Festen Family Tree avec Jean Kapsa PIANO Quartet JAZZ
Festen
Family Tree
Damien Fleau, saxophone
Jean Kapsa, piano
Oliver Degabriele, contrebasse
Maxime Fleau, batterie
Snowless
Alone With The Driver
Coming From The Floor
Sound Nation
Family Tree
Grandfather's Bed
In Motion
Starfish Prime
All Apologies
Alison Galea voix sur "Alone With The Driver".
C'est dans une autre formation jazz, le trio "Sphère",
qui a obtenu le 1er prix du Tremplin Jazz d'Ile de France et le 2ème
prix aux Trophées du Sunside à Paris que nous avions pu
découvrir le pianiste Jean Kapsa lors de la parution du très
beau disque "Parhélie" sorti sous le label Mélisse
en 2011. Cette autre formation : Festen, que nous avions déjà
évoquée avec lui, vient de sortir ce nouvel album en auto-production
: Family Tree.
Et puisqu'il est question de famille sachez tout d'abord que Festen
est un quartet Jazz fondé en 2008 qui doit son nom à un
film danois réalisé par Thomas Vinterberg ayant obtenu
le Prix du Jury au festival de Cannes en 1998 et où il est question
d'une fête... de famille, le groupe s'est inspiré de la
sobriété formelle, du style vif et brutal propre au cinéma
danois des années 90. A l'origine de cette fête aussi familiale
, deux frères : Maxime et Damien Fleau, respectivement batteur
et saxophoniste, qui ont été rejoints très vite
par le pianiste Jean Kapsa
et le contrebassiste Oliver Degabriele. Cette formation a également
reçu diverses récompenses ainsi en 2009, le 1er prix du
tremplin de jazz de Lagny et en 2010 le 1er prix du jury du Golden Jazz
Trophy. Il y a une invitée à cette nouvelle fête
: la chanteuse Alison Galea qui prête sa jolie voix sur un titre
: "Alone With The Driver".
Interrogé à l'occasion de la sortie de ce nouveau disque,
le pianiste s'avère avoir très nombreuses activités
que ce soit dans ces deux groupes ou d'autres ainsi un projet qui l'a
conduit au Brésil. Ce disque dont sept des neuf morceaux sont
des compositions originales signées collectivement par le groupe
est l'occasion de faire le point sur toutes les activités musicales
du pianiste et d'en mesurer une autre facette au demeurant tout aussi
remarquable et plaisante que la précédente, cette fois
en quartet jazz.
On peut d'ailleurs s'étonner que cet album soit autoproduit
car la musique que Jean Kapsa définissait dans un précédent
entretien comme "plus sauvage" que celle de Sphère
a tout autant d'atouts pour plaire à un large public ainsi un
splendide "Coming from the floor " qui suit la seule
chanson du disque et dont déborde une très belle énergie
fort enthousiasmante tout comme "Snowless" qui débute
le disque. "Sound nation" un peu plus lent est d'un
lyrisme très attractif déjà appréciable
chez "Sphère". Lyrisme d'ailleurs toujours présent
dans cet album et certes parfois exalté par le saxophoniste ou
le pianiste mais sans que l'un ou l'autre ne monopolise ou n'envahisse
la place tout comme la chanteuse qui reste discrète, et ce qui
séduit aussi avant tout encore c'est la cohésion du groupe
et la sonorité globale à la fois légère
et aérienne mais aussi fort bien enracinée par une rythmique
commune prenante qui conduit ici naturellement d'un morceau à
l'autre, d'une branche à l'autre sans avoir à subir de
grand saut ou contraste musical, et amène avec une surprenante,
voire inimaginable, douceur vigoureuse (et oui c'est possible ! ) ,
l'auditeur à un "All apologizes" qui laisse
espérer la parution rapide du troisième volume déjà
en préparation tant cette musique offre simultanément
détente et énergie bienfaisante. Bon en attendant on peut
toujours l'écouter " en boucle ! ... Oui faites le aussi
!
Les internautes de piano bleu avaient pu vous
découvrir en 2011 à l'occasion de la sortie de votre disque
d'une autre formation : le trio Sphère auquel participe également
le batteur Maxime Fleau, quelle a été depuis l'activité
de vos différentes formations ?
Pour
faire le lien avec la sortie en mai 2011 de l'album "Parhélie"
du trio Sphère, nous avons ensuite joué au festival Jazz
à Couches, au Péristyle de l'Opéra de Lyon, puis
pour quelques concerts dans le Sud-Est : le Périscope à
Lyon, le Perce-Oreille à Reignier, festival Jazz à Presles,
Cinéma de Loriol et Café Culturel de Livron. Nous préparons
actuellement le prochain album avec le label Mélisse (Edouard
Ferlet), que nous devrions enregistrer en fin d'année.
En juillet 2011, nous avons remporté le 1er prix de l'European
Jazz Contest à Rome avec le Benoit Berthe "Back" Quartet
. Cela nous a permis de nous produire à Rome et d'y enregistrer
le 2eme album de ce groupe, qui sortira dans les prochains mois sur
le label italien "Saint-Louis College". Nous avons
enregistré plusieurs morceaux avec l'altiste Rosario Giuliani,
qui joue avec nous pour certains concerts notamment le 30 mai prochain
au théâtre Aan Het Vrijthof à Maastricht.
Soutenu par le festival Jazz in Marciac depuis plusieurs années,
le groupe s'y produit tous les ans depuis quatre ans et nous jouerons
cette année dans la salle de l'Astrada le 2 août.
Le festival a également été à l'initiative
de notre semaine au Brésil en novembre 2011, organisée
en partenariat avec l'ambassade de France à Recife (concerts
à Recife, Joao Pessoa et Olinda). Suite à mes rencontres
là-bas, je suis reparti un mois en mars 2012 pour jouer et enregistrer
avec l'altiste Alex Corezzi et le percussionniste Lucas Dos Prazeres,
deux musiciens brésiliens. Ce fut un choc culturel : une rencontre
entre la musique improvisée et la chanson traditionnelle brésilienne,
au sein d'un trio original, sans basse.
En novembre 2011 nous avons enregistré "Family Tree"
ce deuxième album de Festen. Pour des raisons techniques et financières,
le disque n'est sorti que le 18 février 2013 au format digital,
et est disponible depuis le 8 mai 2013 au format physique. Ces deux
dernières années nous avons joué le répertoire
à Lyon, à la Chaux-de-Fonds en Suisse, à Paris
et à St-Malo, ville d'origine des frères Fleau.
Enfin, entre août et décembre 2012, j'ai enregistré
un album de 100 impromptus d'une minute sur 100 jours. Il me semblait
intéressant de présenter un travail qui n'apparaît
pas de cette manière sur les autres albums ou en concert, c'est
à dire l'improvisation sans préparation ni préméditation.
Le caractère journalier des publications contrastait avec la
fréquence de nos enregistrements en trio ou quartet (une ou deux
fois par an), et me paraissait mieux refléter l'évolution
de ma musique et son essence.
Nous nous produisons à peu près à la même
fréquence avec ces trois formations principales (Sphère,
Festen et Back Quartet), soient entre 3 et 5 concerts par an. Parallèlement
je prends plaisir à rencontrer de nouveaux musiciens au fil des
sessions et répétitions, pour concrétiser parfois
la création d'un groupe. Entre janvier et mars nous avons joué
régulièrement au Café Universel avec le quartet
du guitariste et chanteur Thomas Curbillon et avons des concerts prévus
fin juillet dans la Drôme, pour un répertoire de standards
du jazz cette fois-ci. En octobre 2012 j'ai enregistré une maquette
avec le quintet Fog(g) avec Romain Cuoq, David Enhco, Gautier Garrigue
et Florent Nisse. Nous jouerons au Baiser Salé le 20 mai prochain.
D'autre part je joue ponctuellement en duo avec le saxophoniste Camille
Poupat qui a carte blanche au Madrigal à Chartres, et en duo
avec Damien Fleau le saxophoniste de Festen.
Comment envisagez-vous l'évolution à
moyen terme de ces formations ?
Nous avons des projets assez précis pour les trois groupes
principaux. Avec Sphère nous pensons essentiellement au prochain
album, il nous reste quelques nouveaux morceaux à travailler
pour être prêt à enregistrer. Alors que la scène
française du jazz et des musiques improvisées est plus
dynamique que jamais, avec l'émergence incessante de nombreux
talents, que les techniques d'enregistrement sont devenues beaucoup
plus accessibles, et que parallèlement la promotion et la diffusion
de la musique changent radicalement de visage avec Internet, enregistrer
un disque auprès d'un label tel que Mélisse apparaît
comme un geste auquel il convient de donner un sens le plus précis
possible. Ainsi, tandis que l'offre musicale se multiplie, tant dans
le domaine du jazz que du rock ou des musiques électroniques,
que les styles se croisent à l'infini et se recyclent sur des
périodes de plus en plus courtes, il nous semble crucial de nous
tourner encore plus profondément vers notre intérieur
pour livrer la musique la plus personnelle qui soit, en nous détachant
de toute influence extérieure, dans la composition comme dans
le jeu, pour continuer à développer notre propre langage,
avec comme piliers notre amitié et notre amour de la musique.
Nos années de pratique commune nous ont permis de prendre conscience
de nos limites, et de pouvoir toujours "être dans la musique"
même lorsque nous prenons d'importants risques musicaux ; d'épurer
progressivement toute virtuosité inutile et de raconter des histoires.
Avec Festen nous préparons les prochains concerts mais aussi
un nouveau répertoire. Le troisième album est déjà
en gestation. Pour le quartet Back, nous nous concentrons sur les prochains
concerts à Maastricht puis Marciac.
Pour le projet brésilien, il est malheureusement difficile
pour nous de donner suite pour le moment étant donné la
distance qui nous sépare et les frais que cela peut engendrer
pour nous retrouver.
Les
morceaux de ce disque ont-ils été conçus et /ou
joués lors de concerts ou bien s'agit-il de compositions récentes
?
Tous les morceaux ont été créés ou arrangés
en amont pendant les répétitions, bien que les concerts
les fassent souvent évoluer. Chacun compose individuellement
avant de présenter le morceau au groupe mais il y a une exception
pour "Snowless", (lire plus loin). Cela peut simplement
être quelques idées de base, ou parfois un morceau déjà
bien avancé. Dans tous les cas nous aimons parler ensemble de
la direction à prendre, de la structure, des nuances, de la place
et du cadre des éventuels solos, et passer du temps à
arranger. Il faut parfois creuser longtemps avant d'arriver à
un résultat qui nous convienne tous. Il arrive aussi que d'excellentes
idées surgissent de nul part en jouant, et que le morceau prenne
tout son sens par une osmose mystérieuse guidée par la
"dynamique d'ensemble". C'est ce qu'on cherche à provoquer
le plus souvent possible, car c'est une sensation qui ne découle
pas de la raison ! C'est en travaillant les morceaux et le son de groupe
que l'on peut avancer ensemble dans la même direction. Il n'y
a d'ailleurs pas de leader.
En concert les morceaux peuvent changer, l'énergie et la concentration
ne sont pas les mêmes et cela amène de nouvelles idées
qui n'avaient pas émergées en répétition.
Pour ce disque nous avions déjà beaucoup joué chaque
morceau, en répétition ou en concert.
Dans quelles circonstances cet enregistrement
a-t-il pu être produit ?
Le disque a été auto-produit. Nous avons enregistré
en novembre 2011 au Studio Sextan à Malakoff sur trois jours
avec l'ingénieur du son Alban Sautour (qui s'est aussi occupé
du mixage et du mastering). Il nous suit avec Sphère et Festen
depuis le début.
Nous étions prêts et détendus. Le studio est très
agréable et le piano, un Fazioli F278 particulièrement
riche dans les registres médium et grave, a été
adéquat pour cette musique. Maxime et Damien étaient dans
des cabines séparées, Oliver et moi dans la même
grande pièce mais nous étions séparés par
des panneaux. Je trouve un peu perturbant d'enregistrer en cabines séparées,
casques sur les oreilles, il faut trouver l'équilibre sonore
pas seulement musicalement mais aussi techniquement. Et nous n'y sommes
pas vraiment préparés. Alban nous aide beaucoup pour cela.
En moyenne nous avons fait trois prises par morceau, et nous gardons
souvent la première, plus fraiche.
Alison Galea prête sa voix sur le titre
" alone with the driver " , pour quelles raisons lui avez-vous
demandé cette participation sur un seul titre et qu'appréciez
vous dans ce qu'elle apporte au titre ?
Nous connaissons Alison Galea depuis la formation du groupe puisqu'elle
est aussi la copine d'Oliver Degabriele, et nous avons découvert
son travail avec le groupe maltais "Beangrowers" .
Elle a écrit les textes sur certains morceaux de Festen et on
a fait un concert ensemble au Théâtre Manoel à Malte
en octobre 2010, puis un autre à Paris .
Particulièrement pour "Alone with the Driver", nous
aimons sa voix, son texte, et la manière dont elle rejoint le
son du groupe. Cette parenthèse vocale unique dans le disque
nous rappelle indirectement que les histoires se racontent aussi sans
la voix, de façon instrumentale, mais ce morceau est plus explicite.
La direction et la couleur de l'album auraient été vraiment
différents si la voix avait été plus présente,
et cela n'aurait probablement pas reflété le travail instrumental
que nous avons fait ces dernières années.
Nous aimerions travailler davantage avec Alison, mais elle vit à
Malte et encore une fois la distance ne nous aide pas.
Quelles ont été vos principales
sources d'inspiration pour ce nouvel album ?
Le premier morceau "Snowless" a été
composé ensemble lors d'une résidence d'une semaine à
Val-Thorens. C'était en avril 2011, il n'y avait presque plus
de neige. Nous étions en vase clos dans un hôtel dans lequel
il n'y avait plus beaucoup de résidents ; la haute altitude et
le paysage n'arrangeaient pas cette sensation d'être étouffés
dans un autre monde. Nous répétions tous les jours et
jouions le soir en concert pour des auditeurs qui se comptaient sur
les doigts d'une main. C'était très spécial et
cela nous a inspiré "Snowless".
Tout aussi explicite, pour le titre "Grandfather's Bed"
qui est un morceau que j'ai composé pour le groupe, je me suis
inspiré du lit dans lequel je dors lorsque nous jouons à
St Malo. Nous logeons chez les parents de Maxime et Damien. Le lit de
leur grand-père (situé dans la chambre d'amis qui m'est
désormais à chaque fois attribuée) est exceptionnel
et le sommeil y est très reposant...
De manière générale, pour faire de la musique
je m'inspire beaucoup des paysages, de la cuisine, de la photographie,
de souvenirs, et des personnes qui m'entourent.
Est-ce parfois difficile pour vous de déterminer
si une composition évoluera plus dans l'esthétique de
Sphère ou bien dans celle de Festen ? ainsi vous est-il arrivé
de changer d'avis / une composition ?
Je pense dès le départ aux musiciens qui vont jouer
le morceau. Pas d'un point de vue esthétique, car ce serait trop
l'anticiper à mon sens, mais plutôt parce que je n'ai pas
vécu les mêmes choses avec chacun. C'est comme fixer deux
objectifs photographiques différents à un appareil : le
point de départ est le même, la ligne de mire est la même,
mais suivant la focale, l'ouverture, la vitesse d'obturation, la sensibilité,
le résultat esthétique est très différent.
D'ailleurs les morceaux perdent leur sens lorsqu'ils sont joués
en dehors du groupe de base, nous en avons déjà fait l'expérience.
Il nous est arrivé de jouer certains morceaux que j'avais composé
pour Sphère avec Festen (les titres "Baccarat"
ou "Meeting Again"..) et nous les avons abandonnés
d'un commun accord. D'autre part nous ne travaillons pas les morceaux
de la même manière en répétition.
Cela dit je n'ai pas de règle stricte de composition et il m'est
récemment arrivé de reprendre une improvisation de l'album
en piano solo et de l'arranger pour le trio. Ou bien de reprendre des
idées survenues pendant une répétition (car nous
enregistrons toujours).. J'imagine souvent ce à quoi va ressembler
le morceau en le jouant avec les autres musiciens, mais ensuite nous
le triturons ensemble dans tous les sens pour l'arranger.
Parmi vos concerts à venir (sur les six
mois ) quels sont ceux qui vous tiennent particulièrement à
coeur ?
Je pense particulièrement au concert avec Festen au festival
Jazz au Château de Grignan le 29 novembre prochain. Situé
dans mon département d'origine, ce château qui se dresse
au coeur de la Drôme provençale m'inspire beaucoup. C'est
un cadre est exceptionnel pour un concert !
Pour écouter
trois morceaux
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