Rhapsodie hongroise n°15
Liebestraume, nocturne n°3
La Danza (Tarantella napoletana, d'après Rossini)
Liebesträume, nocturne n°2
Valse -Impromptu
O ! du mein holder Abenstern(extrait de Tannhaäuser de Wagner)
Isoldes Liebestod(extrait de Tristan et Isolde de Wagner)
Consolation n°3
Venezia e Napoli ( supplément aux années de pèlerinage
) :
Gondoleria
Canzone
Tarentella
Tristan Pfaff, piano
Le pianiste Tristan
Pfaff dans son premier disque paru il y a environ deux ans
avait notamment mis au programme de celui-ci une transcription
par Arcadi Volodos de la Rhapsodie hongroise n°13 de Franz
Liszt (voir
ici) , ce nouveau disque, publié par le label Aparté
et labellisé disque officiel de l'année Liszt 2011,
débute par une autre Rhapsodie de Liszt dans un arrangement
de Vladimir Horowitz cette fois. Liszt fut d'ailleurs lui-même
outre un compositeur génial le transcripteur de nombreuses
oeuvres symphoniques, d'Opéra et de lieder, portant ainsi
au-delà des frontières ce qu'il avait pu entendre.
En fait que ce soit dans ses propres compositions ou dans ses
transcriptions Liszt s'est en effet nourri certes de la musique
de son pays natal et tzigane comme pour cette rhapsodie inspirée
par un thème de la "Marche de Rakocsy",
mais, ainsi le souligne Brigitte François-Sappey qui signe
le livret de cet album "Liszt s'est projeté en
Européen , aspirant à "représenter
en Europe un élément d'intelligence , d'honneur
et de talent". ll s'est voulu en vérité
l'enfant de chaque peuple, aimant et chantant la France, l'Italie,
la Germanie, la Hongrie, sans oublier la Russie et la Pologne.[..]Oscillant
entre la création pure et la transcription, qui a sollicité
ses dons de magicien du piano sa vie durant, il a ainsi rendu
hommage à toutes les facettes de l'art occidental."
La simple lecture de la liste des oeuvres de cet enregistrement,
aux multiples langages, laisse déjà imaginer une
partie de l'étendue de son inspiration. Tristan Pfaff a
conçu cet album dans l'esprit d'un récital (ou "soliloque"
selon l'expression de Liszt) et choisi de jouer celles-ci pour
la simple raison qu'il les aime, explique-t-il à l'occasion
d'un nouvel entretien(voir ci-après). Un plaisir évident
comme on peut le voir grâce à deux extraits vidéos
très récemment enregistrés, un plaisir qu'il
communiquera à ses auditeurs, qu'ils découvrent
ou non Liszt à l'occasion du bicentenaire de sa naissance,
peut-être cela donnera envie encore à certains d'entre
eux aussi de partager cette musique en la transcrivant à
leur tour comme l'a fait Volodos mais on devine bien que cela
est loin d'être facile. Liszt, s'il eût été
immortel, aurait certes encore peut-être lui-même
repris certaines de ses propres oeuvres comme il le fit souvent.
Franz Liszt les prolongea aussi parfois ainsi "Venezia
e napoli" a été ajouté en complément
à sa " deuxième année de pélérinage"
et comportait quatre pièces dans une première version
parue en 1840 mais en 1859 Liszt ne conserva que deux d'entre
elles avec des modifications(Gondoleria et Tarentella) et en ajouta
une nouvelle : "Canzone", cette dernière
n'est peut-être pas la plus réussie des trois mais
les deux autres sont vraiment magnifiques. Autre très bel
exemple de reprise par Franz Liszt lui-même : celle de l'extrait
que vous pourrez également écouter : "Valse-Impromptu",
publiée en 1852, qui est une version développée
de sa "Valse favorite"composée en 1842,
résultat d'un travail très minutieux, certains musicologues
la considère comme un objet d'art, Tristan Pfaff nous permet
ici d'admirer toutes les facettes contrastées de cette
pièce comme de toutes celles de l'ensemble de son programme
réalisé avec un art de l'équilibre nous offrant
de Liszt un beau portrait de pianiste virtuose mais aussi de poète.
Dans quelles circonstances se sont passés
votre rencontre et votre enregistrement avec le label Aparté
?
Ce n'est pas une mais plusieurs rencontres. D'abord celle il
y a quelques années déjà de Florian Bonifay,
aujourd'hui "label manager" d'Aparté, qui travaillait
à l'Institut Français (ex CulturesFrance), qui m'avait
sélectionné pour intégrer le programme "déclic"
en tant que
lauréat de concours internationaux. Ensuite bien sûr
celle de Nicolas Bartholomée (le créateur d'Aparté),
légende de la prise de son. Pascal Escande, le directeur
artistique des festivals d'Auvers-sur-Oise et d'Annecy, dont je
suis devenu un invité régulier, me proposait d'autres
projets avec DiscAuvers, projets que nous avons eu l'idée
de mettre en commun avec Aparté. Voilà pourquoi
c'est devenu un disque officiel du festival d'Auvers-sur-Oise.
C'est aussi l'un des disques officiels "Année Liszt
2011" grâce à Jean-Yves Clément, qui
est le directeur artistique des Lisztomanias et de Nohant, festivals
dans lesquels j'ai eu le plaisir d'être invité cette
année. Et encore Frank Ciup, qui a mis à notre disposition
le théâtre Saint Bonnet (à Bourges), Kazuto
Osato qui a réglé le piano, Brigitte François
Sappey qui a rédigé le livret...
Que représente Liszt pour vous
?
Le compositeur le plus important du XIX° siècle pour
le piano, celui qui a inventé la technique pianistique
moderne - véritablement fait du piano un orchestre-, et
aussi le récital tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Liszt dénommait aussi les récitals
"soliloque" que pensez-vous de ce mot ?
On peut tout à faut le ressentir comme cela quand on
est sur scène. Maintenant, Liszt a probablement dit bien
d'autres choses aussi sur le récital. Je ne peux imaginer
qu'il ait voulu définir en un seul mot la conception qu'il
avait d'un concert.
Comment avez-vous sélectionné
les uvres de ce récital ?
Avant tout il faut jouer des oeuvres que l'on aime, et après
éventuellement on songe à agencer les oeuvres de
la meilleure manière possible, rendre l'ensemble cohérent,
mais d'abord à se faire plaisir. Pour moi, une oeuvre que
j'aime a sa place. Ensuite bien sûr il faut concevoir la
manière la plus intelligente dramatiquement d'organiser
le programme pour qu'il fonctionne le mieux possible, au disque
comme au concert.
Nous avons la chance que Liszt ait transcrit au piano de nombreux
extraits d'opéras de Wagner.
C'était l'occasion ou jamais d'en enregistrer certains.
Les liens entre Liszt et Wagner étant tellement forts (musicaux,
familiaux, etc) que je considère que Wagner a tout à
fait sa place dans ce récital. Je connais depuis longtemps
le prélude et la mort d'Isolde, c'est l'une des oeuvres
qui m'a le plus tôt marqué, même si en général
on adore pas nécessairement Wagner -ou Mahler- tout de
suite. Depuis, j'ai vu l'opéra plusieurs fois, et notamment
à Bayreuth. "La musique commence là où
s'arrête le pouvoir des mots" ...
Quant aux oeuvres originales de Liszt, elles nous sont familières
depuis toujours. Tout le monde (non mélomanes compris)
a eu l'occasion d'entendre un jour Rêve d'amour n°3,
une rhapsodie hongroise (la 2°, la 15°...) dans un film
ou un dessin animé... Je cherche dans mes programmes un
équilibre entre des oeuvres injustement méconnues
et les oeuvres les plus célèbres, que nous avons
un plaisir toujours intact à écouter.
Dans un précédent interview
sur votre premier disque où figurait quatre transcriptions
vous aviez fait part de votre intérêt pour les transcriptions,
recherchez vous aussi des transcriptions d'autres compositeurs
et que pensez-vous plus particulièrement de celles réalisées
par Liszt par rapport à celles d'autres compositeurs ?
Plus qu'une recherche de transcriptions cela a été
une découverte naturelle de celles-ci. En fait ce sont
des coups de coeur que j'ai eus en découvrant par hasard
des partitions nouvelles, qui font que je vais ajouter des oeuvres
à mon répertoire, quel que soit le genre, le style,
le compositeur... Le choix se fait avant tout en fonction des
oeuvres que j'ai le plus de plaisir à jouer. Par exemple,
j'ai décidé d'enregistrer la mort d'Isolde parce
que je suis fou de Tristan et Isolde, et toute autre considération
(comme : est-ce qu'une transcription - d'un autre compositeur
qui plus est- parmi des oeuvres originales a sa place, cela ne
nuit il pas à la cohérence du programme etc) passe
au second plan.
Vous avez choisi d'enregistrer les trois
pièces du supplément " venezia e napoli
" ajoutées par Liszt au deuxième volume des
années de pèlerinage célébrant L'Italie,
comment à votre avis faut-il considéré vous
ce " recueil " ..un simple bonus des ce deuxième
volume ou en fait tout à fait comme partie intégrante
des années de pèlerinage ?
Je crois qu'après ce second volume des années
de pèlerinage italiennes, qui comporte des oeuvres vraiment
"sérieuses", graves, philosophiques (Dante etc),
Liszt a peut-être pensé que dramatiquement, il fallait
des pièces plus "légères" plus
terminer. Une Venise magique, féerique, une Tarentelle
brillante pour conclure le recueil...
Avez-vous des interprètes de référence
pour l'interprétation de Liszt et à quoi attachez-vous
le plus d'importance dans l'interprétation de ses oeuvres
?
J'ai bien sûr quelques interprètes de référence
dans Liszt, notamment Cziffra et Horowitz.
Mais je peux en préférer d'autres dans certaines
oeuvres en particulier. La version des années de pèlerinage
(y compris Venezia e Napoli) par Aldo Ciccolini est pour moi un
enregistrement de référence, ou encore celui de
la Sonate en si mineur par Cortot. J'ai écouté par
curiosité le 3° Rêve d'amour, qui a si souvent
été enregistré, par des élèves
de Liszt ou en tous cas, d'anciens pianistes, c'est très
intéressant stylistiquement, le rubato, les libertés
parfois prises avec le texte, la conduite des phrases...(surtout
la version de Godowsky).
Quels sont
les événement qui ont le plus compté pour
vous ces deux dernières années et que pensez-vous
de l'évolution de votre carrière ?
Il s'est passé beaucoup de choses depuis. J'ai eu la
chance d'être invité dans de nouveaux
festivals - comme les Serres d'Auteuil, Menton, Liszt en provence,
ou Heidelberg en Allemagne par exemple-, de revenir dans d'autres
(Auvers-sur-Oise, Annecy, les Folles Journées, Bagatelle),
de faire une tournée avec les Jeunesses Musicales de France
(une deuxième année de tournée
va débuter à l'automne), de participer à
des émissions de télévision - comme "Vivement
dimanche" sur France 2 l'année dernière-, de
radio (France Musique, radio classique) et de réaliser
cet enregistrement pour Aparté (distribué par Harmonia
Mundi).
Cette année à l'occasion
du bicentenaire de naissance de Liszt, avez-vous nombreux concerts
à venir où vous jouerez plus particulièrement
ses oeuvres ?
Je jouerai ce programme Liszt dans quelques festivals cet été
(Nohant, Biarritz, les musicales du Golf...), lors d'un show case
à la Fnac des Ternes à l'occasion de la journée
"Play Liszt", et tout au long de l'année dans
le cadre des Jeunesses Musicales de France.
Pour écouter
Franz Liszt
Valse-Impromptu
Tristan Pfaff, piano avec l'aimable autorisation
du label Aparté
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous