La pianiste Claire-Marie
Le Guay, déjà présente l'année
dernière à la Folle Journée de Nantes en
tant qu'interprète de Liszt, un de ses compositeurs favoris
auxquels elle a consacré plusieurs enregistrements , est
également cette année une des "ambassadrices"
de la musique russe pour le piano lors de la Folle
Journée de Nantes, dont faut-il le rappeler le thème
est en 2012 "Le sacre de la musique russe", et
parallèlement sort ce disque, son premier disque pour le
label Mirare, qui comme son titre l'indique invite à un
voyage en Russie, un beau voyage musical qui à travers
l'oeuvre des compositeurs du 19ème siècle nous conduit
de Saint Pétersbourg à Moscou où ils ont
vécu.
La Russie où précisément indique l'auteur
du livret Rodolphe Bruneau-Boulmier : " Le piano est l'instrument
des rois, surtout au 19è siècle ; Rachmaninov,
on le sait par le disque, était sans doute le plus grand
de tous : virtuose et inspiré, visionnaire et poète.
Scriabine, avant de s'abîmer la main droite(d'où
le prélude op.9 pour la main gauche), avait prévu
d'embrasser la carrière. Seuls Rimski-Korsakov, Borodine
et Tchaïkovsky demeurent de bons amateurs au piano, mais
n'abandonnent pas, loin de là, la composition pour l'instrument".
Effectivement pour ce qui concerne ce dernier compositeur, le
récent livre de Jérôme Bastianelli actuellement
"Livre du moment" sur pianobleu.com permet de mieux
le mesurer, et Claire-Marie Le Guay a choisi pour ce qui le concerne
une valse et deux chants sans paroles, c'est l'un d'eux "
Chant sans parole en la mineur opus 40 n°6" que
vous pourrez écouter plus bas dans cette page.
Quant à Rachmaninov et Scriabine, il n'est donc pas étonnant
qu'ils aient dans cette compilation les deux places d'honneur
: quatre oeuvres de Rachmaninov et sept oeuvres de Scriabine ..."
le plus prophétique de tous, l'énigme musicale.
Si Rachmaninov jouait Chopin à merveille, Scriabine a cherché
par la composition , à s'approcher du maître polonais.
Etudes, préludes, mazurkas, valses, nocturnes : toutes
les oeuvres de jeunesse témoignent de l'admiration. Rachmaninov
est un conteur, un narrateur épique, Scriabine un philosophe
mystique".
Attention ce voyage qui traduit les âmes tourmentés de
ces compositeurs provoque aussi des émotions très fortes,
tel peut-être un parcours de montagnes russes ainsi après
la paisible pièce de Tchaikovsky en écoute plus bas dans
cette page, la trépidante étude opus 8 n°12 de Scriabine
conduit dans un tout autre monde ! Et multiples atmosphères s'y
succèdent. Claire-Marie Le Guay qui a bien voulu répondre
à quelques questions a d'ailleurs eu à coeur de travailler
cette diversité sonore, et effectivement elle offre une grande
variété de paysages par cet enregistrement, paysages qui
en fait n'ont rien de glacial mais où alterne chaleur intimiste
et crépitements ardents tels ceux de "La flamme "
de Scriabine terminant ce disque , l'unique pièce de Borodine
dans ce programme : "Scherzo en la bémol majeur"
et l'une des deux pièces de Moussorgski, : "Jeux d'enfants
-les quatre coins" apportant quant à elles de joyeux
intermèdes. Gaieté mais aussi un moment de grande émotion
avec une autre pièce de Moussorgski : "une larme"
d'une grande simplicité mais dont la pianiste Claire-Marie Le
Guay donne une interprétation très touchante.
S'il
fallait définir la musique russe, que diriez-vous ?
L'expressivité est particulièrement présente
dans la musique russe. Ce qui requiert de trouver un équilibre
entre expression et sobriété.
Vous avez été l'élève
d'un pianiste russe : Dimitri Baschkirov, avez-vous plus particulièrement
étudié le répertoire russe avec lui et quel
souvenir particulier en gardez vous sur ce qu'il vous a appris
sur les compositeurs russes ?
J'ai eu la chance de beaucoup travailler avec lui. La recherche
du timbre sonore est très importante chez lui, ainsi que
l'exigence aiguë du respect du style et du texte.
Le fait même de travailler avec lui qui a été
longtemps professeur au conservatoire de Moscou, lui-même
élève de Goldenweiser donne une filiation directe
de cet héritage russe.
Comment avez-vous sélectionné
les compositeurs de votre disque et y a-t-il un choix particulier
d'ordonnancement du disque ?
L'idée de ce Voyage en Russie est d'offrir aux auditeurs
un parcours dans le répertoire romantique russe, qui soit
à la fois un déroulement et une architecture.
J'aime l'idée que les pièces musicales de ce disque
soient comme des pièces de puzzle, chacune indépendantes,
qui, toutes réunies, formeraient un paysage russe, tout
en étant chacune indépendante.
L'auteur du livret considère que
Rachmaninov était "sans doute le plus grand de
tous : virtuose et inspiré , visionnaire et poète"
, partagez-vous son avis et brièvement que pensez-vous
de chacun des compositeurs que vous avez retenus ?
Ce qui réunit les compositeurs présents sur ce
disque, outre le fait qu'il soient romantiques, c'est la place
qu'occupait le piano dans leur vie et dans leur oeuvres. Tous
étaient de très bons pianistes, voire même
d'immenses virtuoses, comme Rachmaninov et Scriabine.
Quel travail particulier ce disque vous
a-t-il demandé et comment s'est passé son enregistrement ?
Le fait qu'il s'agisse de pièces courtes demande une
exigence particulière de diversité de caractères,
diversité sonore, qui doit être tout de suite évidente
pour l'auditeur.
C'est un élément sur lequel j'ai travaillé
au cours de l'enregistrement avec Cécile Lenoir, dont les
qualités de directrice artistique sont tout à fait
remarquables.
Vous allez donner plusieurs concerts
à la folle journée de Nantes et au programme de
la folle journée on peut remarquer également le
nom également "Laetitia Le Guay " qui donnera
des conférences , car elle est spécialiste des relations
entre musique et littérature, particulièrement dans
le domaine russe et l'auteur d'un livre Prokofiev qui sort ce
mois-ci, partagez vous des liens familiaux et dans l'affirmatif
discutez vous souvent de musique russe avec elle ?
Laetitia Le Guay est ma soeur, et c'est un heureux concours
de circonstances que son livre et mon disque sortent en même
temps. Ceci est un témoignage de la place importante que
nos parents, grands amateurs de musique, ont donné à
la musique, à la littérature, et à la culture
en général, dans note famille.
Votre disque s'appelle " Voyage en
russie " est-ce un pays où vous vous rendez souvent
?
Je ne suis malheureusement jamais allée en Russie, si
ce n'est à travers les voyages que m'ont offert la littérature
russe, le cinéma russe, et les nombreux musiciens russes
pour lesquels j'ai tant d'admiration. Sans doute est-ce aussi
la raison de cette idée de "Voyage en Russie"
de l'enregistrement.
Parmi les oeuvres de votre disque certaines
vous tiennent-elles particulièrement à coeur ?
Toutes !
Après la Folle journée,
quels sont vos autres concerts et projets ?
Je donnerai plusieurs récitals très prochainement:
le 10 février à Luçon, le 27 février
à Clermont-Ferrand, le 6 mars à Neuilly, le 30 mars
à Marseille, le 6 mars à Neuilly avec Magali Mosnier,
etc
J'ai également de très beaux projets pour les mois
à venir à l'étranger: avec La Camerata Salzburg
sous la direction de Louis Langrée, avec l'Orchestre de
Liège, au festival de Bucarest, au Japon, etc
Pour écouter
Claire-Marie Le Guay, piano
Voyage en Russie Tchaikovsky - Chant sans parole en la mineur opus 40
n°6
avec l'aimable autorisation
du label Mirare
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous