Nelson Goerner
Merci à Nelson Goerner d'avoir répondu aux questions
de pianobleu.com pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Nelson
Goerner est né le 9 mai 1969 à San Pedro (province de Buenos
Aires) Argentine. Il s'est révélé très tôt
enfant surdoué, ayant appris tout seul à lire et à
écrire avant l'âge de 3 ans. Il débute très
jeune le piano :"J'avais 5 ans et demi quand j'ai commencé
le piano, seul instrument que je connaissais, et je n'ai jamais travaillé
un autre. Ma soeur, de 3 ans mon ainée, a commencé
le piano avant moi. C'est grâce à elle et grâce à
ma grand-mère, qui avait l'habitude d'asseoir tous ses petits-enfants
très tôt au piano que je suis entré en contact avec
la musique."
Il prend ses premiers cours dans sa ville natale, San Pedro puis au
Conservatoire National de Musique de Buenos Aires, où il fait la
connaissance de Jorge Garrubba avec qui il étudiera en privé
jusqu'à l'âge de 13 ans :"Mon premier professeur
était une dame déjà assez agée, elle enseignait
du matin au soir chez elle. Elle était impressionnée par
mes possibilités, et eu la grande sagesse de conseiller à
mes parents de m'emmener au Conservatoire National de Buenos Aires, ce
qu'ils ont toute de suite fait. J'étais très attaché
à elle, et j'ai continué de fréquenter ses cours
alors même que je travaillais déjà avec Jorge Garrubba.
Elle m'aidait à bien préparer mes leçons. Jorge
Garrubba était un musicien de grande sensibilité, d'une
énorme culture. Une personne exquise. Il me traitait avec beaucoup
d'affection mais de la rigueur à la fois, et a éveillé
et stimulé ma curiosité dans beaucoup de domaines, non seulement
la musique. Bien qu'il jouait très peu en public, c'était
un pianiste de très haut niveau, avec une magnifique sonorité
et une école très solide - il avait travaillé de
longues années avec Vincenzo Scaramuzza. "
Il donne son premier récital à 11 ans et en garde aujourd'hui
encore le souvenir très précis :"Mon premier récital
a eu lieu dans un lieu qui m'était familier - la Bibliothèque
publique de la ville de San Pedro. J'étais ému, mais n'avais
pas de trac, car je me savais entouré de gens qui m'aimaient bien,
qui me soutenaient. J'ai joué plusieurs Romances sans paroles de
Mendelssohn, quelques Inventions de Bach, la Fantaisie en ré mineur
et la Sonate en Ut K 330 DE Mozart."
Au décès de son professeur, il continue ses études
avec Juan Carlos Arabian et sous sa direction il commence à se
produire régulièrement en public et obtient, en 1986, le
1er Prix du Concours Franz Liszt de Buenos Aires, qui lui permet de faire
ses débuts au Teatro Colon avec l'Orchestre Philharmonique de Buenos
Aires. Cette même année, il commence à travailler
avec Carmen Scalcione qui laisse une empreinte décisive sur sa
formation musicale : "Juan Carlos Arabian m'a beaucoup appris,
surtout au niveau intellectuel - c'est un musicien d'une érudition
et savoir
faire énorme, il m'a fait travailler beaucoup de répertoire...Carmen
Scalcione était une des élèves de prédilection
de Vincenzo Scaramuzza, une pianiste formidable de tous points de vue
qui aurait pu avoir une grande carrière internationale mais n'a
jamais voulu quitter l'Argentine. Une figure phare dans ma vie, qui m'a
fait avancer à grands pas, et qui me connaissait peut être
mieux que personne."
Nelson Goerner confie avoir senti vers ses 14 - 15 ans que le piano
"pourrait être sa vie" :" Je suivais l'école
régulièrement et les cours de langues étrangères
en privé, mais je n'ai jamais sérieusement envisagé
pour moi une autre carrière que celle-ci."
Il continue à se produire en Argentine et, suite à une rencontre
avec Martha Argerich qui s'enthousiasme pour son talent, obtient une bourse
conjointe du Conseil d'Art et de Science de la Fondation CIMAE et du Mozarteum
Argentino, lui permettant ainsi de venir en Europe ..." La rencontre
avec Martha Argerich a eu lieu à Buenos Aires en 1986, quelques
jours après son concert- et sa rentrée au pays après
14 années d'absence. Concert inoubliable,sidérant... elle
avait joué le 2ème de Beethoven, 1er de Liszt et 3ème
de Prokofiev le même soir ! C'est grâce à
Martha que j'ai pu venir en Europe car elle m'a gratifié d'une
bourse d'études-évènement tout à fait inattendue,
merveilleux ! Avec cette bourse je suis arrivé
au Conservatoire de Genève, classe de Maria Tipo - une autre figure
phare dans ma vie. Elle a fortement développé mon sens de
l'indépendance dans le travail et l'affirmation de ma personnalité.
Elle était très rigoureuse, mais très maternelle
aussi avec ses élèves. J'ai également eu le bonheur
d'assister à grand nombre de ses concerts."
En
1990, il obtient le 1er Prix avec distinction du Conservatoire de Genève
ainsi que le 1er Prix du Concours International d'Exécution Musicale
de Genève, qui lui ouvre les portes d'une carrière internationale.
Dès lors, Nelson Goerner se produit en récital dans les
salles prestigieuses du monde entier : Teatro Colon de Buenos Aires, Wigmore
Hall et Queen Elizabeth Hall de Londres, Leipzig Gewandhaus, Munchner
Herkulessaal, Sala Verdi de Milan, Santa Cecilia de Rome, pour n'en citer
que quelques unes. Il est l'invité de festivals tels que celui
de Lucerne, la Roque d'Anthéron, la Grange de Meslay - où
il remplace S. Richter au pied levé - BBC Concert Promenade, Aldeburgh
et Salzburg.
A la question de savoir dans quels lieux il aime particulièrement
jouer et où il aimerait jouer Nelson Goerner répond :"J'affectionne
particulièrement chaque fois que je rentre jouer en Argentine.
Il m'est difficile de jouer là-bas, je sens que l'on attend beaucoup
de moi...mais suis très sensible au fait de jouer pour le public
qui m'a connu en premier. En Europe, j'adore jouer à Londres, surtout
au Wigmore Hall qui est une salle merveilleuse, avec l' un des publics
les plus connaisseurs qui soit. Puis j'aime beaucoup jouer dans l'Europe
de l'Est - Pologne, Roumanie... le public est extrêmement réceptif
et chaleureux. J'aime beaucoup également le Cloitre de Jacobins
à Toulouse, où se tient le Festival Piano aux Jacobins.
Il y a bien sûr beaucoup de pays ou j'aimerais aller jouer. Je rêve
d'une tournée d'un bout à l'autre de l'Amérique Latine.
Et j'aimerais jouer plus"
Ses meilleurs souvenirs de concerts sont en Allemagne..."où
chaque fois j'ai été très bien reçu, bien
"compris"je dirais... Je ne pense pas avoir de meilleurs ou
pires souvenirs de concerts dans le sens ou l'on l'entend souvent. Tout
simplement, je garde de bons souvenirs de concerts et des villes où
j'ai bien joué, et le contraire également..."
Quant à ses prochains concerts..."je me réjouis
beaucoup de retrouver Martha Argerich lors de son festival annuel dans
la ville de Beppu au Japon. Nous allons jouer les Dances Symphoniques
de Rachmaninoff, que nous affectionnons particulièrement, et qui
sont en train de devenir emblématique dans notre collaboration
musicale. Et puis, il y a le 2ème de Brahms avec le Philharmonique
de Londres et Paavo Berglund à la fin mai..."
Parallèlement à son activité de concertiste Nelson
Goerner enseigne au Royal Northern College of Music à Manchester
:" Mon début dans l'enseignement s'est produit beaucoup
trop tôt, je n'avais que 21 ans quand j'ai été appelé
à reprendre la classe de Maria Tipo au Conservatoire de Genève.
Ce fût une année très difficile pour moi, je n'arrivais
pas à concilier la carrière de concertiste, qui commençait
à prendre de l'essor, avec une classe et des élèves
que je voulais mener à bon port. Maintenant c'est tout différent,
mes élèves m'apportent beaucoup, plein d'idées aussi,
et de la matière à réflexion. Ce que j'essaie de
leur inculquer c'est surtout des bonnes habitudes de travail - j'ai souvent
vu des pianistes, même très doués, qui ne savent pas
travailler, ils perdent beaucoup de temps et souvent finissent par défaire
ce qu'ils avaient réussi à faire la veille. A mon avis on
ne parle jamais assez de ce problème. Le message que je cherche
à leur passer : avoir la seule préoccupation d'aller au
plus profond des oeuvres qu'on joue, il y va de notre vie, vraiment...
sans se soucier du succès rapide, fulgurant, que cette voie - la
plus difficile - ne peut décrocher ."
Son répertoire, son interprétation...
Nelson
Goerner vient de sortir un disque d'oeuvres de Liszt et a déjà
enregistré auparavant les Etudes d'éxécution transcendante
de ce même compositeur : "Je fréquente Liszt depuis
mon adolescence et il a une place très importante dans mon répertoire
de concert. Je me souviens que, à l'époque où j'avais
commencé à l'étudier, j'étais plutôt
réservé au piano sur le plan émotionnel, peut-être
un peu réticent à montrer mon vrai visage...mais je le voulais
vraiment ! Liszt m'a beaucoup aidé dans ce processus. Il vous
aide à vous sortir de vous même, à vous projeter.
Carmen Scalcione l'avait bien compris et m'a donné une dose très
généreuse de Liszt à travailler. Mon oeuvre préférée ?
La Sonate en Si mineur, certes. Mais j'adore la Faust Symphonie, et j'affectionne
beaucoup les Etudes d'éxécution transcendante. J'aimerais
à l'avenir me plonger d'avantage dans les Liszt tardifs."
Mais bien d'autres compositeurs font partie de son répertoire
et il envisage déjà un large programme de disques à
paraître : "Dans mes projets futurs, un disque Brahms, peut-être
un disque Schubert, qui sait... Ensemble avec Chopin, Bach , Mozart, Beethoven
et Bartok, ce sont mes compositeurs de prédilection...mais il y
en a aussi d'autres, je n'aime pas me limiter à une liste, ce n'est
pas la réalité !"
Nelson Goerner a eu l'occasion de jouer nombreuses fois des concertos,
parmi les orchestres on peut citer le London Philarmonic Orchestra, LE
BBC Philarmonic Orchestra, le Hallé Orchestra, l'Orchestre de la
Suisse Romande, l'Orchestra del Maggio Musicale di Firenze, l'Orchestre
National de France, le Netherlands Philarmonic Orchestra, le MDR Leipzig,
le NDR Hannover, le DSO Berlin, le l'Orchestre Philarmonic National de
Varsovie, le Sinfonia Varsovia, le NHK Symphony Orchestra de Tokyo, le
Los Angeles Philarmonic et le Montréal Symphony.
Il a joué sous la direction des chefs prestigieux parmi lesquels
Armin Jordan, Jakov Kreizberg, Fabio Luisi, Andrew Davis, Emmanuel Krivine,
Claus Peter Flor, Neeme Järvi, Kazimierz Kord et John Neschling.
Et en musique de chambre il a joué avec le Quatuor Takacs, Stteven
Isserlis et Vadim Repin dans le cadre du Taneyev Festival à Londres.
Nelson Goerner joue souvent en duo avec le violoncelliste Gary Hoffman,
la mezzo-soprano Sophie Koch et en 2 pianos avec Alexandre Rabinovitch,
Martha Argerich et Rusudan Alavidze.
A la question de savoir ce qu'il préfère comme formation
il répond :"J'adore la musique de chambre - elle est source
des joies merveilleuses, et du dépassement de soi...mais je ne
la fréquente pas autant que je voudrais. On me demande beaucoup
plus en concerto et en récital - ce dernier étant peut-être
mon préféré... mais je ne suis pas sûr... jouer
un récital est infiniment plus difficile que jouer n'importe quel
concerto, fut-ce le plus difficile. Tout seul sur scène, sans aucun
soutien, rien. Ca ne dépend que de vous..."
Interrogé sur sa façon de travailler Nelson Goerner confie
: "Le travail est pour moi une source de joie, d'émerveillement
- jamais de routine. Je ne peux pas travailler systématiquement,
bien que j'essaie , même quand je suis en tournée, d'avoir
un piano à disposition 4 heures par jour. Mais j'évite consciencieusement
tout ce qui pourrait m'emmener à une répétition routiniaire
qui fige l'interprétation et nos capacités de réceptivité.
Bien que, cela va sans dire, il faille aussi travailler de façon
mécanique pour aborder certains passages- et on peut pas s'y soustraire.
Mais là aussi, le but expressif qu'on veut atteindre n'est jamais
loin, jamais dissocié du travail."
En dehors de la musique classique Nelson Goerner affectionne aussi...
"Beaucoup le tango - par mes racines culturelles - et je ne rate
jamais un bon spectacle quand je suis chez moi en Argentine. Et j'aime
beaucoup le jazz-je regrette de ne pas savoir en jouer...". Quant
à son intérêt pour d'autres arts il confie : "J'ai
toujours été quelqu'un de naturellement curieux, et j'espère
que cela ne me quittera jamais...même si, je dois l'avouer, la vie
de pianiste est souvent épuisante et exclusive - elle demande de
s'y consacrer entièrement. J'aime beaucoup la littérature,
le cinéma, l'art en général : je pense que tout cet
apport finit par se retrouver à un moment ou l'autre dans nos interprétations."
Sur le propre site internet de Nelson Goerner on peut trouver un questionnaire
de Proust, qu'il a bien voulu un peu commenter aussi : "Le chiffre
trois, je ne sais pas pourquoi c'est mon préféré,
par superstition peut-être, il m'arrive très souvent de penser
en fonction de ce chiffre mais ne saurait l'expliquer ! 'et...la
couleur bleue c'est ma préférée parce que la couleur
du ciel, voilà...il est vrai que je l'affectionne particulièrement,
elle m'est toujours agréable ! " .
Ecouter...
Paru en septembre 2013
"Debussy : L'Isle Joyeuse, Images, Etudes, Estampes"
- Nelson Goerner, piano
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|
Liszt
Nelson Goerner
Sonate en si mineur
Ballade n°2 en si mineur
Bagatelle sans Tonalité
La Mort d'Isolde(Transcription de R. Wagner)
Méphisto-Valse n°1
De ce disque présenté comme "Le diable et le
bon Dieu" le pianiste Nelson Goerner, qui a déjà
enregistré les Études d'exécution transcendante
du même compositeur, explique simplement qu'il en a choisi
le programme parce qu'il "représente ce que j'appellerai
un moment significatif dans ma recherche et fréquentation
lisztiennes. J'ai senti que le moment était simplement venu."
Certes pas une oeuvre tardive mais marquant un tournant essentiel,
voire une exception de l'oeuvre de Liszt, la Sonate en si mineur
est un de ses plus grands chefs d'oeuvre pianistiques, par sa longueur
: plus de trente minutes dans une forme monobloc qui peut être
lue de deux façons : comme une grande sonate en quatre mouvements
ramassés en un seul ou comme les quatre parties d'un seul
allegro de sonate. Outre sa forme originale qui ouvre les portes
à multiples interprétations possibles c'est la richesse
harmonique, la multiplicité des thèmes où nombreux
caractères se profilent (Faust, Mephisto, Marguerite ...
autant dire le diable et le bon Dieu ...), qui en fait toute la
richesse. Oeuvre exigeant de très grandes capacités
techniques mais aussi poésie, qualités qui ne font
aucunement défaut à Nelson Goerner qui en offre une
interprétation qui en exalte les caractères bien affirmés
tant dans l'énergie que la tendresse....cliquez
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