Merci à Cristina Ortiz d'avoir répondu aux questions de
Piano bleu pour la réalisation de cette page.
Biographie résumée
Cristina Ortiz est né à Salvador (Bahia) le 17 avril 1950.
Dès sa jeune enfance elle a baigné dans un univers musical
car son père était un grand amateur de piano : "Bien
que mon papa ait toujours voulu être un chef d'orchestre et avait
étudié le piano, il a poursuivi la profession d'ingénieur
civil (en pétrole); tous les soirs avant dîner, afin de se
détendre il jouait du Jazz, de la samba, ou des chansons populaires,
en arrivant de son travail" , et dès l'âge de deux
ans, Cristina Ortiz montait sur la banquette du Bechstein 1/2 queue, qu'il
y avait dans le salon, pour 'pianoter' ce qu'elle entendait. À
l'âge de 4 ans, ses parents ont décidé qu'il fallait
la faire étudier avec un professeur : "Je passais des jours
entiers au piano à jouer d'oreille tout-ce que je comprenais comme
son .. et c'est là qu'on a trouvé la merveilleuse Dirce
Bauer, soeur d'un collègue à papa (qui travaillait à
la PETROBRÁS, d'abord à Bahia et puis à Rio)".
A l'âge de quinze ans, elle part pour Paris afin de travailler
auprès de Magda Tagliaferro, après avoir gagné le
Concours National de l'année dont le Prix était une Bourse
d'études à Paris, offerte par le Gouvernement Français,
" Magda Tagliaferro venait de donner des Master Classes à
Rio où j'ai participé, c'est avec elle que je voulais travailler
!" .
En 1969, elle devient la première femme, et la plus jeune artiste,
à remporter le concours Van Cliburn au Texas, elle poursuit ses
études : "loin d'être prête pour une carrière
internationale, je voulais continuer mes études. Le fait d'avoir
vaincu le Cliburn m'a plutôt servi comme carte de visite, quand
j'ai voulu jouer pour Serkin, qui m'a acceptée comme son élève
au Curtis Institute, cette même année-là, en 1969."
Avec lui, elle a appris à garder le plus grand respect pour le
compositeur, son language et surtout sa partition(comme à une bible):"
Ne jamais changer quoique ce soit ou ajouter, des octaves par exemple.
Être près de Rudolf Serkin, c'était de la pure inspiration,
et les deux fois où il m'a invité à participer à
son merveilleux Festival de Marlboro, en Vermont, c'était pour
moi une réelle joie : le plaisir de faire de la Musique avec amour,
beaucoup de travail pour y arriver mais surtout, pour un ultérieur
amusement intérieur, qui s'extériorise par des concerts !".
Ses débuts aux Etats-Unis ont lieu en 1971. Une brillante carrière
internationale s'offre à elle. Sollicitée par les plus grandes
salles de concerts mondiales, elle se produit avec les orchestres philharmoniques
de Berlin, Vienne, New York, Prague et Londres, l'Orchestre du Concertgebouw
d'Amsterdam, l'Orchestre de Cleveland ou encore l'Orchestre symphonique
de Chicago, sous la direction de grands chefs d'orchestre. Autant de concerts
et de voyages, qui même s'ils ont été parfois fatigants
lui ont donné "Le plaisir de donner du plaisir, n'importe
où ou pour n'importe qui, et ça vaut le coup. Jouer dans
un Concertgebouw, un Rudolphinum, , une Sala São Paulo ou un Festival
Hall peut être magique bien sûr - spécialement quand
j'ai dû diriger le Prague Chamber dans un Concert de Mendelssohn
Orchestra dans le Musikverrein - je ne crois toujours pas que je l'ai
fait ! C'était une espèce de couronnement de mes possibilités
musicales! Un comble de plaisir - oublié par tous, peut-être,
mais pas moi !".
Parallèllement à son activité de concertiste,
Cristina Ortiz enseigne avec le plus grand plaisir et explique-t-elle
: "Sans 'cacher-mon-jeu', j'aimerais que tout le monde puisse
jouer aussi bien que possible. Donc pas question de ne pas révéler
des secrets, si j'en connais quelques uns... par exemple l'usage de la
pédale à quoi je me spécialise avec passion. Mais
comme je n'aime pas la routine -- "never say never"--et si je
peux choisir, je ne ferai jamais partie d'une Institution". Il lui est arrivé parfois d'être membre de jury, mais
la lecture de son journal montre qu'elle ne partage pas toujours l'avis
des autres membres. Ainsi elle se révolte contre l'exclusion d'un
"futur Richter" : "je l'annoncerai bientôt ...
" répond-elle à l'interrogation pour en savoir
un peu plus, ajoutant "Et parlerai aussi de Amir Tebenikhin, un
jeune pianiste qui mérite déjà, d'avoir une grande
carrière ..."
Cristina Ortiz, adore prendre des risques mais il est vrai qu'elle ne
manque pas d'assurance ! Ainsi dernièrement elle a remplacé
Hélène Grimaud au festival de la Chaise-Dieu, elle confie
:"Le fait que je suis en train de 'sauver le jour' à quelqu'un,
d'habitude l'organisateur, me donne un élan de plus et me transforme
en héroïne pendant ces précieux moments-là !
Et puis quand on sait que l'on peut offrir beaucoup musicalement, alors
là, à la bonne heure : j'arrive ! ". Ses talents
musicaux font que nombreux sont les organisateurs à l'appeler "au
secours", pour cette raison , on peut lire dans le journal qu'elle
tient sur son site internet l'amusante expression "SOS Ortiz"
qui lui est venu à l'esprit en créant ce journal.
En décembre elle jouera un récital à quatre mains
avec Radu Lupu : "Je connais Radu depuis l'âge de 17 ans
et l'ai toujours adoré musicalement, spécialement quand
il m'a aidé à mieux préparer quelques morceaux pendant
le concours de Cliburn ; et récemment à la suite d'un de
mes caprices où j'ai communiqué avoir ce rêve jamais
réalisé, François Querre des Grandes Heures de St
Émilion s'en est occupé: le 21 Décembre , Radu et
moi partageons une première partie de musique française
en solo, et une 2e partie de Schubert à 4-mains, au Château
Fombrauge, à St. Émilion. Ça sera très émouvant,
rien que pour moi !" . Hormis ce concert à venir, Cristina
Ortiz regrette de ne pas jouer plus souvent en France : "je n'ai
pas eu l'opportunité d'avoir en France la carrière que je
crois mériter... Qui sait, après le succès de Chaise-Dieu,
ça va venir ? Il y a le temps pour tout dans la vie, même
quand on n'attend plus. Ça me ferait vraiment plaisir. "
Son répertoire
Sa curiosité musicale l'a conduite à se forger un répertoire
riche et éclectique, qu'elle aime à partager en concert
aussi bien qu'au disque. Des oeuvres rares de Stenhammar, Waxman, Bernstein
et Clara Schumann complètent une discographie riche en monuments
du grand répertoire (Beethoven, Mozart, Brahms...). Ses influences
brésiliennes rejaillissent sur la programmation. Cest ainsi
quelle a enregistré un répertoire comprenant les cinq
concertos pour piano de Villa Lobos (Decca).
Cristina Ortiz interprète tant les concertos, que la musique de
chambre ou les oeuvres de récitals : "La musique de chambre,
je la fais en 'grande échelle', en jouant des Concertos avec des
différents orchestres, c'est ma façon de travailler -- quelques
chefs s'en fichent et ne s'y intéressent pas -- mais récemment
les récitals me sont plus importants puisque je crois avoir beaucoup
plus à offrir que dans ma jeunesse. Et les compositeurs , je fais
ce que j'aime, rien que ce que j'aime !"
Quant à la question de savoir quels sont ses autres centres d'intérêts
et s'ils lui sont utiles pour l'interprétation, Cristina Ortiz
confie : "Je vis, surtout. Mais je crois que la souffrance et
la solitude comme celles que j'éprouve depuis quelques temps, peuvent
provoquer une forte réaction dans la vie proféssionelle
! Et c'est là que tout-ce qu'on a de plus important à offrir
doit émerger, si c'est assez important ! "
Parmi ses projets, l'enregistrement de la musique Brésilienne
pour INTRADA en France la ravie : "j'espère que finalement
Lorenzo Fernandez et Fructuoso Vianna, deux compositeurs dont j'ai toujours
aimé la musique et essayé de faire connaître en jouant
un peu partout, auront finalement leur vraie chance de renommée
! "
Ecouter...
La sélection de Piano bleu....
Alma Brasileira
Cristina Ortiz
"L Année du Brésil" en France est,
selon le site officiel de cette célébration, l'occasion
de montrer aujourd'hui, dans toute la France, un Brésil
à la fois savant et populaire, qui réunisse de grandes
batucadas, la capoeira, mais aussi la musique classique et baroque
sans oublier le rôle majeur qua pu jouer la musique
populaire dans la connaissance du Brésil...
Ce disque de Cristina Ortiz, accompagné d'un livret très
explicite, est un excellent moyen de faire connaissance avec les
compositeurs brésiliens du début du 20ème
siècle ayant écrit pour votre instrument favori
: le piano. Il permet de découvrir un style original, né
de l'ouverture à la musique savante grâce à
des échanges culturelles avec l'Europe, essentiellement
lors des trois dernières décennies du 19ème
siècle.
Si le compositeur Heitor Villa-Lobos(1887-1959) qui fit
deux séjours à Paris est bien connu depuis un certain
nombre d'années, grâce notamment au pianiste Arthur
Rubinstein, qui en fut un ardent défenseur, et à
de nombreux autres interprètes dont Cristina Ortiz qui
a enregistré ici deux pièces représentatives
de ses compositions les plus mélancoliques, les quatre
autres compositeurs sont beaucoup moins, pour ne pas dire pas
du tout, connus du public français. Ainsi Alberto Nepomuceno(1864-1920),
originaire de Fortaleza et qui acquit lors de sept années
d'études en Europe une solide maîtrise musicale à
Rome, Berlin et Paris( vous pouvez en
écouter une pièce(Galhofeira) offerte par Cristina
Ortiz et le label Intrada
, pour écouter cette pièce utilisez le lecteur ci-dessous,
cliquez sur le triangle
Nul doute qu'elle vous fera forte impression tout comme elle le
fit en son temps à Darius Milhaud.
Les trois autres compositeurs présentés :
Fructuoso Vianna(1896-1976), Oscar Lorenzo Fernandez(1897-1948)
et Mozart Camargo Guarneieri(1907-1993), "ingurgitèrent"
les influences étrangères pour nourrir ce nouveau-né
qu'était l'art brésilien ; à refuser l'académisme
et à transformer le savoir-faire acquis dans les conservatoires
européens en une musique nationale". Cristina
Ortiz qui a gagné à cinq reprises le concours Lorenzo
Fernandez, en a choisi les trois "Suite Brasileira"(
dont la deuxième contribua qu'elle présenta en finale
du concours Van Cliburn en 1969, où elle remporta le premier
prix) et les trois études en forme de sonatine, afin de
permettre d'apprécier les variétés de caractères
et de rythmes de ses oeuvres. Le titre (et la mélodie)
de l'oeuvre, que Fructuoso Vianna a dédié
à Cristina Ortiz montre combien la culture européenne
est intégrée : "Schummanniana". Celle-ci
et les huit autres pièces de ce compositeur présentes
sur ce disque ravissent toutes, par leur poésie. Les deux
pièces de Mozart Carmago Guarnieri, "Dansa
Negra" et "Dansa Brasileira", sont plus proches
du folklore national mais leurs rythmes complexes en font des
oeuvres très sophistiquées également fort
plaisantes. Cristina Ortiz, souvent récompensée
pour ses interprétations d'oeuvres de ces compositeurs
de son pays natal, offre ici avec une grande virtuosité
et sensibilité, un très beau panorama du piano brésilien.
Ces 27 pièces qu'elle a choisies pour souligner le côté
rêveur, passionné , nostalgique du caractère
brésilien donnent envie de poursuivre la découverte
des oeuvres de tous ces compositeurs ...mais commencez par cliquez
ici ou sur l'image pour en écouter d'autres courts
extraits et vous procurer ce disque riche en couleurs musicales
et graphiques !
Heitor Villa-lobos
The 5 Piano Concertos
Cristina Ortiz & Miguel Gomez-Martinez
Ce coffret de 2 CD regroupe les cinq concertos de Heitor Villa-Lobos,
évoqués dans le paragraphe "Son répertoire".
Cliquez sur l'image pour en écouter des extraits et/ou
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Ortiz cliquez
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