Merci à Bojan Z d'avoir répondu aux questions de pianobleu.com
pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Bojan Z ( Zulfikarpasic) est né le 2 février 1968 à
Belgrade dans une famille mélomane. " Mes deux parents
ont appris le piano et il y avait donc un piano à la maison,
ma mère jouait plus de musique classique et mon père était
tourné vers l'approche gitane, il travaillait plus à l'oreille,
recherchant des musiques russes etc..." mais c'est grâce
à son frère ainé, également musicien(aujourd'hui
guitariste), qu'il prend ses premières leçons de piano
:"Quand j'avais cinq ans j'allais avec ma mère pour le
chercher à l'école de musique où il prenait des
cours de violoncelle et comme il y avait un piano dans chaque classe
de cette école, je jouais... ce qui a intéressé
les profs qui ont recommandé à ma mère de m'inscrire".
Bojan Z a gardé des souvenirs pour le moins originaux de ses
premiers cours de piano, l'un de la vue du dessus de l'instrument et
l'autre de celle du dessous..: "Je me rappelle que ma professeur
avait ouvert le piano et m'avait expliqué que le piano ressemblait
à une aile d'oie. Autre souvenir : j'aimais me mettre sous le
piano pour mieux l'entendre et en ressentir les vibrations, mais aussi
parce que tout en étant dans le son du piano je voyais les jambes
des filles qui venaient en jouer, je me suis dit que cela me plairait
bien de faire du piano !... Mais je garde un bon souvenir
de ma première prof car elle est responsable aussi du fait que
j'ai pris goût à jouer du piano, avec elle j'ai travaillé
uniquement la musique classique mais parallèlement j'ai découvert
les Beatles et j'ai fait mon apprentissage "par l'oreille, "par
les poils", la sensation..."
Bojan Z avoue en effet qu'il était un peu rebelle quant à
l'apprentissage de la musique classique " J'avais un programme
avec des exercices techniques de Czerny, des morceaux de Mendelsohn,
Haydn....et toujours un Bach. J'ai commencé à jouer du
Debussy, mais je n'ai pas eu le niveau technique de jouer Ravel que
j'aimais beaucoup aussi. Cela ne m'empêchait pas de reproduire
ce que j'écoutais chez moi grâce à la collection
de disques de mon père, je rejouais les passages qui me plaisaient
à l'oreille et par contre pour ce qui concerne les morceaux que
j'apprenais à l'école de musique comme Mozart je m'amusais
parfois à ajouter des notes parce que je trouvais que cette musique
n'était pas très riche, parfois les professeurs ne s'en
rendait même pas compte !..." Vers dix ans Bojan Zulfikarpasic
à même eu envie d'arrêter quand il a changé
de professeur ..."il me donnait un programme qui me parlait
beaucoup moins comme Les Impromptus de Schubert, j'aimais plus Bach
". Poursuivant cependant son apprentissage de la musique classique,
il intègre parallèlement un groupe de musique rock où
il joue de la batterie, après en avoir joué juste quelques
heures il donne son premier concert..."c'est amusant car c'était
mon instrument de prédilection dans le premier groupe dans lequel
j'ai joué, ensuite j'ai aussi joué du clavier dans d'autres
groupes."
C'est vers l'âge de 14-15 ans que Bojan Z a appris le jazz et
qu'il a eu envie de devenir professionnel : "J'étais
un peu le petit prodige à Belgrade et le fait que les filles
m'admiraient m'a aussi donné envie de faire de la musique. Je
n'avais pas envie de devenir pianiste concertiste classique, moi mon
truc c'était d'improviser, je ne souhaitais pas passer mon temps
libre à jouer la musique de quelqu'un d'autre et peut-être
la jouer sur scène un jour".
A l'âge de 14 ans, son père l'inscrit donc dans une école
de musique où parallèlement à un enseignement général,
qui en fait reste secondaire, il peut suivre des cours instrumentaux
et de théorie musicale : "C'était super, cela
me convenait tout à fait comme environnement, avec des jeunes
comme moi, des personnes très intéressantes avec beaucoup
de "couleurs". Je suivais des cours de contrebasse, de piano
et surtout des cours théoriques qui avaient plus d'importance
que les cours instrumentaux. J'avoue que j'ai un peu baclé le
piano dans l'école : je séchais parfois mes cours..."
Ceci n'empêche pas Bojan Z de progresser, toujours en autodidacte,
travaillant intensément le jazz avec ses amis qu'il a pu rencontrer
dans cette école :"On écoutait des disques toute
la journée puis après on allait répéter
et jouer dans des clubs", et à l'âge de 18 ans
il obtient une bourse pour aller étudier aux Etats-Unis pendant
trois mois "Je me suis rendu compte que j'étais parmi
les meilleurs élèves. J'ai travaillé avec Clare
Fischer, un excellent arrangeur et pianiste aussi important que Bill
Evans mais moins connu, et j'ai appris beaucoup avec lui. Là-bas
j'ai aussi eu la preuve en jouant devant un large public que j'étais
sur la bonne voie en choisissant la musique jazz, une musique que là-bas
plusieurs milliers de personnes venaient écouter !"
Pendant son service militaire en Yougoslavie, Bojan Zulfikarpasic
intégre lorchestre de larmée où il
devient le chef d'orchestre : "Il s'agissait d'un orchestre
de bal, on a du monter un répertoire pour jouer dans des espèces
de clubs militaires. C'était une musique que je détestais
profondément : une espèce de folklore balkanique, mais
j'étais prêt à tout pour pouvoir jouer du piano
! Finalement c'était une expérience assez formidable parce
que c'était la première fois de ma vie que j'étais
le chef d'orchestre et parce que cela m'a fait chanter, j'ai appris
cette musique et imaginer par la suite comment elle pourrait être
bonne en étant reprise par des musiciens plus avertis et libres
d'improviser."
A son retour de service militaire il choisit de s'installer en France,
convaincu par une amie française, Bojan Z sinscrit au CIM
:"C'est surtout le marketing qui était bien fait, mais
ce n'était pas comme les écoles aux Etats-Unis... C'était
cependant très bien car j'ai réussi à y faire des
connaissances intéressantes. Puis pendant cinq ans j'y ai été
enseignant, et c'est cette période qui a été vraiment
très intéressante , cela m'a obligé à me
réhabiliter par rapport à mon apprentissage de jeunesse
et à revoir mes certitudes. J'ai travaillé et étudié
alors avec plus de sérénité."
Durant
cette période Bojan Z rencontre des musiciens qui comme lui savent
jouer de la musique classique, lire les partitions, connaissent le jazz
et savent improviser, et avec lesquels il peut jouer la musique dont
il avait envie. Ceux-ci se montrent intéressés par ses
improvisations autour de la musique balkanique : "Ce que je
jouais leur plaisaient, il y avait peu d'exemples de musiciens jazz
ayant introduit la musique balkanique dans leurs improvisations, justes
quelques uns à Belgrade, certains ont bien réussis et
je les ai d'ailleurs invités dix ans après sur un de mes
disques en hommage".
Remplaçant le pianiste du quartet de Marc Buronfosse (contrebasse)
avec Lourau au saxophone et François Merville à la batterie,
Bojan Z décroche le premier prix de soliste au concours de la
Défense en 1990 " Le pianiste était en principe
Pierre Christophe mais il était en tournée et je l'ai
remplacé jsute pour le concours. J'ai eu le premier prix de soliste,
mais pas le quartet. Comme il y avait un concert offert, je me suis
dit cependant que je jouerai avec eux et c'est devenu le Bojan Z Quartet
! En 1992 on a de nouveau joué au concours du festival de la
Défense mais en tant que Bojan Z Quartet et j'ai remporté
le prix de la composition et Julien Lourau celui de meilleur soliste.
Nous avons enregistré notre premier disque en 1993".
Parallèlement à partir de 1991 il fait partie de Azur
Quartet du contrebassiste Henri Texier : "J'avais rencontré
Julien Lourau au Sunset, on a créé un groupe Trash corporation
avec Julien et Noël Akchotéavec qui on a fait un
joyeux mélange folk-freejazz-funk mais on s'est dissous avant
de faire un disque. Quant à Henri Texier il m'a entendu sur la
première demo de mon quartet et il a beaucoup aimé et
m'a demandé d'intégrer son nouveau quartet. Le disque
du quartet Azur a connu un énorme succès, le groupe a
été choisi "groupe de l'année " et pendant
trois ans on a sillonné la France... La question ensuite était
de savoir comment faire que cela continu et c'est là que j'ai
rencontré Michel Portal". Durant ces années Bojan
Z privilégie surtout son travail de sideman et enregistre nombreux
disques en tant que tel hormis un disque de sa formation en 1995 .
En 1999 après l'enregistrement d'un disque en octet et alors
que sa vie personnelle prend un tournant Bojan Z décide de se
remettre en question et d'enregistrer un piano solo "Souvent
les pianistes font un solo en début de carrière , mais
j'ai attendu, je n'étais pas totalement satisfait, pas assez
pour faire un disque, j'ai travaillé beaucoup. En fait cela m'a
fait connaître et suite à cela je me suis remis en question
j'ai décidé de mettre en situation difficile mais bénéfique
comme jouer avec des musiciens américains qui bénéficient
d'une dynamique plus importante et ont une attitude très créatrice,
ils ont même cru plus que moi même dans la musique que j'ai
amenée ! " ainsi son cinquième album pour Label
Bleu et son premier en trio marque le debut des collaborations avec
les musiciens américains, d'abords avec le contrebassiste Scott
Colley et le batteur New-yorkais Nasheet Waits en en résultat
le disque "Transpacifik", enregistré à Brooklyn
en 2003.
Suite à cela, il laisse de côté les groupes où
il était sideman, et il a joué avec de nouveaux musiciens
également en France et il se produit en trio avec Ben Perowsky,
ou plus récemment Ari Hoenig à la batterie, et avec le
contrebassiste français Remi Vignolo avec lesquels il a notamment
enregistré le disque Xenophonia en 2006.
Si Bojan Z commence à penser à faire un nouveau disque
piano solo :" je commence à avoir quelques idées
différentes de mon premier disque solo et aussi de celle d'autres
musiciens, je fais des disques seulement quand je pense avoir une musique
nouvelle ", c'est un disque avec un nouveau quartet qui sort
cet automne 2009 "il a été enregistré il
ya un an, c'est un quartet plus rock, comme ce que j'ai un peu lancé
dans Xenophonia", je joue le piano acoustique et le piano électrique.
La sonorité du piano électrique m'intéresse à
double titre : pour la recherche et le volume sonore ."
Bojan Z tient absolument à ce que la musique reste une passion
et à côté de celle-ci il s'intéresse à
nombreux autres domaines : "Je suis intéressé
par le cinéma, la littérature , la peinture , par la cuisine
et les bons vins. c'est vraiment un intérêt général,
e suis plutôt édoniste, j'apprécie beaucoup la vie
en tant que telle, mais si je n'étais pas un musicien , je serais
plutôt cuistot même si je ne suis pas organisé :
je ferai de la cuisine improvisée ! Il faut parfois sortir de
la musiqe pour garder le goût de la musique, la musique c'est
une passion, en faire une profession c'est bien mais il faut savoir
jongler pour que celle-ci reste une passion". Une passion qu'il a notamment eu le plaisir de partager récemment
avec le public lors de son concert à la Salle Pleyel à
Paris : "C'était un concert avec Julien Loureau, c'était
magique, cette salle a son histoire et son acoustique, son public, cela
m'a fait quelque chose de jouer dans cette salle où jouent quand
même les plus grands pianistes du monde."et bien sûr
les concerts à l'occasion de la sortie de son nouveau disque(voir
ci-dessous) lui tiennent aussi particulièrement à coeur
Ecouter...
Soul Shelter
Bojan Z
pas tout à fait piano solo
mais presque,
écouter des extraits
pour vous en faire une idée....
Description du produit
« Il faut de la passion pour faire un disque », dit Bojan
Zulfikarpasic. Il faut aussi de la patience, pour savoir quand le faire.
Se poser pour composer. Non pas pour écrire de la musique mais
faire advenir quelque chose qui restera. D'un jour à l'autre,
l'improvisation inévitablement varie, et l'inspiration avec.
Il faut prendre son courage à deux mains pour s'autoriser à
le faire. Pratiquant régulièrement l'exercice en concert,
Bojan n'avait pas enregistré en piano solo depuis plus de dix
ans. Il y revient enfin avec "Soul Shelter" d'une manière,
qui non seulement illustre sa maîtrise du jeu en solitaire, mais
surtout, confirme l'originalité de sa personnalité musicale,
qui en fait un créateur majeur du jazz actuel en Europe. Il fallait
un lieu hors du commun pour concrétiser ce disque. Ce lieu, Bojan
Z l'a trouvé chez ceux-là même qui, depuis trente
ans, fabriquent les pianos à queue dont il est devenu un inconditionnel
: Fazioli. C'est dans cet auditorium à taille humaine, à
proximité des artisans qui façonnent ces instruments dont
la réputation n'est plus à faire et auxquels il est fidèle
depuis longtemps, que Bojan Z a posé ses valises, s'est assis
devant un modèle de concert qu'il a immédiatement adopté.
"Soul Shelter" reflète ainsi, peut-être plus
qu'il ne l'avait prémédité lui-même, l'identité
de Bojan Z. Le solo est propice à l'effet de miroir, et au fil
de ce disque qui prend le temps de se dévoiler, sans précipitation,
sans démonstration, Bojan Z offre les multiples visages qu'on
lui connaît et qui font l'originalité de son art. Un musicien
qui a chéri le jazz comme une musique de liberté. Un pianiste
chez qui les folklores balkaniques ont nourri une virtuosité
rythmique incomparable. A la confluence de plusieurs cultures, Bojan
Z puise dans un vaste ensemble de références sans que,
jamais, sa musique ne sonne comme un collage artificiel mais toujours
comme l'expression d'un idiome personnel où se font entendre
des mots repris à toutes les langues.
Bojan Z - introduction de "Soul Shelter" nouvel album solo
en anglais sous titré français
La sélection de pianobleu.com
Parution
le 5 octobre 2009
Humus
Bojan Z -Tetraband
Bojan Zulfikarpasic, piano, p. électrique, xenophone
Josh Roseman, trombone
Sebastien Roch ford, batterie
Ruth Goller, basse électrique
Bojan Zulfikarpazic est bien connu en France (sous le diminutif
Bojan Z) au travers de ses multiples rencontres d'Henri Texier
à Michel Portal en passant par Julien Lourau... c'est un
projet très différent qu'il offre dans ce disque
avec une nouvelle formation, et un son électrique prédominant,
ce qui n'empêche pas le pianiste de garder aussi une main
sur le piano acoustique, voir de le monopoliser sur un morceau
au titre bien choisi "Focus"... Le trombone apporte
aussi une couleur fort originale. De ces compositions, fruit d'une
réflexion murie autour de ce mariage inédit de sonorités,
et également inspirées d'autres musiques plus modernes
que le jazz telle le rock, résultent un album totalement
novateur. Bojan Z, en complément de questions sur son parcours
a bien voulu répondre à quelques autres questions
concernant cette création...cliquez
ici pour lire la suite
Sélection du mois
Novembre 2003
Jazz
Bojan Z Trio
Transpacifik
Pour cet album enregistré à New-York, Bojan Z
est cette fois accompagné du contrebassiste Scott Colley
(connu pour son travail avec des grands comme Herbie Hancock et
Chris Potter) et le batteur New-yorkais Nasheet Waits. Le résultat
est concluant : lyrisme, rythme soutenu et puissance de jeu sont
au rendez-vous.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits et /ou
vous le procurer.
Solo Obsession
Bojan Zulfikarpasic
Un disque incontournable pour les amateurs de piano... Bojan
Z offre six compositions originales aux couleurs et rythmes variés
à côté de quelques standards du jazz(Sony
Rollins, Ornette Coleman...) Dans un morceau final il s'inspire
du folklore macédonien.
Précipitez-vous sur l'image pour aller écouter
des extraits et vous le procurer !
A voir ABSOLUMENT Baptiste Trotignon et Bojan Z à Jazz à
La Villette filmé le 7 septembre 2012 par Arte !!! "Une rencontre au sommet, dont on peut imaginer qu'elle poussera
les deux virtuoses à aller plus loin que jamais dans l'improvisation.
"
En savoir plus
Visitez le site internet de Bojan Zulfikarpasic ...cliquez
ici