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HIP avec le pianiste Vincent Bourgeyx JAZZ
HIP
Vincent Bourgeyx, piano
Pierre Boussaguet, contrebasse
André Ceccarelli, batterie
Daahoud (Clifford Brown)
For Françoise (Bourgeyx)
Kafka's Nightmare (Bourgeyx)
Zig Zag (Bourgeyx)
Prelude to a Kiss (Gordon-Mills-Ellington)
Shoes Now (Bourgeyx)
Blue Forest (Bourgeyx)
Renaissance (Bourgeyx)
Our Love is Here to Stay (Gershwin)
In the Wee Small Hours of the Morning(Hilliard-Mann)
Triste (Jobim)
I'll Be Seeing You (Irving-Kahal-Fain)
Dans son précédent disque en trio le pianiste Vincent
Bourgeyx rencontrait deux musiciens américains, pour
ce nouvel enregistrement , qui parait encore chez le label freshsound
records, son trio réuni trois musiciens du sud de la France
: un bordelais (lui-même), un albigeois (le contrebassiste
Pierre Boussaguet) et un niçois (le batteur André
Ceccarelli). Outre d'être du sud de la France ces deux musiciens
qui l'accompagnent sont également très réputés,
comme l'indique d'ailleurs Vincent Bessières qui a écrit
le livret du disque :" Deux musiciens que l'on ne présente
plus : Pierre Boussaguet , et sa contrebasse tout autant vigoureuse
et lyrique, maître adoubé par Ray Brown ; André
Ceccarelli et sa batterie des plus attentives, perspicace et caressante
, autant que dynamique"...
Effectivement de talentueux musiciens pour ce nouveau disque qui
comporte pour moitié les propres compositions du pianiste
Vincent Bourgeyx, que l'on ne présente plus non plus !
( enfin cliquez sur son nom en bleu au début de ce paragraphe
pour en savoir plus si vous ne le connaissez pas déjà
car c'est un pianiste qui reste très (trop) discret)...
et pour l'autre des standards du jazz que le trio dépoussière
fort bien - tel le geste soigné du pianiste nettoyant son
piano dans la vidéo de présentation plus bas dans
cette page - dépoussière... et ensoleille d'une
couleur chaude très actuelle, non pas de celle du soleil
de midi mais celle d'un coucher de soleil car la musique de Vincent
Bourgeyx a un rythme animé à bon escient, sans feu
excessif, et porte toujours en elle de très belles mélodies
nostalgiques, celles d'un musicien d'une sensibilité sincère
(splendides "Françoise", "Renaissance"
et "Blue Forest" ) et qui sait aussi s'amuser
ainsi dans le remarquable "Shoes now" en oubliant
l'angoisse du tourmenté "Kafka's nightmare"
suivi d''un très beau, et court, piano solo "Zig-Zag".
Si son précédent disque était dédié
à un ami disparu sa première composition de ce disque
est un très bel hommage à celle qui fut son premier
professeur de piano : Françoise Hougue. Non pas un professeur
de jazz mais de musique classique , musique dont les compositeurs
n'ont pas totalement disparu de la sienne, même si dès
l'adolescence il s'est tourné vers le jazz et notamment
l'écoute de nombreuses chanteuses de jazz ce qui explique
une partie du choix de ces standards et sans doute aussi son piano
très chantant que l'on peut encore apprécier dans
ce nouveau disque. Mais lisez plutôt ses réponses
aux questions ci-dessous pour en savoir plus !
Comment
avez-vous rencontré Pierre Boussaguet et André Ceccarelli
et quel "parcours" avez-vous réalisé ensemble
et qu'appréciez chez ces deux musiciens ?
Pierre et moi-même jouons ensemble depuis 8 ans. Nous
avons une connexion et une complicité rare dans la musique
qui fait que nous n'avons pas besoin de discours, nous respirons
ensemble. C'est très rare. Nous nous connaissons bien
aussi en dehors du travail et nous parlons de la vie et c'est
pour ça, je pense, que l'on entend autre chose que
des notes quand on joue tous les deux. Je sais comment il faut
jouer avec lui et réciproquement. Nous avions un trio fantastique
avec le batteur Bobby Durham. Le bobobo trio. Je joue actuellement
dans le groupe de Pierre aussi avec François Laizeau et
Nicolas Folmer qui est un groupe formidable. Pierre est un des
grands bassistes de notre époque qui véhicule tout
l'héritage du jazz tout en ayant sa propre personnalité
et il met le tout au service de la musique.
André, c'est une rencontre plus récente. C'est
sur la session d'enregistrement du disque de Fréderic
Couderc « Coudology » que j'ai la première
fois joué avec André. J'ai ensuite rejoué
avec lui au sein du quartet de Baptiste Herbin. Il y a plein de
critères différents que l'on peut apprécier
chez un musicien. Parmi les plus importants, il y a le son, le
tempo et les « oreilles ». Pierre et André
font partie de la catégorie « champions du monde
». La première fois que j'ai entendu André,
j'avais 19 ans et c'était au théâtre
Femina de Bordeaux avec Dee Dee Bridgwater. J'étais
débutant dans le jazz et je me souviens qu'il m'avait
énormément marqué par sa présence
sur scène. Son jeu de balais incroyable, son tempo d'acier.
Généralement plus un musicien est bon plus c'est
facile de jouer avec lui. André fait tout pour que vous
vous sentier merveilleusement bien. Il est très à
l'écoute et fait chanter son instrument. C'est
un des meilleurs batteurs au monde. Il peut tout jouer, tous les
styles en plus.
Cette fois-ci vous avez donc enregistré
avec des musiciens français - et pas des moindres puisque
André Ceccarelli est considéré comme un des
meilleurs batteurs français,et Pierre Boussaguet est également
un contrebassiste très apprécié - et dans
un studio français, depuis votre retour en France après
le 11 septembre 2001 avez-vous l'impression d'être mieux
reconnu désormais dans votre pays, ainsi ce disque sort
moins de deux ans après le précédent et récemment
vous avez également participé également au
disque de Frédéric Couderc, avez-vous plus souvent
l'occasion de jouer sur les scènes françaises ?
Mes huit années de musiciens aux États-Unis me
semblent proches et loin à la fois.
J'ai vraiment l'impression d'avoir plusieurs vies.
C'est fantastique. En tous les cas je crois vraiment que
la musique de ce disque et le choix de ces musiciens-là
représentent la musique que j'ai envie de jouer aujourd'hui.
En ce qui concerne ma situation personnelle de musicien, je me
sens extrêmement bien ici en France. Paradoxalement alors
que l'on arrive à la fin d'une ère (maison
de disque, agents, concerts) je n'ai jamais autant joué
que maintenant. Les projets auxquels je participe sont de plus
en plus nombreux et de qualité et je fais de plus en plus
de festivals.
C'est en tant que sideman principalement, mais j'espère
pouvoir peut-être développer une activité
de leader de plus en plus. J'ai plein de projets et bien
l'intention de ne jamais arrêter de faire des disques
et de jouer. C'est une nécessité. Un musicien
doit être presque comme un entrepreneur de nos jours, je
dois dire que j'avais énormément de retard
en la matière, mais depuis peu de temps j'apprends
énormément sur le business.
Votre disque comprend plusieurs standards
du jazz, comment avez-vous fait votre choix : s'agit -il de standards
que vous avez récemment découverts grâce à
vos rencontres avec les deux musiciens de votre trio ou bien de
morceaux que vous connaissiez depuis longtemps ?
J'écoute énormément les chanteurs
et les chanteuses. Abbey Lincoln, Shirley Horn, Carmen Mc Rae,
Ela, etc. font partie de mon univers musical. Leur répertoire
étant les standards, il est normal que j'aime en jouer.
Le pouvoir émotionnel et mélodique de chansons comme
"In the wee Small hours of the morning", "I'll
be seing you" me touchent énormément, ce
sont des ballades magnifiques.i
L'autre chose que j'aime faire avec un standard que
je connais bien, c'est essayer de me l'approprier en
retouchant un peu l'harmonie, en y mettant des couleurs qui
me sont propres. C'est ce que j'ai fait sur «Triste»
ou «Our love is here to stay» ou encore «Daahoud»
de Clifford Brown. J'adore faire ça. Je l'ai
fait notamment pour le disque du chanteur Marc Thomas sur lequel
j'ai joué et arrangé des standards récemment.
Je me suis inspiré du classique pour l'arrangement
de «I'll be seing you» et Pierre qui adore
ce genre d'approche l'a très bien joué.
Vos
compositions personnelles semblent toujours privilégier
la mélodie...et la mélancolie, est-ce un état
d'âme qui vous correspond ou cela tient-il plus de votre
formation en piano classique ?
Ce que vous dites me fait plaisir. Oui je suis un amoureux de
la mélodie. J'y attache une grandeimportance. L'art
doit libérer la vie qui est emprisonnée en chacun
de nous. C'est la mélodie qui doit porter le message.
Le philosophe Gilles Deleuze parle très bien de tout ça.
Sur « For Françoise » une de mes compositions,
j'ai essayé de faire en sorte que la mélodie
soit forte. C'est souvent pour ça d'ailleurs
qu'en les interprétant j'ai envie de ne plus
jouer le tempo, de les jouer rubato et de me laisser embarquer
par la force de l'émotion qu'elles peuvent me
procurer. Je ne suis pas forcément quelqu'un de mélancolique,
mais les états d'âme peuvent effectivement être
exploités à des fins artistiques.
Comment s'est passé cet enregistrement
dans les studios de Meudon ?
Nous avons enregistré en un jour au studio de Meudon.
J'adore ce studio. Julien Basseres a fait un très
bon travail de prise de son ainsi que de mixage. Les pianos de
Bernard Faulon sont toujours fantastiques à jouer. Un jour
c'est peu ou même peut-être pas assez, mais en
même temps cela donne un caractère d'instantanéité
à la musique qui lui permet de rester fraîche.
Jordi Pujol , le producteur de Fresh sound avait fait exceptionnellement
le déplacement depuis Barcelone et nous avons passé
un très bon moment.
Je profite de l'occasion pour dire que je suis très
content d'être sur le label de fresh sound records.
Jordi Pujol qui a aujourd'hui produit plus de 600 disques
est quelqu'un avec qui j'ai vraiment l'impression
d'être compris. Il me laisse libre de faire ce que
je veux musicalement. Je respecte énormément son
travail.
On peut voir sur votre site internet que
cet été vous serez professeur dans une académie
d'un festival de jazz grec, vous aviez confié ne pas trop
aimer enseigner lors de votre premier entretien, maintenant appréciez-vous
cela mieux qu'avant, et aimez-vous la Grèce ?
Ce qui est souvent un peu difficile dans l'enseignement
de cette musique c'est de se retrouver parfois plusieurs
années d'affilées avec des élèves
qui ne sont jamais mis en situation de jouer avec d'autres.
C'est-à-dire que l'on est dans la simple configuration
du cours particulier ce qui n'a, je trouve, dans cette musique,
finalement pas grand sens.
L'avantage de cette académie d'été
qui est à l'initiative de l'excellent contrebassiste
Marc Buronfosse, c'est justement de privilégier le
groupe. De plus comme elle a lieu à l'étranger,
le caractère international de ce stage (la langue utilisée
est l'anglais) permet à des étudiants de tous
pays de partager leurs différentes cultures, ce qui est
un plus.
C'est la deuxième édition cette année
et je me réjouis de cette initiative et suis très
content d'en faire partie. Le cadre est magnifique puisqu'il
s'agit de l'ile de paros.
Quels sont vos prochains concerts et autres
projets qui vous tiennent le plus à coeur ?
Beaucoup de choses. Cette année j'ai enregistré
plusieurs disques en sideman. Outre celui de Fréderic Couderc
déjà mentionné, j'ai enregistré
celui du chanteur Marc Thomas. Marc est un chanteur extraordinaire
avec qui je travaille depuis longtemps. Nous allons faire quelques
festivals cet été avec l'équipe du disque.
Je m'en réjouis. J'ai aussi enregistré
un disque de standards des frères Gildas et Jean-Baptiste
Boclé qui sortira en septembre. En juin je vais à
New York pour enregistrer un disque en coleader avec Jaleel Shaw,
Ben Williams et Jonathan Blake. Une équipe de tueurs new-yorkais
! Jaleel est le saxophoniste de Roy Haynes entre autres, Ben Williams
le bassiste de Pat Metheny et Jonathan Blake le batteur de ... tout le monde. C'est dans le cadre des échanges franco-américains
de la Chamber Music Of America que ce projet a lieu. Je compose
une suite de 25 minutes pour cette session. Je collabore aussi
sur une musique de film en ce moment, plus tous les gigs ici ou
là.
La sortie du disque est programmé le 5 avril mais amazon
et la fnac ne l'ayant pas encore référencé
adressez vous directement au label freschsound pour l'obtenir
si vous ne voulez pas attendre !... cliquez
ici vous ne serez pas dépaysé par la couleur
de leur site internet ;-))
A noter que Vincent Bourgeyx sera en concert le 24 mai 2012 au
Duc des Lombards à Paris
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