Haendel
(1685 -1759)
Suites pour clavier
Racha Arodaky
Introduction "Menuet" en sol mineur(extrait suite
n°1 HWV 434 cahier n°2)
Suite n°5 en mi majeur HWV 430 cahier n°1
Intermède "Allemande" en ré mineur(extrait
suite n°3 HWV 428 cahier n°1)
Suite n°5 en mi mineur HWV 438 cahier n°2
Suite n°8 en fa mineur HWV 433 cahier n°1
Suite n°6 en sol mineur HWV 439 cahier n°2
Suite n°2 en fa majeur HWV 427 n°1
Intermède "Air" en ré mineur(extrait suite
n°3 HWV 428 cahier n°1)
Suite n°4 en mi mineur HWV 429 cahier n°1
Dans une précédente interview Racha Arodaky déclarait
que ses choix musicaux... "se font en fonction de la passion
que va susciter chez moi telle ou telle uvre."
, ce disque "Suites pour clavier" de Haendel
qu'elle a volontairement choisi d'auto-produire, avec toutes les
difficultés que cela comporte, et ce qu'elle en dit montre
combien pour cette pianiste le mot "passion" a une signification
très forte, n'est pas un mot prononcé à la
légère mais un embrasement effectivement vécu
intensément. Une passion qu'elle nous permet de partager
dans un généreux programme de plus de 70 minutes,
où l'émerveillement est au rendez-vous . C'est un
véritable feu lumineux aux flammes multicolores se déroulant
dans toute leur splendeur, et dans lequel crépitent à
rythmes variés des étincelles surprenantes que Racha
Arodaky offre ici sous des doigts agiles et sensibles nous permettant
d'en mesurer pleinement la richesse. Un feu d'une chaleur bienfaisante
et qui contribue cependant, et heureusement, à éteindre
la comparaison et l'opposition inutile entre la musique de ce
compositeur et de son contemporain Bach, chacune apporte son émotion,
ses réconforts et ses joies, n'est-ce pas l'important,
ainsi pourrez-vous, pour ce qui concerne Haendel cette fois, en
avoir une idée dans l'extrait en écoute et les vidéos
de présentation plus bas.
Est-ce intimidant pour vous de jouer ces
pièces que votre maître Murray Perahia a enregistrées
pour partie ou au contraire stimulateur d'avoir eu ce modèle
?
Intimidant non. Ce sont des pièces que j'ai travaillées
avec Murray Perahia il y a plus de 8 ans pour certaines et d'autres
seule. Sa vision de la musique (et pas seulement de la musique
de Haendel) m'a amené à pousser le travail de l'analyse
harmonique comme centre de la direction musicale d'une oeuvre.
Il travaille avec l'analyse Schenkerienne qui consiste à
schématiser en un graphique concis l'oeuvre entière
avec ses points essentiels (tournant autour des mêmes degrés
II V I) Retrouver les motifs récurrents qui souvent construisent
l'oeuvre et font par là-même son essence. L'analytique
permet la compréhension qui elle-même vous ouvre
à une liberté d'interprétation. La musique
ne peut se libérer qu'après un dur travail de recherche
et s'épanouir qu'à travers un discours naturel et
limpide. Mon travail consiste à utiliser cette méthode
en essayant d'avoir l'interprétation la plus juste (respect
du texte) avec une réelle implication personnelle (sa propre
sensibilité, émotion, couleur, toucher)
Cette
musique est porteuse dites-vous dun « discours
qui met lémotion à nu », pensez-vous
que le fait dêtre une femme apporte aussi à
votre interprétation une particularité dans la sensibilité
et lémotion transmise ?
Je ne crois pas qu'être une femme change quoi que ce soit.
Tout d'abord Haendel est un homme ce qui ne l'empêche pas
d'être à la fois à fleur de peau, délicat
et puissant. La particularité c'est juste ma vision de
son oeuvre et l'implication émotionnelle que j'y mets.
Vous avez construit de façon très
personnelle votre disque qui contient un généreux
programme de 70 minutes en ajoutant à une sélection
de six suites, dont quatre en mode mineur, une introduction et
deux intermèdes, tous en mode mineur, qui sont, dites-vous
dans le livret qui accompagne ce disque, tous trois des « coups
de cur » ce n'est peut-être pas un
hasard...
Le mode mineur est celui qui touche à nos failles. J'aime
le mode mineur mais ne peut l'envisager sans le majeur car la
mélancolie, le beau, jaillit d'un avant et d'un après.
on ne peut le figer seul au milieu de rien. Les modulations permettent
de passer de l'un à l'autre, de bouger et de nous faire
un arrêt sur le temps grâce à un accord, une
harmonie. C'est ce moment que j'aime. Ce moment souvent suspendu
d'ailleurs, en l'air, arraché au réel et qui plane
comme dans un rêve. J'aime l'attente de ce moment, si je
suis dépendante de quelque chose c'est de cela. Rien ne
peut me faire plus chavirer que le génie d'un compositeur
face à ce moment de grâce. D'ailleurs le nom de mon
label vient de là "Air Note" traduit en français
: "la note en suspens".
Comment expliquez-vous le fait quHaendel,
qui était organiste, ait conçu ses pièces
pour clavecin alors quen fait il semble aussi sinspirer
du son de lorgue ?
Haendel était apparemment aussi bon claveciniste qu'organiste.
Tout en musique s'inspire de tout. Dans une sonate de Beethoven
n'y a-t-il pas l'inspiration d'une flûte par-ci par-là,
d'une ligne de contrebasse, d'une clarinette ? Il y a dans ces
suites aussi bien le lyrisme des airs d'opéra d'Haendel
que de ces pièces pour orgue. L'important c'est le discours
musical qui lui est d'une inventivité, d'une richesse incroyable.
La musique de Haendel est inspirée
de la musique allemande, italienne et française et lon
compare souvent la musique dHaendel avec celle de ses deux
contemporains Bach et Scarlatti, vous avez enregistré un
disque de ce dernier compositeur , mais aimez-vous également
la musique de Bach, envisagez-vous aussi de lenregistrer,
et trouvez-vous quà notre époque les débats
qui ont pu avoir lieu à lépoque entre les
qualités de lun ou de lautre soient devenus
stériles ?
Pour moi tout débat aujourd'hui me paraît stérile,
que ce soit du point de vu des comparaisons Bach/Haendel ou pour
l'éternel problématique de l'instrument (clavecin/piano
moderne) ! Nous sommes au 21 ème siècle et
il est impossible pour personne de certifier quoi que ce soit
concernant l'éventualité qu'un Bach ou Haendel ait
pu composer sur l'ancêtre du piano (le pianoforte) On sait
enfin (et cela arrêtera la polémique des critiques
qui ont toujours la vérité sur tout !!!) que Scarlatti
avait à sa disposition grâce à la reine Barbara
(cour d'Espagne) 5 pianoforte et 1 clavecin. On peut aujourd'hui
affirmer que ses sonates ont pour la majorité été
écrites sur cet instrument. Alors cela ne remet pas en
question pour autant les versions faites au clavecin... Concernant
sinon les comparaisons Bach/Haendel je ne saisis toujours pas
pourquoi il est si important de nuire à l'un pour mettre
en valeur l'autre ! Mais à mon avis c'est malheureusement
le propre de l'Homme !
Vous avez dit (cf le livret de votre disque)
« Jai découvert Haendel il a plus de dix
ans. Depuis il vit, et mûrit en moi. Je le travaille, je
le délaisse, jy reviens, il repart. Et à un
moment de le sens faire partie intégrante de ma vie. De
moi. Je le respire, je laime, je le pleure, le rêve
» cela donne le sentiment que cest une appropriation
heureuse mais en même difficile à vivre similaire
à la fois à un amour et une dépendance à
la drogue . Le fait davoir réalisé le
disque au delà du bonheur du partage est-il aussi pour
vous une forme de libération, ce qui ne signifie nullement
séparation au contraire ?
Je ne peux arrêter de jouer la musique de Haendel. Il
y a dans sa musique une telle plénitude, sérénité,
un équilibre parfait qui ouvre les sens, le coeur et l'âme.
La seule libération que je puisse éprouver c'est
de partager enfin cette musique avec mon public. Il est pour moi
essentiel de faire connaître ces suites si peu jouées.
Je joue toujours des sonates de Scarlatti, de nouvelles, Rameau,
quelques suites, Bach, les partitas, Brahms quelques intermezzi
et je prépare pour Pleyel le concerto de Liszt n° 1.
Comment se fait-il que vous ayez du auto-produire
ce disque après le succès des précédents
et avez-vous déjà dautres projets pour ce
nouveau label « Air note » ?
J'ai souhaité être libre de tout choisir et surtout
d'enregistrer avec confiance et avec l'équipe de mon choix.
Je fais particulièrement attention à la prise de
son (Cécile Lenoir), à l'instrument (piano Steinway),
aux techniciens piano (Michael Bargues et Cyril Mordant), au lieu
(Eglise de Bon secours) et a la post-production (Francois Admouchnino).
J'aime avoir le temps pour tout (on a enregistré en 5 jours).
Pour cela rien ne vaut son propre label et c'est grâce à
un lancement de souscription via le net que le Cd a pu voir le
jour. Je profite de cette interview pour encore remercier tous
ceux qui ont participer à l'aventure. J'ai également
un co-producteur sur ce CD qui est le label MusicOvations dirigé
par Jérôme Halbout qui produit essentiellement du
jazz. Nous allons certainement ensemble produire d'autres artistes
et prendrons le temps nécessaire pour les trouver... Peu
de productions mais de beaux CD c'est notre objectif. Je ne peux
également oublier dans ce projet le soutien de mon distributeur
Codaex, François Segré et son équipe, qui
m'a donné sa confiance et qui nous aide avec enthousiasme
et énergie à la promotion de ce disque ainsi que
les associations des pianissimes et dièse representées
par Olivier Bouley, qui contribuent à sa large diffusion.
Quels sont vos prochains concerts ?
Le 24 octobre à 16h au Château de la Verrerie
à Oizon (Haendel, Rameau, Scarlatti),
le 16 novembre à 20h au Théâtre de l'Athénée
à Paris (Haendel, Rameau),...
Cliquez ici
pour en savoir plus et réserver
le 6 décembre au Château de Maintenon (Haendel),
le 19 décembre à St Malo (Haendel, Bach),
le 30 janvier 16h à Pleyel (concerto de Liszt)...
Cliquez ici
pour en savoir plus et réserver
Pour écouter avec
l'aimable autorisation du label Air Notes Allegro
- n°4 en mi mineur HWV 429 cahier n°1 par Racha Adoraky
cliquez sur le triangle du lecteur ci-dessous
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Pour en savoir plus sur Racha Arodaky...cliquez
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Deux vidéos de présentation du disque de Racha
Arodaky et une célèbre Sarabande de Haendel qui
ne figure pas sur le disque mais que vous aurez plaisir à
reconnaître...
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