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Regards Didier Castell Jacomin PIANO
REGARDS
Didier Castell-Jacomin, piano
Cécile Chaminade (1857-1944)
:
Etude de Concert Op.35 " Automne"
Mel Bonis (1858-1937) :
Pensées d'Automne Op.19,
Romance sans Paroles Op.56,
Berceuse Op.23 n°1,
4 pièces pour piano : Prélude Op.10,
Le Gai Printemps Op.11,
Eglogue Op.12,
Menuet Op.14
Clara Schumann (1819-1896) :
Scherzo Op.14, Nocturne Op.6 n°2,
Romance variée Op.3
Marianna von Martinez (1744-1812) :
Sonate en mi Maj n°3. 2012
Didier Castell-Jacomin
donnera un concert ce samedi 24 novembre à la Fondation Dosne-Thiers,
Paris 9ème, un concert de lancement officiel à Paris de
son CD "Regards" . Par ce disque le pianiste a voulu donner
son Regard sur des "femmes d'exceptionavec tout le "Respect"
que je leur porte, qu'elles n'ont pas forcément eu a leurs époques
respectives." explique-t-il à l'occasion d'un nouvel
entretien à lire ci-dessous. Coïncidence ce concert a aussi
lieu, deux jours après la Sainte Cécile et l'auteur du
livret de ce disque, Eric Journel, constate : "Le fait que Cécile,
décapitée en 232, soit devenue la « Sainte patronne
» des musiciens, compositeurs ou interprètes, n'a pas pour
autant favorisé la reconnaissance universelle d'un savoir-faire
créateur et musical féminin. Très longtemps, les
musiciennes occidentales vont souffrir d'un obscurantisme certain, résumé
par cette sentence sans appel prononcée par le père de
l'un de nos plus grands talents français, Cécile Chaminade
: "Dans la bourgeoisie, les filles sont destinées à
être épouses et mères » ; sous-entendu : pas
musiciennes."...
Autre coïncidence : le lendemain de ce concert, a lieu la Journée
Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard
des femmes... parmi ces violences effectivement les mariages forcés
tel du le subir la compositrice française Mel Bonis il y a près
de deux siècles en France mais qui existent encore de nos jours
ainsi un récent livre de Patricia Filali aujourd'hui âgé
de 50 ans raconte l'enlèvement par son père , algérien
installé en France depuis les années 50, dont elle et
sa soeur Nadia, ont été victimes à l'adolescence,son
père ayant prévu un mari pour chacune d'elle... Mel Bonis
a aussi écrit ses mémoires ainsi Didier Castell-Jacomin
relate : "Les parents de Mel Bonis l'obligèrent
à quitter le conservatoire de Paris en raison de son idylle avec
le jeune chanteur Amédée Hettich. Elle fit alors un mariage
de convenance avec Albert Domange, riche industriel, voilà ce
qui me laisse croire que sa vie de femme ne fut pas pleinement satisfaisante,
bien qu'elle eut été une très bonne mère
et épouse. Le grand regret de Mel Bonis était de ne pas
entendre sa musique jouée par d'autre, elle le relate d'ailleurs
dans ses mémoires."
Les
quatre compositrices choisies (dont les reproductions de portrait ci-contre
sont dans l'ordre du disque) par Didier Castell Jacomin , dont le projet
de disque s'est précisé justement lors de sa rencontre
avec Christine Geliot qui est l'arrière petite-fille de Mel Bonis,
n'ont heureusement pas toutes eu a subir de telles contraintes mais
l'on sait combien Clara et Robert Schumann durent se battre pour obtenir
le droit de se marier du père de celle-ci, Cecile Chaminade se
maria par formalité mais prenant soin cependant d'imposer à
son époux un contrat de séparation de biens, concernant
ses biens d'origine personnelle mais aussi ses revenus de musicienne
! Bien lui en prit puisque elle fut une pianiste et musicienne de salon
reconnue surnommée "le petit Mozart" par George
Bizet " et reçu la légion d'honneur en 1913. Marianna
von Martinez quant à elle ne se maria pas mais bénéficia
aussi de la meilleure reconnaissance de ses talents de compositrice...
elle eu la chance de rencontrer Haydn pour parfaire son éducation
musicale et semble-t-il de jouer avec Mozart des sonates pour quatre
mains, outre ses talents de chanteuse et d'interprète elle composa
plus de deux cents oeuvres. Il faut avouer que trouver des renseignements
sur cette compositrice Viennoise d'origine espagnole née en 1744
n'est pas chose aisée comme d'ailleurs de toutes ses compositrices
aujourd'hui disparues, car si elle furent connues en leur temps force
est de reconnaître qu'elle sont majoritairement quasi ignorée
aujourd'hui... il est vrai que pour ce qui concerne Marianna von Martinez
un incendie détruisit nombreuses de ces parutions , mais consultez
par exemple des dictionnaires d'oeuvres pour piano ...Hormis Clara Schumann
vous constaterez que les trois autres n'y sont pas... comme nombreuses
autres compositrices ainsi Didier Castell-Jacomin confie comment il
a du mener ses recherches : "J'ai décidé
de parcourir l'Europe afin de chercher à rencontrer des personnes
qui pouvaient me faire découvrir d'autres compositrices. C'est
comme cela que je suis allé a Amsterdam, Prague, Paris, Londres,
Genève, et Bruxelles. Au fil de mes recherches j'ai recensé
(et c'est très loin d'être exhaustif) plus de 250 compositrices
depuis le 16ème siècle."
Le pianiste a sélectionné dit-il "les compositions
les plus adéquates et justes qui pouvaient me rendre heureux
de les jouer selon mes capacités pianistiques et surtout émotionnelles
du moment. ", et il est vrai que toutes ces oeuvres portent
en elles beaucoup d'émotion ainsi vous pourrez écouter
plus bas dans cette page des "Pensées d'automne"
de Mel Bonis d'un très grand romantisme. Certains critiques musicaux
encouragent à raison Didier-Castell Jacomin qui offre ici un
très beau disque à faire un autre enregistrement d'oeuvres
de compositrices, puisse parmi ces enregistrements également
figurer ceux de compositrices actuelles car il semble qu'aujourd'hui
comme parfois à ces époques révolues les compositrices
actuelles soient encore peu reconnues en leur propre époque et,
c'est quelque part aussi peut-être une "violence" faites
à ces femmes, pourtant comme le dit Didier Castell-Jacomin interrogé
ici à ce sujet ..."Je pense que les compositrices de
notre temps ont vraiment des choses à dire et doivent s'imposer
pour rompre avec les difficultés que leurs aînées
ont pu rencontrer dans un passé pas si lointain que cela."
!... Et puisse exister dans des temps futurs des pianistes qui aussi
s'intéresseront aux compositrices du 21ème siècle
car bien sûr la démarche de Didier Castell-Jacomin qui
ressort du passé ses belles oeuvres oubliées est remarquable
et il faut porter aussi vos oreilles attentionnées sur cet enregistrement
qui en dit long sur la sensibilité de toutes ces femmes et leur
univers musical !
Lors de notre précédent entretien,
en septembre 2009, vous aviez fait part de votre projet d'enregistrer
des oeuvres de Scarlatti mais vous avez finalement poser vos «
regards » sur les compositrices , pourquoi ce revirement ? Qu'est-ce
qui est à l'origine de votre intérêt pour les compositrices
?
Mon enregistrement "Regards" (qui a une double signification)
est une forme "d'Essai" comme en littérature. J'ai
voulu donner mon Regard sur ces femmes d'exception, mais aussi avec
tout le "Respect" que je leur porte, qu'elles n'ont pas forcément
eu a leurs époques respectives. Effectivement, l'enregistrement
que je prévoyais de faire avec les sonates de Scarlatti a du
être déplacer a un autre moment car j'ai au cours de mes
rencontres fait la connaissance d'une mécène qui est à
l'origine de l'idée de mettre en valeur des femmes compositeurs
assez méconnues.
Elle souhaitait financer un projet artistique, et c'est tout naturellement
que nous en avons discuté, et l'idée a germée dans
nos têtes de n'enregistrer que des compositrices afin de donner
une logique à ses attentes ainsi qu'aux miennes. J'ai parcouru
internet, après notre accord, afin de me mettre en quête
de trouver des compositrices qui me semblaient être aussi en adéquation
avec ma propre sensibilité. Ces recherches effectuées,
j'ai par hasard consulté le site de Mel Bonis et ai écouté
des extrait de ses oeuvres. Tout de suite je suis tombé sous
le charme de cette merveilleuse compositrice. Sur le site se trouvait
les coordonnées de Christine Geliot qui est l'arrière
petite-fille de Mel Bonis. Internet fut un instrument de recherche,
mais pas suffisant à mon goût, j'ai donc décidé
de rencontrer son arrière petite-fille, pour mieux comprendre
son aïeule. Grand bien m'a pris, puisque Christine était
non seulement dépositaire de l'oeuvre de Mel Bonis, mais avait
aussi écrit une sublime biographie de la compositrice, (Je recommande
d'ailleurs vivement de se procurer ce livre qui est particulièrement
bien écrit). Christine et moi nous sommes rencontrés plusieurs
fois pour parler d'oeuvres que je souhaitais enregistrer. La sélection
faite, j'ai décidé de parcourir l'Europe afin de chercher
a rencontrer des personnes qui pouvaient me faire découvrir d'autres
compositrices. C'est comme cela que je suis allé a Amsterdam,
Prague, Paris, Londres, Genève, et Bruxelles. Au fil de mes recherches
j'ai recensé (et c'est très loin d'être exhaustif)
plus de 250 compositrices depuis le 16ème siècle.
Les quatre compositrices dont vous avez sélectionnées
des oeuvres ont vécu sur une période qui s'étale
sur deux siècles : de 1744 à 1944, dans les recherches
que vous avez du mener avez-vous remarqué une quelconque évolution
quant à la reconnaissance de leur musique par le public et lesquelles
?
Bien sûr, il a fallu que je fasse une sélection des compositrices
qui me tenaient le plus a coeur. Mon choix s'est arrêté
sur quatre d'entre elles : Mel Bonis, qui en fait s'appelle réellement
Mélanie-Hélène Bonis est une compositrice française,
née en 1858 et décédée en 1937. Elle a utilise
le nom de Mel, car à l'époque une femme qui composait
n'était pas vraiment prise au sérieux cf Camille saint
Saens, je cite: "je n'aurais jamais cru qu'une femme fut capable
d'écrire cela"), donc cette compositrice a choisi de
"masculiniser" son nom. Sa vie à mon sens ne fut pas
pleinement heureuse, mais extrêmement remplie en terme de composition
puisque elle a laissé plus de 300 oeuvres pour orchestre, mélodies,
orgue, piano, et musique de chambre. Les parents de Mel Bonis l'obligèrent
à quitter le conservatoire de Paris en raison de son idylle avec
le jeune chanteur Amédée Hettich. Elle fit alors un mariage
de convenance avec Albert Domange, riche industriel, voilà ce
qui me laisse croire que sa vie de femme ne fut pas pleinement satisfaisante,
bien qu'elle eut été une très bonne mère
et épouse. Le grand regret de Mel Bonis était de ne pas
entendre sa musique jouée par d'autre, elle le relate d'ailleurs
dans ses mémoires. La musique de Mel Bonis est emplie d'une rare
sensibilité, elle passe du drame a l'humour et cela dans une
écriture superbe. On pourrait peut être comparer certaines
de ses oeuvres à celles de Gabriel Faure, surtout dans l'enregistrement
que je présente.
Tout naturellement j'ai cherché des contemporaines de Mel Bonis,
et me suis arrêté sur Cécile Chaminade, compositrice
française également et née en 1857 (décédée
en 1944). Chaminade eut peut-être plus de chance de faire découvrir
de son vivant ses compositions, car elle était acclamée
par la reine Victoria et l'Angleterre, sans oublier qu'elle avait le
soutien de Georges Bizet, qui l'appelait "le petit Mozart".
En 1913 elle fut reconnue par l'état français puisqu'elle
obtint la légion d'honneur. D'ailleurs elle fut la première
femme compositeur à recevoir cette distinction. Le père
de Chaminade ne voulait pas qu'elle entre au conservatoire de Paris
et lui fit donner des cours par Benjamin Godard. Dans mon enregistrement
j'aurais souhaité enregistrer plusieurs oeuvres, seule son étude
de concert "Automne" op.35 n.2 a été retenue
par manque de place sur le CD mais aussi parce que la Toccata que j'avais
également enregistrée n'était pas au niveau de
ce que j'attendais de mon interprétation.
De là, étant donné que je suis un amoureux de la
musique de Mozart (mon tout premier enregistrement consacre aux concerti
K.414 et K.415 avec le quatuor des solistes de l'orchestre de chambre
du Philharmonique de Berlin est d'ailleurs réédité
par un label canadien "Disques A-Tempo" et actuellement disponible
en téléchargement), j'ai fouillé du côté
de cette époque et j'ai découvert une compositrice austro-espagnole
du nom de Marianna von Martinez, qui est née en 1744 a Vienne
(décédée en 1812). Marianna est une chanteuse et
une interprète, mais son père l'encouragea à composer.
Elle fut d'ailleurs la seule femme à avoir composé une
symphonie durant le "Sturm und drang". Son professeur,
Mr Metastase lui fit rencontrer Haydn, qui lui donna des conseils. Mozart
fut un grand ami de Marianna, puisqu'elle est la supposée dédicataire
de son 5ème concerto. Elle joua d'ailleurs avec Mozart lui-même
ce concerto en version quatre mains. Marianna von Martinez a écrit
plus de 200 oeuvres mais malheureusement un incendie en 1927 détruisit
presque la totalité de son oeuvre. Je n'avais donc que peu de
choix, mais me suis arrêté sur sa 3ème sonate qui
est réellement influencée par Mozart et Haydn.
Alors bien sûr, pour compléter mon disque je voulais inclure
la plus grande et reconnue des compositrices, a mes yeux, qui était
Clara Wieck-Schumann née à Leipzig en 1819 (décédée
en 1896). Clara est à mon sens, la compositrice la plus complète
puisque outre d'être un génie de la composition elle était
la plus grande des interprètes de son siècle. Je ne vais
pas faire une mini biographie de Clara, car Éric Journel l'a
fort bien écrit dans mon livret... Je relèverai quand
même la phrase de Goethe qui disait de Clara, je cite: "Cette
jeune fille a plus de force que six garçons réunis".
Je pense réellement que Goethe disait cela de Clara pas uniquement
pour ses interprétations et ses compositions, mais aussi il parlait
de son caractère et sa force intellectuelle. Clara, a beaucoup
écrit pour piano seul, puisqu'elle même grande virtuose
de l'instrument. Brahms qui était l'ami intime du couple Schumann,
a eu a mon sens une influence nette sur certaines des oeuvres de Clara.
Bien sur, Robert Schumann fut également une source d'inspiration
pour elle. J'ai arrêté mon choix sur trois des nombreuses
oeuvres que Clara a écrites et qui me semblaient faire un superbe
pont entre Marianna von Martinez et Mel Bonis par exemple. La boucle
est donc bouclée.
Y-a-t-il des compositrices que vous avez éventuellement
aussi envisagé d'ajouter à votre disque mais du éliminer
à regret faute de place ?
Dans mes recherches, je voulais également mettre à l'honneur
quantité d'autres compositrices comme Maria Szymanowzka, ou Augusta
Holmes, bien sur Fanny Hensel-Mendelssohn ou encore Lily Boulanger,
Elizabeth Jacquet de la Guerre, et bien d'autres ! Par manque de place
j'ai du faire un choix (à regret) que je pensais être le
bon afin de pouvoir faire honneur à ces femmes d'exception. Christine
Geliot, et certains critiques musicaux m'encouragent à faire
un autre enregistrement d'oeuvres de compositrices. Je pense que c'est
une très bonne idée et vais bien l'explorer, car je pense
qu'un autre CD dédié aux compositrices ne sera pas superflu
mais plutôt complémentaire à celui-ci. Je me penche
donc très sérieusement sur la question et pense réintégrer
les studios TELDEX de Berlin fin 2013 début 2014, pour une autre
aventure discographique au feminin !
Quels ont été vos critères
de sélection parmi les oeuvres de chacune d'elles ?
Mes critères de sélection ont été assez
difficiles surtout en ce qui concernait Clara Schumann et Mel Bonis.
Clara, parce que les oeuvres sont nombreuses et Mel Bonis parce que
ses 3 périodes artistiques sont très différentes
! J'ai demandé conseil à l'arrière petite fille
de Mel Bonis, afin de savoir ce qu'elle pensait des oeuvres que je choisis
de son aïeule. Après plusieurs discussions nous sommes tombés
d'accord sur 7 d'entre elles et entre autre une oeuvre qui s'intitule
"Pensées d'Automne", ce qui m'a amené
tout naturellement vers sa contemporaine Cécile Chaminade en
faisant le choix d'enregistrer son étude de concert "Automne"
op.35 n.2. Je voulais montrer et prouver aux auditeurs, que l'on peut
être de la même époque, prendre le même thème
de composition et d'être aussi différents en ce qui concerne
l'approche dudit thème. Pour Clara, la Romance variée
Op.3 m'a beaucoup attirée, entre autres, car elle fut écrite
un an seulement après le célèbre Carnaval de son
époux. Il se trouve que dans cette oeuvre, on retrouve beaucoup
de la forme du fameux Carnaval, et c'est une oeuvre que j'affectionne
particulièrement. Marianna von Martinez était plus facile
comme choix, étant donné l'amour que je porte à
la musique de Mozart et plus globalement de cette période. Mais
attention, je compare ces compositrices à d'autres génies
de la musique classique, juste pour donner un point de repère,
car la musique au féminin se suffit à elle-même,
car ces femmes sont de véritables génies, encore trop
méconnues, mais bien présentes ! J'ajouterai d'ailleurs,
que leur musique ne peut s'aborder que si ont fait l'effort de vouloir
entrer au plus profond de ce qu'elles pouvaient penser et surtout de
ce qu'elles voulaient transmettre comme message émotionnel. Et
pour finir, le critère du choix de mes oeuvres a été
de trouver les compositions les plus adéquates et justes qui
pouvaient me rendre heureux de les jouer selon mes capacités
pianistiques et surtout émotionnelles du moment. Ces multiples
critères ont eu pour conséquence que ce projet a mis un
certain temps à mûrir puisque l'idée est partie
en Janvier 2009 pour être réalisée en septembre
2012 sous le label Integral Classic.
Vous êtes un homme du 21ème siècle,
que pensez-vous des compositrices de notre siècle , avez-vous
eu l'occasion d'en rencontrer ou jouer leurs oeuvres ?
Malheureusement je n'ai pas encore eu l'occasion de me pencher sur
les compositrices de notre temps bien que je connaisse la musique de
certaines, comme Jacqueline Fontyn (compositrice belge née en
1930) ou encore Serena Tambourini (compositrice italienne née
en 1948). A dire vrai, je ne pense pas être très attiré
pour le moment vers la période contemporaine, quel que soit le
ou la compositeur(ice). Je mettrais tout de même Karol Beffa,
Florent Gauthier ainsi que Sofia Goubaidoulina complètement à
part, car leur compositions sont assez proches de ma sensibilité.
Je pense que les compositrices de notre temps ont vraiment des choses
à dire et doivent s'imposer pour rompre avec les difficultés
que leurs aînées ont pu rencontrer dans un passé
pas si lointain que cela. Je les encourage vraiment à persévérer
dans ce domaine et d'ailleurs je serais ravi si une compositrice me
proposait ses oeuvres... avec une forte préférence pour
les musiques dites tonales
Qu'est-ce qui vous a tenu le plus à coeur
dans votre interprétation personnelle et y -a-t-il un( ou des
) thème particulier dont vous auriez aimé parler avec
l'une ou l'autre des ces compositrices ?
Comme dans toute interprétation, ce qui me tient à coeur
particulièrement c'est de rechercher l'essence même de
la beauté de l'oeuvre sans tricher avec les sentiments ni les
émotions que je me dois de mettre en avant (au plus près
possible) pour faire resurgir du passé ces pages merveilleuses
que ces femmes d'exception nous ont laissées, et afin que nous,
interprètes, rendions ces oeuvres sublimes, à l'écoute
du plus grand nombre. Nous ne pouvons plus ignorer à notre époque
ces femmes du passé car cela reviendrait à renier partiellement
notre patrimoine musical, pour ce qui me concerne.
Pour finir je vous dirai que si l'occasion m'était donnée
de rencontrer l'une de ces quatre compositrices dont j'ai enregistré
des oeuvres, je ne verrai pas un intérêt particulier, sauf
de les entendre dans leurs oeuvres. Je ne suis qu'interprète,
elles sont les créatrices... et ont tout écrit sur papier
ce qu'elles voulaient nous transmettre, aller plus loin serait très
risqué car je ne serai toujours qu'un interprète quoiqu'il
puisse se passer.
Pour écouter
Mel Bonis (1858-1937)
Pensées d'automne op.19
Didier Castell-Jacomin, piano
avec l'aimable autorisation
du label CCM - Integral
Classic
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ci-dessous
A écouter également
Clara Schumann Scherzo op.14,
Didier Castell-Jacomin, piano TELDEX studio