Beethoven Rondos et Bagatelles Natalia Valentin

Beethoven
Rondos et Bagatelles
Natalia Valentin

Rondo en ut majeur Opus 51 n°1
Rondo en sol majeur Opus 51 n°2
Andante "Favori" in fa majeur WoO57
Rondo en ré dièse majeur Kinsky-Halm Anh.6
Sept Bagatelles Opus 33
Alla ingharese quasi un capriccio en sol majeur Opus 129
enregistré sur un pianoforte anonyme du 18ème siècle, Allemagne du sud, restauré par Christopher Clarke
 
Soucieuse d'associer un répertoire en adéquation à l'instrument sur lequel elle joue, la pianofortiste (et pianiste) Natalia Valentin a choisi pour son premier CD une sélection originale de pièces de Beethoven certes moins réputées que les sonates mais pas moins riches en invention. Elles les a enregistrées sur un piano datant de la fin du 18ème siècle qui, comme à l'époque on ne fabriquait pas du jetable, a connu au fil des ans diverses améliorations, expliquées dans le livret accompagnant ce disque, pour obtenir de meilleures qualités sonores.
Si la Bagatelle "Pour Elise " est bien connue du public, l'on connaît moins les autres pièces de ce type écrites par Beethoven, pourtant il en existe trois autres recueils soit un total de 24 pièces, l'opus 33 ici présent en est le premier. Certes le compositeur les nommait lui-même quelquefois "petites choses" mais elles sont en fait chacune un concentré d'idées de quelques minutes que lui aussi, n'ayant sans doute pas pour principe de jeter ce qu'il avait créé, développera ou reprendra parfois par la suite, ainsi pouvez-vous en juger par vous-même en écoutant la véhémente Bagatelle n°7 de l'opus 33 en écoute plus bas. Les Rondos sont un peu plus longs et aussi parfois qualifiées "d'oeuvres de jeunesse" et bien que Natalia Valentin les interprètent sur un "vieil instrument", les multiples couleurs permises par le pianoforte et la vivacité de jeu de la pianiste permettent d'en apprécier pleinement leur caractère enjoué, leur humour et leur effervescence. Natalia Valentin a bien voulu répondre à quelques questions pour présenter son premier album :
Pouvez-vous parler des circonstances dans lesquelles l’enregistrement de ce disque a été réalisé : pourquoi a-t-il été enregistré en Italie et comment avez-vous choisi l’instrument ?
Ce formidable instrument a été mis à disposition par Daphné Kokkoni, une très chère amie qui m'a permis de travailler sur lui et d'enregistrer mon premier disque. Mon premier contact a été à Paris quand Christopher Clarke lui a apporté l'instrument tout juste restauré, j'étais aux premiers essais et j'ai même réalisé un rodage de mon prix dessus. Puis il a déménagé en Italie, pour participer au Festival Gaudete de la ville de Varallo Sesia, c'est là-bas qu'il est resté et je suis allée jusqu'à lui pour réaliser cet album dédié aux œuvres de jeunesse de Beethoven.
Le fait de jouer sur un instrument d’époque vous crée-t-il des émotions particulières hormis l’intérêt historique ? Et notamment sur ce pianoforte ?
S'approcher au plus près de la sonorité que Beethoven a pu écouter de son vivant n'a pas seulement un intérêt historique, il y a une sensibilité tout à fait différente. Ce pianoforte apporte une palette de couleurs et un éventail de touchés très variés et c'est grâce à une mécanique extrêmement précise et simple que ceci est possible. Le pianoforte utilisé sur cet enregistrement apporte un éventail de types de jeux très riche qui permet de varier énormément le touché ou changer le caractère des phrases et des passages pour leur donner un relief qui parfois semble devenir une texture palpable et visible. Les oeuvres de Beethoven prennent une dimension beaucoup plus approfondie avec la palette des possibilités sonores de cet instrument. Dans ce pianoforte la construction du projet d'interprétation trouve son extase dans la difficulté de contrôler une mécanique qui semble simple et par conséquent doit être "complétée" avec la mécanique digitale de l'instrumentiste. De même l'effort de surmonter cette difficulté ouvre le chemin à la création inépuisable des plans sonores, des textures et des couleurs.
Que représente Beethoven dans votre répertoire ?
Ce premier disque de Beethoven représente pour moi la jeunesse, la fraîcheur, l'humour, la légèreté. Parfois nous oublions que le grand génie pouvait aussi être drôle et même agréable !
Votre disque comprend une sélection de rondos et bagatelles, pourquoi avez-vous choisi ces deux formes, qu’aimez-vous dans celles-ci ?
Les bagatelles ne sont pas fixées sur une forme spécifique, dans les Op. 33 elles ont pour la plupart écrites aussi en forme rondo. Cette forme est celle des hymnes refrain-couplet1-refrain-couplet2, en analyse musicale nous nommons les parties avec des lettres donc la formule est A-B-A-C-A-D etc. Ce que j'aime dans les Bagatelles et Rondos de Beethoven est qu'il a utilisé ces formes comme des laboratoires de compositions, ce sont des vrais champs d'expérimentations dans lesquels il ose aller dans des tonalités incroyables, développer des thèmes ou des motifs de toutes les façons possibles, écrire des micro-variations au niveau du rythme et des ornementations. On y trouve aussi des couplets construits avec un matériel musical qui permettrait facilement de les développer en grandes œuvres. Il y a aussi des passages, qui servent de ponts pour y revenir aux refrains, qu'on dirait sortis directement d'une improvisation comme celles que Beethoven avait l'habitude de faire dans les salons viennois.
Beethoven qui avait dans un premier temps dédier le rondo op.51 n°2 à Giuletta Giuccardi l’a finalement dédié à la Comtesse Lichnowski. Pour remercier la première il lui a ensuite dédié la sonate »Clair de lune » . Pensez vous ou non que finalement Giuletta ait gagné au « change » ?
Je ne me crois pas du tout capable de mesurer la valeur qu'a eu pour l'une ou pour l'autre la pièce qui lui a été destinée. La sonate "Clair de Lune" est une œuvre magnifique, mais j'aime aussi le Rondo Op. 51 N°2. La logistique des dédicaces était très codifiée à l'époque, le Comte Lichnowski a été mécène de Beethoven, une dédicace pour la Comtesse Lichnowski n'avait rien d'innocent, arracher la partition à Giulietta Giucciardi peut-être n'a pas été très galant et pour se faire pardonner, elle méritait au moins la "Clair de Lune".
Pensez-vous que les Bagatelles soient des « petites choses » telles que les décrivaient parfois Beethoven ?

Pas du tout ce sont des "grandes choses" toutes condensées en petit format. Il n’y a rien d'anodin dans ces œuvres, tout est parfaitement dosé et enveloppé avec fraîcheur et une simplicité apparente.
Quelle est la principale difficulté de ces pièces , A quoi attachez-vous le plus d’importance dans votre interprétation de celles-ci ?
À varier, à jouer chaque thème et chaque motif comme si c'était la première fois qu'il apparaît dans le discours. Renouveler constamment pour garantir la fraîcheur et la jeunesse du compositeur.
Pour écouter avec l'aimable autorisation du label Paraty
Beethoven - Bagatette n°7 opus 33

par Natalia Valentin
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