereine."
Alors que ce concerto a été enregistré en décembre 2012, le concerto 25 est un enregistrement de juin 2003 est-il mentionné sur la quatrième couverture du livret, mais n'en est pas moins un très beau complément, et l'on peut d'ailleurs s'interroger sur cette date, puisque par contre le commentaire du pianiste sur ce concerto est bien lui très récent : mai 2013, mais quoi qu'il en soit vous verrez en fait que ce qui caractérise ce concerto c'est son caractère futuriste alors que penser des dates de manière générale en musique ! ...
Ainsi Paul Badura-Skoda explique à son sujet : " Ce concerto est le plus grandiose et le plus ouvert sur l'avenir de tous les Concertos de Mozart. L'indication "Allegro Maestoso" pour le premier mouvement est vraiment pertinente : ce mouvement majestueux qui s'ouvre sur la fanfare éclatante en ut majeur dépasse tous les autres mouvements de tous les autres concertos, par ses dimensions symphoniques. Si le nom de "Concerto pour l'Empereur" n'était pas attribué à une autre oeuvre, il serait comme"taillé sur mesure" pour notre concerto. Mais ce concerto n'est pas seulement "impérial", son énergie implacable dans les premier et troisième mouvements est en soi révolutionnaire : trois ans avant la révolution française , Mozart invente pour le premier mouvement un thème qui évoque le timbre du début de la Marseillaise."
Là aussi Paul Badura-Skoda, en l'absence de cadence originale, en a réalisé une et cela a été , dit-il, pour lui : " une inspiration stimulante : j'ai cherché à composer une cadence qui traduise bien le caractère joyeux et triomphal de ce mouvement [le 1er] , sans pour autant déborder du cadre. Me laissant guider par Mozart(...)".
C'est une oeuvre futuriste selon le pianiste , non seulement pour la partie de piano, où des tournures annoncent Beethoven, Chopin et même Ravel,., il l'est aussi par ce que Mozart exige du piano : " Dans le premier mouvement, à la réexposition , le piano solo doit répondre à l'orchestre qui joue le motif de la fanfare, ce qui suppose du piano une puissance sonore irréalisable sur un piano du 18ème siècle". Et le pianiste Paul Badura-Skoda, qui a choisi un piano Steinway, offre dans ce concerto une puissance énergique absolument fabuleuse avec un fin de troisième mouvement particulièrement enthousiasmante !
Pour écouter W. A. Mozart (1756-1791)
Piano Concertos
Paul Badura-Skoda, piano et direction
Orchestre de chambre de Prague Concerto pour piano n°24 K.491,
en ut mineur(conduit par Paul Badura-Skoda depuis le piano)
1er mouvement
avec l'aimable autorisation
du label TRANSART
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