Pianomania
sort dans les salles francaises dès le 5 janvier 2011 la
première aura lieu à 20h15, au Publicis sur les
Champs-Elysées.
Un film sur l'amour, la perfection et une note de folie...
qui enchantera tous les amateurs de piano !
Documentaire de Lilian Franck et Robert Cibis
avec les pianistes
Lang Lang,
Alfred Brendel,
Pierre-Laurent Aimard,
Till Fellner
Julius Drake
et
Stefan Knüpfer, chef technicien et accordeur chez Steinway
& Sons
Synopsis
Pianomania est un film sur l'amour, sur la perfection et
aussi un peu sur la folie....
'Le son ne respire pas' - ainsi se plaint le pianiste Pierre-Laurent
Aimard. C'est un commentaire typique dans le quotidien de Stefan
Knüpfer, chef technicien et accordeur chez Steinway &
Sons. Comme chaque piano a sa propre personnalité, chaque
pièce exige son propre timbre et chaque interprétation
acquiert son propre tempérament.
Pianomania emporte le public dans un voyage plein d'humour à
travers le monde secret du son et accompagne Stefan Knüpfer
dans son travail extraordinaire avec les plus grands pianistes
du monde, par exemple Lang Lang, Pierre-Laurent Aimard, Alfred
Brendel et Rudolf Buchbinder. Pour sélectionner l'instrument
qui correspond à la vision du virtuose, l'accorder selon
son désir et l'accompagner jusqu' à ce qu'il monte
sur scène, Stefan Knüpfer a développé
des nerfs en acier, une passion sans limite et surtout la capacité
de transposer des mots en sons.
Le film inhabituel de Lilian Franck et Robert Cibis montre avec
coeur et humour des moments d'amour absolu de la perfection et
du détail. Pianomania observe d'un regard unique la recherche
du son parfait.
Contenu
Se détendre. Fermer les yeux. Savourer. Quel secret se
cache donc derrière un enregistrement musical d'exception
ou derrière un concert vertueux? Pianomania éclaire
les coins obscurs derrière les lumières de la scène
et rencontre le visage d'un technicien aux cheveux blonds. retour
?
Nous
pouvons alors observer à quel point le rôle de Stefan
Knüpfer est indispensable pour le succès d'un concert
ou d'un enregistrement. Lang Lang, Alfred Brendel, Pierre-Laurent
Aimard - les stars ne jurent que par lui parce qu'il est, comme
eux, fixé sur l'idée du son parfait, sur l'amour
de la perfection et sur ces moments d'exception très proches
de la perfection.
Le film est centré sur la collaboration entre Pierre-Laurent
Aimard et Stefan Knüpfer.'L'Art de la Fugue' de Bach doit
être l'objet d'un enregistrement hors du commun. Pierre-
Laurent Aimard a choisi le piano à queue numéro
109 pour cette occasion. Le film commence un an avant l'enregistrement
et, pour les deux protagonistes, au début d'une longue
odyssée du son...
88 touches, 230 cordes sur un cadre en fonte, 480 kg à
la base de la vibration d'une caisse de raisonnance. Stefan Knüpfer
veut sortir le meilleur de l'instrument. Mais qu'est- ce donc
le meilleur? Chaque piano a sa propre personnalité. Chaque
morceau exige son propre timbre. Chaque interprête a son
propre tempérament et sa propre vision.
Pour Aimard, Stefan étudiera les instruments de l'époque
de Bach. Il fait des expérimentations avec des absorbeurs
de son en feutre et des rélflecteurs de son en verre. Malheureusement,
le piano numéro 109 doit être vendu en Australie
et ce ne sera pas le seul obstacle que les deux héros rencontreront
sur leur chemin. Lorsque la tension atteind son comble, Knüpfer
sauve le moment avec son humour. Avant d'arriver aux applaudissements
désirés, la route du pianiste est longue.
Stefan Knüpfer est un magicien de la communication. Mais
il est aussi un technicien qui visse, étire et lime...
Il travaille avec tous ses sens et produit des pianos que les
artistes mettent en vie.
Pianomania observe le travail passionnant de Knüpfer dans
sa recherche du son parfait, des profondeurs de l'instrument jusque
dans la salle de concert pleine à craquer.
Une
après-midi, un artiste somnolent apparaît en jeans
et en baskets bariolées. C'est le pianiste chinois Lang
Lang. Il est invité à donner un concert à
la Konzerthaus de Vienne. Encore sonné par le jet lag,
il doit toutefois choisir un instrument pour le concert. L'emploi
du temps chargé de sa tournée ne lui laisse que
peu de temps pour des installations personnalisées. Il
demande donc, presque timidement, qu'on lui réserve juste
un tabouret massif qui supportera son jeu extroverti sans bouger
d'un poil. Il donnera son concert devant une salle pleine, en
costume sombre, les cheveux en bataille. Son tabouret tiendra
le coup.
Les sketches du duo comique Igudesman et Joo caricature l'élite
musicale. Avec Knüpfer, ils s'imaginent les scènes
les plus folles pour leur prochaine show.
Pourtant,
l'atmosphère s'intensifie de nouveau très vite,
au point de révéler chaque vibration de l'air.
Alfred Brendel donne l'un de ses derniers concerts au Festival
de Musique de Gragenegg. Knüpfer lui prépare son piano.
De bon humeur, Alfred Brendel lui livre ses instructions.
'Le son ne respire pas' - se plaint le pianiste Aimard.
'Il n'y a pas de magie dans le piano' - se résigne
le pianiste Julius Drake.
'...pas vraiment neurotiques mais plutôt ,spécialisés'
je dirais.' - Stefan Knüpfer décrit ses client.
Le film n'est composé que de scènes d'observation.
La thématique complexe prend alors toute sa légerté.
A l'instar du combat des protagonistes pour parvenir au son parfait,
les prises de son pour le film ont été très
exigentes. Certaines scènes sont enregistrées en
qualité Dolby surround sur plus de 90 pistes. Pianomania
est un véritable'ear opener' , un bijou accoustique,
et un document historique sans pareille. Lang Lang vieillit, Brendel
ne se produit plus en public, et Pierre-Laurent Aimard dévoile
les pilliers de la musique du 20ème siècle. Le film
de Robert Cibis et Lilian Franck pourra encore être regardé
et écouté avec plaisir dans une vingtaine d'années.
Motivation des cinéastes
Pour pouvoir nous concentrer davantage sur nos films, nous nous
sommes un jour acheté un petit livre de conseils pour femmes
au foyer. Il était censé nous faire gagner du temps
('Besser einfach- einfach besser' de Bianka Bleier et Birgit Schilling).
Une des phrases dans ce livre disait:'Chacun s'épargne
50% de force s'il se satisfait d'une perfection à 90%.
N'est-ce-pas génial ? Si nous sommes disposés à
soustraire 10% de notre exigence vis-à-vis de la perfection,
nous nous épargnons vraiment beaucoup de force.'
C'est certainement un conseil intéressant pour la réalisation
de tous types de travaux domestiques. Pourtant, quand Stefan Knüpfer
et Pierre-Laurent Aimard ont enregistré'L'Art de la Fugue'
de Bach, tout dépendait de ces 10%. Notre film traite les
étapes et les obstacles qui rendent possible l'art, au-delà
de la vie quotidienne. Notre ambition est de dévoiler le
secret de la création d'une oeuvre d'art.
Depuis que nous réalisons des films, nous connaissons
le travail continu qu'exige un tel projet et l'influence de ce
travail sur nous-mêmes et nos vies. Cela nous a permis de
comprendre mieux la relation spéciale qu'ont Stefan Knüpfer
et les pianistes à leur profession voire vocation. Notre
estime pour ces personnes'surdimensionnelles' est devenue dès
lors encore plus grand. Nous avons senti la passion des héros
de notre film dès les premières recontres et nous
voulons que les spectateurs soient aussi émus de cette
passion. Au seuil de de la puissance humaine se trouve quelque
chose d'inommable, quelque chose de plus grand que la vie. Peu
importe si on l'appelle'l'infini' , ou'l'art'' , ou'dieu' . Nous
l'appelons tout simplement Pianomania.
Michele Barbin, monteur, au sujet de Pianomania :
'J'ai travaillé 33 semaines et j'ai regardé plus
de 270 heures de matériel pour ce film! Le protagoniste
a même réussi à me contaminer avec son perfectionnisme.
Pouvions-nous vraiment terminer le montage de Pianomania? Voulions-nous
le terminer? Qu'est-ce qu'un son parfait, un film parfait? Plus
précis est le but, plus difficile est-il à atteindre...
Et puis le monde nous rattrape: des rendez-vous, des ultimatums,
rapidement trouver une fin, trouver des compromis... Quelle douleur,
alors que nous avions à peine commencé! Mais quel
bonheur ensuite, de remporter le prix du montage au Festival Diagonale!
Merci Stefan Knüpfer!'
Un film ayant reçu de nombreux prix :
Dès le début de sa présentation dans les
festivals, Pianomania s'est vu décerner de nombreux prix
et a été acclamé par les critiques comme
par le public. En Mai 2010, il a remporté le Golden Gate
Award du meilleur documentaire au 53e San Francisco International
Film Festival. En janvier 2010, il a recu le prix du public pour
le meilleur documentaire au 36e International Filmweekend Würzburg.
Fin novembre 2009, Pianomania a reçu le premier prix au
20e Festival du Cinema à Lünen, en Allemagne. Il s'agissait
du « Lüdia », le prix du public. Pianomania a
également bénéficié de la récompense
du « meilleur montage artistique » lors de la Diagonale
Graz, en Autriche. Mais on retiendra surtout son élection
comme meilleur film dans la section « Semaine de la critique
» au festival de Locarno, Suisse.
Pianomania a également été nominé
pour la 22e édition du Prix du Film Européen de
la European Film Academy, ainsi que pour le Prix du Film Autrichien.
La ' Filmbewertungsstelle Wiesbaden', instance officielle chargée
de certifier la qualité artistique, documentaire et historique
des productions cinématographiques en Allemagne, a récompensé
Pianomania de la mention ' hautement recommandé'.
Pianomania a reçu la récompense ' Mention Honorable'
lors du festival EURODOK, organisé par l'Institut du Film
de Norvège, à Oslo
Discussion avec les réalisateurs de PIANOMANIA : Lilian
Franck et Robert Cibis
Qu'est-ce-qui vous a motivés à
réaliser un film documentaire sur le piano ?
Robert
Cibis :
Je viens d'une famille de musiciens ; mon frère, Paul Cibis,
gagne sa vie comme pianiste. J'ai donc par lui un accès
direct à ce monde. J'ai toujours été très
attentif au métier de pianiste. Mais c'est seulement depuis
que je suis réalisateur que je comprends la passion et
la dévotion des pianistes à leur art. Parce que
le cinéma a déclenché la même passion
chez moi. Je connais Stefan Knüpfer depuis longtemps : il
est l'accordeur de mon frère, qui vit entre Berlin et Londres.
Son vieux piano à queue se trouve toujours à la
maison de mes parents. Steinway & Sons ont envoyé Knüpfer
chez nous un jour où mon frère, jeune pianiste ambitieux,
n'était plus satisfait de son premier accordeur de piano.
Malgré qu'il vive à Viennes, Stefan Knüpfer
voyage régulièrement à Lippstadt, chez nos
parents. C'est là qu'il a rencontré Lilian Franck.
Lilian
Franck :
Je n'ai pas de rapport privilégié avec le monde
de la musique. Pourtant, Stefan Knüpfer et ses histoires
m'ont tout de suite fascinée. Il est toujours parvenu à
nous immiscer en un rien de temps dans le monde complètement
fou des stars du piano, et à nous faire rire aux éclats
avec ses anecdotes. Un jour, je me suis dit que Stefan Knüpfer
serait un protagoniste idéal pour un film. Plus tard je
me suis rendue compte qu'il était au moins aussi perfectionniste
que les pianistes dont il parle toujours.
Pianomania traite de la recherche de la
perfection. Qu'est-ce-qu'on peut apprendre de cette quête
?
Lilian Franck : Le Film ouvre une fenêtre sur le
monde du piano. Même les non-amateurs de musique classique
sont interessés. Pianomania raconte comment naissent les
oeuvres d'art. La recherche du son parfait est finalement juste
une métaphore pour la recherche de quelque chose de plus
grand que la vie.
Robert Cibis : Pour pouvoir nous concentrer davantage
sur notre film, nous nous sommes un jour acheté un petit
livre de conseils pour femme au foyer. Il devait nours faire gagner
du temps ('Besser einfach- einfach besser' de Bianka Bleier et
Birgit Schilling). Une des phrases du livre disait:'Chacun s'épargne
50% de force s'il se satisfait de la perfection à 90%.
N'est-ce-pas génial? Si nous sommes disposés à
soustraire 10% de notre exigence vis-à-vis de la perfection,
nous nous épargnons vraiment beaucoup de force.'
C'est certainement un conseil intéressant pour la réalisation
de tous types de travaux. Mais quand Stefan Knüpfer et Pierre-Laurent
Aimard ont enregistré'L'Art de la Fugue' de Bach, tout
dépendait de ces 10%. Notre film traite des étapes
et des obstacles qui rendent possible le grand art, et par-delà
la vie quotidienne. Notre ambition est de livrer le secret de
la création d'une oeuvre d'art. Depuis que nous réalisons
des films, nous connaissons le travail continu qu'exige un tel
projet et l'influence de ce travail exerce sur nous-mêmes
et sur nos vies. Cela nous a permis de comprendre la relation
qu'ont Stefan Knüpfer et les pianistes avec leur profession.
La passion des héros de notre film nous est apparue dès
les premières recontres. Nous voulons que les spectateurs
soient émus de cette passion comme elle nous a émue
à l'époque. N'y a-t-il pas dans chaque personne
l'envie de réaliser quelque chose qui surpasse l'existence?
Pourquoi Pianomania n'apporte pas plus
d'explications sur la technique du piano ?
Lilian Franck : Dans le film, nous ne voulions apporter
des explications techniques que lorsque la narration l'exigeait.
Le film repose sur l'histoire, l'action. Dans une salle de cinéma,
les spectateurs souhaitent vivre des moments d'émotion
avec les protagonistes. Si il y a des spectateurs que le film
rendra curieux sur les aspects techniques du piano, encore mieux
! Nous rassemblons de nombreuses informations sous forme de vidéos
et d' articles sur notre site web www.pianomania.de.
De quels aspects du film être vous
particulèrement fiers ?
Lilian Franck : Nous sommes très heureux d'offrir
un regard sur un monde qui reste souvent clos au grand public.
Le tournage de l'enregistrement de Bach a été vraiment
particulier. Pierre-Laurent Aimard n'avait auparavant jamais autorisé
la présence d'une caméra en studio. Nous devons
aussi beaucoup au travail de notre monteuse, Michele Barbin, qui,
dans certains passages, permet de visualiser la musique. Nous
sommes très contents que la narration du film ne soit construite
que sur des scènes d' observation.
Quelles ont été les difficultés
du tournage ?
Robert Cibis : Les musiciens classiques travaillent très
dur, ils sont habitués à se présenter sur
la scène et au public au meilleur de leur forme. Il fallait
les convaincre de laisser la caméra filmer leur combat,
les faire oublier que nous étions là, pour qu'ils
restent eux-mêmes. Cela ne fonctionne qu'après de
nombreux jours de tournage.
Lilian Franck : Ca a été un processus de
plusieurs années. On a eu beaucoup de chance que Stefan
Knüpfer avait apprécié l'expérience
des tournages de recherche.
Robert Cibis : Une autre difficulté était
de pouvoir capturer techniquement les sons du piano pour que les
spectateurs, à la fin du film, soitent capables de distinguer
les différents sons comme s'ils avaient été
présents. Nous avons pour cela recouru à l'aide
d'ingénieurs du son pendant tout le tournage. Ils nous
ont permis d'enregistrer les pianos, les orchestres et les chanteurs
du film en Surround, pour une reproduction optimale du son. Bien
sûr, la postproduction du son pour 200 heures de tournage
a rendu le travail vraiment très compliqué. Lors
des enregistrements d'orchestres, nous avions parfois 90 pistes
de son. Difficile toutefois de satisfaire nos exigences, surtout
quand les protagonistes décidaient soudainement de jouer
d'un instrument. Car l'installation des micros peut vraiment durer
longtemps. Du coup nous avons mis au point une installation mobile
pour pouvoir réagir le plus rapidement possible. Les scènes
les plus passionnantes surviennent toujours lorsqu'on ne s'y attend
pas. Il a été possible de tourner un tel film d'observation
en partie parce que notre équipe de son pouvait toujours
demeurer dans des pièces séparées du lieu
de tournage. De manière générale, j'étais
seul avec la caméra et avec la preneuse de son. C'est plus
facile dès lors de leur faire oublier la présence
de la caméra.
Quel a été le moment le
plus excitant du tournage ?
Robert Cibis : Peu avant l'enregistrement de Bach, la
tension était énorme pour les protagonistes. Cela
a un peu déteint sur l'équipe du film. Même
moi, caché derrière la caméra, je pouvais
ressentir cette pression. J'ai eu besoin de beaucoup d'adrénaline
pour pouvoir filmer le travail de Stefan Knüpfer et de Pierre-
Laurent Aimard. Et je me disais derrière ma caméra:'C'est
important ce qui se déroule ici, et cela ne se reproduira
plus de si tôt. '
En termes de technique du piano et de
musique, quelle est la découverte la plus surprenante que
vous avez faite pendant le tournage ?
Lilian Franck : Pour moi cela a été de
réaliser combien la préparation d'un instrument
par un technicien est désicive pour le jeu d'un pianiste.
Le technicien n'est pas seulement un ouvrier, mais aussi un artiste.
Robert Cibis :Avant le tournage, j'avais déjà
lu et vu des films sur la technique du piano. Mais tout est très
différent lorsqu'on en est témoin. Au-delà
de tous les clichés sur la musique classique, l'essentiel
est qu'il s'agit de nombreuses heures, jours et semaines continues
de travail. Ca m'a toujours surpris et le film doit le retransmettre.
Nous voulons montrer le quotidien d'une profession très
particulière, donner à des questions d'interprétation
musicale une dimension conrète. Stefan Knüpfer est
traducteur et ouvrier. Il essaie de comprendre le pianiste et
commence à visser, à tendre, à limer... Le
plus surprenant est que c'est finalement assez facile, lorsqu'on
sait comment on doit s'y prendre! On dirait même que tout
le monde pourrait apprendre ce métier !
Quelle a été pour vous,
personnellement, l'expérience la plus forte du tournage
?
Robert Cibis : Naturellement on se compare toujours aux
personnes que l'on filme. J'ai ressenti de nombreuses parallèles
entre mon métier et celui de Stefan Knüpfer. Un disque,
comme un film, sont des choses très complexes. Tous se
demandent : comment fait-il cela? Les admirateurs diront:'Cela
doit être une personne talentueuse.' Pourtant, cette question
disparaît lorsqu' on observe tout le processus de réalisation.
Johann Sebastien Bach a dit un jour à un concert :'Quiconque
ayant autant travaillé que moi écrirait aussi bien
que moi.'
Lilian Franck : Les héros de notre film ne poursuivent
qu'un seul but : trouver le son parfait. Tout autre chose est
secondaire. Peu importe ce que Stefan Knüpfer gagne, ou s'il
est marié, ou s'il a des hobbies. L'important est la réalisation
de l'art. Rien ne se passe à côté. Il faut
beaucoup de force pour y parvenir. Cela m'a beaucoup impressionnée.
Vous avez tourné bien plus que
ce qui n'apparaît dans le film, qu'avez- vous laissé
de côté, et pourquoi ?
Lilian Franck : Nous avons tourné des scènes
de travail de Stefan Knüpfer avec d'autres stars - entre
autres Tzimon Barto, David Helfgott, Matthias Goerne et Rudolf
Buchbinder - que nous n'avons pas montrées. Il a été
très difficile pendant le monage de se séparer de
bonnes scènes. Mais nous voulions nous concentrer sur l'histoire
de l'enregistrement de Bach pour créer une tension damaturgique.
Si nous avions multiplié le nombre de pianistes à
l'image, nous aurions réalisés un film fait d'épisodes,
sans fil conducteur. Nous avions aussi l'idée de présenter
trois générations de pianistes à l'oeuvre
- Lang Lang, Pierre-Laurent Aimard et Alfred Brendel. Le film
contient beaucoup de scènes et de concerts de ces trois
artistes. Nous avons consciemment tourné en abondance,
pour pouvoir ne choisir que les meilleurs moments.
Nous voulons plus tard publier un double DVD avec en bonus les
meilleurs scènes qui n'apparaissent pas dans le film.
Les pianistes :
Pierre-Laurent
Aimard, travaille comme aucun autre, au polissage du son
de la moindre note de son instrument. D'ailleurs que seraient
le rythme, la mélodie et l'interprétation sans un
son qui en soit à la hauteur ? Chaque pièce a sa
spécificité, c'est cela que Pierre-Laurent Aimard
cherche à faire entendre.
Il n'est pleinement satisfait que lorsqu'il est absolument certain
de la perfection de son instrument. Et cette exigence de perfection
engendre parfois dans des délais très courts l'échange
du piano de concert ou la reprise de nombreux enregistrements.
Après ça reste la plus grande étape : la
musique à venir.
A 12 ans déjà, Pierre-Laurent Aimard est accepté
au concervatoire de Lyon. Ensuite il intègre la Hochschule
de musique de Cologne et perfectionne son style auprès
de l'épouse du compositeur Olivier Messian. En 1973, Pierre-Laurent
Aimard a alors 16 ans, il est récompensé du premier
prix de musique de chambre du Conservatoire de Paris. C'est un
moment clef pour sa carrière. Dans la même année,
il reçoit le premier prix du concours internationnal Olivier
Messian. En 1976 il devient membre de l'Ensemble Intercontemporain.
A partir de cette période, la route de Pierre-Laurent Aimard
croise celle des plus importants compositeurs contemporains comme
Boulez, Stockhausen, Ligeti. Aimard est connu également
pour avoir conduit un large publique vers la musique contemporaine,
sans pour autant délaisser sa carrière de soliste
et de musicien de musique de chambre. Pierre-Laurent Aimard joue
seul ou avec des orchestres, sous direction de Christoph von Dohnayi,
Kent Nagano ou Nikolaus Harnoncourt. Depuis 2009 il est pour la
période de trois années artiste invité à
la tête du Festival d'Aldeburgh.
Dans le film Pierre-Laurent Aimard joue avec Stefan Knüpfer
le rôle principal. La préparation d'un piano pour
son enregistrement de ' l'Art de la Fugue' de Bach constitue une
des clefs de la tension narrative du film.
En
décembre 2008 le pianiste Alfred
Brendel a donné son dernier concert officiel. Il
reste pourtant sans conteste l'un des plus grands pianistes de
son temps. Le trait caractéristique de son interprétation
est son strict respect de l'oeuvre, sa fidélité.
A l'encontre de nombreux pianistes plus jeunes que lui, Alfred
Brendel considère que c'est l'artiste qui doit s'ajuster
à l'oeuvre, et pas l'inverse. Il a toujours préféré
un concert d'une grande qualité à une mise en scène
pompeuse de soi-même.
Contrairement à beaucoup d'autres pianistes Alfred Brendel
n'était pas prédestiné à cette carrière.
Il n'était ni un enfant précoce et doué,
ni le fils d'une famille de musiciens. Brendel, originaire du
Wisenberg en Moravie (Actuelle République Tchèque)
a des racines allemandes, autrichiennes, italiennes, et slaves.
A Six ans il commence le piano. Après avoir fréquenté
quelques cours supérieurs (et particulièrement celui
du célèbre pianiste Suisse Edwin Fischer), il poursuit
et développe sa pratique en autodidacte.
Brendel a été le premier à interpréter
et enregistrer la totalité des pièces pour piano
de Beethoven et, jusqu'à la fin de sa carrière,
il est resté fidèle à sa passion pour cet
immense compositeur. En 1999, avec le Philarmonique de Vienne
et sous la Direction de Sir Simon Rattle, il a repris l'intégralité
des cinq concerti pour piano de Beethoven. Il a également
été l'un des rares pianistes à s'attaquer
à l'enregistrement de l'oeuvre pour piano de Mozart. Primé
par de nombreuses récompenses il a notamment reçu
le Prix Allemand du Disque (Deutschen Schallplattenpreis). Depuis
1971 Alfred Brendel vit avec sa seconde épouse Irène
à Londres. Dans le film, on voit Alfred Brendel en aout 2007, donner
au Festival de musique de Grafenegg un récital des oeuvres
de Haydn, Mozart, et Schubert.
Il
faut espérer que le banc sur lequel Lang
Lang se tient et qu'il a préféré
aux sièges les plus stables que la maison ait à
offrir, va tenir le coup. Le pianiste chinois est aussi connu
pour ses grands gestes, son sentimentalisme appuyé et la
sauvagerie de son style que pour son talent musical.
L'excentrique pianiste s'est aussi fait connaître en Allemagne
comme popstar reconnue. Des milions de téléspectateurs
ont pu le voir dans'Wetten dass...' et Kerner et Beckmann lui
ont demandé de venir dans leurs émissions. Une présence
médiatique tout à fait inhabituelle pour un musicien
de classique. En Chine, le piano lui doit un essor de popularité
jamais atteint : On estime à vingt millions le nombre de
jeunes chinois qui se sont mis gràce à lui à
apprendre le piano.
C'est apparemment d'une manière particulière que
Lang lang serait venu à la musique classique occidentale.
En effet il raconte y avoir été éveillé
par la télévision à l'âge de deux ans
via l'interprétation de la Rhapsodie Hongroise N° 2
en mi Bémol de Franz Liszt, par l'insupportable chat Tom
dans la série animée'Tom et Jerry' .
A partir de là, tout progresse pour Lang Lang : à
3 ans il prend son premier cours de musique, à l'âge
de cinq, il gagne le concours de piano de sa ville d'origine Shenyang
dans le nord de la Chine. A neuf il entre au conservatoire de
Pekin et remporte à l'âge de 11 ans son premier prix
international. En 1999 c'est le début de son succès
à l'étranger : Au festival Ravinia de Chicago, Lang
Lang remplace au pied levé le piansite André Watts
et interprète sous la Direction de Christoph Eschenbach
le premier concert pour piano de Tchaikowsky. Depuis le calendrier
de Lang Lang est plein : des concerts dans le monde entier. Dans le film on voit Lang Lang à l'entrée
de la grande salle de concert de Vienne en novembre 2006 et les
préparatifs afférants à ce concert par Stefan
Knüpfer.
Le
célèbre pianiste Till Fellner est originaire
de Vienne où il a étudié chez Hélène
Sedo- Sadler. Plus tard, ses études le mènent chez
Alfred Brendel qu'il considère comme son mentor. Sa carrière
internationale commence en 1993 lorsqu'il remporte le concours
Clara Haskil à Vevey, en Suisse. Il est depuis lors invité
à jouer avec de nombreux orchestres et dans les principaux
festivals de musique classique partout en Europe, aux Etats-Unis
et au Japon.
Il travaille avec des chefs d'orchestre comme Claudio Abbado,
Vladimir Ashkenazy, Christoph von Dohnányi, Nikolaus Harnoncourt,
Heinz Holliger, Marek Janowski, Franz Welser-Möst et Hans
Zender. Il joue en trio avec Lisa Batiashvili et Adrian Brendel
et collabore souvent avec le ténor Mark Padmore.
Dans sa jeunesse, Fellner a joué avec l'Orchestre Nationale
de France, le Philarmonica Orchestra London, l'Orchestre Symphonique
de Montréal et le Müncher Philarmoniker. Il a enregistré
des pièces de Bach, de Beethoven, de Schubert, de Mozart
et de Schumann. Dans le film, Fellner apparaït dans la fabrique de
Steinway à Hamburg. Il aide Stefan Knüpfer en tant
que conseiller musical à choisir le procherain piano à
queue pour la Konzerthaus de Vienne - qui remplacera le piano
numéro 109, vendu en Australie.
C'est
un rapport passionnel qu'entretient Julius Drake avec la
musique de chambre. Contrairement à l'aspiration habituelle
des pianistes pour les carrières de solistes, ce musicien
Londonien a toujours préféré, pour sa part,
être sur scène avec d'autres artistes. Drake joue
volontiers aux côtés de chanteurs comme Thomas Quasthoff,
Dorothea Röschmann, Thomas Allen et Ian Bostridge. Et même
lorsqu'il donne une de ses propres soirées dédiées
aux Lieder au Middle temple Hall de Londres, rares sont les artistes
célèbres qui refusent ses invitations.
C'est à sept ans que julius Drake débute le piano.
Plus tard, il étudie au Collège royal de musique
de Londres et sous la direction d'Angus Morrison ; c'est là
qu'il découvre la musique de chambre. Après ses
études, c'est le pianiste Australien Geoffrey Parsons qui
le prend sous sa coupe et lui ouvre le grand répertoire
des Lieder. Dans le film on `découvre Julius Drake préparant
une soirée de Lieder avec le Tenor Ian Bostridge lors du
Festival de Grafenegger. Julius Drake et Stefan Knüpfer sont
amis.
Le technicien chef et accordeur
Des
cordes de piano éclatées ! Le technicien chef et
accordeur, Stefan Knüpfer, en fait parfois le cauchemar.
Il faut dire qu'il est en charge chez Steinway et fils du son
des pianos de concert des plus grands artistes d'aujourd'hui.
Lorsqu'Alfred Brendel, Lang Lang ou Pierre-Laurent Aimard donnent
un concert, chaque note doit sonner parfaitement. Et plus encore,
chacun doit y retrouver son touché propre, qu'il soit ouvert,
retenu, intime, ou plus rond. Pour ces virtuoses le son doit être
travaillé avec la plus grande précision. Stefan
Knüpfer s'efforce de satisfaire chacun dans chaque situation,
et même lorsque les artistes lui donnent du fil à
retordre, il sait garder son humour et la tête sur les épaules.
Stefan Knüpfer aime les instruments, il aime travailler avec
eux. Lorsqu'il entreprend un accordage, il vérifie chaque
tête de marteau, chaque corde, et poursuit, sans jamais
faillir, sa quête de la perfection du son. Il n'arrive pas
à comprendre ses collègues qui ne travaillent pas
à l'oreille et recherchent les meilleurs fréquences
à l'aide d'instruments de mesure électronique.'Ceux
qui travaillent comme ça, s'en remettent à leur
yeux, pas à leur oreilles' déclare-t-il. Knüpfer
lui, préfère se concentrer, écouter. Après
cela il ne faut plus chasser un grain de poussière de l'arc
de résonnance.'La plus infime des choses influe sur le
son' . Il ne le considère pas comme une fréquence
définie, mais plutôt comme une couleur, dont les
dégradées et les nuances se déploient en
infinies subtilités.
Stefan Knüpfer a commencé a 15 ans comme apprenti
facteur de piano et technicien de concert chez Steinway et fils.
A l'origine, il rêvait de devenir pianiste mais il a jugé
son talent insuffisant, à l'époque déjà
le jeune Knüpfer nourrissait pour lui-même les plus
hautes ambitions! Pour ce film, la camera l'accompagne dans son extraordinaire
travail et nous montre, en marge de la technique, les gens, les
pauses avec Julius son chien adoré, comme les moments de
partage avec ses collègues autour d'un gâteau au
fromage blanc confectionné par sa femme.
A voir : La bande annonce de Pianomania
Le film PIANOMANIA sera diffusé dans les salles suivantes
:
Paris: Arlequin, MK2 Beaubourg, Publicis
Herouville St Clair: Cafe des Images
Nantes: Katorza
Lyon: CNP
Toulouse: Utopia
Versailles: Roxane
Perpignan: Rive Gauche
Marseille: Cesar
Besancon: Colisée
Le film documentaire Pianomania est sorti
en DVD le 7 juin 2011..
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