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Récital américain Kanae Endo PIANO
Récital
américain
Kanae Endo, piano
Louis Moreau Gottschalk 1829-1869
- Le bananier, chanson nègre
- Souvenirs d'Andalousie,
- O, ma charmante, épargnez-moi,
- The banjo, grotesque fantasie, op.15
- Tournament galop
Heitor Villa-Lobos 1887-1959
- Alma brasileira, chôros n° 5
- Ciclo Brasileiro
- Valsa da dor
Alberto Ginastera 1916-1983
- Suite de danzas criollas, op.15
- Danzas argentinas, op.2 13
Kanae Endo, est la dernière élève de la pianiste
France Clidat, la pianiste japonaise a en effet suivi ses études
musicales en France, pays pour lequel elle a eu un coup de coeur dès
son adolescence, et choisit de se perfectionner auprès de la
concertiste de renommée internationale , surnommée "Madame
Liszt " et qui fut elle-même l'élève de
pianistes prestigieux (Emil Gilels, Lazare Levy...). Si Liszt tient
aussi un place importante dans le vaste répertoire de Kanae Endo
, nombreux compositeurs français et d'amérique latine
y figurent aussi... Invitée à réaliser un disque,
en forme de récital selon les conseils de France Clidat, elle
a finalement retenu des oeuvres de trois compositeurs sud-américains
en prenant pour point de départ l'oeuvre de Gottschalk ainsi
explique-t-elle dans l'entretien à lire dans cette page.
Le musicologue Rémi Jacobs, auteur du livret, constate que
: "les clés de parenté[ de ces trois créateurs]
sont à rechercher dans les multiples emprunts aux thèmes,
réels ou inventés, des chansons et danses populaires,
ainsi que dans la mentalité des peuples amérindiens enclins
autant à l'exubérance qu'à la nostalgie, cette
saudade qu'espagnols et portugais émigrés assimilent de
façon paroxystique à la mélancolie, à l'évocation
douce amère d'un bonheur évanoui. Chacun à sa manière,
les trois musiciens ont extériorisé ces changements d'humeur
qui se caractérisent par l'alternance d'une virtuosité
exacerbée et un intense dépouillement mélodique"
... Des humeurs très fortes et contrastées que Kanae Endo
partagent avec une belle énergie haute en couleur ainsi pourrez-vous
le mesurer dans l'extrait plus bas. France Clidat a d'ailleurs écrit
ces mots très élogieux au sujet de cet enregistrement
qu'elle a pu écouter avant sa disparition l'année dernière
: "Je remercie le ciel d'avoir la possibilité de dire
toute l'admiration que je porte au jeu de ma très chère
élève, Kanae Endo. Son sens de la couleur, du rythme,
de l'articulation sonore des oeuvres, lui permet de mettre sa personnalité
au service de la musique ! Je suis certaine que son récital original
marquera le début d'une magnifique carrière qui la fera
partout connaître et reconnaître." ...
Effectivement ce premier disque, au caractère international dans
la mesure où il a été enregistré en France,
par une pianiste japonaise avec la musique de compositeurs américains
eux-même influencés par ceux d'Europe, ainsi Chopin prédit
un brillant avenir à Gottschalk après un concert salle
Pleyel et ce compositeur est aujourd'hui considéré parfois
comme le "Franz Liszt américain " , est assurément
pour Kanae Endo un
point de départ fort bien réussi, prometteur aussi d'une
belle carrière internationale !
Ce
disque est votre premier disque, dans quelle circonstance a-t-il pu
être réalisé ?
Quand j'ai eu l'idée d'enregistrer, France Clidat a voulu absolument
m'aider, et elle a parlé de moi à Frédéric
Khavessian, le Directeur de Disques DOM, et du Label Forlane chez qui
elle-même enregistrait depuis de nombreuses années. C'est
un producteur indépendant qui consacre une grande partie de son
activité à la musique classique. Il réédite
aussi beaucoup d'enregistrements du passé. La recommandation
de France Clidat a été importante pour Frédéric
qui a tout de suite accepté de publier mon premier CD. Il est
venu m'écouter lors d'un récital commenté à
Paris, et je crois qu'il a aimé ce qu'il a entendu et ce qu'il
a vu.
L'enregistrement a été réalisé fin 2011
au temple Saint-Marcel dans le 5ème arrondissement de Paris.
Le directeur artistique et ingénieur du son, Joël Perrot,
est un formidable professionnel qui connaît très bien les
pianistes et le piano, d'abord pour en jouer remarquablement lui-même,
ensuite pour avoir réalisé plus de 500 enregistrements
avec cet instrument. Il m'a beaucoup aidé et m'a permis de me
libérer de l'angoisse du micro. C'est une expérience à
la fois très difficile et exaltante. J'ai appris énormément
pendant ces journées.
Ce disque s'appelle " Récital américain
" le programme correspond-il a un ou plusieurs concerts que vous
avez donné en public antérieurement à l'enregistrement
?
Pour la plupart oui. A part la " suite de danzas criollas
" de Ginastera, et la " Valsa da dor " de Villa-Lobos
et " O, ma charmante, épagnez-moi " de Gottschalk,
que je n'ai joué en concert qu'après l'enregistrement,
j'avais interprété en public tout ce répertoire,
au cours de différents récitals en Europe et au Japon.
Le titre du disque a été décidé après
les choix des oeuvres.
Votre récital américain pourrait
se nommer récital sud américain puisque bien que originaire
de Louisiane le compositeur Louis Gottschalk avait comme l'indique l'auteur
de votre livret Remi Jacobs " les sens tournées vers
cuba et l'amérique latine ", sa mère étant
d'ailleurs originaire des antilles , mais pour quelle raison particulière
avez-vous choisi de l'associer à Heitor Villa Lobos et Alberto
Ginastera qui ne sont pas contemporains de ce compositeur ?
La première idée de ce disque est venue du public lors
d'un récital au Japon. A l'issue du concert, j'ai joué
quelques oeuvres de Gottschalk pour la première fois au Japon.
De nombreuses personnes sont venues me dire qu'il fallait absolument
que j'enregistre ce répertoire... J'ai découvert la musique
de Gottschalk grâce à un organisateur qui voulait que je
les joue dans ses concerts. Je ne connaissais même pas le nom
de ce compositeur. D'abord j'ai écouté quelques pièces,
j'ai ensuite commencé à déchiffrer toutes les oeuvres
de l'anthologie que j'ai achetée. J'ai été complètement
charmée par cette musique qui parlait à mon imagination.
Quelquefois, son humour m'a fait beaucoup rire, toute seule devant mon
piano ! C'est très étonnant de penser que cette musique
a été entendue à la même époque que
celle de Berlioz, de Chopin, et de Liszt. J'ai donc pensé d'abord
un CD consacré entièrement à des oeuvres de Gottschalk.
De retour en France, j'en ai parlé à France Clidat, mais
elle m'a plutôt conseillé, pour mon premier CD, un programme
récital. J'ai tout de suite pensé à Villa-Lobos.
C'est une musique qui me touche profondément par son humanité.
Ensuite, j'ai pensé aussi à la musique française,
ou des oeuvres romantiques mais j'ai finalement décidé
de mettre un autre compositeur des Amériques. Dans mon répertoire,
j'ai pensé à Piazzolla, à Lecuona, à Gershwin
etc ... Mais c'est finalement Ginastera que j'ai choisi. De toutes les
oeuvres de cet enregistrement, ce sont les " Danzas argentinas
" que je joue depuis le plus longtemps. C'était la première
oeuvre de musique sud-américaine que j'ai travaillée,
et qui a inauguré ma passion pour la musique de ce continent.
Que pensez-vous de la façon dont Gottschalk
a combiné la virtuosité européenne avec les standards
qu'il a entendu dans sa jeunesse ?
Gottschalk a fait tout au long de sa vie ce que faisaient les compositeurs-pianistes
virtuoses de son époque. Il arrangeait ce qu'il entendait, avec
une affection particulière pour les chansons et les danses à
la mode, et ou ce qu'il avait entendu dans sa jeunesse. L'originalité
vient du fait que les thèmes utilisés viennent de toutes
les parties du monde qu'il a visitées. Il paraphrasait aussi
les mélodies les plus célèbres, les airs d'opéra
et les hymnes nationaux pour étonner les auditeurs par sa technique,
et, surtout dans son cas, pour séduire les auditrices. Sa technique
brillante, les rythmes utilisés et ses harmonies, " étranges
" pour les publics de l'époque, ont beaucoup contribué
à sa notoriété.
Ce compositeur a composé plus de trois
cent pièces pour piano sur quels critères avez-vous sélectionné
celles de votre disque ?
J'ai privilégié les oeuvres déjà jouées
en public. En interprétant des pièces de Gottschalk dans
mes récitals, je me suis très vite aperçue que
le public réagissait mieux à certaines oeuvres qu'à
d'autres. Et j'ai sélectionné des pièces de caractères
différents pour éviter la lassitude et trouver un équilibre
avec les oeuvres des autres compositeurs. Il me manquait une oeuvre
" tendre ", et c'est la raison du choix de " O, ma
charmante, épargnez-moi ".
S'ils ne sont pas tout à fait contemporain
( trente ans séparent leur date de naissance) , vous avez choisi
un cycle du compositeur brésilien(Ciclo Brasileiro ) et un cycle
du compositeur argentin écrit la même année(danzas
argentinas) que pensez-vous de leur style respectif et quel travail
particulier vous ont demandé l'un et l'autre ?
Villa-Lobos me semble plus instinctif, moins intellectuel. C'est l'un
des plus fantastiques créateurs de la musique. Vous vous rendez
compte : pratiquement un millier d'opus ! Son écriture est plus
traditionnelle et il est très influencé par le passé,
qu'il soit folklorique ou classique. Il donne l'impression d'avoir digéré
toutes les musiques mais aussi tous les sons qu'il a entendus, et d'en
avoir fait son propre univers. La musique de Villa-Lobos reste une musique
basée sur l'inspiration. Ginastera, lui aussi a commencé
par utiliser les harmonies et les rythmes argentins, en les enrichissant
par des dissonances qui allaient très vite le faire évoluer
vers une écriture résolument moderne, plus savante, et
aussi plus hermétique, très éloignée de
l'image musicale du compositeur d'Amérique du sud. Il suffit,
pour se rendre compte de leur profonde différence, d'écouter
les symphonies de Villa-Lobos, et les opéras de Ginastera. Je
préfère chez Ginastera les oeuvres de la première
période.
Pour le répertoire que j'ai choisi sur mon CD, le travail demandé
n'est pas différent selon le compositeur. La difficulté
majeure de ce répertoire est la pulsation, qui provient de l'indépendance
rythmique de chaque main.
Avez-vous une pièce favorite dans ce
récital ?
C'est difficile, je les aime toutes! ... Je suis très touchée
par la première pièce du cycle brésilien "
Planto de caboclo " . Et aussi par la " La valsa da
dor ". D'après Anna Stella Schic , qui l'a très
bien connu, Villa-Lobos n'a pas voulu la publier, car il la trouvait
très " légère ", et il en avait un peu
honte. Mais pour moi, c'est l'une de ses plus belles pièces.
Cette musique, c'est Villa-lobos : Simple comme une valse, compliqué
comme une valse à quatre temps !
France Clidat, disparue l'année dernière,
et dont vous avez suivi l'enseignement a fait un très élogieux
commentaire sur votre " récital américain "
qui a été enregistré fin 2011 , a-t-elle eu l'occasion
de vous donner quelques conseils dans l'interprétation de pièces
de ce récital ou d'autres oeuvres des (ou de l'un) des compositeurs
que vous avez choisis ? Dans l'affirmatif en quoi vous ont-ils été
particulièrement utiles ?
Bien sûr, j'ai joué tout le programme du disque devant
France Clidat. Ses indications portaient sur l'équilibre des
" plans sonores ". Avant l'enregistrement, elle m'a surtout
dit d'oublier tout ce que j'avais entendu, d'oublier les conseils, de
ne pas penser à ce qu'il fallait faire ou ne pas faire, et de
montrer qui j'étais. Après la réalisation du CD,
qu' elle a pu entendre, elle était vraiment très contente.
Quand elle a écrit ces mots, elle avait de grandes difficultés
pour tenir un stylo. Elle a recommencé plusieurs fois jusqu'à
ce que ce soit lisible. Ce sont les derniers mots qu'elle a écrits.
Je pense qu'ils vont accompagner toute ma vie et qu'ils me donneront
du courage à tout moment.
Quels sont vos prochains concerts et y jouerez-vous
une partie des oeuvres de ce disque ?
Mon prochain concert à lieu à Paris le 24 mars. J'y
joue un programme en hommage à France Clidat, uniquement avec
des oeuvres qu'elle interprétait en concert. Elle n'a joué
en public aucune des oeuvres de mon disque. Quelques dates devraient
bientôt être fixées pour les mois qui viennent, et
j'aurais l'occasion de faire entendre les oeuvres de mon CD.
Pour écouter
Heitor Villa-Lobos
Ciclo Brasiliero
Festa no Sertao
Kanae Endo, piano
avec l'aimable autorisation
du label Forlane
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