Natalia Valentin
Merci à Natalia Valentin d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Natalia
Valentin est née le 27 octobre 1977 à Caracas (Venezuela)
dans une famille dans laquelle la musique avait une grande importance
: "Ma grand-mère originaire des Îles Canaries chantait
dans les ensembles folkloriques. Aux Canaries le chant traditionnel
est très important et mon père voulait que ses enfants
puissent s'exprimer aussi à travers la musique, il a acheté
nos premiers instruments (un cuatro - instrument traditionnel du Venezuela,
puis un piano) mon frère aîné jouait du cuatro,
la guitare et le piano, maintenant il joue du piano pour se relaxer
après des dures journées de travail à l'hôpital
(il est médecin). Mon autre frère a étudié
la flûte traversière, puis le traverso à Paris avec
Hélène d'Yvoire. Mon père a donné le départ
pour les études musicales mais c'est ma maman qui nous a accompagné
pendant 25 ans aux cours de musique car nous étions trois enfants
avec un écart de 5 ans et demi chacun. A six ans Natalia
Valentin choisit le piano : "Nous avions un petit Wurlitzer
et j'aimais m'asseoir et faire semblant de jouer et d'accompagner les
chants de ma grand-mère."
Natalia Valentin a pris des cours particuliers avec deux professeurs
avant de rentrer au Conservatoire :"Elles étaient toutes
les deux adorables et avaient beaucoup de patience, je ne tenais pas
du tout en place (maintenant en tant que professeur, je comprends l'effet
que ça peut donner...)" Puis elle a été
l'élève de piano de Diana Franklin, Arnaldo Pizzolante
et Cesar Rangel, elle réalise aussi une formation complète
en Solfège, Harmonie, Histoire de la Musique, Esthétique,
Musique de Chambre au Conservatoire « Juan José Landaeta
»..."Diana Franklin est le professeur qui m'a donné
les bases de travail, les connaissances fondamentales pour jouer mon
instrument. C'est mon professeur d'enfance. Arnaldo Pizzolante est celui
qui m'a ouvert les portes du grand répertoire, la liberté
de choisir des pièces des compositeurs qui font rêver les
adolescents. Ceci m'a permis de développer ma technique et ma
sonorité."César Rangel est celui qui m'a appris à
aimer la musique et à m'exprimer à travers elle. C'est
le professeur qui m'a donné confiance et qui a cru dans mon potentiel."
Natalia Valentin a tout d'abord poursuivi d'autres études en
parallèle à ses études musicales :"J'ai
suivi des cours de Diplomatie (un an) et puis de Beaux-Arts (deux ans)
à l'université Central du Venezuela, mais j'ai abandonné
ces études pour venir en France avant de dépasser les
limites d'âges et en fait l'idée de devenir pianiste professionnelle
vers 15 ans a germé quand j'ai commencé à étudier
avec César Rangel et après un concert au Musée
de Beaux-Arts de Caracas, avec une salle complète et un très
bon public." Convaincu par son frère elle émigre
à Paris : "Mon frère étudiait le traverso
à Paris et dès mon enfance je voulais vivre dans cette
ville où l'art est présent dans tous les coins de rues.
J'ai eu un moment de doute, mais j'ai reçu le soutien de mes
parents, de mes professeurs et surtout une énorme lettre de 16
pages de mon frère (qui n'écrivait jamais) en me convainquant
de tout laisser et venir à la "Ciudad de la LUZ."
En 1998 Natalia Valentin est admise au Conservatoire Supérieur
de Paris (CRR) dans le Cycle Supérieur de Piano. Elle suit lenseignement
de Billy Eidi et obtient, deux ans plus tard, un Premier Prix en Piano
:"La première année a été très
difficile, l'émigration, la nostalgie, la langue, l'HIVER, la
compétitivité... Billy Eidi a été très
objectif avec moi, il a compris que j'avais besoin de défis et
le plus grand pour moi était de lui faire dire: "c'est très
bien", je ne comprenais pas l'utilisation positive de phrases qui
au contraire me paraissaient négatives : pour moi récemment
en France et avec un tout petit niveau de français "ce n'est
pas mal" n'était pas bien, et "ce nest pas mal
du tout" n'était toujours pas bien car le mot "mal"
était toujours présent ! Billy Eidi m'a appris à
écouter et à trouver ma voie vers le pianoforte. "
A partir de 2000 elle approfondit ses études sur linterprétation
des instruments historiques en suivant les cours de Pianoforte avec
Patrick Cohen au CRR de Paris, où elle obtient le Diplôme
Supérieur de Musique Ancienne à lunanimité
du jury."Mon frère m'avait parlé de cet instrument
avec lequel nous pourrions jouer des sonates de CPE Bach ensemble, puis
j'ai rencontré d'autres personnes qui avaient suivi des cours
avec Patrick Cohen et qui m'ont conseillée d'aller écouter
ces cours. Patrick Cohen est un personnage très particulier,
excentrique et extraverti, à chaque cours, il ouvre des portes
vers des mondes d'expérimentation, c'était un changement
radical dans ma formation, la liberté et l'indépendance,
la seule façon de se forger une opinion personnelle. J'ai découvert
le pianoforte 5 octaves du CRR de Paris avant d'aller voir Patrick Cohen
. J'ai demandé une salle pour étudier mais tout était
occupé, j'ai tellement insisté qu'on m'a donné
la salle de pianoforte en me précisant que je ne pourrais pas
tout jouer là-dessus...effectivement, seulement l'uvre
de Mozart que je travaillais à l'époque rentrait dans
la tessiture de l'instrument qui était un peu un mélange
entre un clavecin et un piano, j'ai cherché les pédales
et j'ai trouvé des genouillères, puis les petits marteaux
enveloppés de cuir, j'ai voulu tout savoir sur cet instrument."
Depuis 2003 Natalia Valentin est professeur de Piano moderne au Conservatoire
de Vigneux-sur-Seine, où elle participe activement dans la programmation
de la ville et elle vient d'initier une classe de Pianoforte dans le
Conservatoire Jean Wiener de la ville de Bobigny ..."L'enseignement
musical passe tout d'abord par le contact humain, la communication et
la transmission de cette passion que les enseignants ont pour la musique
doit être le point de départ. Pour moi le cours de musique
implique un échange entre l'élève et le professeur,
tous deux ayant le but de faire de l'art. Cet échange privilégié
et unique est effectivement très enrichissant sur le plan musical,
mais aussi personnel, on ne peut qu'être une meilleure personne
quand on donne de soi pour que les autres soient meilleures à
leur tour."
Natalia Valentin termine en juin 2007 ses études au Conservatoire
National Supérieur de Musique et Danse de Paris (CNSMDP) dans
la classe de Pianoforte avec lobtention dun Premier Prix
« Mention Très Bien à lUnanimité».
Élève de Patrick Cohen, Pierre Cazes et Kenneth Weiss,
elle se perfectionne auprès de Susan Alexander-Max et Arthur
Schoonderwoerd."Je suis entrée au CNSMDP en 2003, je
voulais expérimenter d'autres pianoforte avec "prell-mécanique",
mécanique viennoise pré-romantique ou la mécanique
anglaise. Le parc instrumental du CNSMDP est très varié
et il permet aux étudiants de travailler chaque répertoire
dans l'instrument approprié. Le souvenir particulier de cette
période est de me sentir trop "moderne" dans le département
de Musique Ancienne, et trop "baroqueuse" pour les autres
départements."
Natalia Valentin a participé aux Master Classes données
par Bilson, Alexeï Lubimov, Andréas Staier, Claire Chevalier,
Bart von Oort, Miklos Spanyi et Susan Alexander-Max..."J'ai
beaucoup aimé le contact avec Alexeï Lubimov, j'ai suivi
ces cours lors d'un stage en Belgique, il se demandait pourquoi moi
une "vénézuélienne" était venue
de si loin et m'intéressait au pianoforte. Puis il a joué
un fantastique concert lors du stage, à la fin, la moitié
de la salle pleurait et moi je lui ai expliqué que c'était
pour écouter son interprétation et sentir tout ce qu'il
avait fait sentir au public que j'étais venue. Susan Alexander-Max
m'a beaucoup aidé avec la technique digitale du pianoforte, être
consciente de chaque mouvement et faire en sorte que ça devienne
naturel. Puis je dois aussi mentionner Arthur Schoonderwoerd qui m'a
apporté des éléments pour bien comprendre le discours
musical et le modeler à ma façon tout en respectant l'art
du compositeur."
Suivant son intérêt pour linterprétation
dinstruments historiques Natalia Valentin a réalisé
des concert-conférences sur le Pianoforte à lUniversité
de Rio de Janeiro (UNIRIO -Brésil) et à lInstitut
Universitaire dÉtudes Musicales (IUDEM Venezuela).
Elle développe aussi un programme détude sur le
Pianoforte avec lobjectif denseigner lhistoire, lévolution
et les techniques dinterprétation de cet instrument...."Le
programme d'étude sur le Pianoforte est un projet que je compte
développer très prochainement avec des études universitaires.
Pour l'instant ce projet a la forme de stage de découverte et
sensibilisation autour du pianoforte. J'ai pu réaliser ce projet
deux fois au Conservatoire de Vigneux-sur-Seine où j'enseigne
actuellement le piano moderne et au Conservatoire Gustave Charpentier
(XVIII arr. Paris). Destinés aux élèves de piano
et clavecin, ces stages ont un objectif d'information et diffusion sur
lhistoire, lévolution et les techniques dinterprétation
de cet instrument."
En tant que soliste, elle se produit dans les salles les plus prestigieuses
de son pays. Récemment elle a été invitée
par le Système National des Orchestres du Venezuela pour jouer
avec lOrchestre Symphonique de Jeunesse de Caracas sous la direction
de Dietrich Paredes au Théâtre Teresa Carreño. Natalia
Valentin a réalisé des concerts en tant que soliste et
en musique de chambre dans la Cité International des Arts, la
Cité Montmartre aux artistes et la Cité International
Universitaire. Elle accompagne la soprano Luanda Siqueira à lAmbassade
du Brésil et lors du concert douverture du Festival Courants
dAirs à Manosque en 2006 où elles interprètent
le programme VIVA VILLA ! Elle a été invitée par
le Festival de Musicancy en Bourgogne, le Festival « Les Solistes
de Demain » en Auvergne, le Festival « Antigua Musica de
la Laguna » à Tenerife, et par lOrchestre Philharmonique
de Laredo (Texas) pour réaliser des concerts aux Etats-Unis et
au Mexique.
Interrogé sur les instruments sur lesquels elle joue lors de
ses concerts Natalia Valentin indique :"Il n'y a pas toujours
des pianoforte, parfois c'est justement parce qu'il y a un pianoforte
que je peux proposer un concert, mais je suis à la fois pianofortiste
et pianiste. Je joue des pianos modernes et moins modernes selon les
besoins et les conditions des lieux et des organisateurs. Je fais beaucoup
de musique de chambre sur piano moderne et des récitals en pianoforte."
Quant à son meilleur souvenir de concert, elle confie :"Mon
meilleur souvenir reste mon récital de Prix au CNSMDP. Je l'ai
conçu vraiment comme un concert et pas un examen, j'ai joué
sur trois pianoforte différents, un programme délicieux
et je me suis beaucoup amusé. Puis aussi mon premier concert
aux Îles Canaries, dans un endroit fantastique, à l'air
libre, température parfaite, public parfait, petit instrument
qui s'est avéré un très bon compagnon de concert
et même les oiseaux étaient dans le ton !"
Son répertoire, son interprétation...
Si
Natalia Valentin construit son répertoire en tenant compte des
instruments dont elle dispose, un Pianoforte modèle Anton Walter
de 1795 et Piano Érard fait à Paris en 1846, ayant à
coeur de jouer sur chacun d'eux la musique la plus appropriée
en regard à leur époque, elle confie qu'il lui est difficile
de donner ses compositeurs de prédilection ..."J' en
ai tellement, à vrai dire je tombe amoureuse des pièces,
j'aime les Livres IV, V VI et VIII des Madrigaux de Monteverdi par leur
contenu poétique et par la modernité avec laquelle il
a construit des scènes musicales, Gesänge op. 17 de Brahms
par le choix si délicat des timbres, la musique de chambre de
Hummel par l'énergie et la virtuosité débordante,
les uvres pour clavecin de Ligetti à cause de la brillante
exploitation des possibilités de l'instrument, les sonates de
Muzio Clémenti, compositeur auquel j'espère dédier
mon prochain disque, car on trouve un mélange parfait entre les
techniques du composition de la fin du XVIII et la sensibilité
qui va caractériser le début du XIX, ce compositeur qui
est né avant Mozart et mort après Beethoven a été
aussi un grand instrumentiste, en plus de professeur, éditeur,
facteur d'instruments, chargé de marketing et relations publiques
de son entreprise !" et sa réponse à la question
de définir son concert idéal confirme son ouverture à
un large répertoire puisqu'il serait ..."précisément
le "non-concert" ou plutôt le "salon", un
lieu d'échanges artistiques, sans répertoire, sans organisation
mais beaucoup de spontanéité et créativité."
Interrogée sur sa façon de travailler Natalia Valentin
répond : "J'aime beaucoup m'approcher de la partition
par le chant, après un premier déchiffrage, j'essaye de
chanter une main pendant que je joue l'autre. Puis je cherche ce que
le compositeur a voulu dire dans son discours musical, pour la suite
c'est le discours qui guide le travail.".
Un discours musical clair qu'elle apprécie notamment chez deux
pianistes : "Jorge Bollet et Vladimir Horowitz, ce sont les
premiers disques que j'ai eu et ils m'ont accompagné toute ma
vie, à chaque étape une écoute différente,
j'apprécie énormément la distinction des niveaux
sonores et je retrouve toujours l'émotion de la première
écoute."
A côté de l'écoute de ces disques et autres de
musique classique, la pianiste aime aussi retrouver la musique de ses
origines..." J'écoute de la Salsa de chez moi et la Samba
du Brésil, je me connecte avec le tropique, je danse aussi et
je ne sais pas à quel point ça peut m'aider dans mon interprétation,
mais en tout cas ça me fait sentir très bien dans ma peau."
Chant et danse certes, mais en fait c'est l'Art dans sa globalité
qui nourrit son interprétation :"Peinture, littérature,
rencontres artistiques, tout ce qui m'entoure peut m'aider à
comprendre le pourquoi du comment. Pour moi il s'agit d'être en
état d'alerte constamment, les réponses peuvent être
n'importe où." Natalia Valentin est par ailleurs très
enthousiaste quant au rôle de l'art :"Je suis très
fière du succès et de la renommée conquise par
le Système d'Orchestres du Venezuela, crée par le maestro
José Antonio Abreu et démontré comme une grande
réussite par Gustavo Dudamel. Ce système est la preuve
que la musique enlève les limites et nous aide à nous
dépasser au-delà non seulement de nos capacités
mais de tout type de problème social, politique ou économique.
L'art garantit une élévation spirituelle."
Natalia Valentin a déjà nombreuses idées sur
la façon dont elle veut faire évoluer son répertoire
et la musique de chambre tient aussi une part importante : "J'ai
très envie de faire de la musique romantique sur des pianofortes
français, mais d'abord je ferais un détour sur des instruments
à mécanique anglaise. Actuellement je prépare en
musique de chambre un projet basé sur le "Salon Romantique"
avec Françoise Semellaz mezzo-soprano et Claire Lowagie clarinette.
J'ai aussi un autre projet sur des mélodies Brésiliennes
de Villa-Lobos, Fernandez et Mignone avec la soprano Luanda Siqueira."
Ecouter...
|
Beethoven
Rondos et Bagatelles
Natalia Valentin
Rondo en ut majeur Opus 51 n°1
Rondo en sol majeur Opus 51 n°2
Andante "Favori" in fa majeur WoO57
Rondo en ré dièse majeur Kinsky-Halm Anh.6
Sept Bagatelles Opus 33
Alla ingharese quasi un capriccio en sol majeur Opus 129
enregistré sur un pianoforte anonyme du 18ème
siècle, Allemagne du sud, restauré par Christopher
Clarke
Soucieuse d'associer un répertoire en adéquation
à l'instrument sur lequel elle joue, la pianofortiste (et
pianiste) Natalia Valentin a choisi pour son premier CD une sélection
originale de pièces de Beethoven certes moins réputées
que les sonates mais pas moins riches en invention. Elles les
a enregistrées sur un piano datant de la fin du 18ème
siècle qui, comme à l'époque on ne fabriquait
pas du jetable, a connu au fil des ans diverses améliorations,
expliquées dans le livret accompagnant ce disque, pour
obtenir de meilleures qualités sonores.
Si la Bagatelle "Pour Elise "
est bien connue du public, l'on connaît moins les autres
pièces de ce type écrites par Beethoven, pourtant
il en existe trois autres recueils soit un total de 24 pièces,
l'opus 33 ici présent en est le premier. Certes le compositeur
les nommait lui-même quelquefois "petites choses"
mais elles sont en fait chacune un concentré d'idées
de quelques minutes que lui aussi, n'ayant sans doute pas pour
principe de jeter ce qu'il avait créé, développera
ou reprendra parfois par la suite, ainsi pouvez-vous en juger
par vous-même en écoutant la véhémente
Bagatelle n°7 de l'opus 33 en écoute. Les Rondos sont
un peu plus longs et aussi parfois qualifiées "d'oeuvres
de jeunesse" et bien que Natalia Valentin les interprètent
sur un "vieil instrument", les multiples couleurs permises
par le pianoforte et la vivacité de jeu de la pianiste
permettent d'en apprécier pleinement leur caractère
enjoué, leur humour et leur effervescence. Natalia Valentin
a bien voulu répondre à quelques questions pour
présenter son premier album...cliquez
ici pour lire la suite et écouter un extrait
|
En savoir plus
Visitez le site internet de Natalia Valentin...cliquez
ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
|
Retrouvez une information sur
le site Piano bleu
Suivez pianobleu.com
le site des amateurs
de piano
sur
Ne partez pas
sans avoir lu
l'actualité
du piano !
et... Partagez cette page !
|