Delphine Bardin
Merci à Delphine Bardin d'avoir répondu aux
questions de Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie commentée
Delphine
Bardin est née le 18 juillet 1974 à Tours. Il n'y avait
pas de musicien professionnel dans sa famille, mais ses parents aimaient
la musique :"La musique faisait partie de notre vie, grâce
aux 33 tours, et nous avons eu quelque temps un xylophone en bois, sur
lequel il était amusant de chercher les mélodies enfantines,
puis un piano droit. Je me souviens d'être allée dans ce
magasin de piano, et d'avoir eu le droit d'en "essayer" plusieurs
et de dire quel son j'aimais le mieux. L'élan si intense, si
impérieux vers l'instrument, et l'impression que c'était
là quelque chose de magique, bien que de très naturel,
je ne les ai jamais oubliés, je les ressens encore."
Elle commence le piano dès lâge de cinq ans... en
douceur d'après ses souvenirs : "Je n'ai gardé
aucune impression désagréable ni de contrainte liées
au piano, je garde un souvenir ému de mes professeurs d'alors,
madame Leblois puis madame Portais à Tours. Avec cette dernière
nous avons commencé à travailler de petits morceaux, elle
savait très bien expliquer la position de la main, la voûte
qui doit être bien formée et solide, sans raideur cependant,
et les doigts qui chantent..."
Elle est ensuite lélève de Madame Paule Grimaldi..."Paule
Grimaldi, une merveilleuse musicienne, pianiste (elle avait travaillé
avec Marcel Ciampi) et chanteuse.
Ce que je lui dois, je le mesure encore aujourd'hui, lorsque je travaille
et me rends compte que je puise dans ce qu'elle m'a appris... Elle me
faisait souvent travailler du Bach, les petits Préludes, et elle
avait l'art de faire ressentir à un enfant, par des explications
claires et une sensibilité si fine qu'on ne pouvait pas ne pas
être touché en l'écoutant, la beauté du son,
la nécessité de bien timbrer pour mieux faire chanter
le piano. La plus belle façon d'enseigner, la plus durable, et
qui laisse pour la vie des impressions dont le temps ne diminue pas
l'intensité, c'est peut-être d'abord de toucher l'élève...
Quel bouleversement lorsque l'on commence à comprendre ce qu'est
la vie du son, c'est comme si une brume peu à peu se dissipait...
Et tout cela était enseigné avec une modestie exemplaire."
Par la suite Paule Grimaldi a orientée Delphine Bardin vers Marie-Claude
Equoy.."C'est un autre témoignage de sa modestie et de
son désintéressement, Marie-Claude Equoy était
alors l'assistante de Dominique Merlet au CNSM de Paris. J'ai beaucoup
appris de son enseignement exigeant et structuré, et c'est elle
qui m'a donné ma première pièce de Fauré.
L'Improvisation, tirée des Pièces brèves. J' ai
eu bien du mal avec le rythme ! Mais l'élan fauréen
me touchait profondément, cela n'a pas changé... "
En 1989, Delphine Bardin entre au Conservatoire National Supérieur
de Musique de Paris dans la classe de Théodor Paraskivesco, puis
en cycle de perfectionnement dans la classe de Pierre-Laurent Aimard
pour le piano et de Christian Ivaldi pour la musique de chambre : "Avec
Pierre-Laurent Aimard nous avons surtout abordé le répertoire
classique et romantique, il venait de quitter l'ensemble intercontemporain
et je crois qu'il était très heureux de faire étudier
d'autres musiques ; il m'a donné des cours sur des Sonates
de Mozart, des oeuvres de Schumann ou de Liszt, en les jouant et les
expliquant avec l'intelligence supérieure qui est la sienne,
et avec une fraîcheur dont je me rappelle avec émotion.
Je lui dois aussi plusieurs concerts pour lesquels il avait eu la gentillesse
de me recommander."
Finaliste au deuxième Concours International de Piano d'Orléans
en mars 1996, Delphine Bardin également obtient la Bourse Yvonne
Lefébure, puis le Second Prix au Concours International de Porto,
ainsi que le Prix Spécial pour la meilleure interprétation
de la sonate de Beethoven. Le Prix Clara Haskil 1997, le Prix Bunkamura
en 1999 ; elle est lauréate de la Fondation Natexis en 1999,
"Rising Star "2001/2002 ... "La Bourse Yvonne Lefébure,
qui m'a été décernée à la suite du
concours d'Orléans piano 20e siècle m'a tout particulièrement
aidée : cette bourse m'a permis d'acquérir un instrument
à moi, je n'oublierai jamais la confiance et la générosité
dont j'ai bénéficié alors. Et bien sûr, le
Prix Clara Haskil, qui donne de nombreux engagements les années
qui suivent, en Suisse, au Canada, en Allemagne, et en France, a beaucoup
compté pour moi aussi."
En
2004, Delphine Bardin a enregistré deux CD : chez le label Claves
: Mozart/Schumann avec l'Orchestre de Chambre de Lausanne et pour le
label "Ambroisie" des mélodies françaises avec
la soprano canadienne Hélène Guilmette..."Le concerto
de Mozart avec Jesus Lopez-Cobos a été enregistré
pendant le concours Clara Haskil, au Théâtre de Vevey où
avait souvent joué cette artiste incomparable. Je garde de ces
journées un souvenir lumineux parce qu'il était émouvant
de se trouver dans cette ville qui a accueilli Clara Haskil comme nulle
autre, à cette époque vivait encore Michel Rossier, grâce
auquel sa carrière s'est développée (voir l'admirable
biographie de Clara Haskil par Jérôme Spicket !).
Tout cela donnait une gravité et une lumière particulière
à ces moments... Je garde un souvenir de ce concerto très
proche de la musique de chambre, ce qui me fait regretter de ne plus
avoir joué avec ce chef et cet orchestre par la suite. Avec Hélène
Guilmette j'ai eu la chance de jouer plusieurs fois après notre
enregistrement, qui lui s'est passé en studio, dans les excellentes
conditions de l'auditorium Tibor Varga à Sion. Il n'est pas facile
mais si instructif de s'écouter, tous les défauts nous
apparaissent comme à la loupe et pourtant ce travail de recherche
est passionnant ; à deux musiciens c'est encore plus complexe,
car certaines prises conviennent à l'autre qui ne nous conviennent
pas, et il faut trouver un équilibre. Grâce à
Hélène Guilmette, j'ai découvert la musique de
Reynaldo Hahn, dont la poésie et la pureté sont les
impressions que je garde de ces séances d'enregistrement."
Delphine Bardin vient d'enregistrer un nouveau disque cette année
: 13 Barcarolles de Gabriel Fauré (Label Alpha). qui a obtenu
un Diapason dOr.
Delphine Bardin sest produite dans des Festivals tels que le
Klavier Festival de la Ruhr, les journées Mozart-Messiaen à
Vevey, le Festival des Arcs... Interrogée sur son meilleur souvenir
de concert elle confie : "L'un de mes meilleurs souvenirs de
concert, est celui ou plutôt ceux d'une tournée avec l'orchestre
suisse des jeunes, où nous avions joué six ou sept fois
le concerto en Sol de Ravel, dans diverses très belles salles
de Suisse. Il y a eu auparavant une semaine de répétition,
c'était au printemps, et tout, les paysages ,la haute qualité
des lieux de concerts et des publics, le son et la chaleur de ce remarquable
orchestre, cela m'a laissé d'inoubliables souvenirs. Il y a bien
sûr d'autres souvenirs, un certains nombre amusants ou cocasses,
surtout de tournée en musique de chambre. Un souvenir très
intense est également celui des concerts de Partage pour des
enfants hospitalisés, organisés par Pro Musicis... Alors
il n'y a rien que l'essentiel: des enfants, qui écoutent,
et avec un tel art, un tel rayonnement, et la musique qu'on essaie de
transmettre. Sans rien d'autre d'inutile ou de superflu, et la musique
peut alors avec bonheur accomplir sa vraie fonction, qui est très
simple : être écoutée..."
Son répertoire, son interprétation...
Delphine
Bardin considère son répertoire comme classique et romantique,
même si, à une période, elle a souvent joué
de la musique contemporaine... 'J'ai par exemple passé plusieurs
mois en compagnie presque exclusive de la très vaste sonate de
Jean Barraqué ! Je suis ouverte à toute période
et le travail avec des compositeurs vivants est irremplaçable,
mais pour le moment mes goûts me portent plutôt vers les
musiques plus anciennes...
Bach nous accompagne toute la vie, c'est l'un des premiers grands compositeurs
que l'on découvre au travers des Petits préludes ou du
petit livre d'Anna Magdalena Bach, et c'est peut-être l'un des
derniers que nous pouvons encore jouer ! Mais je ne suis évidemment
pas la seule musicienne à commencer une journée de travail
avec Bach... et matin après matin, autant de fois qu'on rejoue
un petit prélude, ou les merveilleuses Suites françaises,
on a une impression de renouveau ,de fraîcheur... Bach est si
complet, pour la mémoire, l'imagination, la clarté de
la pensée et des doigts... cette musique est tout simplement
merveilleuse. "
Elle avoue aussi avoir une tendresse particulière pour Haydn
:" Sa richesse d'invention, la noblesse en même temps
que la fraîcheur, sont prodigieuses, le grand musicologue Harry
Hallbreich en parle d'une façon très belle dans un texte
consacré aux Trios avec piano, dont il dit qu'ils annoncent déjà
Schubert."
Mais de nombreux autres compositeurs les rejoignent dans son répertoire
:" Fauré est l'un de nos plus grands compositeurs français,
et qui me touche profondément, depuis la première pièce,
l'Improvisation, travaillée lorsque j'étais enfant. Schumann...est
comme Fauré ou comme Bach, bien présent depuis l'enfance,
si aimé. On n'en finit pas d'écouter toutes ces voix qui
chantent ensemble, cette polyphonie si riche. Les concertos de Mozart
m'ont aussi toujours beaucoup touchée. Il est vraiment extraordinaire
de penser que trois génies tels que Schumann, Chopin, Brahms,
ont une écriture pianistique si différente et si personnelle,
et que le piano puisse sonner de façons aussi caractérisée
pour chacun, cela montre aussi la richesse infinie du piano. Pour le
20e siècle, j'ai, en dehors des compositeurs français,
une admiration particulière pour Szymanowski, dont les Mazurkas,études
et Préludes, sont des oeuvres d'une intensité et d'une
beauté profondes"
Interrogée sur sa façon de travailler, Delphine Bardin
explique : " Je procède probablement comme la plupart
des musiciens, il n'y a pas des dizaines de façons de travailler
une nouvelle oeuvre au début : d'abord j'essaie de la lire pour
avoir une impression d'ensemble, ensuite il faut l'apprendre, déchiffrer
en détail, réfléchir sur les tempi, sur les pédales,
certains doigtés délicats... parfois on ne parvient pas
à retenir par coeur un passage parce que le doigté est
mauvais ou inapproprié à notre main. Il est utile aussi
d'employer le métronome, dans les oeuvres classiques il est toujours
intéressant de chercher un rapport de tempo cohérent entre
les différents thèmes, parfois on se rend compte qu'on
presse ou qu'on ralentit, de façon purement arbitraire. Ce travail
de prise de conscience d'un tempo est utile, aussi bien seul qu'en musique
de chambre. Mais bien sûr, il faut l'oublier ensuite ! Il
est difficile de séparer tout cela car plusieurs choses peuvent
se faire à la fois, c'est comme tresser un filet en commençant
à différents endroits, ce n'est pas facile de décrire
cela... Et puis surtout le temps agit sur la préparation, et
certaines choses que l'on voit, des paysages, des impressions, le jeu
de grands artistes, même dans d'autres oeuvres... Rilke dans une
des lettres à un jeune poète l'explique d'une façon
si vraie et belle, cela concerne le travail de l'écrivain et
donc du créateur, mais pour les interprètes la démarche
artistique doit être aussi intense. Pour les compositeurs qu'on
ne connaît pas, il est bien sûr utile de chercher un peu
à lire sur leur vie, pour essayer de mettre un paysage, une atmosphère,
autour d'eux... sans forcément s'attacher à des anecdotes
ou à des recherches précises et analytiques sur les oeuvres...
bien sûr cette recherche est valable aussi pour les compositeurs
plus familiers ! C'est de toute façon un plaisir de lire
et relire certains textes ou lettres de Schumann, ou bien les si beaux
écrits d'Olivier Messiaen sur les concertos de Mozart...
Pour
n'importe quel compositeur, il me semble qu'il est essentiel d'écouter
les oeuvres consacrées à la voix ; par exemple, il est
impensable de jouer Schubert, Schumann, Brahms, Fauré...sans
avoir jamais écouté leurs lied ou mélodies.
Il est des personnalités artistiques auxquelles on revient régulièrement,
et qui nous "accompagnent" dans notre recherche : Clara
Haskil et Wilhem Kempff me touchent particulièrement, depuis
bien longtemps, leur jeu bien sûr mais aussi leur façon
de voir la musique, les textes de Kempff sur Schumann, par exemple,
sont d'une pureté et d'une intériorité qui me sont
très émouvantes. Une autre personnalité m'est très
chère, c'est celle ,sans doute pas assez connue en France,mais
digne de la plus grande admiration, de Georges Enesco. Il est fascinant
de constater la grandeur et les facettes de son génie, aussi
bien comme compositeur que comme chef d'orchestre, violoniste et pianiste...
mais également pédagogue, ou plutôt inspirateur
d'artistes comme Menuhin ou le Quatuor Amadeus. Très proche du
folklore et de la nature roumaines, très proche aussi des compositeurs
français (Fauré par exemple), doué d'une mémoire
phénoménale,qui faisait l'admiration de Bartok,et de plus
doté d'une personnalité d'une noblesse et d'une humilité
remarquables, Enesco est certainement l'un des musiciens les plus complets
qui aient jamais existé, et de plus une personnalité extrêmement
attachante et belle."
Quant à l'interprétation ...:"J'aimerais d'abord
ne plus faire d'erreurs de lecture... jouer tout simplement ce qui est
écrit, sans erreurs d'altérations et avec les indications
du compositeur, est déjà si difficile... Ce qui me semble
important sinon, c'est de ne jamais oublier que l'interprète
est un passeur, qui, d'une rive à l'autre, du compositeur à
l'auditeur, transporte un trésor vivant plus important que lui-même.
Et ses idées sur la musique et sur l'interprétation, idées
forgées au fil des années par la connaissance des styles
et par le travail, l'interprète devrait y tenir davantage qu'à
sa petite personne, lorsque c'est le contraire, l'interprétation
ne sonne pas vraie ! Si l'on joue par exemple un passage d'une
telle façon parce qu'on l'a déjà entendu ainsi
et qu'on ne veut ni ne peut y réfléchir davantage, ou
parce qu'on pense que cela fera plus d'effet, ou pour faire plaisir
à ses partenaires, à quoi bon ?
Ce qui ne fait pas partie intimement de nous-même ne peut être
exprimé, n'a pas de raison d'être.
Mais en même temps, nous avons toujours des questionnements, des
doutes, par rapport à l'interprétation, comment interpréter
par exemple une indication aussi vague et précise à la
fois, qu'Allegro Moderato au début d'une Sonate ? Comment
faire pour les partitions (Bach) où ne figurent aucune indication
ou presque,de dynamique ? Ne devrait-on pas mettre moins de pédale
dans un tel passage, si rien n'est indiqué ? En musique
de chambre, avec de vrais partenaires, ces recherches sont passionnantes
et enrichissantes, et tout seul ce n'est pas mal non plus ! Il
faudrait inventer un mot qui exprime à la fois la liberté
(car c'est porté par ce sentiment que le jeu prend vie), et fidélité,
pour définir vraiment le rôle de l'interprète..."
Delphine Bardin a aussi eu souvent l'occasion de jouer avec un orchestre...."En
dehors de l'orchestre de Lausanne, j'ai des souvenirs marquants de l'orchestre
de chambre de Vienne, l'orchestre de la radio de Stuttgart, le Philharmonique
de Tokyo, et aussi l'orchestre de Ribeaupierre, à Vevey, qui
est un orchestre amateur de grande qualité, dirigé par
un chef professionnel. Il m'est difficile de dire ce que, du récital
ou du concert avec orchestre, je préfère, car tout dépend
de l'orchestre, de l'acoustique , du concerto, du contact avec le chef
d'orchestre... Jouer un concerto de Mozart avec un bel orchestre reste
une expérience unique, mais le répertoire de récital
est d'une telle richesse... je n'arrive pas à donner une préférence
à l'un ou à l'autre ; jouer en musique de chambre
avec des partenaires avec lesquels on se comprend, est aussi une expérience
unique, qu'on ne peut comparer à aucune autre."
La
musique de chambre tient une place très importante dans son activité
. "Avec la violoncelliste Maryse Castello et le violoniste Arno
Madoni, nous avons formé le Trio Pilgrim il y a trois ans et
travaillons le répertoire avec un égal bonheur, ce sont
de merveilleux musiciens très engagés dans notre travail,
et il est indispensable de jouer pour d'autres interprètes qui
vous disent ce qu'ils pensent, et pour qui vos faiblesses ne sont pas
cachées. Je joue assez régulièrement avec Ophélie
Gaillard depuis des années, et Sarah Louvion, flûte solo
à l'opéra de Francfort, elle a d'ailleurs réalisé
l'an dernier un magnifique disque de musique française, dont
hélas on n'a guère parlé en France... Je joue aussi
en duo avec la violoniste Elsa Grether, nous avons été
récompensée par le Prix Pro Musicis en 2009."
Son activité est d'ailleurs pour le moment consacrée
presque essentiellement à la musique de chambre, qui lui est
très chère mais l'idéal, pour Delphine Bardin,
serait de pouvoir mener une activité soliste à part égale
de la musique de chambre, car elle considère que ces deux répertoires
se complètent bien...."Ce n'est pas mon choix d'avoir
une activité de récital si réduite, bien que par
mon comportement peu approprié j'en sois un peu responsable !
Je veux dire par là que je n'ai jamais compris, ni surtout pu
adhérer, à ce système de copinage et d'échange
qui ouvre bien des portes dans des festivals... et je n'aime pas l'atmosphère
de certains festivals où des artistes qui ne se sont jamais rencontrés
avant, bricolent en une répétition un quatuor ou une sonate
avec un sérieux discutable, et de plus s'en montrent satisfaits.
Il est déjà si difficile de servir la musique fidèlement
(que de fois je constate avec tristesse, que j'ai fait, par exemple,
des erreurs de lecture, irréparables dans les enregistrements),
comment prétendre préparer en plus des concerts dans de
telles conditions ? L'art de faire semblant d'apprécier
certains organisateurs ou certains musiciens, dans le but d'être
engagée par la suite, me fait totalement défaut."
A part la musique classique, Delphine Bardin aime écouter parfois
le jazz : "La musique classique est un monde déjà
si vaste en lui-même qu'on n'en voit jamais les limites, je connais
peu le jazz mais j'aime par exemple le son si raffiné de Bill
Evans et ses enregistrements en trio, je me souviens d'un concert magnifique
avec le pianiste et chanteur Freddy Cole, dans un Festival de jazz,
j'ai tellement aimé que je suis retournée l'écouter
deux jours après dans un autre lieu de concerts ! J'ai été
émerveillée par sa liberté, par l'impression de
vérité que donnait son jeu et aussi sa personne si lumineuse."
D'autres arts l'intéressent également ..."La
littérature a inspiré tant de compositeurs, il me semble
très intéressant par exemple d'essayer de se procurer
quelques écrits de Jean-Paul Richter, qui inspira tant Schumann,
je ne lis malheureusement pas l'allemand mais même en français
on peut se rendre compte de la fraternité artistique de ces deux
artistes, à la fantaisie et à l'imagination si vivantes."
Et un autre centre d'intérêt lui est très précieux..."Il
est lié aussi à la musique : la nature. C'est une source
inépuisable de joie, d'inspiration. Comme la musique, elle est
un univers sans limites, dont la beauté et la variété
nous accompagnent toute la vie, un peu à la manière de
Bach, comme une fraîcheur toujours renouvelée ! Plus
qu'une source d'inspiration, la nature était pour certains compositeurs
un vrai besoin, je pense à Beethoven ou à Brahms par exemple,
mais je crois que presque tous, plus ou moins, ont des liens très
forts avec la nature."
Des intérêts que l'on retrouve d'ailleurs dans sa réponse
à la question de savoir si elle a envisagé dans sa jeunesse
une autre activité : "Je n'ai jamais envisagé
sérieusement de faire un autre métier que pianiste, depuis
l'enfance c'est ce que j'avais profondément envie de faire. Je
n'ai aucune idée de ce que j'aurais pu faire d'autre, dans une
autre vie j'aimerais peut-être faire des livres pour enfants,
ou bien du jardinage, ces deux métiers me semblent si beaux et
sont finalement proches de musicien, on doit essayer de cultiver et
de servir quelque chose de beau qui vous est confié, et de faire
rêver."
Ecouter...
La sélection de pianobleu.com
Disque du moment
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Gabriel Fauré(1845-1924)
Barcarolles
Delphine Bardin
S'il est une page de compositeur qui fait grandement défaut
sur pianobleu.com c'est une consacrée au compositeur Gabriel
Fauré, cela fait pourtant partie des projets depuis plus
de ... huit ans, ce très beau disque que Delphine Bardin
avait quant à elle depuis plus de dix ans le souhait d'enregistrer
vient (encore) rappeler la nécessité d'en réaliser
une...
"Un peu avant celle de Debussy, l'oeuvre pianistique de
Fauré constitue le plus important corpus dédié
au clavier au terme d'un XIXème siècle français
assez pauvre en la matière" indique Nicolas Southon
auteur d'une partie du livret, quant à Delphine Bardin
dont on peut mesurer la grande admiration qu'elle porte à
ce compositeur dans les réponses qu'elles a bien voulu
donner (voir ci-dessous), elle cite également dans le livret
une phrase du propre fils de Gabriel Fauré qui montre l'importance
de son oeuvre :"Des valeurs tendres ou pathétiques,
lumineuses, aériennes, qui sont de la vie à l'état
pur, l'oeuvre de Fauré n'est que cela- qui est tout."
S'il a déjà été présenté
sur pianobleu.com trois disques des "Nocturnes"
de Fauré, les "Barcarolles" font leur
première apparition sur le site, elles sont au nombre
de treize comme les Nocturnes et leur composition s'étendit
aussi sur ce qui est généralement présenté
comme ses trois périodes créatrices distinctes de
1881 à 1921. Et c'est aussi un immense plaisir que de réaliser
grâce à cette musique "pleine d'élans"
ce beau voyage riche en émotions auquel nous convie Delphine
Bardin dont le disque, paru chez le label Alpha, a d'ailleurs
été récompensée d'un Diapason d'or.
Vous pourrez écouter, une "étape majeure"
de ce voyage : la cinquième Barcarolle, une pièce
particulièrement agitée mais vraiment splendide !...cliquez
ici pour lire la suite et écouter la cinquième
Barcarolle
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Sélection du mois
avril 2005
piano-voix
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Hélène Guilmette- Delphine Bardin
Airs chantés
Récital sur des textes de Daudet, Anouilh, Eluard, Verlaine
Reynaldo Hahn -Francis Poulenc - Lionel Daunais
Ce mois-ci c'est un disque lyrique qui est sélectionné,
un disque qui montre particulièrement que cette musique
est aussi une musique de jeunes, par ses interprètes.
La jeune soprano québécoise Hélène
Guilmette, diplômée de l'Université de Laval(Québec)
a obtenu en février 2002 le troisième prix au concours
international "Voix Nouvelles" à Paris, et remporté
le deuxième prix au Concours Reine Élisabeth de
Belgique à Bruxelles en 2004.
Francophone, Hélène Guilmette propose ici un répertoire
de sa langue d'origine. Si Reynaldo Hahn (1874-1947) est réputé
pour ses mélodies accompagnées au piano (il en a
composé plus 125) ainsi que Francis Poulenc (1899-1963)
qui en a écrit 137 , on connaît moins en France Lionel
Daunais, baryton, compositeur, parolier québécois
(1902-1982) qui a écrit d'une centaine de mélodies
pour voix et piano.
Hélène Guilmette est accompagnée au piano
par la pianiste française Delphine Bardin, qui après
des études au Conservatoire National Supérieur de
Musique de PARIS a obtenu nombreux prix, dont le premier prix
du concours Clara Haskil en 1997. Le piano est très présent
par son jeu remarquablement nuancé. Elle donne une réponse
dynamique au chant clair de Hélène Guilmette , toute
la saveur de ses mélodies n'en est que plus appréciable.
Cliquez sur l'image pour écouter des extraits et vous
procurer ce disque.
|
En savoir plus
visitez le site internet de Delphine Bardin...cliquez
ici et celui du Trio Pilgrim...cliquez
ici
© pianobleu.com ---- contact : -
Agnès Jourdain
|
Retrouvez une information sur
le site Piano bleu
Suivez pianobleu.com
le site des amateurs
de piano
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