Michel Béroff
Merci à Michel Béroff d'avoir
répondu aux questions de pianobleu.com pour la réalisation
de cette page.
Biographie commentée
Michel Béroff est né à Epinal en 1950. C'est grâce à son père, qu'il découvre cet instrument explique-t-il :"Nous avions un piano à la maison, mon père en jouait un peu en amateur, et comme mes frères et sœurs je m'y suis mis. Par la suite, devant des dons plus développés que mes frères et sœurs , le rythme de travail s'est accéléré, et mon père s'est investi dans mon éducation musicale, essentiellement du 20ème siècle. De mon enfance ressort avec une certaine force, les séances où je jouais devant mon père, à l'âge de 9 ans, des pièces de Bartok et Messiaen, et où j'avais droit à une petite voiture si je ne faisais aucune fausse note ; les temps ont bien changé ! Je me souviens aussi de mon travail technique (les exercices de Pierre Sancan) effectués avec, sur le pupitre du piano, des albums de Tintin ou Spirou ! "
Après des études au conservatoire de Nancy, Michel Béroff obtient en 1966 un premier prix de piano au CNSM de Paris précisément dans la classe de Pierre SANCAN..."J'ai malheureusement passé trop peu de temps dans sa classe, mais les souvenirs les plus prégnants sont un enthousiasme de tous les instants pour la musique, et un amour de Debussy qu'il m'a légué en droit direct... Plus évidemment tout un arsenal d'exercices techniques et de solutions "miracles" pour bien des problèmes. Sa personnalité rayonnante et son humour toujours présent, ont éclairé ces quelques années dans sa classe."
L’année suivante, il se voit décerner le premier prix du premier concours international Olivier MESSIAEN. Il est depuis considéré comme l’un des plus importants interprètes de ce compositeur. Mais bien sûr son répertoire ne se limite pas à ce compositeur : "Mon répertoire s'est articulé au début de ma carrière autour de la musique du 20 ème siècle, grâce au concours Messiaen et à mes premiers concerts avec Pierre Boulez ; j'ai eu ainsi la chance de pouvoir jouer la quasi totalité des grandes œuvres de la première moitié de ce siècle. Par la suite, j'ai toujours essayé de jouer des compositeurs de toutes les périodes, selon mon parcours amoureux... musical. Beaucoup de Mozart, Beethoven, Schumann, Liszt entre autres et une centaine de concertos. Bien sûr l'étiquetage des pianistes existe aussi, et beaucoup de demandes suivaient ce chemin ! Mon pain quotidien serait un mélange de Bach, de Chopin, et de Schubert. " Il a d'ailleurs en projets actuellement l'enregistrement de disques d'oeuvres de Schubert ainsi qu'une intégrale Ravel. Interrogé sur les compositeurs actuels, il répond :"J'adorerais l'idée de découvrir une musique d'aujourd'hui qui m'emporte là où il n'a jamais été ; mais je désespère un peu depuis 30 ans, malgré le grand talent de quelques compositeurs qui écrivent des œuvres fortes et qui essaient de nous sortir de cette fin de cycle tellement douloureuse."
La carrière de Michel Béroff l’a mené dans le monde entier, jouant avec les orchestres les plus prestigieux, sous la direction de chefs tels qu’Abbado, Barenboim, Bernstein, Boulez, Dohnanyi, Dorati, Dutoit, Eschenbach, Gielen, Inbal, Jochum, Leinsdorf, Masur, Ozawa,Previn, Rostropovitch, Sinopoli, Solti, Tennsted, Tilson-Thomas, Zinman. Ses activités de chambriste, l’ont amené à collaborer activement avec Martha Argerich, Barbara Hendricks, Jean-Philippe Collard, Lynn Harrell, Augustin Dumay, Pierre Amoyal . Malgré une activité intense de soliste , atteint d'une dystonie, Michel Béroff a commencé une carrière de chef d’orchestre ,et enseigne au CNSM de Paris depuis 1989..." L'enseignement est arrivé après le début de ma dystonie. Tout d'abord à l'université de Bloomington, et ensuite au CNSMDP. Le fait de diriger et d'enseigner me paraissait tout à fait complémentaire à mon activité de soliste (même si à l'époque, elle était réduite au répertoire pour le main gauche seulement). Je pense que ces différentes façons de faire de la musique, qui étaient autrefois une quasi évidence, ne pouvaient qu'enrichir mon enseignement, et lui donner une vision globale salutaire. J'ai effectivement dirigé régulièrement pendant une dizaine d'années, et par la suite plus ou moins laissé la direction de côté, pour me consacrer plus à fond à mon retour après ma dystonie.
"
Interrogé sur l'évolution des éléves et de l'enseignement depuis les années 1990, il répond :" L'évolution des élèves suit exactement celle de notre société et malheureusement une inquiétude par rapport à leur futur professionnel un repli sur soi sont les conséquences les plus visibles ; à des années lumières de notre état d'esprit lorsque j'étais moi même élève au CNSM. Mais tout cela est assez normal, et j'ai une grande confiance dans leur faculté d'adaptation et leur imagination pour utiliser au mieux les outils d'aujourd'hui !" Quand à ceux avec lesquels il a gardé des contacts et dont il est fier ... " Il serait long d'énumérer les élèves avec qui je suis toujours en contact ; je suis "fier" de beaucoup d'entre eux. Le plus récent est Seong-Jin CHO qui vient de remporter le premier prix au concours Chopin de Varsovie."
Il est d'ailleurs aussi membre de jury de concours aussi il est particulièrement intéressant de savoir quel est pour lui le critère principal qui le conduit à donner une bonne note
( ou sélectionner) un concurrent et ce qu'il pense du fait que ce soit souvent l’épreuve de concerto qui prime dans
le classement final plutôt que celle de récital alors que le pianiste est alors dans ce cas aussi tributaire de l’orchestre qui l’accompagne : "Le premier critère pour sélectionner un candidat au second tour, est évidemment le désir de le réentendre ; quelles qu'en soient les raisons. Bien sûr la qualité pianistique reste un critère important, tout autant que l'authenticité du jeu (il est assez facile de voir les "copier-coller" ou les effets artificiels). L'humilité devant une partition n'est pas non plus négligeable... Dans les grands concours, l'épreuve avec orchestre n'est pas forcément celle qui prime in fine ; elle vient souvent couronner un parcours homogène. Elle est évidemment l'épreuve dont on se souvient le mieux ; et d'autre part certains concours admettent en finale des jurés absents des autres épreuves... " . Quant à l'utilité des concours... ""Cette question est récurrente. Les concours sont certainement un mal nécessaire, qui n'ont pas grand chose à voir avec la musique ; mais une carrière peut aussi avoir cette même dichotomie... les exemples existent aujourd'hui. Une sorte de reflet de leur vie future, pas pire ! Beaucoup de musiciens célèbres sont des lauréats de grands concours, d'autres tout aussi célèbres n'ont fait aucun concours ; difficile d'en tirer des conclusions logiques. Personnellement, le concours Messiaen a été très important dans le développement de ma carrière ; mais c'était un concours très spécialisé, et il y a 50 ans ! "
Pour « Wiener Urtext », il a participé a une nouvelle édition des œuvres de Claude Debussy . La télévision japonaise NHK l’a sollicité en 2006 pour une série de quinze master classes autour de la musique française . Artiste exclusif EMI pendant plus de vingt ans, Michel Beroff a effectué plus de 50 enregistrements, parmi lesquels les oeuvres intégrales pour piano et orchestre de Liszt, Prokofieff, et Stravinsky sous la direction de Kurt Masur et Seiji Ozawa, ainsi que des oeuvres de Bach, Brahms, Schumann, Dvorak, Moussorgsky, Saint-Saens, Debussy, Ravel, Messiaen, Stravinsky et Bartok. Pour Deutsche Grammophon, Michel Béroff a enregistré le concerto pour la main gauche de Ravel avec le London Symphony Orchestra sous la direction de Claudio Abbado. Pour la firme Denon, il vient de graver en cinq disques, l’intégrale de la musique pour piano de Claude Debussy. Ses enregistrements ont été primés par cinq “Grand Prix du Disque”. Durant les dernières saisons, Michel Béroff a joué avec le London symphony orchestra sur la direction de Pierre Boulez, le New-York philarmonic avec Kurt Masur ainsi que le London Philarmonic pour une importante tournée en Angleterre et en Espagne, effectué trois tournées au Japon, dont une avec le Philarmonia sous la direction d’Esa-Peka SALONEN, donné en concert à Paris l’intégrale de la musique pour piano de Debussy et de Janacek, ainsi que des concerts avec l’orchestre de Paris dirigés par Christophe Eschenbach. Il a en outre donné de très nombreux concerts en Allemagne, Hollande, Suéde, Finlande, Portugal, Grèce, Brésil, Corée... Beaucoup d'activités donc, et quant à son temps libre, Michel Béroff, dont la compagne est la pianiste Marie-Josèphe Jude, avec laquelle il a récemment enrigistré un disque de piano à quatre mains, il confie ..."La vie de famille, mes enfants encore jeunes, outre la musique, remplissent bien ma vie ; mais j'ai toujours adoré l'astronomie, le cinéma, les pierres, l'actualité et les nouvelles technologies." Enfin, interrogé sur son meilleur( et éventuel pire ) souvenir de concert il confie : "Beaucoup de souvenirs extraordinaires, et beaucoup de mauvais souvenirs. Mais le concert parfait n'est pas encore arrivé ! "... qui sait s'il n'aura pas lieu à Tokyo ou Moscou où il donnera prochainement des récitals .
Ecouter...
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Les Préludes
Claude Debussy ( 1862 - 1918)
Michel Béroff, piano
C'est à la demande de René Gambini, responsable du label Lyrinx, que le pianiste Michel Béroff, qui a déjà enregistré l'intégrale de Debussy pour un autre label, a accepté d'enregistrer une nouvelle fois les deux livres des Préludes de ce compositeur, un disque cette fois-ci réalisé dans d'autres conditions, principalement lors d'un concert qui avait été annoncé sur pianobleu.com . Le pianiste, toujours "à la recherche de l'inatteignable", confie à l'occasion d'un entretien à lire ci-dessous "qu'il ne s'est pas fait prier longtemps" et qu'il n'exclut pas une autre version ! On devine que Michel Béroff qui a plus de cinquante ans de carrière a du donner aussi très nombreuses versions lors de concerts non enregistrés. Aussi on pourrait s'interroger sur cette recherche "inatteignable" mais il faut savoir que...cliquez ici pour lire la suite et écouter un extrait |
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A découvrir aussi ABSOLUMENT, ce très beau disque " Double jeu" qui réunit les pianistes Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff dans un programme d'oeuvres jouées sur deux pianos, de Franz Liszt . Un compositeur qu'on ne se lasse pas d'écouter d'autant plus que le programme de ce disque est original et fort bien construit...
Un compositeur dont on découvre encore dans le livret du disque des propos qui expliquent sans doute aussi pourquoi on aime tout autant sa musique qu'il aimait son piano... ainsi : " Mon piano, c'est pour moi ce qu'est au marin sa frégate, c'est ce qu'est à l'Arabe son coursier, c'est ma parole , c'est ma vie". Un amour du piano et de la musique, pas seulement la sienne, qu'il aimait partager en utilisant son instrument de prédilection, ainsi plusieurs opéras de Mozart à Wagner qu'il ne cessa de s'approprier sous forme de Transcriptions, paraphrases, réminiscences....cliquez ici pour lire la suite paru dans l'actualité d'octobre 2015 , avec un extrait à écouter |
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