Jonathan Benichou
Merci à Jonathan Benichou d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Jonathan
Benichou est né à Nice le 14 Août 1981 dans une
famille aux origines internationales :"Ma mère est né
en Ukraine à Tchernovtsy et mon père en Algérie
à Oran, ils se sont connus en Israël ".
C'est grâce à sa mère et sa sur qu'il a découvert
le piano :"Ma mère, originaire d'un peuple où
le sens de la culture reste enraciné dans le sol des valeurs
éducatives, a su nous transmettre cette passion de la musique
dès nos plus jeunes âges. A la maison siégeait
un piano droit Yamaha, je me souviens avoir été intrigué
par lui car on disait qu'il était le roi des instruments, il
m'attirait et créait en moi des résonances et c'est ainsi
que mes premiers pas vers lui m'ont ouvert à un être qui
deviendrait par la suite mon allié vers l'univers du son.
C'est tout d'abord seul, en pianotant et en écoutant ma sur
jouer que ma curiosité envers lui s'est développée."
Jonathan Benichou entre à l'âge de six ans au conservatoire
de Nice : "Mes premiers cours m'ont été donné
par une assistante d'un professeur du conservatoire de Nice. J'ai également
rencontré un professeur Russe dès l'âge de dix ans,
une musicienne exceptionnelle, Rena Sherechevskaya, je garde dans ma
mémoire l'image d'un de mes premiers professeurs avec qui, par
la suite, j'ai entretenu un lien très inspirant. Un autre professeur
a joué un rôle significatif dans mon évolution :
Odile Poisson. Grâce à elle à quatorze ans, j'ai
intégré le conservatoire de Paris, je lui dois beaucoup.
Je suis entré dans la classe de Jacques Rouvier où j'ai
puisé les ressources essentielles pour mon avenir. Jacques Rouvier
a toujours été patient et m'a permis de me développer
de manière toujours constructive. Je garde de ces années
un souvenir à la fois lointain et proche, je suis reconnaissant
envers eux pour m'avoir ouvert les portes de l'investigation de soi."
A l'âge de vingt ans, après avoir obtenu au CNSMDP un
premier prix de piano et de musique de chambre, Jonathan Benichou part
étudier à New-York dans la classe de Pavlina Dokovska
au Mannes College :"Mon expérience à New York
fut à la fois merveilleuse et dure. Je voulais forger mon vécu
en quittant la France et aller à la rencontre d'une nouvelle
culture. La bonté maternelle de Pavlina Dokovska envers ses élèves,
ses qualités pédagogiques et son écoute psychologique
correspondaient à ce que je recherchais. Un professeur peut aussi
être un ami et un confident. C'est dans ce contexte que je me
suis produit pour la première fois sur les scènes américaines.
Les circonstances de mon arrivée à New York demeurent
troublantes puisque c'est à peine quelques jours avant l'attentat
du 11 septembre que j'arrivais dans la ville où la face du monde
serait changé à jamais. Je reste lié pour toujours
à cette ville et ses habitants pour avoir vécu cela en
direct. "
Jonathan Benichou est lauréat de divers concours internationaux
en Italie (Tim), aux Etats-Unis (New-York-yca), au Texas (Round Top)
ainsi que la Fondation Florence Gould, la Fondation Rostropovitch et
Natexis Banque Populaire en France :"Cela m'a ouvert la possibilité
d'étudier en Russie grâce à la fondation Rostropovitch
et d'entrer en contact avec d'éminents pédagogues tels
que Gornastaeva ou Voskressensky. La fondation Natexis m'a permis également
de me produire en France et au Brésil, je leur dois beaucoup
ainsi que le contact avec Maestro Rostropovitch et sa fondation. Les
autres récompenses m'ont permis de donner quelques concerts aux
Etats Unis."
Entre 2004 et 2006 Jonathan Benichou reçoit donc régulièrement
les conseils de Vera Gornastaeva: " C'est une grande musicienne
d'une rigueur extrême , ce qui n'empêche qu'elle reste un
personnage insaisissable. Ces cours étaient très intenses
et les métaphores qu'elle utilisaient sont restées gravées
dans ma mémoire. Elle connaissait parfaitement bien la musique
de Scriabine et m' a encouragé à me plonger dans ses uvres
plus particulièrement la dernière période."
Parallèlement, en 2005, il reçoit également les
conseils de Gregory Gruzman à la Hoschule de Hamburg : "Cet
immense musicien est celui qui m'a transmis des outils essentiels pour
ma construction pianistique et la recherche d'une vision architecturale
de la musique, il explore de plus une véritable science des possibilités
d'expression du piano et il est une personne d'une grande bonté.'
C'est à Paris que Jonathan Benichou rencontre le compositeur
Olivier Greif dont il interprète le Trio, qui sera gravé
chez Triton, enregistrement unanimement salué par la critique
:"Cétait un homme de culture, de connaissance.
Sa musique donne accès à des perceptions antiques, lointaines
et mouvre les sens. Alors quil nous invitait à la
campagne pour travailler son Trio, je me souviens combien il était
bienveillant vis-à-vis des jeunes musiciens. Sa musique ma
marqué et mobsède lorsque je my plonge. Cest
un visionnaire qui exploite ses influences, consciemment pour mieux
sen défaire. Greif, tire parti de la musique dans toutes
ses formes, partant du baroque, obsédé par le choral,
explorant des motifs qui évoquent la musique Russe du 20ème
siècle, tout cela dans un foisonnement didées reliant
le sacré à la violence du 20ème siècle.
Elle retrace les atrocités des génocides comme devoir
de mémoire et trouve enfin la force de dire et de prôner
le sacré. Cest la vision bouleversante du peuple juif résistant
moralement aux massacres jusquà la mort, au-delà
des forces physiques."
Tout en suivant les conseils dAldo Ciccolini, Jonathan Benichou
se produit sur les plus grandes scènes internationales en soliste
sous la direction de chefs d'orchestres réputés ainsi
qu'en récital, au Carnegie Hall de New York, au Théâtre
culturel de Sao Paolo au Brésil, en Pologne à la Philharmonie
de Gdansk mais également dans divers ville d'Allemagne, Italie,
Roumanie, Israël,Russie
"J'ai rencontré Aldo
Ciccolini dans le cadre de Masterclass dans la région du limousin
.Alors que je semblais selon lui me réfugier dans ma solitude,
il eut la bonté de me parler et de s'adresser à moi. Ce
fut en 2003, je rentrais tout juste des États Unis, la transition
était extrêmement délicate , ce fut une bénédiction
que de le connaître à cette période. Jusqu'à
aujourd'hui, l'échange que nous conservons ne délimite
aucunement les questions musicales de celles qui touchent de l'existentiel.
J'ai une reconnaissance immense envers lui. "
Interrogé sur les concerts qui lui ont laissé les meilleurs
souvenirs Jonathan Benichou confie : "Il y a une salle en Roumanie
que je n'oublierai pas, elle se situe dans la ville Iasi, cela ressemble
à une crypte mystérieuse qui évoque le murmure
de ses étranges légendes inconnues. Lors de la répétition
avec le Maestro Misha Katz, immense chef d'orchestre qui insuffla tant
d'inspiration en moi, je jouais le mouvement lent du concerto de Ravel
et je ressentis quelque chose de spécial. A ce moment, je compris
que l'être faisait partie du tout et que nous ne sommes pas séparés
les uns des autres. Récemment, je me suis produit en récital
au théâtre de l'Athénée Louis Jouvet à
Paris , lieu baroque et à la fois actuel qui insuffla en moi
de vives émotions et des sensations profondes lors du concert
de présentation du disque Scriabine ."
Nombreux concerts à venir lui tiennent à coeur : "Je
me produis dans le 4 ème concerto de Beethoven au festival d'Antibes
Juan les Pins, le 24 juin 2009, ce concerto est lié dans mon
esprit à une sonate de Schubert en sol Majeur que j'ai donné
en concert l'année passée. Un des chefs d'uvre ultime
de Beethoven. Je me produis également avec le violoniste Laurent
Korcia, artiste passionnant, le 17 au Festival d'Auvers sur Oise , le
19 à celui de Strasbourg. Le 21 juin sera consacré à
Brahms au théâtre de la photographie à Nice avec
une uvre de prédilection, les quatre Ballades op.10 et
la sonate n°3 en ré mineur pour violon et piano avec une
autre violoniste, Orgesa Dylgjeri."
Son répertoire, son interprétation...
Jonathan
Benichou puise dans luvre de Jean-Sébastien Bach
une source dinspiration qui contribue largement à façonner
son répertoire installé pour lessentiel entre la
Musique Baroque et la Musique Contemporaine...."J.S. Bach représente
la source ultime, musique qui est devenue aussi sacrée que la
Bible. C'est pour moi la pierre angulaire de toute la musique ainsi
que tous les styles. Par exemple, le jazz aussi n'est pas dénué
de l'influence de Bach. Il est normal pour moi de m'en référer
quotidiennement et de puiser les ressources en elle nécessaire
à mon épanouissement . Si Bach n'avait pas existé,
le cours de l'histoire de la musique en aurait été certainement
changé. Cette passion s'est développé en moi comme
une nécessité. La structure sonore de cette musique si
je puis dire reposerait selon certaines découvertes sur la recherche
du nombre d'or comme si le contenu du tout était dans chaque
note."
Fasciné par lécriture de Mozart, Jonathan Benichou
ne tarde pas à explorer aussi lunivers de lImpressionniste
russe Alexandre Scriabine...."Mozart a eu un rôle essentiel
depuis ma plus tendre enfance, les enfants comprennent Mozart comme
personne et cela m'apparaissait avec transparence, en grandissant Mozart
prend une autre dimension dans mon esprit et cela par une autre compréhension
même si la sublime pureté évoque une grande simplicité
de cette musique, la complexité n'en est pas moins présente.
Quant à Scriabine, jai une passion intérieure pour
sa musique ancrée en moi"(voir à ce propos l'interview
de Jonathan Benichou au sujet de son disque Scriabine, plus bas)
Interrogé sur sa façon de travailler Jonathan Benichou
indique : "Le travail sur une uvre nouvelle est tout d'abord
une histoire d'amour. C'est pour moi la condition pour aborder un texte
et y décrypter les subtilités contenues. Je dois comprendre
d'abord le texte mais la partition n'est pas la seule source dans lequel
je puise le sens, je pense qu'une partition est également une
interprétation symbolique qui provient de l'intention psychique
du compositeur. Comme disait Mahler, tout est écrit dans la partition,
sauf l'essentiel. Il est évidemment nécessaire d'analyser
et surtout de s'imprégner parfois en dehors du travail avec l'instrument
de chaque indice avec un respect du texte proche de l'orfèvre.
Le tout est de trouver l'équilibre relatif aux conditions du
moment." Il précise que lui tient le plus à coeur
dans son interprétation : "Le respect stylistique du
compositeur allié à une spontanéité proche
de limprovisation. Les conditions acoustiques et la personnalité
de linstrument et lénergie du moment pourront influer
sur le tempo qui ne peut rester figé à une forme définitive.
Cest le vivant qui prône et défini un tempo et les
dynamiques polyphoniques ne trouvent de sens que lorsquune liberté
totale est alliée à un respect étroit."
Jonathan Benichou aime multiplier les expériences musicales..."Lors
de mon premier disque consacré à Olivier Greif et Chostakovitch,
nous avions un trio avec Dimitri Maslennikov et Yan Orawiec. Ce fut
une période où la musique de chambre avait une place très
présente puisque lorsqu'une complicité de trio s'installe
à long terme, il ne reste que peu de place pour la vie de soliste.
Aujourd'hui, j'ai véritablement l'occasion de jouer avec divers
musiciens ainsi qu'en soliste et j'apprécie de ne pas m'enfermer
dans un cercle répétitif, toutes ces expériences
sont nécessaires à mon évolution puisque la musique
ne peut se limiter à un seul aspect."
Parallèlement à son activité de concertiste Jonathan
Benichou enseigne occasionnellement : "Après avoir enseigné
dans un conservatoire durant un an et demi, expérience très
enrichissante, jai du cesser un moment pour me consacrer pleinement
à linstrument. Cela ne mempêche pas de dispenser
des cours de temps à autre et éprouver le même plaisir
à cela. La transmission me semble être quelque chose de
naturel. Certes, me produire peut être une voie suffisante mais
lenseignement permet dune part de véhiculer des idées
sur des réflexions personnelles ainsi quen tout premier
lieu, aider celui ou celle en questionnement. C est en quelque
sorte un partage afin déveiller lélève
à lui-même, dans le but dexplorer les ressources
qui nous constituent au service de luvre du compositeur."
Interrogée sur les musiques auxquelles il s'intéresse,
Jonathan Benichou confie avoir une passion grandissante pour le jazz
: "C'est un langage qui est extrêmement libre et à
la fois rigoureux. Je trouve un grand plaisir à découvrir
d'autres chemins d'expressions qui me donnent un regard toujours différent
sur la manière de porter mon regard sur un style, une musique,
une partition. Mais c'est sur la relation inextinguible entre le classique
et le jazz sur lequel je souhaite me pencher ces prochaines années.
La multiplicité des phénomènes restent infinis
alors qu'il n'y a qu'une source, comment expliquer cela : Le son ? La
vibration ? L'harmonie ? L'énergie ?... c'est peut être
tout cela et plus encore
Je cherche des réponses et des
questions vers d'autres domaines de réflexion, l'anthropologie
de la musique si je puis dire, voilà un sujet auquel je désire
me plonger ces prochaines années."
A son intérêt pour le son, s'ajout celui pour l'image qui
est aussi pour Jonathan Benichou une source d'inspiration de sonorités
: "J'ai eu l'occasion d'écrire une musique pour un premier
court métrage, et j'en prépare un deuxième en collaboration
avec le réalisateur Nicolas Ganter. Le visuel est un support
sonore mais pas n'importe lequel. J'ai eu la chance de m'entendre parfaitement
avec ce réalisateur et nos idées se rejoignaient à
des niveaux diverses, sa vision picturale m'apporte une inspiration
immédiate et je peux dans ce cas tenter une ébauche personnelle
expérimentale de ses perceptions."
Ecouter...
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Alexandre Scriabine(1872-1915)
Sonate n°3 en fa dièse mineur, op. 23 (1897)
Etudes op. 42
n° 4 en fa dièse majeur (1903)
n° 5 en ut dièse mineur (1903)
Sonate n°5 en fa dièse majeur op.53(1907)
Etudes op. 8
n° 11 en si bémol mineur (1894)
n° 12 en ré dièse mineur (1895)
Sonate n°10 op. 70 (1913)
Etudes, op. 65
n° 2 (1912)
n° 3 (1912)
Vers la flamme, op. 72 (1914)
Jonathan Benichou
Le pianiste Jonathan Benichou qui a suivi des études
de piano auprès de grands pédagogues russes et dont
la mère à des origines ukrainiennes a choisi un
programme du compositeur russe Scriabine pour son premier disque,
mais ses réponses aux questions qui lui ont été
posées par pianobleu.com à l'occasion de la sortie
de ce disque montrent que son choix repose sur nombreux autres
critères que celui de la nationalité. Ce compositeur
se distingue d'ailleurs de ses contemporains de même nationalité
: Rachmaninov, Medtner et Prokofiev, par son univers sonore original
fruit à la fois de sa pensée musicale et de sa pensée
ésotérique indissociables. Le musicologue Boris
de Schloezer a distingué trois périodes dans l'évolution
de cet univers : la première jusqu'en 1902 regroupe les
oeuvres dites "de jeunesse" (op.1 à op.29), dans
l'héritage de Chopin et Liszt, la deuxième(de 1903
à 1910) regroupe les op.30 à 59, d'inspiration plus
wagnérienne où se marque désormais l'intérêt
de Scriabine pour une oeuvre inspirée par des idées
littéraires voire philosophiques,enfin lors de la troisième
période Scriabine découvrit la théosophie
et chercha à donner une dimension spirituelle et métaphysique
à son uvre, se passionnant pour la théorie
des correspondances universelles "Tout est dans tout"
et plus particulièrement des rapports entre couleurs et
sons. Les préoccupations mystico-philosophiques de Scriabine
étaient donc bien éloignées de celles de
ses confrères. Jonathan Benichou qui a choisi de faire
découvrir cet univers original dans un ordre quasi chronologique
en offre une interprétation sensible conduisant en fait
à faire perdre à son auditeur toute notion de temps....cliquez
ici pour lire la suite et en écouter un extrait
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