Bienvenue sur pianobleu.com le site des amateurs de piano !
Visions Fugitives Stephan Oliva PIANO Jean Marc Foltz CLARINETTES
Visions
fugitives
Stephan Oliva, piano
Jean-Marc Foltz, clarinettes
Visions Fugitives (Serguei Prokofiev)
Adage (Jean-Marc Foltz - Stephan Oliva)
Cinq Préludes de Danses (Witld Lutoslowski)
Récit(Jean-Marc Foltz)
Romanza (Francis Poulenc)
Between Green and Grey(Stephan Oliva)
Naïma (John Coltrane)
Vier Stücke (Alban Berg)
Variation Berg (Jean-Marc Foltz - Stephan Oliva)
Variation Berg (Jean-Marc Foltz - Stephan Oliva)
Vier Stücke (Alban Berg)
Andante un poco adagio (Johannes Brahms)
Lonnie's Lament (John Coltrane)
Il n'est pas impossible que les musiciens soient actuellement particulièrement
sensibles à la nature, ou que les arbres se prêtent bien
à l'illustration de la musique car voici un autre disque avec
un très beau livret de près d'une trentaine de pages ne
comprenant que des illustrations d'arbres, de très beaux arbres
imaginés par Emmanuel Guibet qui, hormis des arbres ensanglantés
de rouge ont le plus souvent, des feuilles de couleur noire, vert, ou
...bleue et se dressent dans un ciel bleu ou au bord d'un eau bleue
! Une couleur et un univers qui sied particulièrement à
l'univers poétique du pianiste Stephan Oliva et du clarinettiste
Jean-Marc Foltz, duo que l'on avait pu découvrir lors d'un précédent
enregistrement : "Pandore" paru en 2008, ces deux musiciens
jouent ensemble depuis plus d'une dizaine d'années et l'on peut
aussi les trouver dans différents enregistrements de formations
plus nombreuses. Ce nouveau projet résulte d'une remarque qui
a souvent été faite à leur duo confie Stephan
Oliva à l'occasion d'un nouvel entretien à lire ci-dessous
: "on nous a toujours fait remarquer, dans nos concert, que
notre duo sonnait comme de la musique de chambre. C'est donc tout naturellement
que nous en sommes venu à inclure des pièces écrites
et à jouer sans sonorisation, sur le mode du " récital
" .
Dans cet album ne figure aucun mot même pas les noms des deux
musiciens ni car ceux-ci comme le titre du disque (qui a perdu un i
... fugitif ?! ) sont en fait imprimés sur une étiquette
collée sur l'enveloppe transparente du disque. Certes on pourrait
regretter de perdre ensuite ces informations mais il est vrai quand
même, vérification faite, qu'un peu de texte à l'intérieur
du boîtier lui-même qui est en carton permet de les retrouver
. Y figurent également les titres des oeuvres que vous pouvez
voir en début de cette page et leurs compositeurs car en fait
cette fois la musique n'est pas comme précédemment uniquement
des deux musiciens, ceux-ci ont choisi dans ce nouveau projet d'"imaginer
l'écriture comme une improvisation idéale et l'improvisation
comme une écriture en soi en questionnant le répertoire
classique "... Hormis la pièce éponyme de l'album
issue de "Visions fugitives" (lentamente) de Prokofiev,
que Stephan Oliva interprète seul au piano, fidèle à
la partition mais en la jouant d'un tempo effectivement très
lent qui exalte chaque note , toutes les autres pièces choisies
dans le répertoire "classique" sont pour clarinette
et piano et ouvrent sur une ou deux compositions / improvisations originales
des deux musiciens.
Il serait bien difficile de retrouver sans ce repère ce qui
est composition classique ou pas car si certaines pièces sont
relativement connues comme celles de Francis Poulenc et Brahms, dont
on reconnait les belles mélodies, celles de Berg ou Lutoslowski
le sont moins voire pas du tout pour être honnête ... Or
ici il n'est pas question de mélanger arbitrairement de la musique
classique et du jazz mais bien d'offrir un voyage musical cohérent,
et ce mélange s'avère de fait parfaitement homogène
et montre combien un interprète (enfin deux) peuvent donner leur
"griffe" personnelle à une musique qui n'est pas d'eux,
dire qu'elle n'est pas d'eux s'avèrent d'ailleurs sonner un peu
faux car celles ci se révèlent ici dans une même
esthétique que leur propres compositions... et ils font bien
de cette musique composer par d'autres la leur !
Un album qui confirme, si besoin en était, qu'il ne faut pas
croire connaître une oeuvre parce qu'on l'a déjà
écoutée par d'autres interprètes... oui assurément
s'il faut mettre un point sur le i de interprète comme sur celui
d'improvisateur... ne vous contentez pas d'écouter une oeuvre
sous les doigts de l'interprète que l'on vous aura déclaré
comme ayant donné la meilleure version d'une oeuvre... faites
vous aussi vos propres jugements en écoutant de nombreuses interprétations
car pour leurs caractéristiques différentes elles en demeurent
toutes aussi plaisantes et rares sont les interprétations qui
remportent l'unanimité ! Certes Stephan Oliva et Jean-Marc Foltz
peuvent en tant que jazzmen se permettre d'aller très loin dans
leur originalité et par cette originalité extrème
d'interprète improvisateur leur enregistrement va aussi cependant
bien au delà... valorisant celle de chaque interprète
dont on peut imaginer toute l'étendue possible dans leurs propre
choix d'interprétation car la frontière n'est pas toujours
définie clairement par les compositeurs eux-mêmes. Et pour
ce qui concerne le pianiste Stephan Oliva et le clarinettiste Jean-Marc
Foltz c'est bien sûr leur univers poétique qui n'a rien
de comparable que l'on apprécie doublement dans ce disque que
ce soit lorsqu'ils interprètent en improvisant ou lorsqu'ils
improvisent en composant ... improvisations non pas totalement fugitives
mais aussi faites pour durer longtemps. Ainsi pourrez-vous vous en rendre
compte dans la vidéo vidéo d'extraits plus bas dans cette
page où vous pourrez également admirer quelques illustrations
du livret.
Lors
de notre dernier entretien (en octobre 2009) vous aviez évoqué
ce projet avec Jean-Marc Foltz comment a-t-il évolué durant
cette période jusqu'à l'enregistrement en 2011 pour ce
nouveau label de Philippe Ghielmetti ?
Le label Vision Fugitive est avant tout une initiative de musiciens.
Il est né sous l'impulsion du guitariste Philippe Mouratoglou,
qui l'a imaginé avec Jean-Marc Foltz, puis ils ont invité
Philippe Ghielmetti à les rejoindre pour une histoire neuve et
originale : un label mené "en trio ", avec une triple
direction artistique, dans laquelle chacun est souverain dans son propre
projet.
Jean-Marc et moi avons enregistré les premiers et assuré
nous-même notre propre direction artistique, puis c'est le label
qui s'est inspiré du nom de notre opus, car il semblait porteur
pour l'ensemble de la collection.
Depuis notre premier concert en Guyane en 2001 nous pensions déjà
jouer toutes sortes de musique différentes appartenant à
notre culture. La musique classique qui nous entourait dès notre
naissance est un peu comme notre musique folklorique et je pense d'ailleurs
que la musique classique elle-même de Bach à Bartok n'est
pas si éloignée des musiques folkloriques et traditionnelles,
ni-même du jazz d'aujourd'hui. D'autre part on nous a toujours
fait remarquer, dans nos concert, que notre duo sonnait comme de la
musique de chambre. C'est donc tout naturellement que nous en sommes
venu à inclure des pièces écrites et à jouer
sans sonorisation, sur le mode du " récital ". Nous
avons fait une grande tournée organisée par Charles Gil
en Finlande et dans les pays baltes en rencontrant partout un vif intérêt
aussi bien de la part du public "classique" que de celui du
jazz. Malheureusement les programmateurs français n'ont pour
l'instant que très peu donné suite et nous espérons
que notre disque va éveiller leur intérêt, d'autant
que, depuis, une quantité de musiciens de jazz s'intéresse
de façon plus ou moins heureuse à inclure de la musique
classique dans leurs projets. En 2001, peu de gens comprenaient notre
démarche et aujourd'hui on risque de dire encore un projet avec
de la musique classique ! Mais la seule chose qui nous importe c'est
d'avoir la liberté de faire ce que l'on aime.
Cette fois contrairement à votre précédent
enregistrement avec Jean Marc Foltz (Pandore) où le produit n'était
vendu qu'en " fichiers virtuels " votre enregistrement paraît
en vrai CD accompagné d'un beau livret d'une quarantaine de pages
? Que pensez-vous de ce livret qui ne comporte aucun texte comme la
pochette car il faut le préciser vos noms sont en fait collés
sur une étiquette sur le papier transparent qui enveloppe le
disque ?
Au début nous pensions à un texte du genre de ceux que
l'on trouve dans les disques classiques. Puis nous avons pensé
qu'il serait plus intéressant d'avoir un texte d'un écrivain
qui réagirait librement et uniquement sur ses sentiments et sur
son ressenti. Et finalement nous avons proposé à Emmanuel
Guibert de peindre ses propres Visions Fugitives et lorsque nous avons
reçu ses magnifiques dessins et peintures, nous avons immédiatement
décidé qu'il n'y avait rien de plus à ajouter,
l'absence de tout texte rendant étrangement actives ses oeuvres,
qui continuent d'évoluer en fusionnant avec les écoutes
de notre musique.
L'image et l'absence de texte donne à ce disque une valeur esthétique
en soi et chacun a la liberté de se raconter sa propre histoire,
avec ses yeux et ses oreilles...
Vous qui n'aimez pas réécouter
vos disques ce livret vous donnera-t-il plus l'envie de le reprendre
dans vos mains et pourquoi pas le réécouter ? ou bien
désormais est-ce plus naturel pour vous de vous réécouter
ou non ?
Je n'aime toujours pas me réécouter, mais étrangement
et grâce au visuel d' Emmanuel Guibert, j'aime beaucoup regarder
le petit clip qu'a confectionné Jean-Marc à partir du
livret et d'extraits de notre musique [nota : à voir plus bas
dans cette page].
Pouvez vous expliquer
en quoi consiste précisément votre idée d'"
imaginer l'écriture comme une improvisation idéaleet l'improvisation comme une écriture en soien questionnant
le répertoire classique " ?
Toutes nos interprétations suivent le texte à la lettre,
avec la subjectivité inhérente aux choix d'un interprète
; nous les réalisons simplement avec le son que nous avons développé
après plus de dix années d'expériences multiples
en commun. De plus, nous cherchons à insuffler aux pages de répertoire
le son "vivant" unique de la musique improvisée et
du jazz, dans lesquels le texte rencontre, dans l'instant, en quelque
sorte son interprétation idéale.
On improvise deux petites variations en écho à Berg, entre
les deux pièces écrites et Réminiscence est une
improvisation qui prend sa source dans la Vision Fugitive qui ouvre
le disque. Mais bien entendu, il y a beaucoup plus d'improvisation et
de compositions dans nos concerts. Nous avons fait des choix pour rendre
notre disque cohérent dans sa durée relativement courte
par rapports aux concerts (en Finlande on jouait parfois deux heures
comme un véritable voyage où on oubliait toute contraintes!).
Les tempi sont également respectés, mais pour la Visions
Fugitive n.1 qui ouvre le disque, je la joue exactement comme si c'était
une de mes compositions personnelles. Elle est notée "Lentamente"
par Prokofiev, ce qui laisse beaucoup de latitude, mais justement je
n'y cherche aucune interprétation. Seul compte ici pour moi l'état
d'esprit et l'ouverture vers la suite de notre voyage musical. Pour
moi c'est presque comme une introduction improvisée par un Bill
Evans pour un morceau de jazz.
La première pièce , qui donne
le titre au disque , est la première pièces du recueil
" visions fugitives " de Prokofiev et c'est la seule
pièce de ce recueil que vous ayez sélectionnée
; est-ce parce que vous vouliez éviter de jouer trop souvent
piano solo ou bien parce que aucune autre de cet" herbier d'émotions
" ne vous a donnez envie d'y " butiner " de nouveau
" selon votre humeur " ?
Oui, dans le disque, un ou deux morceaux solo, c'était le maximum
pour sauvegarder la cohérence générale et le coté
fusionnel du duo.
Vos autres sélections sont toutes des
oeuvres de la fin 19ème siècle ou du 20ème siècle
avec plusieurs pièces de Berg , une de Francis Poulenc , une
d'un compositeur moins connu : Lutoslawski, est-ce vous ou Jean-Marc
Foltz qui avez proposé ces pièces et sur quels critères
les avez retenues ou choisies ?
La plupart des pièces, que nous avons choisies ensemble dans
le répertoire de clarinette proposé par Jean-Marc, ont
une histoire intéressante en soi. Cela est toujours lié
au compagnonnage occasionné par cette combinaison " clarinette
et piano ", qui a traversé l'histoire de la musique : hier
Brahms et Mühlfeld, Weber et Baërmann, Mozart et Stadler...
aujourd'hui par exemple Portal et Pludermacher sans oublier les complicités
historiques de Benny Goodman avec Stravinsky, Bartok, Copland et Bernstein.
La Sonate de Poulenc était, par exemple, une commande de Benny
Goodman, qui menait conjointement une brillante carrière d'interprète
classique et de musicien de jazz. Elle fut écrite en 1962, au
cours de la dernière année de la vie du compositeur. Prévue
pour être donnée en première par le clarinettiste
et Poulenc lui-même, elle dut finalement être créée
trois mois après la disparition subite de ce-dernier, par Benny
Goodman et Leonard Bernstein, le 10 avril 1963 au Carnegie Hall de New
York. Le 2ème mouvement, que nous avons choisi pour notre programme,
fut composé par Poulenc en tout premier, en hommage à
son défunt ami Arthur Honegger du Groupe des Six. Le compositeur
le décrivait comme un " Lamento ", c'est une des raisons
qui nous a conduit à choisir Lonnie's Lament de Coltrane pour
lui faire, en quelque sorte, écho.
Effectivement un jazzman est aussi dans ce programme
: John Coltrane, là encore pourquoi avez-vous choisis deux compositions
de lui ?
Pour nous, un musicien de l'envergure de Coltrane est un créateur
symbolique de l'abolition de toutes frontières musicales et un
des plus grands "soufflants" de tous les temps.
Ce programme sera-t-il bientôt de nouveau
joué en concert et/ou quels sont vos projets actuels ?
Nous jouerons le 28 novembre au Réservoir à Paris. J'espère
bien que d'autres concerts suivront...Pour ce qui est des nouveaux projets
j'en ai malheureusement beaucoup trop par rapport à la demande
actuelle. Pourtant ils me tiennent vraiment à coeur et j'espère
pouvoir vous en parler très prochainement.