PROKOFIEV Laetitia Le Guay et TCHAIKOVSKI Jérôme Batianelli
Serge
Prokofiev
Laetitia Le Guay
Tchaïkovski
Jérôme Bastianelli
Toujours dans le cadre de la Folle
journée de Nantes consacrée cette année
aux compositeurs russes les éditions Acte Sud / Classica
publient ces deux livres consacrés à deux compositeurs
qui certes partagent le point commun d'être russes mais
qui ont eu des destins et des contributions dans la composition
pour le piano qui diffèrent fortement : il eut été
logique de présenter dans cette page les couvertures de
ces deux livres dans l'ordre chronologique de leur naissance :
Tchaïkovski(1840-1893) , dont le prénom Piotr Illich
lui ne figure pas sur la couverture, est en effet mort deux ans
avant la naissance de Serge ( Sergueï) Prokoviev(1891-1953)
mais si Tchaïkovski ( écrit aussi Tchaïkovsky)
est célèbre dans le monde du piano pour les nombreuses
interprétations de son concerto pour piano n°1, l'auteur
cite notamment celles de Van Cliburn ( que l'on a pu voir au concours
Tchaikovski récemment ) , Gilels, Richter, Kissin, Czyffra,
Horowitz... et nombreux autres, son oeuvre pour le piano seul
est moins développée et moins réputée
que celle de Prokofiev,
qui a révélé son oeuvre avec cet instrument.
Cependant l'oeuvre de Tchaïkovski pour le piano est loin
d'être négligeable, ainsi la présente notamment
dans la discographie de la musique pour piano seul de Tchaïkovski
l'auteur Jérôme Bastianelli : " Souvent décriée,
l'oeuvre pour piano de Tchaïkovski mérite d'être
réhabilitée. Pour s'en convaincre on écoutera
la
grande sonate en sol Shura Cherkassy(Ivory classic), Vladimir
Askhenazy Les Saisons
,
Mikhail Pletnev 18 Pièces Pour Piano Op.72.
A ceux qui veulent aller plus loin, L'intégrale
de Viktoria Postnikova
" (nota : ces liens conduisent à des extraits
en écoute sur amazon) et plus précisémment
ce qu'en dit Jéröme Bastianelli sur les accusations
portées sur ses oeuvres parfois jugées sévèrement
: "S'agissant plus particulièrement de son oeuvre
pour piano , composée de petites pièces et de deux
sonates, il plaiderait sans doute non coupable. Cet orchestrateur
de génie était naturellement plus attiré
par les oeuvres symphoniques : "L'instrumentation d'une oeuvre
qui a eu le temps de bien mûrir dans la tête et qui
est prête dans es moindres détails constitue quelque
chose de très divertissant. On ne peut en dire autant du
recopiage au propre d'oeuvres pour piano, pour une voix et en
général de petite dimensions. C'est parfois ennuyeux"
écrit-il [Tchaïkovsky] en juin 1878. Rarement
jouées ses deux sonates mériteraient pourtant d'être
tirées de l'oubli."[...]Quant aux autres oeuvres pour
piano elles relèvent souvent de commandes auxquels Tchaïkovski
répondit sans excès d'enthousiasme ; C'est le cas
ainsi du cycles "les saisons".
C'est en prenant comme point de départ la mort de Tchaikovski
que l'auteur Jérôme Bastianelli (qui écrit
habituellement non pas dans la revue Classica mais Diapason contrairement
à ce que pourrait faire penser la collection dans laquelle
parait ce livre) a choisi de dresser un portrait du compositeur
car un mystère entoure celle-ci à savoir est-elle
ou non un suicide, la théorie officielle étant qu'il
est mort du choléra, cette interrogation qui non seulement
donne envie de se plonger dans le livre tel dans un roman policier,
lui permet surtout de revenir plus précisément sur
la fragilité du compositeur, ses nombreux voyages et l'émotion
présente dans ses oeuvres.
Si la mort de Tchaïkovski fut vécue en Russie comme
une tragédie nationale ce ne fut pas le cas pour celle
de Serge Prokofiev mort d'un accident vasculaire le même
jour que Staline : 5 mars 1953, compositeur à "l'étrange
destin " selon les mots de Laetitia Le Guay expliquant
que celui-ci fut , comme les russes de son temps, confronté
au basculement de l'histoire. Prokofiev a été le
seul compositeur russe de son époque à avoir fait
l'aller retour Russie-Occident / Occident-Russie, contraint de
rentrer dans son pays en 1936 du fait d'un chantage du pouvoir
soviétique.
Tchaïkovski qui n'est donc pas de la même époque
a cependant aussi fait multiples voyages en occident, non pas
en raison d'une guerre mais pour la bonne raison qu'il aimait
la France et plus particulièrement la culture française,
pays qu'il a connu dès sa jeunesse sa mère étant
d'origine française et par le biais de sa nounou originaire
du Jura, ainsi il effectua une vingtaine de séjours en
France entre 1861 et 1893. Sa musique est imprégnée
de musique occidentale non seulement par ses voyages en France
mais nombreux autres pays. Cependant sa musique mérite
aussi le qualificatif de "russe", même s' il ne
cultivait pas une conscience politique et nationale aussi aiguë
que le Groupe des Cinq (Balakirev, Borodine, Cui, Moussorgski
et Rimsky- Korsakov) puisque s'imprégnant des compositions
italiennes, françaises, allemandes, il n'en est pas moins
"russe" notamment par la façon dont il s'est approprié
l'art du ballet en faisant de la musique de ballet une oeuvre
symphonique expressive en elle-même, musique qui influença
d'ailleurs Prokofiev ...
Laetitia Le Guay a donc quant à elle axé son
livre autour de l'heureux destin auquel semblait promis Prokofiev
mais brisé par l'histoire. Elle rapporte les quatre mots
avec lequel Prokofiev a décrit les "orientations"
de son propre esthétisme musicale : "lyrisme, classicisme,
modernisme, motorisme" . En ce qui concerne le piano...
Laetitia Le Guay indique : " le piano qu'il écoutait
silencieusement pendant tout petit a été son premier
instrument. C'est le seul dont il jouera. C'est au piano qu'il
composera presque toujours, quitte plus tard , à utiliser
l'instrument pour vérifier ses combinaisons harmoniques.
Enfin c'est au piano qu'il va révéler son oeuvre
: séduire, choquer, et stupéfier en même temps
par sa virtualité nouvelle", sa première
oeuvre est en effet une oeuvre pour le piano , une sonate qui
doit beaucoup au piano romantique, composée en 1911, un
an plus tard la Toccata op.11 marque plus l'originalité
du compositeur avec ses trépidations motoriques, la même
année Prokofiev composa sa seconde sonate pour piano et
son premier concerto dans lequel il fait un clin d'oeil au premier
concerto de...Tchaikovski. Un concerto dont , explique Laetitia
Le Guay : "Le public réclama des bis, mais les
critiques se divisèrent. Dans l'ensemble l'oeuvre frappa
les esprits par son tonus agressif, sa forme abrupte, et les sonorités
quasi métalliques du piano et de l'orchestre"....
Un concerto qui avait fait de Prokofiev " un enfant terrible
de la Russie" ... ce qui n'est en fait rien par rapport
à son second concerto qui fut, explique encore l'auteur,
à Prokofiev ce que fut le Sacre du printemps pour Stravinsky
quelques mois plus tôt ( et que vous avez pu découvrir
hier en version pour piano à quatre mains, voir
ici) ... Une salle déchaînée... "Le
public est perplexe. Certains sont indignés. Un couple
se lève et va vers la sortie ; : "Cette musique a
de quoi rendre fou !". D'autres : "Est-ce qu'il se moque
de nous ?". La salle se vide. Enfin sur une dissonance impitoyable
de cuivres , le concerto s'achève. Le scandale est maintenant
total. La majorité du public hue. Prokofiev salue d'un
air de défi et joue un bis. Les gens se précipitent
au-dehors . Des exclamations fusent de tous côtés
: "Le diable emporte cette musique futuriste" !
".... pour le reste et donc le tournant de son destin quelques
années plus tard, savoir comment furent accueilli ses concertos
aux Etats , ce qu'il composa pour le piano après son retour
en Russie ainsi les remarquables "Sonates de guerre"
... lisez aussi ce livre dont l'écriture très vivante
est très appréciable, quant aux références
discographiques qu'elle donne... elles sont très nombreuses
et il est impossible de toutes les citer ... quelques unes cependant
: l'intégrale des sonates par Yakov
Kasman et les disques de
Frederic Chiu qui a enregistré une intégrale
des oeuvres pour piano de Proofiev
PROKOFIEV
Présentation de l'éditeur
Etrange destin que celui de Serge Prokofiev, talent précoce
qui fit sensation dans la Russie du dernier tsar par ses oeuvres
iconoclastes et sa virtuosité pianistique. Curieuse fortune
que celle d'un musicien "solaire", salué
comme tel par les poètes et les interprètes, mais
dont la vie, à l'approche de la trentaine, entra dans
une difficulté définitive. Après son départ
de Russie au printemps 1918, Prokofiev ne connut plus jamais la
facilité de ses débuts. Avec son retour en URSS
en 1936, il éprouva le tragique stalinien. La musique de
Prokofiev est indépendance. Son refus des écoles
et des théories se manifesta dès la jeunesse ("je
déteste l'imitation", dit-il) et se maintint
sa vie durant, autant qu'il fut possible, dans les dernières
années, sous l'étau du "réalisme
socialiste". Il se définit dans un rapport à
l'héritage classique, qu'il revisitait sans complexe,
avec tour à tour facétie, poésie, tendresse,
ou sarcasme. Le fracas percussif, le piment de la dissonance,
le martèlement rythmique furent les traits les plus marquants
d'une écriture qui en a bien d'autres, à
commencer par sa richesse d'invention mélodique. Ce
livre fait ainsi cohabiter l'éclat de rire avec la
plainte, les déguisements loufoques avec des accents sombres.
Les Tragiques et les Comiques dialoguent, la veine lyrique et
la veine épique se côtoient, mais le mot de la fin
revient à Arlequin : au costume bariolé, à
l'humour, au saut de côté, dans un rapport à
l'existence, ludique ou théâtral, mais profondément
humain. Comme tous les volumes de la collection "Classica",
ce Prokofiev est enrichi d'un index, de repères bibliographiques
et d'une discographie.
Biographie de l'auteur
Compositeur, pianiste et chef d'orchestre, Prokofiev est
un artiste d'avant-garde russe particulièrement créatif.
Il réalise ses études au Conservatoire de Saint-Pétersbourg
où il étudie, entre autres, l'orchestration
avec Nikolaï Rimski-Korsakov. Son oeuvre a joué
un rôle essentiel dans l'évolution de la musique
européenne de la première moitié du XXe siècle.
Prokofiev y met en avant le rôle du rythme en traitant par
exemple le piano comme percussion. Il est l'auteur de très
nombreuses oeuvres pour piano et musique de chambre, d'oeuvres
vocales, dont des cantates, oratorios et opéras avec par
exemple L'Amour des trois oranges, de symphonies et d'oeuvres
symphoniques comme le très célèbre compte
pour enfants, Pierre et le loup, de concertos ou de ballets avec
notamment Roméo et Juliette, mais aussi de musiques de
films avec Alexandre Nevski ou Ivan le Terrible. Normalienne,
docteur en Littérature, Laetitia Le Guay est musicologue,
professeur à l'université de Cergy-Pontoise,
productrice à France Musique et France Culture. Elle est
spécialiste du domaine russe.
TCHAIKOVSKY
Présentation de l'éditeur
Ce portrait de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) relève
d'un parti pris : plus encore que sur le récit d'une vie,
il repose sur l'histoire d'une mort. Plusieurs raisons ont conduit
à ce choix narratif. Tout d'abord, les conditions mystérieuses
du décès du compositeur demeurent l'une des plus
fameuses énigmes de l'histoire de la musique. Cette ténébreuse
affaire oppose toujours, parfois violemment, les tenants de l'hypothèse
officielle - la contamination par le choléra - à
ceux qui suspectent un suicide. D'autre part, la thématique
de la mort, et plus généralement celle d'un destin
inexorable, imprègne l'essentiel de l'oeuvre du grand musicien
russe. On la retrouve dans les symphonies aussi bien que dans
les opéras ou la musique de chambre, voire dans les célèbres
ballets.
Plus généralement, la mort de Tchaïkovski constitue
un prisme permettant d'aborder sa personnalité artistique
et psychologique. L'émotion populaire causée par
son décès conduit à étudier la place
centrale, au sens propre, qu'il occupe dans l'histoire de la musique
russe ; le scandale de moeurs qui aurait pu le conduire au suicide
invite à s'intéresser à son homosexualité
et à l'influence qu'elle a pu avoir sur son travail ; la
fragilité psychique qui aurait rendu possible un passage
à l'acte mérite d'être appréciée
au regard de la violente crise qui suivit son mariage, laquelle
éclaire en outre sur ses relations avec les femmes. L'histoire
de cette mort énigmatique offre aussi l'occasion d'évoquer
les voyages incessants du compositeur, le soutien durable et inattendu
qu'il reçut d'une riche baronne et le goût prononcé
qu'il porta à Mozart. Enfin, et surtout, on aura essayé
de faire partager l'émotion inaltérable que l'on
ressent face à une oeuvre d'une richesse mélodique
stupéfiante, d'un souffle lyrique irrésistible et
d'une finesse orchestrale réellement sans pareil.
Comme tous les volumes de la collection "Classica", ce Tchaikovski
est enrichi d'un index, de repères bibliographiques et
d'une discographie.
Biographie de l'auteur
Jérôme Bastianelli, ancien élève de
l'Ecole polytechnique, est l'auteur de biographies de Felix Mendelssohn
(Actes Sud) et de Federico Mompou (Pavot Lausanne).
Il a également collaboré à Tout Mozart et
au Dictionnaire Bach (Robert Laffont), et écrit régulièrement
dans le magazine Diapason. Il est actuellement directeur général
adjoint du musée du quai Branly.
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