RACHMANINOV Film de Pavel Lounguine DVD
RACHMANINOV
Film de Pavel Lounguine
DVD
Ce film semble avoir suivi un destin qui pourrait autant donner le blues à son réalisateur , Pavel Lounguine, que Rachmaninov l'eut par l'accueil de ses compositions.
Ainsi loin de le faire monter sur les marches du festival de Cannes tel son film "Taxi blues " avec lequel il a obtenu le Prix de la mise en scène en 1990, ce " film fantaisie" sortie en 2007 en Russie, ne parait que sept ans plus tard uniquement en DVD , langue originale sous-titré en français... c'est dire ce que d'éventuels diffuseurs mondiaux en ont retenu. Et si on peut d'ailleurs aussi s'interroger sur le fait qu'il paraisse ("seulement" ou "malgré tout ") aujourd'hui en France, on peut aussi s'interroger à la fois sur les causes d'un tel désintérêt... Sans doute parce qu'il est difficile de concilier les motivations profondes d'un réalisateur, les désirs des producteurs et l'attente ( réelle ou supposée) du public international. Ce qui donne aussi lieu a des "accroches commerciales" qui n'ont parfois rien à voir avec le produit... Et il semble utile de préciser certains aspects du films , trop éclipsés , au risque sinon qu'il ne soit encore pas apprécié à sa juste valeur.
Le boîtier en faisant espérer le meileur, laisse à craindre le pire... un texte accrocheur pour le grand public, mais "Qui trop promet..." oui une accroche très "commerciale" : " Russie, début XXe. Manifestant des dons prodigieux pour la pratique du piano, le jeune Sergueï est mis en pension chez un vieux maître acariâtre. Mais plutôt que de devenir un interprète virtuose au prix d’éprouvantes heures de répétition, lui rêve à d’autres horizons : les femmes, la liberté et le privilège de donner entendre ses propres compositions. Il ignore encore la vie mouvementée que lui réserve le destin, faite d’exils, de passions et de tourments.
Partagez la vie mouvementée d’un des plus grands génies du piano, Sergueï Rachmaninov, ballotté entre une existence tumultueuse et son éternel combat pour la reconnaissance artistique. La mise en scène du grand Pavel Lounguine ( Luna Park, Tsar, L’île ), tour à tour romanesque et onirique, comblera les amoureux de cinéma comme les mélomanes...
La présentation que l'on trouve sur les sites internet russes est fort différente (traduction google corrigée ) : "
Selon la légende, après chaque représentation Rachmaninoff a reçu un bouquet de lilas blancs d' une belle inconnue. Cela a duré jusqu'à son émigration aux Etats Unis . Et après un certain temps cela s'est produit de nouveau . Fatigué de ses concerts et ressentant de la nostalgie, Rachmaninov est sur le point de faire une dépression nerveuse. La femme qu'il l'aime en souffre, et décide de le quitter. Et puis vient soudainement à résoudre le mystère de lilas blancs ...".
Mais la réalité est probablement à mi-chemin, ni noir , ni blanc, mais gris. L'édition collector du DVD est fort heureusement accompagnée d'un beau livret largement illustré et documenté à lire ABSOLUMENT avant de le regarder, au risque dans le cas contraire d'être vite agacé et de se perdre dans les multiples flash back, voyages spaciaux et dans le temps, parfois annoncés par des dates et lieux, mais pas toujours. Surtout vous saurez qu'il y sera plus question de quête d'inspiration ... : "Si le cinéaste prend une telle liberté . C'est parce que Rachmaninov se veut avant tout un film à portée universelle, sur les tournants du génie créateur et la recherche de l'inspiration"... Il a choisi de avant tout d'évoquer le milieu de la période où Rachmaninov ne composa plus , saturé par les concerts et nostalgique de la Russie.
C'est aussi un film sur l'exil : " Le huitième long métrage de Pavel Lounguine prend ainsi la forme d'un lent travail de mémoire, d'une reconstition mentale de la Russie passée et perdue. [...]En quitttant La Russie, témoigna- [ Rachmaninov] un jour, j'ai laissé derrière moi mon envie de composer. En quittant mon pays je me suis aussi un peu perdu moi-même". Et exilé Rachmaninov l'est à double titre : géographique mais aussi artistique puisque il eut à assumer une carrière d'interprète plus que de compositeur puisque le public était "plus fasciné par sa virtuosité de pianiste prompt à bouder sa musique romantique qui n'était plus à la mode " . Le Lilas blanc dans tout cela ... "c'est le symbole de la Russie elle-même qui est transportée dans l'univers américain de Rachmaninov ".
Et c'est un film construit comme une thérapeuthie. Ce qui explique la construction en multiples flash back car contrairement encore à ce qui est annoncé sur le boîtier , hormis quelques images rêvées, ce n'est pas en Russie mais aux Etats Unis, que débute le film et ceci explique sans doute pourquoi la frontière d'une époque à l'autre soit parfois trouble. Ne pouvait être ignorées les séances d'hypnoses qui permirent à Rachmaninov de sortir de la dépression et de composer l'une de ses oeuvres les plus célèbres , le Concerto pour piano n°2. Un Concerto moins mis en valeur que dans " Partir Revenir" de Lelouch ou le troisième dans le film " Shine" de Scott Hicks . Non certes rien à voir non plus si l'on se réfère à d'autres films sur des compositeurs.. avec Amadeus, mais il est vrai que Rachmaninov n'est pas Mozart.
En fait le générique... de fin, souligne une chose très importante, qui a de quoi surprendre et n'est encore pas sur le boîtier : Le personnage principal et les événements dans ce film ne sont pas censés représenter une personne particulière ! Voilà qui est clair ou plutôt fort troublant !
Depuis Pavel Loungine a réalisé deux autres films et a été décoré de l'Ordre des arts et des lettres en 2011 et de la Légion d'honneur en 2012. Son "film fantaisie" , romantique, telle les oeuvres de Rachmaninov, a beaucoup de charme, celui des vieux films classiques comme la musique de Rachmaninov, considérée "d'un autre temps", quand on sait ce que fut son sort c'est dire combien ce film n'est pas facile à défendre au XIIe siècle... Sans doute est-il allé plus en profondeur de l'âme du compositeur qu'on ne pourrait l'imaginer, au point d'en vivre les mêmes tourments avec son film qui suit la même destinée que la musique de Rachamninov. Il nous transmet ici une oeuvre poétique, parfois émouvante, certes pas un biopic moderne, où l'on trouverait toute la force et l'énergie de la musique du compositeur. Une musique considérée souvent comme secondaire par les critiques de son époque, un film juste bon pour un DVD ?...
N'oublions pas que le titre original est ..."Lilacs"... Un film qui se regarde comme l'on respire un parfum, un parfum qui porte en lui les effluves d'un compositeur et de sa musique, de son pays, sa nostalgie.
Certes pas un parfum de luxe , voué à un large commerce rentable, mais un parfum de fleurs sauvages, sans arôme artificiel, sans tromperie, et de ceux que l'on aime respirer à l'air libre. Un fil qui aurait sans doute mériter de s'épanouir sur de plus larges écrans. Puisse-t-il malgré tout donner envie, à ceux qui ne la connaissaient pas , d'écouter la musique de Rachmaninov, une musique qui ouvre les grands espaces oui peut-être tel un parfum sauvage !
Cette édition est accompagné d'un "bonus" qui en ouvrira une porte . Il ne dure qu'une dizaine de minutes. . La pianiste Claire-Marie Le Guay y explique notamment ce qu'elle aime dans sa musique, plus particulièrement le Prélude op3 n°2 , une pièce d'ailleurs que Rachmaninov jouait souvent en bis de ses concerts.
Ci-dessous à voir deux vidéos dont la bande annonce vous permettra de découvrir les acteurs ainsi Evgeni Tsyganov dans le rôle de Rachmaninov.
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A voir la bande annonce, où le concerto est le plus en valeur, plus en fait que dans le film...
A voir Sergei Rachmaninoff video et voix
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