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Bach Partitas Racha Arodaky Piano
Jean
Sébastien Bach(1680-1750)
Introduction "Largo " Transcription de Vivaldi
pour violon, hautbois et basse continue
PARTITA 3
Intermède : "Sarabande" extrait de la suite française
n°1
PARTITA 2
Intermède "Arioso" extrait concerto en fa mineur
(transcription Alfred Cortot)
PARTITA 1
Conclusion "Suscepit Israël" extrait du magnificat
BWV 243 (Transcription Racha Arodaky)
Racha Arodaky, piano
Dans ses précédents disques consacrés à
des oeuvres de Scarlatti et Haendel la pianiste Racha
Arodaky a montré combien ces oeuvres de l'époque
baroque n'ont parfois rien à envier à celles de
l'époque classique et romantique quant aux émotions
et l'âme qu'elles détiennent en elles, même
si ces qualités leur sont souvent moins reconnues sans
doute parce que plus discrètes. Avec ce disque qu'elle
consacre de nouveau à un compositeur de l'époque
baroque : Bach, elle convainc encore de la variété
des sentiments que cette musique comporte en elle, sentiments
qui certes n'ont rien à voir avec les passions des romantiques
mais nous touchent tout autant. Ainsi les trois partitas au programme
de ce disque, à l'origine incluses dans "Six grandes
suites avec prélude" que Bach a ensuite réunies
en 1731 en un seul volume ( opus1) publié à ses
frais et appela Clavier- Ubung (soit exercice de clavier) cachent
en fait en elles diverses sentiments, de l'allégresse à
la mélancolie, et la musicienne et musicologue Germana
Schiassi auteur du livret indique d'ailleurs : "Dans les
Partitas tout le travail d'étude des « styles nationaux
», d'assimilation des influences française et italienne,
commencé avec les séries de suites précédentes,
converge dans un langage tout personnel, à tort appelé
« allemand », mais qui en réalité traduit
en musique sa méthode synthétique, ses goûts,
ses amours, sa conception de la vie, le plaisir de la recherche
et du travail musical, de la musique des hommes d'ici-bas, d'ici
et maintenant : tout comme Flaubert s'exclamait « Madame
Bovary, c'est moi », les Partitas, c'est Bach tout entier.Ces pages conçues, mûries, transcrites et retranscrites
dans l'infatigable atelier domestique formé de sa femme,
de ses enfants et des ses élèves - autant d'inspirateurs,
d'exécuteurs et de copistes de ses musiques -, constituent
sa revanche, son échappatoire psychologique par rapport
à une réalité professionnelle, celle de Cantor
à Leipzig qui, bien que prestigieuse, était source
d'innombrables problèmes pratiques et ne lui donnait pas
la possibilité d'un véritable épanouissement".
Aussi ne faut-il donc pas toujours se fier aux diverses titres
des mouvements mais sans doute plus particulièrment pour
ce qui concerne ce disque à l'illustration de la pochette
: un oeil d'une couleur rose que l'on peut imaginer en fait comme
un regard en profondeur de Racha Arodaky sur ces partitions et
qui suit avec sa propre sensibilité les pas de son remarquable
maître Murray Perahia qui a aussi réalisé
il y a quelques années de très beaux enregistrement
des partitas de Bach. Elle s'en distingue particulièrement
par un sonorité plus intérieure, notamment dans
les mouvements lents, qui leur donne un caractère très
humain et va encore droit au coeur. Elle s'en distingue aussi
par sa façon très personnelle d'organiser son enregistrement,
telle une cuisinière préparant avec passion un excellent
menu de fête (cela tombe bien ce disque est encore une excellente
idée de cadeau pour les fêtes de fin d'année)
elle a prévu autour de ses plats certes consistants et
riches (six ou sept mouvements chacun) diverses pièces,
le plus souvent des transcriptions, telles une "mise en bouche",
ou pause digestive, ou comme les désigne Racha Arodaky
dans la présentation de l'éditeur "gourmandises"
qui permettent de profiter au mieux de ces partitas en offrant
des moments d'évasions, contemplation ou de respirations
supplémentaires ainsi l'émouvante Introduction "Largo
" Transcription de Vivaldi pour violon, hautbois et basse
continue invite en douceur à tout cesser pour une écoute
immédiate et en profondeur, et l'on imaginerait mal Racha
Arodady débuter ce disque avec la Sinfonia de la Partita
n°2 comme l'a fait Murray Perahia et d'autres pianistes, un
mouvement qui certes appelle aussi au silence mais avec fermeté
dans un accord très puissant et se poursuit dans un sonorité
très proche de l'orgue, dont elle donne cependant un résonnance
plus chaleureuse, et un début très différent
aussi du premier mouvement de la partita 3 : "Fantasia"
qui sur cet album suit d'ailleurs le "Largo"
introductif et dont vous pourrez mesurer plus bas dans cette page
toute la douceur et délicatesse. La conclusion une transcription
du "Suscepit Israël" extrait du magnificat
BWV 243 par Racha Arodaky apporte une lumière finale apaisante
et pleine d'espérance après la gigue très
rythmée qui terminait la partita n°1. Ce qui se déroule
entre cette introduction, ce premier mouvement de la partita 3
et cette conclusion se vit telle une confidence mélant
joies et peines et se ressent de façon personnelle, l'entretien
ci-dessous avec la pianiste Racha Arodaky qui a bien voulu répondre
à quelques questions vous éclairera :
Après
un disque Scarlatti puis Haendel vous enregistrez Bach, est-ce
une volonté de réconcilier les partisans de l'un
ou l'autre, de vous affirmer aussi par là en spécialiste
de la musique baroque... ou tout simplement la suite logique dans
un univers que vous aimez beaucoup ?
Je ne souhaite pas m'affirmer en tant que pianiste spécialisée
dans le baroque, même si j'ai un penchant significatif pour
cette musique. Ici c'est plutôt la volonté d'aller
explorer les compositeurs de la même période, Scarlatti,
Haendel, la suite logique était Bach. Aucun favoritisme
mais juste un chemin fait de réflexion, de recherches approfondies,
de travail de couleur et de texture sonore. Bach unit dans sa
musique à la fois Scarlatti et Haendel par son influence
italienne : son choc pour les concertos de Vivaldi en témoigne
dans ses transcriptions, l'ouverture du Cd, le concerto HRV 299,
n'a pas été choisie par hasard dans la logique de
l'enregistrement des partitas, oeuvre pour clavier qui pour moi
est la plus élaborée en terme de recherche stylistique
et dans la densité de l'écriture.
Vous avez choisi de réunir dans
ce disque les trois premières partitas, envisagez-vous
d'enregistrer les trois suivantes ou bien ces trois premières
vous semblaient-elles mieux représenter Bach que la réunion
de la seconde , troisième et quatrième que font
souvent les pianistes et pour quelles raisons avez vous choisi
de les enregistrer à l'inverse de l'ordre chronologique,
est-ce liée à une quelconque préféence
?
Je n'envisage pas pour le moment de second disque avec les trois
autres partitas même si cela paraît être une
suite de CD logique...! Concernant la chronologie j'ai décidé
de les mettre tel que Bach avait décidé de les publier
dans sa dernière version en 1724. Je commence malgré
tout par la Partita 3 qui est la n° 1 chronologiquement. Je
construis aussi mes disques en fonction d'harmonie musicale et
de tonalités. J'aime les trois partitas également,
il m'est impossible d'en choisir une en particulier, de plus elles
sont complètement différentes les unes des autres.
J'ai plus de préférence dans certains mouvements.
J'ai toujours aimé les mouvements lents et dans les 3 partitas
les sarabandes ainsi que les allemandes sont sublimes. La Partita
3, moins connue, révèle des surprises incroyables.
Souvent, même chez les musiciens, elle n'est pas très
appréciée car méconnue et peu jouée.
Pourtant Bach ose des danses pas couramment utilisées dans
les succession de suite traditionnelle (Burlesque, Scherzo). Il
y a par exemple énormément d'audace et de risque
dans les rythmes employés (courante) et d'intimité
avec le compositeur (liberté de la phrase).
Vous avez ajouté quatre pièces
pour encadrer ces partitas, pourquoi vous semblait-il nécessaire
de prolonger ces oeuvres , ne vous semblent-elles pas en elle-même
suivre une logique ?
Les Partitas sont complexes et il est pour l'auditeur difficile
d'enchainer l'écoute (autant qu'il est pour moi difficile
émotionnellement de les enchainer en concert) donc les
pièces en intermède nous permettent de respirer,
de nous évader entre deux suites de danses qui nous tiennent
en haleine de par leur tension dramatique et hypnotique. Quant
à la pièce qui ouvre le disque cela a été
une évidence. Bach, par le choc musical que lui a procuré
la découverte des concertos de Vivaldi, et qu'il a transcrit
pour orgue, fait de ce Largo une pièce quasi irréel.
L'écriture serrée, limitée dans le clavier,
crée une tension dans le discours et une sensation qui
nous lie inévitablement au cosmos par le lien entre l'idée
de l'être par rapport à l'immensément grand.
Le rien et le tout.
Vous
avez été élève de Murray Perahia qui
a enregistré ces oeuvres, votre interprétation en
est cependant différente avec notamment un son qui semble
parfois plus intérieur, comment avez-vous travaillé
pour parvenir à ce son et à quoi avez-vous attaché
de l'importance dans votre interprétation ?
Murray Perahia est toujours présent en moi. Son enseignement
et le partage Maître/élève durant mes années
d'apprentissage ont été d'une richesse incroyable.
Je lui dois beaucoup. Autant du reste que je dois à Dominique
Merlet et à mes années au CNSM de Paris. Concernant
Bach ma démarche sonore a été, en dehors
de mon travail personnel, longue et réfléchie. L'ingénieur
du son avec lequel j'ai enregistré, François Admouchnino,
m'a donné la possibilité de faire une recherche
poussée à l'extrême. Nous avons enregistré
tous les pianos susceptibles d'être utilisés pour
l'enregistrement, avons essayé des micros de toutes sortes,
avons débattu avec passion et fougue de l'idée que
nous avons de la matière sonore pour Bach. Rien ne se fait
par le biais du hasard même si la magie, elle, tient à
des facteurs qui nous échappent ... Quant au son intérieur,
il est le reflet de ce que je suis.
Ces partitas furent la première
oeuvre imprimée du compositeur (à ses frais), a
une époque ou la publication était extrêmement
sélective, il est est un peu de même pour votre disque,
finalement les conditions n'ont pas vraiment changé au
fil du temps ...
La liberté de l'Art commence par la liberté de
l'artiste. Ainsi ai-je présenté mon projet Haendel
sur Facebook qui grâce aux internautes a pu aboutir. Je
profite de cette interview pour remercier toutes les personnes
de leur soutien sans faille. Je reçois encore des aides
pour le Bach et cela me touche beaucoup. Cette liberté
artistique est indispensable même si elle n'est pas toujours
facile à défendre.
Quels sont vos prochains concerts et autres
éventuels projets ?
Vendredi 25 novembre 2011 : concert à la Chapelle d'Arles
- 17h.
Mardi 6 décembre 2011 : concert à l'Institut Goethe
- Paris - 20h.
Jeudi 15 décembre 2011 : concert au Centre pénitentiaire
de Bois d'Arcy.
Samedi 4 février 2012 : concert exceptionnel dans le
cadre du lancement du disque JS Bach - Salle Wagram - Paris -
20h.
Mercredi 9 Mai 2012 : concert avec Alexandre Tharaud - Grenoble.
Lundi 2 juillet 2012 Récital Haendel et Oud à
Poitiers
Pour écouter
Bach
Partita n°3, Fantasia
Racha Arodaky, piano
avec l'aimable autorisation
du label Air notes
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