Allain Gaussin
Merci à Allain Gaussin d'avoir
répondu aux questions de Piano bleu pour la réalisation
de cette page.
Biographie commentée
 Allain Gaussin est né à Saint Sever (Normandie) en 1943. A vingt ans, il interrompt ses études de Mathématiques-Physique-Chimie pour enfin suivre les études musicales dont il rêvait depuis longtemps : "J’ai effectivement commencé mes études musicales à 20 ans, mais j’avais été bouleversé par la Musique beaucoup plus tôt. Deux souvenirs précis me sont restés. A l'âge de sept ou huit ans, alors que nous visitions la Cathédrale de Chartres avec mes parents, un organiste s'est mis à jouer une musique que je ne connaissais pas. Cette musique m'a littéralement transporté, tout mon corps s'est mis à trembler sans que je comprenne ce qui m'arrivait. Le second choc a eu lieu à treize ans ; alors que je m'amusais à "bidouiller" sur le poste radio de mes parents. Au hasard des sons bizarres provoqués par les changements de fréquences, j'ai sélectionné une chaîne musicale qui diffusait la Symphonie Héroïque de Beethoven. Cette œuvre fut pour moi une véritable révélation, j'ai vraiment eu conscience de l’émotion qui m'avait envahi et de ce que cela signifiait. Reprenant la phrase de Michel Onfray, je dirai que cela a été pour moi “comme la chute d’une météorite dans mon jardin existentiel”. C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'être compositeur. Malheureusement, mes parents n'ont pas compris ce désir impétueux qui naissait en moi. Ils ont tout fait pour me dissuader d'entreprendre des études musicales et j'ai donc poursuivi mes études générales en m'orientant vers les sciences. “Tu feras de la musique le dimanche, quand tu seras plus grand" disait mon père; cette phrase me révoltait et j'ai compris alors qu'il fallait attendre… et dormir."
Ainsi, il commence à apprendre le piano en cours privés à l’Ecole Normale de Paris avec Hélène Boschi et trois ans plus tard il entre au CNSMP, non pas dans une classe de piano, mais dans la classe d’harmonie, puis la classe de contrepoint, de fugue et toutes les classes qu'il pouvait faire selon les limites d’âge en cours à l’époque..."Pendant ces trois ans, je faisais divers petits métiers pour pouvoir payer les cours de formation musicale, de piano et d'harmonie que je suivais avec une immense détermination. "
Allain Gaussin y obtient
les 1er prix dans les classes d’écriture et d’analyse, prix de composition dans la classe d’Olivier Messiaen.
Et parallèlement, il continue d'étudier le piano , la direction de choeur, la direction d’orchestre et la musique électroacoustique (GRM 1974-1975). L'informatique musicale à l'IRCAM viendra un peu plus tard (1984).…"Je voulais parfaire mes connaissances musicales et comprendre comment les chefs-d’œuvre étaient faits. Toutes ces classes m’intéressaient, j’avais une très grande curiosité et une boulimie pour compenser mon retard ; je voulais tout connaître. Mais la classe d’Olivier Messiaen était pour moi la plus importante. "
 Il a résidé dans diverses villes en tant que pensionnaire d'académies ainsi à Rome en qualité de pensionnaire de l’académie de France de 1977 à 1979, pensionnaire du DAAD à Berlin (Académie Internationale des Arts) en 1985, et pensionnaire de la Villa Kujoyama à Kyoto (Japon) en 1994..."Tous ces lieux ont eu chez moi une grande importance, mais c’est probablement mon séjour au Japon qui a eu des répercussions les plus appréciables, justement par les échanges que j’ai pu avoir avec une culture qui est si différente de la nôtre. Je ne suis pas sorti indemne de ce séjour au Japon ! Maintenant il y a un autre aspect non négligeable d’avoir pu bénéficier de ces séjours, car dans ces périodes privilégiées, les soucis financiers étant absents, toute mon énergie s’est focalisée à développer ma propre écriture. "
Souhaitant transmettre ses connaissances, et avoir un contact avec les jeunes étudiants et, en quelque sorte, être au coeur de la jeune création musicale, Allain Gaussin a été professeur de composition et d’orchestration à Paris, à la Schola-Cantorum de 1981 à 1992, au Conservatoire du Centre puis au Conservatoire du 18e arrondissement de 1991 à 1999, de 2000-2008 il est nommé professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire de Sevran, ainsi que de 2003 à 2004 professeur de composition au CNSM de Paris (remplacement de Marco Stroppa), tout en conjuguant cette activité avec celle de compositeur. Et Actuellement, il enseigne la composition au Conservatoire américain de Fontainebleau, et ayant été honoré par l'Université d'Osaka qui lui a octroyé le statut prestigieux de "professeur invité" en 2012 il revient régulièrement dans ce pays pour des conférences ponctuelles, des master-classes ou des concerts.
Interrogé sur la difficulté éventuelle d'apprendre à d'autres à composer tout en continuant lui-même de composer, notamment sur le fait de devoir peut-être livrer quelques "secrets" de composition, il répond : " Oui cela arrive d'en livrer quelques uns, mais pour moi ce n’était pas la chose la plus importante. Mes cours sont basés sur le respect des différents styles des étudiants. Mon but étant avant tout de développer chez eux leurs propres idées musicales en consolidant leurs connaissances techniques et en développant leur esprit critique face à toute sorte de musique, y compris la leur. "
 Il a également donné multiples conférences et séminaires, ainsi entre 1986 et 1988 des conférences et cours de composition aux Rencontres internationales de musique contemporaine de Darmstadt (Allemagne), en 1994 conférences à l'Université de Musique d'Osaka, en 1998 et 2001 des séminaires de composition au CNSM de Lyon et de Paris, en mai 2003 des conférences dans les Universités de Kyoto et de Tokyo, en 2009 dans les Universités de Montréal, à la Columbia de New York, en 2014 à Séoul…."Toutes ces conférences sont centrées autour de mes œuvres. Ce sont des analyses et des commentaires qui varient selon la durée des conférences et le choix des œuvres qui me sont demandées. "
De 2004 à 2005 Allain Gaussin a fait partie du groupe de travail sur le rythme à l'IRCAM..." Il s’agissait, avec d’autres confrères compositeurs et une équipe d’informaticiens, d’améliorer le fonctionnement de certains logiciels d’aide à la composition, concernant la mise en partition de l'écriture des rythmes, des variations de tempo, de la superposition de valeurs rythmiques…L’Ircam n’ayant pas donné les moyens de faire un travail suivi, cela n’a pas vraiment donné de résultat probant. "
Allain Gaussin est également poète, et a publié plusieurs recueils de poésie. Pratiquement toutes ses partitions ont un lien direct avec sa poésie, d'ailleurs les titres de ses poèmes sont identiques à ceux de ses oeuvres musicales..."L'œuvre et le poème s'écrivent parallèlement, dans le même temps. Il y a une mise en abyme des titres et, bien évidemment, mes poèmes éponymes comme Chakra, Ogive, Satori, etc. interagissent avec leurs musiques respectives. Par contre, à une exception près, "Source 4” (mon opus 1) aucun de mes poèmes n’a été mis en musique, au sens où on l'entend habituellement. Les deux partitions où l’on peut retrouver mes poèmes dans ma musique ne sont pas chantées. J'ai donc imaginé deux solutions. J’expérimente la première dans "Irisation-Rituel“ où mon poème se situe à un moment clef de la partition, dans un grand silence, pour qu'il soit exprimé et écouté dans toute sa substance. La deuxième solution, peut-être plus originale, apparaît avec "Les voix de la mémoire" pour soprano a cappella ; la chanteuse doit au départ murmurer le texte dans un débit très rapide qui ne le rend pas véritablement audible, sauf pour les derniers mots du poème « des voix, toujours des voix de tous côtés » mis en relief par l'interprète. Le poème, supposé être lu auparavant dans le programme, est ainsi révélé à demi par la soliste, comme effleuré dans la mémoire avant d'être transmuté en musique sous la forme d'une ample trajectoire vocalisée qui doit en prolonger, voire en retraduire, les émotions. "
 Il a obtenu de multiples distinctions pour ses compositions : En 1983 et 1989 Prix de la SACEM , 1986 lauréat de la Fondation de France pour Arcane, 1995 Grand Prix du disque de l'Académie Charles CROS pour "Irisation-Rituel,"Camaïeux", "Arcane" (Disques Salabert / Harmonia Mundi) 1998 Prix de composition ICONS de Turin (Centre International des Sources Musicales Nouvelles) pour "Mosaïque Céleste." . En 2014 , son disque " Harmonie des sphères" a au obtenu le Grand Prix du disque de l'Académie Charles CROS ... un disque à découvrir ci-dessous
Ecouter...
La sélection de piano bleu
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Harmonie des sphères
Allain Gaussin
Monographie
ensemble sillages
Direction artistique Philippe Arrii-Blachette
A découvrir ce disque du compositeur actuel Allain Gaussin, qui a très récemment obtenu le Grand Prix du disque de l'Académie Charles CROS, un prix qu'il avait déjà obtenu en 1995 pour un autre disque. C'est l'occasion de découvrir aussi ce compositeur qui a débuté des études musicales à l'âge de vingt ans, avec le piano à l'Ecole Normale de Paris dans la classe d'Hélène Boschi... comme quoi il ne faut absolument pas décourager quiconque souhaite apprendre le piano après l'âge de huit ou dix ans ! Un instrument que l'on peut entendre dans trois des oeuvres de ce disque, avec "L'Harmonie des sphères", titre révélateur d'une importante source de son inspiration : le cosmos ; et "Ogive" pour flûte et piano, "Tokyo-City", pour piano seul, oeuvres témoignant de son intérêt pour le Japon.
Allain Gaussin confie dans l'entretien à lire ci-dessous : " Le cosmos m’a toujours fasciné. Les titres de mes œuvres en témoignent, mais pas uniquement, puisque même mes sous-titres s'y réfèrent : Trou noir, Etoile bleue, Galaxie spirale, Danse de l'univers, L'univers en expansion... Pour moi, l'univers reste fascinant parce qu'il recèle de grandes énigmes. Tant de questions demeurent sans réponse !"...cliquez ici pour lire la suite |
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