Alexandre Scriabine Oeuvres mystiques pour piano Jean Pierre Armengaud

Alexandre Scriabine (1872-1915)
Oeuvres mystiques pour le piano

Quatre pièces op.51
Trois pièces op.52
Deux pièces op.57
Deux poèmes op.63
Sonate n°9 Messe noire
Poèmes op.69 et 71
Cinq préludes op.74
Vers la flamme op.72
Deux danses op.73
Tombeau de Scriabine de Manfred Kelkel

Jean-Pierre Armengaud, piano

Il est désormais inutile de présenter le pianiste Jean-Pierre Armengaud, que vous avez pu découvrir à plusieurs reprises sur ce site internet à l'occasion de la parution de plusieurs disques de musique française, une musique qui a sa préférence avec la musique russe, puisque qu'il a étudié au très renommé conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Et à l'occasion du 100e anniversaire de la mort du compositeur russe Alexandre Scriabine, le label Bayard Musique réédite son magnifique enregistrement des “Œuvres mystiques pour piano” .

Un disque qui annonce le retour de Jean-Pierre Armengaud à la musique russe, ainsi celui-ci confie dans un nouvel entretien, à lire ci-dessous, combien il tient à cet enregistrement qui comporte juste trois nouvelles prises. Le pianiste a multiples projets et déclare avec sagesse : "Je pense qu'il ne faut pas brader tout ce qu'on a fait dans la passé, mais qu'il faut aussi aller de l'avant".
A propos de passé, parmi ses concerts consacrés à Scriabine, il en est un dont le souvenir l'émeut particulièrement : celui donné à Moscou en 1996 pour la réouverture de la maison Scriabine, sur un Steinway rouge vif dont la couleur restituait emblématiquement le souvenir des utopies incendiaires du compositeur !
Sont rassemblées dans cet enregistrement, sous le titre d'"oeuvres mystiques", quelques unes des pièces les plus significatives de la fin de la deuxième période et de la troisième période créatrice de Scriabine - compositeur qu'il n'est pas nécessaire non plus de vous présenter puisque vous avez pu récemment également découvrir un intéressant livre de Jean-Yves Clément à son sujet, à lire si ce n'est déjà fait ! - . Ce titre fait référence au fait qu'à partir de 1903 jusqu'à sa mort prématurée en 1915, Scriabine a développé une pensée et expression musicale d'une très grande originalité ainsi Gérard Gefen, auteur du livret explique :" Il associe à des audaces rythmiques inouïes un langage fondé sur la série des sons harmoniques naturels, assemblés dans ce qu'on appelle l'accord "synthétique" ou encore l'accord "mystique". Il ne faut cependant pas trop s'arrêter sur ce concept, ainsi l'auteur du livret, se référant à son poème "L'acte préalable" et à quelques vers révélateurs notamment "Je suis la liberté, Je suis l'extase" conclut que le compositeur ne demande pas de déchiffrer les significations ésotériques de l'architecture harmonique et métrique extrêmement complexe de ses oeuvres. Celles-ci, visent à nous faire percevoir des correspondances au sens même que Baudelaire donnait un demi siècle plus tôt à ce terme : "
La Nature est un Temple
où de vivants piliers
laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe au travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et la clarté
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent
"
La plupart des pièces de ce disque, qui en comporte au totale 26, sont très courtes, moins de deux minutes, caractéristique de la plupart des oeuvres de Scriabine, elles correspondent souvent à des esquisses pour une oeuvre symphonique jamais réalisée, ce qui ne les empêche pas d'être jugées parfois complexes ainsi l'éditeur . Ainsi Scriabine avait envoyé les quatre pièces de l'opus 51, celui-ci effrayé par leur complexité proposa au musicien de composer plutôt des valses pour 25 roubles pièce ( environ 800€) et elles s'avèrent en fait aussi d'âme poétique de même que les deux autres pièces des opus 52 et 27. Seules quatre oeuvres sont plus longues : le "poème nocturne" opus 61 qui offre multiples visions fantasmagoriques, la sonate n°9 dite "Messe noire", un titre que Scriabine approuvait, lui-même l'ayant qualifié de poème satanique , au climat particulièrement sombre mais on ne doit pas en déduire qu'il la destinait à quelques célébration démoniaque ; le célèbre "poème pour piano " Vers la flamme" l'un des chefs d'oeuvre de Scriabine pour cet instrument ; enfin la quatrième oeuvre plus longue n'est pas de Scriabine mais de Manfred Kelkel , compositeur et musicologue , qui a découvert au cours de ses travaux des esquisses musicales de Scriabine, annotées , dans ' L'acte préalable" .
Jean-Pierre Armengaud nous permet de mesurer cent ans plus tard, par ce parcours quasi chronologique d'oeuvres écrites les huit dernières années de la vie du compositeur, enregistrées dans la Maison Scriabine de Moscou, toute l'âme poétique particulière de ces oeuvres, et sa progression. Une poésie d'une grande force, empreinte d'un idéal mystique, qui nous interroge directement tant par sa douceur que par sa fièvre, voire sa violence, et son étrangeté nous transporte dans un autre univers. Et il nous conduit ainsi peu à peu vers ce curieux "Mystère" cosmique porteur d'un idéal qu'il avait en projet, et dont seuls les deux textes et les esquisses musicales de "L'Acte préalable" sont restés, utilisées dans l'oeuvre de Thomas Kelkel qui conclut ce disque en prolongeant le voyage dans cet univers sans que l'on mesure qu'il ne s'agit plus de Scriabine, et qui au terme de ce voyage de plus d'une heure, et cent ans après la mort du compositeur, nous parait en fait désormais plus familier, sans doute aussi pour avoir inspiré d'autres compositeurs depuis, en les ouvrant à ces nouveaux espaces musicaux. Vous pourrez écouter ci-dessous un extrait de la sonate n°9 dite "Messe noire" qui prend place au milieu de ce parcours et cet entretien avec le pianiste Jean-Pierre Armengaud vous permettra également d'en savoir plus :
Ce disque est partiellement une ré-édition de votre enregistrement paru en 1997 joué en concert dans la maison du compositeur à Moscou, près de la rue Arbat (dont un extrait a été repris dans un coffret BMG consacré aux meilleurs jeunes pianistes français) , cependant trois pièces ont été enregistrées en novembre 2014 en remplacement de celles enregistrées en 1997. Pour quelle raisons avez-vous choisi de ré-enregistrer ces pièces et en tant que spécialiste de la musique russe n’auriez-vous pas envie de réaliser l’enregistrement d’autres œuvres de Scriabine ?
Je tiens beaucoup à la parution de ce cd car il annonce mon retour vers la musique russe que j'avais un peu délaissée depuis quelques années et qui imprègne pourtant une grande partie de ma vie musicale. Ce CD paru pour l'essentiel en 1997 avait reçu un succès de critique, mais la diffusion avait été restreinte (un des responsables du label étant décédé à ce moment-là), et la citation dans le coffret BMG ne dure que 3 minutes... Ce disque a correspondu à une période où j'avais beaucoup joué et enregistré en Russie (dont le concert dans la Maison Scriabine, à l'Institut Sakharov, au Conservatoire Tchaïkovski et les CD La Musique russe des Avant gardes chez Nova Era, les Intégrales piano et violoncelle et piano avec Alexander Rudin de Denisov) et beaucoup soutenu notre ami Edison Denisov, victime d'un terrible accident de voiture, dont j'ai aussi recueilli des Mémoires pour une interview que j'ai fait publier chez Plume.
Il m'a semblé que le CD Scriabine avait une forme, un style et qu'il était imprégné de la fièvre de ces années de perestroika et donc méritait d'être bien diffusé aujourd'hui avec la technique de mastérisation moderne. Je me suis contenté de corriger pour trois oeuvres des fautes techniques ou d'enregistrement. Je pense qu'il ne faut pas brader tout ce qu'on a fait dans la passé, mais qu'il faut aussi aller de l'avant ; Je le démontre tous les jours : il y a un mois je faisais un concert de musique espagnole, il y a 15 jours un concert de musique "classique de C.Ph. Bach à Beethoven, je sors dans quelques mois un CD de révélations sur Louis Aubert et je rends dans 15 jours le master du 2ème CD de mon intégrale Roussel, avec aussi dans les tuyaux un projet d'un autre CD de musique russe...
Vous avez étudié au conservatoire Tchaïkovski de Moscou auprès du célèbre pianiste Stanislav Neuhaus, qui lui même a réalisé des enregistrements d'œuvre de Scriabine vous a-t-il donné des conseils particulier à lʼépoque pour lʼinterprétation dʼoeuvre de Scriabine et comment le considérait-il ?
Le souvenir que j'ai de Stanislas Neuhaus était qu'il parlait peu ou alors beaucoup, mais une fois seulement, écoutant ensuite avec une extrême attention (voir tension...) l'étudiant répéter inlassablement, "à l'orientale", le même passage. Je l'ai entendu jouer Scriabine, mais j'ai surtout travailler ce compositeur plus tard, lors de tournées en Union Soviétique, avec Valery Kastelski , disciple de l'illustre pédagogue Heinrich Neuhaus, le père de Stanislas.. Je me souviens que Kastelski, accueillant et intériorisé, qui me traitait en "jeune collègue", recherchait cette sonorité chantante très intérieure et vibrante à la fois, qui était celle de Scriabine-pianiste, telle qu'on la perçoit à travers l'imperfection des enregistrements de l'époque. Kastelski me disait aussi qu'il ne fallait pas jouer les passages tout en efflorescences mélodiques comme du Debussy, mais toujours privilégier le caractère expressionniste de sa musique, même dans l'extrême douceur, en exagérant les oppositions brutales, voire violentes à la limite de l'insoutenable...! C'était en 1993 et j'étais en plein enregistrement de l'intégrale Debussy... Depuis l'insolence scriabinienne qui est celle d'un "Seigneur" du pouvoir des sons, a fait beaucoup de chemin en moi...
Votre disque est titré « Oeuvres mystiques pour piano » , un tel titre peut donner matière à repousser une partie des éventuels auditeurs ?
Je vous dirais franchement que je suis davantage fasciné par ces instants d'"éblouissements sonores" et ces constructions architecturales à la fois mélodiques et spectrales, que nous offre sa musique, que par ce concept assez vague de "pièces mystiques" , inventé par des musicologues influencés par les extrasystoles mysticisantes des textes du compositeur...
Il est vrai que les oeuvres choisies pour ce disque sont le résultat d'une période de réflexion et d'intenses recherches de 1917 à 1914, et notamment en 1908-1909 dans les librairies et dans les cercles (voir les cafés...) théosophes de Bruxelles, et d'un travail que Scriabine accomplit sur lui-même pour donner à sa musique le pouvoir d'exprimer ce qu'il cherchait : l'unité de l'être et du monde, la réconciliation de "l'en-haut" et de "l'en-bas, la spirale de communion de l'Homme avec les forces supérieures (Dieu ou les dieux...) et des hommes entre eux.
Après toutes les formes de schizophrénie romantique, Scriabine se révèle obnubilé par la quête de l'unité du moi, la réunion et l'expression de toutes les forces créatrices (y compris celles en lien avec l'animalité, la nature, la sensualité, le sentimentalisme, mais aussi les Couleurs, le Goût, les Parfums...) qu'illustrent bien les titres données à certaines Pièces : Fragilité, Etrangeté, Caresse dansée, Désir, Poème ailé, Masque....).
Pour Scriabine, la Musique doit être capable de porter l'énergie nietzschénne du (sur)-homme moderne. à travers douleurs et joies...Cet "humanisme mystique" est émouvant et inquiétant à la fois , notamment lorsque dans sa pureté intentionnelle 'il dérive vers une volonté obsessionnelle (et finalement assez wagnérienne...) de métamorphose physico-mentale de l'Homme par la musique, voire de consomption spirituelle presque suicidaire, notamment dans l"impressionnant Poème cyclique "Vers la Flamme", sorte de catharsis de l'embrasement universel, dont la virtuosité taquine aussi l'illusion du virtuose surhomme...! Je
cite Scriabine ; "Et dans le somptueux scintillement de cette aurore dernière nous nous abolirons, nous nous annulerons" écrit-il dans les esquisses de sa dernière oeuvre inachevée "L'Acte préalable"...Cette médiation quelque peu diabolique par les sons fait de la musique de Scriabine une vraie musique symboliste... Mais cette extrême contextualisation intellectuelle, entretenue par les écrits souvent délirants de Scriabine , ne se ressent jamais dans sa musique, dans laquelle domine le plaisir musical. L'invention sonore, le sens de l'explosion acoustique des
harmonies répétées inlassablement (parfois avec un peu de morbidité) se propagent d'échelles d'accords en gammes de vibrations, répétées par groupes symétriques, dont les proportions sont souvent calculées en référence à la notion de la section d'or ou à la série de Fibonacci. On est parfois comme face à une construction classique piranésienne, mais truffée d'incises
mélodiques et d'éclats sonores, qui sont autant d'interrogations lyriques que d'affirmations du bien-être musical...!
Pouvez-vous en dire plus sur cet accord « synthétique » ou « mystique », comment se traduit-il précisément sur le plan musical … ?
Oui, cet accord découle de l'élaboration d'une véritable palette sonore, comme celle du peintre, car il s'agit d'une harmonie d'accords en stricte corrélation avec une théorie des correspondances son/couleurs. Cet accord dénommé tantôt "mystique", "synthétique", "hexaphonique" (heptamétrique dans le "Poème nocturne") a pour base l'accord de onzième ou de treizième, dans lequel se juxtaposent tantôt des tierces tantôt des quartes, mais qui sert surtout de base harmonique au compositeur pour varier le "rayonnement" du son en augmentant ou en abaissant la tierce, procédé qui inspirera plus tard certains musiciens
sériels et surtout Olivier Messiaen dans sa théorie des modes à transposition limités. Cet accord se retrouve notamment dans le Poème symphonique Prométhée, véritable symphonie de couleurs.
Mais je pense sincèrement que l'auditeur n'a pas besoin de connaître ces éléments de "cuisine" compositionnelle pour aimer la musique de Scriabine... Mieux vaut se laisser emporter par la mystérieuse énergie mélodique et l'étrange sinusoïde du rayonnement harmonique !
Lʼauteur du livret cite quelque vers du poème « Lʼacte préalable » écrit par Scriabine et indique que par ses mots qui le terminent : » Je suis la liberté, je suis lʼextase » le compositeur ne demande pas de déchiffrer les significations ésotériques de lʼarchitecture harmonique et métrique extrêmement complexes de ces oeuvres. Celles-ci visent à nous faire percevoir au –delà des mots des correspondances , comme en dédaignaient Baudelaire , entre les parfums, les couleurs et les sons( cf Baudelaire) " …
Ne serait-il pas tout aussi juste de parler dʼoeuvres poétiques plutôt que mystiques, ou bien est-ce en lien avec le fait que Scriabine ait fréquenté la société théosophique belge à partir de 1908, et lui-même employa-t-il ce terme parfois ? Ainsi la majorité de ces oeuvres sont titrés Poèmes… et les préludes, comme les danses … nʼauraient-ils pas pu tout aussi bien être désignés comme poèmes… ainsi les Danses concernent en fait le mouvement naturel de guirlandes et de flamme ?
Il faut relier tout cela aux métaphores du Symbolisme et des sectes théosophiques. Oui toutes les oeuvres de Scriabine sont des sortes de Poèmes symbolistes, dont les sons animent de véritables Danses sacrées aux Guirlandes nanties d'un pouvoir spiritualiste et presque kabbalistique aux effets puissants.Toute la 9ème Sonate, dite "Messe noire" relève de cette esthétique. Elles prolifèrent comme en équilibre sur l'écume de la Passion et/ou du Silence...
Votre disque comprend des oeuvres de ce que lʼon appelle généralement la troisième période de Scriabine, auxquelles vous avez ajouter lʼopus 51 considéré comme faisant partie de la seconde période, est-ce à dire que vous considérez que personnellement de cette distinction de périodes nʼa pas vraiment lieu dʼêtre ?
Même si la fréquentation assidue des cercles théosophiques par Scriabine ne commence véritablement qu'en 1908, certaines oeuvres antérieures préfigurent et même rendent plus explicite l'évolution de son style.
La prem!ère Pièce "Fragilité" moins connue de l'opus 51 est émouvante par ce sentiment de "fragilité" mélodique qu'elle donne, comme si le désir de lyrisme était entravé par un cercle de "papillons" consonants... Dans le "Poème ailé" le compositeur cherche aussi à se dégager d'une pesanteur de la matérialité des sons, et la "Danse languide", slave à souhait, se livre à un
hédonisme morbide comme pour retrouver l'équilibre du corps et de l'esprit...
La quasi-totalité des oeuvres sont courtes hormis le "poème nocturne", la sonate n°9 et « vers la flamme » les considérez-vous pour autant ces oeuvres comme plus abouties ?
Il est vrai que nombre de ces oeuvres ont servi d'esquisses pour des partitions symphoniques de plus grande ampleur, par exemple les deux Danses op.73 pour "L'Acte préalable"; mais avec le recul du temps, je pense qu'elles condensent peut-être mieux que des oeuvres plus abouties l'essentiel du message de Scriabine, qui était peut-être davantage l'homme de fortes et
courtes pulsions compositionnelles, de sentences musicales et de rêves inachevées que d'oeuvres longues dans lesquels sa concentration énergétique perd de sa puissance dans les méandres des développements et de la rhétorique.
En 1906, un éditeur , effrayé par la complexité de lʼop.51, avait proposé à Scriabine de le payer 25 roubles (environ 800 euros dʼaujourdʼhui pour écrire des valses. Deux ans plus tard un compositeur et important éditeur de musique le tira de la gêne financière en lui offrant un fixe de 5000 roubles (près de 150 000 euros) par an. … Comment expliquer cette différence de
somme ? Est-ce à dire que lʼon considérait que sa musique pouvait avoir un « pouvoir » particulier ?

Lʼauteur du livret relève quʼà partir de cette période , notamment pour le poème op.61 et lʼopus 63 Scriabine construit lʼarchitecture de ces oeuvres avec « une rigueur toute particulièrement soumise, notamment , à la théorie des proportions harmoniques, et au fameux nombre dʼor" , en quoi cette structure est-elle pourtant importante , puisque pourtant contraire à ce
quʼil demandait si lʼon se réfère à lʼacte préalable cité plus haut, et cette rigueur nʼest-elle pas contraire à tout principe de « liberté » ?
Je ne sais pas exactement, mais je pense que Scriabine possédait dans les rapports humains un fort magnétisme, mais qui était à double tranchant, compte tenu de son caractère entier...Quant à l'éditeur (en l'occurence Serge Koussevitsky), il a voulu s'assurer une sorte d'exclusivité sur l'oeuvre de Scriabine, sur lequel couraient les bruits les plus fous...
La dernière oeuvre de votre disque n'est pas de Scriabine mais de Manfred Kelbel , "Tombeau de Scriabine" , préludes sur des esquisses de l'acte préalable. A propos de ces esquisses que pensez-vous de lʼoeuvre dʼAlexander Nemtin( qui contrairement à ce quʼon peut lire sur wikipedia nʼa pas pu être lʼélève de Scriabine puisque né en 1936..) , et qui passa vingt-huit ans de sa vie à parachever l'Acte préalable à partir des 53 esquisses. Alexandre
Nemtin, a étudié la composition avec Mikhail Tchulaki au Conservatoire de Moscou , vous y êtes vous éventuelllement croisé… ?
Non je n'ai pas connu Alexander Nemtin, mais je connais son oeuvre et je l'ai souvent écoutée dans sa version discographique. C'est intéressant, et même passionnant, mais malgré le travail acharné de Nemtin, il me semble que l'on ne retrouve pas tout à fait le souffle et le charisme irrésistible de Scriabine, comme s'il s'agissait d'une simple série de reconstitutions d'extraits, certes établies très professionnellement, mais dont il manque "l'arc compositionnel", la colonne vertébrale qui n'appartient qu'au compositeur. C'est un peu du "Scriabine en langue morte", comme on peut trouver dans certaines reconstitutions baroques... Le vrai compositeur est irremplaçable... Je préfère le travail effectué par le musicologue Manfred Kelkel à partir des esquisses pianistiques, réalisé avec beaucoup de respect et d'empathie, qui restitue bien l'esprit du Poème scriabinien.
quels sont vos prochains concerts ?
27 mars 2015 : Audiorium d'Evry  Concert commenté sur "Les Compositeurs-femmes : Louise Farrenc, Maria Szymanowska, Lili Boulanger, Germaine Tailleferre, Sofia Goubaidulina..." 
8 avril : Palais des beaux Arts de Tourcoing, Enregistrement pour la Radio suisse romande-Espace 2 d'Une Semaine avec Albert Roussel"
9 avril : Eglise des Quatre-Vingt : participation musicale à un Séminaire franco-allemand sur César Franck : Ruth, Eglogue biblique, Prélude, Choral et Fugue
26 mai : 21h Institut français d'Athènes en Grèce : Programme de musique française en hommage à l'éditrice Maria Karaïtidi

Pour écouter
Alexandre Scriabine ( 1872-1915)
Sonate n°9 dite "Messe noire"
Jean-Pierre Armengaud , piano
avec l'aimable autorisation
du label
Bayard Musique
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