RAG'N BOOGIE Sébastien Troendlé PIANO SOLO

RAG'N BOOGIE

Sébastien Troendlé

Piano Solo

À découvrir ce disque, récemment paru sous le label Frémeaux, et qui, comme le suggère son titre, mélange des morceaux de ragtime et de boogie-woogie ... Le nom du pianiste est à peine perceptible pourtant, très actif et passionné, il est aussi à découvrir : Sébastien Troendlé. Nul doute que vous reverrez souvent son nom, ne serait-ce que sur des partitions ou méthodes de piano qui vont bientôt être publiées aussi, ou peut-être l'avez-vous d'ailleurs déjà vu sur l'affiche de salles de spectacles, car il a à coeur d'enseigner et de partager ses connaissances auprès du public via notamment son spectacle du même nom " Rag'n Boogie ! "
Rien ne semble l'arrêter pour parvenir à ses fins, il est même allé frapper à la porte de Claude Bolling, son idole, qui a écrit ces mots pour lui : " Sébastien m'a confié avoir eu envie de devenir musicien après avoir assisté à un de mes concerts de mon orchestre, en Alsace, alors qu'il n'avait que 10 ans. Une vingtaine d'années ont passé depuis et il est revenu à la maison à l'automne 2013, un disque dans les mains et la fougue dans les doigts. Je suis heureux que cette nouvelle génération continue à faire vivre avec la même me passion cette musique que j'aime tant" .
Une fougue qui se mesure effectivement tout au long de cet album, qu'il a choisi de réaliser en piano solo même si le plus souvent le boogie-woogie est joué en trio. Pour lui c'est ainsi que cette musique est la plus authentique et la plus vivante, explique-t-il dans un entretien à lire ci-dessous. Effectivement les amateurs de piano se réjouiront particulièrement à l'écoute de ce disque à la musique très énergique et souriante, même si le ragtime est plus "sage" que le Boogie-woogie, il n'en donne pas moins tout autant envie de danser ou de faire danser à son tour ses propres doigts sur le piano ! Et certains auront aussi peut-être la chance de voir son spectacle qui semble tout aussi plaisant tout en étant pédagogique.
Nul doute qu'il pourrait créer des vocations à un jeune public, telle celle qui lui est née en voyant Claude Bolling en concert, une passion qui ne l'a jamais quittée depuis et lui permet d'offrir aujourd'hui le résultat de quinze années de travail acharné ! Sachez donc qu'il sera de nouveau à l'affiche au Petit journal Montparnasse à Paris le 17 novembre à 21h30.( voir plus bas une vidéo / spectacle, après une vidéo sur son disque) .
Sébastien Troendlé a bien voulu répondre, avec la même énergie, à quelques questions pour présenter ce disque, à lire ci-dessous, ainsi que sur son parcours à lire dans la page portant son nom !
Vous menez divers projets personnels et participez à multiples "expériences éclectiques" , comment avez-vous partagé et partagez-vous encore votre temps entre ceux-ci ?
Tout cet éclectisme peut paraître comme une manière de se disperser, mais en réalité je le gère d’une manière très différente. Je pense avoir la chance d’être d’une nature aussi bien curieuse, toujours en quête de nouveauté, que très structurée.
Ce qui me permet de cumuler plein d’expérience sans perdre de vue mes objectifs, mes projets personnels. Par exemple pour Rag’n Boogie, j’y ai mis (et continue à mettre) toutes mes expériences à profit d’un spectacle très personnel et qui s’est construit dans le temps (je le rappelle une quinzaine d’années). Je suis très travailleur et passionné, ce qui me permet de conjuguer enseignement, projets divers, cours de classique, et travail de mon instrument, de mes projets.
Vous indiquez sur le livret de votre disque avoir découvert le ragtime et boogie-woogie avec Claude Bolling et celui-ci a écrit un mot de soutien après l’avoir écouté , comment s’est passé votre rencontre avec ce musicien ?
En décidant d’enregistrer l’album Rag’n Boogie et en me préparant pour le studio, j’ai enfin pu concrétiser mes 15 années de travail. Je me sentais enfin prêt pour fixer à tout jamais ce répertoire à ma façon et à le présenter au public et aux professionnels. À ce moment-là je me sentais également prêt à aller voir la personne qui a fait partie de mes moteurs. J'ai contacté Manuelle, la manageuse de Claude Bolling pour lui parler de mon envie de présenter mon jeu, mon spectacle, mon envie de faire perdurer ces musiques. Il a tout de suite répondu oui et m’a invité à venir chez-lui. Première grande émotion !!! Je me suis donc rendu chez-lui en toute simplicité avec ma compagne qui est mon soutien et mon ange gardien dans toutes mes aventures et c’est elle qui s’occupe de la diffusion de Rag’n Boogie et de mon ciné-concert. J’ai parlé de mon projet global « Rag'n Boogie" à Claude: spectacles (tout public, jeune public), interventions scolaires, méthode de Boogie-Woogie et bien sûr l’album. Je lui ai joué un ou deux morceaux, il m’a rejoint en s’installant à son deuxième piano pour en jouer deux ensemble. Nous sommes repartis comblés, heureux pour ma part d’avoir osé aller le voir . La suite s’est faite toute seule, sans que je ne demande quoi que ce soit. Patrick Frémeaux a demandé à Claude s’il voulait bien écrire un petit mot sur mon travail. C'est en découvrant la maquette de la pochette de l’album que j’y ai vu les mots de Claude et de Patrick.
Et comment s'est faite votre rencontre avec le label Frémeaux ?
À la même période (lors de ma visite chez Claude) j’ai envoyé la maquette de l’album "Rag’n Boogie" à Frémeaux pour leur proposer la distribution de l’album que j’avais produit. Dans un premier temps ils ne voulaient pas le distribuer. Je pense avec le recul que j’avais mal présenté mon projet : je n’avais pas parlé du fait que pour moi ces musiques doivent être jouées en solo car c’est là que je les trouve les plus authentiques et les plus vivantes ! Ils pensaient donc que l’album n’était pas abouti. Après ces quelques explications et le feu vert de Claude Bolling, ils ont dit : nous allons travailler ensemble !
Pourquoi avez-vous choisi de mixer le ragtime et le boogie-woogie ?
Historiquement on n’a jamais osé mélanger ces deux styles, d’ailleurs les musiciens eux mêmes ne se mélangeaient pas forcément. Le boogie-woogie c’est le sale gosse des bas quartiers alors que le ragtime est un peu plus « classe ». Les mamans des pianistes de l’époque pleuraient à l’idée que leur fils aillent jouer cette musique « infréquentable » , jouée dans des lieux de
débauche. Jelly Roll Morton se refusait à jouer un boogie-woogie, musique a priori trop simpliste ! J’ai l’impression que cette tradition est malheureusement restée. On trouve très rarement
le mélange des genres sur disque ou en festival, alors qu’elles se complètent à merveille ! En plus de cela, en ces temps d’intolérance et de racisme (je parle d’aujourd’hui), il est bon je crois de faire tomber toutes les barrières. J’ai hésité au départ à faire un disque avec les ragtimes et un autre avec les boogie-woogies. Ma compagne m’a alors dit: "tu as toujours voulu mélanger ces deux styles de musique, c'est dommage de vouloir les séparer sur un album ». Elle avait totalement raison. J'ai donc fait le choix d'alterner quasi systématiquement un Ragtime avec un Boogie. Si je les avais regroupés par style, certains auraient pu être tentés de "zapper" des morceaux pour n'écouter que le style qui, a priori, leur plaît. Cette alternance va, je l'espère, leur faire découvrir ou aimer l’un ou l’autre des styles.
Vous avez choisi un seul morceau de Claude Bolling pour votre disque, est-ce un titre qui vous tient particulièrement à cœur ?
Le "3/4 6/8 Boogie" de Claude Bolling est mon premier « challenge » dans le style boogie-woogie avec cette basse très spécifique à 3 temps. Je devais avoir 14 ans quand j’ai commencé à le travailler. J'adore les idées mélodiques originales qui s’enchaînent à merveille et font presque passer ce boogie à 3 temps pour un boogie-woogie « normal » , à 4 temps. Je voulais absolument intégrer un morceau de Claude dans mon répertoire. Le 3/4 6/8 me rappelle toujours mon rêve d’enfant : savoir un jour jouer des ragtimes et des boogies. Ça permet toujours de se rappeler d’où on vient, et tout le chemin parcouru.
Nombreux titres de votre disque sont de Christian Willisohn, également un musicien actuel , pourquoi ce choix ?
Lorsque j’ai commencé à travailler ces répertoires je suis tombé sur une méthode de boogie-woogie hyper bien conçue avec des boogie-woogie à des tempos bien enlevés et assez complexes techniquement. J’ai de suite eu l’envie d’intégrer "Boogie-Woogie Stomp" (façon Willisohn), "my own blues" (une magnifique composition de Christian dans le style Stride), "Beebos Boogie" (une composition de Willisohn très bien construite).
J’ai fait tous mes choix musicaux en fonction de l’énergie que je ressens en écoutant les morceaux. Ils me parlent, me touchent et me procurent une sensation de bien-être. Ce sont donc des choix totalement subjectifs. J’imagine que le public ressent toutes ces émotions dans ma manière de les interpréter.
Vous parlez "d'interpréter" , cela veut-il dire que vous ne faites aucune improvisation contrairement au jazz ?
Il y a une part d’improvisation dans ces répertoires mais cela est plus de l’ordre du réarrangement que d’une véritable improvisation. Je vais ajouter des réponses, changer la rythmique de certaines phrases mais je reste relativement fidèle au morceau d’origine. Comme pour la musique classique, il y a déjà tellement à faire avec la partition.
Les autres titres sont de compositeurs ayant vécu à des périodes différentes , trouvez-vous une évolution dans la façon de composer le ragtime ou boogie-woogie au fil des décennies ?
Tout style de musique est totalement perméable aux autres, c’est ce qui est fantastique dans la musique, le mélange des genres. Le ragtime et le boogie-woogie n’y font pas exception.
Au départ ces musiques étaient conçues pour le piano solo. Par exemple pour le ragtime, les souffleurs s’en sont emparé en se répartissant les différentes parties jouées par le piano (basses, accords, mélodies) pour les transformer en dixieland, plus tard en jazz. Du coup les pianistes se sont inspirés de ces ajouts ou de ces transformations pour faire évoluer le ragtime vers le piano stride, le novelty rag.
Le Boogie-Woogie, qui s’appelait « barrelhouse » au départ car on le jouait dans ces « maisons à tonneaux » a donné naissance au Rock’n Roll et au Rythm & Blues. Je pense que ce style a été un peu trop dilué. Il fut tellement populaire que tous les orchestres devaient intégrer un boogie à leur répertoire pour plaire au public. On a un peu perdu d’authenticité au passage. C’est pour ça qu’on trouve aujourd’hui des versions boogie de toutes les mélodies populaires possibles et imaginables. Cela n’est pas très « roots » à mon avis. Il n’y a pas malheureusement trop peu de compositions qui sonnent vraiment bien aujourd'hui. On joue toujours le boogie-woogie avec une basse et une batterie ce qui le rend plus proche du rock’n roll, que j’adore également mais c’est autre chose. C’est pourquoi je défends cette musique en piano solo.
Pouvez-vous présenter brièvement les morceaux que vous avez choisis ?
Scott Joplin est un incontournable et son titre "Maple Leaf Rag" est le symbole de sa réussite. Le premier noir à avoir réussi à vivre de sa musique. Il pouvait se venter à l’époque d’avoir vendu plus d’1 million de partitions du maple Leaf Rag dans le monde entier !
Albert Ammons fait partie des incontournables du boogie avec son "Boogie-Woogie Stomp," ainsi que Pete Johnson avec son "Death Ray Boogie". Ces deux morceaux font partie de mes préférés depuis que je connais ce style.
Zez Confrey est le symbole du Novelty Rag, du ragtime moderne, très technique. J’adore le nouveau son qu’apporte le morceau "Kitten on the keys".
 James Price Johnson est le père du piano Stride, un style de ragtime avec un jeu de main gauche encore plus évolué. J’ai découvert ce morceau sur un disque à Claude Bolling et je l’ai adopté d’emblée.
Enfin, et en fait au début du disque, il y a une de vos compositions , et vous sortez bientôt un recueil de partitions aux Editions Lemoine, cette composition sera-t-elle dans ce recueil et vous- même que cherchez–vous à apporter dans vos compositions ?
J’ai prévu de sortir un recueil avec tout le répertoire du spectacle, avec les doigtés et quelques pages de conseils pour les pianistes. Ce recueil s’adresse à des pianistes confirmés La composition "Rag’n Boogie " s’y trouvera. Dans la méthode de boogie il y a d’autres compositions déclinées à différents niveaux, donc à destination de pianistes de tous les niveaux (à partir de 2 années de pratique de l’instrument). Ce que j’ai cherché dans mes compositions c’est de retrouver de l’authenticité. J’ai cherché à trouver de nouvelles basses de main gauche qui n’existent pas, des idées mélodiques originales tout en retrouvant cette énergie du « vrai » boogie, en piano solo. J’ai également varié les tonalités, pour changer le son des morceaux. Chaque tonalité a une couleur propre et va donc « colorer » les morceaux.
Ce disque correspond-il exactement au programme joué pendant votre spectacle ?
Le disque est le répertoire exact du spectacle, cela permet aux gens de retrouver l’ambiance du spectacle avec tous les morceaux qu’ils ont aimés. Quatre morceaux ne figurant pas sur l’album vont être offerts aux personnes qui le demandent sur mon site internet (à partir du mois de décembre).
Quel travail particulier demande le boogie et le ragtime par rapport à la musique classique , comment travaillez-vous personnellement , et qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur ?
Le boogie-woogie demande une décontraction totale des épaules notamment pour la main gauche qui doit sans cesse donner un tapis rythmique à une main droite puissante jouant des mélodies souvent assez rapides. Les deux phrasés sont totalement différents: la main droite doit être liée afin de faire ressortir les mélodies, il faut la jouer très forte pour qu’elle soit au-dessus de la main gauche. La main gauche quant à elle ne doit pas être trop liée pour ne pas être lourde, il faut lui donner les bons accents pour donner tout le groove du boogie.
Le ragtime lui se construit sur une main gauche qui fait la pompe: les basses dans les graves ainsi que les accords vers le milieu du clavier. Les basses doivent être assez douces et les accords très « secs ». La main droite, comme pour le boogie, doit être forte et liée.
Tous ces détails font partie de mes préoccupations lorsque je travail ces musiques. Je n’arrête pas de réajuster tous ces paramètres, de parfaire la précision, la décontraction des muscles pour tenir la vitesse. Je travaille très souvent au métronome à différentes vitesses pour ne pas laisser s’installer des habitudes.
En ce qui concerne la musique classique, étant novice dans ce répertoire, je travaille dans la lenteur afin d’essayer d’intégrer les phrasés qui ne sont pas forcément naturels pour moi.
On vous voit assis sur un ballon, jouez-vous toujours ainsi et pourquoi ?
En effet je joue toujours ainsi depuis presque un an. Au départ ce sont des problèmes de dos qui m’ont amener à faire du pilates (exercices de gainage et de respiration. Quelques exercices avec ballon sont proposés) et de voir une Kinésithérapeute Mézières (approche globale du corps). L’idée m’est donc venue, d’essayer de jouer sur ballon pour voir si cela est possible. Je me suis dit que cela allierait tous les bienfaits des différentes techniques que j’avais abordées: rester sur son axe, gainer ... Au départ cela est un peu difficile de tenir l’équilibre et de trouver ses repères notamment au niveau de l’utilisation des pédales. Mais une fois le ballon dompté, j’ai constaté les autres bienfaits du ballon : on reste effectivement toujours sur son axe mais en plus le bassin reste mobile, on peut faire de petits déplacements en fonction de la partie de clavier utilisée. Je pense que ceci est l’avenir pour le piano, pour les problèmes de dos. Par exemple de plus en plus d’entreprises utilisent des ballons pour les gens qui travaillent à longueur de temps à un bureau. Je commence à tester la chose dans mes cours notamment avec les enfants. 

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A voir
Teaser - Rag'n Boogie de Sébastien Troendlé
Clip du spectacle Rag'n Boogie - Sébastien Troendlé

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