Le pianiste américain Murray Perahia qui a fêté
l'an dernier son soixantième anniversaire, et a du récemment
s'absenter des scènes et des studios en raison de problèmes
de santé, a déjà enregistré nombreux
disques de Bach largement récompensés : les Suite
anglaises, les Concertos pour piano et les Variations Goldberg.
Il revient avec ce nouveau volume qu'il consacre donc à l'un
de ses compositeurs de prédilection et vient confirmer son
talent toujours exceptionnel dans l'interprétation des oeuvres
de ce compositeur. Ici sont réunies les Partitas 2,3 et 4,
il est prévu qu'un autre volume des Partitas 1,5 et 6 paraisse
début 2009 après trois Sonates de Beethoven prévues
pour fin 2008.... de quoi réjouir tous les mélomanes
sensibles aux interprétations subtilement colorées
de Murray Perahia.
C'est à un tout autre rythme, à raison d'une par
an, entre 1725 et 1730, que Bach, composa quant à lui ses
Partitas. Mais ce rythme est en fait remarquable car Bach était
alors Cantor à la Thomasschule à Leipzig et dut également
trouver le temps, de superviser personnellement la gravure et l'
impression et les ventes de ces partitions qu'il fit éditer
à ses frais personnels. Il les décrivit comme des
«galanteries pour réjouir les esprits des amateurs
de musique» c'est dire qu'il les considérait comme
des divertissements musicaux suffisamment substanciels et ingénieux
pour faire le bonheur des connaisseurs. Et cette musique cumulant
les qualités de noblesse d'esprit et de vivacité fut
un véritable succès commercial.
Si l'histoire ne précise pas si l'on pourrait attribuer
également à Bach les qualités d'un excellent
publiciste avant l'heure avec cette "accroche" originale....
la musique à elle-seule explique il est vrai ce succès
commercial, et il est vrai aussi que les Partitas furent à
l'origine désignées "Six grandes suites avec
prélude" et réunies en 1731 en un seul volume
( opus1) que le compositeur appela Clavier- Ubung (soit exercice
de clavier), un titre nettement moins réjouissant ! Bach,
s'inspira en fait de son prédécesseur immédiat
à Leipzig : Johann Kuhnau(1660-1722) dont il adopta le principe
de commencer par un prélude(en utilisant un titre différent
pour chaque Partita), suivi d'une allemande, d'une courante, d'une
sarabande et d'une gigue, entremêlées de danses plus
légères. Le livret du disque n'explique pas pourquoi
Murray Perahia a choisi de réunir sur ce volume les deuxième
, troisième et quatrième partitas plutôt que
le trois premières mais il est vrai aussi qu'il n'est pas
le premier pianiste à faire ce choix. Cela permet de débuter
cet enregistrement par une ouverture... à la française
telle que la cultivait Lully(1682-1687) et surtout de réjouir
immédiatement les esprits des amateurs de musique avec une
oeuvre dont la polyphonie est des plus remarquables et particulièrement
mise en valeur par Murray Perahia qui vient déjà d'obtenir
un "Diapason d'or" bien mérité pour ce très
bel enregistrement, et quoiqu'il en soit rendez-vous est pris pour
la "suite" en 2009.
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A écouter avec l'aimable autorisation
de Sony classical, Partita 2 : Courante utilisez ce lecteur, cliquez sur
le triangle
A voir si vous comprenez l'allemand (quoique
Murray Perahia s'entretienne en anglais mais sa voix est doublée),
une vidéo parue sur youtube, cliquez sur le triangle
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Murray
Perahia 
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- Agnès Jourdain
