Georges Bériachvili
Merci à Georges Bériachvili d'avoir répondu
aux questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Georges
Bériachvili est né le 19 novembre 1970 à Tbilissi
(Géorgie). Sa découverte du piano n'a pas immédiatement
produit un coup de foudre :"Dans ma famille il n'y a aucun musicien
mais la musique classique était aimée et écoutée
; on avait des disques, on allait au concert, à l'opéra...
Le piano était une fâcheuse obligation lorsque j'ai commencé
l'apprentissage (j'avais 7 ans je crois) et cela a duré quelques
années jusqu'à ce que j'ai refusé fermement (avec
les larmes et tout) de continuer. Pourtant, vers l'âge de 11-12
ans, je me souviens que je mettais les disques de Richter, d'Annie Fischer
et je ne sais plus de qui (le disques de mes parents) où il y
avait la Pathétique de Beethoven, la Fantaisie-impromptu de Chopin,
le Carnaval de Schumann entre autres. Je les écoutais en boucle
tout en faisant souvent autre chose (devoirs, puzzle, jeux...), mais
jamais une moindre idée de devenir musicien ne m'est passée
par la tête."
C'est à l'adolescence que son intérêt pour l'instrument
bascule : "J'avais 14 ans quand quelque chose s'est brusquement
retournée dans ma tête et j'ai décidé de
devenir musicien. Ou plutôt... je ne l'ai pas vraiment décidé,
mais je l'ai su d'un seul coup et j'ai mis aussi un peu de temps pour
m'en rendre compte entièrement. Ceci dit, j'avais un très
grand retard à rattraper et je n'avais personne qui pouvait me
guider. Ma famille n'approuvait pas du tout le fait que je passe tout
mon temps au piano ou à écouter de la musique et cette
opposition allait parfois assez loin."
Cet intérêt pour le piano étant un peu trop tardif
pour qu'il se décide après l'obtention de son bac à
poursuivre des études musicales, Georges Bériachvili s'oriente
d'abord vers des études scientifiques puis intègre le
conservatoire de Tbilissi à l'âge de 23 ans " A
16 je n'étais pas prêt pour le conservatoire supérieur
à cause de mon retard. Mais il faut dire que j'aimais bien les
sciences " dures " et je me suis formé en un bon ingénieur-chimiste
(en chimie organique). Pendant les années de la fac je continuais
à faire de la musique, mais à l'époque mon apprentissage
tout en étant très intense était aussi très
chaotique. Finalement, je peux dire que je me suis formé pratiquement
en autodidacte, et ce aussi bien en piano qu'en musicologie, même
si j'ai eu des professeurs parfois excellents (surtout en analyse et
en écriture au conservatoire). A l'époque du conservatoire
(ainsi qu'après) j'ai pris des cours avec de nombreux pianistes,
mais jamais avec un suivi suffisamment régulier pour que l'un
d'entre eux devienne mon Maître."
Au conservatoire Georges Bériachvili se spécialise en
théorie, histoire, écriture, bref musicologie sous tous
ses aspects :"La musicologie, les sciences humaines (psychologie
de la musique, esthétique, philosophie), c'est également
mon métier auquel je tiens énormément. Et surtout
il est organiquement lié à mon travail d'interprète.
Les deux choses chez moi ne marchent qu'ensemble."
Pendant cette même période Georges Bériachlivi commence
aussi à se produire comme pianiste. et il suit également
nombreuses masterclasses ..."C'était toujours utile...
parfois traumatique. Parmi les maîtres j'évoquerais Ethéry
Djakeli. C'était pour moi très important sur le plan du
" métier " : le savoir-travailler, l'appareil technique
etc."
En 2001 Georges Bériachvili s'installe en France pour travailler
sur sa thèse et pour vivre dans le pays qu'il aimait. Il concilie
l'activité de concertiste, pédagogue, et musicologue,
ce qu'il confie être très difficile : " Cela occupe
quasiment tout mon temps et dans chaque domaine je ne réalise
qu'une petite partie de mes projets. Mais les trois domaines me sont
indispensables, donc je ne me plains pas. ". Ainsi, interrogé
sur son meilleur souvenir de concert, Georges Bériachvili confie
combien certains ont pu être stimilants pour lui : "Les
meilleurs, j'en ai plusieurs. C'est soit lorsque j'arrive à vraiment
bien jouer (cela m'arrive quelquefois), soit lorsque j'ai des échanges
avec les auditeurs après avoir joué, et que je vois qu'ils
ont été sensibles à des choses que je voulais "
faire passer ". Ces échanges ont toujours été
très stimulants pour moi ; et c'est aussi une grande récompense."
Georges Beriachvili indique également qu'il écoute surtout
de la musique " classique ", faute de de temps pour autre
chose..."Mais je m'intéresse à toutes les musiques,
des chants des tribus amazoniennes jusqu'à la techno : cest un
intérêt "professionnel", celui d'un musicologue.
Par contre toutes les " autres " écoutes ne me sont
pas spécialement utiles pour l'interprétation, je crois...
Je m'intéresse à beaucoup de choses : sciences, littérature,
psychologie, histoire, politique... Et tout cela m'est très très
très utile pour l'interprétation, ainsi que pour la recherche..."
En 2011 Georges Beriachvili donnera plusieurs concerts en France et
en Pologne, et il vient de sortir un disque" Récital allemand"
(voir plus bas le paragraphe écouter)
Nouveau mai 2014 : En 2012 Georges Beriach a reçu le Prix de musique Simone et Cino del Duca de l’Institut de France (Académie des Beaux-arts) et il vient de sortir un disque de cinq Fantaisies . Il travaille déjà sur de nouveaux programmes thématiques , « Invitation à la danse » et un autre qui s’appellera « Paysages ». En juin 2014, il donnera une série de trois concerts au Théâtre de L’Ile Saint Louis à Paris (le 7, le 14 et le 17) et est invité par différents festivals cet été, ne manquez pas ces multiples occasions de l'écouter !
Son répertoire, son interprétation... et ses autres
activités
Interrogé
sur se compositeurs de prédilection et l'évolution de
son répertoire Georges Bériachvili répond :"Si
l'on parle de ce que joue ou de ce qu'a joué, ce qui m'est le
plus proche, c'est Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms, Webern,
Stockhausen... aussi Scriabine. Mais je joue beaucoup d'autres auteurs
: Bach, Chopin, Tchaïkovski, Rachmaninov, Debussy... En ce qui
concerne la musique en général, il faut alors ajouter
Mahler, Berg, Xenakis (parmi les plus proches). Il faut dire que quant
à la musique du XXème siècle, malheureusement,
j'ai très peu d'occasions d'en jouer et d'entretenir ainsi les
morceaux. En ce qui concerne l'évolution de mon répertoire
: j'ai l'habitude de monter les programmes de mes concerts comme des
parcours cohérents (dans la mesure du possible). Je cherche toujours
qu'un concert soit un spectacle entier où chaque pièce
a sa place, son rôle dans l'ensemble. Même les intervalles
entre les morceaux ont une importance. Il peut y avoir différents
principes d'enchaînement : par contraste, par croissance continue,
par complémentarité, puis en groupant les morceaux par
caractère, style, en essayant que l'un mette en valeur l'autre
etc. Tout cela pour dire que quand j'ai envie de jouer quelque chose,
il faut aussi que cela corresponde à ces projets d'ensemble.
Souvent c'est l'idée globale d'un programme qui détermine
ce que je vais travailler comme nouveau morceau, et pas juste le fait
qu'il me " plaise "."
Quant à sa façon de travailler : "C'est toujours
une longue histoire. Pas forcément longue dans le temps, mais
longue au sens des phases par lesquelles passe le travail. D'abord c'est
toujours la " mise en place " des choses, l'aperçu
préliminaire des problèmes techniques à résoudre
éventuellement. Puis le travail parallèle sur le texte
à proprement parler et sur l'interprétation. Le plus important
arrive d'habitude vers la fin, où il faut définitivement
se mettre " dans la peau " de la musique, s'approprier son
" contenu " au cours même de l'exécution. Cela
ressemble beaucoup au travail d'un comédien sur son rôle.
Dans l'idéal, quand un artiste sort sur la scène pour
dire son " to be or not to be ", cela doit être non
seulement le " to be or not to be " de quelqu'un qui l'a écrit
il y a 200 ou 100 ans, mais également celui de l'artiste et,
dans la mesure du possible, il doit devenir (ou être) celui de
ses auditeurs (je le souhaiterais en tout cas). C'est alors que le fait
de le faire et de vivre pour le faire prend tout son sens. Mais cela
exige du travail, beaucoup de travail qui dépasse des problèmes
proprement pianistiques. Aussi, faut-il le dire, ça ne marche
pas à tous les coups... Ce à quoi j'attache le plus d'importance
dans mon interpréatation c'est donc la fusion la plus complète
possible avec que le " sens " de la musique à jouer.
Et si on n'a pas le vécu intérieur qui correspond à
ce sens, ou si on n'arrive pas de le rendre sien, le résultat
n'aura pas beaucoup de valeur."
Georges
Bériachvili trouve que son activité d'enseignant lui est
aussi enrichissante pour son propre travail de concertiste : "J'apprends
énormément de choses en enseignant. Par exemple je découvre
mes propres carences ; ou je trouve des méthodes de travail ou
des exercices particulièrement efficaces. Aussi j'ai beaucoup
d'idées qui me viennent précisément en enseignant.
J'entends aussi bien l'interprétation que la théorie (questions
de psychologie de l'apprentissage par exemple)."
En 2010 Georges Beriachvili a soutenu une thèse doctorale portant
sur la théorie, l'esthétique et la psychologie de la musique
d'avant garde du 20ème siècle."..."Là
je pourrais m'étaler très longuement, mais ça risquerait
de nous entraîner vraiment loin. Le titre c'est : "L'espace
musical : concept et phénomène. A travers l'avant-garde
des années 1950-60 (Stockhausen, Xenakis, Ligeti...)." Si
quelqu'un s'intéresse à mon travail de musicologue, il
y a quelques articles qui sont publiés :
" L'espace musical chez K. Stockhausen et I. Xenakis : phénoménologie
et implications esthétiques (Klavierstück I et Herma) ",
dans Education musicale novembre-décembre 2009.
" La poétique du son dans l'uvre de Giacinto Scelsi
(À propos de Quattro pezzi et au-delà) ", dans le
livre Giacinto Scelsi aujourd'hui, Paris, CDMC, 2008 (p. 201-219).
Puis il y a un nouveau texte à paraître : " L'intonation
et le geste expressif : de l'héritage d'Assafiev vers une théorie
générale de l'expression artistique " - dans les
actes du colloque Les universaux en musique (Aix-en-Provence).
Je peux envoyer les textes par e-mail à qui veut en prendre connaissance,
ce n'est pas un problème."
Actuellement Georges Beriachvili donne surtout des récitals
seuls et en duo avec la soprano dramatique Agnès Zborowska-Cance
: " Il y a quelques années, je faisais surtout de la
musique de chambre et je jouais beaucoup avec des chanteurs. En fait,
j'aime faire les deux (c'est un travail assez différent) mais
cela dépend des circonstances, de comment on s'organise, d'avec
qui on joue..."
Ecouter...
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Cinq Fantaisies
Mozart (1756-1791)
Fantaisie en ré mineur K397
Beethoven (1770-1827)
Fantaisie en sol mineur/ si majeur op.77
Schumann (1810-1856)
Fantaisie en do majeur
Chopin (1810-1849)
Fantaisie en fa mineur op.49
Scriabine (1872-1915)
Fantaisie en si mineur op.28
Georges Bériachvili, piano
Le pianiste Georges Bériachvili a toujours eu à coeur de construire le programme de ses concerts et de ses disques comme des parcours cohérents, ainsi nous avions pu le découvrir en 2011 à l'occasion de la parution de son disque : "Récital allemand" , et son nouveau disque, qui parait sous le label Polymnie. présente une version enregistrée en studio d'un récital de cinq Fantaisies pour piano qu'il a donné à plusieurs reprises en 2012. Interrogé à l'occasion de cette nouvelle parution il confie qu'il a choisi de l'enregistrer en studio car c'est un programme qui a une importance et un sens particuliers pour lui : "je tenais naturellement que l’enregistrement soit fait avec le plus grand soin, aussi bien du côté de l’interprétation que du côté de la prise de son. " . ..cliquez ici pour lre la suite et écouter un extrait |
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Georges Beriachvili Récital Allemand Piano
Le pianiste et musicologue Georges Beriachvili a choisi d'enregistrer
un programme qui survole environ deux cents ans dhistoire
de la musique du piano allemand de Bach à Brahms. Ce voyage
à travers les époques baroque, classique et romantique
avec les six plus célèbres compositeurs allemands
permet de mesurer ce que chacun d'entre eux a pu apporter à
la musique pour piano durant cette période considérée
comme lâge dor du piano allemand. C'est un disque
qu'il a construit, explique-t-il dans l'entretien ci-dessous comme
"un "modèle réduit " de toute
cette immense filiation germanique. Un tout petit échantillon,
mais qui reflète tous les moments cardinaux (dans la mesure
du possible) : c'est-à-dire, les états, les expériences,
les vécus et les pensées de l'âme humaine
que cette filiation a incarnés en musique". [...]En
fait le choix de l'extrait à mettre en écoute est
fort difficile car ce programme est fort bien construit ainsi
l'adagio qui suit cette Toccata qui débute de façon
orignianle la sonate en mi bémol majeur écrite par
Mozart en 1774, et là spécifiquement pour le piano,
est très poétique, et c'est fianlement celui que
j'ai retenu(voir plus bas dans cette page). Georges Beriachvili
qui a choisi de jouer avec des sonorités très cristallines
tout au long du programme pour mettre en valeur le contenu de
ces oeuvres trace une ligne artistique musicale d'une originale
clarté éclairant ces oeuvres sous un angle nouveau
! Le widget mis en complément vous permettra d'écouter
des extraits de l'ensemble de ce récital allemand....cliquez
ici pour lire la suite et écouter l'extrait
|
Georges Bériachvili sera prochainement en concert :
au Théâtre de L’Ile Saint Louis le 7 , le 14 et le 17 juin 2014
Au Festival de Colmar (14 juillet 2014 , 11h30, Musée du jouet),
au Château de Lavoute-Polignac (9 août),
au festival de la Petite Malmaison (17 août, avec la totalité des « Cinq Fantaisies »).
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
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