Romain Descharmes
Merci à Romain Descharmes d'avoir répondu aux questions
de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Romain
Descharmes est né le 26 mars 1980 à Nancy. Ses parents
ont tous les deux fait un peu de piano dans leur jeunesse c'est dit-il
"resté sans suite" sauf qu'en fait il y a bien
eu une suite puisque leur fils a " découvert le piano
à 7 ans. Ce n'est pas parti d'une envie particulière.
Il y avait un piano à la maison et mes parents souhaitaient que
je fasse de la musique. Et dès les premiers cours, j'ai
accroché et je voulais toujours jouer et apprendre de nouveaux
morceaux. J'habitais à l'époque dans un petit village
des Vosges et j'ai commencé le piano par des cours particuliers
chez une dame, Madame Collot, assez reconnue dans la région.
Je me souviens parfaitement de l'ambiance de sa maison. Il y avait une
sorte de rituel pour tous ses élèves. Les débutants
apprenaient les notes et les premiers morceaux sur un piano électrique.
Et au fur et à mesure des années et des progrès,
on passait dans une autre pièce avec un piano droit. Et enfin,
lorsqu'on avait bien travaillé à la fin de l'année,
et à partir d'un certain niveau, on avait le droit et l'honneur
de jouer sur le grand piano à queue. J'ai un souvenir de ce passage
au grand piano comme une récompense à de gros efforts
tel un parcours du combattant ou un rite initiatique."
L'année suivante il entre au conservatoire de Nancy :"
Je me souviens d'une sorte d'audition où, mort de trac, devant
mon futur professeur Mademoiselle Triebel, j'ai joué le "
Coucou " de Daquin, morceau que j'adorais jouer mais avec un passage
difficile que je ne maîtrisais pas totalement. J'ai eu très
peur qu'elle me reprenne sur ce passage, mais finalement, elle était
ravie et je suis resté près de 6 ans dans sa classe."
Romain Descharmes a obtenu ensuite sa médaille d'or à
14 ans dans la classe de Hugues Leclère :"J'ai appris
énormément grâce à lui. Je commençais
enfin à comprendre et à avoir conscience du son du piano,
de la façon de le construire et avec lui, le phrasé et
la musique elle-même. Je pense avoir eu beaucoup de chance en
ce qui concerne mes rencontres musicales dès mon plus jeune âge.
Car, comme tout apprentissage, les premières années déterminent
ce que sera le futur."
Ensuite, pour faciliter ses études, il s'installe à Paris
où il passe son bac scientifique, tout en étant élève
au CNR de Paris avant de rentrer au Conservatoire National Supérieur
de Musique de Paris cette même année : "Jusqu'à
cette époque, je ne savais pas quel métier je voulais
faire. C'est vrai, le piano fonctionnait bien, mais je n'ai jamais,
comme certain, été sûr depuis l'enfance de vouloir
être musicien, pianiste. A différentes périodes,
j'avais envie d'être astrophysicien, neurochirurgien, psychiatre,
cuisinier (j'adore toujours faire la cuisine d'ailleurs, et c'était
la plus réalisable de ces ambitions...). J'adorais les sciences
donc, et finalement, je suis rentré au CNSM la même année
que mon bac S, le choix a donc été pris à ce moment
là. Je ne crois pas que la vie soit pré-écrite,
mais je suis persuadé que les choses arrivent quand elle doivent
arriver et que les signes qu'on peut y trouver sont d'une importance
capitale. Je m'étais quand même inscrit dans une fac de
sciences, mais finalement, on peut dire que la vie a choisi pour moi."
Romain Descharmes entre donc au CNSMDP en 1998 , où il obtiendra,
avec des mentions très bien, 4 Prix et Diplômes de Formation
Supérieure (piano, musique de chambre, accompagnement au piano
et accompagnement vocal) notamment dans les classes de Jacques Rouvier,
Bruno Rigutto, Christian Ivaldi..." En arrivant au CNSM, je
pense qu'on est tous un peu les mêmes partageant un mélange
de fierté et d'appréhension. En venant d'un conservatoire
de région, et avec un niveau élevé, je me retrouvais
dans le grand conservatoire national, au début seulement de mes
études. Je pense que chaque personne qui a fréquenté
le CNSMP a eu besoin d'une période d'acclimatation nécessaire
pour se rendre compte qu'à 17-18 ans, seulement une très
petite partie de la vie et de la recherche d'un musicien se sont écoulées
et que tout le travail reste à faire. J'ai eu la chance encore
une fois de rencontrer des professeurs, et au-delà de ça,
des personnalités musicales hors du commun.
Jacques Rouvier est une sorte de " magicien-psychologue "
avec ses élèves. En quelques mots, j'ai souvenir qu'il
réussissait à déclencher et à provoquer
l'engagement musical, à nous faire prendre des risques tout en
étant parfaitement maître de l'instrument, et ce, en restant
sans cesse à l'écoute des réactions de ses élèves.
Je sais que beaucoup de pianistes ont eu l'expérience avec Jacques
Rouvier que grâce à un mot, tel ou tel passage difficile
musicalement ou techniquement, trouvait sa signification, et du coup,
ne posait plus de problème, et ce, même à notre
insu.
J'ai rencontré Bruno Rigutto pendant mon IIIème cycle.
Sa personnalité et sa façon de discuter de la musique
m'ont offert une façon différente d'écouter ce
que je faisais, pour ne plus voir ceci comme du piano mais comme une
oeuvre avec un sens. En fait, j'avais cinq ans de plus qu'à mes
débuts au conservatoire, et je commençais finalement à
comprendre le "sens" de la musique. Je ressentais ses cours
plus comme une discussion entre deux musiciens qu'un cours de conservatoire.
Ce qui fait qu'il m'a permis de passer de ma vie d' "étudiant-pianiste"
à celle de "musicien-pianiste". J'ai une image très
précise d'un cours avec Bruno Rigutto : il prenait dans sa main
un objet imaginaire qu'il disait être le papyrus le plus ancien
et le plus précieux de l'humanité. Il me le faisait passer
entre mes mains et ainsi je commençais à jouer. Et le
son qui sortait du piano était magique, seulement par l'imagination.
Et bien sûr d'autres personnalités comme Christian Ivaldi,
Jean Koerner ou Anne Grappotte, m'ont appris énormément
sur ce que je pense maintenant être primordial en tant que musicien,
ou artiste (bien que je déteste la façon dont on emploie
ce mot maintenant) : le piano, le corps, la partition ne sont que des
outils. A nous de faire que la musique à travers eux se transforme
en émotion pour atteindre directement le public."
Pendant son IIIème cycle, Romain Descharmes a eu l'occasion d'enregistrer
un disque grâce à la fondation Meyer..."J'avais
choisi un programme allant des derniers Liszt à Rwezski, en passant
par Debussy, Schönberg, Scriabine et Boulez. J'ai réussi
à prendre un rendez-vous avec Pierre Boulez après de nombreux
essais. Sa secrétaire m'avait proposé un créneau
de 20 minutes entre deux répétitions qu'il faisait à
la cité de la musique. J'ai découvert un homme très
simple et sympathique. Il m'a écouté jouer sa 1ère
Sonate sans dire un mot, puis il m'a donné quelques conseils
et des indications qui manquaient dans l'édition. C'est une véritable
chance pour nous interprètes de pouvoir rencontrer le compositeur
pour essayer de comprendre comment il a pensé l'oeuvre, qu'est
ce qu'elle signifie pour lui, afin d'être au plus proche de ce
qu'il désirait entendre au moment de l'écriture. Qui n'a
jamais rêvé de rencontrer Bach, Chopin ou Mozart ?".
Romain Descharmes se voit décerner en 2006 le Premier Grand
Prix lors du Concours International de Dublin.."Le concours
de Dublin m'a vraiment apporté beaucoup. Contrairement à
certains concours qui promettent des concerts en énorme quantité,
qui ne se réalisent finalement pas, Dublin a un "service
après concours" vraiment efficace. Je pense que l'important
dans un concours est qu'il permette de construire l' "après".
Car le prix et les honneurs sont une chose, mais la façon dont
on s'en sert est encore plus importante. Par exemple, grâce à
ce prix, j'ai pu me produire en récital au Wigmore Hall à
Londres, au Carnegie Hall à New York, avec de nombreux orchestres
en Irlande et aux Etats-Unis notamment, j'ai pu également enregistrer
mon premier disque (Brahms chez Claudio Records). J'ai donc pu acquérir
un début d'expérience extrêmement intéressant
tant sur le plan musical que sur le plan relationnel. Car malgré
les dizaines d'années passées devant notre piano, ce métier
s'apprend chaque jour, et il s'apprend par soi-même, sur le terrain
ou plutôt sur la scène. Je suis conscient que les concours
ne font pas tout. Mais je pense qu'il n'a jamais été mauvais
pour un artiste en développement entre 18 et 25 ans, de se confronter
(même si je n'aime pas trop ce terme) à d'autres, d'être
dans des conditions de pression intense pendant 15 jours, d'avoir 3
programmes dans les doigts, tout simplement parce que c'est ainsi que
cela se passe la plupart du temps dans la vie de musicien. Et ce n'est
pas à 30 ans qu'on a le courage de se plonger là-dedans.
J'ai passé quelques autres concours (et de toute façon,
je ne vois pas l'intérêt dans passer un tous les trois
mois), mais maintenant, pour rien au monde, je reviendrais à
cette époque."
Romain Descharmes se produit fréquemment en France : La Roque
d'Anthéron, Piano aux Jacobins, Rencontres Internationales F.
Chopin, Serres d'Auteuil, Nancyphonies, St Jean de Luz , Festival Agora...
et à l'étranger : Festivals Arties en Inde, Beyrouth,
Cervantino au Mexique....interrogé sur ses meilleurs et pires
souvenirs de concerts, il confie avoir beaucoup d'expérience
de concerts plus ou moins heureux :"Un des plus marquant est
peut-être le récital que j'ai donné au Carnegie
Hall après le concours de Dublin. Une immense affiche avec mon
nom, placardée sur le mur, juste à côté de
Lang Lang, ma loge à quelques mètres de celle de Felicity
Lott. Je me souviens aussi d'un concert avec Henri Demarquette au violoncelle
et Olivier Patey à la clarinette, un trio de Brahms en Inde où,
au moment de rentrer sur scène, Henri nous dit (avec des mots
que je ne peux pas forcement utiliser ici), " aller, on envoie
tout, et surtout pas de version soignée ". Et le trio a
été magique pour nous et pour le public. Par contre, j'ai
eu également l'expérience où plus rien n'allait
comme souhaité. Assez proche du cauchemar que chaque musicien
a fait au moins 10 fois : le moment où on oublie tout, les doigts
ne fonctionnent plus, et on a beau crier , se concentrer pour faire
bouger ses muscles, rien ne répond comme l'on souhaiterait. Le
trac qui paralyse tout. C'est une sensation atroce. Heureusement exceptionnelle,
et tout rentre dans l'ordre rapidement."
D'une manière générale, Romain Descharmes adore
voyager à l'occasion de ses concerts : "J'aime me balader
et me perdre dans des villes et dans des pays que je ne connais pas,
et simplement observer les gens, les magasins dans les rues. Le Japon
est un des pays dans lequel je préfère aller. J'ai une
histoire spéciale avec le Japon. J'étais là pour
mon premier concours, c'est le premier pays étranger que j'ai
visité en dehors de l'Europe, ma future femme est japonaise,
et surtout, on y mange extrêmement bien. J'adore la cuisine, et,
la France, le Japon et l'Italie sont, dans l'ordre pour moi, le trio
gagnant de la gastronomie. Et ils correspondent étrangement aux
pays où je préfère aller. Mais j'ai encore également
tant d'endroits à découvrir, comme l'Amérique de
sud, la Russie, que je ne connais pas."
Romain Descharmes a beaucoup de beaux projets dans les mois qui viennent
..."Que ce soit en récital, à Sceaux, pour piano
aux Jacobins, au Japon, avec l'orchestre de Paris... et je vais également
participer au prochain disque de Sarah Nemtanu, enregistrer les sonates
de Brahms pour clarinette avec Oliver Patey pour un label de disque
que nous allons créer avec des amis (arties records), faire un
2ème album avec mon groupe Quai n.5, organiser un festival en
Toscane... "
actualité 2013
Concert
et disque avec le pianiste Romain Descharmes
Quai n°5 revient au Café de la Danse ! Lundi 11 février
2013 - Café de la Danse, Paris Après le succès
de leur récent disque "Métamorphoses"( à
découvrir plus bas dans cette page ), les cinq compères
de Quai n°5 , dont le pianiste Romain Descharmes, reviennent sur
la scène du Café de la Danse à Paris pour un concert
exceptionnel.Chaque intrument à un rôle bien défini
dans cette formation originale , pour lo'ccasion le piano sort de son
jeu habituel de virtuose romantique . "Il a, dans l'enregistrement
, une fonction essentiellement rythmique. Il forme avec la contrebasse
et les percussions une base sur laquelle jouent le violon et l'accordéon"
explique Romain Descharmes...cliquez
ici pour en savoir plus , voir une vidéo et écouter
des extraits du disque
Son répertoire, son interprétation...
Romain Descharmes indique que pour l'instant il ne peut pas définir
son répertoire... "Je trouve que les "musiciens
classiques" sont déjà tellement confrontés
à des "codes", et autres "cases", que je
ne suis pas favorable à aborder tel ou tel compositeur, telle
ou telle période, uniquement. J'essaie de toucher un peu à
tout, en fonction des programmes de récitals, de mes envies du
moment et de travailler des oeuvres nouvelles régulièrement
pour ne pas m'enfermer dans un " programme-type ". Bien sûr
j'ai mes préférences, et certains morceaux dans lesquels
je me sens mieux.
J'ai eu la chance d'avoir pu enregistrer mes deux premiers disques solo
avec mes compositeurs favoris, Brahms et Ravel. Je trouve qu'ils parviennent
à écrire, chacun dans leur style, une musique immensément
expressive avec toujours une certaine retenue pudique, ce qui créé
une musique extrêmement intense et profonde qui touche et émeut
sans artifice. Et puis, je ne connais pas une oeuvre de musique de chambre
de Brahms, que ce soit pour cordes, vents, voix ou piano qui ne soit
géniale. Il y a aussi une foule de pièces ou de compositeurs
que j'adorerais travailler mais auxquels je n'ai pas eu encore l'occasion
de toucher comme les sonates de Prokofiev, l'opus 106 de Beethoven,
la musique espagnole, le jazz..."
Pianiste recherché en tant que chambriste pour son écoute,
sa sensibilité et sa large connaissance du répertoire
allant de la sonate au grandes formations en passant par le lied qu'il
affectionne particulièrement, il se produit avec des artistes
tels que Roland Daugareil, Henri Demarquette, Laurent Korcia, Sarah
Nemtanu, l'ensemble Court-Circuit, le quatuor Ebène, le Berliner
Philarmoniker Quintette :"La musique de chambre a toujours fait
partie de ma vie de musicien. Quand j'avais une dizaine d'année,
mon cousin jouait de la flûte et nous jouions très souvent
ensemble à chaques vacances scolaires, soit les morceaux qu'il
avait travaillé, soit nos propres compositions. Je me souviens
avoir écrit avec lui plusieurs morceaux pour piano, flûte
et piano et même une symphonie qui s'est limitée à
la nomenclature, un unisson pour tout l'orchestre, très fort
et quelques rythmes aux timbales. Donc finalement, nous n'étions
pas aussi doués que Mozart... Depuis, que ce soit à Nancy
ou au CNSM, je n'ai jamais arrêté. Pas forcément
avec un groupe fixe. Et j'ai pu ainsi énormément de personnalités
différentes. Ce que j'aime particulièrement avec la musique
de chambre, c'est l'écoute, la disponibilité et la réactivité
qu'elle développe. Et toutes ces qualités sont absolument
nécessaires pour tous les musiciens, même en étant
seul sur scène. Rien n'est plus magique qu'une rencontre qui,
humainement, est enrichissante et qui, musicalement, permet ce moment
unique où, même sans mot, on comprend ce que tel ou tel
partenaire veut dire par sa musique. Alors à chacun ensuite de
réagir à ce qui vient d'être proposé. J'ai
de nombreux magnifiques souvenirs de moments magiques où la musique
coulait, avec une simplicité et une facilité telles, qu'il
suffisait de se laisser glisser et porter par la musique en ayant cette
impression extraordinaire que rien ne pouvait empêcher ces instants
de pur bonheur."
Romain Descharmes précise qu'il a réalisé de
nombreux beaux projets grâce à la musique de chambre..."
dans de nombreux pays comme le Mexique, l'Inde, le Japon, la Malaisie.
Et puis il y a aussi des projets à venir comme de créer
avec des amis un label de disque en Inde, de monter un festival et un
stage de musique en Italie, et de faire le plus de rencontres intéressantes
possibles. Car pour moi, avant tout, la musique de chambre, et la musique
en général, sont là pour partager des choses avec
de bons copains, que ce soit sur scène ou autour d'une bonne
table..."
Parallèlement, au CNR de Paris, Romain Descharmes a une classe
de musique de chambre et il travaille également beaucoup avec
les chanteurs "grâce à eux j'ai appris énormément
sur ma façon de penser la musique tant sur le plan du discours
musical que de la respiration, ou de la façon de transmettre
une émotion. Car avec le chanteur, l'émotion vient directement
du corps et ne passe pas par un " objet " étranger.
C'est une chose qui est difficile à appliquer pour nous les pianistes,
tant nous paraissons séparés de notre instrument, mais
il est primordial de développer un imaginaire et des sensations
pour parvenir à transmettre ces émotions."
Cependant
Romain Descharmes ne souhaite pas se spécialiser dans cette activité
de musique de chambre : "Chaque expérience de scène
est unique car ça n'est rarement avec les mêmes personnes,
dans les mêmes salles, dans les mêmes pays. Lors d'un récital,
je recherche une sorte de " communion " entre moi, le piano
et le public. C'est une sensation très spéciale de sentir
le public sur sa droite. On peut savoir si il écoute, s'endort,
s'excite, si il y a une agitation pendant les cinq premières
minutes qui s'apaise ensuite. Et c'est en réussissant à
maintenir une tension, une émotion dans la salle, que finalement
on parvient à emmener les gens où on le décide,
et faire un concert réussi. On compare souvent le récital
à une mise à mort comme dans une arène. Je trouve
l'image assez juste mais le concert est également en quelque
sorte, un envoûtement dans lequel l'artiste serait le gourou.
Avec orchestre, c'est la même chose, avec en plus le côté
plus grandiose et spectaculaire. J'essaye autant que possible, de penser
le concerto comme de la musique de chambre avec grand ensemble. Et je
pense qu'on gagne incontestablement à le penser comme un immense
octuor avec piano. Et lorsque l'orchestre fait de même, lorsqu'il
y a une écoute mutuelle, il y a un moment magique que bien sûr
le public ressent et qui le touche au plus profond sans même qu'il
s'en rende compte."
Interrogé sur sa façon de travailler Romain Descharmes
confie : "J'ai toujours adoré lire de la musique, depuis
que je suis débutant. La période de travail qui s'étend
du déchiffrage au moment où l'on sent que l'oeuvre commence
à être intégrée physiquement et musicalement
est pour moi la plus jouissive. Vient ensuite une période de
stagnation et après, le vrai travail en profondeur intervient.
Peut-être le plus passionnant. Généralement, je
préfère ne pas écouter de disque avant d'avoir
une vision personnelle de l'oeuvre. Et quand j'écoute alors,
c'est uniquement pour entendre la musique d'une autre oreille, comme
lorsque je joue pour un professeur. Jamais pour m'influencer dans le
sens de tel ou tel interprète.
Je ne suis pas tellement pour le fait de travailler ou de rabâcher
les oeuvres pendant des heures. Bien que je passe une bonne partie de
mon temps sur mon piano, je ne suis pas capable, tant physiquement qu'au
niveau de la concentration, de passer 12 heures efficaces par jour sur
mon instrument. Cela a toujours été plus utile pour moi
de travailler très intensivement pendant 3 ou 4 heures que de
tourner en rond toute la journée. Ou alors de passer ces heures
avec la partition, sur une table en écoutant le chant intérieur."
Quant à ce à quoi il attache le plus d'importance dans
son interprétation...:"De plus en plus, depuis que je
travaille régulièrement avec des chanteurs, ma première
préoccupation dans le travail ou sur scène, est de me
servir de la musique pour " raconter une histoire ", exprimer
quelque chose. Et je pense que ce n'est pas seulement la musique qui
dit des choses, mais c'est surtout la volonté de dire quelque
chose qui fait que la musique sort, sans pouvoir sortir autrement. Souvent
je dis aux chanteurs que ce n'est pas une respiration expressive qui
va amener l'émotion, mais c'est souvent l'émotion qui
fait que la respiration ne peut être qu'expressive. Et alors,
l'expression est juste, sincère, et trouve sa signification.
De même, un immense crescendo exprime un sentiment grandissant,
mais c'est surtout un sentiment intérieur grandissant qui fait
augmenter la puissance du son. Et plus particulièrement pour
le piano, j'essaie toujours d'entendre un orchestre et un chanteur.
Le piano est un instrument fabuleux avec lequel on peut à la
fois chanter un grand air d'opéra, et imaginer le son de l'orchestre
qui va avec. C'est peut-être les choses sur lesquelles je travaille
le plus avant un concert."
Et quand il ne joue pas de piano classique ...Romain Descharmes aime
écouter autre chose que ce qu'il j'écoute toute la journée
et il joue aussi dans une formation originale : "j'adore la
guitare électrique, surtout Jimi Hendrix, ou des groupes comme
AC/DC ou encore Jacques Brel. J'adore aussi le silence. Je fais également
partie du groupe Quai n.5 avec Jean-Marc Phillips au violon, Stéphane
Logerot à la contrebasse, Paul Mindy aux percussions et Jean-Luc
Manca à l'accordéon. C'est un groupe disons de "musiques
du monde" sur des arrangements de Stéphane Logerot.
C'est une musique et une façon de jouer totalement différentes
du classique et elle décomplexe la façon de jouer. Et
je l'ai tout de suite senti en condition de "récital classique".
L'écoute n'est plus la même, la pression est différente,
on relativise beaucoup plus et surtout on se rappelle qu'on a la chance
de faire de la musique et on prend encore plus de plaisir à jouer
en récital, musique de chambre ou avec orchestre. Et en pratiquant,
à mon niveau, la musique brésilienne, argentine ou yiddish,
je ne peux plus entendre une syncope chez Mozart de la même façon
qu'avant. Elle prend toute sa valeur expressive."
Ecouter...
|
Maurice Ravel
Piano works
Romain Descharmes
Valses nobles et sentimentales
Gaspard de la nuit
Sonatine
La Valse
S'il est assez fréquent que les pianistes enregistrent
l'intégralité des oeuvres de Ravel pour piano seul
qui tient sur deux disques, le pianiste Romain Descharmes qui
signe là son second disque après un disque Brahms,
interprète une sélection mais à laquelle
il a ajouté une oeuvre qui ne fait pas toujours partie
des intégrales car considérée un peu à
part s'agissant d'une transcription d'une oeuvre pour orchestre
: "La valse" , existant également dans
une version pour deux pianos. Celle-ci laisse au pianiste une
large part d'improvisation et est particulièrement difficile.
Le hasard a fait que j'ai eu précisément l'occasion
d'être à Montpellier l'été dernier
alors que Romain Descharmes a joué cette pièce en
concert lors du festival Radio France Montpellier Languedoc Roussillon.
Etant donné mon propre enthousiasme et celle du public
entier, son disque qui précisément comporte cette
pièce d'une grande difficulté technique est à
découvrir absolument. Il vous permettra d'en apprécier
son interprétation remarquable et captivante qui dégage
une très belle énergie communicative tant sur cet
enregistrement qu'en concert
Bien sûr le reste de l'album est aussi remarquable avec
notamment d'autres Valses qualifiées quant à elles
.... de "nobles et sentimentales" demandant un jeu contrasté
et sensible qu'il possède tout à fait, ainsi la
première valse elle aussi énergique "modéré
très franc" que vous pourrez entendre plus bas
est suivi d'une deuxième valse d'un tempo "assez
lent" particulièrement splendide, d'une grande
intériorité.... Quant à "Gaspard
de la nuit" exigeant tout autant que "la valse"
citée plus haut , une grande technicité et considéré
comme l'un des plus grand chef d'oeuvre pianistique du 20 ème
siècle, il en exalte avec talent les différents
éléments ou personnages suggérés dans
les poèmes qui ont inspirés les trois pièces
de ce tryptique poétique notamment la fée aquatique
de "Ondine" , le tintement des cloches et l'atmosphère
lourde où raisonne les plaintes d'un pendu dans "Le
Gibet", et le gnome démoniaque Scarbo.
Romain Descharmes a bien voulu répondre à quelques
questions sur celui-ci en complément à celles sur
son parcours ....cliquez
ici pour lire la suite et écouter un extrait
|
en concert :
Lundi 17 janvier 2011 à 20H
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
7, rue Boudreau
75009 Paris
Romain Descharmes, piano
RAVEL Valses nobles et sentimentales.
CHABRIER Sous bois, Tourbillon, Idylle, Improvisation, Scherzo-Valse.
Extraits des Pièces pittoresques.
DEBUSSY Quatre études, pour les quartes, les sixtes, les sonorités
opposées et les octaves.
DUBOIS Sonate en la mineur.
cliquez ici pour en savoir
plus et réserver
En savoir plus
Visitez le site internet de Romain Descharmes...cliquez
ici
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Agnès Jourdain
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