Franz Liszt (1811-1886)
Tristia, transcription de la Vallée d'Obermann pour piano, violon
et violoncelle
Die Zelle in Nonnenwerth pour violon et piano
Romance Oubliée, pour piano et violon
Elégie n°1, pour violoncelle et piano
Elégie n°2, pour violon et piano
La lugubre gondole( "Elégie n°3) pour violoncelle et
piano
Bedrich Smetana (1824-1884)
Trio pour piano, violon et violoncelle op.15
Jean-Marc Philips Varjabédian, violon
Raphaël Pidoux, violoncelle
Vincent Coq, piano
Le Trio Wanderer se place dans le registre élégiaque
afin de nous faire découvrir la musique de chambre de Franz Liszt,
ce qui peut certes paraître une musique un peu... triste alors
que débutent les festivités du bicentenaire du compositeur
mais registre dans lequel celui-ci a composé ses plus belles
oeuvres de musique de chambre, comme l'explique le pianiste Vincent
Coq à l'occasion d'un nouvel entretien pour la sortie de
ce disque. Les oeuvres de musique de chambre de Liszt sont d'ailleurs
relativement rares en comparaison au nombre d'oeuvres pour piano seul
et le Trio Wanderer a choisi de l'associer avec un compositeur qui s'exprime
aussi magnifiquement dans ce registre élégiaque et dont
d'ailleurs Liszt fût le seul à admirer le trio op.15 ce
que l'on a peine à croire aujourd'hui...
Le deuil et la commémoration des morts s'inscrivaient parmi les
sujets préférés des romantiques explique Jan Wolfrum
auteur du livret, ainsi dans la marche funèbre et une de ses
variantes les plus intimes l'élégie :" pleine
de tristesse et de nostalgie, elle révèle des sentiments
plus personnels, en alliant l'idée fixe de la mort à des
évocations de souvenirs rayonnants, et parvient ainsi à
des contrastes déchirants" . Si toutes les élégies
de Franz Liszt sont des duos piano avec violon ou violoncelle, le seul
trio composé par Liszt "Tristia" où se
mêlent impressions tristes et joyeuses, est la transcription d'une
oeuvre pour piano seul encore plus touchante avec trois instruments.
Celle-ci est tellement splendide qu'il nous fait regretter qu'il n'en
ait écrit d'autres et il est heureux qu'en fait un de ses élèves
l'ait conduit à l'écrire ! Oui... la très poignante
et rayonnante interprétation qu'offre ici le Trio Wanderer devait
absolument être enregistrée, comme ses élégies
et ce disque sort au moment idéal pour faire apprécier
l'oeuvre de musique de chambre de Liszt, même pour célébrer
une naissance car celle-ci est bien sûr l'occasion de redécouvrir
toute l'oeuvre de ce compositeur et les interprètes d'aujourd'hui
sont précisément là pour la faire renaître
et que jamais elle ne meure...
Votre disque qui sort alors que
débute la célébration du bicentenaire de naissance
de Liszt s’inscrit cette fois-ci dans le registre élégiaque,
n’est-ce pas un registre un peu lugubre pour célébrer
une naissance ?
Nous n’avions pas envisagé cela sous cet angle. Nous voulions
enregistrer des œuvres de musique de chambre de Liszt. Or, la majorité
de ces œuvres ont été composées à la
fin de sa vie et elles ont presque toutes un caractère élégiaque,
peut-être parce que lui-même se rapprochait de sa mort.
Les œuvres de musique de chambre de la jeunesse de Liszt sont assez
faibles en fait. Pour un anniversaire, il vaut mieux choisir le meilleur
! Les œuvres présentes sur le disque sont certes très
sombres mais elles sont avant tout sublimes.
Liszt est peu reconnu en tant que compositeur
de musique de chambre parfois même décrié , que
pensez-vous personnellement en tant que pianiste de ses œuvres
de musique de chambre par rapport à celles pour piano seul ?
A l’instar de Chopin, Liszt est un génie du piano qui
a fait évoluer de façon extraordinaire les possibilités
de l’instrument. Il n’a pas du tout la même facilité
avec les cordes. Ses œuvres de jeunesse sont particulièrement
maladroites et acrobatiques (le Grand Duo Concertant par exemple). La
réussite des œuvres présentes dans le disque, tient
avant tout dans le fait qu’elles font appel à l’expression,
au chant, au lyrisme et très peu à la virtuosité,
sauf dans Tristia. Ces œuvres sont courtes, denses et elles vont
directement à l’essentiel
Tristia est d’ailleurs à l’origine
une révision d’un arrangement pour trio de Vallée
d’Oberman par le compositeur danois Edward Lassen…
Tristia est en effet une transcription de la Vallée d’Oberman,
extrait des Années de Pèlerinage pour piano. Au départ,
un élève de Liszt a commencé cette transcription,
puis Liszt l’a reprise à son compte, lui donnant son nouveau
titre ‘Tristia’. Liszt a modifié de nombreux élément.
Il a en outre ajouté une très étrange introduction
et certains ponts harmoniques qui font vaciller la tonalité.
C’est pourquoi, cette transcription est attribuée maintenant
à Liszt et non à Lassen. Cette musique, comme sa version
pour piano seul, est un concentré du romantisme lisztien, une
vision puissante, presque métaphysique de l' affrontement de
l'homme avec les forces de la nature. Du très grand Liszt !
Les autres œuvres de musique de chambre
de Liszt de votre disque ne sont pas des trios mais des duos soit avec
violoncelle soit avec piano, que pensez-vous de ces duos par rapport
au trio habituel ?
Les autres œuvres de Liszt enregistrées sont en effet
des duos pour piano, violon ou piano violoncelle. Il faut noter que
Liszt à cette période à écrit de nombreuses
versions de ces œuvres qu’il devait beaucoup aimer. Il en
a fait 9 de « Die Zelle in Nonnenwerth » au départ
un Lied. (pour piano seul, pour piano violon, piano violoncelle…).
A chaque fois il change quelques éléments dans l’accompagnement,
la pédale ou même dans la mélodie en fonction de
l’instrument. C’était aussi l’occasion de les
jouer entre amis avec les instruments qu’ils avaient à disposition.
Le piano a ici un rôle principalement d’accompagnement, même
si dans les Elégies, il existe un véritable dialogue entre
les instruments. Il n’y a guère que Tristia qui soit réussi
dans le trio avec piano chez Liszt. C’est pourquoi nous avons voulu
ajouter ces duos qui sont magnifiques. Mais je dois dire que nous changeons
souvent de formations même en concert, du duos au sextuor !
Franz Liszt fut le seul à apprécier
le trio de Smetana lorsqu’il en pris connaissance et de son côté
Smetana déclara de Liszt : « il était mon maître,
mon idéal , et certainement un modèle inaccessible »
Trouvez-vous ou non des caractéristiques lisztiennes à
ce trio, en fait composé des années avant que Liszt ne
composa lui-même de la musique de chambre ?
Liszt en effet à beaucoup aimé le trio Smetana, alors
jeune compositeur. Ce qui l’a certainement frappé, c’est
la sincérité des sentiments qui le traverse. Smetana a
écrit cette œuvre à la suite du décès
de fille âgée de quatre ans. Cette œuvre élégiaque
débute par un cri de révolte au violon, puis se poursuit
par diverses évocations des instants passés avec son enfant,
entrecoupés de moments de désespoir, de colère
ou de résignation. L’écriture est passionnée,
quelquefois même excessive. Le piano y est à la fois virtuose
et puissant. On y perçoit bien sûr les accents de musique
populaire tchèque dont Smetana esquissera le renouveau. Liszt
n’a pas du rester insensible à ce romantisme échevelé
et tragique. C’est certainement un des plus belles œuvres
de la musique de Smetana.
Quels sont vos autres projets et prochains concerts
qui vous tiennent le plus à cœur ?
Nous avons beaucoup d’importants projets à venir. Pour
ne parler que du disque, nous allons enregistrer, exceptionnellement
pour Mirare, en compagnie de Claire Désert, un disque consacré
à la musique de chambre de Bruno Mantovani, dont nous avons créé
le trio lors des Folles Journées de Nantes. Et pour 2012, l’année
des 25 ans du Trio Wanderer, nous préparons toujours pour Harmonia
Mundi l’enregistrement de l’intégrale des trios de
Beethoven, pierre angulaire du répertoire du trio avec piano.
Pour écouter Bedrich Smetana
Extrait de l'allegro ma non agitato
Trio Wanderer
avec l'aimable autorisation
du label Harmonia Mundi
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous
Pour écouter
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- Agnès Jourdain
Smetana
Piano Trio - Liszt Elegies
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