Gabriel Fauré Piano Quartets Trio Wanderer Antoine Tamestit

Gabriel Fauré

Quatuors pour piano et cordes

Trio Wanderer
Jean-Marc Philips-Varjabédian, violon
Raphaël Pidoux, violoncelle
Vincent Coq, piano
et
Antoine Tamestit, alto

Quatuor pour piano et cordes n°1 op.15 en ut mineur
Quatuor pour piano et cordes n°2 op.45 en sol mineur

Sur la dizaine d'oeuvres de musique de chambre qu'il a composée, Gabriel Fauré a inclus le piano dans toutes hormis la dernière (un quatuor à cordes... seules). Remarquable pianiste il aimait se produire en compagnie de chanteurs et d'instrumentistes plutôt que d'occuper seul la scène, cependant il a créé presque toutes ses oeuvres de musique de chambre à la demande de la Société Nationale de Musique. Sa préférence allait aux instruments à cordes plutôt que ceux à vent, probablement en raison de la vibration des cordes plus proche de la voix humaine qu'il affectionnait aussi particulièrement. Il participa lui-même à la création de plusieurs de ses oeuvres de chambre, parmi lesquelles ces deux quatuors pour piano et cordes. Cet enregistrement produit par le label Harmonia Mundi réunit de très talentueux musiciens qui ont tous les quatre été récompensés de "Victoires de la musique classique" ainsi le Trio Wanderer qui a reçu pour la troisième fois en 2009( après 1997 et 2000) la "Victoire de la musique du meilleur ensemble instrumental de l'année", et l'altiste Antoine Tamestit, "Révélation instrumentale" de l'année 2007. Ils nous révèlent ici dans une interprétation très énergique et d'une très belle sonorité ces deux beaux quatuors peu souvent joués. Et c'est donc le pianiste Vincent Coq qui prend la place du compositeur, ce que, à l'écoute du disque, l'on peut supposer ne pas être une mince fonction ainsi pourrez-vous en jugez vous-même dans le Scherzo du quatuor n°2 (en écoute plus bas). Vincent Coq a bien voulu répondre à quelques questions pour présenter ce disque : 
Pour cet enregistrement votre trio est accompagné par l’altiste Antoine Tamestit, est-il fréquent que le Trio Wanderer joue ainsi avec d’autres musiciens ?
Oui, cela nous arrive souvent, bien sûr avec particulier avec alto pour des quatuors avec piano, répertoire magnifique (Brahms, Mozart, Fauré, Schumann...), avec clarinette pour le quatuor pour la Fin du Temps de Messiaen ou encore avec des chanteurs, comme encore récemment à l'Opéra Comique avec le magnifique baryton Wolfgang Holzmair dans des Folksongs de Beethoven et Haydn. Je pourrais aussi rajouter le hautbois, la contrebasse.... et bien sûr l'orchestre pour le répertoire des triple concertos. Quant à Antoine Tamestit, c'est un altiste soliste exceptionnel. Il s'est parfaitement intégré dans ces quatuors car c'est avant tout un superbe musicien.
Ces deux quatuors comportent un certain nombre de points communs le deuxième quatuor est souvent considéré comme « l’œuvre d’une maturité artistique » , qu’en pensez-vous personnellement ?
Effectivement, les deux quatuors ont des points communs par la forme générale. Mais si le premier est d'une richesse thématique exceptionnelle et son écriture pianistique et polyphonique saisissante d'élégance, de souplesse et de poésie, le langage y est encore très romantique, proche de son époque. Le deuxième quatuor, pourtant distant de seulement sept ans présente un langage tout nouveau et qui n'est propre qu'à Fauré. L'harmonie sans cesse mouvante pourra dérouter à la première écoute certains auditeurs pour devenir très vite envoûtante. La profondeur des sentiments est là insondable. je finis en citant Jankelevitch: "le second Quatuor n'est pas une œuvre dont on puisse vraiment parler, car sa beauté est de l'ordre de l'ineffable. Ici, il n'y a plus qu'à se taire et écouter."
Hélène Cao, auteur du livret, explique que Gabriel Fauré a doté la partie de piano d’une écriture foisonnante, qui requiert de l’interprète vivacité, fluidité et plénitude sonore, précisant que le compositeur était ambidextre…vous même êtes-vous ambidextre, comment avez-vous
travaillé pour faire face à ces difficultés techniques ? A quoi avez-vous attaché le plus d'importance dans votre interprétation ?
Non, je ne suis pas ambidextre et je ne suis pas sûr que cela soit particulièrement utile aux pianistes. Je crois qu'ici, il est important de s'attacher comme très souvent au travail du legato, surtout avec la présence des cordes. La précision et la clarté sont aussi très importantes. Ce
langage foisonnant ne doit surtout pas devenir un magma harmonique, mais sa polyphonie doit être parfaitement perceptible. De même les dynamiques doivent être respectées pour rendre justice à cette musique passionnée. Il n'y a rien de pire qu'un Fauré toujours en demi-teinte, étouffé dans une ambiance de salon. Fauré avait dit à Marguerite Long de ne pas jouer sa
musique "sous un abat-jour".
Gabriel Fauré a également composé un trio pour piano et deux quintettes pour piano jouez-vous l’une de ces œuvres, et qu’en pensez-vous comparativement à ces deux quatuors ?
Nous n'avons jamais encore joué les quintettes mais très souvent le trio qui est l'avant-dernière œuvre de Fauré. Le trio est une œuvre géniale. Sa forme compacte ne laisse pas de place à l'inutile. Tout y est concentré et essentiel.
La musique de chambre de Fauré, à son départ encore tourné vers Schumann et d'autres grands romantiques a peu à peu évolué vers un langage unique, indéfinissable et propre au seul Fauré. Sa qualité, depuis la première sonate pour violon, le premier quatuor jusqu'aux dernière œuvres le trio, les quintettes, les sonates pour violoncelle y est constante. Il y a là la pâte d'un maître, complexe, profond, sensible et humain, Il est dommage et incompréhensible que cette musique ne soit pas plus joué en France. Les deux quatuors avec piano n'ont vraiment rien à envier à ceux de Brahms ou Schumann.
Quels sont vos prochains concerts et autres projets, y en-a-t-il un qui vous tienne plus à cœur ?
Il m'est difficile de choisir parmi les concerts à venir. Je ne citerais que les tout prochains. Nous partons dans quelques jours donner un concert au Konzerthaus de Vienne, un des temples de la musique de chambre puis une série de concerts en Italie et enfin le triple concerto de Beethoven avec l'orchestre des Siècles dirigé par François-Xavier Roth au Grand Théâtre d'Aix-en -Provence.
A part cela, nous avons un nouveau disque qui paraîtra vers le mois d'octobre consacré à Smetana et Liszt dont la musique de chambre recèle quelques merveilles.
Pour écouter le Sherzo. Allegro molto du quatuor n°2 pour piano et cordes de Fauré
Interprété par le Trio Wanderer et Antoine Tamestit

avelc l'aimable autorisation du label Harmonia Mundi
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